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Le Tour de France au Québec: une utopie ?

Avec l’abandon récent du GP de Formule Un de Montréal en raison des exigences démesurées de Bernie Ecclestone, on dirait que le Québec se cherche un nouveau projet d’envergure pour "relancer la fête". Quelques personnalités ont été invitées à proposer, pour le plaisir, des projets et Marcel Aubut, ex-manager de l’équipe de hockey de la LNH les Nordiques de Québec et homme d’affaires, a évoqué la venue du Tour de France au Québec.

Comment ne pas réagir, même si ce projet a un air de déjà vu ?

Ce n’est en effet pas la première fois que des gens de la ville de Québec fleurte avec cette idée: récemment, un projet très sérieux visant la venue du Tour au Québec avait été mis sur pied dans le cadre des festivités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait même évoqué cette idée avec l’ancien président français Jacques Chirac. Des équipes avaient de part et d’autre fait le déplacement en France et au Québec pour envisager sérieusement la possibilité. Au final, le projet avait été abandonné par les organisateurs du Tour pour des raisons de contraintes logistiques essentiellement.

Alors, la relance d’un tel projet aurait-elle des chances de succès ? Après tout, il y a eu pas mal de changements à la direction du Tour et d’ASO: nouveau pdg, nouveau directeur du Tour en Christian Prudhomme… et une volonté farouche de la part de l’UCI de "mondialiser" le cyclisme…

Avant toute chose et afin de ne pas diviser la communauté cycliste du Québec, il faut dire qu’aucun passionné de cyclisme ici ne peut s’opposer à un tel projet. La venue du Tour de France au Québec représenterait une occasion unique de promotion du cyclisme dans la province et gageons que son effet durerait des années, notamment auprès de la jeune génération. Le cyclisme québécois s’est beaucoup développé et se développe encore, notamment du côté des cyclosportives. Nul doute que le succès populaire serait au rendez-vous du Tour de France au Québec et qu’un effet se ferait sentir l’année suivante dans le nombre de licenciés à la FQSC… La Flamme Rouge ne s’oppose donc pas à un tel projet, bien au contraire !

Ceci étant et au risque de passer pour autre chose qu’un "rêveur", il faut regarder les choses avec réalisme et se poser la question: un tel projet est-il possible ? Voici quelques éléments à considérer.

Premièrement, le projet n’est viable que si le Tour se déplace au Québec pour non pas une mais bien plusieurs étapes, la logistique étant très lourde. Seul un Grand Départ au Québec est donc envisageable et rentable selon moi. Il faut envisager au minimum 4 étapes, les distances étant grandes au Québec: un prologue, deux courses en ligne et un contre-la-montre par équipe par exemple. Pourquoi ne pas imaginer un prologue dans le Vieux Québec par delà quelques belles bosses comme la Côte de la montagne, puis une étape en ligne Québec-Montréal via le Chemin du Roy, étape qui tisserait un pont avec l’histoire du vélo au Québec, ce parcours étant celui de la plus vieille et plus prestigieuse classique en Amérique du Nord, Montréal-Québec ? Une fois à Montréal, nouvelle étape sur le circuit des Championnats du monde de 1974 et des JO de 1976 par delà la voie Camilien Houde, une parcours sélectif permettant de créer les premiers écarts. Enfin, la 4e étape en sol québécois pourrait être un clm par équipe dans la région de Montréal, question d’assurer un succès populaire pour cette épreuve très spectaculaire autant par la vitesse que par le matos employé. 

Un Grand Départ au Québec aurait l’avantage de permettre aux coureurs et au personnel d’équipe d’arriver au Québec plusieurs jours voire une semaine avant le départ, question de bien digérer le décalage horaire et de bien se préparer aux 4 jours de course ici. Les équipes, la caravane, le display général du Tour pourrait donc se mettre en place tranquillement.

Mais un Grand Départ au Québec suppose aussi plusieurs difficultés de taille: d’une part, il faudrait faire traverser l’Atlantique à beaucoup de personnes (on parle de 4000 personnes oeuvrant directement dans la caravane, coureurs, personnel d’équipe, personnel de course, caravane publicitaire, journalistes télé, radio, presse écrite, personnel technique) et à beaucoup de matos, un Grand Départ supposant non seulement l’usage de vélos de route mais aussi de vélos de contre-la-montre, avec tout le matos que ca suppose (roues pleines, home-trainers pour les réchauffements, etc.). Sans compter l’autre matos technique pour les reportages télé avec hélicoptères webcam, etc.

D’autre part, comment envisager le Tour de France dans l’état actuel de nos routes ? Il faudrait prévoir un repavage complet de toutes les routes empruntées par le peloton, ce qui peut représenter un coût important. Additionné à celui à prévoir pour faire traverser matos et personnel, la facture pourrait augmenter très vite. Remarquez qu’en comparaison aux millions du GP de Formule Un, le calcul est peut-être avantageux pour le cyclisme…

Autre problème de taille (et probablement le plus important), le transfert une fois les 4 étapes québécoises terminées. Les risques de retard dans les vols posent problème, tout comme l’arrimage au reste de la course… Même en collant deux jours de repos après le voyage, en organisant quelques étapes de transition sur le plat par la suite pour ne pas trop durcir rapidement la course et en écourtant la totalité de l’épreuve, on voit mal comment les coureurs et les équipes pourraient accepter de telles contraintes. Les coureurs se sont d’ailleurs plaints à de nombreuses reprises dans le passé des transferts jugés trop nombreux et ils n’étaient jamais de l’envergure de celui nécessaire à la venue du Tour au Québec…

Plus encore, un tel projet ne pourrait se réaliser sans l’aval des coureurs, de leurs équipes participant à l’épreuve. Dans cette optique, on peut penser qu’une grosse campagne de lobbying serait nécessaire afin de convaincre coureurs, directeurs sportifs et sponsors de l’intérêt de venir rouler au Québec. Ce n’est pas évident, les sponsors d’équipes étant très souvent européens donc intéressés au marché européen, sauf quelques exceptions. Qui plus est, on peut penser que beaucoup de coureurs ne verraient pas l’intérêt de venir rouler au Québec pour quelques jours, le creuset du cyclisme étant plutôt en Europe… et la fatigue du voyage difficile à encaisser.

Enfin, il faut penser aux sponsors: quel intérêt pour les voitures Skoda, pour les supermarchés Champion, le Crédit Lyonnais ou pour Aquarel de Nestlé de venir faire un petit tour au Québec ? Leur marché n’est pas ici. Le problème pourrait être contourné en trouvant des sponsors nord-américains intéressés à financer la venue du Tour l’espace de 4 jours au Québec. Cela suppose une grosse recherche de nombreux sponsors et la création d’une flotte de véhicules (les chiffres annoncés vont jusque… 1600 véhicules!) d’équipe et de la caravane publicitaire maquillés aux noms de ces sponsors… tout cela pour seulement 4 jours. Grosse logistique !

Alors, le Tour de France au Québec, une utopie ? Peut-être pas, surtout si le Tour se déplace pour plusieurs étapes et si le reste de la compétition en France est aménagé. Mais les défis logistiques sont colossaux. ASO vient d’envisager sérieusement ce projet l’an dernier et l’a écarté pour ces raisons logistiques. Quelles sont les chances que l’exercice soit repris après si peu de temps ? Poser la question est-il y répondre ?

Quoi qu’il en soit, c’est peut-être le changement de garde chez ASO et à la direction du Tour que se nichent les meilleurs espoirs de relance d’un tel projet, si un promotteur québécois est motivé !

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28 Commentaires

  1. Patrick B

    Il me parait plus sain que le monde évolue vers la simplicité et l’humilité que vers le gigantisme et la complexité. Donc, le Tour au Québec, je suis contre.
    En revanche, il y a un manque flagrant pour le Tour, et depuis sa création: La Corse. Très belle région, très propice aux courses cyclistes, et grande région… française.
    Et qu’on ne me parle pas de la crainte de quelques agités, la Vuelta visite sans problème un Pays-Basque beaucoup plus agressif.

  2. Vinnnch

    Complètement d’accord avec Patrick. Ne serait-ce que d’un point de vue écologique, la venue d’une telle caravane, pour une durée aussi brève, serait terrible (oui depuis quelques mois quand je pense voyage je pense pollution…).

  3. Hugues

    Le Tour de France au Québec, ce n’est pas réalisable question de logistique bien évidemment. Le Tour de France doit se courir en France comme son nom l’indique! Plusieurs diront qu’il fait escale dans d’autres pays, mais ce sont des pays environnant. De plus, il est déjà difficile de faire traverser les coureurs professionnels de ce côté de l’Atlantique pour venir participer aux différents tours en Amérique.

    Il serait plus intéressant de proposer un genre de « Critérium d’après-Tour » comme on voit en Europe, mais qu’on pourrait faire sur plusieurs jours voire une semaine. Il pourrait justement comprendre un circuit à Québec, Québec-Montréal, le circuit du Mont-Royal ainsi qu’un critérium sur le circuit Gilles-Villeneuve. Ce serait beaucoup plus réalisable et réalistique.

  4. Ricou

    Vinnnch, je suis d’accord avec le point de vue écologique. Par contre, faut pas trop pousser là-dessus car le Tour est foncièrement anti-écologique. Caravane publicitaire, voitures suiveuses, matériel utilisé sur de trop courtes périodes, bidons et autre balancés dans les fossés! Alors, il y a moyen de contrecarrer les coûts écologiques d’un tel voyage en limitant l’impact écologique local et en achetant des crédits de carbone.

    Personnellement, j’aimerai voir les équipes Européennes venir ici, mais je ne crois pas que le tour de France soit faisable. Dans le contexte actuel, le Québec pourrait offrir à ASO d’organiser une course par étape d’une semaine et de repartir avec les profits. On le faisait avec l’oncle Bernie, pourquoi pas avec ASO.

    Tous les grands évènements internationaux organisés au Québec sont toujours apprécié des participants des grands cirques (F1, Tennis …) on a un façon de faire qui comble les acteurs et les supporteurs. L’UCI va avoir besoin de l’Amérique pour étendre ses tentacules, et le Québec est une porte d’entrée idéale, surtout si elle est soutenu par une organisation Française tel que l’ASO.

  5. michel legendre

    Le tour au Quebec, meme si il eut ete fort plaisant de voir rouler tout ce beau monde par ici, je suis plutot contre.
    Plutot creer un événement majeur , avec sanction UCI( m’enfin !) genre Tour of California et pousser fort afin qu’il devienne apprécié des équipes ou coureurs Européens. Genre Montreal/Boston… mais reussi cette fois.
    Charlevoix/Montréal avec finale en critérium sur Camilien Houde…ce serait pas mal non???

    Chacun peut inventer son evenement, avec l’aide de ASO s’il le veut bien, mais est-ce qu’il est nécéssaire de lui attribuer le nom de Tour De France??? en sol québécois…ca fait un peu colonisé selon moi.

    salut
    mleg

  6. Andy Lamarre

    Voyons messieurs, le vélo ça fait pas de bruit, ça polue pas, et ça ne permet pas de se prendre pour des Gilles Villenueve et impressionner tout le monde avec sa voiture après une course.
    Arrêtons de rêver en couleur….. Surtout avec un Marcel Aubut qui veut de nouveau remplir ses poches.

  7. plasthmatic

    Ricou, ne vois aucune attaque personnelle, j’ai bien lu et entendu ton écrit.
    Cette mode du crédit carbone est très perverse.
    Je vais raisonner comme l’aurait certainement fait mon vieux grand-père jardinier alsacien (est-ce que je sais faire autrement d’ailleurs ?) : et si on achetait cet équivalement crédit carbone ET on ne brûlait pas le kérosène correspondant ? Je veux dire que les émanations ne retourneront pas aux échappements une fois ces crédits achetés ! Si la conscience se porte mieux de cet acte très citoyen, la couche d’ozone et le reste pas spécialement. Mais peut-être je n’ai rien compris.
    Ces crédits ressemblent quand même à une demie-solution, comme si les solutions « pleines » faisaient peur rien qu’à les envisager … est-ce qu’on en est à l’heure des demies-solutions pour la question écologique ? Je crois que cette question-là, Laurent, contient la réponse.
    Ce projet de Tour au Canada c’est vraiment n’importe quoi. Il faudra un jour arrêter de jouer. Putain, mais que tous ces mecs se tapent un peu plus la vaisselle, l’aspirateur, le repassage, les gosses à garder et à conduire ici ou là, ça leur enlèvera peut-être enfin ces idées à la noix. Parce que c’est pas vrai, ça doit venir de la testostérone ce besoin de grandeur. A part peut-être Mme Tatcher, qu’il a écrit Renaud.
    J’ai pas fait exprès, promis, mais le premier mot qui est venu à mon esprit et ne l’a pas quitté tout au long de la lecture de l’article, c’est le mot orgueil … et voilà que le premier commentaire signé de mon copain ardéchois comporte le mot … humilité ! … Promis, avec le grand, on a échangé deux mots ces huit derniers jours en dehors de la flamme rouge.
    Alors Patrick, tu m’en excuseras j’espère, mais je te suis, et je n’ajoute rien à la première phrase de ton commentaire, elle a tout dit.

  8. Ricou

    Tout à fait d’accord sur le problème des crédits carbones, ce n’est pas la solution idéale, mais mieux qu’un coup de pieds au c.. Objectif principal est réduire!

    Mais dans le cas ici c’est de promouvoir le sport ici dans ce pays qui ne comprends pas toujours

  9. didier

    cette idée est géniale, le Tour au Québec ,il faut faire une pétition pour cela, parce que tout le monde va dire trop loin, trop cher, trop de décalage horaire ou culturel.

    donc, allez, c’est parti

  10. Cyclick

    Il n’est pas interdit de rêver bien sûr. Si jamais le Tour de France vient au Québec (que ce soit pour une ou plusieurs étapes), il y a d’autres régions sur la planète qui vont le demander aussi ! Pourquoi pas une étape au Mexique, deux étapes en Argentine, une autre au Japon et tiens le final en Australie!!! À ce rythme, les Francais vont s’ennuyer de LEUR Tour de France, sur leur sol… J’ai deja de la difficulté quand je vois ce Tour passer en Allemagne, ou en Espagne, ou en Belgique, etc, qui sont des pays limitrophes… Cette course se doit par logique de rester en sol francais. Voila !

    ps: Pourtant je vis au Québec, il est bien évident que j’aimerais voir les coureurs du TdF ici, mais me semble que ca ne serait pas le Tour de France, mais un espèce de Tour « mondiale » qui casserait le rythme ! 😉

  11. Faudrait un départ de Québec et un final a Boston avant un retour en Europe

  12. Marmotte

    Attendez là… c’est quoi là… Vous roulez au Québec et en Europe avec des voitures faites au Mexique et en Asie, et vous dites que le Tour ne peut pas voyager « environnement oblige » ?

    Vu cette semaine, les automobiles (et non véhicules de tout genre) représentent 70% de la consommation de pétrole des USA… Doit ressembler à cela au Québec également, peut-être un peu moins en Europe, mais tout de même…

    Donc pour reprendre l’idée de pisser dans un violon lorsque l’on dénonce des brebis galeuses, mais je ne pense pas que c’est en s’empêchant de recevoir le Tour de France au Québec qu’on doit commencer à sauver l’environnement… Il y a bien d’autres raisons de ne pas être d’accord, mais svp, ne me jouez pas la carte du carbone… car c’est la même chose lorsqu’on fait un déplacement 10 fois moins long en Europe, et pourtant l’on ne se plaint pas 10 fois moins… l’on ne se plaint pas du tout.

    En ce qui a trait aux émanations, je ne suis pas en train de me dire que je ne m’en soucie. Au contraire, je préfère bien habiter près de mon lieu de travail et voyager 11 mois par année en brulant du gras de jambe plutôt que des combustibles fossiles, et l’autre mois (hiver québécois) en autobus, plutôt que de commencer à me priver de voyager. Là ou il faut d’abord couper, c’est à mon sens dans les déplacements qui ne font pas de sens… par exemple, faire 30-40-50-alleluia kms par jour pour aller travailler. Au bout de l’année, ça fait bien plus qu’un petit voyage d’agrément…

    Pour clore enfin la question du Tour au Québec, pensez donc au nombre de gens inspirés et influencés par l’événement et qui adopteraient le vélo comme hobby, voire même comme moyen de transport. C’est ce genre d’événements qui donnent envie aux gens de bouger, et c’est justement en grande partie le manque de mouvement qui explique l’explosion des coûts de santé, particulièrement en Amérique du Nord. Donc un peu de carbone, en partie remboursé à l’atmosphère par de nouveaux « commuters » et grandement remboursé à la santé collective par de nouveaux adeptes du vélo, moi je suis bien d’accord. C’est pas une dépense, c’est un investissement.

    Personnellement, je suis graduellement devenu adepte (même très, très, très adepte) de vélo après avoir été initialement intéressé au sport par le Tour de France à la télé. Au fil des années, beaucoup de mes amis, de ma famille, de mes collègues de travail ont été curieux de me voir sur deux roues si souvent et s’y sont mis. C’est un engrenage qui doit commencer quelque part. Alors si le Tour peut faire cela via la télé, imaginez de visu… Moi j’y crois.

  13. plasthmatic

    Marmotte : transporter tout le bazar énoncé dans l’article de Laurent, ça doit en faire du kérosène. On parle d’avions.
    Que le sort de la planète ne dépende pas de ça, c’est une évidence. Mais le coût écologique de cette idée ne constitue pas le problème essentiel, en tous cas dans un premier temps : hier, Patrick a écrit « humilité » ; moi, « orgueil ». Aujourd’hui, on peut par exemple dire « toujours plus » ; ou bien « jamais assez ». Ou encore, sur le versant psychologique : « intolérance manifeste, et dramatique, à la frustration ». Les conséquences de ces moteurs de la conduite humaine sont entre autres écologiques, pas uniquement.

    Avec la foi, on peut soulever une montagne, paraît-il. Si l’homme pouvait importer les Alpes au Québec le temps d’une joie ou d’un rut collectifs, il le ferait, n’en doutons pas. Une inquiétude m’assaille soudainement : la foi et la passion, ce sont deux choses auxquelles l’homme pratique massivement ! Merde, s’il n’était pas si loin de ma grotte, j’irais de ce pas grimper le col d’Izoard des fois …

    Marmotte : je ne crois pas un instant à tes arguments, pour la bonne raison que cette question des bénéfices secondaires, je me la suis posée aussi hier. Mais quand bien même « la fête » serait réussie à un point tel que les ventes de vélo s’en trouveraient significativement augmentées chez vous, le soufflé retomberait aussi vite qu’on l’aura monté.

    Et puis s’ils décident qu’il vient chez vous, le Tour, un : il ne me manquera pas, je ne suis même pas certain de le suivre l’été prochain, y a plus grand chose qui vibre, et deux surtout : il viendra …

  14. Patrick B

    L’argument des bénéfices secondaires en termes de retombées économiques et sanitaires et même démocratiques (derniers JO), et même écologiques (JO de Sydney), on nous le ressert à chaque fois (JO, mondiaux de sports diverses, etc…). Et on nous cache les couts exorbitants pour la collectivité, financiers, écologiques, en termes de perturbations pour les populations locales. Et on nous cache les retombées technocratiques qui sont à l’origine de toutes ces manifestations: frais de mission, commissions, pots de vins, surfacturations, etc…

    En 1998, en France, après la coupe du monde de foot, il fallait les entendre sur la réconciliation nationale, les gains de tolérance. Et voilà que 10 ans après, les fils de fils d’immigrés nord-africains venus construire nos voitures et nos immeubles dans les années 60, se mettent à siffler la Marseillaise dans le même Stade de France où l’alibi Zinedine Zidane avaient croyait-on effacé de deux coups de tête des années de spoliation; un troisième coup de tête le ramènerait ensuite au rang de voyou, ooooh…

    Laurent, ce serait le Tour qui ferait les coureurs. Mouais. Ce sont les montagnes et les campagnes, et plus encore l’objet vélo qui font le Tour, mais surtout des millénaires d’évolution de l’espèce humaine qui a su se dégager des contraintes de la survie pour s’offrir le bonheur de la vie, qui lui permit d’inventer celui-ci pour visiter celles-là. ASO ne fait qu’usurper tout ça par la transmission de privilèges.
    « Il ne s’agit pas de vivre, mais d’y prendre plaisir », écrivait Jean Giono dans « un roi sans divertissement ». Prenons plaisir sur le vélo, pourquoi pas en regardant les meilleurs pédaler, mais ne détruisons pas ce plaisir en ne sachant pas limiter nos désirs. Que des erreurs soient faites ne justifie en aucun cas qu’on sabote tout. Personnellement et peut-être hypocritement, je refuse le nihilisme. Parce que croire me rend la vie plus agréable.
    Personne pour me suivre dans l’idée que le Tour de France fasse enfin étape en Corse? N’est-ce pas plus sensé que le Québec?

  15. Vinnnch

    Waouh ! Pas mal de commentaires pour ma part, mais je ne vais en garder que deux, sinon je vais m’embrouiller (j’ai une fille en très bas âge, et peu de sommeil derrière moi) :

    @Marmotte : tes discours me semblent tout aussi idéalistes que les miens. La simple idée de choisir de venir travailler à vélo a aussi été évoquée en France il y a quelques mois par notre ministre de l’économie (grande-bourgeoise totalement déconnectée de la réalité). En y réfléchissant plus de quelques secondes, on s’aperçoit que moins on est payé, plus on doit vivre loin de son lieu de travail. Et quand je dis loin, on peut facilement dépasser les 40 km. 40km à vélo tous les matins et tous les soirs, peu de gens pourront le faire.
    Je ne sais pas comment c’est au Québec, mais dans les grandes villes françaises en tout cas c’est clair.

    @Patrick : il y a plusieurs années également que je m’interroge sur la raison du non-passage en Corse, qui compte pourtant tant de paysages parmi les plus sublimes de France, et avec de la montagne plein la façade ouest. Il y a forcément une raison pour que ça n’arrive jamais
    – Crainte de défections de la part de la SNCM ?
    – Crainte de réactions «  » »anti-envahisseurs » » » ?
    Ou plus simplement infrastructures un peu justes pour héberger les 4000 de la caravane ? Il suffirait pourtant que chaque équipe loue un yacht de 60m de long pour trois jours. Ben quoi, leurs propriétaires les cèdent toujours gracieusement non ?

  16. Patrick B

    Et l' »assouplissement » des règles visant à réduire le nombre de chômeurs français les contraint maintenant à accepter un emploi jusqu’à 200 km du domicile.

    Ce qui me fait revenir à l’esprit l’étude canadienne menée sur la légalisation de la prostitution, que nous avait indiquée Tiphaine il y a quelques mois suite à quelques prises de positions malheureuses. En Allemagne, où la prostitution est déjà légalisée, officiellement à des fins d’encadrement, une femme au chômage se doit théoriquement d’accéder à une offre d’emploi de péripapéticienne de niveau de revenus proche de ceux de son dernier emploi, sous peine de perdre ses droits! Je serais curieux de savoir si de tels faits se sont présentés.

    La société privée Corsica Ferries se feraient un plaisir de transporter le Tour.
    Perçu encore comme une épreuve sportive, le Tour ne serait pas plus malvenu que ne l’est le Tour de Corse en rallye automobile.
    Les infrastructures sont largement suffisantes pour loger le Tour.
    Peut-être que la question de se payer le Tour pose problème en termes de budget, mais je n’y crois pas. Ajaccio, Bastia et autres villes peuvent se payer ce que se payent Pratonevoso, Super-Besse et Jausiers.
    Non, je crois moi tout simplement que les organisateurs manquent à ce point d’imagination qu’ils ne pensent même pas à ce que seraient un séjour de deux ou trois étapes sur l’Ile de Beauté.
    Ou bien le conseil général corse ne fait pas partie de l’entregent de la famille Amaury, et inversement…

  17. plasthmatic

    Patrick, la Corse, c’est exactement l’opposé du pays des Ch’tis, peu de gens disent le contraire. Le nord contre le sud, la méditerranée contre les banlieues grises, le poncif de l’allégresse contre celui de la morosité, etc …
    Et bien, de la même façon qu’il paraît, il paraît, que le Nord, tu y pleures deux fois, quand tu y vas, et quand tu le quittes, la Corse, elle, t’y vas avec le sourire, et tu la quittes dans la joie. Tu y ris donc deux fois … et seulement deux.
    Enfin, me concernant …
    Cet été, qu’est-ce que je l’ai aimé, le Corsica Ferries du retour, j’en aurais trouvé la ville de Toulon jolie s’il n’avait pas fait nuit !
    D’autant plus qu’il m’emmenait à Briançon, ce bateau. Oui, quand plasthmatic est à bord, Corsica Ferries pousse un peu au nord et accoste à Briançon, non mais.

  18. Patrick B

    Je ne sais pas grand chose du Nord, et ne vais surtout pas me fier au sur-imposant produit marketing autour du film si difficilement contournable.
    Je suis content d’y voir chaque année vers Pâques une très grande course de vélo, et je me souviens parfaitement qu’il y a une douzaine d’années, une étape des 4 jours de Dunkerque (belle course) près de la côte boulonnaise avait offert un spectacle splendide par ses bosses répétées. On avait eu droit aussi à un splendide championnat de France 2005 avec un Sébastien Joly crevant l’écran sur, encore, un très beau parcours où les hommes de Bernaudeau avaient imposé leur puissance numérique par Pierrick Fedrigo suppléant Laurent Brochard.
    J’aimerai en voir autant en Corse, à propos de laquelle je crois que tu pourrais changer d’avis, si les circonstances nous permettaient que je t’emmène la sillonner sur deux roues sans moteur une semaine printannière.

  19. Patrick B

    En plus, la Corse a des similitudes avec ma région de prédilection pour le cyclisme: les Cévennes. Des similitudes, mais aussi des différences fondamentales.

  20. Marmotte

    @ Vinnnch

    Au Québec, ce n’est franchement pas difficile de vivre près de son lieu de travail… suffit de choisir de ne pas habiter à Montréal et le tour est joué.

    Et même pour Montréal, ce n’est franchement pas si mal… une portion très importante des résidents de l’île ne sont pas si fortunés. Même qu’en omettant certaines quartiers du centre/de l’ouest, le gradient de richesse a plus tendance à aller du centre vers la périphérie que l’inverse.

    Évidemment, 40 km à vélo matin et soir c’est pas très réaliste… heureusement, par chez vous, les gens ont compris le concept du transport en commun, ce qui compense une partie du problème occasionné par les déplacements depuis les banlieues éloignées vers le centre-ville.

    Par ailleurs, à tous ceux qui parlent du besoin d’humilité devant l’irréaliste idée de déplacer le Tour au Québec (ou en Corse !) et sa caravane de 4000 personnes… je vous accorde ce point. Ceci dit, il n’est pas plutôt dans le fait que ça prend une caravane de 4000 personnes pour 180 coureurs, le manque d’humilité ? C’est peut-être tout ce qui gravite autour du Tour qui cause le problème, pas le Tour lui-même…

  21. Marmotte

    Quoi qu’il en soit, j’avoue que sur cette question, mon enthousiasme dépasse un peu ma logique cartésienne… le Tour au Québec, sous sa forme actuelle, ça plait à l’esprit, mais ça ne plait effectivement pas tellement au gros bon sens…

  22. plasthmatic

    Une seule réponse, Marmotte, et pas polémique : le Tour, ça peuple les bords de route par sa Caravane, pas par la course. C’est un fait. Les gens se déplacent pour la fête, pas pour une course ; en tout cas pas massivement.

  23. Patrick B

    A quand la séparation de la caravane et de la course en deux manifestations indépendantes?

  24. Thor Ulriksson

    techniquement, le tour au Quebec, c’est de l’utopie, meme si culturellement parlant, ce serait une formidable opération.

    beaucoup plus realisable, ce serait un tour du quebec organisé par ASO, en prenant soin de rattacher le label « Tour de France » à cette organisation.

    je pense à la façon dont on a rajouté le vocable « le mans » aux séries d’endurance automobile American Le Mans Series, à des courses se déroulant toutes sur le territoire nord américain.

  25. colt seevers

    J’ai le poil hérissé en lisant quelqu’un écrire « cette mode du crédit carbone ». Je ne sais pas où vivent des gens pareils? sur mars!!! Mais notre planète a bouffé en neuf mois ce qu’elle produit en une année, rappelez vous en. L’effet du dioxyde de carbone sur l’atmosphère c’est l’effet de serre. On doit tous limiter nos déplacements en avion pour ça. La chine doit fermer ses centrales au charbon pour ça. On doit éviter les pics de production d’électricité pour ça (à ce moment là des centrales au charbon françaises se mettent en marche pour produire plus). J’utilise mon vélo tous les jours pour ça, même si ma démarche n’a aucun sens, je fais de la promotion pour que d’autres imitent.

  26. Marmotte

    Excellente synthèse de toute la question par l’observation de plasthmatic.

    Quant à l’idée loufoque de Patrick, ce serait si rigolo… faire passer la caravane du Tour par une route et la course par une autre route parallèle. Je serais curieux de comparer les foules respectives !

  27. plasthmatic

    A Colt Seevers : c’est moi qui ai écrit : « cette mode du crédit carbone ». C’est donc moi qui t’ai fait lever le poil. Mais ce n’était pas le but …
    Je confirme les termes : est-ce que j’ai dit qu’il n’y avait pas de problème ? Est-ce que tu as lu la suite de ce commentaire ? Pour ne pas ennuyer tout le monde, je fais un copier-coller partiel :

     » Et si on achetait cet équivalement crédit carbone ET on ne brûlait pas le kérosène correspondant ? Je veux dire que les émanations ne retourneront pas aux échappements une fois ces crédits achetés ! Si la conscience se porte mieux de cet acte très citoyen, la couche d’ozone et le reste pas spécialement.  »

    Voilà. Moi, j’ai l’impression qu’on est d’accord plutôt. Mais bon.

    Sinon, je ne vis pas sur Mars, mais à Lunéville, sous-préfecture de vingt mille habitants plantée dans la campagne lorraine, nord-est de la France, à trente km de Nancy, non loin du massif des Vosges, et pas si loin de Strasbourg.
    Et il y a bien longtemps que c’est mon lieu de travail qui a déternminé mon lieu de vie ( 1,3 km )… Sinon je ne me serais pas posé là !

    Signé :  » un gens pareil « . Puisque tu m’as au passage rebaptisé.

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