Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2004

Pour découvrir Cunego

Voici un petit reportage très bien fait sur Damiano Cunego, 22 ans, no1 mondial et vainqueur cette année du Giro et du Tour de Lombardie, pour ceux qui voudraient en connaître davantage sur ce jeune prodige.

Par ailleurs, on annonçait plus tôt cette semaine la retraite de l’ex-champion du monde 2000 Roman Vainsteins. Il semble que cette information soit maintenant démentie par des journaux lettons, Vainsteins se cherchant une équipe! Coup de pub?

L’excellent coureur australien Scott Sunderland (Alessio-Bianchi) a quant à lui bel et bien décidé d’arrêter, à 38 ans. Saluons ici sa carrière exemplaire, dans l’ombre le plus souvent, mais ô combien honorable. Il aura également su revenir d’un terrible accident qui a failli lui couter la vie.

Une vieille histoire

L’histoire n’est pas banale : 31 ans après le Championnat du monde 1973 disputé sur le circuit de Montjuich en Espagne, Merckx et Maertens ont enfin enterré la hâche de guerre et accepté leurs torts respectifs, échangeant même une poignée de main à l’issue de l’entretien. Du jamais vu de mémoire d’homme puisque ces 2 là refusaient catégoriquement de s’adresser la parole depuis ce jour fatidique de 1973. Retour sur l’histoire d’un long différent.

Dans le final de ces Mondiaux, 4 coureurs étaient devant : 2 Belges, Merckx (qui avait déjà 4 Tours de France à son palmarès et qui venait d’enchaîner une victoire au Giro et à la Vuelta cette année-là) et Maertens (le jeune loup), un Espagnol Ocana (récent vainqueur du Tour) et un Italien, Gimondi (frustré par Merckx à de nombreuses reprises au cours de la saison). Une véritable échappée royale, et les Belges avaient logiquement l’avantage. Droit d’aînesse oblige, les rôles étaient clairs au sein de l’équipe de Belgique : Maertens devait emmener le sprint pour Merckx, c’était aussi simple que ca. Tout était réglé comme du papier à musique, surtout que Merckx avait multiplié les accélérations durant la course, forcant la sélection ; il était assurément dans un grand jour.

En vue de la ligne, Maertens met le turbo avec Merckx bien calé dans sa roue, comme prévu. Il accélère, accélère encore puis… puis plus rien. Au moment ou Merckx aurait dô le passer pour aller cueillir le bouquet, plus de Merckx mais plutôt un Gimondi déboulant vitesse grand V. Maertens n’avait alors plus le temps de réagir et de s’ajuster à la nouvelle situation, et termine 2e. Ocana est 3e, Merckx seulement 4e.

Aussitôt la descente de machine, le scandale commence. Maertens exprime publiquement ses regrets : « en sprintant pour moi-même, j’aurais pu être champion du monde« . Merckx n’apprécie pas pareille insubordination, et parle tout simplement d’une panne de jambes imprévisible, d’une défaillance physique au plus mauvais moment. Les deux hommes deviendront dès ce jour ennemis jurés, et se seront gardés rancune jusqu’à aujourd’hui!

Maertens, qui connut ensuite une carrière tourmentée et une après-carrière identique, a même émis une autre hypothèse intéressante pour expliquer le comportement de Merckx. Dans l’échappée, seul Maertens était équippé de composantes Shimano, Ocana, Merck et Gimondi courant sur Campagnolo. Shimano tentait à l’époque de faire une perçée dans le monde du cyclisme pro pour s’implanter en Europe et concurencer Campagnolo. Sachant très bien qu’il était « cuit » en raison de ses multiples attaques durant la course, Merckx ne dit rien à Maertens afin que ce dernier ne lui demande pas d’inverser les rôles et de lui emmener le sprint. Ainsi, Merckx savait que Gimondi pourrait gagner ce sprint et ainsi priver Shimano d’une retentissante victoire (une des premières) sur le sol européen. Merckx était très lié à l’époque avec Tullio Campagnolo et aurait ainsi protégé les acquis de son ami.

Mais de cette version de l’histoire, Merckx refusera toujours d’en dire plus, omerta du milieu oblige, tout comme avec le dopage… Et sur ce coup-là, sachant comment ca se passe souvent dans le peloton, on est plutôt porté à croire la version de Maertens plutôt que celle de Merckx…

La Marmotte 2005

marmotte.jpgÉpreuve cyclosportive mythique, parmi les plus anciennes et pour laquelle La Flamme Rouge voue une passion sans borne, la Marmotte est généralement disputée le premier samedi du mois de juillet, la même journée donc que le prologue du Tour de France.

Or, Sport Communication annoncait récemment sur son site un changement à l’horaire, la Marmotte 2005 étant prévue pour le samedi 9 juillet. Depuis, SportCommunication a retiré son calendrier prévisionnel, les dates étant peut-être encore discutées.

Planifiant s’élancer sur cette cyclosportive pour la… 8e fois en 2005, nous cherchons à en savoir plus sur la date exacte de cette épreuve. Si certains d’entre vous ont pu mettre la main sur des informations, nous vous serions reconnaissant de les partager avec nous ici.

Nous terminons en invitant nos lecteurs à lire cette excellente prose de notre collègue Raphael des Chroniques du vélo sur son expérience 2004 à la Marmotte. Il s’agit d’un vibrant témoignage de la dureté de cette épreuve disputée sur un parcours mythique (Croix de Fer, Galibier et arrivée en haut de l’Alpe d’Huez).

Gerrie Knetemann (1951-2004)

gerrieknetemann.jpgLe champion cycliste néerlandais Gerrie Knetemann est décédé aujourd’hui à l’âge de 53 ans des suites de ce qui semblerait être un arrêt cardiaque soudain, alors qu’il effectuait une sortie à VTT avec des amis.

Knetemann fut un excellent coureur entre 1975 et 1985, remportant 130 victoires chez les professionnels dont sa plus illustre est sans contredit le Championnat du monde 1978 au Nurburgring (Allemagne). Ce jour là, Knetemann avait battu au sprint l’Italien Franscesco Moser, venant littéralement le « sauter » sur la ligne à la surprise générale. Auparavant, il s’était défait d’Hinault et de Saronni, entre autres, étant visiblement dans un jour de grâce.

Knetemann faisait, avec Jan Raas chez Ti-Raleigh, un duo de choc, deux formidables rouleurs ; la paire était alors indissociable, Raas étant champion du monde un an avant lui et les deux ayant la caractéristique de… porter des lunettes en course! C’est ainsi qu’ils furent de sérieux protagonistes sur la scène des Classiques au début des années 1980. Knetemann ne jouissait toutefois pas d’une excellente réputation dans le peloton, plusieurs coureurs lui repprochant un individualisme trop poussé. Il travaillait souvent pour lui, et cherchait avant tout à rafler les primes plutôt que les victoires prestigieuses, ce qui lui valu une réputation de « mercenaire » du peloton.

Malgré cela, Knetemann s’est constitué un joli palmarès : il a remporté l’Amstel à deux reprises, à 11 ans d’intervalle (1974 et 1985), témoignant de son grand professionnalisme quant à l’entrainement et l’hygiène de vie. Il remporta également 10 étapes du Tour de France, dont 3 en 1982, et porta le maillot jaune à plusieurs reprises. Ses autres grandes victoires sont Paris-Nice (1978), le Tour Méditéranéen (1978, 1980 et 1983), les Quatre Jours de Dunkerque (1977), le Tour de Belgique (1980) et le Tour des Pays-Bas (1976, 1980, 1981 et 1986).

Après sa retraite en 1989, Knetemann s’était bien reconverti, devenant le sélectionneur national pour les Pays-Bas depuis 1991. Il aura donc dirigé nombre d’excellents coureurs sur les Championnats du monde, dont Erik Breukink, Jean-Paul Van Poppel, Erik Dekker et Michael Boogerd.

Sa disparition, dans des circonstances spéciales et troublantes, ne manquera certainement pas de relancer certaines idées quant à la longévité des anciens champions cyclistes qui ont effectivement tendance à ne pas faire de vieux os.

Son palmarès complet est ici.

PRO – Le film

Intitulé PRO, le nouveau film-documentaire sur le cyclisme professionnel de Jamie Paolinetti a été diffusé en avant-première lors de l’Interbike de Las Vegas au début du mois d’octobre. Il devrait donc être sous peu disponible, pour notre plus grand plaisir.

PRO est un documentaire qui raconte la vie de quelques équipes cyclistes professionnelles occupées à préparer – et à courir – la série « Wachovia » aux États-Unis, une série comprenant notamment le US Pro Championships et son fameux « Manayunk Wall ». Le film se concentre en particulier sur la vie de Bobby Julich, Chris Horner, Freddie Rodriguez, Mike Sayers, Gord Fraser, Henk Vogels, Mark McCormack, Jonas Carney, Trent Klasna, Michael Creed, Erik Saunders et Tim Johnson, tous de bons coureurs cyclistes aux États-Unis et pour Julich et Rodriguez, en Europe. On y présente divers aspects de la vie d’un pro : l’entrainement, la préparation finale aux courses, les tactiques, les courses elles-mêmes, etc. Les coureurs reviennent également sur certains points marquants de leur carrière, par exemple la 3e place de Julich sur le Tour 1998, celui du scandale.

Bref, PRO s’annonce à la hauteur et s’inscrit, en ce sens, dans la lignée du précédent documentaire sur le cyclisme du même réalisateur, un long métrage intitulé The Hard Road, diffusé en 2002, et qui portait sur la saison 2001 d’une petite équipe américaine, NetZero.

Une critique du film PRO est disponible ici. Un autre est disponible ici.

Il ne faudra pas non plus manquer cette photo du chien de Vandenbroucke, célèbre dans tout le cyclisme depuis que Franck a déclaré que les ampoules d’EPO et HGH retrouvées chez lui étaient pour traiter son chien malade (!!!), disponible sur le site du coureur Erik Saunders, équipier de Dominique Perras chez Ofoto et coureur ayant participé au documentaire PRO. Nos collègues de Cyclismag publie d’ailleurs cette excellente entrevue très rafraichissante et révélatrice des difficultés vécues par les coureurs pro américains pour aller courir en Europe, une entrevue qu’il ne faut absolument pas manquer.

Perez positif !

Quelques nouvelles importantes au cours du week-end :

1 – La grosse nouvelle est évidemment la confirmation que Santi Perez, coureur chez Phonak et récent 2e de la Vuelta (3 victoires d’étape), est positif par hétérotransfussion, les deux échantillons sanguins analysés ayant rendu le même verdict. Il s’agit donc du 2e coureur de l’équipe Phonak à se faire piquer après Tyler Hamilton, et ca fait franchement beaucoup… Assez, en tout cas, pour soulever de sérieux doutes quant aux pratiques en vigueur dans cette équipe voire même dans le peloton tout entier.

Perez nie évidemment tout pour l’instant, ce qui était attendu, et adopte la stratégie de défense de Tyler Hamilton, c’est-à-dire miner la crédibilité du test lui-même. L’équipe Phonak, qui se retrouve une fois de plus dans l’eau chaude, soutient son coureur en demandant qu’on attende que les résultats des travaux du groupe d’experts scientifiques (bien évidemment choisis par Phonak…) quant à la validité du test soient connus avant d’aller plus loin. Les responsables de l’équipe ont déclaré à la presse : « L’exactitude et l’interprétation de ce test étant toujours remises en question, la direction de l’équipe croit fermement en l’innocence du coureur« . On ne peut que déplorer cette attitude des dirigeants qui semblent refuser de voir la réalité en face.

Quoi qu’il en soit, on plonge donc dans une guerre de crédibilité du test de dépistage et à ce petit jeu, il est à souhaiter que l’UCI voire le CIO dévoilent au plus vite les documents permettant de confirmer la précision des tests. Il en va de la crédibilité de ces deux organismes et de la lutte au dopage.

Bref, une autre affaire à suivre de près, une autre affaire qui fait du tort au cyclisme et qui en annonce probablement d’autres en 2005…

2- Toujours en restant sur le même thème du dopage, il faut absolument lire cet article au vitriol publié dans Libération et qui traite du leg de Jean-Marie Leblanc au Tour de France, puisqu’il s’apprête à tirer (enfin) sa révérance, courant 2007. Extrait : « Le Tour aurait alors mille fois pu disparaître sous le légitime discrédit venant accabler une épreuve à prétexte cycliste qui se moque de la santé des coureurs. Pourquoi continuer de suivre le Tour à la télévision ? Autant sauter dans le virtuel et se régaler en regardant les Triplettes de Belleville au cinéma. Les coureurs, aux mains de maquignons malpropres, y sont perfusés en permanence tout en pédalant sur un home-trainer… La réalité rattrape la fiction« …

3 – Cipollini rejoindra les rangs de la nouvelle formation italienne Liquigas l’an prochain et tentera de se remotiver pour les courses qui lui tiennent vraiment à coeur, c’est-à-dire Milan-SanRemo, le Giro ainsi que les Championnats du monde. Il y retrouvera entre autres Stefano Garzelli, David Dario Cioni, Franco Pellizotti et Magnus Backstedt, mais peu d’information est actuellement disponible quant à savoir qui lui emmenera les sprints. À 37 ans, le défi est courageux, et on peut craindre, à la vue de ses résultats en 2004, que Mario fasse l’année de trop en 2005…

4 – L’équipe CSC a annoncé son effectif 2005 récemment. La grosse surprise est le départ de Jörg Jaksche, pourtant auteur d’une belle saison. Ce dernier retourne auprès de Manolo Saiz chez Liberty Seguros. La raison du divorce entre Riis et lui est une histoire de gros sous, Riis n’ayant plus les moyens de le retenir malgré sa volonté. Il faut dire que Jaksche, vieillissant, sait qu’il ne lui reste plus beaucoup d’années devant lui pour passer à la caisse, d’ou sa signature pour le plus offrant.

En revanche, CSC accueille Christian Vandevelde, le prometteur David Zabriskie et Giovanni Lombardi, qui donnera à Riis un sprinter maison. Pour le reste, l’équipe continuera à être articulée autour d’Ivan Basso, de Carlos Sastre, de Jens Voigt, de Bobby Julich et de Michele Bartoli, qui remet ca pour une autre année.

5 – On peut lire ici, sur Vélo101, une courte entrevue avec Johan Bruyneel qui parle notamment des chances de retrouver Armstrong au départ du Tour 2005. À le lire, rien n’apparaît certain mais pour LFR, Armstrong sera bel et bien au départ du Tour 2005, pas de souci!

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