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Entrevue avec Hugo Houle

Après quelques jours d’absence dus à ma participation au Green Mountain Stage Race, une excellente course très bien organisée, La Flamme Rouge revient au service normal.

Les deux prochaines semaines seront particulièrement intéressantes sur la scène du cyclisme au Québec avec les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal vendredi et dimanche prochain, le Critérium national samedi entre ces deux épreuves, ainsi que la Classique des Appalaches le samedi 17 septembre prochain.

La Flamme Rouge commence sa couverture de ces deux semaines palpitantes par une entrevue avec Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), qui sera non seulement sur les Grands Prix cyclistes bien sûr – avec certaines ambitions – mais aussi sur la Classique des Appalaches dans 10 jours. J’ai rejoint Hugo ce matin, alors qu’il préparait son départ pour Québec.

La Flamme Rouge : bienvenue Hugo sur La Flamme Rouge !

Hugo Houle : merci Laurent, ca me fait plaisir.

LFR : Tu seras dans 10 jours sur la Classique des Appalaches, comment décrirais-tu son parcours toi qui connaît les plus grandes courses cyclistes du calendrier ?

HH : C’est sûr que c’est un parcours très difficile de par son dénivelé, et ca commence tôt dans la course. C’est le genre de parcours qui enchaine des montées courtes, raides, et donc un parcours qui rentre dans les jambes tranquillement mais surement. Tu peux te retrouver à mi-parcours avec des crampes et faut pas te demander pourquoi ! C’est très usant, en plus avec les sections en terre battue, qui ajoute un petit côté technique. Les sections en terre battue sont cependant très belles, tapées, pour les sections que j’ai pu faire la semaine dernière à l’entrainement. Ca roulait super-bien.

LFR : As-tu des conseils à donner aux participants pour bien se préparer en vue de la Classique des Appalaches ?

HH : C’est sûr qu’il faut avoir fait des parcours difficiles à l’entrainement dans les semaines et les mois précédents, afin que notre corps s’adapte à ce genre de dénivelé. Il faut également bien s’alimenter durant la course, afin d’éviter la fringale. Je recommande de manger des petites bouchées de solide, style une demie barre énergétique, à toutes les 30 minutes et ce, dès le début de la course. Ainsi, ton corps commence tout de suite à utiliser ce que tu lui donnes, et ca facilite la digestion. Faut surtout pas s’enflammer avec l’événement dans les deux premières heures, et vraiment penser à manger dès le départ car c’est au moins 4h de vélo, sinon plus. Si tu commences à manger après 2h de vélo, ca sera trop tard.

LFR : Et quels sont tes objectifs sur cette Classique ? Succéder à Mike Woods au palmarès?

HH : Pas d’objectifs particuliers autre que de m’amuser sur le parcours, découvrir ca en compétition, car si ce sont mes secteurs d’entrainement, faire ce parcours en compétition ne sera pas pareil. C’est vraiment un beau parcours que j’utilise souvent pour préparer mes objectifs, car il comporte de très belles montées, difficiles. Le Mont Arthabaska dans le final par exemple, c’est pour moi un quatre minutes complètement à bloc. Ca fait de très bons entrainements. Je cours donc « à la maison » et je serai compétitif, donc le but c’est vraiment de prendre du plaisir. Et puis, je serai aussi là aussi pour les à-côtés après la course, notamment en haut du Mont Arthabaska avec la poutine, pour rendre ca festif et conclure ce bloc de ma saison en beauté.

LFR : Côté opposition, est-ce que tu sais si Antoine Duchesne, ton co-loc en France, sera au départ ainsi que Mike Woods ?

HH : Antoine ne sera pas de la partie, Mike Woods a eu de récents changements de programme donc je ne suis pas sûr du tout de sa présence. Il ne faut jamais sous-estimer les autres coureurs non plus, on a toujours des surprises et sur un tel parcours, personne n’est à l’abri de fringales, de crampes, donc ca peut vite tourner moins bien !

LFR : As-tu d’autres objectifs de fin de saison avec ton équipe AG2R – La Mondiale ?

HH : Oui, l’équipe me garde occupée. Québec et Montréal sont mes deux gros objectifs à court terme, c’est ce qui m’a permis de garder le focus sur garder un excellent niveau de forme. Ensuite, je quitte dès le soir de la Classique des Appalaches pour rejoindre l’ENECO Tour en Europe, puis ce sera les Mondiaux. Il me reste donc encore un bon mois de compétition devant moi, avec un focus particulier sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal ce week-end.

LFR : Québec doit d’ailleurs mieux te convenir ?

HH : Oui, je trouve la bosse à Montréal un peu longue dans les derniers tours, sur 4 minutes. Dans ce genre de bosse, c’est un peu plus les bons grimpeurs qui peuvent se démarquer. Mais bon, ma condition est bonne en ce moment, on verra bien.

LFR : Tu joueras ta carte personnelle sur ces épreuves, ou l’équipe aura d’autres leaders désignés ?

HH : Il est probable qu’on joue la carte de Romain Bardet à Montréal, il a déjà annoncé la couleur à ce que j’ai pu lire. Alexis Vuillermoz est aussi très bien en ce moment, donc l’équipe a plusieurs belles cartes à jouer et il faudra voir sur place qui veut prendre le leadership. Après, ce sont surtout les jambes qui parlent sur ce genre de parcours ! J’espère définitivement que je ne serai pas le premier à faire le travail sur ces courses, d’ordinaire on me donne beaucoup de liberté puisque je cours à la maison.

LFR : Tu n’étais pas au récent Tour de l’Alberta ?

HH : Oui, après les Jeux Olympiques de Rio je suis allé courir à Hambourg puis le Tour de Poitou-Charente, alors je préférais me reposer à la maison ces derniers jours, surtout compte tenu du fait que je repars à l’ENECO Tour bientôt. Le Tour de l’Alberta aurait été trop de compétition. Dommage, le Tour de l’Alberta est une super-belle course.

LFR : Retour sur ta saison : selon toi, ta plus belle performance de la saison ?

HH : Bonne question ! J’ai beaucoup aimé ma prestation au Giro dans la dernière semaine, qui m’a convaincu de ma progression par rapport à l’an dernier. J’avais également un bon niveau au Tour de Beauce en sortant du Giro. Et puis, il y a le chrono des Jeux Olympiques, une satisfaction personnelle puisque j’y ai atteint un nouveau record personnel de performance. J’ai pas un seul fait d’arme qui me vient en tête cette saison, je suis plutôt content de ma constance et de ma progression par rapport à la saison précédente, je suis plus efficace lors des courses WorldTour et je sens que je peux y jouer un rôle plus important qu’avant pour l’équipe.

LFR : Parlons du Tour de Beauce, où tu termines 2e du général derrière Gregory Daniel, à 22 petites secondes. Ca s’est joué sur les bonifications, non ?

HH : Oui, les bonifications ont été importantes en effet. Daniel a pris du temps dès le premier jour, j’ai comblé une partie du retard sur le Mont Mégantic, mais j’ai aussi fait une petite erreur lors de la 4e étape l’avant dernier jour, en pensant que l’arrivée était située au sommet de la bosse alors qu’elle était au milieu de la bosse. Quand j’ai vu les gars embrayer, je me suis dit qu’ils ne pourraient pas monter ainsi jusqu’en haut, donc j’ai temporisé un peu, mais l’arrivée était plus proche que je ne le croyais. L’équipe de Daniel (Axeon Hagens Berman) a également très bien couru en Beauce, je ne pouvais pas faire grand chose et je n’ai jamais pu le sortir de ma roue dans les montées sur les dernières étapes. Comme m’a dit Svein Tuft, « ca m’a pris trois fois avant que ce soit la bonne », donc espérons que la prochaine fois sera la bonne !

LFR : Revenons brièvement sur le chrono des Canadiens disputé dans le Parc de la Gatineau, près de chez moi. J’ai entendu que tu y avais poussé plus de 400 watts pendant 50 minutes sur ce chrono, une performance qui t’a valu la 4e place. Ton analyse ?

HH : L’analyse est assez simple, les autres étaient plus forts que moi ! J’ai été surpris cependant, car l’an dernier je gagne l’épreuve avec 375 watts de moyenne en étant deux kilos plus lourd. Je pensais avoir fait un bon chrono dans le Parc de la Gatineau mais ce n’était pas assez. J’ai donné tout ce que j’avais, les autres ont progressé, et j’ai été impressionné par la performance de Ryan Roth et Alex Cataford. Rien à dire, chapeau à eux deux ! C’était mérité pour Ryan, il court depuis longtemps, c’est une belle victoire pour lui et j’en étais content. Je vais toutefois continuer à travailler fort et je me reprendrai l’an prochain.

LFR : La connaissance du parcours a pu être un avantage ?

HH : Possible oui, notamment pour Alex Cataford.

LFR : Parlons du Tour de France. Déçu de ne pas y avoir participé cette saison ?

HH : Non, pas du tout car il n’était pas à mon programme cette année, j’étais plutôt prévu au Giro et j’avais aussi fixé l’objectif des Jeux Olympiques de Rio. Je n’ai jamais revendiqué de participer au Tour cette saison, et c’est aussi un gros objectif pour l’équipe AG2R – La Mondiale qui y déploie une grosse équipe. Romain termine 2e cette année, on a beaucoup de profondeur chez nous sur les grands tours, donc une place sur l’équipe du Tour n’est pas facile à obtenir. L’an prochain on verra, j’ai l’intention de signaler à l’équipe mon intérêt pour le Tour et après, c’est à moi de prouver que j’ai ma place sur l’équipe qui y sera envoyée.

LFR : Parlons justement de la saison prochaine. Tu es toujours sous contrat avec AG2R – La Mondiale ?

HH : Exact oui, j’avais signé pour deux ans donc il me reste un an à mon contrat. Ca va bien, je me suis très bien intégré au sein de l’équipe, un point important. L’environnement me convient bien, je progresse chaque saison, donc j’espère que le meilleur reste à venir dans mon cas. Ca me garde en tout cas très motivé pour la suite, notamment pour faire l’équipe du Tour un jour prochain.

LFR : As-tu déjà réfléchis à tes objectifs pour la prochaine saison ?

HH : Un des objectifs sera très certainement de continuer d’hausser mon niveau sur les grands tours, pour devenir un équipier important dans l’équipe sur ce genre d’épreuve. J’ai vu au Giro que je récupérais bien des efforts, donc je peux être efficace en 2e et 3e semaine d’un grand tour. Les Classiques on verra, pas sûr que c’est sur ces épreuves que j’irai chercher les meilleurs résultats. J’aimerais aussi focusser sur les petites courses par étape qui comportent des chronos, comme par exemple le Tour Med, le Tour de Pologne, le Tour de Poitou-Charente, ceci afin d’y être vraiment compétitif et jouer le top-10.

LFR : Merci Hugo, bonne chance sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, et sur la Classique des Appalaches après !

HH : Au plaisir de t’y rencontrer Laurent, à bientôt tout le monde !

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  1. Le Pitre

    Inutile d’acheter des magazines, on y trouve rarement des entrevues aussi bien menées!

  2. jeff

    Excellente entrevue. Beaucoup de profondeur. Belle générosité aussi d’Hugo.

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