Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Sébastien Pilotte de retour au Québec

Sébastien Pilotte, c’est un nom connu dans le milieu du cyclisme québécois, sauf peut-être chez les plus jeunes. 

Coureur dans les années 1980 et 1990, présent sur la scène des courses séniors 1-2 au Québec, Sébastien Pilotte a signé quelques beaux résultats montrant un potentiel intéressant, notamment cette victoire dans le 100km clm des Championnats canadiens, une épreuve terriblement exigeante et qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. Il a également remporté le titre de champion canadien de la poursuite au début des années 2000. Maintenant exilé au Japon ou il pratique son métier de mannequin, Sébastien, fidèle lecteur de La Flamme Rouge par ailleurs, n'a jamais perdu sa passion pour le vélo qui demeure intacte après toutes ces années. Il revient cet été au Québec, cette fois-ci à la tête d’une équipe japonaise, question de se mesurer à certaines des meilleures épreuves cyclistes de la province. L’histoire n’est pas banale et est celle d’un grand passionné du cyclisme, un point commun avec l'auteur de ce site. Interview.

La Flamme Rouge : Sébastien, tu reviens cet été au Québec avec ton équipe cycliste japonaise Fuji-Cyclingtime.com supporté par Placements Lemniscate. Vas-tu courir toi-aussi ?  

Sébastien Pilotte : En fait, nous avons un programme de 15 jours de course dans le mois de Juin, notamment le GP de Charlevoix, le Tour de Beauce et les Mardis cyclistes de Lachine. Mon rôle sur ces épreuves sera celui de directeur sportif. Nous participerons par ailleurs à des courses d’un jour régionales et j’y serai alors coureur. C’est un plaisir de courir avec mes gars et ca aide à leur motivation que de voir leur DS en top shape. Pour moi, cela créé un lien de confiance avec eux et me permet d’étudier mes coureurs en course et voir ce qui peut être corrigé. Je ne sais pas combien de temps je pourrai faire ca mais j’en profite pendant que j’ai encore la forme !

LFR : Quel sera ton rôle précis au sein de l'équipe ? 

SP : Directeur sportif. C’est une première pour moi, et je ne me fais pas d’idée prédéterminée. Je vais laissé les choses se faire naturellement et je vais y apporter mon expérience et mon humilité, celle d’un gars qui commence et qui veut apprendre.

LFR : Avez-vous une idée précise du programme de course qui vous attend au Québec ? 

SP : Oui, tout est prévu, nous avons un programme précis. C’est d’ailleurs une des premières choses que j’ai faite pour amorcer ce projet et notre calendrier de course a été un outil de base très important, à la fois pour mes coureurs et mes commanditaires. 

LFR : Présente-nous un peu l'équipe et les coureurs en question ? À quel niveau situes-tu leur potentiel ?

SP : Nous avons des coureurs européens et japonais. Les coureurs européens sont de niveau continental, les coureurs japonais de niveau élite. Pour ces derniers, ce voyage est une chance de se développer encore plus, de courir avec des gars de très haut niveau. La forme de mes coureurs est bonne, lord du Tour de Beauce je m’attends à de bons résultats d’eux, un maillot est possible, voire un podium ou deux. Voici d’ailleurs la liste de mes coureurs :

Adrien Catalayud,  France
Date de naissance: 02/04/1988
Age : 23 ans

Edgar Nieto,  Espagne
Date de naissance: 28/07/1986
Age: 25 ans

Daniel Domingez,  Espagne
Date de naissance: 16/06/1985
Age : 26 ans 

Yutaka Omura,  Japon
Date de naissance: 03/07/1985 
Age : 25 ans 

Goji Kawamura, Japon
Date de naissance: 15/11/1986
Age : 24 ans 

Rigo Räim,  Estonie
Date de naissance: 20/07/1987
Age : 23 ans

Benjamin Martel,  Québec
Date de naissance: 13/06/1974
Age : 36 ans

LFR : Quelles sont les principales différences dans la culture cycliste japonaise et québécoise ?

SP : C’est une question intéressante. Nous avons créé ici une équipe de style internationale pour offrir une meilleure compétition et pour offrir une ouverture dans un monde très fermé. Je ne parle pas des responsabilités qui viennent avec une telle philosophie car c’est une autre histoire, mais je peux dire que les japonais ont tout à apprendre du cyclisme international. Ils ont du cœur, il leur manque juste la flexibilité et la spontanéité qui rendent le sport intéressant à regarder ou à faire. Les japonais ont encore beaucoup de travail à faire dans les prochaines années mais tout est possible, enfin moi j’y crois !

LFR : Tu as travaillé fort je pense pour monter ce projet de venir courir au Québec. Comment t-y es-tu pris exactement et qui vous soutient ?

SP : Ca oui, j’ai travaillé très fort pour ca ! Déjà trois mois que j’y travaille tous les jours quelques heures le matin et le soir, question de tenir compte du décalage horaire avec le Québec. C’est très motivant quant tu as un commanditaire qui croit en toi et qui a les moyens de te supporter à 100% comme l’a fait Placement Lemniscate Inc. de Québec. Le propriétaire est un ami d’enfance à qui j’ai présenté mon projet. Ce dernier était initialement en trois étapes et à sa vue, mon ami a embarqué dans les trois à la fois ! Il voulait être le commanditaire majeur du projet et ca m’a donc beaucoup aidé. À partir de son engagement, j’ai pu travaillé en toute liberté et en toute confiance pour monter le projet sans avoir de doutes sur quoi que ce soit. Je suis d’ailleurs très reconnaissant à ce commanditaire et j’apprécie grandement la chance qu’il nous procure. Son geste est très généreux.

LFR : Adepte du keirin ? Vas-tu voir ces courses populaires au Japon ?

SP : En fait, pour être honnête, je n’y suis pas encore allé après trois ans et demi de vie au Japon ! Je voulais y aller au début de mon séjour ici mais je me suis rendu compte que le keirin, c’est un peu comme des courses de chiens ou de chevaux, c’est du gambling avec paris et tout. Dans ce contexte, ca m’intéresse moins. J’irai peut-être par curiosité mais je préfère de loin le sumo, c’est un sport incroyable à voir en direct, quel spectacle ! 

LFR : Tu vis au Japon depuis plusieurs années. Pourquoi ?

SP : Pour plusieurs raisons, la première étant que ma femme est japonaise, alors qui prend mari (femme) prend pays ! J’ai maintenant mon statut de résident permanent ici et c’est mon pays d’adoption. J’y travaille aussi depuis 1998 comme mannequin, un univers qui m’a d’ailleurs permis de rencontrer ma femme. J’ai beaucoup de clients fidèles ici au Japon et ca me permet de soutenir ma famille de façon stable. Mes beaux-parents nous offrent également beaucoup de soutien, notamment pour mes enfants puisque nos horaires sont parfois compliqués. Enfin, j’ai découvert au Japon le bouddhisme que je pratique depuis 1999. Ca m’a permis de faire un grand ménage dans ma vie personnelle, un ménage qui ne sera jamais fini par ailleurs ! J’essaie en fait d’être plus équilibré entre le mental, le spirituel et le physique. Le bouddhisme permet de travailler l’équilibre dans la vie, de travailler nos points faibles aussi, j’ai trouvé tout ca très enrichissant. Je pourrais même dire que les points forts du Québec sont les points faibles ici et inversement ! Ma présence ici est donc pour moi une opportunité de faire face à mes lacunes et de connaître mes forces. Je m’en sers dans des projets comme celui-ci, de venir au Québec courir avec une équipe japonaise. Il y a encore un an, pas sûr que je me serais engagé là-dedans ! Mais maintenant, tout est prêt !

LFR : De quoi t'ennuies-tu le plus là-bas et qui est propre au Québec ? 

SP : Les grands espaces, la nature, l’accessibilité à tout, la spontanéité des gens et les BBQ entre amis ! Tout ca peut se faire ici au Japon, mais l’énergie et l’argent à déployer pour y arriver n’est pas la même… Bref, sur ces points, le Québec, c’est assez champion !

LFR : On ne peut terminer cette interview sans évoquer les récents événements au Japon, notamment ce tremblement de terre et les problèmes avec les centrales nucléaires. Comment as-tu vécu tout cela et as-tu été touché toi-même et ta famille par ce séisme ? 

SP : Disons que ca été toute une expérience et c’est difficile à expliquer. Au Québec, les tremblements de terre ne sont pas très fréquents, les tsunamis inexistants et les stations nucléaires qui ne sont plus étanches du jamais vu. Et bien au Japon, on a eu droit à tout ca dans une seule fin de semaine ! L’élément déclencheur d’une grande partie du stress a été selon moi les médias, surtout à Tokyo parmi la communauté des étrangers. J’y suis donc passé moi-aussi ! J’ai eu la chance de pouvoir aller une semaine décompresser dans la famille de ma femme, un séjour qui m’a permis de comprendre un peu mieux pourquoi les Japonais demeuraient calmes alors que les étrangers paniquaient. Je suis ensuite allé une semaine au Québec, question de rassurer ma famille et leur expliquer que l’image que donnaient les médias à l’extérieur du Japon était différente de celle que nous, habitants, pouvions voir tous les jours. Enfin, peu importe cela, il faut savoir qu’actuellement, il y a plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont été touchées par ce cataclysme et je me sens dans l’obligation de faire quelque chose pour ces personnes. D’où notre collaboration avec NADIA, un organisme humanitaire oeuvrant au Japon et fondé entre autre par des Québécois. J’invite d’ailleurs les Québécois à être généreux dans leur soutien au travail essentiel que réalise NADIA au Japon en ce moment.

LFR : Merci Sébastien, bon vol le 30 mai prochain et surtout, bon séjour au Québec et bonne chance sur les diverses courses cyclistes au calendrier. 

Vous pourrez rencontrer Sébastien et certains de ses coureurs lors d'une rencontre/conférence de presse le 3 juin prochain à la boutique Fanamanga de Québec située au 383 rue du Pont. Y seront également présents des représentants du GP de Charlevoix, des Mardis cyclistes de Lachine ainsi que du principal commanditaire de ce voyage de l'équipe Fuji-CyclingTime, Placements Lemniscate.

Partager

Précédent

En vrac, le tour de l’actualité

Suivant

Con(quis)tador

  1. Etienne

    Super reportage Laurent.

L’auteur de ce blog encourage tous les lecteurs à laisser un commentaire en réaction à l’article du jour, cela contribue à enrichir le propos. Vous pouvez contribuer à la qualité de ce site en utilisant un langage décent, poli et respectueux d’autrui, et en étant pertinent et concis envers le sujet traité. L’auteur peut modérer les commentaires, et se réserve le droit de censurer sans avertissement les commentaires considérés hors sujet, diffamatoires, irrespectueux d’autrui, portant atteinte à l’intégrité d’une personne ou encore haineux.

Répondre à Etienne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.