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Catégorie : Dopage Page 4 of 26

Marc Kluszczynski vous répond

Vous êtes plusieurs à avoir laissé un commentaire suite à ma récente entrevue avec Marc Kluszczynski. Il vous répond aujourd’hui:

« Il est toujours intéressant de lire les commentaires de la Flamme Rouge.

Concernant le dopage dans le rugby, des batailles de prétoire se déroulent actuellement en France suite à la parution des livres de Pierre Ballester (Rugby à charges) et Laurent Bénézech (Rugby, où sont tes valeurs ?). Les deux auteurs dénoncent le virage qu’a pris le rugby suite à sa professionnalisation en 1997. Mais peut-on imaginer un dopage systématique et généralisé type cyclisme des années 90 ? Comme dit Yann, il s’agit d’éviter « le syndrome du tous dopés ». C’est ce à quoi je me suis attaché dans l’entrevue proposée par Laurent.

Je ne suis pas d’accord avec Régis 78 concernant des puissances de 450 watts « dépassées régulièrement ». Ou alors pendant quelques minutes tel Alexis Vuillermoz dans la 8ème étape du 11 juillet lors du TdF : 496 à 520 watts dans Mur de Bretagne pendant 4 minutes 10. Mais là, on ne peut rien en déduire, sauf que ce chiffre est possible humainement. Pour les spécialistes des estimations, le protocole n’est valable que dans le dernier col d’une longue étape pour un effort de plus de 20 minutes.

Pour Alain 39, je lui avoue être un « outsider » du milieu du cyclisme, et mes écrits ne sont que le témoignage de ce que je lis quotidiennement, néanmoins agrémenté d’une pointe de réflexion. Pour le problème de la perte de poids, il faut se rendre compte que les cyclistes pro passent plusieurs mois par an à plus de 3000 m, par bloc de 15 j à trois semaines. Et pendant lesquels ils s’entraînent durement. Il est légitime de penser que dans ces conditions, le pli adipeux doit être réduit à peau de chagrin (cela a toujours existé en cyclisme: Bernard Thévenet déclarait en 1977 n’avoir « pas un pet de graisse »). Depuis, certaines restrictions caloriques sont imposées aux coureurs. L’altitude elle-même diminue l’appétit et l’hypoxie est agoniste de la filière AMPK orientant l’organisme vers la combustion des graisses. Donc, je persiste, Alain 39 : ce n’est pas parce qu’un cador va en altitude qu’il se dope ! Comme Ti-Cass le signale justement, je n’ai aucune preuve de dopage à signaler.

Puis Thierry mtl nous parle de la mononucléose infectieuse (MNI, due au virus Epstein-Barr ou EBV) de Julian Alaphilippe « une infection virale qui peut se transmettre par transfusion ». Exact mais exceptionnel car il existe des traitements d’inactivation virale après recueil. Comme les transfusions homologues (sang d’une autre personne du même groupe) sont détectables, Alaphilippe aurait pris un énorme risque de l’utiliser. Reste la transfusion autologue. Fin octobre, il se trouve déjà en phase de convalescence et sa maladie est identifiée grâce aux IgG anti EBV spécifiques et tardifs. Les IgM et IgG non spécifiques de la phase aigue disparaissent en 4 à 8 semaines. Comme l’incubation de la maladie est de 4 à 6 semaines, Alaphilippe a du tomber malade entre le 15 juillet et début août. En cas de transfusion, il se serait injecté la maladie fin septembre deux mois après l’avoir contracté : cela ne tient pas, comme le signale Nico D. Le jeune français paie vraisemblablement sa 1ère partie de saison exceptionnelle par une immunodépression. On lui souhaite donc de retrouver son niveau antérieur qui lui permettra de briller avec Dan Martin sur les classiques ardennaises. »

Affaire Picard: une infinie tristesse

Autant vous le dire d’entrée de jeu: Dominic Picard est d’abord un ami de mon frère, puis est aussi devenu le mien, beaucoup à cause de notre passion commune pour le cyclisme.

Sherbrookois comme nous, ayant fait ses premières sorties à vélo dans notre roue au début des années 1990 en Estrie, je ne cacherai à personne que c’est avec plaisir que je retrouvais et que j’échangeais avec Dominic lorsque nous nous retrouvions sur une même ligne de départ ces dernières années.

C’est une question de valeur, de principe: je ne renie pas mes amis.

C’est vous dire à quel point la nouvelle d’hier – le CCES a trouvé Dominic coupable de dopage au tamoxifène et au clenbuterol, et l’a suspendu pour 3 ans et 9 mois – me consterne et m’attriste profondément.

Qu’il soit mon ami ou pas, cela ne change au fond strictement rien à ma pensée sur le dopage, que vous connaissez tous si vous lisez ce site depuis un moment (il existe depuis 2003): il n’y a aucune excuse valable qui ne tienne pour un tel geste.

Je n’accepte pas le dopage dans le sport, ce manque de respect pour ses adversaires (car c’est aussi de ça qu’il s’agit), et comptez sur moi pour continuer de le dénoncer, et pour continuer de sensibiliser les lecteurs de ce site sur ses dangers.

Alors évidemment, si je me sens aujourd’hui trahi, c’est surtout une infinie tristesse qui me domine face à cette situation.

Pour le cyclisme d’abord: encore une fois, notre sport morfle. Cette fois-ci, c’est le cyclisme sur route au Québec, parmi le peloton Maitre, composé entièrement de coureurs qui ne passeront jamais pro. Car si plusieurs histoires de dopage ont secoué le cyclisme sur route au Québec ces 10 dernières années, peu ont concerné un coureur Maitre.

On n’avait pas spécialement besoin de ça.

Il faut, collectivement, tirer des leçons de cette situation assez nouvelle.

Premièrement, c’est une preuve supplémentaire que le dopage parmi les coureurs Maitres demeure une réalité. On ne peut nier. Seule l’étendue de ce dopage reste inconnue.

Deuxièmement, que les contrôles, même au niveau Maitre, demeurent nécessaires, du moment qu’on organise des compétitions voire des Gran Fondo avec classement; car sans égalité des chances, que valent ces compétitions? Ici, l’argent est le nerf de la guerre: jusqu’où aller dans la hausse des tarifs des licences de course pour financer de tels contrôles? Chose certaine, il convient de saluer la décision de l’ACVQ, il y a quelques années, de financer des contrôles antidopage.

Troisièmement, qu’il convient de ne jamais relâcher nos efforts de prévention.

Par exemple, il demeure important que les équipes cyclistes à travers le Québec, quelles qu’elles soient, sensibilisent durant l’inter-saison qui arrive leurs coureurs au danger du dopage, et aux conséquences désastreuses d’un contrôle positif. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, c’est clair. La gloire de remporter la course du dimanche matin? Deux réponses à cela: premièrement, comment pourrez-vous vous regarder dans un miroir si cette victoire s’est acquise en trichant? Deuxièmement, si vous avez tant besoin de reconnaissance publique, consultez un spécialiste, ça presse!

Autre exemple, il faut que les fédérations poursuivent leur investissement dans des programmes de sensibilisation comme Race Clean, ou Roulez gagnants au naturel, en les actualisant régulièrement, et en assurant leur promotion, notamment auprès des plus jeunes. Les vêtements La Flamme Rouge arborent fièrement ces logos.

Évidemment, la tristesse infinie qui m’habite aujourd’hui est également à l’égard de Dominic.

C’est un garçon intelligent, qui a beaucoup lu La Flamme Rouge depuis des années: je sais qu’il comprendra parfaitement l’esprit de ce texte, comme ma déception.

On sait grâce au communiqué du CCES qu’il a avoué rapidement sa faute, et qu’il a collaboré pleinement avec les autorités antidopage depuis. Certains nient, évoquent des raisons loufoques, joue la carte de la fausse ignorance, nous prenant pour des valises.

Je sais que Dominic ne se soustraira pas à ses responsabilités, comme je sais qu’il mesure très certainement parfaitement la gravité de son geste à l’égard du milieu cycliste, et qu’il l’assumera, notamment auprès des personnes directement concernées. Certains continuent de nier les preuves, de ne pas reconnaître les jugements des autorités, et ne s’excusent jamais.

Vous serez nombreux à vous demander si nous avons récemment communiqué ensemble: la réponse est oui, par courriel.

Je lui ai signifié ma déception comme mon amitié, et lui ai ouvert les colonnes de La Flamme Rouge s’il désire s’exprimer. La suite lui appartient, et l’ami que je suis respectera son choix à cet égard.

Dopage dans le cyclisme : le point avec Marc Kluszczynski

La semaine dernière, Simon Drouin, journaliste sportif à La Presse, publiait un article sur le dopage dans le cyclisme, au titre choc : « Quand la science prend de l’avance sur les tricheurs ».

Vraiment ?

Serions-nous en train de gagner la bataille contre le dopage dans le cyclisme, et dans le sport ?

J’ai trouvé bien évidemment le titre quelque peu exagéré, et j’ai donc voulu faire le point sur la situation en consultant certains experts indépendants, les seuls capables de donner l’heure juste selon moi car n’ayant pas d’intérêt financier ou institutionnel dans le cyclisme, comme moi.

C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers Marc Kluszczynski, pharmacien et expert sur le dopage, responsable de la rubrique « Sur le front du dopage » de la revue Sport & Vie. Marc est fréquemment intervenu, ces dernières années, à propos du dopage dans le sport et nous donne un avis éclairé et intéressant sur la probable situation actuelle.

La Flamme Rouge : Marc, au terme de la saison 2015 de cyclisme, merci d’accepter de faire le point sur l’état de la situation à l’égard du dopage dans le cyclisme.

Marc Kluszcynski: Ca me fait plaisir Laurent.

LFR: Marc, au terme de la saison 2015, il y a selon toi moins de dopage dans le cyclisme professionnel qu’avant?

MK: Ma réponse est oui ! Notamment parce qu’il devient de plus en plus difficile de se doper suite à la mise en place des contrôles inopinés il y a 10 ans et du passeport biologique en 2008. La mentalité des jeunes cyclistes pro et de certains directeurs sportifs a aussi évolué. Il y a donc, selon moi, moins de dopage en quantité et en qualité.

De plus, les avantages procurés par un dopage sanguin ne sont plus de 10 à 15% (comme dans les années 2000) mais de quelques pourcents, qu’un jour « sans » peut d’ailleurs annihiler. La physionomie des étapes de montagne a changé, et on voit que les démarrages n’ont souvent lieu que dans les derniers kilomètres du dernier col. Les puissances de 450 watts voire plus appartiennent désormais à une époque révolue. L’interprétation des puissances estimées comme signature d’un dopage, et que certains jugent à la hausse depuis quelques années sur le Tour de France, est soumise à discussion. Cette hausse est en contradiction avec ce constat.

LFR: Quels sont, selon toi, les usages dopants les plus répandus actuellement dans le peloton professionnel et existe-t-il des nouveaux produits à surveiller?

MK: Le dopage sanguin garde vraisemblablement la 1ère place, les micro-doses d’EPO et les mini-transfusions indétectables permettant de ne pas trop faire bouger les constantes du passeport biologique. L’emploi des micro-doses est facilité par l’impossibilité actuellement d’effectuer des contrôles nocturnes (entre 23h et 6h par exemple), seule période où elles seraient détectables. Il faut aussi ajouter que plus d’une centaine d’EPO de contrebande restent indétectables.

De plus, le nombre de produits indétectables agissant sur les filières de dopage endogène n’a jamais été aussi important. On peut citer : les mimétiques de l’insuline, les sécrétagogues de l’hormone de croissance, les mimétiques de l’EPO (qui se font bien discrets car certains sont déjà détectables), les inhibiteurs de la dégradation de l’AICAR endogène (substance 14), et surtout les sécrétagogues de l’EPO endogène. Pour ces derniers produits, qui intéressent beaucoup l’industrie pharmaceutique dans le traitement de l’insuffisance rénale et l’anémie, la recherche est féconde et la mise au point de tests de détection risque d’être plus difficile pour toutes ces dernières substances pour certaines issues de biotechnologies.

Bref, on peut penser que l’âge d’or de l’EPO « classique » touche à sa fin car une bonne trentaine d’agents stimulants de l’érythropoïèse (certains sous forme de comprimés à avaler) sont au stade des essais cliniques. Le but est donc désormais de faire sécréter l’EPO endogène (que l’organisme sécrète), ce qui permet par ailleurs de déjouer plus facilement le passeport biologique.

Certains de ces médicaments sont toutefois déjà détectables, comme le FG-4592, grâce en effet à une collaboration entre l’industrie pharmaceutique et l’AMA pour la mise au point de tests de détection. Les progrès sont toutefois lents car il s’agit en fait de ne pas en faire trop afin de préserver les intérêts des deux côtés.

Ajoutons aussi que l’usage des bronchodilatateurs et des corticoïdes inhalés est libéralisé depuis quelques années. Il faut retenir qu’un corticoïde inhalé a bel et bien une action générale puisqu’il influe sur le taux de cortisol. Certains ne doivent pas se gêner non plus pour utiliser la testostérone en microdoses (le cas de Tom Danielson est probablement lié à cela).

Reste enfin le dopage par interprétation de la liste des substances interdites, certains produits n’étant pas interdits mais présentant un réel intérêt ergogène. Citons par exemple la béta-alanine, les corps cétoniques et la lévothyroxine, qui a permis à Roman Kreuziger de déjouer le passeport sanguin. Pourtant, l’AMA ne l’a pas inscrite sur la liste des produits interdits en 2016.

Grâce à Internet toutefois, la circulation des produits dopants fait que l’on assiste à une escalade dans le sport amateur. Si elle quitte peu à peu le haut niveau, l’EPO pourrait bénéficier d’une seconde carrière dans le sport régional.

LFR: L’état de maigreur du peloton fait parfois peur… naturel ou pas?

MK: Cet état de maigreur est-il du à l’utilisation d’un modulateur métabolique orientant le métabolisme vers la combustion des graisses où à une nouvelle norme lancée par les médecins du cyclisme (dont le Dr Michele Ferrari en a été le précurseur) ? Jusqu’à présent, tous sports confondus, il n’y a eu que 11 cas positifs au GW 501516 (dont 9 cyclistes : le russe Kaykov et des sud-américains). L’alerte lancée par l’AMA en 2013 sur les dangers du produit a-t-elle été dissuasive ? Je ne pense pas que ces substances soient autant utilisées que ne voudrait le faire croire la presse à sensation.

Et pourquoi l’état de maigreur du peloton ne serait-il pas du à un recul du dopage ? La perte de poids est un bon moyen d’augmenter les watts/kg. Avec cependant l’inconvénient de diminuer les défenses immunitaires et de favoriser les infections respiratoires, de plus en plus fréquentes dans le peloton (mais déjà favorisées par les corticoïdes inhalés).

LFR: Quel bilan aujourd’hui pour le passeport biologique, désormais en place depuis plusieurs années?

MK: Concernant le dopage sanguin, le passeport biologique a certes mis de l’ordre et en a réduit les avantages. S’il peut être contourné par un dopage « soft » à base de micro-doses ou de mini transfusions autologues, on peut penser que l’avantage retiré sur la performance n’est plus de 10% à 15% comme dans les années 2000, mais de quelques pourcents seulement, bénéfice qui peut être annulé par un jour de méforme dans un grand tour. De jeunes cyclistes crédibles et transparents (Thibaut Pinot, Tom Dumoulin, plusieurs coureurs canadiens) montrent en ce sens une nouvelle voie.

Rappelons aussi que l’UCI a été la 1ère fédération à adopter le passeport biologique en 2008. Comme l’avait déclaré le Pr. Michel Audran, les profils sanguins anormaux ont disparu. Mais le passeport n’est pas l’arme absolue et doit absolument évoluer s’il ne veut pas rejoindre l’hématocrite à 50% de 1997, que certains considéraient comme une limite à ne pas franchir dans le dopage. Les micro-doses permettent en effet de rester « dans les clous » et d’éviter de se faire flasher au radar. On ne peut cependant augmenter la sensibilité du passeport au risque de suspendre des faux-positifs. Il faut certes introduire de nouveaux dosages, mais lesquels ? Chose certaine, le passeport biologique doit mieux comprendre les fluctuations sanguines résultant de stages en altitude.

Enfin, contrairement à ce qu’affirmait Brian Cookson en 2014, une anomalie du passeport biologique ne doit pas être considérée comme un cas positif mais doit servir à cibler le sportif dans l’optique de le contrôler inopinément. Tout au plus, l’UCI pourrait appliquer (comme la FIS) la règle du no start-no run pour une durée de 15 jours à un mois. Avec l’affaire Kreuziger, l’UCI semble avoir choisi la prudence, se souvenant des problèmes juridiques issus des premières suspensions en 2009 (Pietro Caucchioli, Igor Astarloa, Tadej Valjavec, Franco Pellizotti qui pourtant avait été défendu par le Tribunal antidopage italien).

LFR: Le nouveau code mondial antidopage fait passer les peines suite à un contrôle positif de 2 à 4 ans. La dissuasion peut-elle fonctionner au plus haut niveau, alors que les enjeux, notamment financiers, sont colossaux?

MK: Avoir augmenté la durée de suspension de 2 à 4 ans en cas de dopage « lourd » (hormones, stéroïdes, dopage sanguin) est certainement dissuasif. Mais l’AMA n’a pas les moyens de ses ambitions, justement à cause des enjeux financiers du sport mondial. Les contrôles rétroactifs (dont le recul passe à 10 ans) ne sont pas assez utilisés selon moi car ils sont de véritables bombes à retardement.

LFR: Les législations contre le dopage et la circulation de produits dopants restent un réel problème en ce sens qu’elles ne sont pas harmonisées, l’Allemagne ou la France ayant par exemple des politiques bien différentes de l’Espagne. C’est un réel problème, et existe-t-il encore des « eldorado » pour coureurs pro voulant se doper sans soucis?

MK: Alors que 150 pays sont signataires du Code mondial antidopage, certains ne possédaient il y a encore peu ou pas de loi antidopage (Kenya) ni même d’agence antidopage (Jamaïque). Il s’agit non seulement de posséder une agence mais aussi de faire en sorte qu’elle fonctionne correctement ! Les records du monde du 100 mètres et du marathon ne sont donc pas crédibles. L’Espagne ne s’est dotée d’une loi antidopage qu’en 2006, lors de l’affaire Puerto, où la justice a montré ses limites. Madrid ayant échoué dans sa candidature pour l’obtention des JO 2020, peut-on garder espoir d’un renforcement de la loi antidopage espagnole ?

Les eldorado continueront donc à exister très certainement, notamment sous couvert de stages en altitude. En France, la pénalisation du sportif dopé (loi de 2008) est abandonnée, alors que l’Allemagne se préparait à voter une loi dans ce sens. Se pose alors le problème de la double peine : on ne peut condamner deux fois pénalement et administrativement pour le même délit. L’harmonisation des lois antidopage est donc souhaitable avec une sanction sportive pour l’athlète et des sanctions pénales (amende, prison) pour les pourvoyeurs, comme c’est le cas en France actuellement.

LFR: Ton bilan des récentes actions de l’AMA? Va-t-on dans la bonne direction?

MK: Les reportages de l’ARD réalisés par Hans Joachim Seppelt sur le dopage en athlétisme ont selon moi montré l’AMA sous un autre angle. L’AMA soutient l’IAAF dans le refus de transmettre aux agences nationales antidopage les passeports sanguins d’athlètes mis en cause dans les reportages. L’AMA de Craig Reedie a donc extrêmement déçu dans la conduite de la crise à l’IAAF suite aux reportages de Seppelt : le journaliste dénonce l’extrême mansuétude de l’AMA envers l’athlétisme russe (Seppelt emploie le mot « collusion »). On est donc très loin d’une AMA forte et indépendante (et incorruptible ?) malgré de timides avancées (création d’une agence antidopage au Kenya et en Jamaïque). Selon moi, la lutte antidopage ne survit actuellement qu’avec le bon travail de certaines agences nationales antidopage … et des reportages de Seppelt.

On peut aussi penser que les 1,36% de cas positifs dans le monde en 2014 tous sports confondus annoncés par l’AMA sont très loin de la réalité. Gonflé par la corruption des fédérations, ce pourcentage est vraisemblablement bien plus élevé (10 à 30% ?).

À la décharge de l’AMA, il faut dire qu’elle n’a pas vraiment les moyens de ses ambitions. Pour obtenir les fonds nécessaires à la recherche, l’AMA dépend à moitié des Etats et à moitié du CIO. Le fonds de recherche antidopage s’élèvera en 2016 à 12 millions de $, somme ridiculement faible par rapport à celles circulant dans le sport mondial ou gagnées annuellement par certains sportifs de 1er plan.

Enfin, ironie révélatrice s’il en est dans tout ça, c’est que l’AMA fait remarquer que même si actuellement il est impossible de contrôler un cycliste entre 23H et 6h du matin, ce qui permet à la microdose d’EPO de disparaître de l’organisme, l’UCI n’utilise pas l’article 5.2 de son code antidopage qui stipule qu’un cycliste hautement soupçonné de dopage puisse être testé la nuit ! Le Code mondial antidopage 2009 avait déjà prévu un système de localisation avec des contrôles inopinés possibles 7 jours sur 7 et 24H sur 24. Ceci avait été considéré comme une intrusion dans la vie privée de l’athlète, ce qui avait décidé de l’intervalle 23H-6H. La lutte antidopage en Europe doit donc composer avec les directives de la Convention Européenne des droits de l’Homme. En 2016, en France, les contrôles nocturnes nécessiteront le consentement du sportif…

Je termine en évoquant la prévention du dopage, qui reste la grande oubliée de la lutte antidopage, sauf par exemple au Canada où le CCES s’investit avec sérieux dans cette mission. En France, compte tenu du « mille feuille à la française » qui dilue l’action, elle se résume à « quelques mallettes, flyers ou autres saynètes ». Ce qui n’empêche pas les différentes institutions de revendiquer la primauté de l’action.

LFR : merci Marc pour cet entretien ô combien éclairant !

Dopage: le FG-4592

On apprenait hier que pas moins de 18 athlètes ont été testés positifs aux récents Jeux Panaméricains qui se sont déroulés à Toronto cet été.

C’est un bilan peu reluisant.

Parmi les molécules découvertes dans le sang des athlètes, le FG-4592, qui a piqué (!) ma curiosité.

Il faut voir que déjà, quelques cyclistes pro ont été testés positifs à cette molécule: l’Italien Fabio Taborre (Androni) en juin dernier, et le Chilien Carlos Oyarzun, juste avant les Jeux PanAm. Le test positif de Taborre, le 2e au sein de l’équipe Androni en 2015, a conduit à la suspension de l’équipe de toute compétition au mois d’août cette année.

Ce qui frappe de cette molécule, c’est qu’elle fait toujours l’objet d’essais cliniques et qu’elle n’est donc pas encore officiellement déclarée apte à la consommation humaine. Or, des sportifs l’utilisent déjà pour se doper.

C’est un exemple éloquent que les dopés ont toujours une longueur d’avance sur la patrouille. Fort heureusement, des tests de détection ont été mis en place et la molécule est désormais détectable.

Selon l’excellent site Cyclisme-dopage, le FG-4592 est une molécule qui force le corps humain à produire des globules rouges – donc du dopage sanguin « lourd » – en neutralisant l’enzyme (Prolyl Hydroxylase) qui régule la production de ces globules. La molécule est produite par le laboratoire japonais Astellas associé à l’américain FibroGen. Déjà, d’autres labos sont sur le coup, notamment Glaxo et sa molécule semblable, le GSK 1278863.

L’avantage du FG-4592 est qu’elle se présente sous forme de pilule, donc pas besoin de se trouer la peau pour en bénéficier.

La molécule serait en vente libre sur certains sites chinois notamment. C’est fou ce qu’on peut trouver en Chine comme arsenal de dopage ces jours-ci, et c’est un réel problème.

Activité très perturbée

Activité très perturbée sur La Flamme Rouge depuis trois jours, et la situation perdurera jusqu’au 6 août en raison de vacances familiales et d’un accès Internet très limité. Je m’excuse auprès de ceux qui ont laissé un commentaire placé en quarantaine par WordPress: je n’ai pu les libérer que ce matin.

Bilan du Tour

Il faut tout d’abord prendre connaissance, selon moi, des calculs de puissance de Portoleau, disponible ici pour l’Alpe d’Huez et ici pour La Toussuire. C’est informatif, car on y constate que le niveau de performance d’un Quintana à l’Alpe d’Huez, pourtant impressionnant, reste modeste si on compare à un Pantani des grandes années (et bien chargé). Pantani aurait mis Quintana à plus de deux minutes!

Il faut ensuite lire ici le bilan que fait Antoine Vayer de ce Tour de France. Provocateur, comme d’hab!

Il a raison: Froome n’a pas évolué dans les Alpes à son niveau des Pyrénées. Stratégie bien calculée des Sky pour ne pas amplifier la polémique suite à la Pierre-Saint-Martin, ou maladie cachée de Froome l’ayant diminué?

Mon moment fort aura été indiscutablement la victoire de Thibault Pinot à l’Alpe d’Huez, un terrain que j’aime et que j’ai parcouru de nombreuses fois. Il aura eu chaud, Quintana revenait plein pot derrière et il aura fallu que Pinot s’emploie jusqu’aux derniers mètres de l’étape pour aller la chercher. Il sauve ainsi son Tour.

Pour le reste, le bilan spectateur est bon, les écarts au général n’ont jamais été aussi grands en 15 ans hormis parmi le top-10 où ça se resserre, une tendance qu’on observe de plus en plus sur les grands tours, preuve que les coureurs abordent ces épreuves en pensant clairement qu’il y a plusieurs courses dans la course.

Le traitement médiatique a-t-il été juste pour Froome? Personnellement, je crois que oui: des doutes raisonnables se sont installés suite à la Pierre-Saint-Martin et dans le contexte du cyclisme des 20 dernières années, les coureurs et les équipes peuvent comprendre pourquoi le public se méfie. De surcroît, il est si simple de rassurer tout le monde: déballez les chiffres des compteurs!

Plus que jamais aujourd’hui, c’est au milieu cycliste de nous prouver que les performances offertes sont possibles sans dopage. Le passeport physiologique serait une nouvelle étape en ce sens, mais je crois qu’il faut faire beaucoup plus.

Mot de la fin: on saura, dans quelques années, à quoi carburait Chris Froome durant ses Tours de France victorieux, vous verrez.

Positif à l’eau claire?

Intéressant article publié dans le journal La Presse ce matin: de la drogue dans l’eau potable.

Les systèmes de traitement des eaux peuvent échouer à bien éliminer les drogues illicites, selon une étude de l’Université McGill.

Intéressant dans la perspective du cyclisme, où les contrôles sont capables aujourd’hui de retracer des doses infinitésimales de certains produits interdits dans votre organisme.

Est-il possible donc d’être positif en n’ayant bu dans vos bidons que de l’eau claire (du robinet bien entendu)?

Devrons-nous bientôt remplir nos bidons qu’avec de l’eau de source embouteillée?

Et cet article confirme également mes réflexions autour de l’histoire de l’eau de Malartic, publiée plus tôt cette année et qui avait suscité un bon débat sur ce site. C’est ici et ici.

Calcul de puissance: la guerre des chiffres

Une véritable guerre des chiffres fait actuellement rage partout quant à la puissance moyenne déployée par Chris Froome à la Pierre-Saint-Martin.

Le reportage de Stade2 a lancé le bal: 425 watts.

La Sky a ensuite publié certains chiffres, notamment ce 408 watts. C’est la valeur la plus faible que j’ai vue à ce jour pour l’effort de Froome. Certains estiment également que si Froome a développé 5,78 watts par kilo sur cette montée comme l’avance la Sky, cela signifie que sa puissance moyenne n’a pas pu dépasser les 400 watts.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux estimant les chiffres diffusés par la Sky sous-estimés: voir par exemple ici sur Vélo2max ou ici sur VéloTrainer. Beaucoup remettent également en doute l’effet des plateaux assymétriques qu’utilise Froome: 6% de gagné selon la Sky! Ca me parait en effet énorme, et en tout cas une bonne pub pour la compagnie qui les fabrique.

Chez Sky, même le temps d’ascension aurait été sous-estimé, ce qui est surprenant puisqu’on peut même le calculer à la télé. Ils sont les seuls actuellement à avoir 40min, plutôt que 41min.

Frédéric Portoleau, qui effectue depuis plusieurs années des calculs indirects de puissance, arrive à 419 watts sur la montée.

Alors, comment y voir clair?

Je n’ai pas de réponse, mais je porte à votre attention quelques unes de mes réflexions.

Je suis d’avis que la Sky a intérêt à sous-estimer les chiffres pour des raisons évidentes.

Je suis d’avis que la plupart des calculs indirects tournent autour de 415 à 425 watts, une valeur qui semble cohérente avec le niveau de performance des autres coureurs qui ont été largués par Froome. À ce sujet, le Twitter de ChronosVélo est très intéressant.

Certains experts qui travaillent dans le milieu pro ont probablement avantage à être très prudents dans leur déclaration, la Sky pouvant faire payer cash durant les étapes des propos qu’elle n’aurait pas aimé. Par exemple en refusant des bons de sortie aux coureurs d’une certaine équipe.

Le débat entourant les pulsations cardiaques de Froome est non pertinent. Aucun lien entre ces valeurs et le niveau de performance. Le niveau de la fréquence cardiaque est déterminé, un peu comme la taille chez un individu. J’évolue moi-même à des niveaux assez bas, cela a toujours été le cas, et je connais d’autres coureurs de mon âge qui tapent encore facilement en haut de 200 puls/min à l’effort. Seule constante, ce rythme cardiaque à l’effort a tendance à diminuer avec l’âge.

Certains experts estiment la VO2max de Chris Froome à 90 ml/kg. C’est une valeur très élevée. J’ai toujours lu que Bernard Hinault émargeait à environ 85-87, Greg LeMond 92, et qu’une des valeurs les plus élevées jamais mesurées l’a été sur Bjorn Dhaelie, le fondeur des années 1990, avec 96. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi n’a-t-on pas vu venir Chris Froome des rangs amateurs s’il dispose d’une telle VO2max exceptionnelle? Passé pro dans la modeste équipe BarloWorld, il était un coureur anonyme au début de sa carrière. Or, la VO2max est largement déterminée à la naissance. Je connais un autre exemple d’une telle situation: Bjarne Riis. Simple équipier avec Laurent Fignon au début de sa carrière, sans résultats, son niveau a explosé à partir de 1994 et il gagne le Tour, rien de moins, en 1996. On sait aujourd’hui comment pareil miracle a été possible… J’ai toujours cru qu’on voit toujours venir de loin un « fuoriclasse » : Laurent Fignon gagnait le Tour à 22 ans, Greg LeMond a été champion du monde amateur en 1979, Bernard Hinault était un épouvantail chez les amateurs tout comme Eddy Merckx, etc.

Chris Froome, vraiment?

Pure escroquerie scientifique: vraiment, M. Grappe?

On comprend un peu mieux ce matin les divers calculs de puissance effectués au cours des derniers jours et qui donnaient, à priori, des résultats très différents et difficilement réconciliables.

Cet article publié dans L’Équipe permet de mieux comprendre les 5,78 watts par kilo annoncés par l’équipe Sky, versus les 7,03 watts par kilo annoncés par le reportage de Stade 2.

Bilan?

La marge d’erreur après recalibrage du résultat par calcul indirect en prenant compte le poids réel de Chris Froome donné par la Sky est de 1,47%. 408 watts chez Sky versus 414 watts pour le calcul indirect.

Je répète: 1,47%. Close enough pour tout le monde?

Mieux, si on prend la marge d’erreur sans recalibrage du poids, elle est de 2,2%. 408 watts chez Sky versus 425 watts.

Je répète: 2,2%. Sans recalibrage !

Close enough tout le monde?

Alors, escroquerie scientifique M. Grappe?

Je ne crois pas.

Je crois au contraire, comme Vayer et Portoleau, que ces calculs indirects de puissance sont très précis et informatifs, et qu’ils doivent être utilisés pour nuancer le spectacle offert, et surtout pour mieux cibler les contrôles anti-dopage.

Allez, gardons-nous une marge d’erreur absolue de 10 à 15 watts, simplement pour être certain. Un coureur « flashé » à 470 watts sur une ascension restera ainsi, dans ce contexte, un coureur devant être ciblé par la patrouille.

Tout le monde se réconcilie toutefois dans la revendication de la mise sur pied d’un passeport physiologique permettant d’établir le profil de puissance des coureurs. L’idée est excellente et pas nouvelle, j’en parle notamment sur ce site depuis des années.

Enfin, je ne partage pas l’avis de Frédéric Grappe quant il affirme que seuls des experts peuvent interpréter les chiffres. Dois-je rappeler que les experts font eux aussi des erreurs, pour preuve Coyle a bien réussi à faire publier dans une revue scientifique un article portant sur les capacités physiques d’Armstrong, pour ensuite admettre « de petites erreurs dans ses calculs ». Sans affirmer que M. Tout le monde peut interpréter les chiffres, il y a de nombreux entraineurs et médecins qui sont assurément capables de le faire avec un minimum de compréhension du sport cycliste.

Riis: ben voyons!

Le rapport de l’agence anti-dopage danoise sur les activités dopantes entre 1998 et 2015 dans le milieu cycliste professionnel est sorti tôt cette semaine et est accablant pour Bjarne Riis alors qu’il dirigeait l’équipe CSC-Tiscali, pour laquelle ont notamment couru Laurent Jalabert et Ivan Basso, sans oublier Tyler Hamilton.

Ben voyons!

Voilà pourquoi je m’oppose fermement à laisser d’ex-dopés obtenir un rôle d’importance dans le milieu cycliste pro ou semi-pro.

La tentation est trop grande car dans la tête de ces gens, il y a des « incontournables » pour gagner.

Que faire en effet avec des coureurs qui, après des années d’entrainement et de sacrifices, sont juste là, dans l’antichambre des pros ou juste à un petit niveau de décrocher de grands résultats? Ayant eu même franchi sans vergogne la limite, je demeure qu’ils sont plus prompts à la faire franchir à d’autres.

Quant à Riis, ce type est une insulte à l’intelligence humaine: il a baladé les fans crédules pendant des années, sinon une décennie, répétant que c’est parce ce qu’il s’était dopé qu’il ne dopait pas ses coureurs.

Tout cela nous laisse encore une fois un goût très amer dans la bouche, un dégoût de ces gens qui gèrent les équipes et qui racontent n’importe quoi simplement pour préserver les apparences. C’est encore le cas quotidiennement dans ce milieu.

La suite? Elle est facile à imaginer: nombreux seront ceux qui diront que ce rapport est très bien, qu’il lève le voile une fois de plus sur une période sombre du vélo, mais que fort heureusement les choses ont changé.

Ne soyons pas crédules: la seule chose qui a changé, ce sont les protocoles de dopage, aujourd’hui plus complexes que jamais, question d’éviter la patrouille. Depuis 2-3 ans, les moyennes ré-augmentent, on retrouve des coureurs qui ne toxinent jamais dans les cols en dépit de leur cadence élevée, et que dire de la maigreur de certains?

Espérons maintenant que Laurent Jalabert se fera poser quelques questions désormais pertinentes avant de prendre le micro de France Télévision en juillet… question qu’il arrête de nous prendre pour des imbéciles.

Dopage: l’expérience interdite

À ne surtout pas manquer si vous voulez vraiment comprendre ce qui se passe très probablement dans le sport d’endurance actuellement, en premier lieu dans le cyclisme: ce reportage intitulé Dopage: l’expérience interdite (également disponible ci-bas).

On a soumis quelques sportifs français de haut niveau à un protocole de dopage (EPO, hormones de croissance, etc.) pendant un mois, le tout par micro-doses pour non seulement montrer les gains en performance, mais aussi pourquoi les moyens actuels de lutte contre le dopage sont dépassés.

Le bilan est édifiant: des gains très significatifs, pour des valeurs restées normales dans le passeport biologique.

Ce qui se passe actuellement dans le peloton pro: vous l’avez sous les yeux. Depuis 2011, les puissances remontent vers leur niveau de l’époque Armstrong, et on observe des trucs incompréhensibles, certains coureurs atomisant le peloton au terme d’une absence prolongée ou, au contraire, des coureurs qui s’écroulent net.

Les instances de l’UCI et l’AMA ont de très gros défis devant elles…

Deux émissions sur le dopage à ne pas manquer

La première sera diffusée dimanche 3 mai dans Stade 2, sur France Télévision. Le reportage sera choc puisqu’il montrera les gains de performance affichés par des athlètes dopés « volontairement » afin de démontrer l’efficacité des produits actuellement en cours (EPO, hormones de croissance, etc.). Le tout par micro-dosage, afin également de montrer à quel point il est actuellement facile de déjouer les contrôles.

Espérons que l’émission sera rapidement disponible sur YouTube afin que les nord-américains puissent y avoir accès.

L’autre, c’est celle rapportant la vaste enquête fait par des journalistes allemands sur le dopage dans l’athlétisme et dans les pays de l’Est, notamment la Russie.

Originalement diffusée en allemand, l’émission a depuis été sous-titrée en français. Merci à Mathieu pour l’information.

C’est une enquête remarquable puisqu’elle permet de prouver le rôle sans équivoque joué par les plus hauts dirigeants du sport afin de protéger les athlètes-phare de la discipline.

Corrompu le sport, vous dites?

En tout cas, y’a de quoi perdre quelques illusions de plus…

Astana: je ne comprends pas

Ou plutôt si: je comprends que c’est probablement pour d’uniques raisons légales que la licence WorldTour de l’équipe kazakh Astana a été maintenue hier par l’UCI.

Parce que du côté sportif, je ne vois aucune justification. Pas moins de 5 contrôles positifs en quelques semaines fin 2014. Un manager général multi-récidiviste en la matière lorsqu’il était coureur. Des performances régulièrement surprenantes, et des coureurs transfuges de d’autres équipes qui se remettent miraculeusement à marcher du feu de Dieu dès leur arrivée dans l’équipe. Des maladies subites de coureurs la veille des course, qui sonnent comme des retraits en panique devant des paramètres biologiques anormaux. Et des coureurs comme Nibali qui, se trainant quelques semaines avant, redeviennent des avions de chasse sans compétition mais au terme de stages de « préparation » loin des regards indiscrets.

On continue manifestement de nous prendre pour des cons. Ou alors il faut vraiment que j’aille m’entrainer à Ténérife en janvier prochain, je vais me mettre à gagner des courses sénior 1-2 au Québec en 2016!!

On essaie toutefois de nous rassurer: l’équipe Astana devra se plier à un suivi serré de l’Institut des Sports de l’Université de Lausanne.

Mouais. Voire que les scientifiques de Lausanne pourront s’assurer que dans la réalité, Astana est au dessus de tout soupçon! Comme leur premier rapport le soulignait, il y a la théorie, puis il y a la pratique du quotidien. Un monde de différence. Surtout qu’il a été démontré que l’équipe Astana ne fait pas suffisamment de suivi avec ses coureurs issus de multiples nationalités différentes, donc vivant partout en Europe.

Je n’ai une confiance aveugle dans aucune équipe cycliste professionnelle, pas même les équipes françaises. Mais j’estime qu’il y a des raisons de croire qu’Astana est pire que les autres, ne serait-ce que pour des raisons culturelles au niveau des pratiques et de la « culture de la gagne » souvent différente plus à l’Est de l’Europe, un héritage du passé. J’estime que les 5 contrôles positifs étaient largement suffisants pour montrer que cette équipe n’est pas digne d’un certain niveau de confiance, surtout dans le contexte actuel du cyclisme qui a derrière lui 20 années noires en matière de dopage.

Le lustre de Brian Cookson vient malheureusement de prendre un sérieux coup, et son mandat tout entier restera taché selon moi de cet échec à imposer sa vision des choses.

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