Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Comprendre les réseaux…

Il est toujours difficile, pour nous observateurs du cyclisme professionnel, de comprendre l’ampleur du dopage et surtout comment il s’organise au plus haut niveau du sport. Les informations filtrant de l’Affaire Puerto permettent cependant d’avoir une vague idée de ces réseaux de dopage. Nos connaissances du dopage et notre imagination aidant, voici, point par point, ce que à quoi ressemble probablement la réalité. 1 – Le dopage sanguin dans les sports d’endurance en Europe – cyclisme, ski de fond, certaines épreuves d’athlétisme, triathlon par exemple – est probablement le fait d’une poignée de médecins qui ont les compétences pour élaborer ces programmes sophistiqués de dopage. Le pionnier à cet égard est certainement l’Italien Conconi qui a fait ses premiers tests de dosage avec Francesco Moser lors de son record de l’heure en 1984 (rappelons que Moser était alors vieillisant, les défis étaient grands!). On sait que l’Italien "Ferrari":http://fr.wikipedia.org/wiki/Michele_Ferrari, dont la réputation a pris un essor considérable suite à son passage chez Gewiss en 1994, de même que l’Espagnol Padilla, médecin d’Indurain durant toute sa carrière, sont des disciples de ce premier gourou. On apprend aujourd’hui que le Dr. Fuentes entretenait des liens étroits avec la Toscane de Conconi et Ferrari, de ce fait berceau du dopage sanguin dans le cyclisme. Dans ce contexte, il est probable que l’UCI connaisse relativement bien les médecins faisant partie de ces réseaux. Pourquoi ne pas les surveiller étroitement? Pourquoi, à chaque fois qu’un cas de dopage survient, ne pas sanctionner non seulement le coureur mais aussi ses médecins, soigneurs et directeurs sportifs? 2 – Il existe probablement des haut-lieux du dopage en Europe. La Toscane en est certainement un des plus importants, nombre de coureurs cyclistes professionnels choisissant de s’y installer en évoquant le plus souvent le climat particulièrement approprié à la pratique du cyclisme. La proximité de plusieurs médecins est probablement une autre excellente raison. La Belgique est probablement un autre lieu mythique du dopage, pour preuve le pot belge y ayant été créé. Nombre de "soigneurs" du peloton pro sont belges et les réseaux de passeurs de produits interdits y sont probablement bien implantés. L’Espagne est enfin la 3e destination privilégiée selon toute vraissemblance. L’absence, durant des années, de lois pour contrôler le traffic de substances dopantes, a certainement contribué à cela. De nombreux coureurs pros ont également choisi, depuis une dizaine d’années, de s’établir en Espagne, dont nombre de coureurs nord-américains (du côté de Gérone). Enfin, beaucoup de scandales de dopage sont venus d’Espagne ces dernières années (affaire Heras, affaire Aitor Gonzales, affaire Peres, affaire Sevilla, affaire Guttierez, etc.). La Suisse pourrait enfin être la pharmacie du peloton européen puisqu’on y trouve en vente libre de nombreux produits interdits. Les témoignages d’approvisionnement en Suisse n’ont pas manqué au cours des dernières années! D’autres pays sont probablement un peu moins l’eldorado pour ceux qui veulent se doper: la France, qui a resseré ses contrôles, ainsi que l’Allemagne. Quant aux Pays-Bas, on ne sait pas. 3 – On fonctionne probablement de plus en plus par noms de code dans des appartements anonymes, simplement loués par des tierces personnes. Évidemment, les médecins sont probablement les hommes clef de ces structures mais il est probable qu’ils utilisent dorénavant des facades pour opérer, ceci afin de mieux rester dans l’ombre. 4 – Les directeurs sportifs des équipes connaissent-ils ces réseaux? Bien sûr que oui, un grand nombre ayant eux-mêmes été coureurs cyclistes pro voire membres de ces réseaux. Riis a longtemps couru en Italie (chez Ariostea) et Bruyneel à la Once de Manolo Saiz en Espagne, pour ne nommer que ceux là. Nous sommes convaincus qu’ils ferment les yeux sur bien des pratiques, trop conscients que pour réussir à ce niveau, le dopage est souvent la condition sine qua non. Et que sans résultats, plus d’équipe non plus…

Partager

Précédent

Procès Landis: on croit rêver! – Affaire Valverde

Suivant

Le dernier des Mohicans

8 Commentaires

  1. Dan

    Il ne faudrait tout de même pas croire ou laisser croire que les autres continents sont épargnés par le dopage.

    Accuser le peloton européens c’est facile, mais ne nous cachons pas la vérité, le fléau du dopage existe partout même en Amérique du nord.
    Les histoire Hamilton, Armstrong, Landis le prouvent.
    Les réseaux, tous européens?? Certains corticoides et “stimulants” interdits en Europe sont en vente libre au Canada et aux EU laissant le dopage par voix orale assez facile d’accès au coureurs du continent Nord-Américain.

    Oui mais l’EPO est une exclusivité du vieux continent et nos gentils cousins du Québec sont irréprochables!!

    Ah bon? L’affaire Ian Thorpe (Nageur, Australien) et Geneviève Jeanson (Cycliste, Canada) sont bien les preuves du contraire.

    Alors contre le dopage et les tricheurs de tous poils il ne faut pas stigmatiser les uns et implicitement dédouaner les autres.

  2. alain39

    D’accord avec Dan, merci de ne pas oublier le continent americain.
    Les US est le pays qui a le meilleur ratio nb coureurs/coureurs dans le top 50.
    Le cas Landis est la pour nous rappeler que les amerlocs qui dominent le tdf depuis 8 ans (excusez du peu et c’est du jamais vu) sont les plus beaux exemples de dopages.
    Donc des reseaux oui mais pas uniquement en europe.
    Enfin pas sur que l’espagne soit pas la 1er destination priviliegiee en matiere de dopage. La liste Puerto semble concerner plus de 100 coureurs soit presque 1/4 du peloton professionnel. Pas mal et ca juste avec un docteur, le cas Padilla n’est pas encore a l’ordre du jour.
    Les reseaux sont bien organises et ne peuvent etre inconnus des instances.
    Le dopage scientifique s’accompagne d’un protocole lourd et de l’achat de medicaments specifiques.
    Ceci ne peut passer incognito.
    En velo aussi on pourrait utiliser le fameux “tous pourris”.
    Bel article de Laurent qui a le merite de rappeler des evidences bien souvent oubliees.
    Il est bon par moments de retourner sur les fondamentaux.

  3. didier girsch

    je trouve le “tous pourris” tres excessif et demago,ceci ne vise nullement le post d’alain,tres realiste.

    ils,c’est a dire le milieu cycliste ,fonctionne comme ça depuis toujours,petites ou grosses combines,c’est un business.

    je vais prendre un exemple tres eloigné du sport: les armes ; en europe ,canada et asie,leur detention et evidemment usage est tres encadré,aux etats unis c’est tout autre chose;lorsqu un europeen essaye d’expliquer a un americain us que cela parait incroyable,avec bien sur toutes les bonnes raisons du monde,generalement il y a incomprehension totale.

    le meme debat a existe sur l usage du tabac en lieu collectif ou l’alcool au volant.il a fallu 30 a 50 ans et ce n est pas gagne pour que les mentalités evoluent ainsi que les comportements:lorsqu’en 1980,je demandais ,en milieu hospitalier,qu une reunion se deroule sans fumer,je passais pour un caracteriel intolerant et liberticide.

    je crois que le milieu velo considere que c’est tellement dur qu’il est indispensable de se charger,pour tenir le coup,pour rester ds les roues si l on est un peu moins fort,pour gagner si on fait partie des tous meilleurs.

    aujourd’hui ,on leur demande d’etre clair et a l eau,ils ne l ont jamais ete.

    les reseaux que decrit laurent sont connus et evidemment tolerés,je m etonne meme que ce soit une surprise,chaque pays y joue son role,porte d’entrée et redistribution pour la belgique ou les pays bas, ils ne sont pas les portes d’entrees des conteneurs made in china par hasard,ils savent faire;,chimistes en suisse,tolerance et sejour de preparation en italie ou espagne;tout le monde sait ou aller et quand,comme cela a ete ecrit,ce qui fait la difference, c’est le cout et la reaction individuelle au traitement,celui qui part de bas (45%) gagne plus qu un autre a 48%,surtout avec un plafond d’hematocrite a 50

  4. patrick B

    Les gars, n’oubliez pas de poser aussi la question du lieu de préparation actuel de Vinokourov, Klöden et Kashechkin.

  5. alain39

    Merci Patrick pour cette precision.
    N’oublions pas Vino et les Astana meme si depuis le mois de mars ils se font un peu oublier.
    C’est d’ailleurs un fait remarquable de voir que depuis l’affaire Basso les Astana et DSC se font moins presents.
    D’ailleurs la prepa de vino semble tout a fait dans le moule de celles de ses brillants collegues dopes, a savoir peu de courses et des soit disant reconnaissances.
    Tres discret le vino,
    alors que normalement un coureur de plus de 30 ans a besoin de courir plus car il accepte moins les changements de rythmes.
    Non suis je bete ce n’est plus vrai depuis les annees 90, ou rien ne vaut les preparations specifiques.
    elle est loin l’epoque ou mon entraineur disait que rien ne vaut la competition.
    Mon palmares en atteste, j’ai suivi les mauvais conseils j’aurai du suivre ces preparations pseudo scientifiques et des la 1er course eclater tout le monde. Au lieu de cela je me dispersais a courir.

  6. Daniel Simard

    Y a maintenant Greg Lemond qui se mele du cas Landis. Floyd songe peut-etre a l’inviter a aller a la chasse en Californie !!

  7. alain39

    Ouah.
    La bombe a explose en californie.
    Le pere Lemond vient tout bonnement de trucider Landis.
    Une execution d’une balle en pleine tete, un vrai travail de sniper.
    Que voulez vous Lemond est un chasseur avant tout alors quand un gros gibier passe en vue il degomme.
    Il a garde le coup de main le bougre.
    Blague a part c’est une bombe dans la maison Landis.
    Qui plus est, si les accusations de menaces se confirment le menonite n’a plus qu’a aller se confesser et prestemment.
    Mon dieu ca va etre long car il a commis beaucoup de peches, entre l’orgueil, la vanite, la gourmandise, la cupidite, le mensonge, le vol, le chantage. Je ne voudrais pas m’avancer pour la sanction du tribunal mais devant son createur le bon Floyd va prendre cher. Il va reciter un sacre nombre de “notre pere” et autres prieres pour laver son ame impure.
    Interessant de voir que Lemond a clairement refuse de parler de Lance et ce sous la recommendation de ses avocats.
    L’eteau se resserre sur les truands americains.
    Je sais pas vous mais moi je vais me prendre une bonne biere pour feter ca.
    Ca doit etre cela la soif de verite.

  8. Patrick B

    Non, le ménonite n’a pas plus de devoirs de droiture que les autres vis-à-vis de la société. Il s’en donne peut-être vis-à-vis de lui-même, mais ça ne regarde que lui!
    Je suis athée, et j’ai la chance de vivre dans un pays où je peux encore le dire sans risque, au nom des mêmes valeurs que celles qui permettent à un ménonite de ne pas se voir attaquer par des arguments sur ses croyances (qui plus est inculquées de naissance).
    Floyd Landis se verra enlever sa victoire du Tour et ne courra plus, voilà tout simplement la sanction (sportive) adaptée à sa faute (sportive). Au sens propre par extension, c’est un truand, au sens couramment usité, ce n’en est pas un.

L’auteur de ce blog encourage tous les lecteurs à laisser un commentaire en réaction à l’article du jour, cela contribue à enrichir le propos. Vous pouvez contribuer à la qualité de ce site en utilisant un langage décent, poli et respectueux d’autrui, et en étant pertinent et concis envers le sujet traité. L’auteur peut modérer les commentaires, et se réserve le droit de censurer sans avertissement les commentaires considérés hors sujet, diffamatoires, irrespectueux d’autrui, portant atteinte à l’intégrité d’une personne ou encore haineux.