Beaucoup de confusion s’est installée dans l’esprit du public concernant Tyler Hamilton étant donné le cafouillage malheureux des autorités. Faisons le point :

1 – les analyses des échantillons sanguins « A » de Tyler Hamilton prélevés lors du clm des JO et lors de la 8e étape de la Vuelta se sont tous deux avérés positifs concernant l’hétéro-transfusion sanguine (d’un donneur différent, par opposition à l’auto-transfusion qui consiste à se prélever du sang et de se le ré-admettre plus tard). Une procédure a donc été ouverte par le CIO et par l’UCI, qui a saisi la Fédération Américaine de cyclisme. On a demandé une analyse des échantillons « B » qui est nécessaire pour confirmer les résultats des tests « A », sans quoi on ne peut condamner l’athlète.

2 – les analyses des échantillons « B » ont abouti à deux conclusions différentes : dans le cas du contrôle fait lors des JO, l’échantillon « B » a été mal congelé, détruisant beaucoup de globules rouges et rendant l’analyse quasi-impossible, sinon très peu fiable. Comme les échantillons « A » et « B » ne donnaient pas le même résultat, le CIO a par conséquent été obligé de mettre un terme à la procédure. Tyler Hamilton gardera donc sa médaille d’or. Ceci étant, il est important de dire que l’échantillon « A » est bel et bien positif, alors que le « B » n’est ni positif, ni négatif puisque n’ayant pu être analysé. Les soupçons de dopage sont donc raisonnables.

Dans le cas du contrôle lors de la Vuelta, l’échantillon « B » a montré les mêmes résultats que le « A ». Tyler Hamilton est donc bel et bien coupable d’avoir pratiqué la transfusion sanguine lors du Tour d’Espagne, une méthode permettant, selon les experts, d’augmenter jusqu’à 20% les capacités de transfert d’oxygène par le sang. Les transfusions sanguines sont particulièrement intéressantes en fin de grand tour car elles permettent de « récupérer » un potentiel physique important, potentiel normalement diminué par les 2 semaines précédentes de course. À travers les propos de Michel Audran, patron du laboratoire de l’université de pharmacie de Montpellier, rappelons les grands principes de l’hétéro-transfusion sanguine : «Un donneur compatible, un frère ou un ami payé pour ce faire, se fait prélever 450 ml de sang. Dans une centrifugeuse, on isole les globules rouges du plasma du donneur. Le coureur s’injecte les seuls globules rouges, augmentant ainsi son hématocrite de 10 % environ, tandis que le donneur se réinjecte son plasma pour conserver le même volume sanguin. L’intérêt ? Une énorme amélioration de la puissance physique du transfusé, sans dépasser le seuil de 50 % de l’hématocrite. Les transfusions peuvent être modulées selon les besoins pendant trois semaines de course, car ces poches de sang doivent simplement être maintenues à la température de 4 °C

Notez qu’il ne faut pas mélanger transfusions sanguines et un dopage via le plasma sanguin (avec des produits maintenant détectables comme l’hémopure, une hémoglobine de synthèse dérivée du sang bovin qui permet d’améliorer le transport de l’oxygène tout en diminuant l’hématocrite).

Normalement, Hamilton sera suspendu, pour une période pouvant aller jusque 2 ans. Toute la question est de savoir si on voudra en faire un exemple, étant le premier coureur à se faire piquer officiellement à cette méthode…

Autre incertitude, la position de Phonak. Si cette équipe a déjà suspendu son coureur, ira-t-elle jusque le congédier conformément à sa politique déjà appliquée en juin dernier pour Oscar Camenzind ? Récemment, Phonak a déclaré qu’elle souhaitait engager une équipe de scientifiques pour valider la méthode de détection australienne qui, par ailleurs, apparaît très fiable aux dires de Michael Ashenden, le directeur de l’institut de recherche australien à l’origine de cette méthode de détection, et aux dires d’Hein Verbruggen lui-même (il parlait d’une fiabilité de 99,9%).

Bref, le cas Hamilton est un réel cas de dopage sanguin, par transfusion. Il aura beau clamer son innocence, son incrédulité, les faits sont là. Après le cas Pantani, l’affaire Manzano, l’affaire Cofidis, l’affaire Millar, l’affaire Camenzind, l’affaire Bruylands, et on en passe, ca fait beaucoup pour 2004. Et on peut penser que 2005 sera pire encore…

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