Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : juillet 2009

Précision sur l’étape d’hier

Pas mal de monde se demande pourquoi le peloton n’a pas su revenir sur l’échappée Voeckler hier dans le final.

Signant par ailleurs un bon article, le populaire chroniqueur du journal La Presse Pierre Foglia y va de son explication: les autres équipes de sprinters n’auraient pas voulu collaborer à la chasse dans le final avec les Columbia de Cavendish tout simplement parce que ce dernier est trop fort.

J’en doute fortement. Au niveau professionnel, je vois mal un Thor Hushovd dire à ses coéquipiers "les gars, laissez tomber, Cav est trop fort, je sprinte pas". On a par ailleurs vu les Agritubel devant, prouvant que les Columbia n’étaient pas les seuls à mener le peloton sur la fin d’étape.

Ce qui s’est passé dans le final ?

Très simple selon moi. D’une part, il y a les circonstances: il y a peu de sprinters sur ce Tour de France qui disposent d’un "train" pour les amener aux 100 mètres. En gros, il y a Cav, Feuillu chez Agritubel ainsi que Ciolek chez Milram, point final. Hushovd et Freire ont l’habitude de se débrouiller seuls, tout au plus Hushovd demande-t-il parfois l’aide d’un équipier dans le dernier km. L’équipe Cervelo joue également le général avec Sastre et ne veut probablement pas se cramer sur les étapes de sprint pour emmener Hushovd. C’est différent chez Columbia, ils ne jouent pas le général et peuvent donc employer toute l’énergie nécessaire pour ramener le peloton dans le final des étapes de plaine. Rabobank et Cervelo n’avaient donc pas de grandes raisons pour chasser devant.

D’autre part, il s’est passé hier que l’échappée était contrôlée: à 30 bornes de la ligne, elle était à moins de 2 minutes! C’est même passé sous la minute régulièrement. Dans ce contexte, il est probable que les Columbia aient décidé de la tenir en respect devant, ceci afin de la ramener au tout dernier moment, évitant ainsi de s’exposer aux contres toujours désagréables pour une équipe qui amène le sprint.

Columbia, qui, à la lumière de ce début de Tour dispose de la puissance requise pour bien contrôler la course, a cependant commis trois erreurs: elle a d’abord oublié que le parcours changeait de direction dans le final et que le vent défavorable devenait favorable à quelques kms de la ligne. Elle a ensuite oublié qu’ils étaient deux de La Française des Jeux dans l’échappée et qu’il était certain que Geslin, une bonne pointure, roulerait plein pot pour amener Hutarovich dans le final.  Columbia a enfin sous-estimé les réserves d’Ignatiev et de Voeckler mais ca, c’était difficile à prévoir.

Enfin, rappelons que Columbia est venu bien près de revoir tout le monde comme prévu dans le dernier km, ne laissant que Voeckler profiter d’un succès d’étape inespéré.

Voeckler le plus costaud

Pas grand chose à dire sur l’étape d’aujourd’hui hormis ceci : c’est le plus costaud de l’échappée qui s’est imposé, point final. Le Français Thomas Voeckler s’est imposé au terme d’une longue échappée qui a été tenue par le peloton à moins d’une minute trente dans tout le final de l’étape. Voeckler s’impose 5 ans exactement (jour pour jour) après avoir vêtu le maillot jaune sur le Tour 2004 et, pour la seconde fois donc, le jour de l’anniversaire de son directeur sportif, Jean-René Bernaudeau. Beau cadeau ! Une belle entrevue avec Bernaudeau est d’ailleurs disponible ici.

Pour le reste, on pourrait reprocher à La Française des Jeux d’avoir merdé dans le final puisque l’équipe avait deux coureurs devant, Geslin et Hutarovich, ce dernier étant de surcroit le meilleur sprinter du lot. Dans ce contexte, c’était à Geslin d’y aller en premier afin de faire travailler les autres, Hutarovich se réservant pour régler tout le monde au sprint. Malheureusement, c’est Ignatiev qui est sorti le premier et Geslin a immédiatement cédé, prouvant qu’il était complètement cuit. Rien à dire, c’est la course.

Ignatiev, excellent poursuiteur, a bien joué ses cartes, partant à 8 kms de la ligne. C’était peut-être un peu tôt et là encore, rien à redire, Voeckler est allé le chercher sans grand problème. Ignatiev et Voeckler pouvaient ainsi tester leurs adversaires en vue de produire la bonne attaque, qui est venue de Voeckler à 4 kms de la ligne.

Bref, ca s’est joué à la régulière et le plus fort a gagné, point final.

La victoire de Voeckler est un sacré soulagement non seulement pour l’équipe Bouygues-Bbox, mais aussi pour tous les coureurs français. Chaque année en effet sur le Tour, les coureurs français ont la pression de gagner et ce, le plus souvent possible (et surtout le 14 juillet !). Cette victoire de Voeckler permettra à tous les coureurs français d’aborder les prochaines étapes plus sereinement, la France ayant déjà trouvé de quoi célébrer sur ce Tour.

Demain, le final comporte quelques petites bosses intéressantes. Un bon puncheur pourrait s’imposer et quelque chose me dit que Cancellara a un bon coup à jouer.

Je tiens enfin à saluer le retour des excellentes chroniques de mon collègue Raphael Watbled de VeloChronique. Je le dis, je le répète et je le crois toujours, il y a du Antoine Blondin dans la plume de Raphael. Son texte intitulé aujourd’hui "Le Tour roule à Voeckler" (ndlr: petit clin d’oeil subtil à l’expression "rouler à l’eau claire" pour ceux qui n’auraient pas compris) est excellent, comme tous ses textes. À consommer sans modération. Bravo Raphael !

Cinquième gazette du Tour

1 – Le mot d’esprit revient ces dernières 24h à CyclisMag qui écrit :

Entendu dans le flash de 21 h, mardi soir sur Europe 1 : "Lance Armstrong premier du général mais sans maillot jaune." C’est déjà arrivé à Floyd Landis.

Excellent !

2 – Rigolo petit vidéo présentant Lance Armstrong et l’acteur américain Ben Stiller lors de la séance de réchauffement du clm par équipe hier.

3 – On annonce encore du vent demain sur la route de Perpignan. Une bordure de la part de Contador peut-être ?

4 – L’échantillon B de Stefan Schumacher, piqué positif à la CERA à la fois sur le Tour 2008 et sur les JO quelques semaines après confirme le premier résultat. Rappelons que le coureur a tenté de poursuivre l’équipe Quick Step avec laquelle il avait signé un lucratif contrat pour 2009. Comment se couvrir de ridicule…

5 – Jan Ullrich fait l’objet d’une procédure judiciaire pour infraction aux règles antidopage ouverte récemment par la Fédération suisse de cyclisme. Des preuves supplémentaires auraient récemment été reçues et auraient permis l’ouverture de cette nouvelle procédure. Jan Ullrich a déclaré accueillir cette nouvelle "avec décontraction". Grand bien lui fasse mais à sa place, je ne serais pas aussi tranquille.

6 – Avec ses récents jours en jaune, Cancellara est devenu le coureur suisse ayant passé le plus de jours en jaune, dépassant Ferdi Kubler, "l’homme-cheval", vainqueur du Tour 1950. Un dingue sur un vélo, mais dans le bon sens du terme.

7 – L’équipe Bouygues Telecom a engagé pour la durée du Tour de France le grand chef étoilé Joel Robuchon. Comment, vous ne connaissez pas la fameuse ratatouille de Joel Robuchon ?

8 – Comme chaque année, la cyclosportive La Marmotte s’est disputée le jour du prologue du Tour de France, soit samedi dernier. C’est le multi-récidiviste Bert Dekker qui l’a emporté dans un temps de 6h09. Là encore, les coureurs Français ne gagnent plus, le premier d’entre eux, l’ex-professionnel Éric Lebacher, se classant "seulement" 4e !

9 – Un autre loup dans la bergerie ? Selon plusieurs déclarations aujourd’hui, notamment de Bruyneel et Armstrong lui-même, Andreas Kloden était le plus costaud de l’équipe Astana dans le clm par équipe. On sera vite fixé sur son niveau en montagne.

10 – Regard en photos sur les vélos de clm de l’équipe Astana.

Récital Astana

L’équipe Astana d’Alberto Contador et de Lance Armstrong a remporté aujourd’hui le clm par équipe à Montpellier, s’imposant de façon convaincante avec 18 secondes d’avance sur une excellente équipe Garmin. Les Saxo Bank d’Andy Schleck et du maillot jaune Cancellara complète le podium de l’étape, 40 secondes derrière. De quelques centièmes de secondes, Cancellara sauve son maillot jaune aux mains de Lance Armstrong.

Les enseignements de l’étape du jour ?

D’une part, le Tour semble bel et bien terminé pour deux leaders d’équipe, après seulement 4 petits jours de course. Cadel Evans, qui a vécu une journée sombre aujourd’hui perdant 3 équipiers rapidement dans l’étape, pointe désormais à presque 3 minutes d’Armstrong et Contador. Considérant qu’il n’est pas le meilleur grimpeur du lot, ca va être extrèmement difficile pour lui de refaire son retard et les 18 prochains jours risquent d’être très longs pour lui. Le voilà presque condamné à un coup d’éclat. 

D’autre part, Denis Menchov a lui aussi pris un sacré éclat aujourd’hui, pointant désormais à presque 4 minutes (!!!) de la tête du classement général. Tour terminé, merci bonsoir.

Idem pour les deux leaders de la Caisse d’Épargne, Pereiro et Leon Sanchez. Tour terminé.

Carlos Sastre a également perdu beaucoup de temps (il pointe à 2min44 de la tête) mais il est cependant un bon grimpeur, bien meilleur selon moi que Menchov ou Evans. Si la soupe est déjà chaude pour lui, le Tour est encore long et Sastre, qui est très régulier et habituellement très solide en 3e semaine, n’a pas encore perdu le Tour 2009.

Parmi ceux qui sont encore dans le coup, on note Andy Schleck (retard d’1min41) et Christian Vande Velde (retard d’1min16). Tous deux ont bénéficié aujourd’hui d’une solide performance de leur équipe respective.

L’invité surprise du lot est Roman Kreuziger qui a bénéficié aujourd’hui d’une excellente prestation de son équipe Liquigas. Il pointe en 15e place du général (mieux qu’Andy Schleck!) à 1min31 du maillot jaune. Il grimpe très bien, attention à lui dans les prochaines étapes. Il n’a également aucune pression, ce qui peut constituer un avantage non négligeable. Il n’a également aucune pancarte dans le dos, un autre avantage pour lui.

Le festival est cependant offert par l’équipe Astana. Quelle domination ! Avec 6 coureurs dans les 11 premiers du classement général, Astana est sans conteste l’équipe à battre sur le Tour 2009.

Plus encore, je dirais même que l’intérêt du Tour tourne désormais autour de la rivalité entre ses deux grands leaders, Contador et Armstrong. Car pour le reste, les autres leaders sont, pour l’instant du moins, réduits à des seconds rôles.

Ce Tour ressemble donc de plus en plus au Tour de France 1986 qui avait opposé LeMond à Hinault, tous deux évoluant au sein de l’équipe française La Vie Claire. En 2009, Contador est dans le rôle de LeMond – le jeune loup – et Armstrong dans celui d’Hinault – le vétéran aguerri – il y a 23 ans.

La suite ? Elle m’apparait très difficile à prévoir. D’une part, l’étape d’hier nous prouve qu’aucune étape ne peut être négligée. On annonce du vent et de la chaleur demain sur la route de Perpignan. Bien qu’on peut penser que les coureurs voudront souffler un peu après 4 jours de course assez intenses, qui sait ce qui pourrait arriver ? Idem sur la route de Barcelone jeudi, le profil du final proposant un relief propice à creuser quelques écarts.

C’est surtout vendredi sur la route d’Andorre-Arcalis que se jouera le prochain épisode de la lutte Armstrong-Contador selon moi. Pour Armstrong, l’essentiel sera de rester au contact de Contador. S’il passe ce test, il peut raisonnablement espérer acquérir le leadership incontesté de l’équipe pour une bonne partie du Tour, du moins en l’absence de défaillance de sa part. Pour Contador, c’est la chance de montrer ce dont il est capable afin de poser sa marque sur le Tour de France et sur son équipe. On sait déjà qu’il affectionne particulièrement la montée d’Andorre-Arcalis, l’ayant révélé dans une récente édition de Vélo Magazine. Il est donc probable que Contador tente un truc vendredi et l’objectif d’Armstrong dans ce contexte sera de tenter de rester au contact de l’Espagnol jusqu’à l’arrivée.

Dernier point, Armstrong peut-il gagner le Tour ? Il faut reconnaitre qu’il est bien parti. Ceci étant, on peut être inquiet quant à sa capacité d’encaisser le rythme dans la troisième semaine. Armstrong a admirablement bien fait jusqu’ici mais il laisse aussi beaucoup de forces, de surcroit dans une chaleur accablante. N’ayant que très peu couru ces trois dernières années, ses facultés de récupération, autrefois excellentes, seront-elles suffisantes cette fois pour lui permettre d’être le meilleur en 3e semaine du Tour ? C’est une interrogation légitime selon moi et ma réponse est que j’en doute. Sur le Tour, tous les efforts se payent tôt ou tard et il le sait.

En France, la chance de Lance…

Commenter l’étape d’aujourd’hui vers La Grande Motte et remportée au sprint par Cavendish est un exercice périlleux, tout le monde ayant sa petite opinion sur les événements peu banals s’y étant déroulés.

Le but de La Flamme Rouge ce soir : donner l’heure juste, sans à priori sur aucun coureur.

D’abord, il faut dire que l’étape fut beaucoup plus intéressante qu’attendue. L’invité surprise fut le vent, vent qui fut à l’origine d’un beau coup de bordure. J’aime les coups de bordure, c’est si spécifique au cyclisme ; un peu comme la flamme rouge qui annonce le dernier kilomètre, ce n’est que dans le vélo qu’on voit ca !

Bref, à environ 30 bornes de l’arrivée, un coup de bordure est parti sous l’impulsion de l’équipe Columbia-HTC qui s’employait au complet à ramener l’échappée matinale. Beau coup de bordure d’ailleurs, fait dans les règles de l’art puisque les Columbia ont bien serré sur la droite de la route, ne laissant un abri que pour un ou deux coureurs, point final.

Les fils de presse font état que c’est Hincapie qui aurait lancé la bordure, fâché de ne voir aucune autre équipe les épauler dans la chasse derrière l’échappée et au bénéfice du passage d’un rond-point. On peut dire que c’est de bonne guerre et surtout, que c’est la course !

27 coureurs se sont alors dégagés, dont Lance Armstrong qui était alors sur l’avant du peloton. Derrière, la cassure aurait été créée par Alberto Contador selon les dires de Christophe LeMevel de La Française des Jeux.

C’est ici que chacun aura sa petite explication. La mienne ? Le plus objectivement du monde, je crois que Lance Armstrong a été chanceux d’être de la cassure, tout simplement parce qu’il était au bon endroit au bon moment. Le vidéo est très clair, il n’est en rien dans l’initiation de la bordure, une initiative des coureurs de chez Columbia. Les fils de presse rapportent que quelques minutes avant, c’est plutôt sur l’arrière du peloton que Lance Armstrong évoluait. Enfin, lui même affirme, sur son site Twitter, avoir joué de chance dans ce coup ("I was lucky enough 2 b there").

De toute façon, là n’est pas le débat. Les coureurs font aussi leur chance et on doit en toute honnêteté dire bravo à Armstrong d’avoir été vigilant et de ne pas avoir manqué le coche. C’est probablement George Hincapie qui était ravi de rouler dans le final aujourd’hui, il comblait deux de ses amis, Cavendish son leader pour la victoire d’étape et Armstrong som ami pour le général ! Idem pour Armstrong dans les 5 derniers kms qui faisait rouler Zubeldia et Popovych, il prenait un temps précieux sur les autres favoris du Tour – Contador compris – , se replacait premier coureur Astana du général et contribuait à la victoire d’étape de l’équipe de son bon ami Hincapie. Et qui sait, Armstrong et les Astana auront peut-être besoin de George et ses Columbia plus tard sur le Tour pour ramener une échappée…

Quant à Contador, il ne faut pas tirer trop de conclusions s’il est effectivement le responsable de la bordure. D’une part, il s’est peut-être relevé pour économiser ses forces en prévision de demain, estimant la manoeuvre peu importante. D’autre part, peut-être était-il moins bien à ce moment précis de la course disputée sous une forte chaleur. Je ne prendrais pas la chance ce soir d’affirmer que Contador est à la dérive sur ce Tour de France.

Si erreur il y a eu, c’est du côté des Silence-Lotto de Cadel Evans, des Cervelo de Carlos Sastre ou des Rabobank de Denis Menchov qu’il faut la chercher. C’était en premier lieu à eux de boucher le trou afin de ramener leur leader sur l’avant, Armstrong étant un homme dangereux pour le général. Contador et Leipheimer n’avaient pas à bouger, ils avaient des coureurs devant. La Quick Step aurait également pu rouler derrière pour essayer de replacer Boonen en prévision du sprint. Visiblement, les autres ténors du peloton n’ont pas jugé la situation assez grave pour faire donner rapidement la charge. Grave erreur ? Je ne pense pas, nous n’en sommes qu’à la 3e étape. Mais ce qui est pris n’est plus à prendre…

Il n’est pas impossible non plus que les Evans, Sastre, Menchov ou Schleck aient jugé qu’il valait mieux, pour la suite du Tour, un Armstrong leader chez Astana plutôt qu’un Contador, tout simplement parce que cela contiendrait justement Contador qui serait alors réduit à un rôle d’équipier… Et comme Contador est le grand favori et un grimpeur redoutable, c’est un calcul intéressant !

Une entrevue avec Alain Gallopin, directeur sportif d’Astana avec Johan Bruyneel, est disponible ici et permet d’en apprendre plus sur les faits du jour et comment ils ont été vécus dans le feu de l’action.

Que signifie maintenant cette étape pour la suite du Tour ?

Indiscutablement, la bonne opération est pour Armstrong qui, très important, se replace comme le coureur Astana le mieux placé au général, étant 3e avec 19 secondes d’avance sur Contador, désormais 4e. Armstrong redevient ainsi le leader de l’équipe en quelque sorte, du moins sur le critère de l’homme le mieux placé au général.

Pour Contador, la situation se complique. Armstrong est devant lui. Pire, une grosse performance d’Astana demain et il n’est pas exclu qu’Armstrong soit en jaune au terme de l’étape. Ce serait pour Contador le scénario catastrophe, l’obligeant presque à rouler pour Armstrong pour le reste du Tour, surtout considérant qu’Armstrong voudra probablement défendre le maillot et que Bruyneel ne voudra pas nuire aux ambitions du coureur américain. Seule une défaillance d’Armstrong, par exemple s’il était lâché au train dans la montée d’Andorre-Arcalis, pourrait donner un bon de sortie à Contador pour reprendre du temps. Il ne faudra pas qu’il se loupe !

Bref, la situation est intéressante avec Armstrong devant Contador, avec Evans à plus de 20 secondes de ces deux coureurs Astana, Andy Schleck et Carlos Sastre étant à environ une minute. Cela condamne ces derniers à l’attaque en montagne.

Pour demain, il faut surveiller la performance des Astana pour savoir si Armstrong ira chercher le maillot jaune. Pour l’étape, ca se jouera entre les Garmin, les Columbia qui ont Tony Martin à la 2e place du général ainsi que les Saxo Bank de Cancellara qui possède tout de même 33 secondes de priorité sur tout le monde. 

C’est surtout l’étape d’Andorre-Arcalis qui sera intéressante à mon avis. Le changement de rythme, après une semaine passée sur de gros braquets, fait souvent des dégâts. Contador aura certainement des fourmis dans les jambes, à quelques kms de son Espagne natale, mais pourra-t-il se laisser aller à son ambition ? C’est tout l’intérêt de la course à présent ! 

Quatrième gazette du Tour

1 – Victoire aujourd’hui de Mark Cavendish au sprint. Cavendish prouve pourquoi il est actuellement le meilleur sprinter du peloton.

Ceci étant, Cavendish doit essentiellement sa victoire aujourd’hui à son équipe, absolument impécable dans le final pour lui préparer le travail. Dans le dernier km, Hincapie puis Renshaw ont parfaitement fait leur boulôt et Cavendish a pu sprinter presque "tranquillement" vers une victoire somme toute assez facile.

2 – Milram, ou comment être ridicule dans le final. À 6 km de la ligne, on a vu un mouvement intéressant en tête de course, l’équipe Milram se déployant à 6 coureurs sur la gauche de la route, question de créer un deuxième train pour rivaliser avec celui des Columbia – HTC sur la droite. Milram voulait évidemment favoriser leur sprinter, Gerald Ciolek.

Ca n’a pas fait long feu.

Un relais beaucoup trop appuyé d’un Milram à 4 kms de la ligne et tout le monde a sauté, les autres Milram s’entend. Juste avant, les Columbia, intelligents, avaient tous eu la bonne idée de prendre les roues de ces Milram en feu car à cette vitesse, il ne servait à rien de continuer leur train sur la droite.

À l’entrée du dernier kilomètre, il ne restait plus personne chez Milram !

3 – Chez Saxo Bank, on veut visiblement garder le maillot jaune au moins jusque mardi lors du clm par équipe, la publicité étant excellente pour le sponsor. Ceci étant, on peut toujours se demander à quel point l’équipe ne laisse-t-elle pas trop de forces dans cette chaleur à rouler derrière les échappées, forces qui lui manquera peut-être plus tard dans l’épreuve, et notamment en 3e semaine, pour épauler Andy Schleck qui lui, joue le classement général…

4 – 3e étape demain, 197 kms vers La Grande Motte. Les derniers 90 kms sont plats comme ma main. Une autre étape taillée pour les sprinters et à ce jeu, difficile pour le moment de voir qui pourra rivaliser avec les Columbia-HTC de Cavendish. Oscar Freire, peut-être ?

Autrement, il n’y a que deux ennemis des coureurs en ce moment: les chutes et la chaleur. On annonce 33 degrés demain sur la route ainsi qu’un fort taux d’humidité.

Par ailleurs, La Grande Motte, pour y avoir déjà été, c’est laid. Aigues-Mortes, tout près, est une ville beaucoup plus charmante.

5 – Le début de Tour de Carlos Sastre serait frustrant. Il y a d’abord eu l’interdiction d’ASO de prendre le départ avec le maillot jaune, une coutume qui avait pourtant cours il y a quelques années, sorte d’hommage au champion défendant lorsqu’il était présent. Sastre a dû courir avec le maillot de Cervelo, ce qui l’a apparemment contrarié.

De plus, une pièce d’équipement de son casque a cédé dès les premiers kms du prologue. En effet, on a souvent vu Sastre remonter son casque durant l’épreuve. Il n’était apparemment pas content à l’arrivée, malgré un temps très respectable.

6 – Greg LeMond, un coureur pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, suivra le Tour 2009 en la qualité de journaliste pour le prestigieux journal intellectuel français Le Monde, un journal qui n’a jamais hésité, un peu comme moi, à donner l’heure juste sur ce qui se passe dans le peloton en matière de dopage. Il sera intéressant de suivre les chroniques de Greg au cours des trois prochaines semaines.

7 – Un détail m’avait échappé: les neuf coureurs de l’équipe Skil-Shimano disputent tous leur premier Tour de France. Que des néophytes du Tour ! Moyenne d’âge, 25 ans. En comparaison, les trois équipes présentant la moyenne d’âge la plus élevée avec 31 ans sont Cervelo, Astana et Ag2R. Deux de ces formations jouent le classement général, témoignant de l’importance d’avoir des coureurs expérimentés sur une épreuve comme le Tour.

8 – Lance Armstrong est le 5e coureur le plus âgé de ce Tour de France. Le plus âgé est Inigo Cuesta avec 40 balais au compteur. Suivent dans l’ordre Stéphane Goubert, 39 ans, José Luis Arrieta, Christophe Moreau et Lance Armstrong avec 38 ans. 

À 38 ans moi-aussi, tous les espoirs sont permis ?

9 – À ne pas manquer, ce petit reportage de nos excellents collègues de CyclisMag sur Frankie Andreu, ex-équipier de Lance Armstrong. Éloquent, comme d’habitude, et cela nous rappelle toutes les casseroles que traine Armstrong.

Une valise !!!

Une seule expression cycliste me vient en tête suite au prologue du Tour aujourd’hui : une valise ! Cancellara a mis une sacré valise à tous les autres coureurs, terminant 18 secondes devant son dauphin, Alberto Contador

18 secondes en 15 kms sur un prologue. Aujourd’hui, il y avait Cancellara et les autres. Quelle puissance !

Cancellara peut espérer vivre quelques jours en jaune, du moins jusqu’au clm par équipe autour de Montpellier, son avance, notamment sur les sprinters, étant très confortable. À noter que les sprints intermédiaires cette année ne comptent que pour le classement du maillot vert et ne donnent pas de bonifications en temps.

Outre Cancellara, le vainqueur du jour est Alberto Contador, qui a réussi l’exploit de terminer deuxième du prologue et surtout premier chez Astana, une équipe qui place tout de même 4 coureurs parmi les 10 premiers, excusez un peu. Cela témoigne avec éloquence de l’importante compétition reignant au sein de cette équipe. Les coureurs d’Astana connaissaient aujourd’hui les enjeux et c’est Contador qui, au final, impose sa loi.

Autrement, Andreas Kloden, Cadel Evans, Levi Leipheimer et Lance Armstrong offrent tous les quatre de solides performances leur valant une place parmi les 10 premiers et laissant penser qu’il faudra compter avec eux sur ce Tour de France. Parmi les autres performances respectables, celles d’Andy Schleck et de Carlos Sastre qui sont plutôt bien positionnés, terminant respectivement 18e et 21e. Ces deux coureurs ont su admirablement bien limiter les dégâts aujourd’hui dans un exercice qui n’est pas vraiment le leur.

Parmi les surprises, notons Tony Martin et surtout un excellent Roman Kreuziger qui terminent respectivement 8e et 7e. Attention à Kreuziger, l’histoire montre que les grimpeurs qui font bien lors des clm sont toujours très dangereux. Kreuziger  grimpe très bien et il faudra le surveiller de près dans les 3 prochaines semaines, disposant d’une bonne équipe autour de lui avec notamment Nibali et Pellizotti, ce dernier ayant toutefois déçu aujourd’hui avec seulement la 61e place.  

Soulignons aussi l’excellente 15e place du Français Jérome Coppel de La Française des Jeux : une première surprise de Marc Madiot !

Parmi les déceptions, celle de Denis Menchov, pourtant un spécialiste des efforts contre la montre, qui termine seulement 53e à plus d’1min30 de Cancellara et derrière des coureurs comme David Moncoutié ou encore Jérome Pineau, reputés bons grimpeurs. Pereiro représente aussi une déception, terminant 58e.

Demain, une étape pour les sprinters. Misez Cavendish, qui est resté bien en dedans aujourd’hui.

Troisième gazette du Tour

1 – Tom Boonen sera finalement au départ du Tour de France. La Chambre arbitrale du sport du comité olympique français (CNOSF) en a ainsi décidé et ASO se plie à la décision.

2 – Selon Pierre Bordry, président de l’AFLD, il y aura de nouveaux produits dopants en circulation sur le Tour de France. Je n’en doute personnellement pas, les tricheurs ayant toujours une longueur d’avance sur ceux qui cherchent à les confondre.

3 – Ce qui me frappe concernant Lance Armstrong, c’est à quel point il a perdu de la masse musculaire sur le haut du corps entre le Giro et le Tour.

4 – Pour demain, les experts prédisent une victoire de Cancellara. Si le dragster suisse demeure en effet un sacré client pour demain, j’opterais personnellement pour Alberto Contador qui voudra probablement frapper un grand coup. La première bosse devrait lui convenir.

5 – Le chiffre du jour: 450,000, soit le nombre d’euros que le vainqueur du Tour empochera sur les Champs Élysées dans 3 semaines. Belle petite somme tout de même.

6 – Le meilleur coureur Français du Tour de France 2008 était Sandy Casar et il a terminé à la 14e place. Les coureurs Français du Tour 2009, au nombre de 41, pourront-ils mieux faire cette année ?

7 – Voici la liste finale des partants sur le Tour 2009.

8 – La guerre des pédales: on verra probablement à l’essai sur ce Tour de France deux nouvelles pédales en prévision de 2010, l’une de Time, l’autre de Look, deux compagnies françaises qui se livrent à une féroce compétition depuis quelques années déjà.

Chez Time, on a redessiné la pédale RXS pour éliminer le ressort et le remplacer par une plaque de carbone qui fera office de résistance lors du chaussage/dechaussage.

Chez Look, la Keo 2 est annoncée plus légère encore, avec une surface de contact accrue.

Vino, une des clefs du Tour ?

La cohabitation entre Lance Armstrong et Alberto Contador sur le Tour de France débutant samedi fait couler beaucoup d’encre. L’histoire montre en effet que deux leaders jouant le général au sein d’une même équipe fait souvent des étincelles, le duel Hinault-LeMond en 1985 et 1986 étant un exemple éloquent.

Un événement extérieur au Tour pourrait avoir un impact non-négligeable sur les décisions qui seront prises en juillet: l’annonce du retour d’Alexandre Vinokourov. Sa suspension pour dopage vient à échéance à la fin-juillet et le Kazakh a déjà annoncé son intention de revenir dans le peloton.

Qu’est ce que la rivalité Contador – Armstrong sur le Tour vient faire dans tout ca ?

C’est simple: Vinokourov affirme n’envisager son retour qu’au sein de la formation Astana, une formation kazakh comme lui et pour laquelle il a contribué de près à son lancement. Vinokourov a affirmé récemment vouloir entreprendre les pourparlers pour négocier son retour avec Johan Bruyneel, l’actuel directeur sportif d’Astana, tout en n’hésitant pas à affirmer que l’équipe est la sienne et que si Bruyneel n’accepte pas ses conditions, il n’aura qu’à aller voir ailleurs.

En bref, le patron d’Astana, c’est Vinokourov, point final. De toute évidence, ce dernier aura également l’appui des sponsors principaux de l’équipe.

Cette situation pourrait affecter la stratégie de l’équipe sur le Tour en ce sens qu’elle contribuera à diviser les camps. Si la course force Bruyneel à devoir prendre des décisions, on peut en effet penser qu’il optera pour des décisions favorisant Lance Armstrong.

Pourquoi ? Parce que Bruyneel sait qu’Armstrong travaille actuellement à monter une nouvelle équipe américaine pour l’an prochain, le champion américain ne tirant aucune satisfaction de rouler pour Astana, une équipe kazakh qui, de surcroit, a récemment eu des retards de paiement des salaires des coureurs et de l’encadrement. Armstrong, qui n’hésite jamais, hors course, à rouler avec un maillot LiveStrong plutôt qu’avec le maillot Astana, sait que son retour dans le peloton en tant que coureur est d’une durée limitée, deux ou trois ans maxi, et il veut lancer sa propre équipe pour assurer sa reconversion. Son plan ? Être encore coureur un ou deux ans dans "son" équipe, puis rejoindre l’encadrement et ainsi rester dans le milieu pour éviter une situation similaire à sa première retraite ou il s’est ennuyé des pelotons.

Bruyneel connait les plans d’Armstrong et ne voudra certainement pas lui déplaire durant le Tour. Rappelons que sans l’offre d’Astana, Bruyneel était au chômage il y a 2 ans, incapable de retrouver un repreneur à Discovery Channel: privé d’Armstrong, alors nouveau retraité, dans ses négociations, il avait échoué lamentablement. Bruyneel a donc besoin d’Armstrong pour assurer sa place comme directeur sportif d’une équipe ProTour l’an prochain, étant probable qu’Armstrong monte son équipe sur l’ossature Discovery Channel et donc sur l’actuelle ossature Astana.

Contador dans tout ca ? On peut penser que Bruyneel et Armstrong n’en ont que faire. De nombreuses rumeurs ont, depuis plusieurs mois, annoncé Contador dans d’autres équipes. On peut penser que Contador rejoindra en 2010 une grosse écurie espagnole, que ce soit Euskaltel, qui aurait bien besoin d’un coureur de son rang, ou la Caisse d’Épargne, sous condition que Valverde joue davantage les Classiques d’un jour. Même si Contador demeure un coureur de premier plan, Armstrong et Bruyneel n’hésiteront probablement pas à se passer de ses services, voulant plutôt miser sur un jeune coureur américain capable de leur garantir un intérêt médiatique aux USA. Et ce coureur est déjà sous contrat avec Armstrong puisqu’il s’agit de Taylor Phinney de l’équipe Trek-LiveStrong…

Ne vous surprenez donc pas si vous voyez Johan Bruyneel prendre des décisions favorisant Lance Armstrong sur les routes du Tour de France 2009… Les enjeux ne sont pas que sportifs. Et la situation la plus probable en fin d’année est que Vinokourov aura repris le contrôle d’Astana, que Contador aura annoncé son départ pour une autre équipe et que les compères Armstrong et Bruyneel, auxquels on peut associer Leipheimer, Horner, Popovytch et quelques autres, annoncent la création d’une nouvelle équipe américaine avec un nouveau sponsor et un jeune néo-pro, Taylor Phinney.  

Dopage: d’autres cas annoncés

On apprend que de quatre à sept nouveaux coureurs pourraient être déclarés positifs dans les prochaines heures suite à des contrôles effectués au Tour de Romandie et au Tour de Suisse. On attend la suite avant de commenter davantage.

Équipe par équipe, la stratégie sur le Tour

La Flamme Rouge vous propose aujourd’hui un état des lieux, équipe par équipe, de ce qui sera probablement la stratégie dominante employée sur le Tour de France.

1 – Astana: abondance de biens nuit. Avec Contador, Armstrong, Leipheimer et Kloden, tous des coureurs ayant déjà eu des résultats sur les grands tours, on joue le général du Tour et ca va être compliqué de gérer. Dans ce contexte, il faut frapper en premier pour immédiatement se poser comme le coureur de l’équipe le mieux placé au général. Le clm de Monaco est donc crucial en ce sens.

Pour Contador, approche classique: terminer 1er de l’équipe à Monaco et utiliser toutes les arrivées au sommet (il y en a 3, Andorre-Arcalis, Verbier et le Mont Ventoux) pour faire la différence.

Pour Armstrong, ca sera intéressant: s’il joue la gagne, il optera pour l’approche classique, celle qu’il a utilisé dans ses 7 tours victorieux. En gros, frapper fort dans les clm et dans les arrivées en altitude, les rendez-vous à ne pas manquer. Sauf qu’il y a Contador, lui aussi probablement sur la même stratégie et plus fort. Si Armstrong est intelligent, il optera pour une approche différente, celle de tenter sa chance ailleurs, soit dans les étapes moins importantes (les Vosges par exemple), soit en partant de loin en montagne, question de jouer la carte de la surprise. Les deux étapes sans oreillettes seraient en ce sens à exploiter pour lui… Cette approche aurait deux avantages: d’une part, cela menoterait Contador si jamais l’échappée prend de l’avance et, d’autre part, cela lui servirait bien en rapport avec ses relations avec le public français qui découvrirait alors un "autre" Armstrong, attaquant et volontaire. On se souviendra du Tour 1986 avec Hinault qui a joué les troubles-fêtes longtemps… le public s’en souvient encore… Il n’y a pas que des enjeux sportifs pour Lance Armstrong sur ce Tour de France…

2 – Cervélo : on joue là aussi le général avec Sastre et, accessoirement, les sprints avec Hushovd. Pour Sastre, la tactique reflètera sa personnalité discrète: être présent tous les jours pour limiter les dégâts au maximum et jouer son va-tout sur une arrivée en altitude, probablement le Ventoux. Pour le reste, l’équipe compte en ses rangs deux excellents baroudeurs en Klier et Haussler.

3 – Saxo Bank: le général est visé avec Andy Schleck, Franck étant en délicatesse avec un genou. Cancellara assurera probablement une ou deux victoires d’étape (les clm de Monaco et Annecy). Pour Andy, il faudra d’abord éviter le jour sans, fréquent chez les jeunes coureurs, puis il faudra faire la différence en montagne car dans les clm, il ne peut que perdre du temps sur les Contador, Evans ou encore Armstrong. Son frère Franck pourra lui être d’un précieux secours dans la montagne. Enfin, Voigt et Arvesen voudront probablement profiter des occasions pour des victoires d’étape au passage. 

4 – Silence-Lotto: on joue le général avec Evans, l’homme invisible du peloton. Bon partout mais excellent nulle part, Evans veillera probablement à gérer sa course au mieux pour limiter les pertes en tout temps. Il essaiera de frapper dans les clm, si la condition est là et si les Menchov, Contador ou Armstrong ne sont pas meilleurs que lui. Ca va être difficile… Pour le reste, l’équipe semble avoir été composée pour épauler Evans, je ne vois pas grand monde autre que lui pouvant s’illustrer.

5 – Rabobank: on joue la carte Menchov à fond, ce dernier ayant remporté le Giro rappelons-le. Pour Menchov, c’est simple: la régularité est son atout. Il devra limiter ses pertes en montagne en se méfiant surtout des arrivées au sommet (ca va, il n’y en a que 3 !). Il s’efforcera probablement de faire la différence dans la 3e semaine, surtout lors du clm d’Annecy. Son équipe compte aussi Gesink en ses rangs et ce jeune coureur pourra être précieux pour Menchov en montagne. Pour le reste, l’équipe aligne Oscar Freire qui tire toujours son épingle du jeu dans un sprint débridé. Une victoire d’étape lui semble déjà promise et il n’a besoin de personne pour aller la chercher !

6 – Columbia-High Road: difficile d’imaginer que la chasse aux victoires d’étapes pour Cavendish, le sprinteur de l’heure, ne se fera pas au détriment de la gagne au général et pour laquelle on compte sur Kirchen. Ce dernier a bien performé au Championnat du Luxembourg sur route et pourrait causer une surprise. Son punch, notamment dans le final des arrivées en altitude, est probablement son meilleur atout pour prendre du temps à ses rivaux. Enfin, il sera particulièrement intéressant de suivre les performances de Tony Martin, un jeune coureur dont on dit beaucoup de bien.

7 – Liquigas: pas compliqué, on joue les cartes PellizottiKreuzinger et Nibali. Pellizotti surtout, après son bon Giro. Kreuzinger a pour sa part un peu déçu cette saison, mais le Tour est l’occasion pour lui de se reprendre. Pellizotti et Kreuzinger devront se montrer devant en montagne s’ils espèrent finir dans les 5 premiers, ce qui me surprendrait tout de même beaucoup.

8 – Garmin: que vaudra un Vande Velde après une longue convalescence ? C’est l’inconnue. Meilleur en montagne que dans les clm, Vande Velde devra probablement essayer de garder contact avec les leaders en montagne pour viser une place dans les 5 premiers. Ce sera difficile et la régularité est son atout. L’équipe est par ailleurs bien outillée pour le clm par équipe. La gagne de cette étape devrait se faire entre Astana, Garmin et Columbia.

9 – Katusha: Karpets visera une place dans les 10 premiers au général, mais sera probablement assez invisible, fidèle à ses habitudes. Pour le reste, on misera Pozzatto pour des victoires d’étapes lors d’échappées au long court. Attention à lui le jour où il se retrouvera en échappée !

10 – Caisse d’Épargne: privée de son leader Valverde interdit de courir en Italie, l’équipe se rabat sur Oscar Pereiro, vainqueur du Tour 2006, mais surtout Luis Leon Sanchez pour viser une bonne place au général. Je ne les vois pourtant pas dans les 5 premiers. Autrement, l’équipe, habituée à rouler pour un leader, sera assez invisible selon moi; seuls Uran et Guttierez présentent de réelles chances de victoires d’étape selon moi.

11 – Lampre: le néant pour le général, si ce n’est de Spilak. En l’absence de Damiano Cunego, l’équipe italienne se rabat sur… le champion du monde Ballan pour briller, surtout dans les médias puisque sur le plan sportif, ce dernier revient d’un virus lui ayant gâché la première partie de sa saison. Que faudra-t-il sur les routes du Tour où les enjeux sont importants et donc le niveau relevé ? Je n’attends guère de cette formation en juillet. Brusheghin demeure dangereux sur les clm et Spilak pourrait surprendre, on ne connaît pas vraiment ce dont il est capable.

12 – Milram: Gerdermann tentera surement de se démarquer, soit par une victoire d’étape prestigieuse ou par une place dans les 15 premiers. Pour le reste, c’est maigre, Wegmann et Fothen tardant à confirmer tout le bien qu’on disait d’eux il y a quelques années.

13 – Quick Step: l’équipe des baroudeurs. Boonen sera-t-il présent ? Et si oui, dans quel état d’esprit ? De deux choses l’une: ou bien il sera revanchard et partira à la guerre contre Cavendish, ou bien il sera écrasé par le niveau de la course. Chavanel, qui jouera à domicile, bénéficiera certainement de bonnes cartes pour tenter sa chance dans des échappées au long court, question de ramener au moins une victoire d’étape après être passé à travers ses Championnats de France… Devolder, qui roule bien clm, ainsi que Jerome Pineau, toujours en quète d’une grande victoire ou d’un coup d’éclat, présentent aussi de bonnes possibilités de victoires d’étapes.

14 – Skil-Shimano: en apprentissage sur la Grande Boucle, une victoire d’étape serait inespérée pour eux. Si victoire d’étape il y a, ce sera surement au terme d’une longue échappée. L’équipe voudra donc jouer la carte des échappées au maximum, surtout dans la 2e et 3e semaine sur les étapes peu accidentées.

15 – Euskaltel: l’équipe ne gagne pas grand chose sur la scène internationale depuis des années, depuis les belles années Iban Mayo en fait. Pour eux, des victoires d’étape en haute montagne représentent leur meilleure carte. Deux coureurs voudront ainsi s’illustrer : Igor Anton et Mikel Astarloza. Attention à eux dans les étapes des Pyrénées en particulier, près de leur Espagne si chère.

16 – Ag2R: ils ont la pression, après un début de saison calamiteux. Cyril Dessel et Vladimir Efimkin représentent leurs meilleures cartes pour des victoires d’étape. L’équipe passera à l’action probablement tous les jours sur les étapes de plaine et de transition. Nicolas Roche voudra également montrer son nouveau maillot de champion d’Irlande et obtenir une victoire d’étape, question d’écrire lui-aussi son nom au palmarès de l’épreuve, 22 ans après son père.

17 – Agritubel: leur carte s’appelle Romain Feuillu pour les sprints. C’est un peu l’outsider qui pourrait, au bénéfice d’un bon placement dans les derniers hectomètres, surprendre Cavendish ou Boonen. Pour le reste, l’équipe cherchera du temps d’antenne dans les échappées et Christophe Moreau, dont c’est la… 14e participation au Tour (!!!), apportera son expérience de la course.

18 – Bouygues Telecom: leur meilleur coureur s’appelle Fedrigo, un solide baroudeur qui peut rouler vite et longtemps en échappée. Pour le reste, le grimpeur Pierre Roland découvre le Tour et espérons qu’on pourra le voir devant en montagne, peut-être dans les Vosges.

19 – Cofidis: là encore, on jouera les échappées, que ce soit en montagne et de loin avec Moncoutié ou ailleurs avec Pauriol ou Moinard. L’inconu est Julien El Fares, à son avantage plus tôt cette saison sur Tirreno-Adriatico, et qui semble être un coureur de caractère.

20 – La Française des Jeux: Sandy Casar est la valeur sure du groupe, ayant l’expérience d’une victoire d’étape sur le Tour de France. Pour le reste, Marc Madiot joue visiblement la carte de la surprise, avec un groupe composé de nombreux jeunes qui voudront s’illustrer sur une telle course. Remy Di Gregorio, dont on dit qu’il est un grimpeur de talent, est un exemple d’un possible atout caché.

La liste complète des partants et des remplaçants est disponible ici.

Deuxième gazette du Tour…

La Flamme Rouge vous présente sa deuxième gazette du Tour, à 3 jours du grand départ de Monaco. Aujourd’hui, le thème est celui qui fâche et qui déchaîne les passions, le dopage.

1 – Tout amateur de cyclisme qui veut être lucide envers ce sport se doit de lire cette entrevue avec Jean-Pierre de Mondenard, grand spécialiste du dopage dans le sport. Je suis totalement d’accord avec tous les propos de l’auteur et il convient de ne jamais être dupe quant aux performances offertes encore aujourd’hui dans le cyclisme de haut niveau.

2 – Pour preuve, Thomas Dekker, un jeune coureur qui appartient à la "nouvelle génération", vient de se voir interdire de prendre le départ du Tour samedi pour l’équipe Silence-Lotto, des échantillons sanguins prélevés lors d’un contrôle inopiné en… décembre 2007 ayant révélé la présence d’EPO. C’est donc grâce à un test rétrospectif que Dekker a été convaincu de dopage sanguin.

C’est pour moi une excellente nouvelle puisque cela envoie un signal fort à tous les coureurs pro: on vous chope peut-être pas sur le fait, mais on peut vous choper un, deux voire trois ans plus tard, grâce aux contrôles rétrospectifs. Voilà un précieux outil de plus dans l’arsenal anti-dopage.

3 – Le chiffre du jour: 83%. C’est le pourcentage des internautes du populaire journal français Le Figaro qui croient que le Tour de France n’est plus crédible sportivement. Aie.

Pour ma part, je ne peux être contre le fait que le grand public soit lucide envers le cyclisme. L’ignorance a trop longtemps servi les coureurs et le milieu pro. On peut penser que cette époque est terminée. À qui la faute ? Aux coureurs pro et au milieu qui continue de s’auto-protéger, bien sûr.

4 – Petit retour sur les grosses casseroles que traine Lance Armstrong.

5 – À ne pas manquer non plus, cette courte entrevue avec Pierre Bordry, président de l’AFLD.

6 – Affaire Tom Boonen, la suite. Boonen sera fixé demain s’il peut prendre ou non le départ du Tour. Le tribunal de grande instance de Nanterre s’est déclaré non-compétent pour prendre une telle décision. Du coup, c’est la Chambre arbitrale du sport du comité olympique français (CNOSF) qui devra trancher. Allez comprendre… mais on suivra le dossier avec intérêt.

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