Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mars 2009

Incontournable dopage!

A quelques heures du départ de Paris-Nice, l’actualité du cyclisme se tourne encore vers le dopage. On ne peut l’esquiver, sans toutefois bouder le plaisir que va nous offrir la course au soleil.

D’abord, L’agence Reuters nous apprend que les contrôles anti-dopage ciblés devraient remplacer les contrôles par tirage au sort lors du prochain Tour de France, les contrôles des premiers de l’étape et du maillot jaune persistant. On peut imaginer l’effet pervers suivant.

Un équipier usant de produits dopants décelables au contrôle mais non soupçonnables au suivi biologique, notamment des excitants à effet immédiat comme des amphétamines, et qui, après avoir aidé son leader, ne terminerait pas l’étape aux premières places, aurait la quasi-certitude de ne pas être contrôlé. J’aimerai avoir l’avis de connaisseurs.

Ensuite, Jan Ullrich a franchi un pas important vers ses prochains aveux. Dans les aveux d’anciens champions, il y a un aspect à ne jamais oublier : la prescription. Jan Ullrich a un gros palmarès, avec des victoires de prestige comme le titre olympique sur route en 2000. Comme ses prédécesseurs à la repentance plus ou moins choisie, plus ou moins contrainte, il semble évident qu’il attend le «bon moment » pour se livrer… sur des périodes prescrites.

Les aveux de celui qui a généré en Allemagne un engouement aussi soudain qu’exceptionnel pour le cyclisme ont déjà été admis dans un pays où la popularité sportive est encore capable d’une certaine raison. Cela n’y fera donc pas très grand bruit. Malheureusement, le cyclisme allemand souffre déjà très largement du désamour populaire consécutif à une foudroyante passion déçue.

Ils vont cependant mettre en difficulté la «Planète  Armstrong » devenue une véritable industrie aux Etats-Unis… et ailleurs. Car aussi volontairement aveugles soient-ils, il sera de plus en plus acrobatique au public et aux médias états-uniens, et d’ailleurs, de vanter la perfection du parcours d’un dieu vivant qui aurait battu tous ses adversaires sur-naturés par ses seuls talent, travail et volonté. L’icône pourrait bien tomber à son tour.

Paris-Nice

Par delà l’Atlantique, les nombreux cyclistes francophones du Québec, de France, de Suisse et de Belgique attendent avec impatience l’arrivée du printemps. Certains sont mieux pourvus, dans le midi de la France, quand la luminosité du ciel n’est pas accompagnée d’un mistral ou d’une tramontane à décasquer un cycliste.

Les coureurs pros, eux, vont une fois de plus partir de la capitale française dans la grisaille, traverser la France dans le sens nord-sud par dessous les giboulées, pour débouler jeudi sous un soleil qui les accompagnera de l’Ardèche à la côte d’Azur par l’arrière-pays provençal. Paris-Nice devrait encore mériter son surnom : la course au soleil.Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une course de qualité. En cyclisme, on sait que ça ne suffit pas toujours!

D’abord, le parcours.

Un contre-la-montre de 9,3 km pour commencer, peu sinueux bien que semi-urbain, devrait déjà donner quelques petits écarts qui pourraient compter lors du bilan.

Les deux étapes suivantes sont sans difficultés et ne devraient pas concerner les gros bras, mais le petit nombre de sprinters au départ laisse envisager une course animée.

Viendra ensuite l’arrivée à St-Etienne par un final accidenté, notamment la Côte de Rochetaillée dont le sommet est situé à 7 km de l’arrivée. L’absence de pourcentages élevés et les quelques replats avant celle-ci devraient cependant inhiber les velléités des favoris. Quelques mouvements impliquant des outsiders ne sont pas à exclure et le spectacle devrait valoir le coup d’œil.

Jeudi arrivera alors avec une étape de toute beauté sur des routes que je connais par cœur. Bravo aux organisateurs d’avoir su enfin saisir les richesses topolographiques ardéchoises pour une étape à ne pas manquer. On n’y rencontrera pas non plus de pourcentages élevés, mais les 204 km reliant Annonay à Vallon-Pont-d’Arc vont offrir aux coureurs prêts à la bagarre un chantier dont certains se souviendront. On n’y fera quasiment que monter et descendre, essentiellement sur de petites routes sinueuses où les gros groupes auront bien du mal à s’organiser. Les 80 derniers kms sont moins rigoureux que les 120 précédents, mais on peut envisager que ceux-ci vont suffisamment disperser le peloton pour laisser place à un final « à la pédale ». Personnellement, j’aurai mieux vu une fin d’étape par Valvignères – Gras plutôt que St Thomé – Gras puis la boucle par le Pont d’Arc et le Serre de Tourre plutôt que Ruoms – Lagorce, mais je ne veux pas trop faire la fine bouche. Par ailleurs, je voudrais aussi préciser qu’on ne découvrira là qu’une facette de l’Ardèche, en Corniche plus ou moins éloignée du Rhône et ne dépassant pas 800 m, alors qu’une autre plus montagneuse existe plus à l’est, largement au-dessus des 1000 m. Point important : le vent devrait souffler favorablement entre St-Jean-le-Centenier et St-Thomé et même Gras, ce qui favorisera plus encore une course de mouvement.

Vendredi, on ne manquera pas l’étape qui s’annonce comme phare avec l’arrivée à la Montagne de Lure (altitude 1600 m). Précédée de quelques bonnes petites bosses propres à fatiguer les équipiers, la montée finale devrait être marquée par la confrontation de la semaine entre les gros bras. C’est le rendez-vous de ce Paris-Nice, qui ne s’y jouera peut-être pas. Le beau temps est annoncé, la traversée du Plateau du Vaucluse entre Rhône et Durance promet de très belles images.

Suivra encore une étape très vallonnée dans le Haut-Var, sur des routes plus propices au contrôle organisé de la course. Je pronostique que la course sera bloquée sur le classement de la veille, mais…

Idem pour la dernière étape, à moins que comme il y a deux ans avec Alberto Contador, un homme au-dessus du lot s’en aille en costaud dans le Col d’Eze. Personnellement, je regrette la traditionnelle montée chronométrée du Col d’Eze qui personnalisait cette course et nous a donné de si beaux spectacles par le passé depuis Poulidor matant Merckx jusqu’aux luttes de Kelly, Roche et Bernard.

On regrettera l’absence des deux grands protagonistes de l’an passé, le vainqueur Davide Rebellin et le tout jeune Robert Gesink que les vieux briscards italiens piégèrent dans la difficultueuse descente du Tanneron sous la pluie. Le plateau reste alléchant.

Au rang des favoris, Alberto Contador (Astana) se dégage. Il sera l’homme à battre. A la pédale, à partir du pied de Lure ce sera mission très difficile. On peut donc s’attendre à des opérations stratégiques d’envergure jeudi, plutôt avant le final (le secteur entre Lamastre et Privas est particulièrement propice), ou le lendemain lors de la traversée du Plateau du Vaucluse.

A mon sens, viennent ensuite dans l’ordre Sylvain Chavanel (Quick Step), Frank Schleck (Saxo Bank), Rémi Pauriol (Cofidis) et Vladimir Efimkin (AG2R).

Puis un grand nombre d’outsiders parmi lesquels David Montcoutié et Amaël Moinard (Cofidis), Chris-Anker Sörensen,  Jens Voigt et Jakob Fuglsang (dans une très forte équipe Saxo Bank) , Antonio Colom (Katusha),  Rinaldo Nocentini , 2ème l’an passé (AG2R), Cadel Evans (Silence-Lotto), Daniel Martin (Garmin), Kevin Seeldrayers (Quick Step), auteur d’un bon Tour de Californie, Luis-Leon Sanchez (Caisse d’Epargne), peut-être en perte de vitesse, Jussi Veikkanen (La Française des Jeux), , Sylvain Calzatti, Maxime Bouet et Nicolas Vogondy (dans une équipe Agritubel euphorique), Thomas Voeckler, Youri Trofimov, Pierre Rolland (Bbox), Martin Velits (Milram), et enfin Roman Kreuziger (Liquigas) et Samuel Sanchez (Euskaltel), deux champions dont on ne connaît pas l’état de forme.

Gageons que si Contador réalise un très bon premier chrono, et je parierais dessus, il risque de se retrouver désigné plus encore comme adversaire principal par ses nombreux concurrents, auquel cas les étapes de jeudi et vendredi seraient particulièrement difficiles à gérer pour une équipe Astana dont les directeurs sportifs de la Cofidis, Saxo Bank, Bbox, AG2R et Quick Step n’auront pas manqué de souligner certaines faiblesses… sur le papier. Le leadership pourrait alors changer de main, ou bien une course débridée se mettre en place…

D’ici demain, il reste à disserter (à vous, commentateurs!) sur une course qui devient majeure: L’Eroïca, dont l’édition 2009 qui vient de s’achever fut encore une fois de très haut niveau. On aurait voulu la voir télévisée, celle-là!

L’art de la commercialisation

À ne pas manquer, cette "mise en commercialisation" du nouveau Pinarello FP7, un nouveau vélo de la prestigieuse compagnie italienne et qui s’insère juste en dessous du Prince dans la gamme. Pinarello est une compagnie très innovatrice à mes yeux puisqu’elle est souvent à l’origine même de nouvelles tendances dans l’industrie, que ce soit en matière de design de cadre ou de nouvelles peintures.

L’actualité du week-end commentée

Retour sur les actualités du week-end:

1 – Victoire au sprint de Thor Hushovd samedi sur le Het Nieuwsbald dans ce qui fut un final mouvementé, ponctué d’une chute dans les derniers hectomètres de la course. Juste avant, le peloton avait dû ramer pour revenir sur Langeveld et Haussler, deux coureurs qui m’ont fait une forte impression sur cette épreuve. Attention à eux deux dans les prochaines semaines et Langeveld est en train, petit à petit, de se tailler une belle place parmi les hommes forts des Classiques, lui qui est encore tout jeune.

Je n’ai par ailleurs pas très bien compris la tactique des Rabobank dans le final, surtout le comportement de Posthuma qui donnait l’impression de chasser son équipier Langeveld devant. Flecha était certes dans le groupe Posthuma derrière mais compte tenu de l’avance des deux hommes de tête et compte tenu de la taille et de la qualité du groupe de chasse, il me semble qu’il aurait été plus judicieux de jouer la carte Langeveld à fond. Dommage enfin que Langeveld et Haussler aient coupé leur effort dans le dernier kilomètre, c’est souvent le cas chez les professionnels ou personne ne veut amener l’autre dans un fauteuil jusqu’à l’arrivée.

Voici par ailleurs un excellent reportage de la course et ses à-côtés offert par PezCycling.

2 – Victoire au sprint de Tom Boonen dimanche sur Kuurnes-Bruxelles-Kuurnes, une autre belle semi-classique du début de saison en Belgique. Il faut surtout retenir le superbe mano-à-mano que ce sont livrés Flecha et Sylvain Chavanel dans le final de la course, Flecha étant seul devant et Chavanel roulant derrière pour ramener le groupe Boonen. La logique l’a emporté, Chavanel étant un excellent rouleur contre-la-montre, mais quel bel effort d’un Flecha déterminé à enfin remporté une belle classique cette saison. Attention à Flecha sur le Ronde et dans l’Enfer du Nord dans quelques semaines.

Voici également un excellent reportage de la course et ses à-côtés offert par PezCycling.

3 – Un mot sur Dominique Rollin qui a joué de malchance samedi, ayant subi une crevaison. Revenir dans le peloton n’est jamais chose facile sur de telles routes et Rollin en aura fait l’expérience. Dimanche, il a terminé à plus de 8 minutes du vainqueur, mais il ne faut probablement pas s’en surprendre, ayant couru déjà la veille. Tout un week-end de travail !

4 – Je ne peux passer sous silence la victoire du Français Rémi Pauriol au GP de Lugano ce week-end. Le coureur français a devancé sur la ligne nul autre que… Davide Rebellin, pourtant habituellement en très bonne condition durant les débuts de saison. Le 3e fut Simon Gerrans, lui aussi excellent coureur. Déjà vainqueur en France cette saison (GP Ouverture La Marseillaise), Pauriol confirme et fait donc un début de saison remarquable. Voilà que les Français se mettent à briller à l’extérieur de leurs frontières (rappelons le final de Chavanel dimanche sur Kuurnes-Bruxelles-Kuurnes). De bonne augure pour la suite de la saison…

5 – Participation record au pool de cyclisme 2009 de La Flamme Rouge et cela me fait rudement plaisir ! Avec 170 équipes officiellement inscrites, la compétition sera cette année très forte. Une première mise à jour du pool sera disponible cette semaine (une fois le fichier vérifié) avec une analyse des coureurs les plus populaires ainsi que les premiers résultats une fois pris en compte la course de samedi dernier. Je publierai également un fichier vous permettant de vérifier la composition de votre équipe et de connaître celle des autres participants de ce petit jeu.

6 – On annonce Lance Armstrong sur Milan San Remo un peu plus tard ce mois-ci. On peut se surprendre quelque peu de sa présence sur cette course, Armstrong n’ayant pas démontré un grand intérêt pour la Primavera entre 1999 et 2005. Pourquoi une telle participation ? Si lui seul le sait, on peut soupçonner une campagne de public relations encore une fois: Armstrong n’a-t-il pas fait du Giro un des objectifs de sa saison ?

7 – Environ 54% des coureurs pro en France se sont prononcés être contre les oreillettes en course. Voilà qui devrait amener de l’eau au moulin de ceux – dont je suis – qui militent contre l’utilisation de tels dispositifs sur les courses cyclistes, ces engins tuant la course. Attendons la suite qui viendra très probablement d’ASO.

8 – Pour ceux qui ne connaissent pas bien la légende du cyclisme et un de ses grands artisans, le Belge Freddy Maertens, comblez vite cette lacune en lisant ce beau petit reportage sur ce coureur mythique des années 1970, grand rival de Merckx puis de Hinault au cours de sa carrière. L’histoire du sprint manqué avec Merckx lors des Mondiaux de Montjuich de 1973 n’est toujours pas terminée !

9 – Je m’en serais voulu de ne pas en parler étant donné la performance remarquable offerte: mon équipier et ami Éric Rouleau, qui excelle en ski de fond ayant récemment terminé dans les 15 premiers du 53 kms classique à la Gatineau Loppet, a terminé ce week-end la Vasaloppet en Suède, une course de 90 bornes, excusez un peu. Éric se classe dans les 700ième, prouvant le niveau très élevé du peloton prenant part à une telle course. Éric aura mis plus de 5h pour venir à bout de l’épreuve. Je lui lève mon chapeau tout en lui rappelant que si on ne peut le suivre en ski de fond, tous ses équipiers cyclistes des Rouleurs de l’Outaouais l’attendent de pied ferme dès la reprise sur le vélo !

Page 3 of 3