Un enfer ce dimanche?
Peut-être oui si on regarde le parcours de cette 115e édition de Paris-Roubaix: 257 kms à parcourir tout de même, avec pas moins de 55 kms de pavés, répartis en 29 tronçons. Trois ont reçu un niveau de difficulté de 5 étoiles, soit la Trouée d’Arenberg (2 400m), Mons-en-Pévèle (3 000m) ainsi que le Carrefour de l’Arbre (2 100m) situé à 25 kms de l’arrivée.
Peut-être non si on regarde la météo annoncée: très beau, 20 degrés, peu de vent.
Il est donc probable que cette année, ce soit une course avec une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière. Les équipes bien organisées et cohérentes, comme la Quick Step, pourraient dans ce contexte avoir un avantage non négligeable.
Les favoris
Ils sont plusieurs à pouvoir rêver de s’imposer à Roubaix.
Peter Sagan d’abord, parce que c’est un équilibriste sur le vélo et parce qu’il sera revanchard, ayant perdu le Ronde dimanche dernier en raison d’un incident de course. Si son équipe ne pourra probablement pas l’aider dans le final, il n’a qu’à marquer les quelques autres grands favoris puisque très rapide au sprint.
Greg Van Avermaet ensuite, lui aussi revanchard de son Ronde dimanche dernier. Je pense toutefois que Paris-Roubaix convient moins au coureur belge. Rapide au sprint, il devra se débarrasser de Sagan et Kristoff pour s’imposer au sprint avec d’autres.
Il ne faudra justement pas oublier Alexandre Kristoff ce dimanche, en excellente condition et disposant de toute la puissance requise pour dominer le pavé. Attention à ce coureur qui va très vite au sprint, mais qui est aussi capable de se lancer dans une échappée dans le final. Rappelons également qu’il dispose désormais d’un certain Tony Martin dans son équipe comme équipier de luxe. Martin est probablement aussi capable de gagner Paris-Roubaix au train!
La Quick Step sera évidemment l’équipe à battre dimanche, avec un alignement de coureurs impressionnant: Tom Boonen d’abord, qui prendra sa retraite une fois la ligne franchie, mais aussi Niki Terpsta, Yves Lampaerts et Zdenek Stybar. De quoi se glisser dans des coups durant toute la course, et obliger les autres équipes à faire des efforts. La Quick Step est sur une bonne lancée en ce moment, et la confiance doit être au top!
Est-ce que Tom Boonen est suffisamment en condition pour espérer s’imposer? Je crois que oui, mais il lui faudra aussi de la chance, beaucoup de chance pour déjouer tous les autres favoris.
Enfin, chez Sky, Ian Stannard est un coureur taillé pour cette course, disposant d’une très grande puissance sur le plat. Je pense qu’il pourrait être devant dimanche.
Outre ces grands favoris, on compte plusieurs outsiders.
Olivier Naesen est l’un d’eux. Pris dans l’incident avec Sagan dimanche dernier, je crois qu’il sera un des acteurs dans le final de la course dans quelques jours.
Sonny Colbrelli, en forme depuis le début de saison, semble un coureur taillé pour Paris-Roubaix. Attention à lui si jamais un groupe devait se présenter pour la gagne sur le vélodrome de Roubaix, c’est un malin.
Arnaud Demare côté français devrait être au départ et lui aussi espérera une arrivée au sprint sur le vélodrome de Roubaix. Demare représente probablement les meilleures chances françaises dimanche. Le dernier vainqueur français de Paris-Roubaix est Frédéric Guesdon en 1997, une plombe!
Chez Orica, deux coureurs pourraient bien faire, soit Luke Durbridge ainsi que le vainqueur sortant, Mathew Hayman. Ce dernier a toutefois été discret depuis le début de la saison et je vous avoue ne pas trop savoir ce qu’on peut espérer de lui.
Rajoutons enfin à cette liste d’outsiders deux noms, soit Edvald Boasson Hagen et John Dekengolb qui disposent tous deux d’une équipe à leur service.
Les Canadiens
Ils devraient être deux au départ, deux Québécois: Hugo Houle chez AG2R-La Mondiale ainsi qu’Antoine Duchesne chez Direct Énergie. Les deux seront au service de leur leader, donc avec des consignes d’équipe à respecter. Ryan Anderson est blessé.
À la télé au Québec
Contrairement au Tour des Flandres dimanche dernier, les Québécois pourront suivre la course live! sur RDS2 ce dimanche en matinée. La programmation complète des épreuves de cyclisme sur RDS et RDS2 est disponible ici et si on peut regretter l’absence de grandes courses comme Milan SanRemo, le Giro ou le Tour de Lombardie, on pourra quand même suivre Liège-Bastogne-Liège et les étapes du Tour de France en direct.
Sinon, reste le stream sur Internet!
L’innovation
Certains Pinarello de l’équipe Sky seront équipés ce dimanche d’une petite suspension arrière.
Est-ce réellement une innovation?
Déjà, au début des années 1990, Greg LeMond, à qui on doit dans le cyclisme nombre d’innovations comme les compteurs vélo, les casques rigides, les pédales automatiques ou encore les salaires décents (!), avait testé et utilisé sur Paris-Roubaix des fourches avant de type RockShox.
Greg se serait-il trompé, une suspension arrière étant préférable à une suspension avant? Je pense en effet qu’il est plus utile d’avoir une suspension arrière sur Paris-Roubaix!
Quoi qu’il en soit, d’autres systèmes de contrôle des vibrations ont été testés sur Paris-Roubaix, notamment des cadres au design assez douteux.
Pour la plupart des coureurs, deux guidolines l’une sur l’autre ainsi que des boyaux spéciaux « Roubaix » (souvent des Dugast) seront les deux seules adaptations requises. Et personnellement, j’aimerais mieux un vélo bien rigide qu’avoir à gérer dans le feu de l’action une suspension!