On imagine à peine l’enfer que vit actuellement voire depuis quelques mois Geneviève Jeanson qui, en plus de devoir faire face à la musique sur les plans sportifs et juridiques, est entrainée dans un tourbillon médiatique assurément très difficile à gérer lorsqu’on n’a que 24 ans. D’autres cyclistes, plus agés et également pris dans le même tourbillon des affaires de dopage, ont déjà craqué dans le passé, le cas le plus tragique étant bien évidemment celui de Marco Pantani. Aussi, il convient selon nous de faire très attention de ne pas accabler Jeanson de trop. C’est une regrettable situation pour elle d’abord, pour le cyclisme et le sport en général ensuite, mais il convient de se rappeler que des affaires regrettables avec des conséquences autrement plus lourdes pour une société, il y en a dans toutes les sphères d’activité de la vie humaine.
Deux options s’offrent selon nous aujourd’hui à Jeanson pour se sortir de cet enfer, options qui dépendent d’une seule chose à savoir si en son âme et conscience, elle s’est dopée ou non.
*Option 1* : elle continue de nier toutes les accusations puisqu’elle ne s’est effectivement jamais dopée. C’est évidemment l’option la plus difficile pour elle puisque lui incombera la tâche de présenter aux instances, déjà échaudées et méfiantes en raison de toutes les affaires de dopage dans le monde du cyclisme depuis une dizaine d’années, une défense crédible non seulement pour le contrôle positif à l’EPO lors du dernier Tour de Toona, mais aussi pour les autres affaires pour lesquelles elle aura forcément des questions. Si elle ne s’est effectivement jamais dopée, la seule solution est de prouver, résultats médicaux à l’appui, les anomalies de son organisme par rapport à la moyenne chez l’être humain. Elle devra, pour ce faire, accepter de dévoiler ses résultats médicaux des dernières années. Et le filon à exploiter selon nous est celui de l’affaire de la Flèche Wallonne 2004, seule affaire qui demeure innexpliquée à ce jour. Comment en effet est-il possible qu’un échantillon A révèle un taux d’hématocrite dépassant la norme alors que l’échantillon B, pourtant prélevé dans les minutes qui suivent on suppose, a révélé le contraire ? On ne connaît certes pas tous les détails du comment s’est déroulé le contrôle mais cette piste pourrait permettre à Jeanson de prouver que des anomalies sont possibles.
L’épée de Damoclès qui accompagne cette option est évidemment l’affaire Duquette, toujours pas terminée et qui pourrait miner sa défense si la couronne présente effectivement des preuves irréfutables que le Dr. Duquette lui a administré de l’EPO.
Quels résultats cette option pourrait-elle donner ? C’est en fait très incertain. Si Jeanson montre toute sa bonne foi et son honnêteté à ne rien cacher de ses résultats médicaux devant les instances et qu’elle parvient, grâce à l’affaire de la Flèche Wallonne, à instaurer un doute chez ceux qui devront trancher son cas quant à la « normalité » de son organisme, la réhabilitation totale et le rétablissement complet de son honneur sont évidemment ce qu’elle pourrait gagner. Avec le droit de recourir, de relancer sa carrière si elle en avait envie. Dans le cas contraire, sa crédibilité auprès du public pourrait être encore davantage minée.
*Option 2* : elle passe aux aveux puisqu’elle s’est effectivement dopée. Dans ce cas de figure, c’est selon nous la délivrance chez cette athlète d’un poids énorme et donc le chemin de la sérénité, de la paix avec elle-même d’abord. Ceux qui l’ont fait (Virenque, Dufaux, Moreau, Zulle, Millar plus récemment) ont tous pu mettre leur faute derrière eux et relancer leur carrière par après, libérés d’un poids énorme et bénéficiant d’une légitime deuxième chance après avoir « payé » leur erreur. Millar revient cette année dans le peloton professionnel et c’est à bras ouvert qu’on l’accueille de nouveau. Ses aveux lui ont permis de ne rien perdre de sa crédibilité et de son capital sympathie auprès du public qui voit probablement en lui un homme capable d’assumer les conséquences de ses actes sans se cacher ni mentir. Et tout le monde a le droit à une deuxième chance.
Quels résultats peut-elle espérer de ses aveux ? Faute avouée à demi-pardonnée dit-on. En montrant sa bonne foi pour faire évoluer la lutte contre le dopage dans le cyclisme et sous l’hypothèse qu’elle réussirait à convaincre, au moyen d’une crédibilité retrouvée, que l’affaire de la Flèche Wallonne était vraiment un oubli, la Fédération américaine ne pourrait-elle pas elle-aussi faire un acte de bonne foi en réduisant la peine de Jeanson à celle d’une première offense, soit 2 ans de suspension comme c’est le cas pour Tyler Hamilton ? De retour à 26 ans à la compétition, la carrière de Jeanson serait loin d’être terminée et elle pourrait être de retour la tête haute. Le capital sympathie des Québécois à son égard serait encore très grand, nous en sommes convaincus.
Aussi, c’est le meilleur conseil qu’on puisse lui donner aujourd’hui: passer aux aveux si, en son âme et conscience, elle s’est effectivement dopée comme tendent à le prouver les affaires d’Hamilton et du Tour de Toona. Ce serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver, tout comme au cyclisme en général.
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