Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : octobre 2006

Une semaine intéressante en perspective…

Ca va « brasser » cette semaine dans le monde du cyclisme, c’est nous qui vous le dit. Voyez un peu…

1 – le 19 octobre, la suite de L.A. Confidential sortira en librairie. « Le nouveau livre de Walsh et Ballester s’intitule cette fois-ci L.A. Official »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2738#ancre1 et s’intéresse surtout aux conséquences, notamment aux États-Unis, qu’a entraîné la publication du premier bouquin. On sera donc vraissemblablement invité à faire la découverte des dessous du cyclisme, notamment ce qui se trame un niveau en-dessous, c’est à dire dans les coulisses politiques de ce sport.

Le livre peut déjà être commandé sur « Amazon »:http://www.amazon.fr/L-Official-Pierre-Ballester/dp/2846752044 et à la « FNAC »:http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?PRID=1868981!

Le quotidien Le Monde publiera dès demain des extraits du livre qui s’annonce celui de l’année en cyclisme. Affaire à suivre… et une nouvelle occasion d’un peu plus perdre nos illusions?

2 – On connaît désormais l’identité du 2e homme à avoir récemment fait des déclarations quant aux méthodes utilisées à l’US Postal à la fin des années 1990. Outre Frankie Andreu, on sait maintenant que Jonathan Vaughters a également des choses à dire sur les pratiques de l’équipe américaine. « Il convient de ne pas rater ce court texte sur CyclingNews parlant de conversations entre les deux hommes »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/oct06/oct16news. Vaughters confirme en quelque sorte nos soupçons depuis plusieurs années quant à l’utilisation de la période entre le Dauphiné et le Tour… Cette période serait belle et bien utilisée de nos jours à enrichir le sang et à pratiquer des prises de sang dans le but de pouvoir se le ré-injecter durant le Tour. Vaughters dévoile certaines techniques mises en place par les coureurs pour l’approvisionnement, notamment l’utilisation de motos (plus discrètes et plus rapides que des voitures d’équipe) pour livrer la marchandise.

On en demeure convaincu et on vous le répète: jusqu’ici, toutes les affaires de dopage ne font en pratique qu’une chose, celle de complexifier les réseaux en place, tout cela pour diminuer les risques que les coureurs se fassent prendre. Déjouer les contrôles demeurent un jeu d’enfant pour les coureurs, c’est évident.

3 – « Paolo Bettini s’est imposé de façon magistrale samedi sur la centième édition du Tour de Lombardie »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&06lombardia. Il s’agit de sa 2e victoire consécutive dans « La course aux feuilles mortes ». Souvent vu à l’attaque dans le final, c’est lui qui a fait la première grosse sélection dans la Madonna del Ghisallo. Il repartait à 16 kms de l’arrivée dans le Civiglio, avant dernière difficulté de la course. Il déposait enfin son dernier adversaire, Wegmann, dans le San Fermo della Battaglia, à 6 kms de l’arrivée. Le reste se résume à un bel effort solitaire pour aller franchir la ligne d’arrivée de la plus belle manière qui soit en cyclisme, seul. Seul ? Pas tout à fait apparemment puisque Bettini déclarait après l’arrivée: « _Aujourd’hui, je ne pédalais pas seul_ » en hommage à son frère disparu tragiquement il y a quelques jours et dont il était très proche. Suite à cette tragédie, Bettini aurait pu s’effondrer, tout arrêter. D’après ses dires, il y a réellement songé. Il nous a prouvé ce week-end quel champion il était, ayant trouvé la force de caractère pour se reprendre en main et rendre hommage à son frère disparu de la façon qui lui aurait plu le plus: en gagnant. Nos respects, M. Bettini.

Cette belle victoire fut cependant assombrie par la cérémonie manquée de la remise du trophée du ProTour. Le Tour de Lombardie étant organisé par RCS, aussi propriétaires du Giro actuellement en guerre ouverte avec l’UCI au même titre qu’ASO pour le Tour de France et Unipublic pour la Vuelta, les organisateurs ont tout simplement refusé de tenir la cérémonie! Il est pas beau, le cyclisme professionnel, M. McQuaid ?

Rappelons que dans ce conflit, La Flamme Rouge soutient entièrement et sans réserve RCS, ASO et Unipublic qui, a eux trois, organisent 11 des 27 courses du ProTour. De quel droit l’UCI impose-t-elle ses règles sur ces épreuves centenaires? Pourquoi les droits commerciaux de telles épreuves, fondées il y a plusieurs décennies, devraient-ils revenir à l’UCI, une instance rongée par la corruption et en manque cruel de crédibilité ? De quel droit l’UCI devrait dicter les règlements de ces épreuves, notamment le nombre de jours de course, le nombre d’inscrits au départ, etc?

4 – Parlant Tour de France, le profil de la prochaine édition sera dévoilé le 26 octobre prochain à Issy-les-Moulineaux. « Pour l’instant, on sait que le Grand Départ se fera de Londres »:http://www.letour.fr/2007/TDF/presentation/fr/index.html. Pour le reste, il faudra attendre un peu. Plusieurs rumeurs persistantes voudraient que le Tour fasse étape au Mont Ventoux en 2007, mais cela reste à être confirmé bien sûr.

5 – Un mot enfin sur les suites de l’Affaire Puerto qui déchire actuellement le monde du cyclisme pro. Certaines voix, notamment françaises (Madiot), réclament tout simplement l’exclusion pure et simple des coureurs impliqués. D’autres encore (Legeay) réclament des tests d’ADN systématiques. D’autres enfin (italiennes essentiellement) estiment que les preuves sont insuffisantes et que des coureurs comme Ullrich ou Basso doivent avoir rapidement l’autorisation de recourir. Plus que jamais et une fois de plus, c’est le bordel. Pourquoi ? Parce qu’encore une fois, il n’y a pas de leadership fort au plus haut niveau et que l’UCI refuse encore et toujours à réellement prendre les choses en main. Lamentable, si vous voulez savoir ce qu’on en pense réellement.

6 – Pool de cyclisme: les résultats finaux sont prêts et seront en ligne cette semaine, dès que l’actualité nous laissera l’occasion de mettre le tout en ligne.

Affaire Landis: ca devient une affaire de crédibilité

La nouvelle du jour est évidemment la défense de Landis, « rendue publique sur son site web »:http://www.floydlandis.com/blog/. Vous pouvez donc télécharger les documents présentant sa défense, documents qui plaident pour un arrêt immédiat des procédures à l’encontre du coureur américain. La Flamme Rouge s’est procuré les documents et en a lu les grandes lignes pour mieux connaître les justifications d’une telle demande. Sans être un grand expert en la matière, et donc en toute modestie, voici ce qu’on peut en dire selon nous.

1 – Le rapport soumis par les avocats du bureau Howard L. Jacobs se fonde en partie sur des éléments de non-respect des procédures. C’est évidemment l’angle d’attaque de 99% des coureurs impliqués dans des scandales de dopage et voulant blanchir leur nom puisque la contestation scientifique des méthodes de détection est beaucoup plus difficile.

2 – Le rapport apporte essentiellement deux éléments de défense, l’une portant sur le non-respect d’une procédure, l’autre sur la validité empirique du test utilisé.

D’une part, pour être déclaré positif à la testostérone, les différences dans quatres marqueurs métaboliques qui servent à identifier la prise de testostérone auraient toutes dues être d’un certain niveau. Or, seule une différence d’un marqueur métabolique présenterait le niveau suffisant.

D’autre part, le résultat du test permettant d’affirmer qu’il y a eu prise de testostérone exogène présenterait des anomalies difficilement explicables lorsqu’on considère les résultats des autres marqueurs. On met alors directement en cause le laboratoire de Chatenay-Malabry qui aurait – selon Landis et ses avocats – commis une erreur lors du test, que cette erreur soit de mesure ou d’interprétation.

Force est d’admettre, à première vue et sans être un grand expert sur le sujet rappelons-le, que l’argumentaire de Landis soulève des doutes: pourrait-il y avoir eu des erreurs lors du test anti-dopage ? Est-il vrai qu’il faut que les quatre marqueurs présentent une différence substantielle et qu’un seul de ces marqueurs chez Landis le ferait effectivement ?

Notre avis, c’est que la balle est forcément dans le camp de l’AMA et du laboratoire de Chatenay-Malabry maintenant. Ces deux institutions doivent rapidement répondre point par point à la défense présentée par Landis. Rapidement parce que l’opinion publique, déjà très perturbée et confuse par toutes les affaires de dopage dans le sport, pourrait se mettre à douter de la fiabilité des méthodes de détection, minant ainsi la crédibilité de ceux qui luttent contre le dopage. Ne serait-il pas en effet terrible d’apprendre que même ceux qui sont responsables de la lutte anti-dopage « dopent » leurs tests ? Comment poursuivre les efforts en vue d’assainir le sport si on ne peut avoir une confiance quasi-aveugle dans les méthodes de détection utilisées ?

Nous sommes convaincus, à La Flamme Rouge, que les méthodes de détection actuelles reposent sur des études scientifiques poussées et fiables. Que les scientifiques de l’AMA et des labos accrédités sont des gens sérieux et dignes de confiance. En ce sens, l’AMA et le labo français devraient n’avoir aucune difficulté à répondre rapidement et point par point à la défense présentée par Landis. Une telle réponse aurait pour effet de consolider la crédibilité de l’AMA et de ses laboratoires accrédités comme de limiter les leviers sur lesquels les avocats d’athlètes positifs pourront jouer dans l’avenir pour les défendre.

L’affaire Landis est déjà une affaire très médiatique, possiblement parmi les plus gros scandales européens de dopage de l’histoire du sport. Ce cas risquant de devenir un exemple, un jalon dans l’épopée de la lutte contre le dopage, il nous apparaît très important de ne pas laisser Landis et ses avocats miner la crédibilité et la fiabilité des méthodes de détection. Car n’est-ce pas là au fond toute la stratégie du camp Landis en rendant public sur internet – moyen de diffusion rapide d’information s’il en est – tous ces documents aujourd’hui ?

Col dur : Le Mont Ventoux 0, le lait cru 1 !

Marc Beaulieu, président de « l’équipe cycliste des Rouleurs de l’Outaouais »:http://www.lesrouleurs.ca/, a récemment séjourné en Provence et nous a fait parvenir ce texte relatant son expérience de « l’ascension du Mont Ventoux »:http://www.lemontventoux.net/, une expérience rendue mémorable par un certain concours de circonstances. *L’ascension du Géant de Provence, par Marc Beaulieu*. Comme tous les cyclistes passionnés du Québec, avoir la chance de grimper les cols mythiques du Tour de France est un rêve. Durant mes récentes vacances en Provence, j’ai eu l’occasion de m’attaquer au Mont Ventoux. Récit de ma petite expérience… La Provence est sublime avec sa gastronomie, ses oliviers, ses vignobles et ses petits rosés ainsi que sa lavande. Pour le cycliste passionné, elle représente également un petit paradis où les paysages sont enchanteurs, les parcours vallonnés et sinueux et les routes en excellentes conditions. Sans compter que les automobilistes sont pas mal plus respectueux et tolérants qu’au Québec! Là-bas, le principal adversaire du cycliste est le vent, appelé le Mistral. Quand on décide de s’attaquer au Mont Ventoux, le Mistral est par conséquent un facteur très important à considérer. Avec ses 1 910 mètres d’altitude et ses derniers – toujours longs – kilomètres exposés au vent, on m’avait avisé qu’il est parfois même impossible d’atteindre le sommet et que la descente peut être glaciale, même en plein été! Fort de ces conseils confirmés par des cyclistes locaux, je décidai donc de retarder ma tentative de quelques jours en raison d’un fort Mistral qui frappait la région. Je retardais, je retardais… et voilà que la date du retour au Québec se faisait plus proche ! Ce qui devait arriver arriva, voilà qu’il ne me restait plus qu’une seule journée pour m’attaquer au Ventoux avant de revenir au Québec. Maudit Mistral! La Tomme de Savoie est un fromage au lait cru que j’aime bien. Mauvais entreposage, trop de temps dans mon sac à dos sous une chaleur modérée ou simple malchance à l’achat, le fromage ingurgité la veille de mon assaut planifié ne m’a pas fait et comble de la malchance, j’ai passé une très mauvaise nuit (je vous épargne les détails…). Au réveil, mon épouse me regarde et me trouve pâle et faible : « qu’est-ce que tu vas faire? » me demande-t-elle. Et moi de répondre : “no way que je reviens à la maison avec mon Viner sans avoir fait l’ascension du Ventoux”. Pas question de rater cette occasion unique. On va sortir l’artillerie lourde : vivement de l’imodium (note à LFR: l’imodium ne figure pas encore sur la liste des produits interdits de l’UCI…)! J’avale de peine et de misère le petit croissant, la banane, le bout de chocolat de mon déjeuner et nous voilà parti, direction Bédoin, au pied du Ventoux. Je compléterai le petit déjeuner par de l’Extran et une Powerbar dans la voiture. Le Mont Ventoux offre trois routes d’accès à son sommet. Le Versant sud par Bédoin est le plus connu mais aussi considéré comme le plus difficile. C’est d’ailleurs le côté le plus souvent privilégié par le Tour de France. On grimpe 1 610 mètres de dénivelée sur 21 km. C’est donc une pente moyenne de 7.5% Aucun doute dans mon esprit, c’est par là que je m’attaquerai au Géant de Provence. De toute façon, j’ai prévu de prendre ça mollo, relax. Je me rassure en me disant que de toute manière, je n’ai pas besoin de m’acharner à tenter (je dis bien “tenter”!) de suivre les meilleurs grimpeurs Maîtres A du Québec. L’objectif est donc modeste, je me ferai tout simplement plaisir en cette belle journée ensoleillée. On se stationne au parking public à l’entrée de Bédoin. Je prépare le Viner. Fin prêt, une question se pose : mais où est donc l’horodateur qui marque le point de départ de la montée? Pas moyen de le repérer. Qu’à cela ne tienne, je partirai mon compteur ici, mes coéquipiers restés au Québec devront me croire sur parole… Voilà, c’est parti et les premiers kilomètres se font facilement. Le faible pourcentage de la pente (2-5%) permet une bonne mise en jambes, jambes qui tournent bien pour l’instant. Par contre, j’ai tout de suite l’impression que je vais payer la note plus tard en regardant vers le sommet en me tordant le cou. Il n’y a aucune illusion à entretenir, la pente va s’élever à un moment donné c’est certain. Ce moment arrive peu après un virage sur la gauche, à Saint-Estève ou, tel qu’il est connu là bas, la “porte de l’enfer”… À partir de ce point, la pente se fait plus raide et on arrête plus de grimper. Aucun répit ne m’est effectivement accordé sur les huit kilomètres suivants où je compte pas moins de sept virages où le pourcentage moyen de la pente ne descend pas en dessous des 9%, atteignant même 10,5% sur certains tronçons. Les premières sensations sont toujours bonnes mais ça commence à durcir. L’orgueil faisant des miracles, j’essaie même de montrer une certaine aisance lorsque je passe devant mon épouse pour la première photo de l’exploit. Réussi! La mystification est un succès! Un peu plus haut, la réalité commence à me rattraper : « pas une petite côte que ce Ventoux ! ». Je suis désormais proche de mon rythme de contre-la-montre et je n’ai aucune idée du moment où le terrain va m’offrir un petit répit, étant néophyte sur cette ascension. Aussi, amis cyclistes, soyez avisés : il n’y en a pas! Me voilà maintenant « tout à gauche », sur mon 36X26 et le souffle se fait toujours de plus en plus court… Je n’avais pas dit que je prendrais cela relax?!? C’est finalement toujours pareil… Deuxième photo par mon épouse, qui est montée un peu plus haut : un peu moins souriant cette fois, mais mon quadriceps, gonflé par l’intensité de l’effort, apparaît bien! On a les satisfactions qu’on peut… La fatigue commence vraiment à s’accumuler mais je maintiens un effort constant, proche de ma zone de clm. Avant de partir, le sympathique Christophe de chez Vélo Passion (une belle petite boutique de vélo à St-Rémy de Provence) m’avait mentionné qu’un temps respectable pour un cyclosportif tournait autour d’une heure trente minutes dans de bonnes conditions météo. C’était là ma seule référence. Me voilà enfin au chalet Reynard (1 420 m). J’avise mon compteur : un peu plus de 15 kilomètres parcourus dans un temps d’environ 70 minutes. Je me dis : “pas mal considérant la mauvaise nuit que j’ai passé et mon alimentation déficiente ce matin”. Le moral à la hausse, je me dresse donc sur mes pédales, question de relancer l’allure un petit coup et de prendre une troisième photo, en danseuse cette fois! Pas si terrible que ce Ventoux ! Je sors progressivement de la forêt et je peux désormais apercevoir l’objectif du jour, le sommet. Le décor est maintenant tout autre, quasiment irréel : que des cailloux! D’ailleurs, ça me rappele un peu la Casse Déserte dans le col d’Izoard que j’ai eu la chance de grimper il y a quelques années avec La Flamme Rouge qui m’avait mis 10 minutes dans la descente… Je n’ai pas fait 100 mètres en danseuse que ce qui devait arriver arriva : LA “panne sèche”, la fringale totale, la connaissance de l’homme au marteau. Je fais carrément une “Landissade” (son nom était d’ailleurs peint sur la chaussée pour me rappeler l’épisode et ma mauvaise posture!). Retour mental en arrière : « tu as le ventre vide… ben oui, niaiseux, à quoi pensais-tu?!? » Ça y est, rien ne va plus et ça va être une grosse galère désormais. Mais je refuse obstinément de mettre pied à terre. Et puis, d’un point de vue pratique, mon épouse est déjà partie pour le sommet pour la quatrième photo…Si je m’arrête ici, elle va attendre longtemps! Laissez-moi vous dire qu’un SRM qui vous indique que vous générez 50 watts dans le Mont Ventoux, ce n’est pas vraiment rigolo! À cet instant, je me rappele que le sympathique Christophe-de-St-Rémy-de-Provence (à cet instant, il est devenu mon meilleur ami!) m’a vendu des Turbo Punch. Il m’avait dit que j’en aurais besoin… Hasard ou expérience?!? Après deux petits tubes avalés, j’ai un petit regain d’énergie (psychologique ou physique?). Ceci me permet de remonter à 113 watts sur mon compteur SRM ! P-A-T-H-É-T-I-Q-U-E… mais bon, quand on ne peut pas faire mieux… on fait avec ce qu’on a ou ce qui nous reste. La suite est un chemin de croix. Je continue péniblement mon ascension vers l’observatoire météo du sommet. Mon seul objectif à présent est de l’atteindre. Watts, temps, pulsations, on s’en fout! Il me reste un peu moins de 5 kilomètres mais encore 400 mètres de dénivelée à grimper. À l’arrachée, j’arrive à la stèle en hommage à Tom Simpson… pas vraiment l’encouragement qu’il me faut dans mon état physique qui est peut-être proche du sien à ce moment-là… Plus que deux kilomètres à parcourir. Une dernière photo pour le final et… victoire, j’atteint le sommet! Au total (pour les intéressés), 1:58 minutes d’effort. Quel est le record chez les coureurs professionnels? 55 minutes je crois?!? Un certain M. Armstrong (vous savez, le meilleur ami de La Flamme Rouge!) a déjà déclaré que le Mont Ventoux était la montagne qu’il craignait le plus, celle qui lui a en tout cas donné le plus de fil à retordre dans sa carrière… Lance, on est d’accord ! Ceci étant dit, malgré ma défaillance physique, je dois admettre que j’ai passé un moment privilégié avec le Géant de Provence. Ce fut une expérience somme toute formidable. J’ai souvent dit que la satisfaction et la réussite dans le sport cycliste passe d’abord et avant tout par le dépassement de soi. Cette journée là, j’ai vraiment été obligé de puiser dans mes réserves et de grimper au moral. C’était lui ou moi : ce fut moi! Je termine en souhaitant à tous (défaillance en moins bien sûr!) d’avoir la chance de vous attaquer au Mont Ventoux au moins une fois dans votre vie. Amis Français, sachez que vous avez une chance incroyable d’avoir ce « Géant de Provence » dans votre arrière court. Profitez-en! Avec quelques coureurs de notre équipe cycliste (dont La Flamme Rouge probablement), nous prévoyons aller rouler en France l’été prochain et prendre part à quelques cyclosportives. Le Mont Ventoux sera sûrement au calendrier. Et cette fois-ci, j’apporterai mon fromage Petit Québec!!!!

Time rappelle ses RXS eyt RXE

La société Time a décidé de rappeler à son usine de Varennes-Vauzelles toutes les pédales RXS (Titan Carbon, Carbon) et RXE après avoir constaté qu’un risque de désolidarisation de l’axe et du corps de la pédale existe. C’est en fait exactement ce qui est arrivé à un de nos coureurs de notre équipe lors d’une compétition au printemps, le forçant à abandonner l’épreuve. Personne n’avait alors compris le problème, la pédale RXS Titan Carbon s’étant tout simplement désolidarisée d’avec son axe. Inutile de dire que le coureur en question avait été quelque peu chambré, la majorité des autres coureurs de l’équipe mettant ce problème sur le compte d’un manque d’entretien ou d’un remontage déficiant. Et bien mille excuses Patrick, tu n’y étais pour rien dans l’affaire! "Velo101 publie cet article expliquant bien la nature du problème et les directives à suivre pour retourner les pédales":http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=11227&Section=General. Roulant avec satisfaction sur des RXS Titan Carbon depuis 2 ans, nous suivrons donc ce conseil et retournerons prochainement nos pédales pour une inspection. Pas de chance à prendre avec ce matériel qui peut, en cas de rupture à l’effort, entraîner de graves chutes. Et des chutes, on en a assez eu cette saison! On recommande donc à tous les propriétaires de pédales Time non marquées de la couleur or (voir le texte sur Velo101) de retourner leurs pédales pour inspection.

La Coppa Sabatini par… Sébastien Moquin

On disputait hier en Italie la "54e édition de la Coppa Sabatini":http://www.cyclingnews.com/road.php?id=road/2006/oct06/sabatini06, course de préparation au prestigieux Tour de Lombardie dans 10 jours. "Sébastien Moquin":http://www.geocities.com/sebastienmoquin/, champion 2006 des Mardi cyclistes de Lachine, était présent sur la course (en spectateur entendons-nous!) et nous a fait parvenir ce sympatique petit reportage. On remercie évidemment Sébastien de nous permettre de vivre d’un peu plus près cette course italienne. *La Coppa Sabatini, par Sébastien Moquin*. Toscane, le jeudi 5 octobre. Présentation de la 54ième édition de la Coppa Sabatini. J’attendais ce moment avec impatience, pour preuve ma nuit de sommeil a été dérangée par la simple peur d’arriver en retard pour le départ de la course! Je savais très bien que je pourrais avoir accès à l’élite du peloton Italien et ce n’est pas tous les jours qu’une telle chance se présente. Je dis Italien car 90% des 140 coureurs inscrits étaient Italiens. Seulement quelques coureurs étrangers, notamment Francais, Belges, Colombiens, Russes, Polonais et Anglais. Dès mon arrivée sur les lieux de la course, on tombe (ma copine et moi) sur… Mario Cipollini. Comment le manquer ? Je lui demande de la prendre en photo avec lui et clic… voilà ma copine immortalisée tenant Cipollini par la taille! Je vais en entendre parler longtemps de celle-là… mais pas de danger pour mon titre de Lachine, Cipo, sprinteur comme moi (ou serait-ce moi qui est sprinteur comme lui ?!), est à la retraite! Quelques accablures plus loin, on aperçoit un revenant, mon coureur préféré il y a quelques années, le top class (en Italie, on dit le "fuoriclass" je crois) "Frank Vandenbroucke assis derrière sa voiture d’équipe":http://www.cyclingnews.com/photos.php?id=/photos/2006/oct06/sabatini06/s-VANDENBROUCKE_4818 et qui semble ne pas être encore une fois à sa place… avec l’équipe Aqua & Sapone. Dommage! (_ndlr: VDB a quitté en cours de saison son équipe Unibet pour rejoindre les Italiens d’Aqua&Sapone. VDB a toujours eu de bons contacts en Italie, ayant notamment couru pour la Mapei longtemps_). La chance nous est offerte de naviguer autour des autobus d’équipes comme Saunier Duval (avec Peter Mazur), Liquigas (avec Luca Paolini, Cioni et Nibali) et Milram (avec Grivkof et Visconti). Coté équippement, ce qui frappe, c’est qu’il y a en effet beaucoup de DeRosa (La Flamme Rouge va être content!), mais également de super beaux vélos Tommassini, Carrera et Opera. Les vélos sont équipés en Campagnolo mais aussi en Shimano et je dirais presque que c’est du 50/50 (n’en déplaise à LFR!). Même si les vélos sont italiens, Shimano est donc aussi très présent. Par contre, je remarque très peu de roues profilées en carbone, contrairement à ce qu’on voit au Québec ou le peloton élite roule désormais beaucoup avec ce type de roues. Pourtant, ici, les routes sont impéccables. Et quand je dis impéccables, c’est parfait. Un vrai billard! Concernant les coureurs, on jurerait un défilé de mode. J’ai l’impression que tous les coureurs ou presque se sont coiffés avant de prendre le départ! Cheveux parfaitement placés avec une grande quantité de gel, pas un coureur avec un poil de trop sur les jambes, c’est presque pire que des femmes!!!! Je suppose que c’est ca aussi, la différence entre les pros et les amateurs. Côté physique, c’est presque toujours le même format: jambes très minces sans véritables muscles au niveau des mollets, petit bassin et haut de corps m’apparaissant attrocement petit. La première impression nous laissait penser qu’on pouvait facilement identifier ceux qui allaient passer la grosse difficulté du parcours. (_ndlr: toujours très intéressant de constater cette finesse des coureurs pros, le peloton élite du Québec renfermant un bon nombre de coureurs nettement plus musclés des jambes_). Un peu plus tard, j’ai la chance de discuter une dizaine de minutes avec Rolf Sorensen, le Danois porteur du maillot jaune une journée lors Tour de France 1991 avant de chuter et de se briser la clavicule le jour suivant, l’amenant à abandonner l’épreuve en larmes. Sorensen me donne ses impressions sur cette course de même que sur les favoris du jour selon lui: Nocentini, Santos et Gasparotto. Il semble dire que, contrairement à mes impressions, ce n’est pas un parcours si difficile, mais assez exigeant pour qu’un maximum de 30 coureurs se disputent la gagne dans le final. Concernant la course et en bon connaisseur des épreuves cyclistes, on s’est installé au sommet de la bosse de 1.5km qui comporte, dans ses derniers mètres, un passage à 10-12%. J’étais donc aux premières loges pour observer la violente attaque de Grivko au 9e des 10 tours, attaque qui allait briser le peloton et faire la dernière sélection. Voilà donc exactement une trentaine (comme Sorensen l’avait prédit!) de coureurs détachés pour le dernier tour. L’arrivée est jugée au sommet de la bosse, ne faisant évidemment pas de cadeau. Dans ces circonstances, "c’est le plus fort qui a gagné… Visconti, au sprint tout de même":http://www.cyclingnews.com/photos.php?id=/photos/2006/oct06/sabatini06/fs003. Gros travail de Grivko dans le final pour préparer le terrain et superbe victoire de l’italien qui semblait être le favori local. Du travail d’équipe de pro quoi! Voilà donc une superbe journée passée sous le chaud soleil de la Toscane avec en toile de fond une course de vélo pro. Par chance, le repas de pâtes n’est pas seulement réservé aux coureurs cyclistes… Le bilan de la journée me laisse songeur car quel beau spectacle! J’ai définitivement bien hâte de revoir une course ProTour dans les rues de Montréal…

Sport Canada : comment comprendre?

1 – "On apprend aujourd’hui que Guy Thibault, entraîneur reconnu au niveau international, a accepté le poste de directeur de la haute performance à la fédération américaine de patinage de vitesse et ce, quelques mois seulement après avoir été purement et simplement congédié du poste d’entraîneur-chef de l’équipe canadienne de patinage courte piste":http://www.radio-canada.ca/sports/patinage/2006/10/05/001-thibault.shtml. Thibault part donc entrainer les Américains après avoir été congédié par les Canadiens! Le cas de Guy Thibault n’est pas isolé puisque qu’il s’inscrit à la suite de plusieurs autres cas célèbres d’entraineurs canadiens compétents ayant officié à l’étranger depuis plusieurs années, notamment Martin Barras (cyclisme), Alex Baumann et Pierre Lafontaine (natation). On pourrait également ajouter à cette liste le nom de Jacques Landry (cyclisme), qui entraine actuellement l’équipe néo-zélandaise de cyclisme. Tous ces entraineurs, exceptés peut-être Landry et Thibault à qui il convient de donner un peu de temps pour faire leurs preuves ailleurs, ont prouvé être des entraineurs ultra-compétents qui ont tous obtenu des résultats plus que probants avec leurs équipes respectives à l’étranger. Alors, comment comprendre "Sport Canada":http://www.pch.gc.ca/progs/sc/index_f.cfm ? Comment comprendre pourquoi on ne peut reconnaître ici les compétences exceptionnelles de ces entraineurs ? Pourquoi ces entraineurs doivent-ils s’exiler au lieu d’employer leurs compétences aux performances d’équipes canadiennes ? De notre avis, cette situation est proprement scandaleuse et ne fait que confirmer les multiples scandales qui entachent Sport Canada depuis de nombreuses années. On irait même plus loin en mentionnant que 4 cas sur 5 concernent des Canadiens Français… et que cela est pour le moins troublant. Pourquoi diable ces entraineurs sont-ils vénérés ailleurs et pas ici ? Quoi qu’il en soit, on souhaite à Guy Thibault, un lecteur de LFR, la meilleure des chances dans ce nouveau défi. 2 – Samedi prochain à 14h, CBC retransmettra la course sur route des récents Championnats du monde de cyclisme. À ne pas manquer pour tous les amateurs de cyclisme au Canada, surtout pour les tous derniers kms de la course ou les attaques furent nombreuses. Merci à Frédéric Prayal pour cette information.

Trois choses…

1 – « On apprend via le site atlantique de Radio-Canada qu’une nouvelle épreuve de cyclisme féminin, le Tour de l’Ile du Prince Édouard, sera organisé du 10 au 14 juin 2007, à l’initiative de l’omniprésent Daniel Manibal »:http://radio-canada.ca/regions/atlantique/2006/10/03/003-IPE-tour.shtml. Cette nouvelle épreuve, annoncée comme partie intégrante de la Coupe du Monde de cyclisme féminin, comportera vraissemblablement 6 étapes. Une conférence de presse devrait avoir lieu plus tard cette semaine pour confirmer la nouvelle. Les amateurs canadiens de cyclisme doivent évidemment se réjouir de cette nouvelle importante.

Rappelons que Daniel Manibal et son équipe avait annoncé, la semaine dernière, la mise sur pied de l’épreuve masculine Montréal-Boston pour 2007. Nul doute que M. Manibal sera un homme occupé en 2007!

2 – Un débat fait actuellement rage sur La Flamme Rouge à propos de la complaisance des journalistes qui couvrent le cyclisme. Merci aux deux principaux acteurs pour le ton jusqu’ici cordial de leurs échanges, une valeur que nous chérissons sur ce site.

Alors, les journalistes en cyclisme font-ils preuve de complaisance compte tenu de toutes les affaires de dopage ces dernières années ?

Nous croyons qu’il convient ici de distinguer deux types de journalistes: les journalistes chargés de couvrir les événements et les journalistes d’enquête, plus indépendants même s’ils ont eux aussi un employeur.

Dans le cas des journalistes chargés de couvrir les événements, leur traitement – ou plutôt leur non-traitement – des affaires de dopage pourrait être interprété comme de la complaisance. Or, il faut se garder de leur attribuer toute la responsabilité selon nous. Car du moment ou il y a une course, ces journalistes ne font que leur boulôt, celui de relater les événements. Même s’ils savent que certains coureurs ne sont pas tout-à-fait propres, que peuvent-ils écrire lorsque les contrôles sont négatifs ? On a vu un bel exemple durant le Tour de France: comment couvrir autrement l’exploit de Landis le jour ou il a été fait ? C’est toujours facile d’accuser de complaisance _a posteriori_.

Dans le cas des journalistes d’enquête, leur complaisance éventuelle n’existe pas bien sûr. Ceux-ci tentent d’aller au fond des choses, comme Ballester et Walsh, comme Mandard, comme Ressiot. Ce genre de journalisme, quoi qu’on en dise, nous apparaît fondamental pour faire évoluer les choses: sans leur travail, l’ampleur du dopage dans le monde du cyclisme ne serait pas connu aussi bien.

S’il existe de la complaisance en journalisme, c’est bien davantage selon nous les journalistes des revues mensuelles qui en font preuve. Depuis 7 ans par exemple, Cycle Sport nous sert Lance Armstrong à toutes les sauces, jusqu’à l’écoeurement. En page couverture 10 mois sur 12, la majorité des rubriques lui étaient consacrées : ce que Lance mange, ce que Lance fait, comment Lance s’entraine, comment Lance teste son matos, etc. Malgré les affaires, notamment L.A. Confidentiel, les révélations de L’Équipe, à peu près rien dans la revue. Il en va de même pour bien d’autres revues, dont Vélo Magazine qui tente bien, depuis deux numéros, de corriger le tir suite à une première page malheureuse dans son édition d’après-Tour.

La complaisance est à notre avis là, dans toutes ces revues mensuelles qui doivent flirter avec l’actualité pour vendre du papier et qui n’osent écrire sur les affaires de dopage par peur de perdre des lecteurs.

3 – Un lecteur nous touche quant à une éventuelle faute de goût concernant nos propos relatant le mauvais sort des champions du monde. Loin de nous l’idée de faire un rapprochement entre performance sportive et la valeur d’un tel décès. Nous offrons toutes nos sympathies à Paolo Bettini suite à la perte de son frère, une épreuve assurément très difficile. Nous voulions simplement parler du fait que la guigne – qui se manifeste à chaque fois de façon différente – semble toujours s’abattre sur les champions du monde de cyclisme. Et c’est pour le moins troublant.

Le mauvais sort des Champions du Monde…

1 – Une semaine après avoir été sacré Champion du Monde, « Paolo Bettini vient de perdre son frère Sauro dans un accident de la route »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/oct06/oct03news2, laissant derrière lui une femme et un enfant de 10 ans. C’est une terrible tragédie pour Paolo Bettini évidemment, et une tragédie qui relance évidemment le débat quant au mauvais sort du maillot irisé, la guigne semblant toujours s’abattre sur celui qui le porte. En 2006, Boonen aura connu une saison correcte, mais certainement pas à la hauteur de la précédente. Ne parlons pas de Freire, au prise avec des problèmes de dos récurrents, ni même d’Astarloa, champion du monde 2003 à Hamilton qui aura connu en 2004 une saison catastrophique, impliqué sans raison dans l’affaire Cofidis. La liste pourrait s’allonger au moins jusque Stephen Roche en 1987…

2 – Un vélodrome sera prochainement en construction à Paris, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Une très bonne nouvelle pour le cyclisme français évidemment.

3 – « On vous invite à lire cet intéressant article sur les dissentions au sein des équipes du ProTour »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2701, les affaires de dopage minant même leur solidarité jusqu’en début d’année excellente.

4 – « Le bonheur du cyclisme espagnol »:http://www.velo-club.net/article?sid=34692. Ca risque de désormais changer avec l’affaire Puerto.

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