7h15 : le réveil sonne. Mal dormi, je ne suis pas dans mon lit. J’entends le vent dans les arbres. À 7h15 du mat’, ca promet. Me lèverait plus tard…
7h30 : ma belle-mère me réveille. Je suis crevé. Allez, un effort.
7h35 : MétéoMédia annonce -9 au thermomètre, mais -19 avec le facteur vent, fort ce matin. Putain…
7h40 : déjeuner – un oeuf, une rotie, un café.
7h50 : j’y vais ou j’y vais pas ? Un rayon de soleil pointe, c’est un signe. Allez, j’y vais.
8h25 : longe le fleuve St-Laurent qui charrie silencieusement ses glaces. Spectacle impressionnant d’une puissance tranquille. Je me dis que finalement, ca sera peut-être un bon jour et que j’ai eu raison de me mettre en route.
8h45 : le Mont Ste-Anne est en vue, théâtre de nos exploits du jour. Pense à mon frère. J’aimerais qu’il soit là, avec moi, sur cette loppet.
9h05 : enfin arrivé. On va voir comment ca se présente.
9h10 : retrait de mon dossard, le 152. J’aurais préféré le 101…
9h12 : croise Marc Quintin, un cycliste avec qui j’ai déjà roulé en Outaouais. Un mec bien, super-sympa. J’entre dans l’ambiance. Le matos est impressionnant, avec tous ces coureurs et leurs 5 paires de skis chacun.
9h13 : Marc me dit qu’il faut de la LF6 comme fart. Et merdeuuu : j’ai du LF7.
9h15 : la nouvelle est confirmée lorsque je croise mon ami Robin, un guerrier, un vrai. 43 balais. Moral d’acier. Un concentré de Ludo Dierckxsens, de Jacky Durand et d’Andrei Tchmil à la fois. Type incroyable. On a fait de belles galères ensemble : Kingston-Ottawa par 5 degrés sous la flotte, Montréal-Québec 2 fois, sans parler de nos sorties de 200 bornes dans l’Outaouais, ou on finit toujours complètement rincés. Pas un gros moteur sur le vélo, Robin, mais une volonté de fer couplée d’une résistance à la souffrance peu commune. Bon skieur aussi. Semble content et surpris de me voir ici. Me confirme que ca me prend bien du LF6. Et merdeuuu.
9h20 : déniche un stand de fartage dehors. Le mec, très gentil, m’offre de farter en LF6 gratos, c’est un service offert. Ce bon samaritain, très sympa en plus, est mon sauveur, tout en l’ignorant bien sôr. Hommage à tous ces bénévoles qui font quotidiennement de petits miracles dans leurs activités.
9h30 : mes skis étant au stand de fartage, je passe ma tenue. Je rencontre Claude en revenant des toilettes. Ca me fait très plaisir, j’aime beaucoup revoir Claude que j’ai connu sur les courses cyclistes au Québec. Un mec super-sympa, très bon cycliste, excellent grimpeur, courant pour un club de la région de Québec. Fais les grosses courses cyclistes seulement, Charlevoix, Montréal-Québec. Sans lui, j’ai l’impression qu’il manque quelqu’un au départ d’une course cycliste au Québec. Discute 5 minutes, il me dit être en bonne forme. Inquiétant.
9h45 : je piétine, les skis étant toujours au stand de fartage. 2e petit pipi. La nervosité, probablement…
9h50 : je récupère mes skis, fartés. Plus que 10 minutes avant le départ. Merdeuuu, plus le temps de faire mon réchauffement.
9h55 : en place dans l’aire de départ. On est à peine une cinquantaine, de bons skieurs apparemment. Bah! On verra bien. J’échange quelques blagues avec Marc pour détendre l’atmosphère. Tiens, c’est Jean-Sébastien Zarha devant. On m’avait dit qu’il faisait une bonne saison de ski de fond cette année. Méchant bon cycliste, Zarha. A tout gagné dans les Maîtres A depuis 3 ans : Charlevoix, St-Joseph, le parc de la Gatineau, bref, c’est l’épouvantail. Bien gentil par ailleurs, on avait repéré les 50 derniers kms de Montréal-Québec ensemble l’an dernier.
10h : départ. Le bordel, comme d’hab. Devant, c’est parti à fond de train, je ne les vois déjà plus! Je suis englué dans un petit peloton de 5 ou 6 coureurs derrière.
10h02 : aie, les pulsations sont déjà hautes. Ca va faire mal.
10h04 : je suis plus rapide que mes voisins immédiats (dont Marc), et le trou se fait avec l’avant. Je fais l’effort, passe mon petit groupe et me lance à la chasse du peloton principal.
10h05 : première bonne bosse. Crevé en haut. Tiens, le dos me fait mal. À bout de souffle. Déjà ?
10h06 : putain, voilà une autre bosse. Et encore une autre. Je sens le souffle de mes poursuivants tout près.
10h10 : j’explose en n’ayant pu rentrer sur le peloton principal. Le petit groupe (dont Marc) me repasse dans le haut d’une bosse. Je suis mal. Ils doivent bien rire de moi…
10h12 : ca va être une grosse galère. Je suis planté. Les pulsations semblent plafonner autour de 168-170 ? Je ne récupère pas de mon départ trop rapide. Mes muscles semblent tétanisés, mes mouvements sont gauches et ma technique en souffre.
10h14 : grosse semoule dans la piste, les 35 concurrents m’ayant précédé ayant labouré la piste. Je perds de la vitesse. Mes pulsations demeurent hautes. Je ne récupère toujours pas de mon départ trop rapide. Comment le pourrais-je sur un tel parcours ?
10h25 : que des bosses à monter en force ! Ma musculature (faible) ne tiendra pas le coup! Les descentes sont rapides, techniques. J’use rapidement. Mon équilibre est chancelant.
10h30 : km 7. Ma technique n’est plus. Mon corps n’est plus qu’acide lactique, j’ai les gestes lourds et gauches. Mes skis semblent peser 4 kilos de plus qu’à l’ordinaire.
10h40 : montée sous les lignes électriques d’Hydro-Québec. La neige est d’une texture différente, je suis littéralement scotché à la piste, sans aucune glisse. Très dur.
10h50 : on m’avait dit que la montée était longue, mais là, il y a de l’abus. Je n’en peux plus, surtout avec ce vent de face.
10h55 : allez, encore un effort et ca sera le sommet de cette côte connue sous le nom de la « St-Hilaire » par les gars du coin. Il faut que ca soit le sommet. Deux skieurs me doublent. Ils doivent appartenir aux 50-59 ans. Et merdeuuu.
10h57 : c’était pas le sommet. Je cale. J’arrête 30 secondes. Je me ressaisi. Je repars tout doucement. Mon corps n’est qu’acide lactique.
11h05 : sommet. Incroyable comme montée. La seule chose qui me rassure est l’idée que la dénivellée, nulle dans l’épreuve, fait en sorte que je devrais descendre davantage désormais pour rallier l’arrivée…
11h06 : ca va mieux, ca descend. Ca descend même drôlement vite. Trop vite… merdeuu… un virage à gauche, 90 degrés. Panique ! Je frôle la chute, mais je passe. Le vieux devant moi a eu moins de chance, il s’est payé une belle gamelle dans les petits sapins enneigés! J’en rigole encore. Douce revanche, ca l’apprendra à me doubler dans une montée…
11h15 : tout plat. Je tire un poil mieux. La carburation repart enfin, je trouve mon rythme. Ce petit « repos » d’une dizaine de minutes dans la descente m’a fait le plus grand bien.
11h20 : 2 derniers kms. Je retrouve enfin mes moyens, j’ai enfin la pèche. Je vais te me pourrir ce petit vieux devant moi avant la fin. Allez, à la chasse. L’autre vieux (celui de la chute) est toujours derrière.
11h21 : j’attaque! Tiens, on me demande le passage d’en arrière… Je cède, réservant mon attaque pour plus tard.
11h22 : le gus de l’arrière (40-49 ans) m’a doublé, mais le vieux devant ne l’entend pas de cette façon. Ils sont au corps à corps, et moi derrière, coincé !
11h24 : merdeuuu, je ne peux passer aucun des deux qui évolue côte à côte dans une lutte à finir ! Tenace, le vieux…
11h25 : petit descente avant le shooss d’arrivée. Ca tourne à 90 degrés… ca y est, ils vont s’accrocher… et non, ils sont passés, mais pas moi : me voilà sur les fesses à moins de 200m de l’arrivée.
11h25 : je passe la ligne, tout enneigé. Hey l’annonceur ! c’était pas la peine de dire mon nom à tout le monde dans tes hauts-parleurs…
11h26 : les puls redescendent. Tiens, Claude et Robin ont déjà l’air douché…
11h30 : mon pin’s, je veux mon pin’s de l’édition 2005 de la Loppet du Mt Ste-Anne. J’ai assez souffert pour ca, non ?
11h35 : Zarha a terminé 4e. 4e!!! Respect, Monsieur Zarha. Le meilleur m’a mis 22 minutes dans la vue… sur 25 kms ! Je me suis fait lessivé comme Ullrich aux Deux Alpes en 1998. En bon québécois, on dit « j’ai été torché ».
19h : bilan. 1h25 d’effort. Pulsations moyennes 166. Max 174. 13 minutes de passées entre 171 et 177. Bon entrainement. Ceci étant, j’ai commis l’erreur du débutant : je suis parti trop vite, sans réchauffement. Je suis monté tout de suite en acide, et j’ai explosé sans pouvoir récupérer de mon effort durant les… 20 premiers kms de la course, le parcours étant extrèmement exigeant. Pas grave, on remettra ca sur la Keskinada Loppet la fin de semaine prochaine, avec la ferme intention de faire beaucoup mieux.
Le lien avec le cyclisme dans tout ca ? Pour vous dire que je préfère 100 fois le vélo au ski de fond. D’une part, je peux chauffer un peu plus les oreilles de Zarha sur un vélo que sur une paire de skis de fond. Et puis, en vélo, quant on est à fond, il n’y a que les jambes et les poumons qui brulent, alors qu’en ski de fond, il y a les épaules, les bras, le dos aussi…
Stephane
M’enfin. Ils sont fous ces types dans la catégorie 60-69 qui finissent à 15 min. du vainqueur.
Dément.
Stephane
M’enfin. Ils sont fous ces types dans la catégorie 60-69 qui finissent à 15 min. du vainqueur.
Dément.
Stephane
M’enfin. Ils sont fous ces types dans la catégorie 60-69 qui finissent à 15 min. du vainqueur.
Dément.
Paul C.
Bien plaisant à lire ta petite histoire de compétition… C’est le récit d’un amateur, mais peut-on croire que même nos professionnels peuvent se réveiller certains matins et appréhender la souffrance qui les attend sur la route d’une étape difficile?
Paul C.
Bien plaisant à lire ta petite histoire de compétition… C’est le récit d’un amateur, mais peut-on croire que même nos professionnels peuvent se réveiller certains matins et appréhender la souffrance qui les attend sur la route d’une étape difficile?
Paul C.
Bien plaisant à lire ta petite histoire de compétition… C’est le récit d’un amateur, mais peut-on croire que même nos professionnels peuvent se réveiller certains matins et appréhender la souffrance qui les attend sur la route d’une étape difficile?
Trudo
Viens faire le Tour des Monts-Valins. 55km dans un décor féérique.
Trudo
Viens faire le Tour des Monts-Valins. 55km dans un décor féérique.
Trudo
Viens faire le Tour des Monts-Valins. 55km dans un décor féérique.
Claude
Veinard, ta Polar a fonctionnée pendant la course : moi je n’ai qu’une pin pour me remémorer mes souffrances et une décevante 36ème place…
Garde des forces pour la prochaine saison de vélo!
Claude
Veinard, ta Polar a fonctionnée pendant la course : moi je n’ai qu’une pin pour me remémorer mes souffrances et une décevante 36ème place…
Garde des forces pour la prochaine saison de vélo!
Claude
Veinard, ta Polar a fonctionnée pendant la course : moi je n’ai qu’une pin pour me remémorer mes souffrances et une décevante 36ème place…
Garde des forces pour la prochaine saison de vélo!
JS Zahra
Je souffre autant que toi Laurent, c’est juste que j’me grouille pour terminer mes compé au plus vite pour ne pas souffrir trop longtemps! Et pour cette loppet, un cycliste de Chicoutimi (Sylvain Tremblay je crois) voulais me remettre sur la tronche le fait que je l’ai eu au sprint d’un 40 km à La Tuque v’la 2 semaines mais surtout mon attaque dans la côte de Ste-Irénée dans Charlevoix cet été…le gars a de la mémoire…!!! Mais l’idée de faire du downhill derrière lui pour le dépasser dans la descente de malade 3 kilos avant la fin m’a envoyé su’l’cul (c’t’ais lui ou le gros boulot, j’ai opté pour une solution à mi-chemin) et ça fait comme avoir une crevaison: les jambes te barrent pour 10 minutes!!! Il m’a eu, on va se reprendre…;). Salut!
JS Zahra
Je souffre autant que toi Laurent, c’est juste que j’me grouille pour terminer mes compé au plus vite pour ne pas souffrir trop longtemps! Et pour cette loppet, un cycliste de Chicoutimi (Sylvain Tremblay je crois) voulais me remettre sur la tronche le fait que je l’ai eu au sprint d’un 40 km à La Tuque v’la 2 semaines mais surtout mon attaque dans la côte de Ste-Irénée dans Charlevoix cet été…le gars a de la mémoire…!!! Mais l’idée de faire du downhill derrière lui pour le dépasser dans la descente de malade 3 kilos avant la fin m’a envoyé su’l’cul (c’t’ais lui ou le gros boulot, j’ai opté pour une solution à mi-chemin) et ça fait comme avoir une crevaison: les jambes te barrent pour 10 minutes!!! Il m’a eu, on va se reprendre…;). Salut!
JS Zahra
Je souffre autant que toi Laurent, c’est juste que j’me grouille pour terminer mes compé au plus vite pour ne pas souffrir trop longtemps! Et pour cette loppet, un cycliste de Chicoutimi (Sylvain Tremblay je crois) voulais me remettre sur la tronche le fait que je l’ai eu au sprint d’un 40 km à La Tuque v’la 2 semaines mais surtout mon attaque dans la côte de Ste-Irénée dans Charlevoix cet été…le gars a de la mémoire…!!! Mais l’idée de faire du downhill derrière lui pour le dépasser dans la descente de malade 3 kilos avant la fin m’a envoyé su’l’cul (c’t’ais lui ou le gros boulot, j’ai opté pour une solution à mi-chemin) et ça fait comme avoir une crevaison: les jambes te barrent pour 10 minutes!!! Il m’a eu, on va se reprendre…;). Salut!
erickk
Eh boy !
Le plus impardonnable est d’être passé juste en bas de chez moi sans s’arrêter prendre une mousse comme ration de récupération !
😉 sympa le récit.
Erick
erickk
Eh boy !
Le plus impardonnable est d’être passé juste en bas de chez moi sans s’arrêter prendre une mousse comme ration de récupération !
😉 sympa le récit.
Erick
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😉 sympa le récit.
Erick