Coup double aujourd’hui pour Denis Menchov, le coureur russe de l’équipe Rabobank: victoire d’étape et maillot rose. Menchov a aussitôt dédié cette victoire à son équipier Horrilo, victime d’une terrible chute il y a quelques jours et dont la convalescence s’annonce longue et difficile: les médecins ignorent pour l’instant s’il pourra remonter sur un vélo un jour…
Menchov s’est imposé tout en puissance sur ce parcours extrèmement exigeant, composé, dit-on, de plus de 600 virages en 60 kms ! Menchov a dû travailler pendant plus d’une heure 34 minutes pour venir à bout de ce chrono, c’est long, c’est très long (moyenne de seulement 38 km/h!). Parmi les autres coureurs ayant réussi ce chrono, on note évidemment Leipheimer, 2e à 20 secondes, mais aussi Garzelli, Brajkovic et Pellizotti, que je n’attendais pas à ce niveau, ainsi que Lance Armstrong, 13e à 2min26, une performance très honnête compte tenu des contretemps des dernières semaines.
Ceux qui ont limité les dégâts selon moi sont Danilo DiLuca bien sûr (1min54) mais aussi Ivan Basso (2min17) et Carlos Sastre (2min18).
Les déceptions ? Michael Rogers, "seulement" 14e de l’étape à 2min46. Damiano Cunego aussi, relégué à plus de 4 minutes, comme Thomas Lovkvist dont la perte de temps est de plus de… 5 minutes !
Les résultats de ce chrono ne doivent cependant pas nous faire oublier le plus important: personne n’a encore gagné ce Giro.
En effet, DiLuca et Leipheimer pointent tous deux à 34 et 40 secondes de Menchov. La victoire devrait raisonnablement se jouer entre ces trois coureurs. DiLuca, qui a un punch hors du commun dans les fins d’étape, me semble ce soir le mieux outillé pour remporter ce Giro, à condition de ne pas connaître de jour sans. Il pourra grapiller des secondes dans les finals d’étape, notamment dans les étapes du Monte Petrano et du Blauckhaus.
Pour Leipheimer, c’est plus compliqué : il devra trouver le moyen de fausser compagnie à Menchov mais aussi à DiLuca. Pas simple.
Pellizotti et Basso ont une bonne carte à jouer chez Liquigas, s’ils coordonnent leurs efforts et font une course d’attaque. Basso n’a rien à perdre de se lancer dans une grande échappée sur une étape montagneuse, Pellizotti pouvant directement tirer profit de cette course d’attaque.
Sastre, 5e à un peu moins de 3 minutes, a aussi un bon coup à jouer en montagne. Il est un peu le joker parmi ceux pouvant encore rêver d’une place pour le podium.
Prochain rendez-vous pour des modifications au général : lundi prochain pour l’arrivée au Monte Petrano.
Alphonse
Il n’est pas exclu que l’étape de demain arrivant à Bologne donne de petites escarmouches entre leaders.
colt seevers
Un petit commentaire sur une réaction de basso à la fin du CLM: il a annoncé qu’il allait attaquer. On verra ce que ça donne, car à l’eau claire… c’était déjà dur de placer des attaques à l’époque où il était dopé. Enfin, je me comprends! Rivaliser au classement général avec des crocodiles comme menchov, leipheimer et… des feux follets comme di luca et… pellizotti! un comble! dans les pattes;
La façon dont il conçoit l’offensive, ce ne sera pas pour favoriser le spectacle. Si « attaquer » c’est faire du derny derrière trois équipiers au pied du col et se retrouver tout seul en pointe pendant la moitié de la montée finale…
Pour ma part, comme dirait virenque, un giro peu enthousiasmant, décevant même. Pas à cause du rythme et du scenario des étapes, on trouve toujours un intérêt quelconque à mesurer les ascensions, à comparer les moteurs, la routine habituelle quoi… mais surtout parce que le pouvoir est toujours au même échantillon de coureurs frankenstein issu de la même éprouvette conconi au début des années 90, qui s’échine à voler la vedette aux jeunes, aux coureurs propres, aux « nouveaux cyclistes » que j’aime. Vivement di gregorio, moncoutié au tour de france. O non! c’est vrai! Rien que d’y penser à contador j’en ai la nausée.
Bien sûr il y a des choses à voir, dans les courses de vélo de l’an 2000, mais le coeur n’y est plus!
David
Pour la petite histoire…
Menchov a déjà couru en sol québécois… bien sur au Tour de l’Abitibi! Il avait remporté la première étape échapé en solitaire (une raretée sur cette course) pour ensuite dominer le CLM.
Curieusement, il n’a pas remporté le Tour. Son équipe était celle de l’armée russe et n’a pas su l’épauler lorsqu’une échapée d’une dizaine de coureurs a pris le large lors de la dernière étape. Plusieurs coureurs canadiens étant présents dans l’échapée (dont le futur vainqueur du Tour, Neil Grover), le peloton a donc regardé Menchov et son équipe prendre tous les relais de la course jusqu’à l’arrivée. Lourd verdict.. plus de 3 minutes d’écart à l’arrivée!
colt seevers
C’est sûr, un passage à 16% ça nettoie les injecteurs… aujourd’hui pellizoti a justifié les propos de ricardo ricco, les liquigas « courent comme des chiens ». Tous les leaders suivent son démarrage sauf son coéquipier… qui n’a certainement plus rien d’un leader à ses yeux, basso.
Di luca mène l’ascension (vu son déhanché, il n’a pas l’air de se demander quelle crevure a eu l’idée de placer un mur de huy à l’arrivée) et se retourne pour constater les dégâts que fait la mobylette sur laquelle il coure son giro.
Menchov, toujours dans la roue du mec qu’il faut, comme s’il avait pour rôle de surveiller les gosses qui font des bétises, en bon père de famille, hilarant.
Premier attaquant premier servi. Gerrans tout en puissance enlève l’étape.
alain39
Intéressante analyse de Porteleau qui constate une certaine baisse des puissances.
On constate ainsi que Armstrong fait un super giro. Ceci étant il est 40 w en dessous de son niveau et il reste à voir où se situe son niveau de récupération.
Car avec l’âge nous savons tous que c’est là que se fait la différence sur une course de 3 semaines.
Le chrono va avoir laissé des traces et les étapes à venir devraient être plus sélectives compte tenu de la fatigue.
Hier encore Di Luca a montré une grande facilité et ses attaques répétées font des dégâts même si pour l’instant elles ne creusent pas des écarts significatifs.
Il dicte sa loi en imposant les changements de rythme et certains coureurs finiront par payer l’addition si d’aventure il est capable de maintenir ce niveau de performances.
Il ne semble craindre ni contre ni défaillance.
C’est justement cette capacité à multiplier ces escarmouches quotidiennes qui le rend suspect.
Logiquement il devrait être plus sélectif sans ses choix tactiques et se réserver sur des étapes plus dures pour creuser les écarts au lieu de « s’éparpiller ».
De toute évidence, sûr de sa force il essaye d’user les autres en les faisant dépasser autant que faire ce peut leur seuil anaérobie sachant que celà finira par altérer leur capacité de récupération.
Il profite donc de la moindre occasion.
Pour faire ça il faut être bougrement sûr de soit. Hinault sur la vuelta 83 avait adopté cette tactique aidé par un super Fignon et celà avait fini par payer (victoire) et se faire payer (genou en vrac).
A suivre et les 4 prochaines journées vont être riches en informations.
colt seevers
Attention, si la méthode portoleau note une baisse de régime générale depuis puerto, je remarque une montée en puissance sur ce giro de la part d’un coureur qui n’a pu utiliser que le dopage pour en arriver là: di luca. Et je remarque aussi que menchov donne le meilleur rendement de sa carrière avec un hallucinant 470 watts pendant 53 minutes sur le CLM. ça me troue le chamois, même si en vélo couché, je n’en ai plus besoin!
alain39
Di Luca est bien évidemment l’exception avec des performances semblables à celles de 2007.
De toute façon les 3 coureurs qui ont marqué ce début de giro sont Armstrong, Menchov et Di luca.
Armstrong pour son retour si rapide à un niveau très correct et ce à 37 ans.
Menchov pour un rendement supérieur aux précédentes années et ce à 32 ans
Di Luca pour son explosivité et sa capacité à dynamiter le peloton quand il veut de façon répétée et ce à 32 ans.
Une constante, ce sont les vieux qui dominent et ce de façon outrageante. La liste des 10 1er est très symptomatique avec des coureurs qui sont pros depuis plus de 10 ans et dont l’âge est compris entre 30 et 37 ans.
A mon sens cet état de fait dénote bien d’une scission entre les jeunes et les vieux et peut être le début d’une prise de conscience par les nouvelles générations des risques liés au dopage et notamment les sanctions et les conséquences au niveau de la réputation et de la valeur marchande.
En effet, dans tous les cas les sanctions sont les mêmes mais pour certains il reste une carrière à faire alors que pour d’autres ce sera une retraite anticipée avec un palmarès déjà bien fourni et un compte bancaire bien rempli.
Il existe de fait une sorte d’injustice et donc un cyclisme à 2 vitesses celui dont parle Cunégo qui se rend compte que sans dopage pas possible de briller et encore moins de gagner. Si on met en perspective les commentaires de Cunégo et la CG de ce giro on voit bien qu’il y a un pb avec une réelle brisure au sein du peloton.
Une évolution qui me plait et je regrette que les médias en fasse peu de cas. Mais clairement ce que dit Cunégo est très important et significatif et puis ça fait plaisir de voir qu’il rejoint l’analyse faite par le cyclisme français, lequel a tellement été critiqué par les Hinault et autres anciens champions.
Si l’Espagne, l’Italie et les US ont dominé ces 19 dernières années (avec 2 voir 3 générations successives de champions) c’est uniquement dû à leur système de dopage et non en raison de la fainéantise de leurs concurrents.
Roger13
Je suis d’accord pour dire que la lutte anti-dopage doit opérer une sélection en fonction de la prise de risque comparé au gain qui avantage les plus vieux. MAIS Il n’est pas exclu non plus que les cyclistes français soient en dessous parce que même dopés ils sont bien bons.
Thierry Mtl
Je ne trouve pas les commentaires de Cunego sur le net. Ou est-ce disponible ?
Qu’a dit Ricco ?
Leipheimer n’a pas pu répondu samedi en fin de course. Heureusement pour lui la côte n’avait que 2 KM. Ca va plutôt se jouer entre Menchov et DiLuca. Attention à Sastre pour un accèes au podium, qui sait bien s’en garder pour LA bonne étape.
Il est évidemment mois risqué de se dopé quand une bonne partie de la carrière et derrière soit. Le plus délicat, c’est entre 28 et 31 ans, ou deux ans de suspension est une sérieuse enmerde (N’est-ce pas M. Basso ?).
alain39
Je veux bien croire qu’une génération soit moins bonne. Mais depuis la fin des années 80 la France n’a plus fourni de champions mis à part Virenque et Jalabert. or on sait que ces 2 coureurs ont été impliqués dans du dopage et si jalabert s’en est bien sorti c’est parce qu’il courait en Espagne.
Ceci étant, lors de ses dépositions Laurent Roux a clairement apporté des éléments concrets qui sont étayés par des commencements de preuve mais la justice n’a pas jugé bon d’appeler Jalabert comme temoin ce qu’elle aurait pu faire.
De son côté l’Espagne, les US et l’Italie ont multiplié les champions (dont bon nombre éphémères)et il est connu de tous que ces pays ont une lutte contre le dopage très complaisante.
Pire encore les plus grands spécialistes sont originaires de ces pays et d’ailleurs ils ont pignon sur rue comme l’infamous Docteur Ferrari qui continue à prodiguer ses conseils sur internet.
La mort de Pantani a quelque peu modifié les mentalités en Italie mais les sanctions imposées et la relative mensuétude des équipes a permis à ces coureurs de conserver leur boulot ce qui revient à cautionner le recours au dopage.
De toute évidence tant que les sanctions ne seront pas proportionnées aux gains (notamment financiers) procurés par le dopage et tant que la génération des trentaines n’aura pas disparu il est illusoire de penser que le cyclisme est assaini.
Ce giro avec ses trentenaires flingueurs est le plus bel exemple.
Pour autant nous sommes à un tournant avec une nouvelle génération plutôt bien sensibilisée (voir plus craintive) et si d’aventure les sanctions devenaient totalement dissuasives alors la lutte contre le dopage deviendrait efficace.
Mais pour tendre vers ce résultat encore faudrait il avoir une instance moins corrompue et décisionnaire.
Or l’UCI brille par son incompétence justement au moment où nous avons le plus besoin d’elle.
Le cas Astana en est une parfaite illustration, puisque l’UCI laisse cette équipe courir alors qu’elle ne respecte plus ses engagements et qu’en application des réglements en vigueur elle devrait prononcer sa radiation.
L’UCI avait été bien plus efficace à sanctionner la fédération française.
La cupidité de l’UCI est le 2ème fléau qui ronge notre sport et malheureusement son destin et celui de la lutte contre le dopage son intimement liés pour notre plus grand malheur.