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GBC 500: l’autre folle journée de Bruno Langlois

Ca se répète: après la folle journée de Bruno Langlois sur le Tour de Beauce 2019, voici la folle journée du bonhomme sur le Gravel BackPacking Challenge 500, samedi dernier.

Un chiffre: 18h44. Temps officiel, avec les (quelques) arrêts. Plus d’une heure avant le 2e. 17h30 sur le vélo, 29 de moyenne. Je souhaite bien du plaisir à ceux qui voudront s’attaquer à ce temps de référence l’an prochain! 

Bruno a partagé avec moi son expérience du GBC 500.

LFR: Bru, comique, le journal local Reflet du lac a d’abord annoncé le 2e de l’épreuve comme le gagnant.

BL: oui! J’suis arrivé 1h15 après lui, mais comme j’étais aussi parti 3h après lui, tu fais le compte… en fait, j’suis parti le dernier et j’ai remonté tous les participants un à un, sauf deux.

LFR: t’as attaqué l’événement dans quel état d’esprit?

BL: man, je n’avais jamais fait ca 500 km de gravel! Je savais pas trop à quoi m’attendre, c’est sûr que tu penses toujours à exploser, aux crampes… mais j’étais décidé à faire ça « one shot », straight from start to finish. Ça c’est finalement assez bien passé dans mon cas.

LFR: t’as roulé aux watts?

BL: pantoute. Au feeling, compte tenu de la distance à tenir. J’me suis mis dans un mode « contre-la-montre », mais sans taper dedans, jamais dans la douleur. Je montais les bosses facile, et je relançais l’allure derrière, en roulant vite sur les sections de plat, de faux-plat, les descentes aussi. Mon baromètre, c’était de ne jamais être essoufflé.

LFR: doit s’en passer des choses en 17h de bike!

BL: hey boy oui! j’ai fini détruit, les genoux surtout, sur les 100 derniers kilomètres ils me faisaient vraiment mal, pis je comprends pas trop pourquoi, j’ai jamais mal aux genoux. Sur les 50 derniers kilomètres, c’était comme un coup de poignard dans les genoux sur chaque coup de pédale. Ça me coûte probablement mon objectif, celui de tenir 30 de moyenne.

Mais à part ça, mon défi a vraiment bien été, pas de manque d’énergie, pas de crevaison, pas de chute. J’ai juste halluciné un peu par moment j’pense, je voyais plein de lapins blancs partout, j’pense qu’il y en avait des vrais dans la gang!!

500 kms c’est long, alors pour pas me décourager j’avais pas mis les kilomètres sur l’écran de mon compteur, c’était le gps qui était sous mes yeux. J’ai roulé, roulé, roulé, de 10h le matin à 3h30 du matin 19 heures plus tard, c’était difficile mais l’fun aussi. Tu vis des choses en solitaire. À un moment, la nuit, t’es vraiment seul au monde, c’est des sensations spéciales… pis là d’un coup, pu de batteries sur ma lampe de devant! Ça te ramène vite dans le concret!!! Le powerpack a pas trop rechargé la lampe, qui s’est mis en mode « économie », man, j’voyais « fuck all » et dans des routes de gravel, c’est comme important de prendre la bonne ligne. Failli frapper un porc-épic d’ailleurs, ouch, ça aurait pas été beau comme chute ça. Ça peut être gros, un porc-épic!

Par moment, peine nuit, y’avait de la brume en plus, c’était hallucinant, pis soudainement une silhouette humaine apparait sur le bord de la route, dans la noirceur… tu freakes un peu… c’était un épouvantail! Ca a marché…

J’me suis aussi fait insulter par un automobiliste en plein milieu de la nuit, alors que j’avais pas vu un humain depuis plus d’une heure… ordinaire mettons. Mais j’ai eu pleins de beaux moments, j’ai vu des étoiles filantes, j’me souviens du km 353, seul au monde, tu entres dans un état second avec la fatigue aussi.

LFR: tu avais préparé l’événement?

BL: non Laurent, aucune préparation physique spéciale. J’me tiens juste en bonne forme.

LFR: j’ai vu que l’épreuve était organisée comme les tous premiers Tours de France, avec des points de contrôle.

BL: exact! On avait des « check points » à rencontrer, chaque fois il fallait prendre une photo d’une affiche et l’envoyer par texto à l’organisation qui nous contrôlait ainsi. Sauf que des fois, tu trouvais pas l’affiche très facilement! J’étais en mode « against the clock » tout le temps, alors les check points, je voulais y rester le moins de temps possible. Aye, à l’un deux, on m’a offert bien gentiment un sac de savon, mais tu veux que je fasse quoi avec ton sac de savon à ce moment de ma vie?!

Une autre fois, la gentille dame voulait absolument me faire un smoke meat dans les règles de l’art, tout le kit… pis son grille-pain saute devant moi. Madame, j’va l’prendre comme ça votre smoke meat, faut vraiment que j’y aille là!!!

Tu peux aussi t’arrêter dans des dépanneurs. J’y ai acheté un sac de noix à un moment, j’étais écoeuré de manger sucré. Bonne idée!!! Aie, sur le sac de noix, j’ai pris 2km/h de moyenne, ça m’a remis su’l’ piton.

Pis une autre fois, le gars devant moi à la caisse du dépanneur commande pleins de gratteux, ça finit pu ses affaires, pis moi j’suis ben pressé, alors j’ai mangé ce que je voulais acheter derrière lui, pis j’avais pu rien à présenter au caissier une fois rendu mon tour. J’l’ai payé, pis salut, je suis en mode course moi.

LFR: bru, j’pense que t’a aimé ça…

BL: oui. Super belle organisation. Le staff était cool, l’accueil sympathique, une bonne ambiance, pis les gens t’encouragent. C’est vraiment un beau challenge dans une autre atmosphère que celle que je connais bien sur les courses sur route. Mais comme j’ai écrit sur mon Strava: #pastropsouventmettons

Le matos

Vélo Parlee Chebacco

Pneus Ultra Dynamico 42 de section (tubeless, neufs, avec liquide stan’s – zéro crevaison). Selon Bruno, le meilleur compromis est probablement des pneus de 38mm de section, compte tenu du parcours.

53-39, 11-34 (trop gros!)

2 compteurs Garmin (au cas où l’un deux fait défaut), parcours gps téléchargé

Cellulaire, un powerpack pour recharger

Lampe frontale, feux arrière. Une lampe de rechange est probablement une bonne idée…

5 cartouches de CO2, 3 chambres à air, beaucoup de bouffe (trop!), vêtements adaptés.

La mode gravel

Excellent court petit article (en anglais) sur l’actuelle mode « gravel bike ». Je rejoins les opinions qui y sont exprimées: le gravel séduit pour son côté plus « nature » qu’en cyclisme sur route, et plus « accessible techniquement » que le Mtb. L’idée de découvrir de nouvelles routes, de nouveaux points de vue, parfois des routes en forêt, attire aussi.

Et si vous voulez pousser l’expérience gravel au maximum, vous pouvez toujours vous inspirer du petit video ci-bas. Le Forest Gump du gravel, c’est lui!

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  1. noirvélo

    Bon , eh bien moi j’ai beaucoup aimé la petite vidéo du chevelu , son amour inconditionnel et incommensurable du vélo , sa philosophie de vie, les paysages , les étoiles … Juste la fin qui me fâche un peu , « SPE » qui veut donner une crédibilité je dirais « matérialiste » au clip … mais ce n’est pas grave , le clip est très bon .
    Pour la GBC , ça me laisse assez froid, les performances qui entament tes capacités cyclistes en t’attaquant aux genoux par la « racine »… très peu pour moi … Plutôt rouler 500 bornes en 5 fois qu’en une ! « qui veut voyager loin doit ménager sa monture » , proverbe toujours d’actualité ! mais chacun son truc, je respecte , le mien s’appelle « plaisir » pas « exploit » .
    Pour l’anecdote , mes « potes du dimanche matin » (mais sans moi!)devaient rouler 400 bornes en 2j … Le meneur de la bande s’est fait mal au genou en jouant avec ses petits enfants et en tapant une fois dans une balle deux jours avant … WE annulé !
    Comme quoi ! Aimez le vélo , soignez vous bien et restez philosophes en priorité , une bonne santé , on en a qu’une !

  2. plasthmatic

    Hé Laurent mon copain, grâce à la générosité de Bruno dans ses réponses, je découvre que vous ne causez pas deux langues chez toi, mais trois ! L’anglais je savais, le français je savais, mais ce drôle de truc qui ressemble à du français sans rien avoir, au final, de commun avec la langue des Fourberies et de notre Tartufe national, c’est qui qui l’a inventée ?

    Confronté au chinois, ou au russe, je suis fixé d’avance, en totale confiance sémantique pourrais-je dire : je ne pige rien, et rien de plus normal.
    Mais avec votre truc en revanche, j’ai l’impression, encore après relecture, d’avoir attaqué totalement détendu les marches d’un escalier autant escalier que tous les escaliers, et une fois engagé dans l’ascension, de découvrir à mes dépens qu’une âme espiègle les avait savonnées et pas qu’un peu, ou bien qu’ils se mélangent. C’est très déstabilisant !

    Comment appelle-t-on cet idiome ? Le québecquois ? Je dirais plutôt le canada dry (linguistique) des publicités de mon enfance.

    J’inclinais déjà à vous tenir pour des génies, vous les méridionaux d’outre-atlantique, mais à ce point : comment vous faites pour vous comprendre ?
    Des putains de génies que vous êtes, je vois que ça.

    Changez rien pour moi les gars, et si Bruno me lit, qu’il me lise à l’endroit : MERCI, et accessoirement bravo.
    Surtout peut-être pour nous avoir causé vélo sans causer purement vélo.

  3. plasthmatic

    qu’elles se mélangent

  4. @plasthmatic,
    C’était voulu, question de mixer les genres. 48% du lectorat de LFR en France, environ 45% au Québec, s’agit de varier justement pour garder ce petit côté sympathique, à cheval sur deux cultures, deux approches, deux langues (même si c’est la même!). Content que ca t’ait plu!

  5. DAVID MALTAIS

    Salut Laurent,

    J’ai suivi la course et ferai un petit vidéo justement avec en toile de fond cet esprit semblable aux premières années du Tour de France. Des images modernes qui semblent venir d’une autre époque. À suivre!

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