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Alejandro, en mémoire de Michele

C’est tout le petit monde du cyclisme professionnel qui a été secoué par la disparition tragique ce week-end de Michele Scarponi, le sympathique coureur italien qui roulait pour l’équipe Astana.

Scarponi venait de s’imposer sur une étape du Tour des Alpes (l’ancien Tour du Trentin) plus tôt dans la semaine, et préparait son Giro. Il était le père de jumeaux, deux petits garçons qui n’ont probablement pas encore 10 ans.

Moi, ça me fout un cafard…

C’est en ce sens que la victoire d’Alejandro Valverde sur la Doyenne hier m’a redonné le moral, ce dernier ayant promis que s’il s’imposait, tous ses prix iraient à la famille de son ami Michele. À l’arrivée, il a rajouté ceux de la Flèche Wallonne.

Valverde entretenait une amitié avec Scarponi, et le coureur était très ému en évoquant sa mémoire à l’arrivée (voir ci-bas).

Sinon, la course hier a été longue à se décanter, peu de mouvement des favoris survenant avant la côte de la Redoute. C’est surtout dans la côte de St-Nicolas que les choses ont bougé, parfaitement maîtrisées cependant par les Movistar qui auront su jouer leur carte avec brio, plaçant Valverde en position de gagner dans la dernière ascension vers la ligne.

Le reste n’était que formalité, l’aisance avec laquelle Valverde est allé chercher cette victoire laissant tout simplement pantois.

Mention très bien également à Dan Martin, qui a au moins osé défier Valverde dans les derniers hectomètres, à Tim Wellens qui a attaqué dans le final, à Romain Bardet excellent 6e, et au Canadien Mike Woods, excellent 9e d’une telle course. Payez-vous ses données Strava de l’épreuve: impressionnant!!!

Le Tour de France expliqué en 10min

LBL: il faudra partir de loin!

La Doyenne des Classiques – Liège Bastogne Liège – sera disputée ce dimanche, souvent perçue par les coureurs comme étant la course de l’année la plus difficile.

Autre indice de sa difficulté: Eddy Merckx en est le recordman, avec 5 victoires…

C’est dur parce que c’est usant: 258 kms, et une succession, sur les 100 dernières bornes, d’ascensions très difficiles parce que longues et pentues.

C’est pas compliqué, il faut toutes les qualités cyclistes pour rêver s’imposer au terme de cette course: de l’endurance, de la puissance, de la science du placement, une bonne équipe, et des nerfs d’acier.

L’archi favori est évidemment Alejandro Valverde qui a accroché une 5e victoire sur la Flèche Wallonne à son palmarès.

Michal Kwiatkowski est l’autre grand favori, disposant également d’excellents équipiers comme Sergio Henao pour menacer les Movistar de Valverde.

Les Cannondale – Drapac, avec notamment le Canadien Mike Woods 11e sur la Flèche mercredi dernier, les Lotto, les BMC et les Quick Step (Martin, Jungels…) sont les autres équipes qui, normalement, devraient faire la course devant.

Ceci étant, pour battre Valverde, je ne vois qu’une solution: l’isoler en partant de loin. Il faudra que les autres grandes équipes lancent des coureurs en échappée dans le final, obligeant ainsi les Movistar de prendre la chasse à leur compte. Petit à petit, en répétant la formule, ils pourraient isoler Valverde dans le final, et ce dernier ne pourra pas courir après tout le monde.

Si un peloton ou un petit groupe se présente avec Valverde pour la gagne au pied de la dernière ascension vers l’arrivée, je crois bien que ce sera de toute façon perdu pour tout le monde sauf l’Espagnol…

La présence de Greg Van Avermaet pourrait-elle venir brouiller les cartes? Pas impossible, le coureur est volontaire et voudra se manifester dans les derniers kilomètres. Les BMC ont une excellente carte à jouer dimanche.

Ca risque d’être fort intéressant! La météo devrait être acceptable dimanche dans les Ardennes, nuageux et frais mais sans pluie et avec peu de vent. Il est d’ors et déjà à prévoir qu’un gros groupe se présentera au pied de La Redoute…

Valverde, l’inusable

Certains d’entre vous ont laissé des commentaires sur les diverses techniques d’entrainement utilisées par les pros. En gros, certains ne sortent de leur entrainement que pour gagner des courses: c’est toujours surprenant! Froome est de ceux-là, ou Quintana: on ne les voit pas et boum, ils claquent de grosses perfs sur des courses sélectionnées.

D’autres, dont Valverde, privilégient une autre approche: courir, et encore courir. Ceux-là, on les voit donc beaucoup! Ce serait mon approche en tout cas: garder le rythme de course dans les jambes, faire des efforts, garder le moteur bien vivant, bien rodé, c’est pour moi la meilleure façon de conserver longtemps une excellente condition. Ceci étant, cela pose une question évidente: comment se fait-il que ces coureurs – dont Valverde – ne semblent jamais se fatiguer??? J’avoue être perplexe quant à la capacité de certains pros d’être présents de février à octobre à un niveau si élevé…

Valverde: (m)Huy bien!!!

Si j’étais le maire de la commune de Huy, je songerais sérieusement à faire ériger un monument à la mémoire sportive d’Alejandro Valverde, qui a remporté hier sa… 5e victoire sur la Flèche Wallonne, au sommet de la célèbre ascension.

Il avait déjà le record absolu avec 4 victoires, le voilà à 5! De quoi être tranquille un moment dans les livres d’histoire…

Strava nous permet de réaliser la performance de l’Espagnol, le KOM étant présentement détenu par Kwiatkowski qui n’a terminé « que » 7e. Michal a escaladé le Mur en 3min19sec, donc Valverde est monté quelques secondes plus rapidement. Plus encore, Mike Woods, excellent 11e hier, est aussi monté en 3min19, à une puissance moyenne d’environ 526 watts. OUF!

Je vous rappelle que Valverde aura 37 balais la semaine prochaine, ça situe la caisse du bonhomme, inusable par ailleurs puisqu’il sera très certainement au départ du Tour de Lombardie pour la gagne en octobre prochain!

Et Valverde est sous contrat chez Movistar jusqu’en 2019, il aura alors 39 ans…

C’est fou. C’est inspirant.

Sinon, la course a été assez peu convaincante. Outre la perf de Valverde, en parfaite maitrise durant l’ascension finale qu’il connait par coeur, c’est l’effort de Bob Jungels qui a retenu l’attention dans le final, ce dernier résistant bien au peloton pendant les 10 derniers kms. À certains moments, Jungels enroulait le 53×11, tout à droite, il faut quand même le faire après 200 bornes de course. Celui là a une sacré caisse aussi, 24 ans seulement, et meilleur jeune du Giro l’an dernier. Attention à lui dans les prochaines années, il fera mal!

Bravo enfin à Mike Woods, qui a appris de ses erreurs de placement l’an dernier sur l’épreuve et qui était aux avant-postes dans la dernière ascension, bien entouré par son équipe Cannondale-Drapac. Pas si simple à ce niveau car les places sont chères! Woods a faibli un peu dans les 100 derniers mètres, perdant rapidement plusieurs belles places. 11e tout de même, remarquable!

Je vais essayer de rejoindre Mike dans les prochains jours en préparation de la Doyenne dimanche.

Liège-Bastogne-Liège

Évidemment, l’archi-favori sera une fois de plus Valverde sur la Doyenne des Classiques. Je pense toutefois que cette course sera beaucoup plus difficile à maitriser, les attaques pouvant fuser à bien des endroits dans le final. La Movistar aura fort à faire pour contenir tout le monde en vue de placer Valverde au pied de la dernière bosse pour la gagne.

Sur un tel parcours, les Jungels, Kwiatkowski, Martin, Henao, Albasini, Theuns ou encore Bardet et Barguil peuvent surprendre et s’imposer. Ca sera très ouvert dimanche, et la course sourira probablement aux plus audacieux… car si les coureurs attendent la dernière bosse vers la ligne d’arrivée, Valverde sera difficile à battre.

Il faut passer à l’attaque!

Flèche Wallonne: Valverde ou Kwiatkowski, qui d’autre?

Capture d’écran 2017-04-18 à 18.11.16On dispute aujourd’hui dans les Ardennes belges la 81e édition de la Flèche Wallonne, sur 204,5 kilomètres.

Le parcours, ponctué de plusieurs belles bosses, comporte trois ascensions du célèbre Mur de Huy, une bosse de 1,3 kilomètres avec des passages à plus de 20%, notamment dans les virages. L’arrivée, jugée chaque année en haut, exige d’avoir des watts sous les pédales lorsque vient le temps de s’arracher à la pente.

L’ajout, il y a quelques années, de la côte de Chérave à 5 kilomètres de l’arrivée n’a pas réussi à changer drastiquement la configuration de la course qui, plus souvent qu’autrement dans le cyclisme moderne, se résume à une course de côte sur la dernière ascension du Mur de Huy.

Les favoris

Pas compliqué, je n’en vois que deux: Alejandro Valverde, ou M. Flèche Wallonne, et Michal Kwiatkowski.

Valverde a remporté les trois dernières éditions, portant à 4 ses succès sur l’épreuve belge, record absolu.

Son principal atout est de connaître parfaitement comment doser son effort lors de la dernière ascension du Mur, où il ne commet jamais d’erreur. En forme, avec une belle équipe à son service, je pense qu’il est l’homme à battre demain. La stratégie des Movistar? Contrôler la course et déposer Alejandro au pied du Mur au km 203. S’ils réussissent, c’est quasiment gagné d’avance!

L’autre, c’est évidemment Michal Kwiatkowski, le seul à accompagner Philippe Gilbert dimanche dernier dans le final de l’Amstel. En l’absence de Gilbert, blessé à un rein (quelle histoire! il a remporté la course malgré cette blessure, impressionnant… faut croire que les jambes lui faisaient plus mal que les reins dans le final!), Kwiatkowski a vraiment un bon coup à jouer, lui qui avait terminé 3e de l’épreuve en 2014.

Les outsiders

Hormis ces deux archi-favoris, je vois seulement quelques autres coureurs capables de faire une belle place (un podium) à Huy aujourd’hui.

En premier lieu, Tim Wellens chez Lotto. Si ce dernier n’a pas la puissance de Valverde dans une ascension comme le Mur de Huy, je pense que son tempérament agressif peut bien le servir demain, en plus de son excellente condition. Son meilleur atout est probablement de s’échapper avec d’autres dans l’avant-dernière ascension et d’essayer de résister au retour du paquet. S’il se présente au pied du Mur de Huy avec 30 secondes, c’est jouable!

Pour l’accompagner, pourquoi pas le Canadien Mike Woods, qui a montré récemment des signes de bonne condition physique? Le Canadien ferait bien de surveiller les Lotto dans le final, ce qui permettrait de surcroit à son leader, Rigoberto Uran, de se réserver pour le Mur, disposant d’une puissance plus grande que Woods. J’aime cette équipe Cannondale aujourd’hui!

Michael Albasini chez Orica est en grande condition, et maitrise aussi cette course. Attention à lui, tout comme à Dan Martin, Dries Devenyns et Gianluca Brambilla chez Quick Step.

Outre Kwiatkowski, la Sky dispose aussi de plusieurs atouts, je pense à Sergio Henao. Ce dernier est en grande condition aussi, et ajoute un atout à la stratégie de l’équipe britannique.

Enfin, des coureurs comme Jarlinson Pantano, Warren Barguil, Louis Meintjes et Romain Bardet peuvent viser selon moi une place dans les 5 au terme de l’ascension du Mur de Huy.

Outre Woods, je ne vois aucun autre Canadien dans l’alignement prévu demain.

Alors, qui pour battre l’inusable Valverde?

Retour sur l’Amstel

J’ai été impressionné par le sprint de Philippe Gilbert dimanche dernier sur l’Amstel. Ce dernier s’est fait bouffer 10m dès le départ du sprint, pour ensuite revenir arracher la victoire à Kwiatkowski au terme d’un long, long, long sprint. Après plus de 260 kilomètres et une chute assez significative ayant imposé une bonne chasse pour revenir, je lui lève mon chapeau. C’était du grand art, et la preuve qu’un sprint, c’est parfois très, très long.

Sinon, belle course dans l’ensemble, avec du mouvement dans le final. On a pu réaliser l’importance de ne jamais laisser de trou chez les pros, Van Avermaet et Valverde en ayant fait les frais, n’ayant jamais pu revenir sur le petit groupe devant pourtant à portée pendant plusieurs kilomètres.

Chapeau également à Kwiatkowski pour son retour solo sur la bonne échappée et ce, en quelques hectomètres seulement à environ 30km de l’arrivée. Ces signes-là ne trompent pas, le Polonais est en très grande condition. Ce n’est pas la première fois que Kwiatkowski court juste, ce type est intelligent en course et c’est très bien.

Amstel: les favoris

Les Ardennaises commencent ce week-end avec l’Amstel Gold Race et son fameux Cauberg, où Mont Philippe Gilbert!

Au menu de Messieurs les coureurs, 261 kms tout de même, ponctués de 35 ascensions. Ouch, ça va faire mal dans le final… vraiment?

Cette année en effet, le Cauberg sera escaladé plus loin de l’arrivée, une volonté des organisateurs de voir les coureurs passer à l’offensive plus tôt dans la course. L’Amstel se résumait en effet ces dernières années à une course de côte, tout le monde attendant la dernière ascension du Cauberg pour faire la différence.

Les favoris

Ils sont quelques uns à avoir la pancarte dans le dos.

Philippe Gilbert, car l’homme est en grande condition, fort de sa victoire plus que convaincante sur le Ronde il y a deux semaines. Il connait parfaitement bien le parcours, et présente une équipe Quick Step très forte, avec notamment Vakoc, Devenyns et Dan Martin. Ils ont de quoi animer la course!

Je place ensuite Alejandro Valverde comme un grand favori, fort de sa récente victoire sur le Tour du Pays Basque. Valverde est aussi un homme en grande condition en ce moment, et il a connu beaucoup de succès jusqu’à présent dans sa carrière sur les Ardennaises, notamment sur la Flèche Wallonne.

Enfin Greg Van Avermaet peut tout faire sur l’Amstel, car il est lui-aussi dans une forme resplendissante. Et il sprinte aussi…

Hormis ces trois grands favoris, plusieurs autres peuvent gagner cette Amstel.

Michal Kwiatkowski tout d’abord, le parcours lui convient bien et rappelons qu’il a remporté la Strade Bianche il y a quelques semaines.

Enrico Gasparotto, le vainqueur sortant, et surtout son coéquipier Sonny Colbrelli, récent vainqueur de la Flèche Brabançonne, seront à surveiller de près.

Chez Lotto, je vois bien Tim Wellens ou Tiesj Benoot être présents dans le final.

Enfin, n’oublions pas Olivier Naesen chez AG2R – La Mondiale, il est revanchard après avoir eu la poisse sur les récents Flandriennes. Rui Costa, Rigoberto Uran et Sébastien Langeveld complètent selon moi ce tableau.

Les Canadiens

Un seul au départ, le Québécois Antoine Duchesne chez Direct Énergie qui est annoncé. Pour tout vous dire, je suis un peu surpris de le voir dans l’alignement provisoire, lui qui a été victime d’un incident sérieux sur Paris-Roubaix dimanche dernier.

Flèche Brabançonne: les Quick Step pris en défaut

Pas sûr de la tactique employée par les Quick Step dans le final hier de la Flèche Brabançonne.

Que Vakoc revienne avec Tim Wellens sur le porte-bagage à l’entrée du dernier kilomètre va encore: étant un bon finisseur, il permettait aux Quick Step de se retrouver devant à trois coureurs, un effectif plus intéressant pour battre Sonny Colbrelli qui était, jusque là, l’homme à battre puisque meilleur sprinter du petit groupe.

Bien joué aussi de Vakoc qui a attaqué dès le contact, créant une course de mouvement. Il aurait toutefois été préférable qu’un autre Quick Step attaque (il y en avait déjà deux devant, soit Devenyns et de Plus), Vakoc allant aussi assez vite au sprint. Si un autre Quick Step avait attaqué, Vakoc aurait pu souffler un peu dans les roues, n’ayant pas à travailler devant, et ainsi préparer son sprint.

Malheureusement, la relance de Vakoc au contact n’aura condamné qu’un seul coureur, soit Laurens de Plus de sa propre équipe…

Seconde erreur, Vakoc s’est beaucoup trop déporté sur sa droite en amorçant son sprint, permettant à Colbrelli de se dégager. Juste avant, ce dernier semblait bien enfermé derrière Devenyns et Vakoc. Si ces deux là avaient gardé une ligne plus tendue, je pense que Colbrelli aurait été « légalement » gêné par Devenyns et aurait perdu de précieux km/h pour son sprint.

Bref, les Quick Step étaient trois hier dans le final, et n’ont pu gagner. Ca fait quand même un peu désordre!

Ceci étant, sachons reconnaitre la domination actuelle de l’équipe Quick Step sur de nombreuses courses. C’est fou, c’est des nouveaux coureurs presque chaque fois! Récemment sur le Tour du Pays Basque par exemple, on a vu un David de la Cruz à la fête, maintenant c’est Vakoc et Devenyns, c’était Yves Lampaerts il y a quelques temps, bref, la profondeur et le succès de cette équipe Quick Step (sans compter Alaphilippe, Gilbert, Boonen, Gaviria, Kittel, Dan Martin…) sont vraiment impressionnants. C’est l’équipe de l’heure dans le cyclisme!

Paris-Roubaix, un chiffre: 45,2.

Ce qu’il faut retenir de ce Paris-Roubaix? Un chiffre selon moi, et c’est tout: 45,2 km/h.

La 115e édition de Paris-Roubaix aura été la plus rapide de l’histoire, effaçant le « vieux » record qui datait de 1964 lors de l’édition remportée par Peter Post.

C’était évident au visuel hier que ça roulait vite: jamais les échappés devant, quels qu’ils soient, n’ont pris plus d’une minute! C’était à fond les manettes tout le temps, merci à une météo clémente (plus de 20 degrés!) et avec un vent de dos la majorité du temps.

C’est d’ailleurs un fait souvent méconnu des cyclistes amateurs: lorsque ça envoie du lourd, en course ou à l’entrainement, c’est plus dur vent de dos que vent de face. Vent de face, une fois dans les roues, c’est beaucoup plus facile car il y a un gros différentiel dans les watts. Vent de dos, tout le monde doit envoyer, car le différentiel dans les watts est beaucoup moins grand que vous soyez devant ou derrière.

Bref, comme prévu, la météo clémente a tout changé hier sur Paris-Roubaix, et je vous avoue franchement ne jamais avoir pu m’emballer pour la course. On ne peut pas dire selon moi qu’il s’agissait d’une « grande » édition.

Il y a certes eu de l’action en raison des chutes, des bris, des crevaisons. Je pense à Olivier Naesen, malchanceux toute la journée. À Van Avermaet avant Arenberg, qui a eu le brio de ne pas abandonner et de revenir au train sur l’avant de la course. À Sagan dans le final, encore une fois malchanceux.

Sinon, la course a été assez insipide selon moi. À 15 bornes de l’arrivée, les trois coureurs devant – Van Avermaet, Stybar, Langeveld – n’avaient qu’une trentaine de secondes d’avance. C’était jouable derrière, mais le groupe ne s’est jamais organisé, notamment de peur de ramener Boonen sur l’avant de la course.

On a vu des Paris-Roubaix plus intéressant, c’est certain. On n’aura finalement jamais vu de vraie bataille entre Sagan, Boonen, Kristoff, Boasson Hagen, etc. Personnellement, je suis resté sur ma fin et je n’ai jamais pu m’emballer pour la course.

Ce qui n’enlève rien à son vainqueur hier, Greg Van Avermaet, qui était selon moi très clairement le plus fort. Sa confiance dans le final était impressionnante: il prenait de très longs relais, et a même osé amener dans le vélodrome, comme sûr à 100% qu’il allait gagner. Le champion olympique inscrit le premier « monument » à son palmarès, et il le mérite. Tom Boonen n’a peut-être pas gagné son 5e Paris-Roubaix, mais l’honneur belge est sauf…

L’honneur canadien est également sauf, avec un Hugo Houle excellent 63e de l’épreuve, à un peu plus de 9 minutes. Faut quand même se les farcir, les 29 secteurs pavés à une telle vitesse, et je lève mon chapeau à Hugo hier.

Antoine Duchesne n’a pas eu la même chance, ayant été contraint à l’abandon après avoir été victime d’un accident avec une voiture. S’il y a eu plus de peur que de mal, les photos d’Antoine circulant sur Facebook au terme de la course étaient toutefois saisissantes. Ce sont des guerriers!

Prochain rendez-vous, les Ardennaises. Ca risque d’être intéressant, notamment avec un certain Mike Woods qui a montré des signes de grande condition sur le récent Tour du Pays Basque.

115e édition de Paris-Roubaix dimanche

Un enfer ce dimanche?

Peut-être oui si on regarde le parcours de cette 115e édition de Paris-Roubaix: 257 kms à parcourir tout de même, avec pas moins de 55 kms de pavés, répartis en 29 tronçons. Trois ont reçu un niveau de difficulté de 5 étoiles, soit la Trouée d’Arenberg (2 400m), Mons-en-Pévèle (3 000m) ainsi que le Carrefour de l’Arbre (2 100m) situé à 25 kms de l’arrivée.

Peut-être non si on regarde la météo annoncée: très beau, 20 degrés, peu de vent.

Il est donc probable que cette année, ce soit une course avec une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière. Les équipes bien organisées et cohérentes, comme la Quick Step, pourraient dans ce contexte avoir un avantage non négligeable.

Les favoris

Ils sont plusieurs à pouvoir rêver de s’imposer à Roubaix.

Peter Sagan d’abord, parce que c’est un équilibriste sur le vélo et parce qu’il sera revanchard, ayant perdu le Ronde dimanche dernier en raison d’un incident de course. Si son équipe ne pourra probablement pas l’aider dans le final, il n’a qu’à marquer les quelques autres grands favoris puisque très rapide au sprint.

Greg Van Avermaet ensuite, lui aussi revanchard de son Ronde dimanche dernier. Je pense toutefois que Paris-Roubaix convient moins au coureur belge. Rapide au sprint, il devra se débarrasser de Sagan et Kristoff pour s’imposer au sprint avec d’autres.

Il ne faudra justement pas oublier Alexandre Kristoff ce dimanche, en excellente condition et disposant de toute la puissance requise pour dominer le pavé. Attention à ce coureur qui va très vite au sprint, mais qui est aussi capable de se lancer dans une échappée dans le final. Rappelons également qu’il dispose désormais d’un certain Tony Martin dans son équipe comme équipier de luxe. Martin est probablement aussi capable de gagner Paris-Roubaix au train!

La Quick Step sera évidemment l’équipe à battre dimanche, avec un alignement de coureurs impressionnant: Tom Boonen d’abord, qui prendra sa retraite une fois la ligne franchie, mais aussi Niki Terpsta, Yves Lampaerts et Zdenek Stybar. De quoi se glisser dans des coups durant toute la course, et obliger les autres équipes à faire des efforts. La Quick Step est sur une bonne lancée en ce moment, et la confiance doit être au top!

Est-ce que Tom Boonen est suffisamment en condition pour espérer s’imposer? Je crois que oui, mais il lui faudra aussi de la chance, beaucoup de chance pour déjouer tous les autres favoris.

Enfin, chez Sky, Ian Stannard est un coureur taillé pour cette course, disposant d’une très grande puissance sur le plat. Je pense qu’il pourrait être devant dimanche.

Outre ces grands favoris, on compte plusieurs outsiders.

Olivier Naesen est l’un d’eux. Pris dans l’incident avec Sagan dimanche dernier, je crois qu’il sera un des acteurs dans le final de la course dans quelques jours.

Sonny Colbrelli, en forme depuis le début de saison, semble un coureur taillé pour Paris-Roubaix. Attention à lui si jamais un groupe devait se présenter pour la gagne sur le vélodrome de Roubaix, c’est un malin.

Arnaud Demare côté français devrait être au départ et lui aussi espérera une arrivée au sprint sur le vélodrome de Roubaix. Demare représente probablement les meilleures chances françaises dimanche. Le dernier vainqueur français de Paris-Roubaix est Frédéric Guesdon en 1997, une plombe!

Chez Orica, deux coureurs pourraient bien faire, soit Luke Durbridge ainsi que le vainqueur sortant, Mathew Hayman. Ce dernier a toutefois été discret depuis le début de la saison et je vous avoue ne pas trop savoir ce qu’on peut espérer de lui.

Rajoutons enfin à cette liste d’outsiders deux noms, soit Edvald Boasson Hagen et John Dekengolb qui disposent tous deux d’une équipe à leur service.

Les Canadiens

Ils devraient être deux au départ, deux Québécois: Hugo Houle chez AG2R-La Mondiale ainsi qu’Antoine Duchesne chez Direct Énergie. Les deux seront au service de leur leader, donc avec des consignes d’équipe à respecter. Ryan Anderson est blessé.

À la télé au Québec

Contrairement au Tour des Flandres dimanche dernier, les Québécois pourront suivre la course live! sur RDS2 ce dimanche en matinée. La programmation complète des épreuves de cyclisme sur RDS et RDS2 est disponible ici et si on peut regretter l’absence de grandes courses comme Milan SanRemo, le Giro ou le Tour de Lombardie, on pourra quand même suivre Liège-Bastogne-Liège et les étapes du Tour de France en direct.

Sinon, reste le stream sur Internet!

L’innovation

Certains Pinarello de l’équipe Sky seront équipés ce dimanche d’une petite suspension arrière.

Est-ce réellement une innovation?

Déjà, au début des années 1990, Greg LeMond, à qui on doit dans le cyclisme nombre d’innovations comme les compteurs vélo, les casques rigides, les pédales automatiques ou encore les salaires décents (!), avait testé et utilisé sur Paris-Roubaix des fourches avant de type RockShox.

Greg se serait-il trompé, une suspension arrière étant préférable à une suspension avant? Je pense en effet qu’il est plus utile d’avoir une suspension arrière sur Paris-Roubaix!

Quoi qu’il en soit, d’autres systèmes de contrôle des vibrations ont été testés sur Paris-Roubaix, notamment des cadres au design assez douteux.

Pour la plupart des coureurs, deux guidolines l’une sur l’autre ainsi que des boyaux spéciaux « Roubaix » (souvent des Dugast) seront les deux seules adaptations requises. Et personnellement, j’aimerais mieux un vélo bien rigide qu’avoir à gérer dans le feu de l’action une suspension!

L’enfer du nord.

Ces reportages de Paris-Roubaix entre 1984 et 1988 produits par la télévision américaine CBS sont peut-être ceux qui ont capté le mieux l’esprit de cette course, cet « enfer du nord ».

J’ai en tout cas découvert – et immédiatement aimé – cette course notamment grâce à ces reportages.

À voir et… à revoir!

Gilbert, façon Merckx!

50 bornes solo pour Philippe Gilbert hier sur le Ronde. Qu’y a-t-il à ajouter?

Une chose peut-être: la chute de Peter Sagan, qui a entrainé avec lui Greg Van Avermaet et Olivier Naesen au kilomètre 17, alors que Gilbert naviguait devant avec une petite minute d’avance, a assurément changé le cours de ce Tour des Flandres. Sagan produisait alors son effort pour tenter de rentrer sur Gilbert.

Je pense que le trio aurait en effet pu rentrer sur Gilbert. Après tout, Van Avermaet s’est retrouvé dans le final avec seulement 30 secondes de retard sur le champion belge, et avec un Terpstra sur le porte-bagage. Avec Sagan et Naesen, l’entente aurait été meilleure… et ils auraient possiblement revu Gilbert.

C’était hier le jour de Gilbert et la chance lui a aussi souri! Un champion belge qui s’impose sur le Tour des Flandres, quoi de mieux pour la Grand Messe du cyclisme?

Des Canadiens se distinguent

Deux coureurs canadiens de la région d’Ottawa-Gatineau se sont distingués ce week-end et il convient de le noter.

Carol-Ann Canuel, de Gatineau (par adoption car elle est originaire d’Amos) a d’abord remporté le Tour du Limbourg samedi, une épreuve aux Pays-Bas bien connue. Toute une victoire! Le vidéo de la course est ici.

Mike Woods d’Ottawa a quant à lui terminé 2e du GP Miguel Indurain derrière un certain Simon Yates, et dans le même temps qu’un certain Sergio Henao. Toute une perf! Cette course de 186 kms est difficile, et le froid ainsi que la pluie ont encore durci l’épreuve hier. Le vidéo de la course est ici.

Ronde: Quick Step vs Sagan!

On y est, plus belle course de la saison dimanche, le Ronde van Vlaanderen!

It doesn’t get any better than this, baby!

Toute une course: c’est long (261 kms), c’est dur (18 monts, la plupart en pavés, ainsi que 5 secteurs pavé à franchir, excusez un peu), c’est exposé, c’est étroit, ça tourne tout le temps, bref, LA course des courses. Une épreuve où le placement est capital pour jouer la gagne également.

Et l’ambiance, que dire de l’ambiance, tant au départ que sur la course, où les Belges et les amateurs de cyclisme se massent chaque année en grand nombre, buvant bières, mangeant saucisses et autres douceurs en restauration rapide.

Cette année, le Muur de Geraardsbergen (Mur de Grammont) est de retour, à notre grand plaisir: il sera franchi par les coureurs au km 165 et pourrait bien lancer le final de la course. Il faudra par la suite se taper encore 10 autres monts pavés, dont la 2e et 3e ascension du Vieux Quaremont – une légende -, le Taaienberg (ou mont « Tom Boonen », il voudra probablement encore attaquer dans cette ascension située à 40 bornes de l’arrivée), puis le Paterberg au km 246. Aie, ça va faire mal.

Point positif pour Messieurs les coureurs, il devrait faire beau et assez chaud (17 degrés en après-midi) dans ce secteur de la Belgique dimanche, ce qui rendra la course un peu plus ouverte car moins sélective.

Les favoris

En gros c’est simple, ce sera Quick Step contre Peter Sagan!

La Quick Step a la pression: l’équipe belge court à domicile, c’est leur Championnat du monde et l’équipe a bien marché ces dernières semaines.

L’effectif est impressionnant: outre Tom Boonen, déjà triple vainqueur de l’épreuve (une 4e victoire le ferait entrer direct dans l’Histoire du Ronde en tant que recordman de victoires), on compte dans l’équipe Philippe Gilbert, en grande condition, Niki Terpstra, Sdenek Stibar, Yves Lampaert et Matteo Trentin, pour ne nommer que ceux là. De quoi créer une course de mouvement, lancer sans cesse des initiatives, et espérer avoir l’avantage du nombre dans le final de la course.

Philippe Gilbert est pour moi l’homme à battre: il sait très certainement que c’est une chance unique cette année de s’imposer sur le Ronde, chose qu’il n’a jamais fait, vu sa condition physique actuelle. Et avec le maillot de champion de Belgique de surcroit!

De l’autre côté, Peter Sagan (vainqueur sortant), plus isolé au sein de son équipe Bora dépourvue de la profondeur que présente la Quick Step. Pour s’imposer dimanche, Sagan devra user certes de sa force, mais aussi d’une certaine intelligence en course (à défaut d’user de ses épaules…). Ca sera intéressant!

Outre ces favoris, un autre se dégage bien évidemment: Greg Van Avermaet, qui a la pancarte dans le dos. Gageons qu’il sera marqué à la culotte dimanche, et qu’il aura besoin de son équipe – pas très impressionnante par ailleurs – pour bien le placer à l’approche du final, où il devrait logiquement se retrouver isolé.

Quelques autres coureurs peuvent nourrir des ambitions: Tiesj Benoot et Tony Gallopin qui courent tous les deux au sein d’une formation belge (Lotto), Sep Vanmarcke chez Cannondale-Drapac car l’équipe est à son service, les Trek-Segafredo avec Degenkolb, Felline, Stuyven et Theuns, Luke Durbridge chez Orica, Olivier Naesen chez AG2R – La Mondiale, Alexandre Kristoff, vainqueur en 2015, voire un Ian Stannard chez Sky.

Trois Canadiens sont au départ, soit Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), Antoine Duchesne et Ryan Anderson (Direct Énergie). Ils devront certainement respecter les consignes d’équipe, par exemple pour Olivier Naesen et Sylvain Chavanel qui sont probablement les coureurs protégés au sein de leur équipe respective.

Pour ceux voulant découvrir le Muur de Geraardsbergen et son rôle dans le Tour des Flandres, InCycle nous propose ce reportage (à partir de 12min30).

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