Première journée de repos sur le Tour aujourd’hui, c’est l’occasion d’un petit bilan de la course jusqu’ici.
La course au maillot jaune
Rien n’est joué, trois coureurs étant à moins de 30 secondes de Chris Froome: Adam Yates, Daniel Martin et Nairo Quintana.
Sept autres naviguent entre 30 secondes et une minute de la tête de course: Joaquim Rodriguez, Romain Bardet, Bauke Mollema, Sergio Henao, Louis Meintjes, Alejandro Valverde et Tejay Van Garderen. Évidemment, on ne comptera pas Henao comme un possible prétendant au maillot jaune, étant un équipier de Froome.
Sur les étapes des Pyrénées, on a cependant vu qui de tous ces coureurs semblaient les mieux. Pour moi, c’est clair, trois coureurs se disputeront le podium à Paris: Froome, Quintana et… Porte. Ce dernier a été impressionnant hier sur la montée d’Arcalis, attaquant à plusieurs reprises.
Mais LA surprise de ce Tour jusqu’ici est évidemment Adam Yates, qu’on n’attendait pas à ce niveau. Il est impressionnant notamment par les braquets qu’il tire en montagne.
Daniel Martin présente aussi une giclette assez efficace, ses accélérations successives faisant sauter de nombreux coureurs.
Avec ces deux coureurs (Yates et Martin), on est un peu dans l’inconnu: jusqu’où iront-ils?
Bizarre tactique
J’ai eu du mal à comprendre les tactiques des coureurs jouant le général ces derniers jours.
On a vu Froome attaquer pour prendre des points « grimpeur » au sommet du Peyresourde, et poursuivre son effort dans toute la descente qui a suivi. Gain total, 13 misérables secondes face à ses adversaires mais au prix d’une prise de risque très grande, qui aurait pu lui coûter le Tour n’en étant qu’à la 8e étape… et au prix d’efforts également importants. Je n’ai pas compris: Froome avait pas moins de quatre cols ce jour-là pour faire la différence! Si le maillot jaune était son objectif, pourquoi avoir attendu aussi tard pour attaquer dans Peyresourde? Pourquoi ne pas avoir tenté de partir à mi-col?
Autre tactique nébuleuse, celle de Nairo Quintana qui, pour le moment, n’a pas bronché, ou presque: dans la roue de Froome! On a pourtant vu son équipe active, laissant présager que la Movistar préparait un coup; il n’en fut rien. Hier, Quintana pouvait compter sur deux équipiers dans l’échappée devant, c’eut été parfait pour tenter de déstabiliser les Sky. Mais non, rien.
De toute évidence chez Movistar, on se réserve pour le Ventoux d’abord jeudi, puis pour la dernière semaine et notamment ce chrono en côte du côté de Sallanches…
Thibault Pinot
Il faut saluer sa réaction d’orgueil et sa belle étape hier ou, échappé, il a bien tenté dans le final de gagner l’étape.
Par contre, je n’ai pas compris sa tactique samedi: encore qu’à trois minutes au général, pourquoi s’est-il échappé ainsi? Pensait-il vraiment que la Sky et la Movistar laisseraient partir un coureur de sa trempe encore qu’à trois minutes au général? Résultat, une débauche d’effort en pure perte. Pinot y a peut-être laissé des forces qui lui ont manqué hier dans le final vers Arcalis…
Romain Bardet
C’est le premier Français au général, et il a bien géré selon moi son Tour jusqu’ici. À « domicile » dans les Alpes, il faut maintenant qu’il récupère le mieux possible avant le prochain test, le Ventoux.
Fabio Aru et Alberto Contador
Ce sont les deux informations du jour hier. Contador a abandonné le Tour, apparemment fiévreux. Mon avis, c’est qu’il avait plutôt le moral dans les chaussettes depuis quelques jours, miné par ses chutes de début de Tour ainsi que par la… très probable mauvaise ambiance qui règne chez Tinkoff, et notamment avec Kreuziger. Je pense simplement qu’Alberto en a eu marre de ce bordel, et a décidé de jeter l’éponge. En pourparlers avancés avec l’équipe Trek-Segafredo pour l’an prochain, cela lui permet de planifier sa campagne 2017 sereinement peut-être en ayant directement des réunions dès aujourd’hui avec les dirigeants de sa future équipe. Il pourrait aussi s’aligner sur la Vuelta qui démarrera le 20 août prochain.
Fabio Aru a quant à lui été largué à la régulière hier dans le final vers Arcalis. Rien de bien rassurant pour la suite… et Aru a la pression cette année, étant désigné comme le seul leader chez Astana. Ce qui est intéressant chez Aru toutefois, c’est qu’il a démontré dans le passé de belles capacités à rebondir suite à un coup dur.
Le maillot vert, le maillot à pois et le maillot blanc
C’est intéressant cette année, il y a une belle lutte pour les autres classements de ce Tour de France, et cela anime passablement la course.
Deux coureurs se disputent le maillot vert tout particulièrement, Mark Cavendish et Peter Sagan. Cavendish a remporté jusqu’ici pas moins de trois victoires d’étape et on peut être sûr qu’il mise sur cette semaine pour engranger d’autres points pour garder le maillot vert.
Sagan la joue intelligemment lui aussi: moins fort en vitesse pure que « Cav », il s’échappe dans les étapes de montagne pour grapiller les points des sprints intermédiaires comme hier. Gageons que le maillot vert se gagnera cette année dans la dernière semaine!
Pour le maillot de meilleur grimpeur, c’est entre Pinot et Majka. Ces deux là n’ont assurément pas fini de se tirer la bourre, et ça sera un beau spectacle à commencer par l’étape du Ventoux.
Enfin, pour le maillot blanc de meilleur jeune, c’est entre Adam Yates et Louis Meintjes qui ne semble rien vouloir lâcher. 39 petites secondes séparent les deux coureurs, rien n’est fait et là encore, ça risque fort de se décider dans la dernière semaine.
Le prochain test
Si toutes les étapes sont intéressantes sur le Tour, le prochain gros test pour les coureurs visant le général est jeudi prochain, avec l’arrivée au mont Ventoux. L’étape se résumera évidemment à une course de côte pour les favoris, et une échappée de coureurs loin au général partira tôt dans le but de se présenter au pied du Géant de Provence avec suffisamment d’avance pour résister au retour des cadors et ainsi s’imposer à son sommet, une victoire évidemment très prestigieuse.
Et si Antoine Duchesne, qui n’habite pas très loin du Ventoux lorsqu’il est en France, se glissait dans ce coup-là?