Le Tour s’élance samedi depuis Nice, beaucoup de sites Internet et d’experts y vont de leurs favoris ces jours-ci.
Voici les miens, et ils sont un peu différents!
1 – Tom Dumoulin. 2e en 2018, il est pour moi celui qui pourrait causer la plus grande surprise, tout le monde parlant plutôt de Primoz Roglic, Egan Bernal ou encore Thibault Pinot. Il était très clair que Dumoulin était en forme ascendante sur le Dauphiné, et une fois son travail d’équipier fait pour Roglic dans le dernier col du jour, Dumoulin ne se relevait pas, preuve qu’il était là pour s’entrainer le plus sérieusement du monde. Ce coureur a une sacré caisse, il passe la montagne, il est teigneux, n’abandonne jamais, et c’est une formidable machine à rouler et à grimper, donc le chrono sur la Planche des Belles Filles l’avant dernier jour devrait logiquement être pour lui. Le vainqueur du Giro 2017 présente une formidable équipe autour de lui, un avantage certain.
2 – Thibaut Pinot. Parce que c’est mon coup de coeur. J’aimerais tant que le Franc-comtois gagne! La France attend toujours un successeur à Bernard Hinault… Le Tour 2020 a été dessiné avec les qualités de Pinot en tête: pas de chronos roulants, pas de grands cols en haute altitude sauf trois (Madeleine, La Loze et le Cormet de Roseland), un Tour montagneux par ailleurs, plein de beaux petits cols culminants autour de 1500m, bref, parfait pour lui. C’est cette année ou jamais pour Pinot! Ceci étant, il faudra voir comment il a récupéré de sa chute au Dauphiné. Son point faible est selon moi son équipe, surtout dans les cols plus longs.
3 – Primoz Roglic. Surpuissant au Dauphiné, il est LE coureur de l’heure et logiquement le grand favori de ce Tour. Sa chute au Dauphiné a été cependant plus sérieuse qu’estimée dans un premier temps, et il existe même une incertitude quant à sa capacité de prendre le départ du Tour samedi. Pour moi, Roglic ne présente qu’une faiblesse: la troisième semaine, en haute montagne. C’est là qu’il sera le plus vulnérable. Mais il aura toute une armada de « guêpes jaunes » autour de lui pour veiller au grain.
4 – Egan Bernal. Vainqueur sortant, il a la pression, surtout depuis que la toute puissante équipe Ineos en a fait son seul leader désigné, écartant même de la sélection Geraint Thomas et Chris Froome. Bernal ne peut pas vraiment se louper sur ce Tour de France! Il aurait été touché au dos sur le Dauphiné, petite incertitude donc pour le coureur colombien. Ce Tour sera plus compliqué pour lui que l’an dernier, il y a moins de cols à plus de 2000m d’altitude où, il y a 12 mois, il a fait la différence (rappelez-vous l’Iseran). Bref, pour Bernal, je pense que ce Tour de France sera compliqué.
Les outsiders
Ils sont nombreux derrière ces quatre grands favoris.
Nairo Quintana. Le coureur colombien a montré des signes de forme cette saison. Mais ce Tour de France est-il assez montagneux pour lui? Coureur souvent peu offensif, je ne suis pas sûr du tout qu’il a ce qu’il faut pour s’imposer sur cette Grande Boucle, en premier lieu l’équipe. Et à 30 ans, on peut se poser la question: ses meilleures années sont-elles derrière lui?
Julian Alaphilippe. Tellement excitant à voir courir! Alaphilippe est un attaquant, et gageons qu’il usera de tous les terrains pour tenter des coups. L’an dernier, c’est la très haute montagne qui a eu raison de ses ambitions, et cette année cette très haute montagne est quasi-inexistante, alors pourquoi pas? Son énergie semble inépuisable, alors s’il se pare de jaune en première ou deuxième semaine, attention à lui, il ne lâchera pas le morceau facilement!!!
Richard Carapaz. Depuis le Giro l’an dernier, il a prouvé qu’il peut être imprévisible. Comment l’exclure de cette liste d’outsiders? Deux points en sa défaveur cependant: il a su tardivement qu’il prenait le départ du Tour, et il est d’abord là pour épauler Bernal.
Pavel Sivakov. Parce qu’un Ineos peut en cacher un autre! Sur ce que j’ai vu au Dauphiné, Sivakov a une sacré condition en ce moment et si Bernal et Carapaz étaient lâchés, Ineos pourrait compter sur lui. À 23 ans, il débute toutefois son premier Tour de France, et il faudra voir s’il peut tenir la distance et la pression. Sa 9e place du Giro l’an dernier apporte toutefois certaines assurances.
Tadej Pogacar. Si l’ouverture se présente, lui aussi peut rêver d’une très belle place, surtout s’il revêt le maillot jaune en 2e semaine. Son équipe UAE a de quoi « tenir la distance » et rappelons qu’il a terminé 3e de la Vuelta l’an dernier.
Mikel Landa. Un gros talent, sans l’ombre d’un doute. Landa nous a habitué à « tout ou rien ». Plus souvent rien d’ailleurs, mais quand il fait « tout », il tient jusqu’au bout. Pour moi, c’est le plus gros joker de ce Tour de France.
Miguel Angel Lopez. Déjà deux podiums sur les grands tours (3e du Giro et de la Vuelta en 2018). Récent 5e du Dauphiné. Une équipe Astana à son service. Bon puncheur, beaucoup d’arrivées sur ce prochain Tour lui conviendront, il peut y jouer les bonifs. De quoi y croire!
Daniel Martinez. Encore un Colombien! Récent vainqueur du Dauphiné, il a créé la surprise. Sur trois semaines toutefois, il n’a pas vraiment de grandes références. Mais je le place comme outsider, alors que je ne vois pas son compatriote Rigoberto Uran dans cette liste.
Emanuel Buchmann. Excellent grimpeur, tempérament porté sur l’attaque, 4e du Tour 2019, il peut aussi surprendre et il a une équipe à son service. Je crois toutefois que ce Tour de France n’est pas assez montagneux pour lui, et davantage réservé aux puncheurs-grimpeurs qu’aux purs grimpeurs comme lui. Touché suite à une chute sur le Dauphiné, sa préparation récente a toutefois été perturbée, et c’est dommage. S’il est « tranquille » en première semaine, qui sait il pourrait se refaire une santé en vue de la 2e et 3e semaine de l’épreuve.
Wout Van Aert. Même si ce Tour de France risque d’être trop montagneux pour lui, le meilleur coureur de cette reprise de saison semble pouvoir tout faire. Et s’il prenait le maillot jaune tôt dans la course et décidait de le défendre à fond? Il a l’équipe pour le faire, et la condition!
Les Canadiens
Sale temps pour les coureurs canadiens dans le contexte du Tour: Woods éjecté de son équipe, pas de coureurs canadiens au sein du line-up d’Israel Start-Up Nation, et voilà qu’Antoine Duchesne à la FDJ est au prise avec une mononucléose.