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Mois : septembre 2020 Page 2 of 3

Le Tour se joue aujourd’hui!

Comme prévu, il ne s’est rien passé hier pour le général du Tour.

Kamna a sauvé le Tour des Bora-Hansgrohe, Peter Sagan plafonnant visiblement. J’ai bien peur que le maillot vert soit hors de sa portée désormais.

Pour moi, le Tour se joue aujourd’hui. Si vous avez une seule étape à regarder, c’est celle d’aujourd’hui.

Le col de la Madeleine depuis La Chambre, c’est long, mais assez régulier. Les bien placés au général qui ne sont pas bien seront irrémédiablement lâchés. Les meilleurs devraient passer au sommet ensemble, probablement derrière un groupe d’échappés composés de quelques bons grimpeurs.

Tout se jouera sur les 28 derniers kms de l’étape, d’abord jusque Méribel où les Jumbo-Visma n’auront pas de mal à appliquer la technique du rouleau-compresseur, question d’écrémer.

Après, sur la Loze dans les 6 derniers kms, ça sera différent, la pente étant plus abrupte et irrégulière. L’altitude pèsera aussi, l’arrivée étant à 2304m.

Misez Sepp Kuss sur ces derniers kms pour préparer l’offensive de Roglic. Kuss, il a pas beaucoup travaillé jusqu’ici et je pense que demain, la Jumbo comptera sur lui dans les derniers kms de l’étape.

Ça, c’est si Pogacar ne part pas avant!

La Loze offre en effet des passages à 20%, largement de quoi avantager l’excellent grimpeur qu’il est.

La stratégie est simple. Pour Pogacar, il faut absolument combler une partie des 40 secondes le séparant de Roglic, question d’avoir un coup à jouer samedi prochain dans le chrono de la Planche des Belles Filles. Ce serait le scénario idéal, car Pogacar n’a pas une grosse équipe si jamais il devait se parer de jaune aujourd’hui. Pogacar peut même se permettre d’attendre les derniers mètres de l’étape pour jouer les bonifs, si jamais personne n’est devant à ce moment.

Pour Roglic, je suis sûr qu’il veut se donner davantage de marge par rapport à son remuant compatriote. Il voudra lâcher Pogacar pour lui prendre au moins 20 secondes. Avec une bonne minute d’avance avant le dernier chrono, il serait plus tranquille. Car on ne sait jamais, une crevaison dans le chrono et il fait soudainement beaucoup plus chaud…

La 3e place du podium devrait aussi se jouer aujourd’hui entre Uran, Porte, Lopez, Landa et Yates. Moins de 45 secondes les séparent, ca pèsera pas lourd à deux kilomètres de l’arrivée demain!

Les images de la haute montagne seront aussi superbes (voir ce beau petit vidéo ci-bas). Mon Dieu que je m’en ennuie!

Provinciaux de Baie Comeau: « je me suis rassuré » (Julien Gagné)

Les Championnats provinciaux sur route au Québec se sont déroulés il y a 10 jours à Baie Comeau, sur la Côte Nord.

De l’avis de plusieurs, l’événement a été un succès, fort d’un comité organisateur rodé qui avait pensé à tout.

Mais à plus de 8h de route de Montréal, c’est clair que l’éloignement allait avoir un impact sur la taille des pelotons. En cette année spéciale Covid-19, c’était peut-être moins un enjeu!

19 coureurs M1 au départ de la course sur route, 17 chez les M2, des catégories qui habituellement regroupent des pelotons beaucoup plus importants: 108 participants M2 l’an dernier à Contrecoeur.

Le peloton Sénior 1-2 était cependant beaucoup plus important: 66 coureurs au départ.

Et parmi eux, Julien Gagné, que je vous présentais il y a quelques semaines. Pour moi, il est un des gros gros talents actuels en cyclisme au Québec. J’ai vu (et subi) Julien à l’oeuvre, ça arrache!

Pour son retour en compétition après deux ans d’absence dû à une opération à l’artère iliaque, Julien s’est rassuré: avec une 3e place au contre-la-montre, une 2e place dans la course sur route et une 4e place au critérium, il est le coureur ayant affiché la plus belle constance de ces Provinciaux, étant toujours devant.

« Je n’avais pas vraiment préparé le chrono, n’ayant roulé que le dernier mois sur un vélo de TT. La position spécifique, avec un angle plus fermé au niveau de la hanche, est un défi, mais ça s’est bien passé, je m’étais dit avant l’épreuve qu’un top-10 serait bien et je termine 3e derrière un spécialiste comme Adam Roberge et Tristan Jussaume, qui a réalisé un beau chrono. Ca m’a donné confiance pour la suite. »

Le parcours de la course sur route le dimanche n’était pas très sélectif, avec comme seule bosse une rampe d’environ 400m qu’il était possible de passer sur la plaque.

« J’aurais préféré un parcours plus exigeant c’est vrai, mais il faut savoir s’adapter! J’avais d’excellentes sensations durant cette course sur route. Ça a beaucoup attaqué en début de course, et je pouvais aller chercher les échappées car j’avais de la force. À mi-course, on est parti en contre à quatre coureurs derrière deux coureurs devant, et on est rapidement revenu sur eux. J’ai assumé beaucoup de travail devant par la suite, et on s’est retrouvé seulement deux à quelques kilomètres de la ligne, Alexis (Cartier) et moi. Je n’ai pas pu me défaire de lui dans le dernier tour! Il était fort lui aussi et il m’a battu au sprint, qui est un élément plus faible chez moi, je suis davantage un grimpeur. Alexis a bien joué sur le plan tactique, et moi je me suis rassuré, après une longue période sans pouvoir courir, d’abord en raison de mon opération, puis à cause de la Covid-19. »

Troisième course en trois jours, le critérium le lundi s’est terminé sous la pluie pour les Séniors 1-2, ce qui peut être dangereux compte tenu que le parcours était urbain.

« Avec les nombreux coins, la pluie, les plaques d’égout et la peinture sur la chaussée, le critérium était plus dangereux en effet. J’ai préféré m’échapper pour limiter les risques, on s’est retrouvé à quatre devant, après un effort de quelques 12 secondes à plus de 1000 watts pour moi. C’était satisfaisant de voir que je récupérais super-bien de ces efforts moi qui, il y a deux ans, sentait une de mes jambes engourdir après ce type d’effort violent. J’ai pas mal travaillé en tête de l’échappée pour se rendre à l’arrivée, et c’est une nouvelle fois arrivé au sprint. Malgré ma 4e place, j’étais super-satisfait de mon week-end, j’ai montré une belle constance parmi les séniors 1-2, j’ai été acteur de chaque course, je termine avec d’excellentes sensations surtout et ca, ca me rassure pour la suite. »

Quelle suite? Le but est d’intégrer une équipe professionnelle aux États-Unis ou en Europe. La France, en particulier, intéresse Julien: « les parcours me conviennent mieux, plus sélectifs et montagneux« .

Avec une VO2max de plus de 85, aucun doute là-dessus!!!

Et le prochain rendez-vous des coureurs sur route de la FQSC, c’est le GP des Mairies à Contrecoeur sur la rive-sud de Montréal dimanche prochain. Un nouveau parcours est proposé. Devrait y avoir du monde!  Vous devez vous inscrire avant vendredi 18h.

Roglic, peut-être pas si tranquille que ca…

Comme prévu, l’étape du Grand Colombier aura créé des écarts qui se chiffrent en minutes.

Elle aura surtout été le fossoyeur des ambitions d’Egan Bernal sur ce Tour, défaillant dans la dernière ascension et terminant à plus de 7 minutes. On sentait bien depuis un moment qu’il était loin de sa condition l’an dernier.

Exit également Nairo Quintana. Sale journée pour les Colombiens!

Du coup, on voit très clair pour le général.

Ils sont quatre à pouvoir rêver du podium, Roglic, Pogacar, Uran et Lopez. On pourrait ajouter Richie Porte et Mikel Landa, qui ne sont pas loin et qui semblent monter en puissance pour cette 3e semaine.

Et le maillot jaune Roglic n’est peut-être pas aussi solidement ancré sur les épaules du slovène qu’on le croit!

Hier, c’est clair que Roglic voulait gagner l’étape. Quant ton équipe roule toute la journée comme les Jumbo-Visma l’ont fait, façon US Postal, tu veux terminer le travail ne serait-ce que pour leur dire « merci » et pour leur montrer que tout ce boulot n’était pas en vain.

Au lieu de ca, Pogacar a « cassé le party » en s’imposant au sprint.

Je suis certain que Roglic ne la trouve pas drôle du tout, et qu’il commence à être sérieusement agacé par son compatriote qui lui fait de l’ombre. Roglic a dû se réjouir de la première victoire d’étape de Pogacar dans les Pyrénées, on partage le gateau entre slovènes, mais là, il doit trouver que le jeune champion est un peu trop gourmand.

Et Roglic aurait bien raison d’être inquiet! Pour plusieurs raisons.

Vous me direz oui mais Pogacar n’a pas d’équipe. Un problème? Je ne crois pas, quand tu es fort tu n’as besoin de personne et la 2e place de Pogacar n’est actuellement menacée par personne. Il peut donc se permettre de profiter du travail des Jumbo-Visma, et de les sauter sur la ligne pour prendre les bonifs comme il l’a fait hier. Avec un petit 40 secondes de retard et un chrono l’avant dernier jour, c’est la bonne stratégie car il n’a pas besoin d’en faire plus.

Le chrono, justement. Doit-on rappeler que Pogacar a battu à la régulière Roglic dans le chrono des Championnats de Slovénie fin juillet dernier? (de peu il est vrai, 9 secondes après 16 kms) Pogacar est un sacré rouleur et grimpeur, s’il devait être à 30 secondes ou moins de Roglic le matin du chrono de la Planche des Belles Filles, c’est jouable.

Et c’est probablement la stratégie de Pogacar en ce moment: suivre mardi vers Villard de Lans (étape pas assez sélective pour le général), devancer Roglic de quelques secondes à Méribel-col de la Loze mercredi avec l’arrivée en altitude, suivre jeudi (pas assez sélectif pour le général), et jouer son va-tout samedi prochain dans le chrono.

Pour Roglic, c’est plus compliqué: en roulant comme les Jumbo-Visma le font, ils font le jeu de Pogacar en éliminant ses adversaires direct qui l’obligeraient à payer de sa personne. Je pense que Roglic voudra assommer son jeune compatriote mercredi vers l’arrivée au col de la Loze, question de se donner une bonne longueur d’avance avant le dernier chrono. On n’est jamais trop prudent…

Pour la troisième marche du podium, ca va probablement être une sélection par l’arrière: c’est à celui qui résistera le plus longtemps derrière Roglic et Pogacar.

Les autres maillots

Sans surprise, la course aux pois s’est considérablement resserrée hier, Pogacar en particulier faisant un gros rapproché sur Cosnefroy (plus que 2 petits points de retard!). Misez en effet Pogacar. Et de toute façon, le meilleur grimpeur de ce Tour de France, c’est le jeune slovène, aucun doute là-dessus.

Pour le vert, Bennett résiste mieux que prévu, et Sagan perd des occasions. Il n’a pu coiffer Bennett hier sur le sprint intermédiaire. Je pense que Bennett sait désormais que s’il passe l’étape de mercredi dans les délais, c’est gagné, sauf mauvaise surprise (chute, incident mécanique).

Le blanc, lui, semble acquis: Pogacar bien sûr. Bernal a craqué.

La mesure des watts

Pour ceux qui doutent de la précision des calculs de watts faits par Frédéric Portoleau, ce dernier avait prédit une ascension du Grand Colombier en 46 minutes pour les meilleurs.

Et 46 minutes ce fut… Convaincus? Je le suis, tout en affirmant que c’est les conclusions qu’on en tire avec lesquelles il faut être prudent.

Autour du Tour

Pour en apprendre davantage sur Primoz Roglic et son ascension dans le cyclisme depuis quelques années, ce bon petit vidéo qui résume bien les étapes de sa carrière:

Et pour découvrir un peu plus sa personnalité, cette petite entrevue avec Greg LeMond, datant de trois ans:

Giro 2020: parce qu’il n’y a pas que le Tour de France, le Giro arrive vite et c’est une très belle course aussi. Très sympathique, ce video promotionnel, car il fait un beau clin d’oeil à l’histoire de la course et ses champions:

Une étape comme on les aime!!

Quelle belle étape vers Lyon hier! On a tous été sur le bout de notre chaise dans les derniers 10kms!

Et une leçon « tactique en cyclisme ».

Une étape d’abord animée par la course au maillot vert. Les Bora-Hansgrohe l’ont joué comme prévu, tentant d’éliminer les sprinters adversaires de Sagan dans le col de Béal. Certains ont sauté là, certains ont sauté un peu après, dont Bennett.

Du coup, les autres coureurs présents dans le groupe Sagan en tête avaient compris: les Bora ne laisseraient personne s’échapper car ils voulaient bien sûr que ca arrive au sprint à Lyon.

Sauf qu’avec les deux petites bosses du final, c’est clair que ca allait gicler. Et ca n’a pas loupé, c’était magnifique!

Tiesj Benoot a mis le feu aux poudres avec 11 kms à faire, c’était bien joué pour la SunWeb qui présente décidément une bien belle équipe, et la plus jeune du Tour de surcroit. Avec Bardet qui rapplique l’an prochain, vous allez voir: on reparlera de la SunWeb au cours des prochaines années!

Puis ce fut Valentin Madouas, puis Julian Alaphilippe qui avait promis de « remettre ca », avec Kamna auteur d’un bel effort.

Puis Hirschi, encore pour SunWeb.

Peter Sagan lui-même a dû se dévoiler et rouler en tête du paquet pour ramener, un effort qui lui coutera cher dans le sprint pour la 2e place de l’étape, qu’il n’a pas pu aller chercher. Certain que ca l’a frustré! Son équipe lui a cruellement manqué dans ce final pour rouler derrière ceux qui attaquaient, et ca nous prouve aussi que le Sagan de ce Tour de France n’est pas aussi saignant que d’habitude.

Dernier acte, à trois kms de la ligne, Andersen qui démarre alors qu’il y avait un petit moment de flottement, plus personne n’étant devant. Cyclisme 101 ici, l’art du contre: tu pars après une série d’attaques, juste quand le paquet vient de rentrer. Toujours efficace! Andersen a tout de suite créé le trou, et n’a plus été revu. Très bien joué!!!

Et évidemment, il fallait avoir les jambes.

Aujourd’hui, du costaud

Le général devrait changer aujourd’hui avec l’arrivée au sommet du Grand Colombier, une ascension quand même difficile et longue de 17km.

Les 75 derniers kms de l’étape seront musclés, avec deux ascensions avant le final.

Le sprint intermédiaire est au km58, à prévoir une belle lutte entre Sagan et Bennett pour les points à cet endroit. Les Bora pourraient continuer à rouler fort après ce sprint car il est possible qu’ils tentent de mettre Bennett hors délais sur une des prochaines étapes de montagne. Mais c’est mardi et jeudi prochain que l’Irlandais aura le plus à craindre de ce côté, pas demain.

La lutte pour les pois devrait s’intensifier aussi aujourd’hui. On verra comment se comporte Hirschi pour savoir si ce maillot l’intéresse.

Ne manquez pas ca, et les paysages près du Lac du Bourget seront magnifiques.

Tour: attention aux raccourcis!

C’est moins une surprise qu’avant: les cyclismes colombiens et slovènes sont à la fête sur ce Tour de France!

Le Colombien Daniel Martinez s’est adjugé hier une des étapes les plus difficiles, maitrisant bien les deux Bora-Hansgrohe avec lui dans le final. Pour moi, il était clairement le plus fort, et il était également sûr de lui, aucun doute là-dessus.

Derrière, les deux slovènes Roglic et Pogacar ont fait le ménage. Bernal en a fait les frais, c’est le grand perdant du jour qui a montré ses limites sur un terrain qui normalement est le sien, c’est-à-dire les forts pourcentages. On n’est probablement pas encore assez en altitude pour lui!

Richie Porte a surpris, terminant juste derrière les deux slovènes avec Landa et Lopez.

Outre Martinez, Pogacar est lui l’autre grand gagnant du jour, se hissant à la 2e place du général. J’apprécie le tempérament d’attaquant du jeune coureur lorsque la route s’élève.

Du coup, deux slovènes aux deux premières places du général, suivis de… quatre colombiens!

Considérant mon récent article sur les affaires dans ces deux pays, il serait facile de prendre des raccourcis. Je vous invite à la prudence dans vos commentaires, il en va de la qualité de ce site.

Essayons plutôt d’y voir clair raisonnablement, sur la base des faits.

Certains ont déjà évoqué le retour du cyclisme à deux vitesses, notamment en pensant aux coureurs français, battus hier.

Attention, les français n’ont pas été battu sur leur valeur jusqu’ici, mais plutôt sur chutes: Pinot, Bardet, Martin, ils sont tous allés au tapis.

Ca ne veut pas dire non plus que je pense que ces coureurs auraient pu suivre les deux slovènes dans les derniers hectomètres des étapes. En fait, je ne le crois pas, puisque personne n’y est parvenu non plus.

Ce qui m’inquiète plutôt, ce sont deux éléments.

D’une part, les temps d’ascension. Pogacar a battu de vieux records du début des années 2000 – grande époque du dopage sanguin – sur le Peyresourde, et tous les coureurs s’entendent pour dire que ca roule décidément très, très vite cette année dans les cols.

D’autre part, la déclaration de Bernal à l’arrivée hier: il a établi ses meilleures références à vie hier dans le Puy Mary en terme de watts. Le gars génère dont plus de watts que l’an dernier sur le Tour, et se fait quand même larguer à la régulière, terminant à plus de 30 secondes des deux slovènes.

Aie. Ca, c’est inquiétant selon moi.

Clairement, les deux coureurs slovènes sont surpuissants. Il va falloir recommencer à s’intéresser aux analyses de watts pour y voir plus clair. Lorsqu’on approche les 6.8 watts par kilo sur 25-30min, ca commence à être très louche, les leçons du passé sont là pour nous le prouver. Les premières analyses des watts poussés dans les Pyrénées confirment que ce Tour de France est d’un très haut niveau, et que Pogacar en particulier développe une puissance vraiment très impressionnante, jamais observée dans le passé récent du Tour. Il est clairement le plus fort en montagne ces jours-ci.  On se demande même si mano à mano, il ne pourrait pas attaquer Roglic dans les Alpes!

Chose certaine, la course continue d’être intéressante. Tant pour le jaune, le vert, les pois et le blanc!

L’étape de demain vers Lyon sourira aux baroudeurs comme Alaphilippe, qui n’a toutefois pas les jambes de l’an dernier. On ne s’ennuiera pas devant la télé.

Pour le général, le prochain rendez-vous c’est le Grand Colombier dimanche, escaladé après deux ascensions pas faciles du tout, la Selle de Fromentel et le col de la Biche. Dégâts assurés! Et les écarts ne se compteront pas en secondes cette fois, mais plutôt en minutes.

Tour: les affaires sérieuses reprennent!

Après trois étapes où, avouons-le on s’est un peu ennuyé, les affaires sérieuses reprennent aujourd’hui avec une belle étape compliquée de moyenne montagne vers Puy-Mary, avec une arrivée en altitude au Pas de Peyrol.

4 400m de dénivelé dans l’étape! 191 kms.

Pas un mètre de plat. Ça va être long et usant (pour les coureurs je veux dire). Et les organismes commencent à être bien fatigués.

Le général devrait changer.

Évidemment, ça devrait se jouer entre Roglic et Bernal pour le maillot jaune. C’est Bernal qui sera intéressant à suivre, car on ne sait pas trop s’il a les jambes. Aujourd’hui s’il n’attaque pas, il devra au moins suivre!

L’étape permettra aussi d’entrevoir qui de Martin, Bardet, Quintana, Uran ou Pogacar pourra monter sur le podium à Paris.

Et puis, y’a un certain Julian Alaphilippe qui a promis de « remettre ca ». Il sera probablement remuant demain, ca risque de donner une belle étape!

La lutte pour les autres maillots est également intéressante.

Le vert d’abord, avec un Peter Sagan qui commence à la trouver moins drôle. Pour preuve, il a fait rouler ses Bora-Hansgrohe hier, mais pour rien. S’il devrait pouvoir marquer les points du sprint intermédiaire aujourd’hui, situé après des premières difficultés qui élimineront probablement Bennett, c’est loin d’être gagné pour lui. La lutte risque de durer encore plusieurs étapes.

Le maillot à pois ensuite. Cosnefroy a avoué lui-même commencer à fatiguer, et Hirschi est devenu une sérieuse menace avec seulement 5 points de retard. Roglic et Pogacar ne sont pas à oublier non plus, il reste environ 200 points à aller chercher au cours des prochaines étapes. Hirschi est probablement le favori, il a un gros moral en ce moment suite à sa belle victoire d’étape solo hier, et le maillot est à sa portée.

Enfin le maillot blanc, entre Bernal et Pogacar. Bernal devrait encore le garder un petit moment, ça se jouera dans les Alpes probablement.

Hugo Houle

7e de l’étape, on ne peut pas passer sous silence la belle perf du Québécois hier. Il s’agit probablement du meilleur placement d’un coureur québécois sur le Tour à ce jour, dans une étape en ligne. Rappelons que David Veilleux et Antoine Duchesne sont les deux autres natifs du Québec à avoir pris le départ de la Grande Boucle.

Pour Houle, le travail d’équipier reprend certainement demain mais il reste peut-être deux étapes où il pourrait s’illustrer, soit la 14e vers Lyon samedi et la 19e vers Champagnole. Il a une belle condition physique en ce moment, ca serait bien qu’il puisse en profiter pour son compte. À la limite, on souhaite presque que Miguel Angel Lopez se plante!

Mike Woods

Il reste en bleu au terme de l’étape de montagne hier sur Tirreno, ayant même grapillé quatre  secondes supplémentaires sur Majka.

Encore un test aujourd’hui sur une dernière bonne étape de montagne et s’il le passe, ça se jouera probablement sur la dernière étape, un chrono de 10 bornes. Go Mike go!

Autour du Tour

Dopage. Je vous parlais il y a quelques jours des « choses qui fâchent », question de rester alerte et critique quant au spectacle actuel du cyclisme professionnel. La Colombie et la Slovénie sont probablement des eldorados du dopage en ce moment, et depuis quelques années. L’Affaire Anderlass a levé certains éléments troublants en ce sens.

On apprend grâce à cette affaire que de nouveaux produits dopants sont en circulation depuis 2016 ou 2017 probablement, une hémoglobine synthétique appelée H7379 Haemoglobin Human. Les coureurs en feraient usage en micro-dose, et on sait que ces micro-doses sont une façon très efficace de déjouer les contrôles, ainsi que le passeport biologique.

Des échantillons sanguins datant de 2016 et 2017 seraient actuellement en train d’être re-testés pour déceler de telles hémoglobines de synthèse. On aura peut-être des surprises dans les prochaines semaines…

Aie aie aie, la lutte contre le dopage est loin d’être gagnée! Et avec la diminution du nombre de contrôles durant la Covid-19, l’avenir n’est pas très rassurant. Même le Centre Canadien d’Éthique dans le Sport avait annoncé, il y a quelques semaines, faire une pause de contrôles anti-dopage!

Woods: la revanche

On ne saura jamais vraiment pourquoi Mike Woods n’a pas été retenu dans l’équipe EF du Tour de France. Vaughters lui a préféré Uran, Martinez et Higuita comme coureurs protégés, et des coureurs comme Van Garderen ou Carthy comme équipiers. Vous les avez vu sur le Tour, Van Garderen ou Carthy vous? Pas moi!

Woods quittera en fin de saison EF pour rejoindre Israel Start-Up Nation. Ça fait probablement partie de l’équation.

Alors que le Tour bat son plein, Woods a eu hier la plus belle réaction d’orgueil en s’adjugeant la 3e étape de Tirreno-Adriatico. Il a déposé Rafal Majka sur une attaque tranchante à quelques mètres de la ligne, une arrivée en ascension.

La victoire d’un homme fort! Son geste de victoire en disait long sur sa hargne hier pour gagner la course.

Surtout, Woods avait largué à la régulière dans l’avant-dernière difficulté de l’étape Jakob Fuglsang, Geraint Thomas, Sergio Henao, Simon Yates ou encore Alexandr Vlasov, excusez-un-peu. D’autres avaient décroché plus tôt, comme Nibali ou Froome. C’est dire s’il y a du beau monde… et que Woods est en excellente condition.

Au général, Woods s’installe en tête du classement, mais rien n’est joué: tous les favoris sont encore à moins d’une minute du leader.

Et il reste fort à faire: deux étapes de montagne aujourd’hui et demain, et un chrono le dernier jour sur la 8e étape, long de 10 bornes.

Quoi qu’il en soit, il est clair que Mike Woods présente une excellente condition physique, probablement en hausse: de quoi se réjouir pour les prochains Mondiaux à la fin du mois en Italie!

Petit tour du Tour

Comme prévu hier, c’est surtout la course au maillot vert qui aura été l’intérêt de cette 10e étape. On pourrait dire que pour une fois depuis plusieurs années, cette course est intéressante car Peter Sagan a de la concurrence en Sam Bennett, qui lui a repris le maillot.

Cette histoire là n’est pas finie et connaissant Sagan, ça va venir le chercher à un moment! Moins bon grimpeur, Bennett ne doit pas se louper demain (un sprint intermédiaire et l’arrivée) et jeudi (un sprint intermédiaire) pour marquer un maximum de points avant de retrouver des terrains plus accidentés ou l’avantage repassera du côté de Sagan.

Par ailleurs hier, en l’absence d’un vent digne de ce nom, ce sont plutôt les chutes causés par les aménagements routiers qui ont animé l’étape, avec comme principales victimes des coureurs comme Guillaume Martin ou Tadej Pogacar, heureusement sans conséquence fâcheuse. Pogacar a toutefois probablement perdu Davide Formolo à titre d’équipier pour la suite, touché plus sérieusement.

Ces aménagements routiers deviennent un vrai problème pour les courses cyclistes, les ronds-points, vibreurs, dos d’âne, panneaux de signalisation, déviations, ralentisseurs s’étant multipliés depuis 15-20 ans, tellement que même pour les automobilistes certaines zones sont bluffantes.

Solution? Pas sûr d’en avoir à proposer!

Entretemps, petit tour des nouvelles gravitant autour du Tour:

  1. Et si le Tour se jouait sur les bonifs? C’est en tout cas la carte que joue Roglic, les écarts demeurant très serrés pour le moment. Espérons plus de mouvements parmi les favoris sur les étapes no 13 (Puy-Mary), 15 (Grand Colombier), 16 (Villard-de-Lans), 17 (Méribel) et 18 (La Roche sur Foron). Le dernier chrono de la Planche des Belles Filles créera forcément des écarts.
  2. Le directeur du Tour positif, ça fait désordre… mais c’était à la Covid-19. Du coup le premier ministre français Jean Castex, présent ce week-end avec Christian Prudhomme dans la voiture de direction de course, s’est également placé en quarantaine préventive.
  3. Les larmes et les émotions de Sam Bennett à l’arrivée hier, où il signait sa première victoire d’étape sur le Tour. Et c’est bien correct des larmes.
  4. Pas correct, c’est la caricature d’Espé publiée le week-end dernier dans L’Humanité, accompagnant un éditorial d’Antoine Vayer. La caricature représentait Marion Rousse en tenue plus que légère interviewant sur un lit Julian Alaphilippe. On en est encore là, en 2020?
  5. Mike Woods, qui n’est pas sur ce Tour de France, sera le leader de l’équipe canadienne des prochains Mondiaux sur route qui se dérouleront à Imola, et non en Suisse comme initialement prévu. Woods sera épaulé par Houle, Boivin et Cataford, ce dernier ayant aussi été retenu pour le chrono, avec Houle bien sûr. Même si on annonce un parcours un peu moins dur que celui qui était prévu en Suisse, ce sera l’occasion pour Woods d’un beau pied de nez à Jonathan Vaughters!
  6. Grâce à Matos Vélo, le nouveau Canyon Aeroad 2021 lui aussi très intégré au niveau des composantes. C’est dans l’air du temps.

Tour: les questions qui fâchent

Drôle d’époque.

L’ère post-Armstrong est bien spéciale: le public n’est plus dupe. Trop floué par l’Américain et son système US Postal qui carburait on sait aujourd’hui comment.

Son « I’m sorry you can’t dream big » lancé sur les Champs Élysées a laissé des traces.

Et depuis 24 mois, deux cyclismes à la fête, et notamment sur ce Tour de France: le cyclisme colombien et le cyclisme slovène.

À la lumière des faits récents, on peut raisonnablement se poser des questions sur ces deux cyclismes oui, je suis d’accord avec plusieurs lecteurs de ce site qui ont laissé des commentaires récents à ce sujet.

La génération colombienne n’est plus à présenter, ce pays ayant multiplié les champions cyclistes depuis quelques années. Comme par hasard, le cyclisme colombien et sud-américain a fait l’objet de nombreux scandales de dopage depuis quelques années. On s’entraine certes sur des hauts plateaux du côté de Bogota et Medellin, mais y’a probablement pas que.

Côté Slovénie, rappelons qu’outre Primoz Roglic et Tadej Pogacar, ce cyclisme présente aussi des coureurs comme Simon Spilak, Grega Bole et surtout Matej Mohoric, lui aussi ayant connu certains succès récents. Et avant eux, on pense évidemment à Janez Brajkovic, suspendu pour dopage depuis. Pas mal de très bons coureurs pour un pays d’à peine deux millions d’habitants!

Et là encore, méchant timing: plusieurs affaires de dopage, et notamment des slovènes impliqués dans la tristement célèbre et récente Affaire Anderlass. Au total, 8 des 19 coureurs slovènes en World Tour depuis 10 ans ont été touchés par une histoire de dopage, soit 42%.

Puis il y a des acteurs du milieu cycliste un peu louches comme Borut Bozic, encore l’an dernier directeur sportif chez Bahrain-Merida après une carrière de coureur pro.

On pense aussi à ce Milan Erzen, slovène lui aussi et patron de la Bahrain-Merida, impliqué lui aussi dans Anderlass. L’UCI avait à l’oeil les activités de cet individu depuis 2015 apparemment, pour plusieurs affaires. Erzen est souvent présenté comme le Dave Brailsford du cyclisme slovène, un homme qui a des ramifications partout. Low profile, on en sait peu sur lui, et notamment sur ses activités actuelles. Il serait aussi très impliqué dans le milieu des courses de chevaux et de chameaux, avec des relations étroites avec les pays du Golfe.

On ne peut pas aller plus loin, on ne peut pas établir de liens, mais le timing est de nouveau tristement suspect.

On se rabat sur le fait qu’un Egan Bernal ou un Tadej Pogacar n’ont jamais échoué de tests anti-dopage jusqu’ici.

Dans toute sa carrière, Lance Armstrong non plus.

Tour: ce qu’on sait, et ce qu’on ne sait pas

Première journée de repos aujourd’hui sur le Tour de France, le temps de faire un premier bilan de ce qu’on sait désormais, et de ce qu’on ne sait (toujours) pas.

On peut dire qu’on est déjà pratiquement à mi-épreuve, surtout considérant les trois prochaines étapes promises aux sprinters. Ça ne devrait pas trop bouger parmi les 10 premiers du général.

Ce qu’on sait

Deux coureurs au dessus du lot, les deux slovènes: Primoz Roglic et Tadej Pogacar. Le premier n’est pas une surprise; le deuxième un peu plus, surtout à ce niveau; il a même établi le record d’ascension du col de Peyresourde samedi dernier, un record datant de la belle époque… (2003).

Pour Roglic, tous les voyants sont au vert. Grande condition, équipe ultra-forte autour de lui, il n’a à craindre que les chutes, la Covid-19 ou un ravitaillement illégal… Je pense qu’il peut sereinement envisager de passer le reste du Tour en jaune.

Son adversaire le plus coriace à ce jour est son compatriote Pogacar, très agressif en course. Il attaque, il a les jambes pour faire la différence. Il ne faut pas oublier que s’il n’avait pas perdu du temps sur la route de Lavaur, c’est lui qui serait probablement en jaune aujourd’hui.

Pogacar n’a rien à perdre sur ce Tour, et son pire adversaire est probablement lui-même: il a déjà laissé beaucoup d’énergie, et s’il continue d’attaquer ainsi à toutes les occasions, il pourrait se cramer. Il n’a que 21 ans!!!

On sait aussi qu’ils sont 7 à pouvoir encore rêver du podium: outre Roglic et Pogacar, on a Bernal, Martin, Quintana, Bardet et Uran.

Enfin, côté équipes, elles sont 5 à avoir déjà réussi leur Tour: Jumbo-Visma bien sûr (3 victoires d’étape et le jaune!), UAE Team Emirates (2 victoires d’étape), Deceuninck (une étape, un bref instant le vert), Lotto-Soudal (une étape), AG2R-La Mondiale (une étape, les pois et Bardet bien placé) et Astana (une étape).

Ce qu’on ne sait pas

La réelle condition d’Egan Bernal. Pour l’essentiel, il n’a fait que suivre sur ce Tour de France. S’il veut le jaune, il devra attaquer quelque part, sera-t-il capable de faire la différence?

Guillaume Martin: pour le moment, c’est lui qui occupe la 3e marche du podium. Mais pourra-t-il tenir à ce niveau encore 11 étapes? Dans la dernière ascension des deux étapes des Pyrénées, Martin semblait dans les cordes.

Quintana: LA grande inconnue. Qu’a-t-il dans les jambes? Auteur jusqu’ici d’une belle saison, il est peut-être encore sur la réserve et attend patiemment son heure. On le sent bien et je vous avoue franchement ne pas savoir du tout jusqu’où il ira sur ce Tour.

Bardet, le dilemme: le général ou une victoire d’étape?

Enfin Uran, lui aussi nous laisse perplexe. On le sent un peu plus juste que Quintana, mais à 33 ans il a du métier, et une équipe pour lui.

Les autres luttes

C’est assez intéressant car aucun des maillots distinctifs n’est encore acquis.

Pour le vert, Sagan et Bennett sont à la lutte, avec juste derrière un Wout Van Aert qui pourrait encore y croire. Les trois prochaines étapes, normalement pour les sprinters, vont avoir cela de passionnant: c’est peut-être là que se jouera le maillot vert!

Pour le maillot à pois, Cosnefroy est toujours en tête, mais il y a encore tellement de points à prendre… je mise Pogacar (8e avec 14pts) ou Hirschi (3e avec 26 pas) comme candidats sérieux pour ce maillot.

Enfin le maillot blanc de meilleur jeune se jouera entre Pogacar et Bernal, c’est certain. Les deux peuvent gagner le Tour, ce qui est assez exceptionnel: seuls cinq coureurs ont réussi l’exploit de ramener à Paris à la fois le maillot jaune et le maillot blanc, soit Laurent Fignon en 1983, Jan Ullrich en 1997, Alberto Contador en 2007, Andy Schleck en 2010 et Egan Bernal en 2019. Pour Bernal, ce serait un doublé historique!

10e étape demain

C’est vers l’île de Ré, 170 kms tout plat. Le danger, c’est le vent du bord de mer! Mais on annonce des vents relativement calmes, ca ne devrait pas trop bordurer. Demain, c’est la course au maillot vert qui domine.

Pyrénées: grimpeurs en embuscade!

Le chiffre de l’étape d’hier: 47,5 km/h. Soit la moyenne horaire sur les 168 kms de l’étape.

Autrement dit, ça n’a pas trainé.

Le peloton pourra dire merci aux Bora-Hansgrohe d’avoir rejoint si vite la table à massage, ils ont mis en route très tôt pour éliminer quelques sprinters en tirant avantage des bosses en début d’étape. On voulait l’étape, on voulait peut-être aussi reprendre le maillot vert.

Les Bora n’ont toutefois pas pu conclure, Sagan étant victime d’un saut de chaine à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Et merde! C’est Wout Van Aert qui en a profité, signant sa 2e victoire d’étape sur ce Tour. Salut Mathieu!

Sagan s’est consolé avec le maillot vert.

L’étape aura aussi été le théâtre d’un beau coup de bordure, initié par les Ineos et rapidement relayés par d’autres équipes comme Astana, avec en son sein un excellent Hugo Houle.

Sur le coup, Pogacar et Landa prennent 1min30 dans la vue pour le général, une belle valise. Dans un Tour aussi serré au niveau des écarts, ça pourrait faire une vraie différence à la fin de l’épreuve.

Les Pyrénées!

On aborde enfin les Pyrénées ce week-end, avec deux étapes qui bousculeront le classement général c’est certain.

Demain, c’est vers Loudenvielle que ca se passe, 140 petits kms mais trois belles ascensions, le col de Menté (tristement célèbre sur le Tour…), le Port de Balès et le col de Peyresourde avant une descente rapide vers l’arrivée. Les deux derniers cols sont sans transition, de quoi donner des idées à plusieurs d’attaquer dans le Port de Balès.

Dimanche vers Laruns, 154 kms et trois ascensions principales, le Soudet, le col d’Ischère (court) puis le col de Marie-Blanque là encore avant une descente rapide vers l’arrivée.

Ce qui est intéressant, c’est qu’on a peu souvent vu sur le Tour le peloton aborder la haute montagne avec autant de grimpeurs à portée de fusil du maillot jaune.

D’habitude, il y a un premier chrono, ou des pavés (!), ou un chrono par équipe pour créer des écarts entre les grimpeurs et les coureurs plus complets. Cette fois-ci, on a Martin, Bernal, Quintana, Bardet, Pinot, Lopez et Uran qui sont tous à moins de 15 secondes d’Adam Yates, ouf!

À une certaine époque, notamment celle d’Hinault au milieu des années 1980, c’est les Colombiens qui auraient rêvé d’une telle situation!

Bref, je pense qu’ils sont nombreux actuellement à croire en leur chance. Et la fatigue sera bien présente demain et dimanche, l’étape d’hier ayant été beaucoup plus difficile que prévu. Rebondissements garantis!

Il faut attaquer Bernal maintenant!

Une autre étape « pour rien » hier vers le Mont Aigoual où les grands favoris se sont neutralisés derrière un peloton emmener par les Ineos d’Egan Bernal.

Devant, les plus costauds de l’échappée matinale ont pu résister au retour du peloton, et c’est Lutsenko – le partenaire de chambre d’Hugo Houle sur ce Tour – qui s’impose avec la manière, solo. Vino jubile.

Pas de changements au général, ou si peu.

Bref, on s’est un peu ennuyé encore hier! Y’a à peu près Fabio Aru qui… mais trop juste, trop peu.

Ce qu’il faut en fait retenir de cette étape d’hier, c’est que Bernal n’est visiblement pas à son meilleur, et que c’est le bon moment pour l’attaquer et le distancer au général. Selon Bauke Mollema, Bernal aurait demandé à Kwiatkowski de ralentir le rythme dans les derniers mètres de l’étape, et le train Ineos dans la Lusette et dans le Mont Aigoual juste après n’a pas su imposer un tempo vraiment dur puisque de nombreux coureurs ont pu recoller, et que le peloton de tête s’est présenté avec beaucoup d’unités à la ligne (presqu’une 30aine de coureurs sont classés dans le même temps).

On sait également que le Colombien aurait été souffrant du dos suite au Dauphiné. Il n’est peut-être pas tout à fait remis.

Je pense que plus ses adversaires tardent à l’attaquer, plus Bernal a de chances de se refaire la cerise en vue de la troisième semaine du Tour, où les grands cols dans les Alpes seront plus à son avantage.

Les Pyrénées ce week-end sont le moment parfait pour le distancer à court terme, en premier lieu pour les Jumbo-Visma de Roglic et Dumoulin, et pour la FDJ de Thibault Pinot. Il faut lancer les grandes manoeuvres samedi et dimanche prochain! Ineos est vulnérable, tu veux leur porter le coup de grâce le plus vite possible maintenant.

7e étape aujourd’hui

Ça devrait arriver au sprint à Lavaur, même si les bosses des premiers 70 kms permettront à une échappée de prendre un peu d’avance. Les 80 derniers kms de l’étape qui en compte 168 sont très roulants, ça sera difficile de résister aux équipes des sprinters.

Vivement les Pyrénées! Les étapes sont toutefois assez courtes (140 et 154 kms), ce qui joue pour Bernal s’il n’est pas au mieux.

Autour du Tour

Le peloton hier, vu de l’intérieur:

Le petit déj, avec Daniel Oss:

Et puisqu’il a été question de gamelles sur ce Tour, voici un résumé des grosses chutes dans le peloton en 2020 jusqu’ici:

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