Tous les jours, la passion du cyclisme

 

De la défaillance du cycliste…

Le corps humain est vraiment fascinant: capable de performances sportives extraordinaires comme capable du pire. Et pour moi ce week-end, ce fut le pire, pour une rare fois dans ma carrière de cycliste.

Je participais, en guise de préparation à ma prochaine Marmotte, au Rideau Lakes Cycling Tour, une épreuve cyclo organisée chaque année par le Ottawa Bicycle Club et qui consiste à se rendre d’Ottawa à Kingston (180 bornes) le samedi, et d’en revenir le dimanche. Une belle cyclo, bien organisée et attirant chaque année plus de 2000 cyclistes de tous âges.

Samedi matin, ca s’annonçait déjà coton: chaleur accablante (32 degrés), soleil de plomb, vent de face soutenu. Comble de malchance, après avoir tergiversé toute la semaine à savoir laquelle de ma paire de roues Bora ou Shamal Ultra j’allais utiliser, je crève en me rendant au départ avec ma Bora (boyau) arrière. Le boyau étant solidement collé, impossible de procéder au remplacement. Un rapide appel à la maison et Madame La Flamme Rouge dépannait son coureur en lui apportant sa paire de Shamal Ultra, version pneu. Merci.

Sur les 150 premiers kms, aucun problème malgré la chaleur et le vent. La quinzaine de coureurs des Rouleurs de l’Outaouais en ont vu d’autres. L’échelon fonctionnait bien, les relais étaient rapides en tête, tout le monde passait bien, la vitesse moyenne était de 36-37-38 km/h, malgré le vent violent soufflant de face. Je croyais également bien m’hydrater et m’alimenter, n’en étant pas à mes premières armes sur de telles distances.

Et puis ce fut le mur. Km 150, final baton. Terminé. Rideau. En l’espace de 10 bornes, j’ai reçu la visite de l’homme au marteau. Plus d’énergie. Panne sèche. Rapidement décroché de mon groupe, me voilà coureur en perdition, isolé des autres, seul face au vent. Maintenir une vitesse de 25 km/h m’était très difficile. Il restait 30 bornes à couvrir. Tout mon corps me faisait mal: la tête, le cou, les épaules, le dos, les cuisses, les mollets. Victime également de crampes dans les cuisses, les quelques bosses restantes ont représenté des Everests. L’enfer. J’ai fini à l’agonie en devant m’arrêter tous les 5 kms pour me coucher dans l’herbe et récupérer un peu.

Ma dernière grosse défaillance de la sorte remonte à 1998 et l’épreuve alors appelée La Galibier où, accompagnant les meilleurs jusque dans l’Izoard, j’avais explosé du groupe de tête dans la remontée du Lautaret, vent de face depuis Briançon, et avait dû m’arrêter au sommet du col pour prendre une grosse demi-heure de repos, livide. La voiture étant stationnée à Valloire et étant seul sur l’épreuve, je n’avais eu d’autres choix que de remonter en selle pour en finir avec le Galibier et basculer dans la descente semi-conscient. Une belle journée de galère que ce samedi m’a rappelé.

Je n’ai évidemment pas pris part au retour aujourd’hui dimanche, ayant déjà convenu de rentrer samedi en voiture avec Madame. Chapeau à tous les participants qui sont rentrés à vélo aujourd’hui, la chaleur étant également très lourde, bien que le vent était alors de dos.

À moins d’un mois de la Marmotte, cette grosse défaillance n’est pas pour me rassurer en vue de l’épreuve ultime. Ceci étant, elle est à mettre sur le compte d’une sévère déshydratation due à ma préparation lacunaire dans la semaine précédent la cyclo. Très occupé et stressé au travail, je n’ai tout simplement pas assez bu durant la semaine et j’ai abordé l’épreuve samedi déjà en déficit hydrique. Malgré les bidons bus régulièrement, cela n’a pas suffit à combler le déficit du départ.

Le corps humain est vraiment fascinant. L’espace de deux heures samedi, j’ai été réduit par ce dernier à une loque humaine que des personnes de 60 ans n’avaient pas de mal à laisser sur place. Seule consolation: valait mieux que ca arrive samedi que dans 4 semaines, alors que je m’attaquerai à plus difficile…

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10 Commentaires

  1. Pierre Dumais

    Cher Laurent

    Je compatis avec toi. Cela m’est arrivé à quelques reprises.

    L’écrivain allemand Neutzche a écrit quelque chose comme «Ce qui ne tue pas, nous rend plus fort»

    Bon repos et une bonne bière fraîche est excellente durant les canicules.

    Pierre Dumais

  2. alain39

    A l’heure où tu recevras ce post tu devrais aller mieux.

    Boire, boire voilà la mission des prochains jours et surtout remonter au plus vite sur le vélo pour tourner les jambes sur 30 km histoire d’éliminer les lactates.
    tourner les jambes à 85 rpm et plus est très bon car cela assouplit les muscles qui se sont raidis lors de la défaillance.
    Une grosse sortie mercredi est à prévoir.

    Outre le pb d’hydratation je me demande si tu n’as pas aussi un peu sous estimé l’apport en nourriture. Car le vent de face outre déshydrater te fait consommer plus de calories et donc il faut bien remplir la chaudière.
    il y a certainement des 2 mon capitaine.

    Bon courage.

  3. plasthmatic

    En sport, les gros « râtés » appellent souvent de belles réussites. On est « plus concentré », plus « humble » avec soi-même, etc … Il n’y a qu’à souhaiter que la règle s’applique.
    Parfois une belle surcompensation suit les grosses défaillances … à la condition de récupérer ce qu’il faut, parce que d’après ce que tu décris, tu es allé très loin, donc tu as certainement pioché profond dans les réserves. Quatre semaines, c’est largement. Alors permets-moi de ne pas être inquiet pour ta Marmotte …

  4. Z boy

    Laurent, si Landis peut remonter et pousser après une défaillance, tout le monde le peut, mais avec des hydrates et un peu plus de temps !! ::))))

  5. toutouille26

    oui!! la méthode de landis est la meilleure: 2 bières, un whisky refont la testo et après vroum vroum

  6. f grieco

    chouette enfin j’ai une chance de battre Laurent sur la marmotte. je t’attendrai avec une biere sur la ligne mon coco
    garde le moral c’est l’essentiel

  7. zerti

    le Journal flammand L’Het Laatste Nieuws a annoncé que TOm Boonen a été controlé positif à la cocaïne avant le tour de Belgique. Cela aurait été confirmé par la fédération flammande .

  8. Sébastien B

    Aie aie aie, cette nouvelle sur Boonen ne va pas arranger l’image du cyclisme. Et puis, ca va créer du travail à la flamme rouge puisqu’il va falloir retirer tous les points qu’il a remporté depuis le début de la saison !

  9. Erwan

    La bombe annoncée depuis quelques temps explose!!!
    http://www.lequipe.fr/Cyclisme/breves2008/20080610_092724_boonen-positif-a-la-cocaine_Dev.html

    Mais la cocaine apporte-elle vraiment un plus pour cycliste ou est-elle utilisée pour masquer autre chose?

    Ou alors comme l’affirme des gens comme E.Menthéour on en consomme parce que le fait de ce doper provoque à long terme un comportement de toxicomane…

    Peu importe cela est bien triste d’abord pour T.Boonen et ensuite pour le cyclisme.

  10. Etienne

    Vous parliez de couverture de la coupe du monde féminine déficiente la semaine passé.. Personne ne parle du « PEI tour », la québécoise Johanne Cyr a terminé 5eme hier au CLM du pont de la confédération et se trouve en bonne position au général!

    Go Johanne!

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