Benjamin, j'ai bien sûr lu le communiqué que tu as fait publier sur le populaire site québécois de nouvelles cyclistes Veloptimum. Ce communiqué est en réaction à la récente décision du Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) de te suspendre pour 2 ans à la suite d'un contrôle positif à la testostérone.
Ce communiqué m'a troublé, car tu y affirmes avec aplomb ne rien avoir à te reprocher. Tu expliques ton contrôle positif à la testostérone comme la conséquence directe de l'usage d'une crème pour tenter de régler une induration à la selle.
Comment savoir? Qui suis-je pour te juger?
Sur une base toute personnelle, je tiens à te dire que je n'ai à priori aucune raison de ne pas croire en ta bonne foi. Après tout, je ne te connais pas!
Et je peux t'assurer de ma compréhension dans le contexte des moments difficiles que tu vis probablement depuis quelques semaines.
Mais tu ne peux pas te poser en victime comme tu le fais dans ton communiqué en écrivant "Il est toujours facile pour certaines personnes de porter des jugements hâtifs, mais sachez que cette situation peut arriver à n’importe quelle personne ou athlète. Il serait bon de connaître la vérité avant de parler. Il est toujours plus facile d’incriminer une personne que de chercher à savoir la vérité. Voilà ce qui m’est arrivé."
Et comment veux-tu que nous connaissions la vérité? De quelle vérité parles-tu? La tienne? De quels jugements hâtifs parles-tu?
Chercher la vérité, ce fut précisément le travail du CCES au cours des dernières semaines. Le CCES t'a donné la chance de t'expliquer, t'a écouté. Le CCES a examiné la situation de près puis a rendu un verdict. Hâtif? Je ne crois pas.
Et le verdict du CCES est clair: tu n'as pas réussi à démontrer "aucune faute ou négligence" ni "l'absence de faute ou de négligence significative".
Faute ou négligence, on ne sait pas dans ce jugement du CCES. Mais coupable oui. C'est exactement la même chose avec le récent cas Contador.
Dans ce contexte, tu te dois de comprendre les gens: ils n'ont d'autres choix que de croire les autorités compétentes en la matière. Tu ne peux leur reprocher. Tu ne peux les accuser de ne pas comprendre. Les gens font confiance au CCES et c'est normal. Surtout dans le contexte ou malheureusement, les coureurs cyclistes pris pour dopage ces 15 dernières années ne les ont pas convaincu de leur empressement à dire la vérité!
Tu ne peux pas non plus reprocher aux gens de se poser des questions logiques parmi lesquelles celle-ci: qu'une crème pour soigner les indurations contienne de la cortisone ça va, mais de la testostérone?
En terminant, je tiens à t'assurer de ma prudence dans les délicates affaires de dopage. Je peux t'assurer que je reprends chaque fois les personnes qui me disent "tous les coureurs cyclistes sont dopés". Justement non.
Je peux aussi t'assurer que je reprends chaque fois les personnes qui me disent "tous les dopés mentent". Justement non. Certains ne mentent probablement pas. Certains sont peut-être victimes d'erreurs, comme certaines personnes sont victimes d'erreurs judiciaires. Mais cela reste très rare, et les autorités de la lutte contre le dopage sont compétentes. Pour preuve, un grand nombre de coureurs positifs finissent par avouer… au bout d'un certain temps, prouvant bien que le jugement des autorités était le bon.
Enfin, je tiens à t'assurer de ma capacité à croire en ceux qui veulent une deuxième chance. Une fois que la première faute est payée.
Benjamin, la seule vérité qui, au fond, importe est la tienne: c'est ta conscience. Elle nous permet de soutenir, seul, notre regard dans un miroir, et c'est tout ce qui compte.
Et de la conscience, nous en avons terriblement besoin en ce moment dans le cyclisme…