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Cyclisme Canada soutiendra Brian Cookson

Voilà une nouvelle qui me fait rudement, mais rudement plaisir et qui vient de rehausser ma fierté de détenir une licence sous l’égide de Cyclisme Canada, ainsi que ma motivation envers la pratique du vélo ainsi qu’envers La Flamme Rouge!

En effet, le président de Cyclisme Canada, John Tolkamp, vient de publier hier un communiqué ici disponible annonçant clairement que la fédération canadienne soutiendra Brian Cookson lors de la prochaine élection pour le poste de président de l’UCI, le 27 septembre prochain à Florence.

Deux mots me viennent immédiatement: bravo! et merci!

Cyclisme Canada justifie sa décision de belle façon, affirmant avoir reçu beaucoup de commentaires de « cyclistes canadiens » et « d’intervenants clés » ayant exprimé le souhait de voir davantage de transparence et d’imputabilité dans la gouvernance de l’UCI.

Cyclisme Canada écrit notamment « Malgré ces réussites, les révélations omniprésentes de dopage nous ont fait réaliser que cette croissance du cyclisme se faisait sur le dos de la tricherie et de la fraude. (…) Il y a donc actuellement dans le cyclisme un appel et un besoin de changement de leadership, non seulement pour améliorer la perception du notre sport, mais aussi pour en améliorer la gouvernance et les relations avec les partenaires, et pour intensifier la lutte contre le dopage, entre autres priorités. »

Je ne saurais être davantage en accord!

Et John Tolkamp lui-même écrit « «Nous avons écouté les Canadiens. Nous avons entendu leur appel au changement, et Cyclisme Canada partage leur point de vue, si bien que nous sommes prêts à appuyer publiquement Brian Cookson dans le but de provoquer ce changement. Peu importe la situation actuelle entourant l’élection du mois de septembre, nous pensons aussi qu’il est important que le vote du congrès soit démocratique et juste, et qu’il engage tout le monde. Nous sommes persuadés que le cyclisme a un brillant avenir.»

À Cyclisme Canada et à M. Tolkamp, je salue votre respect des règles démocratiques, je salue votre sens de l’écoute de vos membres, je salue également votre courage d’affirmer publiquement et dès maintenant votre soutien à M. Cookson, sachant que cette initiative pourrait – qui sait – faire boule de neige auprès d’autres fédérations dans les prochaines semaines. Mais surtout, je salue votre engagement envers le bien et l’avenir du cyclisme. Et comme vous, je demeure convaincu, malgré les 15 dernières années, que le cyclisme a un brillant avenir, à la condition que nous osions fouiller dans le passé parfois moins glorieux, ceci afin de comprendre les dérives et ses mécanismes et ainsi définir des moyens de les éviter dans l’avenir.

Vraiment, merci.

Lance Armstrong a raison

Je ne pensais jamais écrire cela de ma vie!

N’ajustez pas votre ordinateur ou tablette, vous êtes bien sur La Flamme Rouge et j’ai bien titré « Lance Armstrong a raison »!

Il a raison lorsqu’il a affirmé, en réaction à la publication du rapport du Sénat français incriminant d’usage de produits dopants de nombreux coureurs du Tour 1998 « I’d like to think that there is some good in all this but from my perspective, sitting here today, there has been nothing but damage done to the sport.« 

Il a raison de dire que pour l’instant, ces révélations ne servent à rien d’autre que de salir encore un peu plus le sport cycliste.

Le problème, ce n’est pas de parler de dopage (notamment sur ce blog), ce n’est pas de faire la lumière sur le passé du sport cycliste, aussi sombre soit-il.

Le problème, c’est de ne rien changer sur la base de ces informations.

Et c’est précisément ce qui se passe actuellement dans le cyclisme.

Je suis outré, révolté, insulté profondément par la réaction de l’UCI à la publication du même rapport: « Ces dernières années, le cyclisme a connu une transformation totale. Il est maintenant possible de courir et de gagner proprement et il existe une nouvelle culture au sein du peloton, selon laquelle les coureurs apportent leur soutien et leur conviction en un cyclisme propre. Le cyclisme possède aujourd’hui le dispositif antidopage le plus sophistiqué et le plus efficace dans le monde du sport. Aujourd’hui, le cyclisme ouvre la voie sur le plan de la lutte contre le dopage.« 

Dois-je rappeler que Lance Armstrong n’a jamais échoué de tests antidopage, n’a jamais été piqué par le passeport biologique et que sans les enquêtes de Walsh et Ballester d’abord, puis de l’USADA, jamais le scandale US Postal n’aurait éclaté au grand jour?

Posez-vous la question: qu’est ce qui a changé dans le cyclisme ces dernières années?

La réponse? Rien, si ce n’est que l’AMA a fait avancer la lutte contre le dopage en mettant au point, en collaboration avec ses laboratoires accrédités, de nouveaux protocoles de détection de produits dopants. Du côté de l’UCI, le bilan est pauvre, très pauvre.

A-t-on réglé les problèmes flagrants de conflits d’intérêt? Non.

A-t-on fait en sorte d’éliminer du milieu cycliste les ex-dopés comme Bjarne Riis, Alexandre Vinokourov et tant d’autres? Non. Le récent article de Guillaume Prébois, portant sur les ex-dopés en activité au sein des équipes pro, est d’ailleurs éloquent à cet égard.

A-t-on créé une Commission « Vérité et Réconciliation » pour permettre aux cyclistes voulant passer aux aveux et nous faire comprendre comment on se dope facilement chez les pros de le faire dans un bon contexte juridique? Non. Pat McQuaid a trop peur d’une telle commission à l’approche de nouvelles élections pour la présidence de l’UCI, poste de pouvoir auquel il entend s’accrocher de toutes ses forces, on ne sait pourquoi si ce n’est que d’assouvir ses ambitions personnelles et… garantir les intérêts de sa famille proche.

A-t-on lancé des états généraux avec des intervenants de tous les milieux – coureurs, équipes, organisateurs de courses, policiers, organismes de lutte contre le dopage, mouvements comme « ChangeCyclingNow » ou « Mouvement pour un cyclisme crédible » – pour rassembler des suggestions visant à améliorer la crédibilité du sport cycliste en luttant plus efficacement contre le dopage? Non.

A-t-on augmenté le financement du passeport biologique? Non. On l’a réduit!

Le triste constat, c’est que rien n’a changé dans le cyclisme.

Plus encore, on ré-utilise les mêmes recettes qu’avant.

Rappelez-vous, après le scandale Festina de 1998, le cyclisme nous a annoncé un renouveau incarné à l’époque par… Lance Armstrong, ce miraculé du cancer qui, forcément, ne pouvait user de produits dopants…

Le milieu – Armstrong le premier, emboité par de nombreux « spécialistes » voire même quelques scientifiques – nous ont alors vanté la préparation extrèmement pointue du champion américain qui n’hésitait pas peser ses steaks avant de les manger, de passer en soufflerie l’hiver, de travailler avec les fournisseurs à l’aérodynamisme des composantes, voire à reconnaître les étapes du Tour en avril, sous la neige…

On connaît maintenant comment en réalité Armstrong gagnait. Je dis merci à Walsh, Ballester et Tygart en particulier. On a pourtant trainé dans la boue ces gens, Walsh et Ballester en particulier, pendant un moment. Ils avaient pourtant raison!

Et aujourd’hui, c’est identique!

Après 2 ou 3 ans d’accalmie où les moyennes ont légèrement diminué et les coureurs français se sont remis à gagner, je suis d’avis qu’on est entré, depuis 2010, dans une nouvelle ère similaire à celle de l’US Postal. Seul le nom a changé: c’est désormais l’ère « Sky ».

Depuis fin 2011, les Sky sont devenus surpuissants, avec Wiggins et Froome notamment (ce dernier sorti de nulle part en 2 ans), mais aussi en relançant la carrière de coureurs qui n’étaient pourtant plus au top dans d’autres équipes, comme Rogers ou Porte.

Et on nous ressort les mêmes arguments: entrainements pointus, nouvelles méthodes secrètes d’entrainement à Ténérife, et tout le bordel. Bientôt, on nous fera croire que c’est parce que les coureurs Sky mangent précisément 18 grammes de quinoa chaque soir qu’ils gagnent autant…

Et les moyennes ont recommencé à augmenter. Des records établis dans les années 2000 par les coureurs aujourd’hui conspués par le milieu sont tombés sur le dernier Tour de France. Mais on nous affirme haut et fort que les coureurs dopés d’hier ont été battus par des coureurs propres aujourd’hui…

Tout cela me désespère profondément. On ne s’en sort pas.

Je l’ai déjà écrit, je le ré-écris: si Lance Armstrong est le seul à morfler dans tout le scandale US Postal comme ca semble être actuellement le cas, ce sera un échec terrible pour le cyclisme et la garantie assurée que la crédibilité du sport cycliste continuera à être à peu près nulle pour des années encore.

Mais plus encore, je suis dégoûté de constater qu’hier, Hein Verbruggen et Pat McQuaid défendaient voire encensaient Lance Armstrong et qu’aujourd’hui, ils en font leur brebis galeuse, LA figure d’une époque sombre du cyclisme mais fort heureusement révolue selon eux…

Plus que jamais, je demeure convaincu que Lance Armstrong possède les clefs du vrai renouveau dans le cyclisme professionnel. Il FAUT qu’il parle prochainement, qu’il balance les complicités déjà largement traitées dans le livre « Fin de cycle » de Pierre Ballester que je viens de commencer de lire. Des révélations d’Armstrong sont le seul moyen de faire bouger – de force – l’UCI qui, pour l’instant, bloque tout et continue de jouer la carte de la manipulation de l’opinion publique.

Aucune chance sur ce site!

Froome 2013 mieux qu’Armstrong 1999

Le verdict est sans appel: sur le Tour de France 2013, Chris Froome a développé une puissance moyenne supérieure à celle de Lance Armstrong sur le Tour 1999.

Il a, au passage, battu quelques records d’ascension de cols, ou a égalé les meilleures performances connues à ce jour. Toutes établies par des coureurs dopés. À la seule nuance près qu’il n’est pas allé franchement dans la zone mutant comme d’autres, au delà des 450 watts…

Rappelons également que Lance Armstrong a avoué avoir utilisé des produits dopants durant toute sa carrière cycliste et qu’en réaction à ces aveux, toutes ses victoires sur le Tour, entre autres, lui ont été retirées.

Parmi les autres coureurs suspects de ce Tour 2013, Nairo Quintana, Joaquim Rodriguez ainsi que Rui Costa.

Les calculs de puissance viennent évidemment d’Antoine Vayer et Frédéric Portoleau. Ils avaient tous deux « prédits » le temps d’ascension de Nairo Quintana sur le Semnoz à 20 secondes près, sur la base de ses autres temps d’ascension plus tôt sur le Tour. Zone « miraculeuse » évidemment! La précision des calculs à priori est par ailleurs convaincante.

Bref, vous en déduisez ce que vous voulez. Moi, mon opinion est faite.

Pour l’heure, le milieu cycliste s’emploie à fond à nous faire passer la pilule. On a sorti la grosse artillerie, à grand renfort de déclarations tonitruantes de la part des coureurs, des directeurs sportifs, de l’encadrement, des bien pensants du milieu.

Le hic, c’est que le dopage dans le cyclisme risque fort d’occuper l’actualité pour un moment encore. Le « milieu » n’est pas tout en fait en contrôle de tout!

Demain, sera rendu public le rapport tant attendu du Sénat français sur le dopage dans le cyclisme. Déjà, des noms ont circulé hier dans Le Monde: outre Marco Pantani, Jan Ullrich et Bobby Julich (le podium complet du Tour 1998) ainsi que Laurent Jalabert, les noms d’Erik Zabel, Jacky Durand et Laurent Desbiens seraient aussi sur la liste des coureurs dont les échantillons du Tour 1998 seraient positifs à l’EPO. Confirmation demain…

Du coup, le milieu crie et criera encore plus fort demain à l’injustice: condamnation sans droit de défense… Mais défense de quoi au juste? La science parle, froide et objective: les échantillons contiennent de l’EPO, un point c’est tout… Les vices de procédures, tout ca, ce ne sont que des excuses pour nous dérouter du message important, celui que ces coureurs usaient de produits dopants, point final.

Et ceux qui sont encore proches du milieu, comme Jacky Durand, commentateur sur Eurosport pour le cyclisme, joue encore le jeu qu’il connaisse: protéger le milieu, leur boulot aussi. Durand, dans une interview, regrette l’amalgame entre ce qui se passait en 1998 et ce qui se passe aujourd’hui. Il estime que « la nouvelle génération ne doit pas payer nos conneries du passé« . Il ajoute « Notre sport est bien plus propre aujourd’hui, je veux que les gens le comprennent ».

Je rêve!

Non mais qu’est-ce que Jacky Durand en sait au juste?

Que Jacky Durand vienne devant les caméras de télé et explique comment des coureurs supposément propres aujourd’hui peuvent monter plus vite que les coureurs dopés d’hier?

Hey, Jacky! On prend des paris sur ce qui restera du palmarès du Tour 2013 dans 10 ans?

Pure désinformation, méprisant le public une nouvelle fois. Les déclarations de Durand sont une insulte à l’intelligence humaine, rien de moins.

Et puis en attendant, la « nouvelle génération » est doucement convoquée devant les tribunaux, à commencer par Damiano Cunego et Alessandro Ballan chez Lampre, tous deux des coureurs « post-Durand ».

D’autres suivront très certainement, ce n’est qu’une question de temps, de validation des protocoles de détection de produits dopants. L’AMA y travaille très certainement, et il faut espérer que Pat McQuaid ne sera pas ré-élu à la tête de l’UCI en septembre afin que la gouvernance du cyclisme soit clarifiée et les conflits d’intérêt réglés.

Ha oui! Les gens du milieu diront que ceux qui critiquent n’ont rien à proposer en échange. Justement oui. Je l’ai déjà écrit à de nombreuses reprises.

Et qu’on commence par le commencement: virer tous ces ex-dopés du milieu cycliste, et au plus vite! Les Bjarne Riis, Jacky Durand, Laurent Jalabert, Richard Virenque, Alexandre Vinokourov et bien d’autres encore n’ont rien à faire dans le milieu cycliste professionnel si on veut commencer à le nettoyer…

Bref, la lutte continue, car je suis convaincu qu’elle est la preuve de l’amour du cyclisme chez ceux qui la mène. Et une lutte plus efficace contre le dopage dans le cyclisme n’est que question de justice: elle permettra aux coureurs propres, qui pratiquent leur métier avec éthique et valeurs, comme le Québécois David Veilleux et plusieurs autres, de mieux s’illustrer au plus haut niveau.

Le diagnostic Vayer: sans appel

cliquez-sur-l-image-pour-le-commanderC’est un gros, un très gros pavé dans la mare que vient de lancer Antoine Vayer avec la publication récente d’un magazine intitulé « Tous dopés? La preuve par 21«  (disponible au Québec et aux États-Unis, sous le titre « Not Normal » disponible ici au montant de 9,95$).

21, comme les 21 lacets de l’Alpe d’Huez, mais aussi comme le profil détaillé de la puissance de 21 coureurs, dont 13 vainqueurs du Tour.

Vayer se sert en effet abondamment des calculs de puissance qu’il a mis au point avec Frédéric Portoleau et dont la marge d’erreur est désormais infime pour « classer » les performances en cyclisme. Le raisonnement, auquel je souscrits totalement, est le suivant: on connaît désormais très précisément les limites des capacités humaines à l’état naturel. Pour Vayer, cette limite est de 410 watts-étalon dans un col de plus de 20 minutes d’ascension situé en fin d’étape, après plusieurs heures sur le vélo. Entre 410 et 430 watts-étalon, c’est suspect. Entre 430 et 450 watts-étalon, c’est miraculeux. Au-delà de 450 watts-étalon, on est dans le domaine réservé qu’aux mutants du cyclisme.

Le verdict de Vayer est sans appel: seul le profil de puissance de Greg LeMond ne soulève aucun doute quant à sa probité. Pour tous les autres vainqueurs du Tour depuis 1982, on peut identifier des « performances suspectes » voire « mutantes » très probablement obtenues grâce au dopage, le plus souvent sanguin. Pour appuyer ses propos, Vayer publie un profil détaillé de chaque coureur, avec calculs de puissance, permettant de bien préciser quelles performances sont suspectes.

Il publie également la méthodologie de ses calculs mis au point avec Portoleau, question de convaincre les plus sceptiques.

Le site Internet propose également un complément d’enquête assez troublant à propos de Laurent Jalabert.

Pourquoi une telle publication?

Parce que comme le souligne l’excellent journaliste Stéphane Mandard du journal Le Monde dans le magazine, personne – surtout pas l’UCI – ne peut désormais se réfugier en 2013 derrière des affirmations du style « on ne savait pas » ou « on n’avait pas de preuves » pour se dédouaner à l’égard du dopage dans le cyclisme.

Car aujourd’hui, on a les moyens sinon de savoir hors de tout doute, au moins d’identifier les coureurs qui présentent des performances tout simplement hors des capacités d’un être humain, même très bien entrainé et disposant de gênes très avantageux à l’égard du sport.

Lire pour rester critique… intelligemment

Pour nous les fans, j’estime qu’il faut lire cet ouvrage car il permet de rester critique… intelligemment à l’égard du spectacle qu’on nous offre en cyclisme. Non, tous les coureurs ne sont pas dopés et dans ce contexte, des généralisations excessives du style « ils sont tous dopés de toute façon » sont à proscrire. Mais il ne faut pas non plus croire ce que le milieu – et l’UCI – voudrait nous faire avaler ces jours-ci, à savoir que les mentalités ont changé dans le peloton. À la lumière des récentes analyses des performances du Giro 2013, Vayer et Portoleau nous montrent que des coureurs demeurent suspects, voire que des performances « mutantes » sont de retour, notamment sur le Jafferau lors de la 14e étape du Giro… (et où on pourra prendre du recul par rapport aux perfs de Santambrogio, flashé dans les zones interdites… Vayer savait donc avant les contrôles positifs que ce type carburait à autre chose que l’eau claire, une preuve de plus que le système fonctionne bien). Le magazine de Vayer comporte également des analyses des courses par étapes en 2013 à ce jour. Nombre de performances suspectes sont à mettre du côté des Sky…

Lire aussi pour se situer personnellement!

L’ouvrage est également très intéressant en ce sens qu’il nous permet, à nous cyclistes amateurs, de mieux comprendre nos performances.

Vous voulez y aller pour le KOM de Strava sur l’Alpe d’Huez dans les prochaines semaines? Go for it! Mais sachez que pour monter en 37 minutes et des poussières, Pantani a dû généré 461 watts-étalon en moyenne durant tout ce temps, et qu’il l’a fait après avoir d’abord parcouru 210 bornes dans le peloton du Tour 1994. Bon courage…

Vous pourrez aussi, grâce à cet ouvrage, mieux situer les performances de vos adversaires voire copains de club sur les grands cols. Il y aura peut-être des surprises!

Les radars du Tour 2013

Outre les profils de puissance des coureurs et anciens vainqueurs, Vayer publie ses « radars du Tour 2013 », c’est à dire qu’il présente en détails six zones où Portoleau et lui calculeront les profils de puissance des coureurs cet été, question de mettre en contexte les performances. Ces zones ont été choisies soigneusement pour permettre un calcul fiable et précis. On y retrouve notamment le Ventoux, mais aussi l’Alpe d’Huez, la Croix-Fry ou encore le Semnoz.

Faute d’une lutte efficace contre le dopage (quoique avec le retour de l’AFLD, j’ai davantage confiance), nous saurons au moins relativiser, grâce à leurs calculs, le spectacle qui se déroulera sous nos yeux et serons donc des spectateurs intelligents et éclairés du Tour.

L’ouvrage comporte également une foule d’autres informations très intéressantes, notamment sur les plus grandes performances mutantes en cyclisme, notamment celles de Contador à Verbier sur le Tour 2009 (491 watts-étalon sur 21 minutes!), de Pantani à Madonna Di Campiglio sur le Giro 1999 (490 watts-étalon sur 20 minutes), de Riis à Hautacam sur le Tour 1996 (479 watts-étalon sur 35 minutes!) voire d’Indurain à Hautacam sur le Tour 1994 (470 watts-étalon sur 35 minutes).

En conclusion

À chaque époque correspond son dopage. Il est clair que les techniques aujourd’hui utilisées dans le peloton sont différentes de celles qui étaient utilisées il y a seulement quelques années, compte tenu des progrès dans les méthodes de détection et de l’apparition constante de nouveaux produis dopants.

Ce qui ne change pas beaucoup cependant, c’est l’être humain et ses capacités intrinsèques. Aujourd’hui, nous les connaissons avec une précision inégalée, notamment grâce aux capteurs de puissance et autres tests en laboratoire.

En ce sens, les analyses de puissance, désormais au point, sont un outil très intéressant qui pourrait servir à mieux cibler les coureurs suspects ainsi que leur encadrement et ce, sur une longue période de temps afin de les débusquer, que ce soit par des contrôles anti-dopage, un suivi plus précis au passeport biologique, ou encore des opérations policières lors des courses, chez eux voire chez leur personnel encadrant.

Ce serait un moyen de plus pour atteindre l’objectif ultime, c’est à dire de garantir l’intégrité du sport cycliste et rétablir l’égalité des chances parmi les athlètes.

Que se passe-t-il chez Europcar?

Aie aie aie.

Il y a des nouvelles qui nous touchent davantage que d’autres, forcément.

Celle-ci en est une.

L’équipe Europcar se retrouve ce matin dans la tourmente, puisque le journal L’Équipe a révélé que Pierre Rolland, un de ses deux leaders, n’aurait pas dû prendre le départ de la 8e étape du Dauphiné Libéré pour raison sanitaire. En effet, un contrôle tôt le matin aurait révélé un taux de cortisolémie effondré, laissant croire à une insuffisance surrénalienne.

Cette règle est appliquée aux équipes qui ont adhéré au Mouvement pour un cyclisme crédible.

Évidemment, les raisons derrière ce taux effondré soulèvent des questions qui tuent. Dopage? Chose certaine, une des causes les plus fréquentes d’un effondrement du taux de cortisolémie est la prise de corticoïdes sur une longue période.

Ou alors, le contrôle a-t-il été fait correctement?

Quoi qu’il en soit, c’est très troublant, surtout que ce n’est pas la première fois que des soupçons d’usage de cortisone, de corticoïdes voire d’autres produits se dirigent vers l’équipe Europcar. L’an dernier, une enquête avait même été lancée, classée sans suite par après. Anthony Charteau avait également fait l’objet d’une mise à l’arrêt sur les Quatre Jours de Dunkerque 2012 suite à un contrôle sanguin pas très normal.

Jean-René Bernaudeau joue un jeu dangereux

La crise a pris de l’ampleur aujourd’hui alors que Jean-René Bernaudeau, manager général de l’équipe, a déclaré que la prise du départ de Rolland avait été autorisée par le médecin Armand Mégret.

Le démenti de Mégret n’a pas tardé, ce dernier étant manifestement en beau pétard avec les déclarations de Bernaudeau.

Qui dit vrai?

La suite

Roger Legeay, président du Mouvement pour un cyclisme crédible, doit entendre Bernaudeau et Mégret rapidement, afin de tenter de faire la lumière sur cette situation regrettable.

L’équipe Europcar pourrait-elle être privée de Tour de France? Rappelons que les règles du Mouvement pour un cyclisme crédible sont claires, une auto-suspension étant recommandée sur la prochaine course en cas d’affaires de dopage au sein d’une équipe. L’équipe AG2R La Mondiale vient justement de se priver volontairement du Critérium du Dauphiné suite au contrôle positif de Sylvain Georges lors de la 7e étape du Giro.

Si l’équipe Europcar ne devait pas faire le Tour en raison de cette situation, quelle drame pour David Veilleux. Surtout que la nouvelle est confirmée ce matin par le principal intéressé lui-même: sa participation au Tour a été confirmée. Normalement, il sera au départ!

Espérons que la situation à l’égard de Rolland pourra être rapidement clarifiée, et que d’autres mauvaises nouvelles ne nous parviendront pas dans les prochaines heures.

Le pipeau de Pat McQuaid

L’individu me donne des boutons. Je vais bientôt devoir aller en thérapie pour être capable de gérer ca!

Pat McQuaid sévit une nouvelle fois, il vient de publier une lettre en réaction à l’annonce récente de Brian Cookson, président de la fédé britannique de cyclisme, de briguer contre lui le poste de président de l’UCI lors des élections de septembre prochain.

Il s’agit sans l’ombre d’un doute une preuve additionnelle d’à quel point McQuaid tente de s’accrocher désespérément à son poste. Je n’y vois qu’une raison possible: ses ambitions personnelles, point final, et nullement les intérêts supérieurs du sport cycliste.

En effet, pourquoi McQuaid cherche-t-il autant une ré-élection? Critiqué de toutes parts, non désiré par beaucoup, constamment baignant dans les scandales, pourquoi insister?

Anyway, la lettre de McQuaid dénonce surtout des tractations en cours visant à nuire à sa ré-élection. Si McQuaid a probablement raison de s’inquiéter de la légalité ou la moralité de certaines actions, j’estime qu’il est bien mal placé pour se poser ainsi en un « défenseur de la démocratie ».

En conclusion, McQuaid ré-itère son intention de servir le cyclisme, tout le cyclisme, au cours des prochaines années. Surtout, il écrit « (…) as well as ensuring that the UCI has remained at the forefront of the fight against the scourge of doping in sport. »

Pure désinformation!

M. McQuaid, quelques questions pour vous, pour aller au delà des communiqués léchés vide de sens:

1 – tout le monde reconnaît que l’UCI est en conflit d’intérêt permanent entre la promotion du cyclisme, qui exige une image de marque, et la lutte contre le dopage, qui ternit l’image du cyclisme. Pourquoi l’UCI se traine-t-elle les pieds dans ce dossier? Pourquoi l’UCI ne prend-t-elle pas le leadership d’une réforme de la gouvernance de ce sport pour clairement donner le dossier de la lutte contre le dopage à des instances internationales indépendantes? Pourquoi autant de temps?

2 – Pourquoi l’UCI se réfugie-t-elle derrière des statistiques vides de sens portant sur le nombre de contrôles antidopage pour justifier ses actions, en réalité très modestes? La majorité des grands scandales de dopage des 20 dernières années sont survenus à la suite d’enquêtes journalistiques ou policières… Qu’attend l’UCI pour collaborer avec les autorités nationales en partageant de l’information, quitte à ouvrir le dossier de la confidentialité des informations, notamment celles recueillies au moyen du passeport biologique?

3 – La mise en place d’un passeport biologique est probablement le meilleur coup de l’UCI dans la lutte contre le dopage ces dernières années. Pourquoi sous-utiliser cet outil? Pourquoi ne pas le complémenter par un profil de puissance des athlètes, permettant d’identifier les coureurs à surveiller de près?

4 – Pourquoi tant tarder dans la mise en place d’une commission « Vérité et Réconciliation » tant demandée par le milieu cycliste – Lance Armstrong lui-même – pour faire débloquer les choses? Craindriez-vous des révélations dont le timing serait mal choisi à quelques semaines de l’élection pour la présidence de l’UCI? Pourquoi vous contentez-vous d’un « rapport interne » à venir sur le dossier, pour l’instant? Démocratie, transparence vous dites?

5 – Quel rôle à l’UCI joue encore Hein Verbruggen à l’UCI, et quelles ont été les gestes posés par ce dernier et par l’UCI à l’endroit de Lance Armstrong et de son équipe entre 2000 et 2010? Le rapport USADA a soulevé de nombreuses questions, notamment quant au rôle de l’UCI durant le Tour 2009 envers l’équipe Astana d’Armstrong et du vainqueur Contador, questions toujours sans réponse aujourd’hui….

6 – Pourquoi désinformer le public quant à la supposée « démocratie » régnant à l’UCI? Votre « commission indépendante » proposée à l’automne 2012 à la suite du scandale Armstrong n’était pas indépendante: vous avez vous-même nommé la personne responsable de choisir les trois personnes responsables de mener cette commission!!! Pourquoi affirmer sur toutes les tribunes que l’AMA et l’USADA ont refusé cette commission, sans ajouter qu’elles l’ont refusé car cette commission n’était pas indépendante de l’UCI, donc pas crédible?

7 – Pourquoi affirmez-vous d’une part ne pas avoir pu connaître les agissements des coureurs pro durant les années 2000, et d’autre part que le peloton pro d’aujourd’hui est plus propre que jamais? En vérité, de deux choses l’une: où vous n’en savez strictement rien, car les coureurs vous cachent ce qu’ils font, où vous le savez très bien, mais protégez l’image du cyclisme… J’opte personnellement pour la 2e option, à mes yeux la plus probable.

8 – Pourquoi tarder à durcir les peines contre les coureurs dopés? Pourquoi Alexandre Vinokourov est-il l’actuel manager général de l’équipe Astana? Pourquoi Bjarne Riis de Saxo Bank? Et Jonathan Vaughters? Comment espérer se sortir du dopage si des ex-dopés sont aujourd’hui managers des plus grandes équipes? Quelle crédibilité pour le cyclisme pro?

Et je pourrais continuer ainsi longtemps, notamment sur d’autres réformes à mettre en place, notamment du côté des médecins d’équipe…

Bref, je suis convaincu que Pat McQuaid traine suffisamment de casseroles derrière lui pour justifier qu’il n’est pas raisonnable de lui accorder notre confiance pour présider aux destinées du cyclisme au cours des prochaines années. Ces communiqués de presse léchés ne doivent pas nous voiler la triste réalité de son bilan au cours des dernières années, et qui a conduit le cyclisme là où il est actuellement.

Jalabert préserve les apparences… et nous prend pour des imbéciles

Il y a des questions qui fâchent chez les coureurs cyclistes professionnels, autant chez les retraités que chez les actifs.

Convoqué par la Commission d’enquête du Sénat français visant à estimer l’efficacité de la lutte contre le dopage, Jalabert a eu à faire face aux questions qui fâchent plus tôt cette semaine.

Et visiblement, Jalabert veut préserver sa popularité et sa réputation au sein du peuple français, qui sont plutôt bonnes malgré qu’il ait couru à une époque terriblement gangrénée par le dopage.

La popularité de « Jaja » est tellement bonne qu’il a souvent occupé, ces dernières années, un poste de commentateur pour la télévision nationale (France Télévision) lors de courses cyclistes, ainsi que le poste de sélectionneur national jusque récemment.

Jalabert a notamment bâti cette popularité à la fin de sa carrière, en décrochant en 2001 et 2002 le classement de meilleur grimpeur du Tour, avec à la clef quelques belles victoires d’étape en montagne, dont le 14 juillet 2001 à Colmar, jour de la fête nationale des Français.

Mais on sait également que Jalabert a passé une bonne partie de sa carrière au sein de l’équipe espagnole Once de Manolo Saiz, qui n’est plus à présenter en matière de dopage puisque toute son équipe avait pour médecin, dans les années 2000, un certain Eufamiano Fuentes…

On sait également que Jalabert a couru sous licence… espagnole en 1999, refusant de se soumettre au suivi médical rendu obligatoire par la Fédération française de cyclisme.

Et on sait aussi que Jalabert a terminé sa carrière chez CSC, l’équipe de Bjarne Riis, pas spécialement vierge lui non plus côté dopage…

Enfin, on sait également que Jalabert était un client du médecin italien Michele Ferrari, qui incarne à lui seul le dopage dans le cyclisme professionnel depuis 25 ans.

Pour les observateurs éclairés du cyclisme, il ne fait aucun doute que Jalabert a fait usage de produits dopants lors de sa carrière, même s’il n’a jamais échoué de contrôles anti-dopage. Sa position personnelle envers ce fléau a également été souvent ambiguë: on se souviendra de sa colère injustifiée lors du Tour 1998, celui de l’Affaire Festina et dont il claqua la porte, promettant de ne jamais plus y revenir. Paroles en l’air…

Bref, pas vraiment net, M. Jalabert, face au dopage. Et pas vraiment clair dans ses propos non plus.

Hier, il aura tenté de s’en sortir élégamment, affirmant devant le Sénat ne pouvoir exclure d’avoir pris des produits interdits à un moment de sa carrière.

Ca me rappelle un certain Richard Virenque mis en boîte par les Guignols de l’Info: « comment, on m’aurait dopé à l’insu de mon plein gré? »

Là où Jalabert nous prend vraiment tous pour des cons, c’est en affirmant « Chez Once, le soir des étapes, le médecin nous faisait un soin, une récupération, mais on ne savait pas vraiment ce que c’était. Une relation de confiance s’installait avec les docteurs, et on ne posait plus de questions. On était soigné, je n’ai jamais dit le contraire. Mais était-on dopé ? Moi je crois que non … »

Ben voyons! Un coureur cycliste pro? Je suis absolument convaincu que Jalabert savait très bien ce qu’on lui administrait, savait très bien ce qui se passait dans le peloton, était parfaitement bien informé des produits dopants en vogue et de leur efficacité, et surtout savait pertinemment le prix de la victoire…

Bref, si je peux comprendre que « Jaja » essaie de s’en sortir du mieux possible, en limitant les dégâts, je déplore d’être une fois de plus pris pour un imbécile par ce type.

Un autre à reléguer aux oubliettes et auquel je refuserais une poignée de main!

La buse Hervé

Le week-end dernier à Montréal se déroulait le Conseil de Fondation de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), qui est son instance décisionnelle suprême.

Durant cette réunion, l’AMA a ré-affirmé sa volonté de secouer les puces – il en a beaucoup – de Pat McQuaid et de l’UCI quant aux suites à donner à l’Affaire Armstrong. Rappelons que l’UCI a insisté pour reprendre une certaine partie des opérations à l’automne dernier, on comprends mieux pourquoi maintenant: il ne se passe plus rien! La commission « Vérité et Reconciliation » n’est toujours pas opérante, et le ménage dans le cyclisme tarde. Pat Mc Quaid est davantage concerné par sa propre ré-élection à la tête de l’UCI en septembre prochain que par les intérêts du cyclisme!

Quelques ex-coureurs pro sont également venus à Montréal dans le cadre de cette réunion. C’est notamment le cas de Tyler Hamilton, qui en a profité pour donner davantage d’information encore sur ses pratiques dopantes, espérant ainsi aider à améliorer la détection. Hamilton en a également profité pour visiter une école et parler aux plus jeunes de ses dérives, et de l’importance de l’éthique dans le sport. Bravo!

Pascal Hervé (ex coureur Festina) était également de passage à Montréal, et là on est à un autre niveau. Je n’ai jamais caché mes critiques de certains ex-coureurs Festina, Richard Virenque et lui en particulier, de vraies buses. Hervé a déclaré tout de go la semaine dernier « Tu triches quand tu es le seul à le faire » ; on croit rêver! En gros, on revient à « ne te fait pas prendre, et c’est correct »…

Hervé a également déclaré que comme tout le monde se dopait à son époque, le classement serait le même si on en enlevait les coureurs dopés.

Évidemment, rien de plus faux. Tous les coureurs ne se dopaient pas. C’est un manque de respect éhonté pour les coureurs qui, à ses côtés, exerçaient leur métier avec éthique. C’est même du mépris.

Enfin, Hervé est revenu sur l’Affaire Armstrong, dénonçant un « acharnement » selon lui. Rien de plus faux évidemment, puisque la lutte contre le dopage vise absolument tout le monde. L’Affaire Armstrong a simplement été plus longue, notamment en absence d’un contrôle antidopage positif, et surtout plus médiatisée.

Bref, Pascal Hervé nous prouve sans l’ombre d’un doute que quant on manque de jugement à 20 ans, on continue de le faire à 40…

Puerto: une parodie de justice

L’Affaire Puerto a été un des plus grands scandales de dopage de l’histoire du sport, et a touché de près le cyclisme.

Ivan Basso, Tyler Hamilton, Alejandro Valverde, Jan Ullrich, Roberto Heras, Jorg Jaksche, Francisco Mancebo, Franck Schleck, pour ne nommer que ceux-là, étaient tous dans le collimateur de cette affaire. Certains, comme Basso ou Valverde, ont été suspendus 2 ans, d’autres ont mis fin à leur carrière sur ce scandale (Ullrich, Jaksche), enfin d’autres ont été blanchis, mais tous ont vu leur nom terni par le mot « dopage ».

La justice espagnole a rendu hier son verdict: un an de prison pour Eufemiano Fuentes, quatre mois pour José Ignacio Labarta un préparateur physique, et le reste des accusés, y compris Manolo Sainz, sont acquittés.

Fuentes est condamné pour avoir porté atteinte à la santé des coureurs, le dopage n’étant pas criminel en Espagne au moment des faits.

Il faut cependant préciser qu’en Espagne, les peines de prison de moins de deux ans ne font pas l’objet d’une détention. Fuentes n’ira donc jamais en prison.

De plus, la juge a décrété que les poches de sang saisies devront être détruites, point final.

Il s’agit bien évidemment d’une parodie de justice qui confirme sans l’ombre d’un doute la position plus que douteuse de l’Espagne dans la lutte contre le dopage actuellement.

D’une part, Fuentes et ses collaborateurs méritaient une sanction plus sévère qu’un an de prison et quatre ans d’interdiction de pratiquer la médecine. Une telle sanction permettra à Fuentes de reprendre son travail auprès de sportifs en… 2017 ou 2018 au plus tard. Scandaleux considérant l’ampleur de l’Affaire.

C’est également une parodie de justice car la juge n’a donné aucun nom des sportifs à qui appartiennent les poches de sang saisies. En clair, cela signifie que le cyclisme aura morflé plus que les autres sports, qu’on vise évidemment à protéger d’un scandale. Il était pourtant évident que les poches de sang saisies n’appartenaient pas toutes à des cyclistes. Des noms? Des sports? Oubliez ça!

À mots voilés, le Comité Olympique International (CIO) a lui aussi exprimé des regrets dans la conduite de ce procès, ré-affirmant que la lutte contre le dopage « nécessite la coopération et l’implication d’un large éventail d’acteurs, y compris les autorités publiques »L’Espagne étant candidate à l’organisation des JO de 2020, espérons que le message sera reçu clairement.

L’Agence Mondiale Antidopage s’est également dit très déçue du fait que la juge ait ordonné la destruction des échantillons sanguins, estimant qu’elle privait ainsi la communauté antidopage de moyens pour poursuivre les tricheurs.

Seul point positif dans cette parodie, l’Agence antidopage espagnole veut porter en appel la décision de la juge (qu’on s’explique par ailleurs mal autrement qu’une volonté de protéger certains sportifs…) de détruire les poches de sang. Même si les faits remontent à plusieurs années, leur analyse et comparaison avec l’ADN de certains sportifs pourraient nous permettre de mieux mesurer l’ampleur du dopage dans les sports, et pas seulement dans le cyclisme.

Quoi qu’il en soit, il est extrêmement décevant de constater que ceux qui sont supposés être les garants d’une société juste et équitable rendent parfois des décisions qui apparaissent poursuivre d’autres buts que la vérité.

Voilà un procès qui n’aura rien fait pour redorer l’image de l’Espagne qui, plus que jamais, apparait comme un pays où on se traine les pieds à lutter contre le dopage.

Vive Gérone!

USADA-UCI: c’est la guerre!

Décidément, j’aime beaucoup Travis Tygart, le président de l’USADA, un homme de principe, droit, et qui ne pratique pas la langue de bois.

Au point mort depuis que l’UCI est intervenue, l’enquête sur les agissements de l’UCI envers Lance Armstrong et son équipe US Postal durant une bonne partie des années 2000 pourrait bien rebondir dans les prochains mois puisque Tygart a laissé entendre que son organisme menait sa propre enquête. Plus encore, il a laissé entendre que Lance Armstrong lui même lui avait donné des éléments permettant d’incriminer l’UCI, et que ces éléments sortiraient dans les prochains mois.

Ces jours derniers, Tygart était entendu par un comité sénatorial français s’intéressant à la lutte contre le dopage. Il a rappelé quelques faits qu’il convient de ne jamais oublier:

1 – le bilan de la lutte contre le dopage ces 20 dernières années dans le cyclisme est un échec. Seulement 20% des cas de dopage surviennent après un contrôle positif, un taux beaucoup trop faible. La vaste majorité des cas de dopage sont révélés à la suite d’enquêtes journalistiques ou policières, voire d’aveux.

2 – les tests hors-compétition sont encore trop peu nombreux. C’est vraiment là qu’il faut cibler les coureurs. Vous pouvez me dire où est Bradley Wiggins en ce moment et pourquoi il a choisi de préparer son Giro « tranquille » plutôt que sur les routes du Tour de Romandie?

3 – l’UCI mise clairement sur le temps qui passe pour faire « oublier » les récents scandales et s’en sortir. Elle se traine les pieds dans le dossier de la commission « Vérité et Réconciliation », et Pat McQuaid est davantage intéressé par la poursuite de ses intérêts personnels – se faire ré-élire en septembre prochain à la tête de l’UCI – plutôt que dans les réels intérêts du sport cycliste (sa ré-élection pourrait d’ailleurs être compromise). Rappelons que l’UCI est soupçonnée d’avoir protégé Lance Armstrong de contrôles positifs ou, du moins, d’avoir fermé les yeux sur une situation qui méritait enquête et d’avoir accepté de l’argent d’Armstrong sans émettre de reçu.

Évidemment, l’UCI a riposté sans attendre plus tôt aujourd’hui. Sa réaction sent la panique à plein nez.

Bref, il faut placer notre confiance du côté de Tygart et de l’USADA pour faire actuellement avancer les choses. Tygart sait pertinemment que le temps est compté: s’il veut éviter le pire, son rapport sur l’UCI doit sortir au plus tard en août prochain, avant les élections pour la présidence de l’UCI.

Et la clef dans tout ca, ce sont des aveux complets de Lance Armstrong. Tygart saura-t-il convaincre le Texan de lui parler ouvertement?

Si oui, l’UCI peut se faire du souci.

Pas encore gagnée, la lutte contre le dopage

À ne manquer sous aucun prétexte, cette passionnante entrevue avec Michel Rieu, jusque récemment conseiller scientifique de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD). Un type qui en connait donc un rayon sur le dopage dans le cyclisme et qui nous informe que la lutte est loin d’être encore gagnée, et que les comportements actuels ne sont peut-être pas si éloignés de ceux que l’on dénonce à travers les Affaires Armstrong et autre.

Rieu parle notamment de la facilité de déjouer le passeport biologique. C’est inquiétant! Et ca fait carrément peur lorsqu’il déclare: « Moi, je peux parfaitement vous manager une équipe avec la certitude qu’il n’y aura pas de positif. »

Bref, le milieu cycliste actuel veut nous faire croire que l’époque Armstrong, c’est une époque sombre du cyclisme, et fort heureusement du passé. Vraiment? Le point grâce à cette entrevue très éclairante.

Statistiques sur le dopage: l’heure juste

Vous êtes nombreux à me faire part de la publication d’un article présentant non pas le cyclisme mais bien le rugby comme étant le sport le plus touché par le dopage en 2012, selon les statistiques compilées par l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD).

D’entrée, je suis d’accord avec vous: présentée comme ca, la nouvelle a tout d’un bon scoop!

Le rugby est en effet apparu comme étant le sport le plus touché par le dopage sur la base d’un indicateur statistique, tout simplement la proportion d’échantillons positifs sur l’ensemble des échantillons prélevés en 2012 par l’AFLD. Ont été comparés tous les sports ayant fait l’objet d’au moins 400 prélèvements d’échantillons.

Évidemment, le milieu cycliste y voit une excellente occasion de redorer rapidement l’image du vélo. Christian Prudhomme a ainsi sauté sur la nouvelle pour défendre le cyclisme et le Tour de France.

Alors, y-a-t-il vraiment matière à se réjouir pour nous amateurs de cyclisme?

Pas vraiment selon moi. L’interprétation de telles statistiques fait appel au jugement, par delà les chiffres bruts, ce qu’a d’ailleurs évoqué Bruno Genevois, directeur de l’AFLD: « Il est difficile, sur une seule d’année, de tirer des conclusions à partir du ratio entre le nombre de cas positifs et celui des contrôles effectués, et d’établir des corrélations entre un dopage lourd, comme le recours à l’EPO dans le cyclisme, par exemple, et les cas réellement observés. »

Il a entièrement raison, tant les gros scandales de dopage, dont certains révélaient un dopage institutionnalisé, organisé dans les équipes, ont été nombreux depuis maintenant 15 ans et l’Affaire Festina de 1998. Mais il y a plus à dire!

Voyons quelques bémols qu’on peut émettre sur cette nouvelle.

1 – le premier élément à considérer, c’est que le cyclisme est le sport pour lequel on a observé (chiffres bruts) le plus grand nombre de cas positifs. Évidemment, plus il y a de tests, plus il y a de chance de trouver des cas positifs. Les échantillons étant petits, il convient de se rappeler que les proportions en découlant ont une variabilité élevée. L’an prochain, la situation sera très probablement bien différente!

2 – il convient de prendre en compte les substances trouvées: pour moi, un test positif à l’EPO, à l’AICAR (on trouvera ici un intéressant article détaillant ce qu’est le GW1516), ou aux hormones de croissance n’a pas le même poids, ni la même signification, qu’un test positif à la caféine ou à la morphine. Cela reste évidemment du dopage dans les deux cas, mais nous sommes assez intelligents pour voir les nuances en terme de gravité.

3 – il convient surtout de se rappeler que la lutte contre le dopage n’a qu’un succès bien relatif dans le cyclisme, les coureurs et médecins ayant trouvé depuis fort longtemps des moyens rudement efficaces de déjouer les contrôles. Le micro-dosage et les auto-transfusions font évidemment partie intégrante de ces techniques pour masquer le dopage. L’Affaire Armstrong est là pour nous le prouver: l’Américain n’a jamais été testé positif, alors qu’il a avoué avoir fait usage de produits dopants lourds pendant chacun de ses 7 Tours de France victorieux, voire toute sa carrière cycliste!!

Donc attention, à différents sports correspondent différents types de dopage, selon les besoins physiques de la discipline. Et en cyclisme, le dopage requis, sanguin, est au point: on sait comment déjouer les contrôles. Il est peut-être plus difficile de masquer certains autres produits, moins « lourds » et davantage en usage dans d’autres sports…

En terminant, si matière il y a de se réjouir, c’est plutôt quant à la quantité de contrôles pratiqués dans le sport cycliste, de loin le sport le plus contrôlé par l’AFLD en 2012 (1812 échantillons prélevés en cyclisme, contre 1164 en athlétisme, 588 au rugby, 548 au football, 452 au handball, 433 en triathlon, 418 en natation et 394 au basket-ball). Voilà une bonne nouvelle susceptible de contribuer à lentement rétablir la crédibilité du cyclisme aux yeux du grand public en montrant bien qu’on ne relâche pas la pression contre le milieu cycliste.

Et je rappelle à tous qu’au Québec également, un des sports les plus touchés par le dopage est en fait le… football universitaire, du moins selon le nombre de cas révélés par le Centre Canadien pour l’Éthique dans le Sport (CCES). Les dirigeants de ce sport proche du rugby en Europe se font discrets sur ce côté sombre de leur discipline, mais les cas de dopage ont été nombreux ces dernières années.

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