La Flamme Rouge salue l’arrivée, sur la blogosphère, de Jean-Sébastien Zahra qui a démarré un blogue intitulé Familio-boulôt-vélo.
C’est qui, JS Zahra ? Pour moi, c’est l’épouvantail des courses Maîtres A de la première moitié des années 2000. Il gagnait tout. Il m’a fait souffrir, le salaud, notamment au GP de Charlevoix puisqu’il est presque chaque fois la raison principale derrière le fait que je me sois fait largué dans une bosse. Remarquez qu’avant sa carrière chez les Maîtres, Zahra était passé par l’équipe du Québec et avait signé quelques belles performances, preuve d’un excellent niveau.
C’est aussi un mec très gentil et un fidèle de La Flamme Rouge depuis des années. Nous échangeons de temps en temps par courriel, en attendant de se revoir sur une course.
Depuis quelques années, il a eu des enfants. D’où son blogue, que je perçois un peu comme une sorte d’exutoire pour passer sa frustration de ne pas pouvoir rouler – excusez, je devrais dire gagner – plus souvent. En ce sens, son blogue semble être la version "cyclisme" du populaire blogue "Chroniques d’une mère indigne" !
JS, as-tu pensé à renommer ton blogue "Chroniques d’un cycliste indigne" ?
Anyway, je reviens aujourd’hui sur la difficile conciliation famille-travail-vélo dans le contexte où suite à mon texte sur l’entrainement la semaine dernière, des lecteurs m’ont demandé comment je faisais pour trouver de 6 à 8h pour m’entrainer chaque semaine.
Ma vie est, comme la vôtre, bien remplie. Il y a un emploi professionnel, très prenant et parfois très stressant et dans lequel je connais un certain succès. Il y a une famille, deux enfants en bas âge. Il y a une maison à entretenir. Il y a enfin La Flamme Rouge qui, même si j’ai une certaine facilité pour l’écriture, me demande quand même un peu de temps, notamment le pool de cyclisme. Il y a aussi eu, pendant 10 ans, un club, les Rouleurs de l’Outaouais, à s’occuper comme membre du CA.
Et il y a l’entrainement, la "carrière" du pratiquant.
Comment je fais alors ?
Il y a d’abord les petits trucs.
Jamais, ou si peu, de télé. Ne me demandez pas ma réaction face au comportement déjanté de Claude dans le dernier épisode de La Galère, je ne regarde jamais la télé.
Considérant que le Canadien moyen passe plus de 20h par semaine devant sa télé selon une enquête de Statistique Canada, voilà qui m’a dégagé un peu de temps.
L’autre truc ? La planification, l’organisation et l’efficacité. Je fais tout – sauf une seule chose – en 4e vitesse. Je roule, dans tous les sens du terme. C’est parfois usant, mais je fais deux fois plus de choses que bien des gens dans le même laps de temps. S’agit de s’organiser. Ma technique pour entretenir un vélo est au point. Pour passer l’aspirateur dans la maison aussi.
Dans le concret et sur semaine, ca donne que je saute, l’hiver, sur mon home-trainer à 20h30 le soir, après le souper, la vaisselle, le jeu, les devoirs, les douches et les histoires des enfants. Pas toujours simple de se défoncer à 21h passée lorsque j’ai des intervalles au programme, mais j’y parviens encore. 21h45 c’est terminé, me reste plus qu’à "écrire" La Flamme Rouge entre 22h et 22h30 avant le dodo.
Sur semaine également, il y a deux midi où je fais de la musculation au travail, dans le petit gym aménagé.
La fin de semaine, j’ai une conjointe qui a compris la place du vélo dans ma vie et qui me "libère" donc une avant-midi, la plus belle côté météo des deux jours. Je peux donc rouler ou skier entre 2 et 5h. Et plus je prévois long, plus je pars tôt… L’autre journée, je peux habituellement loger une petite sortie d’une heure en récupération active.
Considérant l’intensité de l’entrainement, surtout sous la direction de Pierre Lemay, cet horaire est suffisant pour obtenir une très bonne condition physique tout en gérant le repos.
Après, pour le reste, c’est une question de recul. Manifestement, cet entrainement ne me permet pas de gagner des courses provinciales. Davantage d’heures de selle ne seraient pas forcément la garantie que cela changerait ! Et puis, gagner est-il vraiment important à 40 ans ? Aussi, je gère mes attentes et met l’emphase sur le plaisir plutôt que le résultat.
Je l’ai souvent dit à des amis, j’aime le vélo parce que j’ai autre chose dans la vie, notamment une vie familiale et professionnelle qui me comble. Il est probable que je n’aimerais pas autant le vélo si je n’avais que ca dans ma vie et si j’avais tout sacrifié pour lui… Comprenez moi bien : je trouve tout à fait normal que Guillaume Boivin veule gagner à tout prix et soit, dans ce contexte, insatisfait de sa très belle 3e place aux récents Mondiaux. J’estime cependant ne pas être moins "winner" que lui parce que je ne vise pas le même résultat lors de mes compétitions !
Alors lorsqu’il fait beau et chaud, que des amis partent rouler et que mes obligations familiales m’empêchent de me joindre à eux, je relativise. Je reviens à l’essentiel. Je prends du recul. Essayez, vous verrez, ca aide. Je me dis que de toute façon, je n’irai pas aux Jeux Olympiques.
Vous non plus d’ailleurs.