La Flamme Rouge est très heureux de vous proposer ce soir un résumé de la récente course Montréal-Québec (Classique Louis Garneau) telle que vécue par Olivier Savaria, un jeune coureur prometteur qui en est à sa première année chez les séniors. Maniant la plume aussi bien que le dérailleur et ayant pris le départ, plus tôt cet été, de la prestigieuse et difficile cyclosportive La Marmotte dans les Alpes françaises, c’est tout naturellement que La Flamme Rouge se retrouve à bien des égards chez ce jeune homme passionné de cyclisme. Aussi, on tient à remercier Olivier, en notre nom mais aussi au nom de tous nos lecteurs, pour sa contribution à notre petit site. *La Classique Louis-Garneau (Montréal-Québec), par Olivier Savaria* Tout d’abord, il faut préciser que le temps du vainqueur, 5h11min29sec, n’inclut pas les vingt kilomètres contrôlés, marqués par un nombre impressionnant d’arrêts pipi, reliant l’aréna Maurice Richard à Repentigny. La vitesse moyenne d’Alexandre Nadeau est donc de 45,2 km/h. Le vent soufflait du nord-ouest, c’est-à-dire qu’on l’avait légèrement dans le dos et que la bordure se faisait sur le côté droit de la route. Et de la bordure, il y en a eu dimanche! Étant première année senior, j’en étais à ma première participation alors il m’est impossible de comparer cette édition aux éditions précédentes. On m’a toutefois dit qu’on avait davantage de vent de côté que l’an dernier, ce qui a rendu l’abri pas mal moins évident. Le nombre ahurissant d’abandons (35% du peloton) témoigne de cet état quasi continuel de bordure, particulièrement à l’arrière du peloton, où il valait mieux ne pas trop traîner! Je m’y suis personnellement retrouvé qu’une seule fois à l’arrière du peloton, à trente kilomètres de la fin, pour aller prendre des bidons dans la caravane. Remonter cette longue file de coureurs qui ne tiennent qu’à un fil n’était pas chose facile. Le vent et la vitesse du peloton n’expliquent cependant pas tous les abandons. Deux grosses chutes sont également venues pimenter, si on peut utiliser ce mot (!), les premiers cent kilomètres de l’épreuve. La première a eu lieu alors que le peloton dormait au gaz, à 35km/h, prenant toute la largeur de la chaussée. La seconde s’est produite à une vitesse plutôt appréciable, alors que la roue avant d’un coureur a fait connaissance avec un nid-de-poule très accueillant. Vive les routes du Québec… Ensemble, ces deux chutes ont jeté à terre certainement une cinquantaine de coureurs, presque tous dans le premier tiers du peloton. En me retournant immédiatement après la deuxième hécatombe, j’ai vu un coureur de la formation CIBC, accroupi dans le champ, à au moins dix mètres de la chaussée. Je ne sais pas comment il est arrivé là… souhaitons que ce soit sans blessures. En gros la course se résume à deux choses : une échappée précoce, et le troçon reliant Donnacona et l’arrivée, soit les derniers 40 kms. Près de vingt coureurs se sont échappés très tôt dans la course. Ce groupe comprenait à peu près toutes les équipes d’importance : deux EVA, deux Volks, deux Jittery’s Joes, deux Sleeman, un Blueberi, deux Garneau, deux Calyon, deux Jet Fuel, et il m’en manque quelques-uns. Regardez les résultats, et vous verrez que le premier coureur ne faisant pas partie de cette échappée, Mathieu Roy, pointe à la 14e position… L’allure du peloton était donc modérée et l’avance de l’échappée culmina a près de cinq minutes. Passé Trois-Rivières, l’équipe Garneau avait perdu un gars dans l’échappée suite à une chute et on a donc eu droit à un joli train rose à l’avant du peloton. Pour ma part, je portais un maillot Bluberi pour l’occasion (j’ai couru indépendant toute la saison) alors pas question de me joindre à la chasse, David Bergeron étant encore dans le groupe de tête. Je me suis tenu près de la tête presque toute la course, bien caché du vent. C’est vers Grondines, environ au 200e kilomètre, que les signes de fatigue commencèrent à se faire sentir pour moi, des débuts de crampes notamment. Le rythme dans le peloton était assuré par l’équipe Garneau, et c’est près de Donnacona qu’on a rejoint certains coureurs lâchés de l’échappée, où ça commençait à se flinguer assez sérieusement. Avec 25 kilomètres à parcourir, alors que la route devenait de plus en plus vallonnée et que le petit plateau de 39 dents commençait sa journée de travail, l’intensité augmenta dramatiquement. À ce moment, je n’avais plus d’eau et il était impossible d’aller en chercher compte tenu de la vitesse du peloton. À cinq kilomètres de la fin, j’ai réalisé que j’avais fait une erreur monumentale avant la course : ma cassette 11-21 se révéla particulièrement inadaptée pour la dernière bosse (dont les premiers 200-300 mètres sont à 15%), la plupart des coureurs montant avec des braquets de 39×23 ou 39×25. J’ai même vu l’infatigable Czeslaw Lukaszewicz utiliser sa 27, et pourtant il n’avait pas l’air d’un cyclotouriste! J’étais encore à l’avant du peloton au pied de la dernière bosse, mais dans le faux plat suivant le petit mur à 15%, je me suis fait éjecter et j’ai fini avec ce qui me restait, c’est-à-dire à peu près rien. Bilan: pour une première participation, mon résultat me déçoit (51e à 6min27sec du vainqueur Alexandre Nadeau) tout comme la façon dont ma course s’est déroulée. J’aurais dû tout tenter pour être dans l’échappée, quitte à être largué avec trente kilomètres à faire. Autrement, je me devais de passer la dernière bosse avec les meilleurs du peloton. Après tout je suis plutôt léger et j’ai passé pas moins de sept semaines dans les Alpes françaises cet été! Mais bon, avec une 11-21, je n’avais pas mis toutes les chances de mon bord… Pour moi, cette course arrive première au niveau de la distance et seconde au niveau du temps passé sur le vélo. Voici donc une petite comparaison avec mon autre grande épreuve en 2007, la Marmotte, une épreuve chère à La Flamme Rouge: *Temps* La Marmotte : 7h56min55sec Mtl-Qc : 5h59 (incluant le départ contrôlé) *Distance* La Marmotte : 174,5km Mtl-Qc : 252km *Dénivellé* La Marmotte : 5000m Mtl-Qc : mettons 400m… *Paysage* La Marmotte : la vallée de la Romanche, le défilé de Maupass, le col du Glandon, la vallée de la Maurienne, le col du Galibier, le massif des Écrins, la Meije, La Grave, l’Alpe d’Huez… Mtl-Qc : le Boulevard Notre-Dame, des champs, Trois-Rivières, encore des champs, le fleuve, encore des champs, l’usine Louis Garneau *Braquet le plus utilisé* La Marmotte : 38×26 Mtl-Qc : 53×15 *Vitesse moyenne* La Marmotte : 22km/h Mtl-Qc : 44,4km/h *Nombre de coureurs au départ* La Marmotte : près de 6000, 4003 finissants Mtl-Qc : 146, 95 finissants *Ma position* La Marmotte : 458e Mtl-Qc : 51e *Nombre de bidons consommés* La Marmotte : 11 Mtl-Qc : pas assez… En terminant, quelle course était la plus souffrante? La Marmotte avait une dénivellation plus importante et a duré plus longtemps, mais le paysage et la route compensaient… Mtl-Qc était beaucoup plus rapide et la distance bien supérieure, par contre c’était quasi tout plat et le peloton était relativement calme. Alors la course la plus dure? Ste-Marie de Beauce la semaine dernière!