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Le Tour de l’actualité

Fidèle à ma formule, petit Tour de l’actualité cycliste des derniers jours:

1 – Vélodrome couvert au Québec. En complément d’information à mon entrevue publiée hier avec le directeur de la FQSC Louis Barbeau, il convient de mentionner qu’un autre projet de vélodrome couvert est actuellement à l’étude au Québec, dans le secteur de la ville de Trois-Rivières. Ce projet, sous l’égide de Michel Jean et qui a la particularité d’impliquer le niveau universitaire, soit l’Université du Québec à Trois-Rivières, progresse également depuis plusieurs mois déjà et reçoit le plein soutien de la FQSC. Voilà, La Flamme Rouge a le souci de vous véhiculer toutes les informations possibles, aussi exhaustivement et précisément que possible. Je remercie ceux qui ont porté cet important projet à mon attention!

2 – Dopage. Les fédérations nationales anti-dopages se sont récemment réunies à Bonn en Allemagne pour faire le point sur la lutte à ce fléau dans le sport. Parmi les recommandations, assurer l’indépendance totale de l’Agence Mondiale Anti-dopage (AMA) par rapport au CIO.

Ben voyons! Ca fait juste 10 ans que je l’écris sur ce site! Comment assurer une lutte crédible contre le dopage si son levier principal, l’AMA, n’a pas les coudées totalement franches par rapport à des organismes qui doivent leur existence au sport et son image publique? Je vous rappelle que le numéro 1 actuel de l’AMA, Craig Reedie, est aussi un ancien vice-président du CIO… et que l’AMA a publié avant les JO de Rio un rapport dévastateur à l’endroit de la Russie quant à son organisation nationale de dopage, rapport sans suite au niveau du CIO qui a refusé de bannir les athlètes russes des JO…

Quant on voit aussi la liste des anciens responsables de la lutte anti-dopage à l’UCI, on a vraiment de quoi se poser des questions quant à la crédibilité de cette lutte.

Seul point positif dans l’affaire selon moi, on se pose enfin les bonnes questions!

3 – Giro 2017. Le parcours est sorti en début de semaine, pour la 100e édition du Giro. Un parcours que j’ai estimé fade, avec un concentré de difficulté en dernière semaine surtout. La particularité de ce Giro à mon sens est la présence de deux assez longs chronos individuels, le premier après 8 jours de course et sur 39 bornes, le second le tout dernier jour sur 28 kilomètres. Le premier chrono aura de quoi « fixer » la course durant la 2e semaine. Pas surprenant que ce Giro attire des coureurs comme Tom Dumoulin!

Suite à la diffusion du parcours, on voit plusieurs sites poser la question: un Giro trop dur? Je ne suis absolument pas de cet avis! D’une part, les gens qui posent la question ont la mémoire courte, il suffit simplement de voir le profil du Giro 1999 pour se convaincre que l’édition 2017 est loin d’être la plus difficile à ce jour. D’autre part, si ce prochain Giro comporte pas moins de cinq arrivées en altitude, deux (le Blockhaus et Oropa) se résument en fait à une simple course de côte après une étape assez courte (139 kms lors de l’étape du Blaukhaus et 131 pour celle d’Oropa!), dépourvue de difficultés pouvant faire une première sélection. Rien pour fatiguer de trop les coureurs sur ces deux étapes!

En revanche, il est vrai que les étapes 16 (vers Bormio, via le Stelvio) et 18 vers Ortisei assureront la grande lessive, dans la tradition italienne des grandes étapes de légende.

4 – Italie toujours. Superbe vidéo d’une superbe ascension, le Monte Grappa by The Col Collective.

5 – Pneumatiques. Très intéressante étude sur ce qui rend les pneumatiques rapides, mais pas forcément résistant aux crevaisons cependant. Les différences quant aux watts requis pour lutter contre la résistance de la route sont impressionnantes. Conclusions générales? « If you want reliability and good rolling resistance, wide tubeless tires with sealant are the way to go. If punctures are not an issue, and you want pure speed and grip without having to worry too much about tire pressure, go with an open tubular with a great tread compound. » Et à ce chapitre, les boyaux en cotton sont difficiles à supplanter!

6 – Voyeurisme. J’ai bien aimé cet article proposé par le site « Les chroniques attiliennes » et portant sur les beaux vélos d’époque croisés à Montréal, au détour d’une promenade.

7 – Boa. Des gants avec un serrage selon le système Boa? Pas forcément con. En fait, je trouve l’idée plutôt bonne. C’est 2016, on est rendu là!

Le Tour de l’actualité

Après quelques jours très occupés du côté du travail, retour au service plutôt normal sur La Flamme Rouge avec ce Tour de l’actualité.

1 – Mondiaux. Sans surprise compte tenu du parcours, l’Allemand Tony Martin a remporté hier le chrono des Mondiaux, devançant deux autres gros rouleurs soit Kiryenka (le champion défendant) et Castroviejo.

Pour Martin, il s’agit d’un 4e titre dans la discipline. Cette victoire lui permet de rejoindre Fabian Cancellara dans le livre d’histoire, avec 4 victoires chacun. L’Australien Michael Rogers a quant à lui trois titres à son palmarès.

Moyenne horaire: 53,65 km/h. Les spécialistes apprécieront car sur un parcours de 40 bornes, faut quand même le faire.

Les surprises? Rohan Dennis, « que » 6e à presque 1min30. Tom Dumoulin, 11e à 2 minutes.

Les Canadiens Hugo Houle et Ryan Roth sont à leur place selon moi, en 29e et 31e positions, à un peu plus de 3 minutes. Une belle performance considérant le niveau de ce chrono. Intéressant, les deux coureurs français engagés sur le chrono (Roy et LeBon) ont terminé tous deux derrière les Canadiens!

2 – Tony Martin. Le coureur Etixx serait attendu en 2017 au sein de l’équipe Katusha, qui deviendra Katusha-Alpecin. Il s’agit d’un des gros transferts de l’année avec celui de Contador (Trek), de Sagan (Bora), de Majka (Bora), de Kelderman (Giant), de Gilbert (Etixx), de Nibali (Bahrein-Merida), de Moser (Astana), de VanMarcke (Cannondale) et de Degenkolb (Trek).

3 – Tony Martin bis. Fait intéressant, c’est sur des pneus (24mm à l’avant et… 26mm à l’arrière) que l’Allemand a remporté ce chrono, les préférant aux boyaux. Le grand retour du pneu?

4 – Mondiaux bis. Ce qui me surprend, moi, c’est l’absence de… spectateurs sur le bord de la route, même dans les derniers 400m des épreuves. Payez-vous les images, vous verrez! Y’a presque personne, c’est dire l’intérêt que suscite ces Mondiaux pour le moment. Il faudra voir ce que ca donnera dimanche prochain avec l’épreuve sur route mais pour le moment, on ne peut pas conclure à un succès populaire dans cette région du monde. Reste à répondre à LA question: pourquoi diable l’UCI a-t-elle envoyé les Mondiaux de cyclisme dans cette région qui ne s’intéresse que peu à ce sport? Pour une raison évidente!

5 – Mondiaux re-bis. L’UCI a octroyé au Yorkshire, au Royaume-Uni, les Mondiaux de cyclisme 2019. Pour 2017 et 2018, ce sera d’abord la Norvège (Bergen) puis l’Autriche (Innsbruck). Considérant l’engouement populaire qu’avait suscité le Tour lorsqu’il est passé dans le Yorkshire il y a quelques années, ces Mondiaux 2019 devraient être un succès.

6 – Retraites. Ils sont nombreux à quitter le peloton en fin d’année: Fabian Cancellara, Ryder Hesjedal, Frank Schleck, Pierrick Fedrigo, Yaroslav Popovych, Joaquim Rodriguez, Johan Van Summeren et Jean-Christophe Peraud.

7 – Paris-Tours. Payez-vous les images de ce dernier kilomètre tout simplement superbe! Et encore un Colombien qui s’impose en Fernando Gaviria qui a surpris tout le monde en partant de très, très loin pour un sprinter comme lui. Magnifique! Gageons qui leur a fait le coup une fois, mais qu’il ne le fera pas deux fois… En attendant, bravo pour sa lucidité, pour avoir déjoué tout le monde dans ce final, alors qu’il était isolé. Les Français Demare, Bouhanni et Coquard ainsi que Mark Cavendish et sont les perdants du jour, rossés par ce Colombien de génie qui a osé partir de loin.

8 – Tour de France 2017. Son parcours sera dévoilé le 18 octobre prochain à Paris, et comme d’habitude l’excellent site Velowire a méticuleusement colligé des informations pour « prédire » avant la sortie le tracé probable. La marge d’erreur est habituellement très faible! En gros, cette 104e édition aura lieu du 1er au 23 juillet prochain et s’élancera de Dusseldorf en Allemagne avec un chrono individuel de 13 bornes.

Le tracé pourrait ensuite passer par Liège en Belgique, puis traverser les Vosges par Metz voire Vittel avec une arrivée possible à la Planche des Belles Filles, pour traverser ensuite la Bourgogne. On évoque alors un possible transfert vers les Pyrénées, qui seraient abordées avant les Alpes gardées pour la 3e semaine. Ce Tour pourrait donc compter deux transferts en avion au lieu d’un seul. À voir! Le dernier chrono aurait lieu la veille de l’arrivée à Marseille.

Il sera également intéressant de surveiller si les organisateurs céderont à la mode actuelle de raccourcir les étapes, ceci afin de tenter de les dynamiser.

9 – Giro 2017. Le tracé du Giro sera lui aussi dévoilé prochainement, le 25 octobre prochain. Ce sera un peu spécial pour le Giro l’an prochain puisqu’il s’agit de la… 100e édition. L’épreuve se déroulera du 5 au 28 mai prochain et s’élancera de la Sardaigne, pour remonter progressivement jusque dans les Dolomites au nord.

La classe Oleg Tinkoff

L’argumentaire se suffit à lui-même, pas la peine d’en rajouter, je vous laisse juger de la classe du personnage…

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The Wood Burner!!!

Michael Woods, 2e aujourd’hui de Milan-Turin, yeah!!!

Way to go Michael! Next target, Il Lombardia…

Deux semaines seulement après sa victoire sur la Classique des Appalaches. Si vous doutiez de l’efficacité et de la difficulté de cette dernière course, vous pouvez constater que c’est une excellente préparation même pour les épreuves les plus difficiles sur le circuit européen.

Ne manquez pas le final, course agressive et excitante de Michael.

Ils nous pensent cons…

Il y a un lien entre l’Affaire Fancy Bears et le vidéo Rapha dont je parlais dans mon texte hier.

Ce lien est simple: ils nous pensent cons.

Et je l’ai écris souvent sur ce site depuis 13 ans: je déteste être pris pour un con. Beaucoup continuent d’essayer, même parfois parmi mes amis(es)!

Bradley Wiggins, Dave Brailsford, la Sky et l’UCI nous pensent cons lorsqu’ils fournissent des explications suite à l’Affaire Fancy Bears. Pourtant, les faits sont là: injections (Wiggins affirmait ne jamais en avoir eu…) de triamcinolone acetonide, un puissant corticoide qu’on utilise habituellement en dernier recours, en juin 2011, 2012 et 2013, comme par hasard juste avant le Tour! Parmi les effets avérés du produit, perte de poids, atténuation de la douleur, moins de fatigue mentale… vous voyez le topo. Et on veut nous faire croire que c’était uniquement pour « régler un problème de santé ». Drôle de timing!!!

Tom Dumoulin a déclaré que cette histoire sentait décidément très mauvais, je suis bien d’accord avec lui. L’édifice Sky se lézarde comme prévu avec le temps, dans cinq ans on comprendra à quoi Froome carburait sur le Tour…

On nous prend aussi pour des cons à l’UCI: on ne s’attaquait pas au problème des AUT jusqu’ici. Il faudra remercier les hackers, voire les encourager à davantage de coups fumants de la sorte, car manifestement, les autorités ne bougent qu’à grand coup de révélations embarrassantes suite à des hacks ou des enquêtes journalistiques… Comment se fait-il qu’on ne se soit pas vigoureusement attaqué avant au problème des AUT, fort d’avis de médecins indépendants qui sonnaient l’alarme? Comment se fait-il qu’on tolère que la vaste majorité du peloton, ces gens naturellement sélectionnés pour leurs capacités physiques hors normes déterminées en grande partie à la naissance, soit asthmatique sur papier?

Chez Rapha, c’est un peu la même chose: on créé une ambiance pour vendre. Rien dans le vidéo sur les caractéristiques du matos, sur la durabilité, la garantie, le service après-vente, voire l’éthique de la compagnie à l’égard des conditions de production. Non, juste l’image, ha! l’image…, juste un vidéo tellement pratique pour les médias sociaux, et basta, ils savent qu’ils seront nombreux à se ruer au portillon pour acheter la collection « hiver 2016 ». Surtout que si c’est cher, c’est forcément bon.

Je préfère des revues critiques sérieuses, comme celle que je vous proposais il y a quelques temps à propos de la veste Castelli Gabba 2 Convertible que j’utilise (je sais donc de quoi je parle).

Oui, ils nous pensent cons. Mon réconfort? Vous. Ce site. Nous, notre communauté. Vous êtes nombreux à avoir réagi à mes textes des derniers jours, et il est réconfortant de voir (de lire!) que vous êtes plusieurs à vous aussi vous poser les bonnes questions. À réfléchir.

Pour tout vous dire, c’est l’une des principales raisons pour laquelle La Flamme Rouge existe encore après 13 ans d’existence: parce que c’est à mes yeux un lieu de lucidité, de conscience. Les débats sont civilisés, informés, basés sur un échange d’idées, d’arguments. Les débats sont de qualité. Bien modestement, ce site contribue à quelque chose. Il n’y a pas des tonnes de sites Internet qui peuvent en dire autant. La valeur ajoutée de La Flamme Rouge est tangible à mes yeux.

Aussi, je tiens aujourd’hui à remercier une fois de plus les lecteurs de La Flamme Rouge, où que vous soyez, au Québec (40% du lectorat), en France (45% du lectorat) ou ailleurs (15% du lectorat) pour votre contribution importante à la vie, à la crédibilité et à la qualité de ce site. Je m’efforcerai de continuer selon un des principes que je me suis donné: faire des lecteurs de La Flamme Rouge des observateurs éclairés du cyclisme.

Sky, le doute s’installe…

L’Affaire « Fancy Bears », ce groupe de hackers russes qui ont piraté le site de l’AMA pour en extraire des révélations intéressantes sur l’utilisation massive des autorisations à usage thérapeutique (AUT) chez les sportifs de haut niveau, fait couler beaucoup d’encre depuis quelques jours.

Pour moi, rien de nouveau: les AUT sont très, très largement utilisées en cyclisme, ceci afin de s’administrer des produits aidant à la performance en toute légalité. Évidemment, avec la complicité des médecins, la preuve étant que la majorité du peloton pro – ces athlètes d’exception – est, si on se fie aux AUT, asthmatique!!!

Je publie aujourd’hui cet excellent texte de Marc Kluszczynski – que je remercie au passage – à propos de cette récente crise qui a touché de plein fouet l’équipe britannique Sky, dominante sur le Tour de France ces dernières années avec Chris Froome et Bradley Wiggins, dont le lustre est terni avec cette affaire.

Un coup d’épée dans l’eau ? (par Marc Kluszczynski)

Au moment où le CIO annonçait les contrôles rétroactifs positifs de 10 sportifs russes lors des JO de Pékin 2008, le groupe de hackers russes du Tsar Team APT 28 ou « Fancy Bears » piratait les données de l’AMA par l’intermédiaire d’un compte crédité par le CIO et publiait une liste de 66 sportifs de 16 pays (18 sont américains) soi disant positifs lors des JO de Rio.

Fancy Bears est supposé dépendre du renseignement militaire russe (GRU) et avait été rendu responsable des cyber-attaques sur les bases de données du parti démocrate aux USA. L’État russe, malgré ses dénégations, est vraisemblablement impliqué dans le piratage des données de l’AMA, n’ayant pas pardonné à l’agence la publication du rapport Mc Laren concluant à un dopage d’Etat en Russie.

Mais si les dix sportifs russes des JO de Pékin ont bien été contrôlés positifs pour la plupart au turinabol (le vieux stéroïde utilisé dès 1970 par le bloc communiste) et au stanozolol, l’haltérophile Nadezda Evstyukhina ayant même utilisé de l’EPO, la liste des hackers russes ne concerne que des sportifs ayant utilisé des substances interdites sous couvert d’AUT (corticoïdes, amphétamines, bronchodilatateurs avant 2011). Personne, pas même Seppelt ou encore Travis Tygart, ne considère cela comme du dopage ! Fancy Bears a aussi piraté une 2ème fois les listes du système Adams de localisation des athlètes ; le 1er piratage avait eu lieu pendant les JO de Rio et avait concerné Yuliya Stepanova, à la base des révélations du journaliste allemand Seppelt. Fancy Bears a donc pour l’instant tapé à côté de la plaque mais reste menaçant, en concluant ses rapports par les phrases inquiétantes : « Nous sommes anonymes, nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas. A la prochaine ! ». Réussira-t-il à prouver le dopage des sportifs américains ?

Fancy Bears révèle ainsi que la gymnaste américaine Simone Biles (4 médailles d’or à Rio) avait une AUT pour le méthylphénidate (Focalin), une amphétamine destinée au traitement de son hyperactivité avec troubles de l’attention qu’elle prend depuis son enfance. Les tenniswomen Venus et Serena Williams ont elles aussi bénéficié plusieurs fois d’AUT pour la prednisone, un corticoïde. On apprend aussi que Kathleen Baker, médaille d’or à Rio au 4x 100 m 4 nages, souffre de la maladie de Crohn, une inflammation auto-immune des intestins nécessitant un traitement à base de corticoïdes et de Remicade (infliximab). Ou est l’intérêt de ce déballage ? Robert Harting, discobole allemand CO à Londres, fait partie de la liste. Alors qu’il avait critiqué plusieurs fois le CIO pour son apathie à lutter contre le dopage, Harting aurait été contrôlé positif à Rio à la dexaméthasone et à la triamcinolone. Fancy Bears cite aussi une AUT à la dexaméthasone en 2008. Lors de la 4ème liste publiée par Fancy Bears le 20 septembre, Mo Farah apparaît aussi utilisateur du corticoïde retard, la triamcinolone en 2008 et 2014.

Mais c’est dans le cyclisme que les révélations des hackers russes pourraient faire le plus de vagues. Si l’on savait déjà que Chris Froome avait bénéficié de 2 AUT, la 1ère en mai 2013 lors du DL, la 2ème en avril 2014 au Tour de Romandie, on apprend que Bradley Wiggins en a demandé 6 au zénith de sa carrière sur route. Chris Froome bénéficia d’un traitement à base de prednisolone (40 mg/j pdt 5 à 7 j), une dose qui bizarrement ne correspond pas à son poids. On sait aussi que l’AUT d’avril 2014 lui fut octroyée postérieurement par le Dr Mario Zorzoli, à l’époque Directeur de la Commission médicale de l’UCI. Comme Lance Armstrong lors du TdF 1999 avec la même substance. Froome aurait du être logiquement exclu du Tr de Romandie pour dopage. La prednisolone lui apporta la victoire malgré une bronchite. L’anglais se vante de n’avoir bénéficié que de deux AUT durant ses 9 ans de carrière professionnelle, et d’en avoir refusé une lors de son TdF 2015 victorieux, qu’il termina malade.

Bradley Wiggins pas si clair : la transparence de Sky vole en éclat

Le nombre d’AUT octroyées à Bradley Wiggins est par contre impressionnant. Le vainqueur du TdF 2012 a reçu une injection IM d’acétonide de triamcinolone (Kenacort Retard) en juin 2011, juin 2012 et avril 2013 soit quelques jours avant les TdF 2011, 2012 et du Giro 2013 alors que dans ses livres, Wiggins soutient n’avoir jamais reçu d’injection, à part ses vaccinations ! Veut-il parler des injections intraveineuses de soluté salé ou glucosé ? En 2008, appartenant à l’équipe HTC HighRoad, l’anglais bénéficia d’AUT pour le salbutamol (pas encore autorisé), le formotérol et les corticoïdes fluticasone et budésonide. Wiggins a donc réalisé ses meilleurs résultats sur route jusqu’en 2012 (victoire au TdF) avec l’aide du corticoïde à effet retard résorbé en 15 à 20 jours et des bronchodilatateurs, avant d’être méconnaissable lors du Giro 2013 (abandon). Ce qui n’avait pas empêché Sky de clamer sa tolérance zéro envers le dopage, et de déclarer préférer en 2012 renvoyer un coureur chez lui plutôt que de le faire courir sous AUT! Le Dr Geert Leinders, employé par Sky en 2011 et 2012, était, d’après Michael Rasmussen, le spécialiste des demandes d’AUT abusives pour les corticoïdes sous couvert d’allergies ou d’asthme. Encore une fois, on s’aperçoit que la transparence de Sky montre ses limites, et qu’elle utilise toutes les failles du règlement…comme les autres équipes.

Car on ne peut nier l’effet des corticoïdes sur la performance. Les corticoïdes permettent une perte de poids d’un kg/sem, une perte de 4 kg augmentant la puissance de 7%. Celui des bronchodilatateurs vient d’être reconnu par le Dr Olivier Rabin, Dir scientifique de l’AMA. Rabin admet enfin un effet ergogène à haute dose.

Le salbutamol (S3) pourrait aussi avoir un effet masquant (S5). Les hautes doses de béta-2 agonistes ont un effet anabolisant et facilitent la récupération. L’avantage est plus intéressant en sprint que dans l’endurance. Certains utilisent donc les AUT comme un dopage légalisé (90% des AUT selon le témoignage d’un cycliste à la CIRC l’année dernière).

D’après Jörg Jaksche, un ancien de la Telekom, l’avantage d’un usage combiné de corticoïdes et de bronchodilatateurs est équivalent à la moitié de celui d’une transfusion sanguine ou de l’EPO, soit 3 à 5% d’amélioration sur la performance. Il n’y a rien de nouveau, les AUT abusives sont un moyen traditionnel de triche, et Wiggins (sûrement pas asthmatique et allergique) n’est pas le seul à l’avoir fait. Troisième du TdF 2009 sans AUT, Wiggins deviendra allergique à son entrée chez Sky en 2010.Mais on retiendra que Froome n’en a pas abusé (mais on se souvient l’avoir vu inhalé son salbutamol, libéralisé en 2011, dans le col du Béal au DL 2014).

La législation actuelle antidopage ne permet pas d’accuser ces sportifs de dopage. Mais le temps est venu pour une révision complète de la législation des corticoïdes (exclure des AUT les corticoïdes à effet retard) et des bronchodilatateurs, après des années de laxisme et de libéralisation de la part des anglo-saxons de l’AMA, aboutissant à leur usage systématique, AUT ou non. Mais c’est la commission médicale de l’UCI qui en dernier recours acceptera ou non l’AUT pour le cycliste. Après avoir été mis au ban du monde sportif, c’est la Russie qui pourrait bien faire évoluer cette législation, ce que n’avait pas réussi le MPCC qui ne compte plus que 7 équipes sur 18 en World Tour cette année.

Dès lors, le passé resurgit. On en vient à penser aux carrières abrégées par des maux mystérieux, ou des retraites précipitées par absence de résultat : Thor Hushovd, Cadel Evans, Wiggins bien sûr, et peut-être Philippe Gilbert. Les cyclistes pro sont maintenant victimes d’allergies qui durent toute leur saison, même sous la pluie (Quintana apathique au dernier TdF, mais très affuté à la Vuelta qu’il remporta). Les corticoïdes les poussent ensuite à utiliser les hypnotiques, tellement leur catabolisme est augmenté.

Quarante ans après Thévenet et ses Tours 1975 et 1977, les corticoïdes font toujours des ravages dans le peloton pro…

Entrevue avec Mike Woods

Toujours en marge des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, ainsi que de la Classique des Appalaches samedi 17 septembre prochain, entrevue aujourd’hui avec Mike Woods (Cannondale Drapac Pro Cycling), question de prendre de ses nouvelles après sa saison compliquée… et de parler de l’an prochain.

La Flamme Rouge : Merci Mike de cette rapide entrevue sur La Flamme Rouge.

Mike Woods : Cool Laurent, toujours le fun de te parler !

LFR : Comment ca va, comment est ta condition physique en ce moment au sortir du Tour de l’Alberta?

MW : Ca s’est bien passé pour moi au Tour de l’Alberta, j’en sors en bonne condition, je me sens assez bien. Je voulais vraiment participer au Tour de l’Alberta, j’y voyais une belle opportunité de reprendre le rythme de la compétition, et de me préparer pour deux rendez-vous important, les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Je pense que c’est mission réussie !

LFR : Tu fais partie de l’équipe Cannondale-Drapac pour les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Des ambitions ?

MW : Mon rôle pour ces deux courses sera d’apporter mon soutien à mes équipiers Rigoberto Uran, qui a gagné à Québec l’an dernier, mais aussi à Tom-Jelte Slagter et Ramunas Navardaukas qui peuvent bien faire sur ces courses, ainsi qu’à un autre coureur de notre équipe, Alberto Bettiol, qui va vraiment bien en ce moment. Je vais donc travailler pour ces quatre coureurs, avec comme objectif secondaire de bien me préparer pour mes prochaines courses, les classiques de fin de saison en Europe.

LFR : Tu retrouveras sur ces courses plusieurs coureurs de la région d’Ottawa-Gatineau, dont Matteo Dal-Cin et Alex Cataford. C’est l’fun de voir la profondeur des coureurs de la région!

MW : Sans l’ombre d’un doute. Le cyclisme dans notre région est tellement fort, et c’est vraiment cool pour moi d’avoir deux autres coureurs de mon coin sur ces épreuves. On va courir contre les tous meilleurs au monde, on est là, à ce niveau. À quelque part, à travers nous, c’est aussi toute la communauté cycliste d’Ottawa-Gatineau qui est sur ces grands prix!

LFR : As-tu une idée précise de ton programme de fin de saison ?

MW : Ce n’est pas complètement finalisé avec l’équipe mais il y a des fortes chances que je sois engagé sur les classiques italiennes de fin de saison, et ce jusqu’au Tour de Lombardie qui est une classique importante du calendrier. Je serai donc de retour en Europe très bientôt.

LFR : A-t-on des chances de te voir défendre ton titre sur la Classique des Appalaches la semaine prochaine ?

MW : En fait, je pensais ne pas pouvoir y participer cette année, mais au final il y a de bonnes chances que j’y sois comme préparation finale à mes courses européennes de fin de saison, mon retour en Europe étant possiblement sitôt après le 17 septembre prochain. J’attends des confirmations à ce sujet mais je devrais y être. Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais y participer, que la course me motive et que j’y retrouverais avec plaisir Hugo Houle et Antoine Duchesne.

LFR : En fait Mike, Hugo me disait hier qu’Antoine ne sera pas de la partie cette fois-ci, mais Hugo y sera toutefois.

MW : Merci de l’info! Dommage, Antoine est un excellent coureur et c’est toujours l’fun de rouler avec lui.

LFR : Revenons un peu sur ta saison Mike. Ca été compliqué pour toi cette saison, notamment en raison de blessures subies sur Liège-Bastogne-Liège fin avril et au Tour de Pologne en août?

MW : Exact Laurent, ca été une saison en dents de scie pour moi, vraiment. J’ai eu un excellent début de saison au Tour Down Under, puis de belles performances qui m’ont satisfait sur le Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque puis la Flèche Wallonne que je termine bien pour l’équipe. Après, il y a eu cette mauvaise chute sur Liège-Bastogne-Liège et cette fracture à la main. Depuis ce moment, ca été un peu une spirale infernale, avec cette nouvelle chute au Tour de Pologne ou j’ai subi un trait de fracture au fémur. Depuis, j’essaie de me relancer de ces mésaventures, et ca s’est mis à mieux aller sur le Tour de l’Alberta. Je retrouve enfin et progressivement le Mike Woods que je suis, les sensations reviennent.

LFR : Seras-tu de retour chez Cannondale-Drapac l’an prochain? Je sais que tu avais signé pour un an seulement l’année dernière…

MW : Oui Laurent, j’ai re-signé chez Cannondale pour la saison prochaine, et j’en suis très heureux. Je me sens bien au sein de cette équipe, et j’ai hâte de courir pour eux en 2017. En dépit de mes chutes cette saison, ca été vraiment agréable et intéressant de courir avec Cannondale-Drapac en 2016, je m’entends vraiment bien avec tous les autres coureurs au sein de l’équipe, alors l’aventure va se poursuivre en 2017.

LFR : Dernière chose Mike, s’il te plait fait attention aux trous sur le Boulevard Champlain…

MW : Ha ha Laurent ! Oui, sois en assuré, je vais ouvrir l’œil ! J’ai pas besoin d’une autre chute…

LFR : Merci Mike, bonne chance vendredi et dimanche…

MW : Super Laurent, et le bonjour à tout le monde à Ottawa-Gatineau!

En marge des grands prix…

La liste des engagés est ici. Demain sur La Flamme Rouge, les favoris pour Québec et Montréal…

Également, l’organisation des grands prix a annoncé une collaboration avec le groupe Velon pour retransmettre par télémétrie les paramètres biométriques des coureurs – vitesse, fréquence cardiaque, puissance, cadence et position – en temps réel durant la course. Ainsi, plus d’une centaine de coureurs seront équipés de dispositifs nous permettant de connaître ce que leur compteur leur donne en temps réel. Ca sera intéressant de voir les watts dans la Côte de la Montagne par exemple! Ca devrait être un réel plus pour les téléspectateurs de ces deux épreuves.

La diffusion des courses avec les données biométriques pourra être suivie au Québec en direct sur le réseau TVA Sports et sur le site web www.gpcqm.ca ailleurs au Canada. Pour les spectateurs qui seront sur place lors des deux Grands Prix cyclistes, c’est mon cas!, ils pourront se rendre sur www.gpcqm.ca afin de voir ces biométries.

La télédiffusion mondiale – donc en France – des grands prix sera assurée par Eurosport.

Le groupe Velon regroupe onze équipes WorldTour: BMC Racing Team, Etixx – Quick-Step, Lampre-Merida, Lotto-Soudal, Orica BikeExchange, Cannondale Drapac Pro Cycling Team, Team Giant-Alpecin, Team LottoNL – Jumbo Pro Cycling Team, Team Sky, Tinkoff, Trek-Segafredo.

L’équipe canadienne sera également équipée de dispositifs, ainsi que plusieurs autres formations WorldTour.

Entrevue avec Hugo Houle

Après quelques jours d’absence dus à ma participation au Green Mountain Stage Race, une excellente course très bien organisée, La Flamme Rouge revient au service normal.

Les deux prochaines semaines seront particulièrement intéressantes sur la scène du cyclisme au Québec avec les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal vendredi et dimanche prochain, le Critérium national samedi entre ces deux épreuves, ainsi que la Classique des Appalaches le samedi 17 septembre prochain.

La Flamme Rouge commence sa couverture de ces deux semaines palpitantes par une entrevue avec Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), qui sera non seulement sur les Grands Prix cyclistes bien sûr – avec certaines ambitions – mais aussi sur la Classique des Appalaches dans 10 jours. J’ai rejoint Hugo ce matin, alors qu’il préparait son départ pour Québec.

La Flamme Rouge : bienvenue Hugo sur La Flamme Rouge !

Hugo Houle : merci Laurent, ca me fait plaisir.

LFR : Tu seras dans 10 jours sur la Classique des Appalaches, comment décrirais-tu son parcours toi qui connaît les plus grandes courses cyclistes du calendrier ?

HH : C’est sûr que c’est un parcours très difficile de par son dénivelé, et ca commence tôt dans la course. C’est le genre de parcours qui enchaine des montées courtes, raides, et donc un parcours qui rentre dans les jambes tranquillement mais surement. Tu peux te retrouver à mi-parcours avec des crampes et faut pas te demander pourquoi ! C’est très usant, en plus avec les sections en terre battue, qui ajoute un petit côté technique. Les sections en terre battue sont cependant très belles, tapées, pour les sections que j’ai pu faire la semaine dernière à l’entrainement. Ca roulait super-bien.

LFR : As-tu des conseils à donner aux participants pour bien se préparer en vue de la Classique des Appalaches ?

HH : C’est sûr qu’il faut avoir fait des parcours difficiles à l’entrainement dans les semaines et les mois précédents, afin que notre corps s’adapte à ce genre de dénivelé. Il faut également bien s’alimenter durant la course, afin d’éviter la fringale. Je recommande de manger des petites bouchées de solide, style une demie barre énergétique, à toutes les 30 minutes et ce, dès le début de la course. Ainsi, ton corps commence tout de suite à utiliser ce que tu lui donnes, et ca facilite la digestion. Faut surtout pas s’enflammer avec l’événement dans les deux premières heures, et vraiment penser à manger dès le départ car c’est au moins 4h de vélo, sinon plus. Si tu commences à manger après 2h de vélo, ca sera trop tard.

LFR : Et quels sont tes objectifs sur cette Classique ? Succéder à Mike Woods au palmarès?

HH : Pas d’objectifs particuliers autre que de m’amuser sur le parcours, découvrir ca en compétition, car si ce sont mes secteurs d’entrainement, faire ce parcours en compétition ne sera pas pareil. C’est vraiment un beau parcours que j’utilise souvent pour préparer mes objectifs, car il comporte de très belles montées, difficiles. Le Mont Arthabaska dans le final par exemple, c’est pour moi un quatre minutes complètement à bloc. Ca fait de très bons entrainements. Je cours donc « à la maison » et je serai compétitif, donc le but c’est vraiment de prendre du plaisir. Et puis, je serai aussi là aussi pour les à-côtés après la course, notamment en haut du Mont Arthabaska avec la poutine, pour rendre ca festif et conclure ce bloc de ma saison en beauté.

LFR : Côté opposition, est-ce que tu sais si Antoine Duchesne, ton co-loc en France, sera au départ ainsi que Mike Woods ?

HH : Antoine ne sera pas de la partie, Mike Woods a eu de récents changements de programme donc je ne suis pas sûr du tout de sa présence. Il ne faut jamais sous-estimer les autres coureurs non plus, on a toujours des surprises et sur un tel parcours, personne n’est à l’abri de fringales, de crampes, donc ca peut vite tourner moins bien !

LFR : As-tu d’autres objectifs de fin de saison avec ton équipe AG2R – La Mondiale ?

HH : Oui, l’équipe me garde occupée. Québec et Montréal sont mes deux gros objectifs à court terme, c’est ce qui m’a permis de garder le focus sur garder un excellent niveau de forme. Ensuite, je quitte dès le soir de la Classique des Appalaches pour rejoindre l’ENECO Tour en Europe, puis ce sera les Mondiaux. Il me reste donc encore un bon mois de compétition devant moi, avec un focus particulier sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal ce week-end.

LFR : Québec doit d’ailleurs mieux te convenir ?

HH : Oui, je trouve la bosse à Montréal un peu longue dans les derniers tours, sur 4 minutes. Dans ce genre de bosse, c’est un peu plus les bons grimpeurs qui peuvent se démarquer. Mais bon, ma condition est bonne en ce moment, on verra bien.

LFR : Tu joueras ta carte personnelle sur ces épreuves, ou l’équipe aura d’autres leaders désignés ?

HH : Il est probable qu’on joue la carte de Romain Bardet à Montréal, il a déjà annoncé la couleur à ce que j’ai pu lire. Alexis Vuillermoz est aussi très bien en ce moment, donc l’équipe a plusieurs belles cartes à jouer et il faudra voir sur place qui veut prendre le leadership. Après, ce sont surtout les jambes qui parlent sur ce genre de parcours ! J’espère définitivement que je ne serai pas le premier à faire le travail sur ces courses, d’ordinaire on me donne beaucoup de liberté puisque je cours à la maison.

LFR : Tu n’étais pas au récent Tour de l’Alberta ?

HH : Oui, après les Jeux Olympiques de Rio je suis allé courir à Hambourg puis le Tour de Poitou-Charente, alors je préférais me reposer à la maison ces derniers jours, surtout compte tenu du fait que je repars à l’ENECO Tour bientôt. Le Tour de l’Alberta aurait été trop de compétition. Dommage, le Tour de l’Alberta est une super-belle course.

LFR : Retour sur ta saison : selon toi, ta plus belle performance de la saison ?

HH : Bonne question ! J’ai beaucoup aimé ma prestation au Giro dans la dernière semaine, qui m’a convaincu de ma progression par rapport à l’an dernier. J’avais également un bon niveau au Tour de Beauce en sortant du Giro. Et puis, il y a le chrono des Jeux Olympiques, une satisfaction personnelle puisque j’y ai atteint un nouveau record personnel de performance. J’ai pas un seul fait d’arme qui me vient en tête cette saison, je suis plutôt content de ma constance et de ma progression par rapport à la saison précédente, je suis plus efficace lors des courses WorldTour et je sens que je peux y jouer un rôle plus important qu’avant pour l’équipe.

LFR : Parlons du Tour de Beauce, où tu termines 2e du général derrière Gregory Daniel, à 22 petites secondes. Ca s’est joué sur les bonifications, non ?

HH : Oui, les bonifications ont été importantes en effet. Daniel a pris du temps dès le premier jour, j’ai comblé une partie du retard sur le Mont Mégantic, mais j’ai aussi fait une petite erreur lors de la 4e étape l’avant dernier jour, en pensant que l’arrivée était située au sommet de la bosse alors qu’elle était au milieu de la bosse. Quand j’ai vu les gars embrayer, je me suis dit qu’ils ne pourraient pas monter ainsi jusqu’en haut, donc j’ai temporisé un peu, mais l’arrivée était plus proche que je ne le croyais. L’équipe de Daniel (Axeon Hagens Berman) a également très bien couru en Beauce, je ne pouvais pas faire grand chose et je n’ai jamais pu le sortir de ma roue dans les montées sur les dernières étapes. Comme m’a dit Svein Tuft, « ca m’a pris trois fois avant que ce soit la bonne », donc espérons que la prochaine fois sera la bonne !

LFR : Revenons brièvement sur le chrono des Canadiens disputé dans le Parc de la Gatineau, près de chez moi. J’ai entendu que tu y avais poussé plus de 400 watts pendant 50 minutes sur ce chrono, une performance qui t’a valu la 4e place. Ton analyse ?

HH : L’analyse est assez simple, les autres étaient plus forts que moi ! J’ai été surpris cependant, car l’an dernier je gagne l’épreuve avec 375 watts de moyenne en étant deux kilos plus lourd. Je pensais avoir fait un bon chrono dans le Parc de la Gatineau mais ce n’était pas assez. J’ai donné tout ce que j’avais, les autres ont progressé, et j’ai été impressionné par la performance de Ryan Roth et Alex Cataford. Rien à dire, chapeau à eux deux ! C’était mérité pour Ryan, il court depuis longtemps, c’est une belle victoire pour lui et j’en étais content. Je vais toutefois continuer à travailler fort et je me reprendrai l’an prochain.

LFR : La connaissance du parcours a pu être un avantage ?

HH : Possible oui, notamment pour Alex Cataford.

LFR : Parlons du Tour de France. Déçu de ne pas y avoir participé cette saison ?

HH : Non, pas du tout car il n’était pas à mon programme cette année, j’étais plutôt prévu au Giro et j’avais aussi fixé l’objectif des Jeux Olympiques de Rio. Je n’ai jamais revendiqué de participer au Tour cette saison, et c’est aussi un gros objectif pour l’équipe AG2R – La Mondiale qui y déploie une grosse équipe. Romain termine 2e cette année, on a beaucoup de profondeur chez nous sur les grands tours, donc une place sur l’équipe du Tour n’est pas facile à obtenir. L’an prochain on verra, j’ai l’intention de signaler à l’équipe mon intérêt pour le Tour et après, c’est à moi de prouver que j’ai ma place sur l’équipe qui y sera envoyée.

LFR : Parlons justement de la saison prochaine. Tu es toujours sous contrat avec AG2R – La Mondiale ?

HH : Exact oui, j’avais signé pour deux ans donc il me reste un an à mon contrat. Ca va bien, je me suis très bien intégré au sein de l’équipe, un point important. L’environnement me convient bien, je progresse chaque saison, donc j’espère que le meilleur reste à venir dans mon cas. Ca me garde en tout cas très motivé pour la suite, notamment pour faire l’équipe du Tour un jour prochain.

LFR : As-tu déjà réfléchis à tes objectifs pour la prochaine saison ?

HH : Un des objectifs sera très certainement de continuer d’hausser mon niveau sur les grands tours, pour devenir un équipier important dans l’équipe sur ce genre d’épreuve. J’ai vu au Giro que je récupérais bien des efforts, donc je peux être efficace en 2e et 3e semaine d’un grand tour. Les Classiques on verra, pas sûr que c’est sur ces épreuves que j’irai chercher les meilleurs résultats. J’aimerais aussi focusser sur les petites courses par étape qui comportent des chronos, comme par exemple le Tour Med, le Tour de Pologne, le Tour de Poitou-Charente, ceci afin d’y être vraiment compétitif et jouer le top-10.

LFR : Merci Hugo, bonne chance sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, et sur la Classique des Appalaches après !

HH : Au plaisir de t’y rencontrer Laurent, à bientôt tout le monde !

Vuelta: la revanche du Tour…

La 71e édition du Tour d’Espagne s’élance ce samedi de Orense en Galice, pour une arrivée à Madrid le 11 septembre prochain.

Au menu de Messieurs les coureurs, 3 277 kilomètres sur 21 étapes, selon la formule des grands tours.

La nouveauté sur cette Vuelta, ce sont les étapes courtes: pas moins de… 11 étapes en ligne font 170 kilomètres ou moins (on ne compte pas les chronos). En comparaison, le récent Tour de France en comportait seulement six.

Le pari est donc celui des étapes nerveuses, disputées sur environ 4h de course. Des étapes où les coureurs n’auront probablement pas peur de lancer les offensives de loin.

Quelques étapes se distinguent et seront importantes pour le général.

La 8e étape par exemple, avec la première arrivée en altitude à La Camperona. Ca se résumera à une course de côte.

La 10e étape bien sur, vers les célèbres Lagos de Cavadonga, presque 20 bornes d’ascension dans le final tout de même.

L’étape reine, la 14e étape en France, avec le passage de quatre grands cols y compris les Pierre-Saint-Martin, Marie-Blanque et arrivée en haut de l’Aubisque.

La 17e étape avec une autre arrivée en altitude à Llucena.

La 20e étape enfin, la veille de l’arrivée, avec une arrivée au sommet de l’Alto de Aitana, qui semble être une sacré ascension.

La Vuelta propose également deux chronos, le premier par équipe dès le premier jour, le deuxième sur 39 kms l’avant-veille de l’arrivée. Ces étapes seront évidemment aussi importantes que celles qui se terminent en altitude.

Les favoris

Plusieurs coureurs présents sur le Tour seront de cette Vuelta qui, depuis quelques années, semble offrir une rédemption aux coureurs s’étant loupés sur le rendez-vous de juillet. Ce fut le cas l’an dernier pour Aru après son échec au Giro contre Contador, et pour ce dernier en 2014.

Fabio Aru, justement, le vainqueur sortant, qui ne sera pas présent en Espagne pour y défendre son titre. Le Sarde préfère déjà miser sur 2017 quant aux grands tours.

Comme favoris, on pense bien sûr d’abord à Alberto Contador, malchanceux en juillet, et qui vient sur cette Vuelta pour chercher un… 4e titre. La Vuelta a souvent bien réussi à Contador, et il aura de la fraicheur physique pour lui comparativement aux autres qui se sont battus pendant trois semaines sur le Tour.

Chris Froome est évidemment un client, récent vainqueur du Tour. Sa prestation aux JO de Rio ne nous a cependant pas rassuré, il semble un peu fatigué de ses dernières semaines sur la brèche. L’équipe Sky est également moins forte que sur le Tour, surtout avec le forfait de dernière minute de Mikel Landa, apparemment blessé à une hanche.

La Movistar se présente aussi avec de réelles ambitions, avec Nairo Quintana, qui vient assurément pour racheter son échec sur le Tour, et Alejandro Valverde, inusable. Valverde portera d’ailleurs le dossard #1 sur cette Vuelta, Fabio Aru étant absent et les organisateurs ayant décidé de récompenser ainsi un coureur qui s’est lancé le défi, en 2016, d’enchainer les trois grands tours de la saison, en plus de l’épreuve olympique. Chapeau!

Chez BMC, on aura Tejay Van Garderen (lui aussi a des choses à se faire pardonner cette saison!) et Samuel Sanchez, vieillissant.

Il faudra surveiller chez LottoNL Robert Gesink ainsi que Steven Kruijswijk, tout comme Esteban Chaves chez Orica. Les deux derniers ont été des protagonistes de premier plan sur le dernier Giro, portant chacun le maillot rose dans les derniers jours de l’épreuve.

Deux autres coureurs pourraient créer la surprise selon moi, soit Warren Barguil chez Giant-Alpecin ainsi que Louis Meintjes chez Lampre. Ils sont jeunes, ils progressent, ils n’ont rien à perdre sur cette Vuelta et peuvent prendre des initiatives pour créer la surprise.

Les Canadiens

Svein Tuft sera définitivement de l’épreuve pour les Australiens d’Orica. Mike Woods chez Cannondale était également prévu sur l’épreuve, mais le line-up de l’équipe ne l’inclut pas sur certains sites, alors que ce line-up est absent sur d’autres sites. On saura donc seulement samedi si Woods prendra ou non le départ. Souhaitons-le!

Le Dr. Mabuse toujours au coeur du peloton pro?

Vous êtes nombreux à avoir communiqué avec moi au cours des dernières semaines pour me faire part du reportage ci-bas, diffusé fin juin dernier par France2 dans le cadre de l’émission de journalisme d’enquête intitulée Cash Investigation.

Les journalistes ont monté ce dossier afin de montrer que les pratiques du peloton pro n’ont pas vraiment changé malgré tous les scandales de dopage et le resserrement des contrôles, quoi qu’en pense le public. Les mêmes sulfureux docteurs/préparateurs agissent encore en douce, seuls leurs moyens de communication se sont sophistiqués. Et les coureurs sont toujours aussi demandeurs…

L’exemple est éloquent dans le reportage: il s’agit du fameux Dr. Mabuse, Bernard Sainz lui-même, qui a dopé des générations de coureurs depuis les années 1970. Sa réputation est devenue célèbre après qu’il eut donné une seconde jeunesse à… Raymond Poulidor, qui est également interviewé sur ce sujet dans le reportage, un sujet qui fâche même les « vieux » champions…

Dans le reportage, on voit à la caméra cachée Bernard Sainz donner des protocoles de dopage à des coureurs, pour ensuite le nier devant les journalistes l’interrogeant. Accablant et désespérant de voir la malhonnêteté humaine à cette échelle.

Attention, contenu explosif: il y a de quoi vous faire perdre vos dernières illusions sur le cyclisme professionnel… Être un observateur éclairé, lucide du cyclisme pro est cependant au prix de telles connaissances, aussi c’est un must.

Dire que Bjarne Riis sera bientôt de retour…

Le Tour de l’actualité

1 – Trop dangereux, le parcours de la course sur route à Rio? Vous êtes nombreux à réagir à mon texte d’hier affirmant que je me suis régalé du final des deux courses ce week-end. Bien évidemment, on ne saurait se réjouir des chutes observées, et je suis le premier à trouver dommage de perdre une course ainsi.

Mais je ne suis pas d’accord avec beaucoup, dont plusieurs coureurs (le Québécois Hugo Houle est de ceux-là), qui ont affirmé que le parcours était probablement trop dangereux.

Des descentes techniques font partie intégrante du cyclisme. Elles sont légions dans les massifs montagneux: payez-vous la descente du Mortirolo, vous verrez!

Des parcours dangereux sont des parcours où la chaussée est en très mauvais état (hormis bien sûr les pavés, spéciaux au sport cycliste), avec fissures, crevasses et trous de tous genres là où on ne les attend pas, sur des sections pourtant bitumées.

Des parcours dangereux sont des parcours avec trop d’entraves: îlots directionnels, dos d’âne, etc.

La descente à Rio était sur un revêtement en bon état, sans écueil particulier. Il suffisait de bien savoir piloter son vélo et surtout, surtout de prendre des risques raisonnables. Nibali et Van Vleuten ont joué le jeu de la descente, ils ont perdu, c’est tout. Nibali voulait descendre à fond avec Majka et Henao pour prévenir le retour de d’autres derrière, dont Van Avermaet plus rapide au sprint. Van Vleuten voulait descendre à fond pour lâcher Abbott et finir seule. Les deux ont descendu trop vite, c’est la course, ils ont tenté et ils ont perdu. Pas de mal dans ce contexte à dire que le final a été passionnant, même avec les chutes!

2 – Un KOM pour Mike Woods à Rio! Et oui, c’est sur l’ascension du Grumari lors du premier circuit. Comme quoi Mike avait bien les jambes en début de course, mais a coincé dans le final. Une preuve additionnelle selon moi qu’il a payé à Rio son manque de compétition au cours des dernières semaines.

3 – Les watts du Tour par Frédéric Portoleau, c’est ici et c’est très intéressant. L’article est nuancé, prudent. Conclusion? Depuis la mise en oeuvre du passeport biologique en 2010, on avait jamais vu sur le Tour un niveau aussi homogène puisque pas moins de 9 coureurs ont évolué au delà du seuil des 410 watts sur les dernières ascensions des étapes.

Sans surprise, la progression la plus fulgurante est pour Romain Bardet, qui explose les watts par rapport à son niveau des dernières années.

Les temps d’ascension et les niveaux de puissance demeurent toutefois nettement inférieurs à ceux de la fin des années 1990 et des années 2000, notamment observés chez Marco Pantani qui était sur une autre planète (on sait pourquoi).

4 – Le fabricant de cycles québécois Argon18 a conclu récemment une entente de trois ans avec l’équipe World Tour Astana. Pour Argon18, c’est donc l’entrée officielle en World Tour, après quelques années à soutenir l’équipe continentale Bora. L’équipe Astana perdra toutefois Vicenzo Nibali, annoncé au sein de la nouvelle équipe du Bahrein, mais devrait conserver Fabio Aru.

Cette entente devrait surtout permettre à Argon18 de continuer sa progression au sein du marché européen, toutefois très compétitif.

5 – Transferts: ils ont officiellement commencé le 1er août dernier. On sait que les équipes Tinkoff et IAM mettent fin à leur présence en World Tour, ce qui va inonder le marché de coureurs cherchant à se recaser. Parmi les gros transferts, on annonce Peter Sagan chez Bora, Vicenzo Nibali chez Bahrein-Merida, Nicolas Roche chez BMC, Philippe Gilbert chez Etixx, Roman Kreuziger chez Orica, Michael Matthews chez Giant-Alpecin, Lars Boom chez LottoNL, Diego Rosa et Mathieu Van Der Poel chez SKY et John Dekengolb chez Trek-Segafredo. OUF!

6 – Julien Absalon vient de remporter l’épreuve de Coupe du Monde au Mont Saint-Anne (au Québec) le week-end dernier. Avec Peter Sagan qui se prépare lui-aussi à concourir sur l’épreuve de VTT aux JO de Rio, ça risque d’être intéressant de voir le clash « roadie » versus « mountain bike guy » dans quelques jours!

7 – Willier Cento 10 Air 2017, ou peut-être le vélo le plus réussi de l’année. De plus en plus de fabricants conjuguent aéro et light au sein du même vélo, permettant aux usagers d’obtenir un vélo polyvalent. Très réussi!

8 – Classique des Appalaches. Les olympiens Mike Woods, Hugo Houle et Antoine Duchesne nous invitent à la course près de Victoriaville le 18 septembre prochain. Super sympathique! Vivement de vous retrouver les gars!

Rio: l’Équipe de France sans Gallopin?

Bauke Mollema a confirmé hier son bon Tour de France en remportant la Classica San Sebastian détaché, un joli numéro de sa part.

Il a aussi confirmé que l’équipe néerlandaise pour la course sur route samedi prochain à Rio dans le cadre des Jeux Olympiques sera à surveiller de près, Wout Poels venant lui aussi de gagner une course, la RaboRonde.

Deuxième samedi sur la Classica, le Français Tony Gallopin. Pas très en vue sur le récent Tour de France où il s’est montré un poil court dans le final de nombreuses étapes, voici que la forme arrive à point sur cet excellent coureur français.

Du coup, on se demande si les choix de Bernard Bourreau pour la course sur route sont les bons: Bardet, Barguil, Alaphilippe et Vuillermoz (ce dernier en remplacement de Thibaut Pinot, d’abord prévu).

Si les trois premiers sont une évidence, personnellement j’aurais choisi Gallopin avant Vuillermoz pour Rio. Le parcours de la course sur route est peut-être un poil trop difficile pour Gallopin, mais un Bardet aura besoin d’un tel coureur pour l’amener jusque dans le final…

Tony Gallopin avait également affirmé en décembre dernier faire de Rio 2016 un objectif de sa saison. La déception doit être grande pour ce coureur de talent.

Avec Gallopin plutôt que Vuillermoz, Bourreau aurait également amené avec lui des coureurs appartenant tous à des équipes différentes, un heureux mélange selon moi.

L’équipe canadienne

Rappelons que l’équipe canadienne pour l’épreuve sur route à Rio sera composée de Mike Woods, Antoine Duchesne et Hugo Houle, avec l’idée de protéger Woods jusque dans le final, compte tenu des difficultés.

Woods vient de compléter la Classica San Sébastian à la 61e place, à presque 4 minutes du vainqueur Mollema.

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