Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Le monde des pros Page 15 of 70

Le Tour de l’actualité

1 – « Quand je roule, j’ai encore 12 ans« . Extrait d’une entrevue rafraichissante avec David Maltais, publiée sur Vélo Cartel.

C’est exactement ça David. Moi aussi, quand je roule, quand je skie, j’ai encore 12 ans. J’peux pas mieux résumer. Animé par mon enthousiasme premier, celui qui m’a frappé à cet âge et qui ne m’a jamais quitté.

30 ans plus tard, je roule toujours animé par la même passion du premier jour. Et quand je serai au pied du Galibier encore cet été, ce seront les images de cette première ascension dans la voiture de mon oncle, lorsque j’avais 12 ans, qui m’habiteront. Et qui me feront avancer. On ne voit bien qu’avec le coeur…

Et je suis indifférent à tous ceux qui ne comprennent pas, ils sont nombreux. Par exemple, certains me reprochent ici dans l’Outaouais de ne pas savoir m’entrainer. Je ne fais pas du vélo ou du ski pour démontrer que je sais m’entrainer. Je fais du vélo ou du ski pour les mêmes raisons que toi David, parce que j’aime ça profondément, parce que chaque fois, c’est la liberté, le plaisir, le goût de l’effort et du dépassement qui reviennent. Point final. Je suis fondamentalement, foncièrement heureux sur mon vélo et sur mes skis. Quant on aime, on ne compte pas. Fuck the rest.

Preuve supplémentaire, la constance et la fidélité. Fidélité dans les sports que j’aime, constance dans les saisons qui s’enchainent avec toujours la même énergie et une amélioration à la clé jusqu’ici.

C’est pareil pour La Flamme Rouge. J’suis là pour les bonnes raisons.

Salut l’ami! Toujours un plaisir de te lire.

2 – Sram Red eTap AXS 12 vitesses. C’est le gros buzz du moment et je vous en parlais hier. Depuis, de nombreux articles et analyses sortent. Je vous conseille tout particulièrement l’analyse proposée par Matos Vélo, qui m’a apparu excellente, comme la qualité de ce site depuis des années. À ne pas manquer si vous songez investir.

On peut également voir ici les 20 vélos montés avec ce groupe et actuellement disponibles parmi les grandes marques. Évidemment, les prix sont conséquents.

Ici, le vélo Trek de Richie Porte avec le groupe.

Ici, une analyse « first ride » avec le groupe. Ca semble très bien fonctionner.

3 – Radio Bidon. Un nouvel opus est disponible ici, avec le point sur les premiers championnats du monde de Mtb électriques. Why not? C’est en tout cas toujours un plaisir que d’écouter Charles et ses acolytes parler vélo. Rafraichissant.

4 – Alex Stieda. Premier maillot jaune nord-américain, c’était sur le Tour 1986 et le coureur était canadien! Excellente entrevue avec M. Stieda disponible ici, on peut ainsi savoir ce qu’il devient. J’ai toujours aimé ce coureur volontaire.

5 – DMT KR1. Je vous parlais godasses récemment. En voilà une intéressante aussi, la DMT KR1. Du très beau matos de pointe, porté par nul autre qu’Elia Viviani. Merci à mon ami Serge pour le tuyau, que je salue au passage. Un sacré coursier celui-là! Ca envoie toujours du très lourd.

6 – Pensée positive. C’est devenu presque cliché de parler « pensée positive » tant on en parle justement, à grands renforts de « 10 trucs pour » qui foisonnent sur les médias sociaux. Et puis, c’est justement humain d’exprimer parfois des pensées moins positives, d’être critique, d’être en colère.

Anyway, j’ai toutefois trouvé cet article sur la pensée positive particulièrement intéressant parce que plus complet, et très axé cyclisme sur route.

7 – Thibault Pinot. Actuellement sur le volcan à Tenerife (ils y passent désormais tous…), le leader de Groupama-FDJ axe toute sa première partie de saison sur le Tour 2019, avec l’intention d’y arriver avec fraicheur physique. Alors, l’année Thibault Pinot? Personnellement, ca me ferait plaisir, ca fait un bail depuis Bernard Hinault…

8 – Les courses en cours. Il s’agit de l’Étoile de Bessèges et du Tour de Valence. Le Tour de Colombie commence bientôt notamment avec la présence de l’équipe Sky et Chris Froome, puis ce sera le Tour d’Oman, le Tour d’Algarve et la Ruta del Sol. La saison est lancée!

9 – Mathieu Van Der Poel. Le légitime nouveau champion du monde de cyclo-cross devrait s’aligner sur quelques classiques cyclistes ce printemps, notamment Gand-Wevelgem, À travers la Flandre, le Tour des Flandres, la Flèche brabançonne et l’Amstel. Ca sera intéressant! Il aurait comme projet de s’aligner sur les JO de 2020 à Tokyo en VTT (Mtb) avant de se consacrer plus assidument au cyclisme sur route.

10 – Gatineau Loppet. 10 jours avant la 41e édition de l’épreuve canadienne de la WorldLoppet, avec les courses de ski de fond classique le samedi, et celles de style libre le dimanche. De tout, pour tous les goûts. On s’inscrit ici. Vive le ski! (et aussi le vélo, et c’est complémentaire!)

Van Der Poel, qui d’autre?

C’est pas souvent que je parle de cyclo-cross, mais devant une telle classe, pas le choix!

C’était les Mondiaux hier de la discipline, du côté du Danemark. À défaut d’avoir un Pays-Bas-Belgique en finale de la Coupe du Monde de foot, on se rabat sur le cyclo-cross…

Et sans surprise, match il y a eu entre Mathieu Van Der Poel pour les Pays-Bas et Wout Van Aert pour la Belgique. Les deux épouvantails. Des monstres. Le mano-à-mano a eu lieu au 3e tour de la course, mais a vite tourné à l’avantage du néerlandais.

La course s’est donc jouée sur les trois premiers tours, qui sont ici. On a vu que des Belges et des Néerlandais. C’est fou.

La course a été gagnée selon moi sur le niveau technique, Van Der Poel étant une coche au dessus de tout le monde à cet égard. Van Aert n’a pas su répondre, perdant de précieuses secondes sur les passages techniques et, avec elles, le titre. Il a même fallu qu’il défende sa 2e place face à son compatriote Toon Aerts, qui doit sa 3e place à une faute technique dans le dernier tour.

Je m’émerveille toujours devant pareille classe. Mathieu Van Der Poel, c’est Fausto Coppi à son époque, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Frank Vandenbroucke, Marco Pantani, ou encore dans une autre discipline, Nino Schurter. Du talent à l’état brut. Fou raide.

Et parlant de talent, les prochaines années appartiennent, si tout va bien, à Remco Evenepoel, lui aussi la grande classe sur un vélo. 9e du Tour de San Juan, maillot vert à l’arrivée, les premiers tours de roues au plus haut niveau sont réussis. Reste à garder la tête froide, ce qui semble le cas.

Woods gagne, Evenepoel brille!

Je vous avais récemment dit que je n’avais aucun doute sur les chances de succès de Mike Woods cette saison. Ben ça n’a pas tardé, et c’est un réel plaisir! Woods a remporté hier la 2e étape du Herald Sun Tour, prenant au passage sa revanche sur Richie Porte qui l’avait fait sauté dans Willunga Hill lors du Tour Down Under.

Les images devraient suivre sous peu.

Voilà qui est très bien pour Woods, lui enlevant déjà une pression et le mettant en confiance, très en confiance, pour la suite, lui et son équipe. La classe mondiale!

Evenepoel

Le jeune prodige fait parler de lui sur chacune des courses dont il prend le départ. Sur la 3e étape du Tour de San Juan, un chrono en style « Eddy Merckx » (sur un vélo de route traditionnel), Evenepoel s’est classé 3e, à 12 secondes seulement de son coéquipier et vainqueur de l’étape, Julian Alaphilippe, un coureur pro confirmé.

Pas mal à 18 ans, pour sa première saison à ce niveau!

Le niveau de ce chrono n’est certes pas celui du Tour ou des Mondiaux, mais il confirme quand même les dispositions du jeune belge. La suite sera intéressante… tout en considérant que les garanties sont encore faibles. C’est vrai que certains prodiges junior ont ensuite déçu au plus haut niveau, un cas notoire étant Filippo Pozzato.

Le Tour de l’actualité

Ca fait un sacré bail, faisons-nous plaisir avec un petit Tour de l’actualité.

1 – Hugo Houle. Intéressante entrevue de PezCycling avec le coureur québécois chez Astana. Hugo revient sur sa non-sélection pour le Tour 2018, ses objectifs en 2019 (dont le Tour et les chronos, 2019 étant une année pré-olympique), le mont Teide, et il confirme en quelque sorte ce que je vous disais récemment: sale temps pour les coureurs sur route nord-américains, Canadiens compris…

2 – Radio Bidon. C’est le nouvel opus, en ligne ici. Toujours aussi distrayant et intéressant.

3 – Alaphilippe, déjà! Magnifique victoire hier de Julian Alaphilippe lors de la 2e étape du Tour de San Juan en Argentine. Parti à 2,7km de l’arrivée avec notamment Quintana et Benoot qui ont essayé un moment de le suivre, il s’est tapé les deux derniers kilomètres solo pour résister au peloton réduit derrière, et notamment Peter Sagan. Une victoire comme je les aime, avec la manière. Les images sont ici.

4 – Evenepoel. Ca n’a pas tardé, le très jeune coureur belge (18 ans!) s’est fait remarqué lors de la 1ere étape du Tour de San Juan en ne quittant jamais les 20 premiers du peloton, et en travaillant pour le WolfPack (Deceuninck) en préparation du sprint. On n’en sait davantage également sur son programme de course en 2019, très allégé. En avril par exemple, une seule course à son calendrier, le Tour de Turquie. Je dis bravo à son équipe de le préserver ainsi.

5 – Rally. L’équipe américaine a été invitée sur le Tour de Suisse et la Flèche Wallonne, preuve qu’on commence à la reconnaitre au plus haut niveau en Europe. L’équipe a recruté cette année le Canadien Svein Tuft qui sera donc d’une aide précieuse dans la préparation et la stratégie sur ces épreuves, à titre de capitaine de route. Rappelons que l’équipe Rally comporte plusieurs Canadiens : outre Tuft, les Matteo Dal-Cin, Ryan Anderson, Rob Britton, Adam DeVos, Pier-André Côté et Nigel Ellsay. Rally présente également une équipe féminine avec notamment Allison Beveridge.

6 – Oscar Sévilla. Pour ceux qui se souviennent de lui, l’ex-coureur pro de l’équipe Kelme vit et court désormais en Colombie, à 42 ans. Voici une longue et bonne entrevue avec lui. J’ai apprécié, les longues entrevues étant de nos jours très rares.

7 – Maillots World Tour. Tous les maillots WorldTour 2019, cotés par Cycling Weekly. Pour moi, y’a pas photo, les plus réussis sont Bahrain-Merida, Movistar, Lotto-Soudal, Trek-Segafredo ainsi que Groupama.

8 – Tous les vélos du WorldTour 2019, présentés par Road. Mention très bien au Eddy Merckx des AG2R – La Mondiale, avec des lignes racées et élancées vers l’avant. Mais mon choix serait vite fait: Canyon. Je vous assure, y’a pas photo.

9 – Mondiaux de cyclo-cross. C’est le week-end prochain du côté du Danemark. Ne manquez pas le match entre Mathieu Van Der Poel, encore vainqueur le week-end dernier, et Wout Van Aert, qui a souvent du succès sur ces Mondiaux. Ca va être grandiose! Chez les femmes, misez Marianne Vos selon moi.

Sky ou Deceuninck, quelle est la meilleure équipe World Tour en 2019?

À l’aube d’une nouvelle saison, il est d’intérêt de se poser la question: quelle est la meilleure équipe WorldTour, du moins sur le papier?

Pour moi, deux équipes se disputent le titre: l’anglaise Sky et la belge Deceuninck-Quick Step.

L’espagnole Movistar pourrait être considérée… mais à bien y réfléchir, non. Elle n’a pas la profondeur des deux premières.

Quelques stats comparatives:

Sky 2019

2ieme au classement UCI World Tour 2018, par équipe

29 coureurs, âge moyen 27,2 ans

12 nationalités différentes

4 coureurs dans les 40 premiers UCI

13 coureurs de 25 ans ou moins

2 vainqueurs de grands tours

Budget: environ 55 millions d’euros

Têtes d’affiche: Chris Froome, Geraint Thomas, Michel Kwiatlowski, Egan Bernal.

Deceuninck-Quick Step 2019

1ere au classement UCI World Tour 2018, par équipe

25 coureurs, âge moyen 27,7 ans

11 nationalités différentes

4 coureurs dans les 40 premiers UCI

10 coureurs de 25 ans ou moins

Aucun vainqueur de grands tours

Budget: environ 40 millions d’euros

Têtes d’affiche: Philippe Gilbert, Julian Alaphilippe, Ela Viviani, Zdenek Stybar, Bob Jungels, Peter Vakoc, Remco Evenepoel.

Le choix est cependant difficile car les deux équipes semblent taillées pour jouer sur des registres différents: la Sky sur les épreuves par étapes, et Deceuninck sur les courses d’un jour.

Personnellement, ma préférence va à Deceuninck, et de loin: plus de coureurs de premier plan, un plus grand registre d’action, une ambiance qui me semble meilleure, et pas moins de 73 victoires acquises en 2018.

Chez Sky, le registre semble plus étroit (les grands tours, essentiellement), et l’ambiance plus plombée avec les soupçons persistants de dopage généralisé qui planent au-dessus de l’équipe. Cette équipe semble toutefois disposer d’un meilleur encadrement des coureurs du côté de la préparation physique générale et spécifique, d’un suivi plus pointu et de matériel au top du top.

Rappelons en terminant que Sky arrête à la fin de l’année. L’incertitude est donc bien présente en ce moment quant à la suite non seulement de l’équipe, mais aussi de personnes clé comme Dave Brailsford dont l’avenir à la tête de la formation pourrait bien ne pas se prolonger au delà de la présente campagne. Si on trouve un nouveau sponsor, gageons en effet que ce nouveau sponsor ne voudra pas trainer les casseroles du passé avec lui dans un nouvel élan.

Cinq néo-pros à garder à l’oeil en 2019

On a beaucoup parlé de la victoire de Jasper Philipsen, 20 ans, lors de la 5e étape du Tour Down Under la semaine dernière.

Philipsen a certes bénéficié du déclassement contestable de Caleb Ewan pour avoir jouer de l’épaule à quelques hectomètres de la ligne, mais il n’en demeure pas moins qu’il est arrivé 2e sur la ligne, devant Sagan et les autres.

Pas mal pour un néo-pro du World Tour!

Ca donne l’occasion de faire un petit survol des cinq néo-pros qu’il faudra garder à l’oeil cette saison.

1 – Remco Evenepoel. On dit de lui qu’il est LE plus grand talent en cyclisme depuis Eddy Merckx, rien de moins. C’est vrai que l’an dernier, il aurait mérité de surnom de cannibale tant il a gagné souvent: 64% des courses auxquelles il a pris part!!! Cette année, il débute sa carrière en World Tour au sein de la puissante formation Deceuninck de Patrick Lefevere, avec un programme allégé pour sa première saison pro. C’est un excellent choix: l’expérience de Lefevere pour développer progressivement les coureurs est unique, et il retrouve dans son équipe un Philippe Gilbert par exemple pour être son mentor. Et avec les Alaphillipe, Viviani, Stybar, Jungels et Vakoc, il n’aura pas la pression de gagner tout de suite.

Chose certaine, Deceuninck a fait fort en matière de renouvellement, en mettant sous contrat outre Evenepoel des jeunes coureurs comme Enric Mas (révélation de la Vuelta l’an dernier) ou encore Fabio Jakobsen, lui aussi un coureur très prometteur.

2 – Edoardo Affini. Ce jeune coureur italien de 22 ans débarque cette année en World Tour chez Mitchelton-Scott. Gros rouleur, champion d’Italie sur route, champion d’Europe sur le chrono espoir, 4e lors du chrono des Mondiaux, ca devrait être une sacrée pointure dans quelques années. Et chez Mitchelton-Scott, il trouvera une équipe d’approche relax, qui devrait lui permettre de progresser en toute quiétude.

3 – Stephen Williams. Il a 22 ans et passe pro à la Barhain-Merida. Coureur fin, on voit en lui de grandes aptitudes pour devenir un grimpeur redoutable. Et pour preuve, il a remporté l’an dernier deux étapes et le général du difficile Tour de l’Izard en France, ainsi qu’une étape du prestigieux baby-Giro, une des grandes références dans les courses amateurs par étapes.

4 – Stan Dewulf. Un vainqueur belge de Paris-Roubaix espoir doit toujours être pris au sérieux! Il passe pro chez Lotto-Soudal et les Classiques devraient être son terrain de prédilection (il a déjà terminé 6e de Liège-Bastogne-Liège espoir également). Il sait manifestement passer les bosses, ayant terminé deux fois sur le podium du Tour de Bretagne. Avec Tiesj Benoot et Tim Wellens comme exemples, il devrait apprendre vite! On annonce que son premier objectif serait Paris-Roubaix, justement.

5 – Jasper Philipsen. Gros rouleur, ce coureur belge a 20 ans et est passé pro chez UAE Emirates après avoir couru l’an dernier chez Hagens-Berman dont le directeur sportif est Axel Merckx. Sa récente victoire au Tour Down Under devrait booster son capital confiance; il a déjà réussi, en quelque sorte, sa saison! Espérons que l’équipe UAE (anciennement la Lampre en Italie) saura être patient avec lui, car il courait encore chez les juniors il y a peu.

Mike Woods, le bilan

Si c’est un bon Mike Woods qu’on a vu au Tour Down Under, il n’a pas pu faire la différence ni dans le Corkscrew lors de la 4e étape, ni dans Willunga Hill lors de la dernière étape, preuve qu’il est marqué de beaucoup plus près qu’avant.

Il a avoué avoir « explosé » dans Willunga Hill en essayant de suivre les attaques de Richie Porte, LE spécialiste de cette ascension de trois kilomètres.

Avec du repos et quelques courses en plus, je crois que Mike Woods sera redoutable sur les Ardennaises du printemps, ainsi que sur des courses comme le Tour du Pays Basque, si elle est à son programme. Pourquoi pas Paris-Nice également? Chose certaine, le coureur canadien prend de l’assurance, on le voit nettement plus à l’aise dans son rôle de leader d’Education First, c’est évident lorsqu’on le voit en entrevue.

La suite sera intéressante j’en suis sûr! Stay tuned!

Paul Sherwen: quel héritage, vraiment?

L’ex-cycliste pro et populaire commentateur télé Paul Sherwen est mort subitement il y a quelques jours. Depuis, les hommages affluent.

Son premier acolyte, Phil Liggett, lui-aussi devenu un monstre sacré dans le business, a déclaré à son endroit « His legacy is that he entertained« .

C’est vrai. Et c’est à mon avis tout ce qu’on peut retenir de lui comme commentateur.

Je retiens surtout de Sherwen et Liggett que leur popularité a explosé alors qu’ils ont louangé, des années durant, les performances de Lance Armstrong, chantant ses exploits sur toutes les tribunes sans égard aux plus fondamentales règles du journalisme ou du commentaire sportif, par exemple l’indépendance ou la neutralité à l’égard de tous les concurrents.

Pourtant, Liggett et Sherwen étaient aux toutes premières loges pour comprendre ce qu’il se passait alors dans le cyclisme à la fin des années 1990 et durant les années 2000. La moindre rigueur aurait exigé qu’ils nuancent leurs commentaires, surtout que les scandales de dopage s’enchainaient déjà à un rythme effarant à cette époque et depuis l’Affaire Festina, pré-Armstrong rappelons-le.

Depuis ce temps, j’avais définitivement décroché de ces deux-là. D’autres commentateurs, dont Laurent Fignon par exemple, m’avaient prouvé qu’on pouvait faire du commentaire sportif  tout en ne mentant pas aux téléspectateurs.

L’annonce du décès de Sherwen est évidemment infiniment triste. Mais ce n’est à mon avis pas une raison pour l’encenser comme je l’ai lu sur de nombreuses tribunes ces jours derniers. Sherwen a fait partie d’une génération pourrie, et je suis même d’avis que Liggett et Sherwen ont contribué à élever des tricheurs comme Lance Armstrong au rang d’intouchables du sport pendant un bon moment, conduisant aux dérives que l’on sait aujourd’hui.

Y’a pas d’autres mots: Sherwen était aussi un rouage du Système. L’opinion publique est tellement importante de nos jours!

Radio Bidon #14

C’est la fin de la saison, La Flamme Rouge marque une petite pause, vous aurez remarqué. Fort heureusement, d’autres ne sont pas en pause, dont les sympathiques auteurs de Radio Bidon qui nous proposent leur 14 opus, déjà. Ce mois-ci, aperçu de la saison 2019, les nouveautés proposées par l’UCI, le cyclocross et le nouveau groupe SRAM 12 vitesses eTap qui est dans les cartons.

Bonne écoute!

Le Tour de l’actualité

1 – Tour de Lombardie. Encore une belle course (très belles photos ici), ponctuée d’un final enlevant! (les 14 derniers kms sont ici). Thibault Pinot s’est offert une bien belle victoire, avec la manière: solo. Il était clairement le plus fort samedi dernier, aucun doute là-dessus. Il a surtout montré une confiance nouvelle, notamment dans les descentes qu’il a abordé avec assurance. Grâce à cette victoire, Pinot conclut une saison faite de hauts et de bas, et capitalise pour l’an prochain. De quoi passer des vacances sereines durant l’inter-saison en tout cas, et Pinot a déjà affirmé vouloir se concentrer sur le Tour de France l’an prochain.

2 – Pinot et le Tour? Thibault Pinot peut-il gagner le Tour de France 2019? 3e en 2014, ses chances de succès l’an prochain repose notamment sur le tracé du Tour, qui devra ne pas comporter trop de chronos (réponse le 25 octobre prochain!). Personnellement, j’ai davantage confiance en Pinot qu’en Bardet pour la suite, le registre de Pinot semblant être plus complet. Mais la pression peut aussi être un élément clé, pas facile de gagner le Tour lorsqu’on est… français!

3 – Vicenzo Nibali. Le champion italien nous a montré tout son tempérament d’attaquant samedi dans le final: à peine repris par le groupe de chasse, il remettait ça pour conclure détaché, 2e derrière Pinot. La hargne! Faudra que je m’en inspire plus souvent…

4 – Tour de Guangxi. C’est la prochaine épreuve WorldTour, ça commence aujourd’hui du côté de la Chine et tout le monde s’en fout. Au mieux, c’est l’occasion pour certains jeunes coureurs de se montrer, et pour d’autres de grappiller quelques points UCI. Le classement UCI de l’année est quant à lui plié, c’est Simon Yates qui l’emporte devant Peter Sagan.

5 – Jérémy Roy. Le coureur Groupama-FDJ a participé samedi à sa dernière course pro, le Tour de Lombardie. L’hommage rendu par son équipe à l’occasion de sa retraite sportive témoigne de la valeur de ce coureur, et de l’estime que lui portent ses équipiers.

6 – Sylvain Chavanel. Idem pour le coureur Direct Énergie, récemment salué pour sa retraite après une carrière assez extraordinaire, notamment sur les épreuves chrono. Chavanel pourrait monter sa propre équipe pro au cours des prochains mois. Le plus difficile est évidemment de trouver le sponsor capable d’investir suffisamment d’argent, et de s’engager à long terme.

7 – Garmin Edge 520 Plus. Une petite critique de ce compteur est disponible ici. Après avoir explosé mon 520 dans une violente chute de VTT au mois d’août, je vous avoue franchement avoir une certaine satisfaction avec ce 520 plus, qui a également baissé de prix cette année. Une bonne affaire, la cartographie ayant été améliorée grandement.

8 – Dopage dans… l’athlétisme. Une vraie farce que ces marathoniens kenyans, pris les uns après les autres pour dopage depuis plusieurs mois. Le dernier – Samuel Kalalei – a été annoncé le 10 octobre dernier, piqué positif en avril dernier sur le marathon de Rotterdam aux Pays-Bas. La liste s’allonge continuellement pour ces coureurs du Kenya, jusqu’à quand cette farce? Si je ne me fais guère plus d’illusions en cyclisme, je dois dire que je suis également très prudent face aux performances offertes en athlétisme, en ski de fond ou en triathlon.

9 – Remco Evenepoel. Il a gagné le chrono des Nations chez les juniors dimanche dernier. Qui d’autre?! Il a mis son dauphin à plus d’une minute… Chez les élites, deux Danois occupent les deux premières places, avec un certain Vicenzo Nibali 8e à près de 3 minutes, moins de 24h après avoir terminé 2e du Tour de Lombardie!

10 – Vandenbroucke is back! Cameron, la fille aînée de Frank Vandenbroucke, fera partie de l’équipe Lotto-Soudal en 2019. Si elle a hérité du talent de son père, ouch! Dans son cas, c’est peut-être le nom qui sera le plus lourd à porter… elle sera, en tout cas, sous les projecteurs.

11 – Campagnolo sans fil. Selon Matos Vélo, ce sera pour 2020, pas avant.

12 – Paris-Tours. Je n’avais pas commenté le récent Paris-Tours. J’ai adoré pour ma part le final, avec notamment ces chemins de vigne qui n’ont apparemment pas fait l’unanimité chez les coureurs et les directeurs sportifs, certains dont Patrick Lefevere ayant estimé que ces chemins n’avaient pas leur place dans le cyclisme. Je ne suis pas d’accord! Et Paris-Roubaix?! Heureusement, Christian Prudhomme et les amateurs de vélo se sont faits entendre.

Chose certaine, Niki Terpstra (directeur sportif Lefevere…) a encore perdu les… pédales dans le final, s’énervant contre le jeune français Benoit Cosnefroy qui était pourtant cuit après avoir fourni un gros effort pour revenir sur le néerlandais et le danois Andersen. Ca a coûté assurément la course à Terpstra tant il semblait fort. À ce niveau, ca manque de professionnalisme…

Radio Bidon #13

C’est toujours excellent, c’est Radio Bidon. Cette fois-ci, des interviews avec des acteurs canadiens des derniers Mondiaux, Simone Boilard et Mike Woods.

À ne pas manquer.

Merci à Charles Ostiguy et son équipe pour cette initiative tellement rafraichissante!

Même plus confiance dans l’AMA…

Seul, comme je me sens seul aujourd’hui. Je me pose même la question: est-ce que ca vaut la peine de continuer La Flamme Rouge dans ces conditions?

Depuis 15 ans sur ce site, je dénonce sans relâche le dopage dans le cyclisme, cette gangrène de notre sport qui lui fait perdre sa crédibilité, et qui vole les athlètes sains. Je continue de croire que plus on parle de dopage, plus il sera dénoncé, et plus d’athlètes le rejetteront.

Jusqu’ici, je me disais surtout que l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) travaillait aussi dans ce sens, pour la juste cause.

Et bien ce n’est même plus le cas…

Hier, l’AMA a réhabilité en son giron l’Agence russe antidopage (Rusada), reconnaissant par le fait même que cette dernière est de nouveau conforme à l’égard du code mondial antidopage.

Bref, la Russie est de retour!

Je suis écoeuré par cette décision. É-c-o-e-u-r-é.

La Russie n’a même pas reconnu les conclusions du rapport McLaren qui établissait clairement un dopage étatisé dans ce pays! La Russie ne s’est pas conformé non plus aux autres critères établis par l’AMA elle-même en 2015 lors de sa suspension, critères établissant les conditions de son retour. Et notamment l’accès, pour les autres labos, aux échantillons prélevés sur les athlètes russes entre 2011 et 2015.

En quoi croire aujourd’hui?

Fier du CCES

Partout toutefois, des voix s’élèvent pour dénoncer cette décision de l’AMA, que seule la corruption au sein des douze membres du jury ayant pris la décision peut expliquer.

Parmi ces voix, celle de Travis Tygart, directeur de l’Agence antidopage américaine (Usada) et grand pourfendeur de Lance Armstrong. Cette voix est forte, très forte, même à l’international.

Parmi ces voix également, celle de la Norvégienne Linda Helleland, vice-présidente de l’AMA, qui a donc fait preuve d’un grand courage pour aller contre la décision de sa propre organisation.  Elle a déclaré « Aujourd’hui, nous avons échoué à l’égard des sportifs honnêtes dans le monde. » Helleland était jusqu’ici perçue comme une candidate à la succession du britannique (tiens donc…) Craig Reedie, actuel président de l’agence. Faudra voir ce qui restera de sa candidature après ça…

Parmi ces voix, celle de Dominique Laurent, présidente de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), une agence qui a fait beaucoup contre le dopage dans le passé, avant de voir ses budgets – et donc son champ d’action – amputés.

Parmi ces voix, celle de Beckie Scott, l’ex-fondeuse canadienne, qui a eu l’immense courage de ses convictions en claquant la porte du Comité de révision de la conformité de l’AMA il y a cinq jours, ne pouvant pas supporter cette éventualité devenue aujourd’hui réalité. Beckie Scott sait de quoi elle parle, elle est devenue championne olympique en 2002 à Salt Lake City par… la poste, après la disqualification pour dopage de deux athlètes russes qui avaient terminé aux 1ere et 2e places de l’épreuve…

Enfin parmi ces voix, celle du Centre Canadien d’Éthique dans le Sport (CCES) dont je suis aujourd’hui très fier. Dans un premier temps, le CCES avait imploré l’AMA, il y a quelques jours, de reporter la prise d’une décision à l’égard de la Russie à plus tard cet automne.

Hier, le CCES a émis un autre communiqué courageux dénonçant cette décision. Le CCES écrit: « Il est temps pour tous ceux et celles qui croient aux valeurs du sport et qui les placent avant les intérêts politiques et économiques d’exiger publiquement une réforme du sport international. »

J’exige une réforme du sport international!

L’indépendance de l’AMA

Le premier item de cette réforme doit être une revue de l’indépendance de l’AMA. Financée en bonne partie par le CIO, le président de l’AMA étant lui-même membre du CIO, il est très clair que les problèmes partent de là. Je suis convaincu que la décision inexplicable d’hier découle en grande partie des liens existants entre CIO et AMA…

Il faut absolument et rapidement que l’AMA devienne un organisme totalement indépendant du CIO et des fédérations nationales.

Il faut également s’attaquer au financement de la lutte contre le dopage, les budgets ayant été réduits au cours des dernières années, malgré l’ampleur des crises, et notamment du scandale Lance Armstrong.

Il faudra enfin continuer de moderniser le code mondial antidopage, ceci afin de l’ajuster aux nouveaux produits d’une part, mais aussi aux nouvelles techniques d’autre part, notamment à l’égard des Autorisations pour Usage Thérapeutique (AUT). Pourquoi ne pas viser des percées, notamment à l’égard du passeport biologique étendu aux autres sports?

Je rejoins totalement Travis Tygart dans son communiqué hier: « The road to the new, stronger WADA must start now. And let’s be clear: absolutely nothing will be off the table for how we, the anti-doping community, begin the work of reforming WADA.”

Trois grands tours, trois vainqueurs anglais différents…

Y’a pas à dire, le cyclisme anglais domine la scène des grands tours cette saison. Voyez un peu: Froome vainqueur du Giro en mai dernier, Thomas vainqueur du Tour de France en juillet dernier et maintenant Yates vainqueur de la Vuelta.

Y’a des époques, comme ça. Y’a eu le cyclisme italien au début des années 1990. Puis le cyclisme espagnol, notamment avec Indurain et Olano. Puis le cyclisme américain, Lance Armstrong en tête mais aussi Tyler Hamilton, George Hincapie, Floyd Landis et les autres. Depuis la fin des années 2000, c’est le cyclisme anglais qui domine, après des décennies de résultats minables.

En attendant bientôt le cyclisme colombien?

Chose certaine, la victoire de Yates sur la Vuelta a été franche dans les derniers jours, les Movistar piquant du nez gravement au point de descendre du podium… Surprenant à ce niveau! Y’a de quoi nourrir des regrets, les Movistar ont tout perdu dans les deux dernières étapes.

Et c’est la jeune sensation espagnole Enric Mas qui termine finalement 2e de cette Vuelta, avec à peine 23 ans au compteur. Attention à lui dans les prochaines années, il sait tout faire: rouler, grimper, récupérer, digérer, durer. Un futur grand à mes yeux. Vivement de le voir à l’oeuvre sur les Mondiaux de cyclisme dans deux semaines!

Tous les yeux se tournent désormais vers les Mondiaux de cyclisme. Pour ceux ayant disputé la Vuelta, ca s’appelle récupération dans les deux prochaines semaines. Pour plusieurs autres, il faut encore monter en pression. Enfin, l’heure est à la récup pour d’autres aussi, notamment Alaphilippe récent vainqueur du Tour de Slovaquie.

La course à Innsbruck s’annonce passionnante, ne manquez pas ca!

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