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Catégorie : Dopage Page 14 of 26

L’Espagne, pays des scandales de dopage

Nouveau scandale de dopage en Espagne : l’Affaire Galgo. Si elle touche davantage le monde de l’athlétisme, une vieille connaissance du cyclisme, Eufemiano Fuentes, déjà au coeur de l’Affaire Puerto qui avait entre autre emporté Ullrich et Basso, figure sur la liste des 14 personnes arrêtées. On les soupçonne de trafic de produits dopants et les perquisitions effectuées ont permis de saisir de "grandes quantités d’anabolisants, stéroïdes, hormones et divers médicaments dont de l’EPO" ainsi que des "poches de sang et du matériel de laboratoire pour réaliser des transfusions sanguines". 

Parmi les autres personnes arrêtées, la championne d’athlétisme Marta Dominguez, championne du monde 2009 du steeple et… actuelle vice-présidente de la Fédé espagnole d’athlétisme !

C’est pas beau tout ca ? Toujours les mêmes réseaux d’influence. On se croirait dans le milieu de la construction au Québec !

Rappelons que l’Espagne a été secouée, au cours des récentes années, par de multiples scandales de dopage au moment même où la situation a l’air de se calmer un peu en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas et en France. On peut notamment évoquer l’Affaire Valverde, l’Affaire Mosquera et surtout, l’Affaire Contador. Ils y passent tous…

J’ai l’intime conviction que le dopage dans le cyclisme et dans le sport de haut niveau est toujours aussi important qu’il y a 15 ans. Si les contrôles se sont étoffés, les coureurs et leur encadrement savent toujours déjouer avec autant les autorités. Les réseaux de distribution, de stockage et les protocoles de dopage se sont simplement complexifiés dans le but de brouiller les cartes. 

Affaire Contador: décision imminente ?

La Fédération espagnole de cyclisme avait un mois après la soumission du dossier par les autorités compétentes pour rendre une décision dans l’affaire Contador.

Un mois, c’est aujourd’hui. 

Les deux camps se sont livrés une bataille visant à convaincre l’opinion publique, donc influencer ceux qui devront prendre la décision. Contador a déclaré qu’en cas de décision défavorable, il pourrait carrément prendre sa retraite du cyclisme de compétition. Pur chantage selon moi, la grande majorité des ex-dopés ne rêvant qu’à une chose, revenir au plus vite puisque l’adulation et la gloire de la victoire, c’est toujours intéressant.

Bjarne Riis a également apporté son lot de déclarations loufoques, notamment à l’occasion du camp d’entrainement de l’équipe Saxo Bank la semaine dernière. Extraits:

"I have good reason to believe in him. He inspires respect". Un peu court, non ? Mais ma préférée demeure celle-ci : "But if he happened to be punished, it wouldn’t mean that he’s guilty."

De l’autre côté, l’AMA et l’UCI y sont également allés de diverses déclarations. L’UCI a déjà affirmé qu’en cas de jugement favorable à Contador, elle n’hésiterait pas à faire appel à l’AMA. L’AMA, quant à elle, a déclaré que la défense de Contador était peu crédible

Alors, quelle décision la Fédé espagnole rendra-t-elle ? Difficile à dire mais l’Affaire Contador est une affaire nationale en Espagne, rendant la décision hautement politique. Et dans ce contexte, on peut être inquiet : l’Espagne n’a-t-elle pas protégé contre vents et marées Alejandro Valverde alors que le dossier l’impliquant dans l’Affaire Puerto était accablant ? Rappelons également que le dossier déposé par Contador et son équipe d’avocats ne vise qu’une chose, soulever un doute raisonnable…

Mon intime conviction personnelle est que Contador s’est dopé, probablement de la façon dont l’a expliqué anonymement un de ses ex-équipiers. Un peu juste sur le Dauphiné, trois semaines avant le Tour, incapable de faire la différence dans l’ascension de l’Alpe d’Huez, Contador a jugé nécessaire de recourir au clenbuterol pour affiner sa silhouette sans perdre de puissance musculaire lors de sa préparation finale hors-compétition. Les protocoles de dopage étant bien définis et les contrôles faciles à déjouer (c’est bien connu dans le milieu du cyclisme), il n’a pas hésité une seconde. Sa surprise a donc été totale lors du contrôle positif, mais il n’avait pas pensé que le sang autotransfusé lors de la dernière journée de repos était contaminé au clenbuterol…

La conclusion appartient à Gerard Vroomen, copropriétaire de la compagnie canadienne Cervelo, qui estime que le dopage nuit à la venue de sponsors importants dans le cyclisme. C’est évident, mais qui sont les coupables? Évidemment, les gens du milieu en premier lieu. Comment peut-on tolérer Bjarne Riis comme directeur sportif d’une des plus importantes équipes professionnelles sur la planète ?

Vive l’Asoprovac !

Comique: une association espagnole des producteurs de viande bovine, l’Asoprovac, va porter plainte contre Alberto Contador qui a justifié la présence de clenbuterol dans son sang par de la viande contaminée. Du coup, les producteurs ne sont pas contents de recevoir aussi mauvaise presse. 

J’aime. Quel monde merveilleux !

Épilogue

Ca arrive de temps en temps sur La Flamme Rouge comme sur tous les blogues, ce n’est pas la première fois ni la dernière, malheureusement: les commentaires présentant des avis contraires fusent, puis la situation dérive progressivement pour aboutir aux insultes personnelles.

J’écris ce soir le mot de la fin au plus récent débat en clarifiant un point important qui porte sur un élément sous-jacent à la "chicane" qui en a découlé: je maintiens que les coureurs cyclistes professionnels n’ont rien fait, ces 15 dernières années, pour nous prouver qu’on pouvait leur faire confiance. Je maintiens cependant mon approche, celle de ne jamais prendre le raccourci "tous dopés". Non, pas tous dopés, justement. Un site crédible sur le cyclisme ne peut se laisser aller à pareil raccourci. Tous suspects alors ? Oui, peut-être. Tous suspects. Mais la nuance est importante.

Alors, est-ce malhonnête de fustiger Contador et de louanger Nibali ? Dans la mesure ou le premier est positif au clenbuterol et que le deuxième n’a jamais fait l’objet, jusqu’ici, d’un contrôle positif ou d’une enquête policière, je maintiens ma position. "Louanger" est d’ailleurs peut-être un peu fort…

Enfin, je tiens publiquement – je l’ai déjà fait d’ailleurs – à encourager Patrick Bernard à continuer de fréquenter et d’enrichir La Flamme Rouge. Car il est compétent et pertinent, point final. Peut-être le plus d’entre nous, moi y compris…

Du soupçon… à la chasse aux sorcières !

Décidemment, un petit texte sur le Vélo d’Or mondial et que je croyais anodin suscite de nombreux commentaires dont le ton dérape de plus en plus.

Le point de départ ? Le fait que j’ai émis des doutes quant à l’intégrité de Cancellara.

Mise au point.

La Flamme Rouge n’a aucune "black list" et ne vise en aucun cas à faire une "chasse aux sorcières".

La Flamme Rouge s’en tient aux faits.

La réalité, c’est que les performances de Cancellara sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix ont fait l’objet de questionnements. Des faits ont été rapportés, notamment des changements de vélo assez surprenants et à ce jour inexpliqués. C’est la réalité. Après, on peut débattre de la situation, mais la base, c’est que Cancellara a bel et bien changé plusieurs fois de vélo sur ces courses, sans raison apparente.

D’où mon opinion.

Pareil pour Contador. On peut discuter de la véracité de son explication de son contrôle positif. Mais les faits, c’est qu’il est positif au clenbuterol.

Idem pour Armstrong. Les faits, c’est qu’environ la moitié de ses échantillons urinaires du Tour 1999 sont positifs à l’EPO.

Pareil pour Pellizotti. Qu’un tribunal ait jugé que les preuves cumulées via le passeport biologique étaient insuffisantes, c’est une chose, mais les faits, c’est que les variations présentes sont suspectes.

D’où mon opinion sur ces coureurs. Les autres, je ne sais pas. Je n’ai actuellement aucun fait tangible pour remettre en question l’intégrité de coureurs comme Andy Schleck ou Philippe Gilbert, voire même David Millar ou Ivan Basso.

Chasse aux sorcières ? Délit de sale gueule ? Soupçons injustifiés ? Non, pas du tout. Je pense plutôt à une saine analyse de la situation tout en tenant compte d’un contexte général, celui au sein duquel les coureurs cyclistes professionnels n’ont rien fait, ces 15 dernières années, pour nous prouver qu’on pouvait leur faire confiance…

L’échec consommé du passeport biologique

C’est un jour triste pour le monde du cyclisme: le Tribunal National Antidopage (TNA) en Italie vient d’absoudre le coureur italien Franco Pellizotti pour "preuves insuffisantes" découlant du passeport biologique et qu’on tentait d’utiliser pour le convaincre de dopage.

Pellizotti s’est déclaré pleinement satisfait du jugement et envisage maintenant de réclamer des dommages et intérêts à l’UCI.

Ce jugement est évidemment l’arrêt de mort du passeport biologique comme outil de lutte contre le dopage. Les coureurs cyclistes viennent de comprendre que juridiquement, il sera très difficile d’utiliser le passeport pour prouver "hors de tout doute raisonnable" que le coureur a eu recours à des substances dopantes. L’avocat de Pellizotti n’a-t-il pas déclaré "le passeport biologique n’est pas fiable" ?

C’est évidemment un cuisant échec pour l’UCI. Rappelez-vous, l’UCI n’avait-elle pas déclaré, ces dernières années, vouloir prendre son temps afin que les dossiers des premiers coureurs pris au passeport biologique soient "bétonnés" et puissent mener à des sanctions ?

L’avenir du passeport biologique semble ce soir bien nébuleux. Tout au plus pourra-t-on le maintenir pour seulement identifier des coureurs au profil sanguin "louche" et ainsi cibler davantage les réels tests antidopage, qu’ils soient sanguins ou urinaires.

Quoi qu’il en soit, tout cela est très, très décevant et prouve une fois de plus que les tricheurs ont souvent une longueur d’avance et qu’avec un bon avocat, on peut toujours se sortir d’affaire. Triste époque…

Délit de sale gueule sur LFR ?

L’actualité cycliste pourra attendre, certains récents commentaires m’ont interpellé. Ces commentaires laissaient entendre que les positions de ce site envers les coureurs dopés étaient ambigües, certains ex-dopés étant apparemment vénérés (Pantani) et d’autres pas. Mise au point.

Tous les coureurs dopés sont et continueront d’être dénoncés sans relâche sur ce site, point final. 

Après, les nuances viennent des circonstances. 

Ceux qui nient les évidences scientifiques, les faits objectifs ou qui refusent de répondre à des soupçons légitimes alors qu’ils en ont les moyens, ceux qui ont recours à n’importe quel argument lié aux procédures pour éloigner l’attention du public des réels enjeux, ceux qui méprisent le public par des propos qui sont une insulte à l’intelligence humaine, ceux qui nous prennent pour des imbéciles en ayant recours à des explications qui ne tiennent pas la route, ceux qui manifestent une arrogance déplacée, tous ceux là continueront de faire l’objet d’un traitement particulièrement dur sur ce site. Les Lance Armstrong, Alberto Contador (pour le moment), Alexandre Vinokourov, Jan Ullrich, Roberto Heras, etc., sont de ceux-là.

Ceux qui par ailleurs avouent leur faute et contribuent ainsi, par leurs explications, à notre compréhension du dopage continueront de faire l’objet d’un traitement de faveur. D’une part parce que faute avouée est à moitié pardonnée, d’autre part parce qu’ils ont le droit à une deuxième chance après avoir purgé leur peine, surtout lorsqu’ils ont fait preuve de courage dans leur façon de faire face à un contrôle positif. David Millar, Ivan Basso, Geneviève Jeanson, Bernard Kohl et Floyd Landis tombent dans cette catégorie.

De plus, ceux qui ont payé un prix trop élevé à l’égard du dopage, parce qu’il existe tout de même des délits plus graves dans la vie, ceux là feront l’objet de nuances aussi. Pantani, Vandenbroucke sont de ces coureurs qui ont probablement fait l’objet d’un certain acharnement à la fois des autorités et de la presse. Je leur exprime une certaine sympathie car tout dopé qu’il était durant sa carrière sportive, Pantani ne méritait tout de même pas de terminer ainsi. S’il est pour beaucoup dans sa déchéance, notamment question consommation de cocaïne, le milieu du cyclisme a une responsabilité.

Enfin, jamais je ne comparerai les dopés d’avant 1990 aux dopés d’après. Le dopage est certes du dopage, peu importe les époques. Mais avant l’introduction du dopage sanguin, on ne transformait pas un bourricot en pur-sang. Cela n’excuse évidemment pas le recours au dopage à toutes les époques, mais le dopage sanguin est à mes yeux particulièrement grave en ce sens qu’il fausse tout. Il est également grave parce qu’il est beaucoup plus dangereux pour la santé, les morts étant trop nombreux déjà dans le peloton pro depuis 1990. Fignon et beaucoup d’autres champions avant 1990 ont été piqués positifs au contrôle, c’est vrai et ce n’est pas bien du tout. Il faut le dire. Le dopage sanguin est cependant à mes yeux bien pire encore. Je ne peux raisonnablement pas mettre la même faute sur Laurent Fignon que sur Bjarne Riis ! Le premier a commis deux ou trois fautes isolées durant sa carrière ; l’autre a édifié sa carrière grâce au dopage…

Je ne peux non plus conclure cet article en soulignant que les cyclistes pris pour dopage ne seront jamais les seuls, sur ce site, à être condamnés. Les médecins verreux, les entraineurs louches, les directeurs sportifs complaisants voire hypocrites, les autorités parfois plus soucieuses de préserver l’image du cyclisme que de réellement s’attaquer au dopage feront également l’objet, le cas échéant, de positions fermes. 

Le syndrome de persécution

Ca sent de plus en plus mauvais dans l’Affaire Contador. Il semble que le champion espagnol aura fort à faire pour prouver son innocence.

Le New York Times annonçait en effet hier que deux échantillons urinaires, prélevés les 20 et 21 juillet dernier lors du Tour de France, contiendraient des concentrations de plastique huit fois supérieures à la concentration requise pour signifier un test de dopage positif. Le protocole de dépistage de produits plastiques serait disponible depuis l’an dernier, serait encore en cours d’homologation par l’AMA et aurait été utilisé pour la première fois sur le Tour cet été. Ceci étant, le protocole pourrait servir à prouver un dopage par autotransfusion s’il est ajouté à d’autres tests, ici la présence de clenbuterol. 

Bref, Contador est bien mal barré semble-t-il.

Et nous fait un syndrome de persécution. Ses récentes déclarations montrent en effet qu’il a choisi de se poser en victime, déclarant même être très déprimé et vouloir abandonner le cyclisme s’il devait être convaincu de dopage. 

Ce qui le déprime surtout je pense, c’est d’être le seul à morfler en ce moment, alors qu’il sait pertinemment que tous ses adversaires carburent exactement à la même chose que lui depuis des années, les autotransfusions. Le syndrome de persécution est en passe de devenir une constante dans les affaires de dopage, Landis, Pantani, Virenque et bien d’autres encore en ayant tous souffert.

En ce sens, le plus dur pour les tricheurs piqués au contrôle, c’est souvent "pourquoi moi et pas les autres aussi puisqu’ils font pareils" ?

Quoi qu’il en soit, on attend désormais l’explication de Contador concernant la présence de résidus plastique dans son sang. Cette explication semble venir moins vite que celle fournie pour expliquer la présence de clenbuterol…

À ne pas manquer sur le même sujet, cette très, très bonne interview avec David Walsh, co-auteur des populaires livres L.A. Confidential et L.A. Official, et qui revient sur l’Affaire Contador. À ne pas manquer non plus, cet article avec Ettore Torri, grand chef de la lutte anti-dopage en Italie.

Contador: l’hypothèse de l’autotransfusion serait la bonne?

Ca se complique pour Contador. Il pourrait bien nous avoir menti. Surpris ?

Le journal L’Équipe révèle en effet ce matin que les échantillons urinaires prélevés le 21 juillet dernier contiendraient des traces de di(ethylhexyl)phtalates, des résidus plastiques. Résidus plastiques dans le sang ? Oui, résidus qui pourraient venir d’un sac plastique ayant servi à entreposer du sang…

Le résultat découle d’une nouvelle méthode de détection des autotransfusions et mis au point par un laboratoire de Barcelone. Seul hic, la méthode n’a pas encore fait l’objet d’une approbation de l’AMA, ce qui complique les choses au plan juridique.

Contador aurait donc bien procédé à une autotransfusion le 21 juillet dernier. Pas une grosse nouvelle par ailleurs, il est connu que les autotransfusions, jusqu’ici indétectables, sont la panacée du dopage professionnel depuis quelques années déjà.

À prévoir: les coureurs pro entreposeront désormais leur sang dans des fioles de verre plutôt que de plastique !!!

Affaire Contador: les hypothèses crédibles

Contador s’est-il dopé ? La question mérite d’être posée calmement, sans émotivité, tant les circonstances entourant le contrôle positif semblent étranges. Voici, en quelques lignes, les hypothèses que j’estime crédibles:

1 – pas dopé. Il est vraiment victime d’un empoisonnement alimentaire. Ce n’est pas impossible tant les quantités retrouvées sont faibles. De plus, les autres échantillons, prélevés les jours précédents sont sains. On sait par ailleurs que le clenbuterol a été utilisé dans l’industrie bovine. Contador pourrait donc dire la vérité. Je suis de ceux qui ne veulent pas le condamner trop vite: on serait peut-être surpris des produits retrouvés par des labos ultra-modernes s’ils fouillaient dans nos propres urines, produits découlant de l’industrie alimentaire régulière !

2 – pas dopé, mais victime non pas d’un empoisonnement alimentaire mais d’un supplément alimentaire qu’il refuse d’identifier publiquement pour protéger le fournisseur. L’histoire de la viande serait donc fausse, mais pas le fait que le clenbuterol viendrait d’un produit ingéré, une hypothèse compatible avec les faibles quantités retrouvées dans son organisme. 

3 – dopé par prise directe de clenbuterol. Ce n’est pas impossible puisque le produit a bel et bien été détecté dans son organisme, mais cette hypothèse est la moins crédible selon moi. Les quantités retrouvées sont trop faibles pour induire un réel effet sur les performances. De plus, les pros savent depuis longtemps que le clenbuterol est détectable au contrôle. Les coureurs sont plus intelligents que ca tout de même. Contador, en passe de gagner le Tour, n’aurait pas pris ce risque qualifié de "suicide" par De Mondenard plus tôt aujourd’hui. Il faut toutefois conserver cette hypothèse puisque Floyd Landis s’est dopé dans les mêmes circonstances, avec un produit tout aussi détectable !

4 – dopé, mais pour masquer autre chose. Le clenbuterol comme produit masquant, ca s’est déjà vu. Le passeport biologique, s’il est sérieux, pourrait permettre d’élaborer cette hypothèse. S’il y a tentative de masquer autre chose, il faudrait pouvoir trouver quoi.

5 – dopé, mais aux transfusions sanguines. Suite à une cure l’hiver dernier, cure durant laquelle il a entre autre utilisé du clenbuterol, il a prélevé de son sang qu’il s’est ré-injecté lors du jour de repos à Pau, une pratique par ailleurs courante dans le peloton sur les courses par étape, question de "tenir la distance". Évidemment, les contrôles sanguins effectués par les préparateurs lors des prélèvements sont moins poussés, donc la présence de clenbuterol, en concentration probablement plus élevée, n’a pas été détectée. Une fois le sang de retour dans l’organisme de Contador le 21 juillet, le clenbuterol est apparu au contrôle, mais en dose infime puisque dilué dans le sang "propre de clenbuterol" déjà présent dans l’organisme de Contador. La transfusion sanguine autologue pourrait donc expliquer pourquoi le clenbuterol n’était pas présent les jours précédents.

Laquelle de ces hypothèses m’apparait la plus probable ? En fait, je ne sais pas et préfère attendre les conclusions des études plus approfondies que mène l’UCI.

Confirmé: Mosquera positif !

C’est confirmé, Ezequiel Mozquera, 2e de la récente Vuelta, est positif à l’HES (Hydroxyéthylamidon), une substance fluidifiant le sang. Son équipier David Garcia, 11e de l’épreuve, est également positif. L’UCI vient d’en faire l’annonce.

Très mauvaise journée pour le cyclisme professionnel…

Contador piégé par… de la viande ?

L’annonce du contrôle positif d’Alberto Contador au clenbuterol hier a eu l’effet d’une bombe partout sur la planète, faisant la une de nombreux journaux. L’échantillon B a confirmé le résultat de l’échantillon A: positif au clenbuterol. À la nuance près que les quantités retrouvées sont infimes: 50 picogrammes, soit 0,00000000005mg par ml d’urine. Des doses très très faibles. Tellement faibles que si le test avait eu lieu dans certains labos plutôt qu’à celui de Cologne, on n’aurait probablement pas détecté la substance incriminante. C’est un élément important, ca pourrait jouer devant le TAS si on devait en arriver là.

Devant des doses si faibles, l’UCI a réagi et demandé des analyses complémentaires avant de fixer le sort du coureur espagnol. C’est une très bonne décision puisque les quantités infimes présentes soulèvent en effet un doute sur les intentions de Contador. L’UCI a probablement demandé une analyse très approfondie des autres échantillons prélevés sur le Tour – il y en a normalement beaucoup – et on espère qu’elle ira regarder du côté du passeport biologique, notamment autour du Dauphiné et juste avant le Tour, pour étayer le cas.

Contador a quant à lui annoncé publiquement sa défense: contamination alimentaire à la viande. Possible ? Oui, peut-être. Le clenbuterol, qui a en effet déjà été utilisé dans l’industrie bovine pour augmenter la masse musculaire des bovins, est cependant interdit d’usage presque partout, sauf peut-être en Chine et dans quelques pays en développement. L’explication de Contador est assez tortueuse par ailleurs, un malheureux concours de circonstance: l’organisateur de la Vuelta a Castilla di Leon, en visite auprès de l’équipe Astana lors du jour de repos à Pau lors du dernier Tour de France, aurait apporté de la viande d’Espagne, sur demande du cuisinier de l’équipe. Le cuisinier l’aurait servi à l’équipe le jour même. Plusieurs coureurs en auraient mangé, mais aucun n’a été testé ce jour là, sauf Vinokourov (et Contador bien sûr). Mais Vinokourov n’avait pas mangé de viande, ayant pris son repas plus tôt…

Mouais… En clair, Contador nous dit "voilà l’explication et c’est dommage, on ne peut la vérifier auprès d’autres coureurs". Alain39 nous écrit "il y a eu la tisane de Simoni, le whisky de Landis et maintenant le chorizo de Contador"!!! À la nuance près que Simoni, c’était les bonbons de Colombie, la tisane, je crois que c’était Garzelli… et on peut ajouter à cette liste les médicaments du chien de Vandenbroucke, le poulet de Jose Manuel Moreno et les médicaments de la belle-mère de Rumsas !!!!!!!!! 

Alors, crédible ?

Pas sûr, bien qu’il faut faire attention.

Le cas de la nageuse Jessica Hardy, positive au clenbuterol, est éloquent : elle a bénéficié d’une réduction de peine après avoir plaidé avec succès que le clenbuterol provenait en fait d’un supplément alimentaire qu’elle avait pris. 

Il y a donc des précédents. 

Sauf que l’explication d’Alberto Contador aurait été plus crédible s’il avait évoqué un supplément alimentaire où les chances de retrouver du clenbuterol sont beaucoup plus grandes que dans de la viande.

Les experts du labo de Lausanne, en tout cas, n’ont pas été surpris par la défense de Contador, l’estimant prévisible.  

L’UCI devra dans ce contexte mener une enquête: interroger l’organisateur qui a apporté la viande, essayer de retracer son origine, faire enquête auprès de l’éleveur, etc. Je pense qu’elle ne peut faire l’économie d’approfondir cette thèse et devra peut-être engager des experts indépendants dans le domaine.

Chose certaine, je ne prête aucune crédibilité aux "experts du dopage" qui affirment la contamination possible. Ces "experts" se sont déjà de nombreuses fois parjurés, notamment dans l’Affaire Jeanson ou bien d’autres. Leur crédibilité est malheureusement assez faible, n’étant souvent pas neutres.

La conclusion ? La conclusion, c’est qu’il y a un doute. Un doute qu’Alberto Contador s’est bien dopé au clenbuterol dans un Tour de France compliqué pour lui, qu’il ne maîtrisait pas totalement au niveau physique. La contamination alimentaire est une possibilité aussi, mais l’arsenal des labos de l’AMA et une enquête sérieuse de l’UCI devrait pouvoir lever ces doutes. 

Il faudra aussi comprendre pourquoi un seul échantillon sur les nombreux prélevés lors du Tour est positif, du moins à ce jour. 

Je pense donc qu’il faudra de la patience dans ce dossier qui s’annonce déjà très compliqué.

Patience, certains ne l’ont pas eu. La réaction la plus véhémente est venue de Jean-René Bernaudeau, directeur-sportif de l’équipe BBox, qui crie au scandale. C’est vrai que la nouvelle est très mauvaise considérant qu’il est lancé dans une course contre-la-montre pour trouver un repreneur à BBox pour sauver son équipe.

La palme de la sottise ? Elle nous vient de Bjarne Riis qui nous affirme croire en l’explication de Contador parce que le clenbuterol n’aurait "que des effets secondaires". Ben voyons ! Ce type nous prend vraiment pour des cons. En tout cas, le père Riis, on peut dire qu’il vit une sale période !

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