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Les chiffres du Giro avec Frédéric Portoleau

L’expert dans le calcul de puissances étalon, Frédéric Portoleau, m’a très récemment contacté pour me faire part des chiffres du récent Giro. Je tiens à lui dire un grand merci pour ces chiffres éclairants et, souvent, très encourageants. Sans être une preuve de quoi que ce soit, ces chiffres donnent quand même une très bonne indication du niveau de performance offert par les coureurs sur le récent Giro gagné par le Canadien Ryder Hesjedal. Place donc à Frédéric:

Le Tour d’Italie vient de s’achever par la victoire inattendue du Canadien Ryder HESJEDAL. Celui-ci avait comme principale référence jusqu’à cette année sa sixième place au Tour de France 2010. Il avait réalisé sa meilleure performance en montagne au col du Tourmalet avec 420 watts en puissance étalon 78 kg avec vélo et en terminant l’étape à 1min27s d’Alberto Contador et d’Andy Schleck.

En moyenne sur les dernières ascensions de plus de 20 minutes, aucun coureur n’a dépassé les 410 watts en puissance étalon sur ce Tour d’Italie 2012. Rodriguez, Hesjedal et Scarponi ont développé 400 watts, Basso et Gadret 395 watts.

Si on enlève le cas Contador, au dessus du lot en 2011, le niveau d’ensemble sur ce Giro 2012 apparaît toutefois légèrement plus élevé que l’année dernière.

Le Français John Gadret a développé en moyenne 5 watts de moins que l’an dernier. De plus, la concurrence, exceptée Contador bien sur l’an dernier, est apparue légèrement plus sévère cette année. Il n’a donc pas pu reproduire son excellent classement de 2011.

Mise à part son fléchissement sur l’étape du Stelvio, Basso s’est situé à un niveau de performance équivalent à 2010 lorqu’il avait remporté le Giro pour la deuxième fois.

La moyenne sur les dernières ascensions est plus basse que lors des grandes années EPO. A la fin des années 90, les vainqueurs de grands tours étaient parfois à plus de 440 watts en moyenne en puissance étalon sur les dernières montées des étapes de montagne. Les coureurs terminent probablement les grands tours avec une fatigue plus marquée qu’il y a quelques années.

Cependant, quelques performances assez remarquables doivent être mise en avant (dans l’ordre des étapes):

1) Pozzovivo au Lago Laceno: 13 minutes à 455 watts en puissance étalon.  

2) Rodriguez à Resilenni: 22 minutes à 420 watts en puissance étalon.

3) Basso, Hesjedal, Pozzovivo et Rodriguez aux cols du Duran, de Staulanza et de Giau. Un enchainement cumulé de 1h45 à 390 watts pour l’ensemble des trois cols avec de courtes récupérations inférieures à 10 minutes.

4) Hesjedal à l’Alpe di Pampeago: 25 minutes à 430 watts en puissance étalon (Rodriguez et Scarponi à 425 watts). Puissance calculée en tenant compte du vent favorable. Performance semblable à ce qu’avait réalisé Andy Schleck et Alberto Contador au plateau de Bonascre au Tour 2010 (même durée d’ascension).

5) Rodriguez, Scarponi et Hesjedal: 10 minutes à 395 watts sur la fin d’ascension du Stelvio à une altitude de 2600m. À cette altitude, le VO2max est en moyenne diminué de 10%, donc l’effort équivalent pour une montée en dessous de 1500m est supérieur à 430 watts. Sur cette fin de montée du Stelvio, Rodriguez, Scarponi et Hesjedal ont réalisé une performance équivalente à celle de Franck Schleck et de Cadel Evans au col du Galibier (presque la même altitude que le Stelvio, 100m de moins au sommet) au Tour de France 2011.

Pour terminer, le détail des performances estimées du vainqueur du Giro Ryder Hesjedal en watts/kg.

Breuil Cervinia (fin du col): 21min22s à 5,95 watts/kg
Resilenni: 22min53s à 5,8 watts/kg
Passo du Giau: 33min54s à 5,6 watts/kg
Alpe di Pampeago: 25min à 6,1 watts/kg (en tenant compte du vent favorable)
Passo di Stelvio: 1h07min53s à 5,15 watts/kg

Sa performance la plus marquante reste donc sa montée de l’Alpe di Pampeago estimée à 6,1 watts/kg. Les autres montées ont été effectuées à moins de 6 watts/kg. Le rythme en cours d’étape a été plus fort lors de l’étape de Cortina que lors de l’étape de Pampeago.

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11 Commentaires

  1. LaurentP

    Merci Frédérique, c’est, comme toujours, très interessant! j’aurais aimé y retrouver également Thomas De Gendt…notamment sur l’étape du Stelvio, peut-être plus tard 😉

  2. Jean-Daniel

    mouai ça reste dans la moyenne de ce qu’on a eu ces dernières années.

    rien de nouveau quoi.

  3. thierry mtl

    Intéressant, mais beaucoup de mais… Cela reste approximatif et plusieurs paramètres sont difficilement contrôlables. Il reste que leur performance est fondamentalement stupéfiante (sans mauvais jeux de mots). On est vraimenet dans les limites de la capacité humaine.

    Contrairement aux bien nantis qui montent l’Everest, ils ne se font pas dépassé par des Sherpas qui grimpent deux fois plus vite avec un sac à dos de 40 kg.

  4. Daniel

    Disons que les Sherpas partent avec une sacré longueur d’avance (un peu comme les Kenyens pour le marathon). Naître et passer sa vie à 4000 mètres d’altitude, c’est un peu comme avoir été allaité à l’Epo par rapport à la grande majorité des alpinistes, nantis ou pas.

  5. pierre lacoste

    Belle prestation à la télé ce matin, Laurent!
    Le vieillissement de la population se reflète dans le vélo, aussi; tous ces vélos achetés par des quinquagénaires (comme moi)…

    Dommage qu’on ne puisse mobiliser les ressources de Statistiques Canada pour mesurer l’impact de la victoire de Hesjedal et sa notoriété au pays (quelle suggestion irresponsable en ces temps de compressions au fédéral!…)

  6. schwartz patrick

    Ouais …. en cellule de dégrisement … vite !

  7. toutouille26

    Pas si encourageant que ça…

  8. Vincent C

    Oh Laurent à la tivi à soir! 😉

  9. Batrick P

    Je m’intéresse personnellement à cette notion de puissance depuis la parution d’un article par le Professeur Mariot (de mémoire) dans le Cycle en 1982 ou 1983. Et ce n’est que pour des raisons financières que je ne roule pas avec un capteur de puissance.
    Pour autant, à lire les travaux de Portoleau et Vayer depuis des années, j’ai le sentiment que les incertitudes diverses rendent peu fiables les interprétations basées sur des différences finalement assez faibles. Par exemple, fixer des coefficients modélisant le vent et l’altitude me semblent particulièrement délicat.
    Pour revenir au déroulement du Giro, on n’a je crois pas assez souligné la performance de Hesjedal dans les derniers kilomètres de la montée vers Cervinia.
    Enfin, je crois qu’il est exagéré de dire que personne ne croyait en Hesjedal il y a trois semaines (Laurent déjà y croyait), que sa victoire est une surprise, comme on le lit ici et là.
    Et la prochaine fois qu’une arrivée se fera au Stelvio, faites encore mieux: par le versant est. Et ourquoi pas après avoir grimpé le versant ouest jusqu’à l’Umbrail?

  10. plasthmatic

    Il n’y a pas de conclusion ?

    Si un intérêt existe à ces calculs de puissances (et non mesures, sauf erreur), il me semble que c’est dans la possibilité offerte à des comparaisons, même si elles doivent s’exercer avec la plus grande … mesure …
    Comparaison d’un bonhomme à lui-même, d’une année à une autre (éventuels sauts de performance), comparaison d’un bonhomme aux autres gars, par exemple de l’époque bénie d’aujourd’hui à l’époque noire d’hier.

    Et puis, mon esprit pas bien scientifique mais un poil critique quand même réclamme autre chose : il n’y a pas de marge d’erreur indiquée, ainsi que son mode d’appréhension et d’établissement.

    Comme Patrick, j’ai l’impression que le facteur vent est très difficilement domesticable : il y a le vent dominant, sa vitesse, ok. Mais tiens, monte à l’Agnel, versant français, par jour de grand vent, et tu constateras sur les derniers kilomètres que d’une épingle à l’autre, tu te sentiras avion de chasse ou bien tricycle souffreteux. La seconde impresssion durant naturellement beaucoup plus que la première.
    Je ne peux pas ne pas noter que la puissance atteinte la plus importante le fut par vent favorable, sur ce Giro. Cela tend à me conforter dans le fait que malgré la volonté (honnête) de lui donner sa part, on le néglige quand même : facteur trop complexe ? D’ailleurs, considéré à un autre point de vue, je trouve pas plus mal pour calmer les ardeurs de notre bel orgueil d’humain, qu’une fois encore un élément naturel ne se laisse réduire, au rang de paramètre sur ce coup-là …

    Et enfin, il me manque encore quelque chose : je lis des différences, mais jamais on m’indique si elles sont tenues pour significatives ou non.

    Il y a donc d’un côté les chiffres, ou « données », mais de l’autre leur interprétation, ce qu’on en peut faire ou penser, quoi.
    Je sais, le sujet est délicat, vraiment, et à plusieurs titres, si on s’y arrête un instant.

    Ultime précision : ceci n’est pas une charge, juste un sentiment.
    Comment dire : le risque de ne pas faire parler un minimum ce genre de travail (que je crois sérieux), c’est de laisser le lecteur s’adonner à sa propre interprétation, et quoiqu’hasardeuse, plus tranchée et définitive encore …
    Autrement dit, j’aurais aimé lire non des : « c’est la preuve que », mais au moins des : « nous pensons que ».

    Bon, on s’en fout, de toutes les manières, et c’est bien là l’essentiel. Si si.

  11. thomas

    oui on s’en fout, puisqu’ils sont dopés pour 95 pour cent d’entre eux.
    Ca nous éclaire un peu quand meme!!
    Pour ceux qui pensent que le sport est propre, regarder les footballeurs de 82 ou 83 (l’equipe de france de platini) ils sont tous ridiculement maigres, comparés aux footeux d’aujourd’hui, c’en est choquant!!!

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