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De l’usage thérapeuthique…

« Il faut absolument lire l’interview publiée aujourd’hui par le journal français Le Monde avec Pierre Bordry »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-811030@51-789918,0.html, président du « Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) »:http://www.cpld.fr/. Bordry parle de l’usage, très répandu dans le peloton cycliste professionnel européen, des « autorisations à usage thérapeuthiques » (AUT), ces documents émis par l’UCI (lisez bien, par l’UCI…) et qui autorise un coureur à faire usage d’un produit qui autrement serait interdit car dopant.

Selon Bordry, 60% (soit environ 60 coureurs) des 105 coureurs contrôlés sur le dernier Tour de France présentaient une AUT leur permettant d’éviter le contrôle positif le cas échéant. Et ce fut le cas échéant pour 13 coureurs dont un seul – Floyd Landis – ne présentait pas d’AUT valable pour le produit trouvé (la testostérone exogène) dans les tests d’urine. Les 12 autres, dont un coureur luxembourgeois (assurément Franck Schleck, vainqueur à l’Alpe d’Huez et donc testé…), avaient en leur possession une AUT leur permettant d’éviter le contrôle positif officiel malgré la substance dopante retrouvé dans leurs urines.

Comme l’affirme Bordry, il est en effet « _assez troublant_ » qu’un nombre si important de coureurs professionnels – en théorie pétant de santé – doivent avoir recours à des médicaments pour se soigner. On ne peut être davantage d’accord avec Brodry lorsqu’il affirme qu’ « _Il est tout à fait justifié que des AUT soient délivrées dans des sports où, par exemple, les pratiquants sont plus âgés comme le golf ou le tir à l’arc, ou quand elles sont destinées à des personnes qui ont des problèmes cardiaques. En revanche, 60 % de justifications thérapeutiques sur le Tour suscite des doutes sérieux et laisse à penser qu’elles peuvent cacher des pratiques dopantes_ ».

La majorité des AUT concerne évidemment les béta-2 agonistes qui dilatent les bronches et permettent un meilleur passage de l’oxygène respiré, ainsi que les corticoides et dérivés de cortisone. EPO, hormones de croissance, testostérone, béta-2 agonistes, on retrouve toujours le même cocktail prisé des cyclistes et qui leur permet les performances actuelles, c’est-à-dire d’escalader des cols à près de 500 watts de puissance après 200 bornes.

Brodry conclut par une analyse qui nous apparaît très juste de la situation actuelle : « _On peut effectivement se demander, de façon plus globale, si les contrôles sont bien adaptés aux pratiques dopantes. On parle de plus en plus de dopage, il y a de plus en plus d’affaires et, paradoxalement, les contrôles positifs sont en régression constante (27 % en 2003, 25 % en 2004, 15 % en 2005 et 9 % en 2006) alors même que le nombre de contrôles pratiqués n’a jamais cessé d’augmenter_ ».

On vous rappelle qu’il faut ajouter aux AUT les produits dits « licites » utilisés par les équipes cyclistes et qui font l’objet d’une déclaration obligatoire. L’US Postal en fut la championne durant le début des années 2000. Comme le rapporte Ballester et Walsh dans L.A. Confidentiel, l’US Postal a soumis une liste d’autorisation d’importation comportant au total 119 produits, soit 790 boîtes de médicaments, juste pour le Tour 2001. Il s’agit de plus de 8000 comprimés de toutes sortes, représentant une prise journalière par coureur d’au minimum 13 comprimés…

On termine par cette question grave : l’UCI, responsable de délivrer les AUT, est-elle complice du dopage dans le cyclisme professionnel par ses largesses dans la distribution d’AUT ? Comment se fait-il qu’un organisme qui est responsable de gérer – et donc de tout connaître du sport – le cyclisme ne se soit pas posé davantage de questions en constatant que selon un rapide bilan des AUT délivrées, une majorité de coureurs cyclistes étaient en fait de grands malades?

Vive Verbruggen!

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2 Commentaires

  1. Les méthodes pour obtenir ces AUT circulent autant que les produits eux-mêmes. Je pense que c’est Gaumont qui racontait qu’une pratique courante pour se faire prescrire du Kenacort était de se passer les testicules au gros sel avant la visite chez le médecin qui n’avait plus qu’à prescrire l’anti-inflammatoire dont le nom lui était subtilement glissé à l’oreille…miam.

  2. Etienne C

    Aucun rapport, mais si ca vous dit, il y a une course à Whiteface Mountain le 17 septembre (150km de mtl). C’est ouvert à tous, 13km à 8% sur une route pavé qui monte au sommet. 60$

    http://www.bikereg.com/events/register.asp?eventid=3639

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