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Pourquoi se doper à la DHEA ?

Deux coureurs cyclistes ont été piqués positifs à la DHEA au cours des derniers mois : Tyler Hamilton et, en décembre dernier, le vice-champion américain au clm, Tom Zirbel. On peut se demander pourquoi cette substance est parfois utilisée dans le programme de dopage des athlètes de haut niveau, malgré qu’elle figure sur la liste des produits interdits du CIO depuis 1997.

La DHEA, ou déhydroépiandrostérone (un mot qui rapporte beaucoup au scrabble…), est en fait une hormone anabolisante naturellement secrétée par la glande surrénale et par le cerveau. C’est l’hormone qui serait la plus présente dans notre sang, étant par exemple près de 1000 fois plus abondante que la testostérone. La DHEA peut être synthétisée en laboratoire, rendant son accès facile et peu dispendieux. Les études scientifiques portant sur ses effets dopants ne sont pas concluantes, même aujourd’hui. L’usage de la DHEA à des fins dopantes serait donc loin d’être aussi efficace que celui de l’EPO ou d’autres substances similaires.

Alors, pourquoi les cyclistes en feraient-ils usage ?

C’est que la DHEA aurait, chez l’homme, un effet médiateur sur l’hormone de croissance. La DHEA permettrait ainsi de maximiser les cures d’hormones de croissance en augmentant ses niveaux, surtout en fin de cycle. C’est l’effet qui serait intéressant pour les cyclistes qui font usage d’hormones de croissance, ces dernières étant d’ailleurs toujours indétectables aux contrôles puisque l’objet d’aucune méthode de détection à ce jour.

En bref, la DHEA serait donc à l’hormone de croissance ce que la ferritine est à l’EPO, un ingrédient nécessaire pour maximiser les effets d’une cure.

Chez la femme, la DHEA agirait plutôt sur le niveau de testostérone, pouvant même le multiplier par deux, ce qui entrainerait par ailleurs de nombreuses complications non désirables (masculinisation, acné, hyperpilosité, etc.). Il est possible que les cyclistes féminines utilisent moins la DHEA que les cyclistes masculins étant donné que les tests de détection de la testostérone sont au point, Floyd Landis en sachant quelque chose…

Soulignons enfin que certains chercheurs suggèrent que la DHEA serait un produit masquant efficace pour d’autres substances dopantes.

La DHEA est en vente libre au Canada et aux États-Unis mais fait l’objet de certaines restrictions dans les pays européens.

Évidemment, La Flamme Rouge vous invite à ne pas essayer la DHEA à la maison, surtout si vous êtes coureur cycliste !

L’Agence Mondiale Antidopage : 10 ans déjà !

Très bonne présentation audio sur le site internet de l’Agence Mondiale Antidopage qui fête actuellement ses 10 années d’existence. Une présentation audio qui mérite d’être écoutée de tous les sportifs et de tous ceux s’intéressant au sport de haut niveau.

Pour moi et sans jeu de mots, le bilan de ces 10 années est très positif !

Pendant ce temps, sur la scène du dopage…

La Flamme Rouge laisse à ses lecteurs le soin de juger si oui ou non elle a réussi son défi pris le 6 octobre dernier… et couvre quelques nouvelles relatives au dopage ces derniers jours.

1 – L’UCI a publié un rapport en réaction à celui de l’AFLD qui dénoncait un apparent traitement de faveur à l’égard des contrôles anti-dopage de l’équipe Astana sur le dernier Tour de France.

L’UCI écrit notamment "Maintenant que le Tour est terminé, il est encore plus évident qu’Astana n’a absolument pas bénéficié d’un traitement privilégié, sauf par le fait que ses coureurs ont été soumis à un plus grand nombre de contrôles que les autres".

L’UCI va ensuite plus loin en s’attaquant à l’intégrité même du directeur de l’AFLD, Pierre Bordry: "M. Bordry a abusé de sa position – est-ce vraiment la lutte antidopage ou a-t-il un autre objectif, un autre agenda ? Que ce soit l’une ou l’autre, le monde du cyclisme n’est pas bien servi par une personne ou une institution, qui comme il apparaît désormais, fait passer son agenda personnel avant son agenda professionnel".

Je laisse le soin à nos lecteurs de juger de la qualité de la réaction de l’UCI au rapport de l’AFLD. J’insiste simplement sur le fait que le rapport de l’AFLD mentionnait explicitement que l’équipe Astana avait été contrôlée plus fréquemment que les autres équipes lors du dernier Tour de France. Le rapport ne portait pas sur ce point mais bien sur le fait que lors de ces contrôles, les règles élémentaires visant à préserver la crédibilité et l’authenticité des contrôles n’avaient pas été respectées.

Quant aux attaques personnelles et le procès d’intention à l’égard de M. Bordry, vous savez ce que je pense de pareille technique… Cela en dit long, selon moi, quant aux actuels dirigeants de l’UCI qui n’hésitent pas à recourir à de tels moyens pour essayer de se justifier. Lamentable.

2 – Des informations concernant Asterix et Obelix, les noms de code d’Eufemiano Fuentes et Merino Batres, son assistant, ont été retrouvées dans des documents électroniques saisis au domicile de Jan Ullrich lors de perquisitions réalisées suite aux soupçons de dopage qui le concernaient dans l’affaire Puerto. Surpris ?

3 – Le coureur espagnol Alberto Fernandez de La Puebla (Fuji-Servetto) a été suspendu par l’UCI en raison d’un contrôle positif à l’EPO subi le 15 octobre dernier, deux jours avant le Tour de Lombardie. Il pourra demander une contre-expertise de l’échantillon B bien sûr.

4 – Le Conseil d’État en France a rejeté la demande d’appel de l’Allemand Stefan Schumacher, deux fois positif à la CERA en 2008 et qui contestait les résultats des analyses. Le Conseil d’État n’a rien vu de non-conforme dans les analyses effectuées et a confirmé le verdict. La suspension de 2 ans du coureur allemand est donc maintenue.

5 – Alberto Contador pourrait rester chez Astana, son contrat étant encore valide un an, mais insisterait pour ajouter une clause lui permettant de quitter l’équipe sur le champ si jamais un contrôle positif survenait pour n’importe quel coureur de l’équipe. La confiance règne ! Il donne ainsi l’impression de vraiment vouloir sortir par n’importe quel moyen de son contrat le liant à l’équipe Kazakh.

6 – La Cour d’appel de Paris a confirmé la sentence de 3 ans de prison imposée au Dr. Mabuse, Bernard Sainz, suite à l’affaire ayant éclaté en 1999 et impliquant notamment feu Frank Vandenbroucke. À la tête d’un réseau de dopage dans le nord de la France et en Belgique, le célèbre Dr. Mabuse aurait ainsi dopé plusieurs cyclistes dont Nico Mattan, Frank Vandenbroucke et plusieurs autres encore. Il connaîtra sa sentence finale le 28 janvier prochain.

7 – Le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS) a repoussé la demande d’appel d’Alejandro Valverde, suspendu par le CONI de toute compétition en Italie pour une durée de 2 ans, le CONI estimant suffisantes les preuves de son implication dans l’Affaire Puerto. Le TAS annoncera plus tard quant elle entend examiner la demande d’appel de Valverde. Rappelons que l’UCI et l’AMA souhaiteraient étendre cette suspension à tous les pays et que Valverde a remporté la Vuelta en septembre dernier.

Le défi La Flamme Rouge

La réponse de l’UCI au rapport de l’AFLD n’a pas trainé et ne surprendra personne. Extrait: 

«  L’AFLD ne prête attention qu’à ce qu’elle considère comme des dysfonctionnements pratiques des autres parties, pour faire croire ensuite qu’elles ont globalement mal travaillé […] Il est regrettable que le bon partenariat opérationnel mis en place lors du Tour de France 2009 ait été miné par la recherche de visibilité médiatique de M. Bordry, lequel semble aussi vouloir saboter les efforts effectués par l’UCI et ses partenaires ces dernières années dans le domaine de la lutte contre le dopage »

Rien évidemment sur les faits rapportés dans le rapport de l’AFLD, l’UCI ne visant qu’à miner la crédibilité de l’agence française en prêtant des intentions à son directeur, M. Bordry.

L’argumentation de l’UCI se suffit à elle-même. Je laisse donc à nos lecteurs le soin de se forger une opinion tout en les informant que lassé du merdier du dopage dans le cyclisme, je me lance un défi ce soir: ne pas parler de dopage sur ce site pendant un mois. Moratoire complet. Il sera question de matos, de courses professionnelles et amateurs, d’entrainement, de littérature et d’autres sujets encore, mais plus de dopage. Pendant un mois complet. Ca fera une petite pause salutaire pour le moral…

Contrôles antidopage Astana sur le Tour: l’AFLD sonne l’alarme

Il y a des matins comme ca: une mini-bombe éclate dans le cyclisme, tout le monde est surpris et ma première réaction est "bof"… Aucune surprise. Comme si je savais déjà tout ca. En fait, ma surprise est ailleurs: ce nouvel événement me prouve hors de tout doute que le livre "Le sale Tour" est probablement dans le vrai et que Walsh et Ballester ont réalisé là un excellent travail de journalisme d’enquête.

L’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) vient de publier un rapport accablant pour l’UCI, rapport portant sur la conduite des contrôles anti-dopage sur le dernier Tour de France. Rappelons que ces contrôles étaient sous la responsabilité de l’UCI et non de l’AFLD comme en 2008, année où avaient éclaté plusieurs scandales, dont ceux de Ricco-Piepoli, de Kohl. L’UCI avait repris la responsabilité de la lutte contre le dopage sur le Tour grâce au "traité de paix" signé entre la nouvelle direction d’ASO et l’UCI, cette nouvelle direction d’ASO ayant la volonté de stopper les scandales de dopage lors de l’épreuve phare du cyclisme, estimant que cela nuisait trop à son image de marque. La nouvelle direction d’ASO n’a par ailleurs pas hésité à limoger ceux qui osaient s’attaquer de plein front au problème, notamment Patrice Clerc, ex-président d’ASO, congédié en décembre 2008.

Dans ce nouveau rapport envoyé aujourd’hui à l’UCI, à l’AMA mais aussi à ASO ainsi qu’aux ministres français des sports et de la santé, l’AFLD conclut notamment que l’équipe Astana d’Alberto Contador et de Lance Armstrong ont reçu sur le Tour 2009 un "traitement de faveur", le protocole des contrôles étant pour le peu laxiste. Refus des escortes de l’AFLD pour empêcher que les coureurs s’administrent rapidement des diluants sanguins, délais trop longs entre l’annonce du contrôle et le contrôle lui-même, mauvais entreposage des échantillons sanguins prélevés (on croit rêver!), annonce à l’avance des contrôles du lendemain, la liste est accablante.

Pour compléter le tableau du jour, la police française révèle aujourd’hui avoir discrètement "fait les poubelles" des équipes professionnelles sur le dernier Tour de France. Les trouvailles sont très intéressantes, plusieurs produits dopants ou masquants et ne faisant l’objet d’aucune autorisation d’importation en sol français (donc les équipes les avaient cachés) ayant été trouvés.

La suite ? Elle est simple et déjà prévisible. Je m’attends à ce que l’UCI porte ce nouveau rapport très embarassant pour elle dans l’opinion publique. L’UCI va s’attacher à démolir non pas les conclusions du rapport, mais bien l’image de l’AFLD qu’elle accusera de vouloir se venger de l’UCI pour la perte des contrôles du Tour. Lance Armstrong va évidemment s’en mêler, mais plus tard (il va d’abord laisser son ami McQuaid essayer de régler le problème en allant au baton), et rappeler qu’il fut un des coureurs les plus contrôlés sur le Tour 2009 et qu’il est propre à 100%. Il dira que l’AFLD entretient une vendetta à son égard et à l’égard de son équipe et il se servira du contrôle inopiné du mois de mars dernier comme preuve.

La vérité ? Elle est partiellement disponible, on peut en saisir beaucoup d’éléments en tout cas dans le livre de Walsh et Ballester. La vérité, c’est que l’UCI continue de protéger les coureurs cyclistes et n’a aucune crédibilité dans la lutte contre le dopage, étant en conflit d’intérêt flagrant entre deux objectifs contraire, le développement du cyclisme et de son image et la lutte contre le dopage, justement destructeur de l’image de marque du cyclisme.

La vérité, c’est que Pat McQuaid avait déclaré AVANT le Tour de France 2009 qu’il n’y aurait pas de scandales de dopage sur la course (propos tenus au départ d’une étape du Tour de Californie en janvier 2009). Le rapport publié aujourd’hui par l’AFLD nous montre seulement comment il s’y est pris pour atteindre cet objectif.

La vérité, c’est que l’UCI et ASO ont garanti à Lance Armstrong un retour sans problème sur le plan du dopage, ces deux organismes ayant cruellement besoin du champion américain pour relancer le cyclisme, un sport mis à mal depuis 4 ans avec les scandales Landis, Basso, Ullrich, Mayo, Sinkewitz, Dekker, Petacchi, Ricco, Sella, Schumacher, Rasmussen, Kohl, Vinokourov, Kaschekin, DiLuca et bien d’autres encore.

Beaucoup de nouvelles sur la scène du dopage

Beaucoup de nouvelles sur la scène du dopage dans le cyclisme ces derniers jours. Plusieurs sont carrément inquiétantes ! 

1 – Suite du scandale de dopage sur le récent Tour de l’Avenir et qui impliquait une équipe ukrainienne. Un des coureurs impliqués a parlé et expliqué davantage son usage de produits dopants (EPO, hormones de croissance, somatropine) qu’il justifie pour "gagner un peu plus d’argent". Ce qui frappe dans ses déclarations, c’est sa connaissance de la façon dont on peut déjouer les contrôles: "Je sais qu’on n’est pas positif à l’EPO si on se l’administre dix jours avant le début de la compétition". Éloquent et très informatif sur les connaissances qui circulent dans le peloton pro.

2 – L’AMA s’inquiète par ailleurs du nombre élevé et récent de cas de dopage en Russie. Cyclisme, ski de fond, biathlon, athlétisme, toutes les disciplines d’endurance sont à l’honneur. Aie aie aie.

3 – Gros scandale de dopage du côté de l’Espagne puisque trois coureurs ont récemment fait l’objet de contrôles inopinés positifs. Il s’agit d’Isidro Nozal (Liberty Seguros), révélation de la Vuelta 2003, Hector Guerra et Nuno Ribeiro, récent vainqueur du Tour du Portugal, tous positifs à la CERA. Ces coureurs ne pourront évidemment prendre part aux prochains Mondiaux qui débutent demain.  

4 – Dommage collatéral de cette histoire: le médecin de l’équipe Xacobeo, Alberto Beltran, a été licencié par Alvaro Pino, le manager. Raison ? Ce médecin officiait jusque début septembre au sein de l’équipe Liberty Seguros au sein de laquelle le scandale vient d’éclater. Le manager de Xacobeo, équipe dont fait partie Ezequiel Mosquera, 5e de la récente Vuelta, ne prend donc aucun risque et préserve les apparences.  

5 – Dopage toujours, Maurizio Biondi, de l’équipe italienne Ceramica-Flaminia, a été récemment contrôlé positif à l’EPO. Biondi avait gagné le clm du Tour du Danemark à la mi-août.

6 – Dopage encore, les cyclistes professionnels allemands Olaf Pollack et Markus Cronjager ont été récemment contrôlés positifs à une substance qui reste à préciser. Là encore, c’est grâce à un contrôle inopiné réalisé en juillet dernier, prouvant bien que l’usage de produits dopants en période de préparation est encore monnaie courante dans le peloton pro.

7 – Affaire Valverde-Puerto. Le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS) statuera d’ici le Tour de Lombardie si l’interdiction de courir en Italie imposée par le CONI au coureur espagnol est valable ou non, Valverde contestant la légitimité (et non les faits !!!) du CONI dans l’Affaire Puerto. Suite à la décision du TAS, l’UCI étendra ou non la suspension à l’ensemble des pays. Une décision confirmant la suspension de Valverde par le CONI légitimerait la preuve contre l’Espagnol impliqué dans l’Affaire Puerto.

8 – Affaire autrichienne Humanplasma: c’est loin d’être terminé ! La justice autrichienne et le NADA, agence antidopage nationale, sont toujours sur la brèche dans ce dossier qui nous réserve probablement encore quelques surprises.

9 – Selon Cyclismag, Jacques Rogge, président du CIO, a déclaré que des analyses de dépistage de la CERA sont actuellement en cours sur des échantillons prélevés lors des JO de Pékin. Les résultats devraient "tomber" (les têtes aussi ?) dans les prochaines semaines. Affaire à suivre.

10 – Toujours selon Cyclismag, une récente étude allemande montre que le dopage chez les jeunes (niveau Espoirs) serait beaucoup plus répandu qu’on le croyait jusqu’ici. Sur les 480 athlètes âgés en moyenne de 16 ans (un bel échantillon tout de même) interrogés, 7% auraient affirmé avoir déjà fait usage de produits dopants. Considérant que ce niveau est probablement un minimum, la vérité tourne probablement autour de 10%, soit un athlète sur dix. À l’âge de 16 ans !!! L’étude a également ceci de révélateur que si la situation est telle en Allemagne, qu’est ce qui nous permet de croire qu’elle ne serait pas similaire dans les autres pays ?

11 – La pseudoéphédrine est de retour sur la liste des produits interdits de l’AMA. Fini les petites pillules de Sudafed avant une course !

12 – L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et Interpol collaboreront dans la lutte contre le dopage, une entente entre les deux organismes étant récemment entrée en vigueur. Excellente nouvelle pour la lutte contre le traffic de produits dopants.

13 – L’AMA a également récemment mis en ligne sa malette des enseignants dans le cadre de son programme de lutte contre le dopage. Le but de cette malette ? Donner aux enseignants du matériel pédagogique afin de sensibiliser les jeunes quant à l’esprit sportif et aux dangers du dopage. Voilà une excellente initiative que je salue tout en invitant tous nos lecteurs à prendre connaissance du matériel qui est une véritable mine d’information. Et puis. relire la définition de l’esprit sportif n’est pas inutile de temps en temps !

Avez-vous bu votre jus de betterave aujourd’hui ?

C’est la folie depuis quelques semaines sur l’espace privé du site web de mon équipe cycliste depuis qu’un coureur a signé son meilleur temps à vie sur l’épreuve hebdomadaire de clm organisée par l’Ottawa Bicycle Club en ayant bu, dans les jours précédents, du… jus de betterave. Du coup, un nombre non négligeable de coureurs de mon équipe sont en train de tester le produit miracle !

Cette situation fait suite à la publication, en août dernier, d’un intéressant article scientifique dans la revue américaine Journal of Applied Physiology et qui montrait que la consommation quotidienne de 500 ml de jus de betterave pouvait améliorer de façon non négligeable les performances dans les sports d’endurance. En 2008 déjà, des chercheurs de la London School of Medicine avaient également montré que la consommation quotidienne de jus de betterave permettait de contrôler la tension artérielle.

La raison d’une amélioration des performances dans les sports d’endurance ? Le jus de betterave contiendrait beaucoup de nitrates qui, une fois métabolisés en nitrites notamment par la salive, auraient un effet vasodillatateur et réduirait la consommation d’oxygène pour un effort donné. La nouvelle avait été notamment rapportée sur le site web du journal québécois La Presse.  

Je n’ai évidemment pas (encore) testé l’effet du jus de betterave sur mes propres performances cyclistes qui demeurent par ailleurs modestes depuis 3 mois, après un bon début de saison pourtant. Pour l’instant, c’est plutôt ma consommation d’alcool qui me préoccupe, étant en fin de saison ! Ceci étant, plusieurs coureurs de mon équipe ont déjà fait remarquer le défi important que représente l’absortion de 500 ml de jus de betterave par jour, son goût étant particulièrement mauvais. Mais les cyclistes sont prêts à tout pour être plus performants, c’est bien connu…

À votre jus de betterave tout le monde !

Bilans sanguins suspects d’Armstrong…

Ben voyons !

La nouvelle ne me surprend en rien: un hématologue danois, Jakob Mörkebjerg, affirme que les paramètres sanguins d’Armstrong prélevés lors du dernier Tour de France qu’il a terminé à la 3e place suivent une évolution bizarre tout au long de l’épreuve.

Le taux d’hémoglobine, en particulier, aurait légèrement augmenté en cours d’épreuve, une évolution incompatible avec l’évolution normale clairement à la baisse sur une épreuve aussi longue et éprouvante.

Mörkebjerg montre également que le taux d’hémoglobine d’Armstrong avait effectivement baissé significativement durant le Giro, couru un mois plus tôt. Entre le Giro et le Tour, le taux serait remonté à des valeurs élevées et s’y serait maintenu tout au long de la Grande Boucle.

Appelé à commenter sur cette situation qui fait les manchettes aujourd’hui, Gérard Dine, professeur de biotechnologies à l’école Centrale de Paris et hématologue au CHU de Troyes, a préféré parler d’une "anomalie curieuse" dans le cas d’Armstrong.

Qu’est ce qui se passe ? Rien de bien spécial ni d’innattendu selon moi. On peut simplement croire qu’Armstrong a poursuivi les pratiques qui lui ont permis d’encaisser 7 victoires sur le Tour en toute tranquilité. Seul petit changement depuis son retour, le passeport biologique qui fait en sorte qu’il n’est plus en plein contrôle de son identité sanguine. S’il s’est assuré de débuter son suivi biologique en parfait "équilibrage sanguin et hormonal" question de ne pas provoquer de variations brusques par la suite, le système a besoin d’un peu de rodage et malheureusement, ses paramètres ont varié un peu, attisant les soupçons. Que voulez-vous, même Armstrong ne peut parfaitement contrôler tous ses paramètres sanguins en tout temps !

Une bonne campagne de relations publiques et Armstrong va rapidement régler l’affaire, vous verrez. Le public est si content d’avoir trouvé en lui un héros… Pour les amateurs de cyclisme, en particulier ceux fréquentant ce site, cette nouvelle peu surprenante n’est qu’une lézarde de plus dans l’édifice Armstrong.

Des nouveaux produits dopants en vogue dans le peloton ?

Plusieurs articles très intéressants sont disponibles ce matin concernant les performances offertes par les coureurs au récent Tour de France.

L’un d’entre eux cite Pierre Bordry, président de l’AFLD, à propos de l’usage possible de nouveaux produits dopants, notamment une EPO de 3e génération, l’hématide, ainsi que l’AICAR.

L’hématide serait une forme de « erythropoietin-mimetic peptides » simple d’usage puisque nécessitant qu’une dose par mois et pouvant être gardée à température de la pièce, et non réfrigérée. Elle augmenterait le volume d’hémoglobine dans le sang, volume aisément contrôlable en cas de contrôle par une hydratation en intraveineuse. Faisant encore l’objet de tests, sa commercialisation ne serait prévue qu’en 2011 mais il est possible qu’elle soit déjà en usage dans le peloton professionnel.

Pierre Bordry soupçonne également que les autotransfusions seraient encore fréquentes dans le peloton, étant difficilement détectables.

Enfin, l‘AICAR serait un médicament permettant de mieux bruler les graisses en agissant sur les tissus musculaires. Pierre Bordry s’est notamment dit surpris de l’état de maigreur de certains coureurs. Ayant été personnellement frappé de la perte de masse musculaire dans le haut du corps de Lance Armstrong entre la fin du Giro et le début du Tour, une période où il n’a pris part à aucune compétition d’importance, comment en effet exclure l’usage de tels produits ?

La bonne nouvelle dans tout ca ? C’est que ces produits sont connus et que des tests de dépistage sont en cours d’élaboration. Les échantillons du Tour 2009 pourraient être testés plus tard cet automne pour ces nouveaux produits dopants avec, comme résultat, que le classement général du Tour pourrait encore changer !

Il faut enfin lire ce très intéressant article d’Antoine Vayer qui revient sur les performances des meilleurs coureurs de ce Tour de France. Plusieurs lecteurs de La Flamme Rouge ont émis des doutes quant à la valeur des calculs obtenus par Vayer voire par Portoleau, estimant que ces calculs donnent l’impression d’une fausse précision. Je suis d’accord avec eux, l’important n’étant pas de savoir si Contador possède une VO2max de 99,5 ou 99,3 ou encore 99,0. L’important, dans ces calculs, c’est qu’ils donnent une matrice de comparaison objective entre les coureurs et, plus utile encore, entre les époques. Et que comme Vayer et Portoleau, on peut probablement affirmer avec certitude que les performances de Contador sur ce Tour sont tout à fait exceptionnelles et pratiquement du jamais vu dans l’histoire du cyclisme. 

Le mot de la fin ? Il appartient au Figaro qui titre ce matin : on en reparle dans huit ans ! C’est effectivement le délai légal durant lequel les échantillons du Tour 2009 peuvent être conservés pour analyse ultérieure. Il sera intéressant de voir ce qu’il reste du palmarès du Tour 2009 dans huit ans !

Twitter style

RT@lancearmstrong: Can all idiots with guns, no underwear, camera tripods, iodiotic comments to make and drugs users, please NOT come to the Tour de France.

Lance Armstrong (USA/Astana): "Etape humide et froide. Et plutôt ennuyeuse. Je n’ai pas souvenir d’un jour aussi froid sur un Tour de France. Jamais. Et, grosse surprise, contrôle antidopage à l’arrivée. Continuez à chercher. Il n’y a rien à trouver, sinon du travail et des sacrifices. Il n’y a jamais rien eu, il n’y aura jamais rien".

RT@lancearmstrong: et le dossier L’Équipe ? et le refus d’autoriser les tests rétrospectifs sur les échantillons des anciens Tours de France ? et tous les dossiers qui s’accumulent ? et les déclarations de personnes de ton entourage ? et le retard d’une heure au contrôle samedi matin ? et le retard du mois de mars ? ca commence à faire beaucoup, non ?

Hommage à Rasmussen

À ne pas manquer, ce petit vidéo de nature humoristique en hommage à Michael Rasmussen. Ce fut tourné par les néerlandais qui ne manquent pas d’humour ! Merci à mon ami Paul pour le tuyau.

Passeport biologique: le point

L’UCI a rendu public hier le nom de 5 coureurs suspectés d’usage de produits dopants suite à des variations irrégulières de leur profil sanguin. Il s’agit de Pietro Caucchioli (Lampre), Francesco de Bonis (Diquigiovanni), Igor Astarloa (Amica Chips), Ruben Lobato et Ricardo Serrano (Fuji). Trois Espagnols et deux italiens, mais surtout que de petits poissons, des coureurs qui gagnent peu et qui remplissent, le plus souvent, des rôles d’équipiers.

Pour moi, la nouvelle est ailleurs. La nouvelle, c’est que 45 autres coureurs font partie d’une liste noire et seront particulièrement surveillés à l’approche du Tour de France. Déjà, de nombreux coureurs ont disparu de l’avant-scène suite au Giro et au Dauphiné, question de se préparer tranquillement.

On peut penser que Lance Armstrong fait partie de ces coureurs très surveillés. Il a très récemment fait l’objet de deux contrôles inopinés en deux jours, l’un réalisé par l’UCI, l’autre par l’USADA.

Évidemment, l’UCI n’a pas rendu public cette liste des 45 coureurs, on suppose pour préserver leur réputation. C’est normal selon moi, leur profil sanguin ne pouvant pas encore témoigner de manipulations même si certains paramètres sont probablement suspects.

En complément d’information, à ne pas manquer cette bonne entrevue avec Anne Gripper de l’UCI qui est très impliquée dans ce passeport biologique, étant responsable de la lutte antidopage à l’UCI.

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