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Ambiance village-départ sur la Haute Route

La pression vient de monter d’un cran aujourd’hui à la veille du départ de la Haute Route.

Forcément, à voir débarquer les participants, le doute s’installe.

Pas des guignols, les participants de la Haute Route! Un vrai peloton du Tour de France. Du matos de très haut niveau, des hommes (90% du peloton) et des femmes (10% du peloton) affutées comme des dagues, des jambes musclées, rasées, bronzées, qui témoignent d’une préparation plus que sérieuse. Il n’y a pas de touristes ici et le peloton de la Haute Route n’a rien à envier à celui qu’il m’ait été donné de voir sur des courses comme la Classique Montréal-Québec.

Alors forcément, on se laisse un peu impressionner! Et surtout, on se demande si on a sa place à ce niveau.

Avant d’aller au lit (départ demain 7h15, 6h45 sur la ligne), petit reportage photo question de partager l’ambiance d’une superbe journée passée à Genève.

Sur le quai du Mont Blanc aujourd’hui, justement le mont Blanc était visible au loin.

Arrivée au village-départ de la Haute Route, quai du Mont Blanc. On n’est pas tout seul!

Tout de suite évidemment, du matos de pointe.

Preuve du caractère très international de la Haute Route, des valises de vélo partout, même des roses pour les filles!

Ces valises partent de suite vers Nice dans deux camions spécialement affrétés. L’organisation de la Haute Route est impressionnante, aucun détail n’est négligé, pas même les autocollants d’identification des boîtes, fournis par l’organisation qui emploie 152 personnes à temps plein durant la semaine.

Après avoir récupéré nos affaires, petite sortie pour tourner les jambes sur les quais de Genève.

Clin d’oeil aux VéloGessiens: y’a pas qu’eux qui savent faire la photo de l’horloge de fleurs à Genève!!!

Interminable « briefing » des coureurs entre 18 et 20h ce soir où tout le fonctionnement et la logistique de la Haute Route nous a été expliqués, suivi d’une incontournable « pasta-party » écourtée par l’envie de tous d’aller au lit. 600 coureurs, ca fait du monde!

Demain, première étape entre Genève et Mégève. 120 kms et trois cols au programme, soit le col de Romme, le col de la Colombière et le col des Aravis. Je connais bien les deux premiers pour les avoir fait dans la Grand Bo en 2010. Très belle météo annoncée, grand soleil et… 35 au thermomètre. La canicule s’est installé en France pour toute la semaine et cela fait mon affaire!

Sympathique, la Haute Route a fait faire un dossard au nom de La Flamme Rouge.

Comment suivre la Haute Route

Il y a de nombreuses façons de suivre la course et les à-côtés de la Haute Route au cours des prochains jours.

La meilleure façon est évidemment de consulter La Flamme Rouge!

Il y a aussi une communauté « Haute Route » de créée sur Strava. On peut notamment y voir que Peter Pouly, vainqueur de la Haute Route en 2011, a avalé 105 kms autour d’Annecy aujourd’hui vendredi.

Il y a aussi les sites officiels de la course.

Sur www.hauteroute.org, vous pourrez suivre la progression et les résultats de chacun des 600 coureurs via un « tracking system » (le site vient de passer en mode « course »). Apparemment, le temps précis d’ascension de chacun des 19 grands cols franchis sera affiché! Quelle pression pour les coureurs! Vous pourrez ainsi voir presque en direct si je suis bien monté ou si au contraire j’ai eu un coup de moins-bien… (je porte le dossard 215)

Il y a aussi l’application IPhone officielle où seront offerts résultats, photos et vidéos de la course. Des vidéos seront produits chaque jour par une société spécialisée dans le contenu multimédia. De nombreuses photos seront aussi disponibles.

Il a également les sites Haute Route sur Twitter, Facebook et un canal Haute Route sur YouTube, tout ca pour vous permettre de bien suivre la course.

Enfin, environ 60 journalistes sont prévus sur la Haute Route au cours de la semaine. Guillaume Prébois y sera (il fait toute l’épreuve en tant que participant, un sacré client puisque son défi 2012 s’intitule « les toits du monde ». Des cols, il connait!) et publiera quelques reportages dans le journal Le Monde.

Bref, côté média, la Haute Route devrait être bien couverte cette année et vous ne devriez pas avoir de mal à suivre la progression des coureurs.

Demain, village départ à Genève. La tension monte, le stress du départ aussi! Vivement qu’on parte, je deviens obsessionnel à propos de tout!

Les Canadiens sur la Haute Route

On a une meilleure idée de la composition du peloton de 600 coureurs qui participeront la semaine prochaine à la Haute Route, « la plus haute et la plus difficile cyclosportive« .

Surtout, on a une idée des Canadiens en présence. Les chiffres d’abord.

7. Sauf erreur, le nombre de Canadiens engagés, dont 4 Québécois.

7. Le nombre d’étapes.

19. Le nombre de cols mythiques des Alpes à franchir.

20. Le staff de masseurs présents sur l’épreuve.

33. Les nationalités du peloton.

42. Moyenne d’âge.

55. Le nombre de véhicules officiels dans la course.

60. Le nombre de journalistes accrédités sur la course, de 12 pays différents.

600. Le nombre de coureurs.

780. Le nombre de kilomètres à avaler sur l’épreuve la semaine prochaine.

2800. L’altitude, en mètres, de la Cime de la Bonette, « souvenir Henri Desgrange » de cette Haute Route.

21 000. La dénivelé positive (en mètres) cumulée sur l’épreuve, soit 3 fois l’Everest.

Les Canadiens

Présentation d’abord des 4 Québécois:

Yves Lefevbre: 41 ans. Dois-je vraiment vous le présenter? Récent 2e des Championnats canadiens sur route Maîtres A à Lac Mégantic. Notamment.

Pascale Legrand: 34 ans, championne canadienne sur route chez les femmes 30-39 ans en juin dernier à Lac Mégantic, bourreau de mon équipière Chantal Gosselin des Rouleurs, 2e de cette course (mais je n’en veux pas à Pascale). Une « pointure » du peloton des femmes Maîtres. La conjointe de Yves aussi (un sacré couple vélo!).

Martin Reiher: 46 ans. Un coureur des Rouleurs de l’Outaouais, mon équipier et partenaire de chambre sur cette Haute Route. Un vrai inoxydable: si les cols ne sont pas son terrain de prédilection, c’est un monstre d’endurance. Il sera plus fort lors de la 7e étape que lors de la 1ere!

Laurent Martel: 41 ans. Votre humble serviteur. Objectif, survivre d’abord, terminer ensuite, puis accessoirement, les 75 premiers.

Présentation des autres Canadiens:

Carrie Tuck: née en Alberta, 32 ans, elle a été championne canadienne du chrono chez les femmes Maîtres en 2010, c’est aussi une ancienne équipière de Geneviève Jeanson chez Rona (évitez les blagues tristes!) en 2003. Elle a aussi été championne canadienne du chrono aux Jeux du Canada en 2001. Aie.

Dave Jetz: 37 ans, un coureur de l’Alberta. Un bon coureur apparemment, 6e des Championnats canadiens sur route Maîtres A en 2010. Re-aie.

Tim Warren. 50 ans (la Haute Route est son cadeau d’anniversaire pour cette étape de la vie!). Vit en France, roule sur un Pinarello comme moi.

La composition du peloton de cette Haute Route est disponible ici. Je fais partie de l’équipe Team de Lux, une équipe Luxembo-Belgo-Canadienne. Merci à Thierry Franck de m’avoir contacté et de nous accueillir ainsi parmi eux.

Les autres Canadiens sont regroupés dans l’équipe Col Saint-Martin.

Vol ce soir vers Lyon!

L’UCI World Cycling Tour au Québec dès l’an prochain?

On savait un projet dans les cartons, on sait maintenant que le promoteur Serge Arsenault, organisateur des GP de Québec et Montréal, serait sur le point de conclure une entente avec l’UCI pour obtenir un autre événement UCI au Québec.

De toute évidence, c’est de l’UCI World Cycling Tour dont il est question.

En gros, l’UCI World Cycling Tour, c’est une série de 16 cyclosportives ayant reçu un label UCI. Le bonus, c’est que la participation à l’une de ces cyclosportives permet éventuellement de se qualifier pour la grande finale, une cyclosportive version « championnat du monde » des cyclosportifs. Et l’UCI sacre, sur cet événement, le champion du monde cyclosport.

Pourquoi pas! C’est un peu contre l’esprit cyclosportif mais les cyclos ont aussi beaucoup changé depuis une vingtaine d’années. Au départ, le but était de proposer un grand défi sportif ou la lutte contre soi-même et la convivialité étaient au coeur de l’événement. Aujourd’hui, les cyclosportives sont souvent de véritables compétitions ou si l’esprit demeure décontracté, la recherche du résultat prime trop souvent (et je m’y prends moi-même au jeu).

Anyway, on compte actuellement 16 cyclosportives au calendrier UCI World Cycling Tour, incluant la grande finale en Afrique du Sud. Une seule est située au Canada, le Gran Fondo Axel Merckx en Colombie-Britannique. Les États-Unis ont aussi une épreuve au calendrier, celle de Lenox au Massachusetts.

Il est évident qu’une telle épreuve au Québec serait intéressante. Le niveau y serait assurément assez relevé. Espérons que Serge Arsenault réussisse à convaincre l’UCI que le Québec a tout pour organiser une telle cyclosportive qui pourrait rapidement devenir un rendez-vous, surtout si le parcours (Charlevoix?) est à la hauteur. Le Québec comporte déjà plusieurs belles cyclosportives, notamment le Défi Vélo Mag, la cyclo de Charlevoix, le Gran Fondo Gatineau et j’en passe.

Ceci étant,  je trouve que cette série UCI présente un petit quelque chose qui cloche, la même chose qui clochait avec la Coupe du Monde chez les pros à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Aucune épreuve de la série de cyclosportives n’est actuellement très prisée par les cyclosportifs qui rêvent plutôt à la Marmotte, au Marathon des Dolomites, à l’Étape du Tour, à la Haute Route, à Paris-Roubaix cyclo ou encore à la Otztaler-Radmarathon. Ca serait bien d’inclure de tels monuments du calendrier cyclosportif à cette compétition. Plus encore, ce serait bien de désigner le champion du monde cyclosportif grâce à un système de points, plutôt que lors d’une cyclo d’un jour en Afrique du Sud (après tout, les cyclosportifs assument eux-mêmes leurs frais et tout le monde n’a pas les moyens de parcourir le monde pour participer à une telle série…). Ces points pourraient varier en fonction de la difficulté et du prestige de chaque cyclosportive inscrite au calendrier. Ainsi, un vainqueur de la Marmotte mais qui ne prendrait part à aucune autre cyclosportive dans l’année aurait la chance de bien figurer à un tel classement. Évidemment, cela voudrait dire que des conditions d’inscription seraient communes à toutes les épreuves pour permettre un classement à l’UCI World Cycling Tour.

Le Défi Gatineau-Tremblant

C'est une nouvelle initiative, c'est pour une bonne cause et il convient donc d'en parler: le Défi Gatineau-Tremblant.

La cause: aider l'équipe des casinos du Québec à amasser l'argent requis pour une participation au Grand Défi Pierre Lavoie. M. Pierre Lavoie fait partie de ces quelques personnes que j'admire vraiment et qui sont d'authentiques héros, s'employant à faire le bien autour d'eux voire à sauver des vies. M. Lavoie est également un grand triathlète, rappelons-le. 

Les 2 et 3 juin prochain, une équipe de cyclistes qui travaillent dans les casinos du Québec organise donc une cyclosportive sur deux jours, de Gatineau au Mont Tremblant et retour. Au programme donc, trois options, dépendamment de votre niveau ou de votre désir de vous faire mal:

1 – Gatineau – Mont Tremblant – Gatineau : 320 kms

2 – Thurso – Mont Tremblant – Thurso : 220 kms

3 – Chénéville – Mont Tremblant – Chénéville : 140 kms

Les parcours s'annoncent donc très beaux, serpentant dans les collines de l'Outaouais puis des Laurentides. Un authentique défi, surtout l'épreuve de 320 kms! (160 kms les deux jours).

L'idéal, en tout cas, pour préparer le défi suivant, le Rideau Lake Cycling Tour le week-end suivant (9 et 10 juin)

Ces sorties seront encadrées, notamment par la présence de la Sureté du Québec qui visera à assurer la sécurité des cyclistes sur les routes. 

Deux types d'hébergement sont offerts pour la nuit séparant ces deux journées de vélo: un hébergement "simple", en auberge de jeunesse, ou un hébergement en condo au HomeWood Suites de Mont Tremblant

L'inscription inclut l'hébergement, selon la formule 1 ou 2 : 200 ou 225$ avant le 15 février, 225 et 250$ après. 

Pour s'inscrire, il faut communiquer à cette adresse courriel ou à celle-ci

Je pars demain…

Je pars demain. Ou plus précisément en août prochain, mais pour moi c'est déjà demain.

Je pars sur la Haute Route 2012

780 kilomètres en sept étapes entre Genève et Nice. 19 grands cols des Alpes. 21 000 mètres de dénivelé positif. Cinq arrivées en altitude. L'Alpe d'Huez chrono le 4e jour. Mon prochain grand objectif.

Surtout, je pars vers l'inconnu. Pour un grand voyage intérieur puisque la Haute Route ne manquera pas de mettre toutes mes ressources physiques et psychologiques à l'épreuve avant et pendant la course.

J'ai longtemps hésité à vous en parler. Je n'ai en effet jamais souhaité que La Flamme Rouge soit le théâtre de mes aventures personnelles. J'estime ne pas avoir une vie plus passionnante que la vôtre. Et surtout, je ne suis pas un champion cycliste. 

Mais j'ai finalement choisi de vous en faire part. D'abord parce que cet objectif occupe déjà toutes mes pensées. Ensuite parce qu'il touche le cyclisme, notre passion à tous. Et enfin parce que l'un d'entre vous l'aurait forcément découvert tôt ou tard!

Certains n'y verront probablement que peu d'intérêt et ils en ont le droit. Certains ne croient que peu à la formule des cyclosportives, estimant avec raison qu'on peut profiter des mêmes parcours à l'année. D'autres seront gênés par l'aspect "business" de certaines cyclosportives.

Mais voilà, j'habite Gatineau. Pas Bourg d'Oisans, Gex, Nice ou encore Pau. Mon terrain de jeu à moi, ce n'est pas les Alpes que j'adore pourtant. Mon terrain de jeu à moi, c'est l'hiver cinq mois par an… et un emploi à temps plein. Alors je me paye cette grande aventure cycliste parce qu'elle me permet de vivre pleinement ma passion du cyclisme. 

Et cette passion du cyclisme se conçoit, chez moi, souvent différemment des autres. Que voulez-vous, je n'ai jamais pu me motiver pour un critérium ou une course cycliste de 70 ou 80 kms. On pourrait même défendre l'argument que sur de telles distances, l'effort exigé n'est pas très différent de celui que requiert certaines épreuves d'autres sports exigeants comme le ski de fond, la course à pied, le patinage de vitesse voire la natation. Comprenez-moi bien: j'ai un immense respect pour le vainqueur des Mardis cyclistes de Lachine ainsi que pour beaucoup de coureurs cyclistes du Québec qui sont nettement plus forts que moi. Seulement, ces courses, relativement courtes, ne sont pas mon truc.

Mon truc à moi, c'est la cinquième, la sixième voire la septième heure d'une épreuve cycliste. Mon truc à moi, c'est les parcours qui, outre de confronter la condition humaine aux forces de la nature, ont forgé toute la légende du cyclisme. J'aime les grandes distances sur des parcours très montagneux car outre la beauté des paysages, la force physique y devient souvent secondaire après un certain temps, laissant place à la force du caractère et à la volonté de ne rien lâcher. Car à défaut d'avoir les cuisses ou le moteur de Merckx ou d'Hinault, je peux, sur de tels parcours qu'ils ont aussi affronté, me mesurer à eux dans ma volonté d'aller au bout de moi-même. Comment interpréter autrement l'étape de Mourenx chez Merckx sur le Tour 1969 ou la victoire d'Hinault sur Liège-Bastogne-Liège en 1981? Plus récemment, j'ai vu, dans le visage défait de David Veilleux à l'arrivée de Paris-Roubaix 2011, pourquoi j'aime tant le cyclisme et pourquoi ce garçon est un champion en devenir.

Aller au bout de moi-même, voilà bien le but de cette Haute Route 2012. Les longs kilomètres d'entrainement qui m'attendent seront habités de cette seule volonté, offrir le meilleur de moi-même sur ces 780 kilomètres entre Genève et Nice. Pour tisser des liens avec les grands champions cyclistes. Pour mieux comprendre de quoi je suit fait. Et ce faisant, pour produire un sens à ma vie.

Au-delà du sens vécu, l'homme produit du sens dès qu'il pèse les choses. En appréciant une action, une personne ou une idée, je lui confère un sens. Produire du sens est non seulement un droit mais un devoir. Le sens ne se trouve pas, donc nul besoin de le chercher. Pourtant, il ne vient pas tout seul, personne ne peut attendre qu'il survienne. Il est donné, produit par nous. Mais le "sensé" ne saurait être assimilé à "l'utile". Mon activité est inutile. Même si elle peut être sensée. Cela dépendra de mon état d'esprit et de mon aptitude à m'identifier avec l'action ou la cause, et surtout à me fondre dans cette action.

Reinhold Messner, Maître des cimes, 1994.

De l’esprit cyclosport

Un petit débat autour de ce qui distingue une cyclosportive d'une course cycliste a émergé ces jours derniers sur La Flamme Rouge, plusieurs lecteurs ayant laissé un commentaire à ce sujet.

Je prends la balle au bond et tente d'apporter quelques éclairages sur ce débat.

La première chose à dire, c'est que le débat n'est pas nouveau ! Cela doit bien faire une bonne dizaine d'années qu'à l'occasion, des revues cyclistes nous proposent des dossiers sur le cyclosport, dossiers qui abordent généralement cette question. Donc je n'essaierai pas de trancher le débat aujourd'hui !

Rappelons nous d'abord ce qui distingue le cyclosport de la course cycliste.

Dans une course cycliste, l'unique but est de franchir le premier la ligne d'arrivée. Le chronométrage individuel n'y est pas pertinent: on s'en fout de savoir qu'un coureur voire le peloton a parcouru les 100kms en 3 ou 4h ; l'important, c'est celui qui a franchi la ligne le premier. La stratégie, la tactique voire le travail d'équipe sont donc partie prenante de la course cycliste.

Dans une course cycliste, le coureur lâché n'a plus d'intérêt ; souvent, c'est l'abandon, la tête étant déjà à préparer la prochaine course. 

En cyclosport, le chronométrage individuel est au contraire au centre de l'intérêt même de l'événement : la très vaste majorité des individus y viennent non pas pour gagner, mais bien avec un objectif personnel habituellement exprimé en temps. 

C'est ainsi que le coureur lâché de la tête de course poursuivra, sur une cyclo, son épreuve en allant au bout de lui-même, l'atteinte de l'objectif personnel étant à ce prix.  

Le but d'une cyclosportive n'est donc pas de franchir la ligne d'arrivée en premier mais bien d'y accomplir un exploit personnel dans un contexte favorable à l'atteinte de cet objectif. La stratégie, la tactique voire le travail d'équipe n'existe plus: la gestion de l'effort, l'entraide entre participants peu importe la couleur du maillot sont plutôt les maitres mots. 

Cette différence fondamentale engendre une ambiance totalement différente sur les deux types d'épreuve: ambiance plus lourde de "compétition", de "confrontation" sur les courses cyclistes, ambiance "bon enfant" sur les cyclosportives, la plupart des participants ne percevant pas les autres concurrents comme des adversaires à battre, mais plutôt comme des compagnons de souffrance embarqués dans la même aventure qu'eux. 

Dans cyclosport, il y a donc plaisir, convivialité plus que sur les courses cyclistes. Sur les courses cyclistes, il n'y a jamais de cadeaux.

Alors, les coureurs ont-ils leur place sur les cyclosportives ?

Selon moi, oui, tout à fait, à la condition de respecter l'esprit des cyclosportives.

La présence de coureurs sur les cyclosportives est positive lorsque cette présence relève le niveau et donne un certain prestige à l'épreuve. C'est aussi très positif pour tous les concurrents qui peuvent alors comparer leur temps à celui d'un réel coureur de premier plan, offrant là une occasion de bien situer son niveau.

Elle devient négative lorsque les coureurs reprennent, lors des cyclosportives, leurs réflexes utilisés lors de courses sanctionnées.

Lorsque les coureurs contribuent, par leur présence, leur collaboration et leurs relais avec d'autres cyclosportifs, à viser un temps canon, c'est parfait. Lorsque ces coureurs attaquent – parfois très tôt – comme sur une course, font tout exploser voire s'isolent en tête, je ne suis plus certain de leur apport. 

D'ailleurs, je suis de ceux qui pensent qu'il ne devrait jamais y avoir de podium sur les cyclosportives.  

Bref, la marge est mince entre courses cyclistes et cyclosport. 

Si vous êtes de ceux pour qui le dépassement de soi signifie être le premier, alors je pense que la scène des cyclosportives n'est pas pour vous. Tournez-vous vers la course cycliste.

Si vous étés plutôt de ceux pour qui le dépassement de soi signifie l'atteinte d'un objectif personnel peu importe la performance des autres autour de vous, alors les cyclosportives sont le bon choix. Et des coureurs qui pourront permettre, par leur présence, leur collaboration à la progression d'un groupe et de par leur niveau, à vous sublimer pour que vous puissiez atteindre voire dépasser votre objectif, seront toujours les bienvenus. Si ces mêmes coureurs ne font qu'essayer de déposer tout le monde comme sur une course, alors je dis qu'ils ne sont pas à leur place.

Samedi dernier, le Défi Vélo Mag s'inscrivait réellement dans l'esprit cyclosportif. Les meilleurs du peloton – certains coureurs accomplis – ont contribué à la progression rapide du groupe de façon à établir un temps canon. Les accélérations – au sens d'attaques – furent rares, ce fut plutôt une sélection par l'arrière invitant chacun à se surpasser. 

L'ambiance, au départ comme à l'arrivée, était également résolument "cyclo". Cela faisait notamment plaisir d'entendre des participants affirmer qu'ils avaient établi un "meilleur temps personnel" sur l'épreuve. La présence des coureurs a pu y contribuer en faisant progresser rapidement le peloton.

Il n'y a pas eu de podium non plus. Ce n'est pas le moindre des mérites des organisateurs du Défi Vélo Mag…

Défi Vélo Mag: le compte-rendu

Journée parfaite (ou presque) mais difficile hier sur le Défi Vélo Mag !

On m'avait dit que l'épreuve était exigeante et que ce serait dur: je n'ai pas été déçu, merci du voyage ! Beaucoup de changements de rythme !

Pas un mètre de plat: ils ont raison. Le Parc de la Gatineau est battu côté difficulté. D'ailleurs, les cinq boucles du GP OBC dans le Parc de la Gatineau se disputent habituellement à la moyenne horaire d'environ 39 km/h. Hier, le vainqueur a roulé à 36,5 de moyenne.

La course (je devrais dire la cyclo)

Arrivé tôt sur la ligne de départ (9h25), je suis bien placé: environ 50e. Ca part vite, le rythme est soutenu. Je me maintiens dans les 30 premiers pour éviter les chutes. Zahra est là, à mes côtés, tout comme Lex Albrecht facilement reconnaissable à son maillot Juvéderm.

Premier test dans la bosse à l'approche du Belvédère, les pulsations cardiaques montent très haut mais le premier groupe reste compact et très gros.

Grosse descente vers Wapizagonke et le premier écrémage a lieu dans la longue ascension qu'il s'en suit. Quelques types, dont mon équipier Richard Jodoin, une bête, 25e cette année de L'Étape du Tour Issoire-St-Flour sous une météo apocalyptique, font le forcir devant. Derrière, ça pète immédiatement, il y a des coureurs partout. Je monte vite, sans m'affoler, mais sans me mettre dans le rouge, ne sachant pas la longueur de cette bosse. Au sommet, je bascule avec plusieurs coureurs à environ 15 secondes derrière le premier groupe d'une 40aine de coureurs. Nous revenons rapidement. Ouf ! Peu de coureurs réussiront à revenir si bien que le premier peloton s'est vraiment constitué à cet endroit.

La progression vers le U-turn demeure soutenue et usante. À chaque bosse ou presque, des coureurs décrochent. On atteint le U-turn en 1h26min. Quelques longues bosses juste après commencent à me rentrer dans le corps mais j'essaie de me refaire et surtout, de bien m'alimenter. Le bilan est, jusqu'ici, plutôt bon. Tiens, une fille juste à côté de moi, dossard 43, impressionnante, bien posée sur son vélo. J'apprendrai après qu'il s'agissait  d'Isabelle Gagnon, une triathlète de premier plan. Zahra est aussi toujours là !

Quelques kilomètres avant d'atteindre Wapizagonke et le moment de vérité, ce que je redoutais le plus survient: un début de crampes aux cuisses. Un classique quand ça fait un moment qu'on a pas usé d'autant de puissance à répétition sur une aussi longue période. Va falloir gérer.

Dans la longue ascension après Wapizagonke, je n'essaie même pas de m'accrocher aux meilleurs et monte à mon rythme, le plus rapidement possible, les crampes étant juste, juste sur le bord de m'obliger à descendre de machine. Je me retrouve, au sommet, dans un groupe de 13 qui sera celui avec lequel je terminerai l'épreuve. Zahra est avec moi ainsi que mon autre équipier, Gilbert Marois. Je termine comme je peux, les crampes étant désormais avec moi sur chaque ascension. J'ai pu prendre mes relais dans le groupe, mais sans jamais pouvoir vraiment "peser dessus". J'avais pourtant encore pas mal de jus !

Résultat ? Je termine au sein du 3e groupe à franchir la ligne, en 2h57min44sec. Le premier groupe a terminé 5 minutes avant, en 2h52min36sec, le meilleur temps des cinq éditions à ce jour. Un deuxième groupe, assez gros, termine intercalé en 2h55min et des poussières. 

Des regrets ? Pas vraiment. Je suis à ma place considérant ma préparation au cours du dernier mois. Grippé il y a à peine 10 jours, avec peu de grandes sorties depuis deux mois, je ne pouvais espérer plus. Dans ma condition de juillet dernier, je pense que j'aurais pu accompagner le tout premier groupe. Mais ça, c'est des hypothèses ! Seule certitude: j'étais clairement un ton en dessous de ma condition de juillet dernier.

Autre certitude, ça roule de plus en plus vite au Défi Vélo Mag. Pour preuve, en 2007, lors de la première édition, seuls deux coureurs avaient terminé en moins de 3h. En 2008, ils étaient 20. En 2009, 22 coureurs. L'an dernier, sous des conditions météo vraiment difficiles, 35 coureurs tournaient en moins de 3h. Et cette année, sous une météo parfaite, pas moins de 55 coureurs ont réussi à passer sous cette barre des 3h

Les stats

Elles sont ici, sur le graphique Polar de mon épreuve. Vous y avez le profil de l'épreuve, ma fréquence cardiaque et ma vitesse. On peut notamment y constater qu'il n'y a vraiment pas un mètre de plat ! On peut télécharger l'image pleine grandeur ici.

L'organisation

Il convient ici de donner un grand coup de chapeau aux organisateurs de ce Défi Vélo Mag qui, sur le plan logistique, n'a rien à envier aux meilleures cyclosportives européennes comme L'Étape du Tour, la Marmotte ou encore L'Ardéchoise. Bénévoles en nombre, organisation sans faille, salons des exposants, tente-repas, qualité de la nourriture et de la prestation d'ensemble, le tout avec le sourire, vraiment, bravo à toute l'équipe ! 

J'invite d'ailleurs tous les cyclosportifs, même ceux d'Europe, à venir se frotter à cette cyclo au Québec, dans les coloris automnaux. Ca vaut le détour !

La seule différence avec les grandes cyclos européennes est peut-être le public sur le bord des routes mais, dans le Parc de la Mauricie, la situation géographique ne se prête pas à ça, surtout que la route est fermée aux voitures.

Les cartons rouges

Il y en a peu mais il y en a.

Le premier va à Parc Canada qui, le matin de l'épreuve, stoppait chaque automobile à la guérite d'entrée afin de vérifier, par les noms, ceux qui accédaient au parc pour le Défi Vélo Mag de ceux qui y venaient en simples touristes (auquel cas il fallait s'acquitter de droits d'entrée). Une file interminable de voiture s'est donc constituée 2h avant l'épreuve, faisant rager les cyclistes qui veulent, à ce moment, se préparer sereinement. 

Il faut, pour les années prochaines, trouver une solution à ce problème. Pourquoi ne pas mettre, par exemple, dans l'enveloppe contenant le dossard, un petit papier jaune ou rouge à remettre rapidement, en quelques secondes, aux gens de Parc Canada à l'entrée, prouvant l'inscription au Défi Vélo Mag ? Vérifier chaque nom dans une liste de 2000 participants prenait, en moyenne, entre 30 et 45 secondes par voiture: voyez le bordel !

Alors Richard, on ne salue plus ses équipiers qui portent le même maillot que toi et qui prennent le temps de venir te dire bonjour durant la course ?

Enfin, carton rouge aux cyclistes du premier groupe, le plus rapide, qui abordent les descentes rapides mains sur les cocottes, sur un vélo équipé de 3 pouces de "spacers" entre le haut du tube de direction et la potence. Certains étaient tout simplement des dangers publics, on pouvait voir leurs vélos "trembler" de derrière. Aucune stabilité ! Les boys, dans les descentes en peloton, c'est mains en bas du guidon et doigts sur les poignées de frein, au cas où.

La Haute Route 2011: le bilan

À tous ceux qui, comme moi, la Haute Route fait envie, ne manquez pas ces quelques vidéos très bien faits de l'expérience des concurrents en 2011. Question de patienter jusqu'en 2012…

Interview ici avec le vainqueur, Michel Roux.

Compte-rendu d'un participant ici, merci à un lecteur pour le tuyau.

Un Rouleur aux champignons…

À l'initiative d'un de mes équipiers (on s'en souviendra, Marc…), je suis allé participer au "Mufferaw Joe Sportif Event", un événement sportif (officiellement pas une course, si vous voyez ce que je veux dire…) organisé par une équipe cycliste de l'Outaouais, les West Quebec Wheelers. Que voulez-vous, entre collègues du même coin, il faut savoir être solidaires.

Et bien, on n'a pas été déçu du voyage.

Ca s'annonçait pourtant comme une bonne sortie d'entrainement: 130 bornes, rythme contrôlé sauf dans le final. Météo annoncée: beau, 19 degrés.

Sauf que.

Sauf qu'en arrivant là-bas, à Quyon, première surprise: il y aura des portions de chemins de terre. J'étais chaussé de mes Shamal Ultra, les mêmes que pour la Marmotte l'an dernier: des pneus ZIPP Tangente, 21mm de section.

Deuxième surprise: un vent violent. V-i-o-l-e-n-t. Et on est parti vent de dos… 

Troisième surprise: personne pour contrôler le peloton, du moins dans mon premier groupe sur la route.

Vous voyez d'ici le topo.

Mais il y a plus.

Quatrième surprise, les chemins de terre dont il était question n'étaient pas des chemins. C'était des sentiers. Littéralement des sentiers en forêt, le genre d'endroit où aucune voiture ne pouvait passer, trop étroit, trop défoncé. La cueillette des champignons qu'on a fait…

Le pire, c'était les trappes de sable. Plein effort, 35-40 bornes à l'heure (c'est très rapide sur ce genre de sentes) et soudainement, votre roue avant qui enfonce de deux centimètres dans une terre sablonneuse, molle et terriblement traître. Et en 21mm, c'était carrément infernal. Il y a eu des chutes, certaines assez graves. Je suis passé, et mes équipiers aussi, non sans quelques belles frayeurs. Et au prix d'efforts musculaires très taxants. Z'avez déjà vu Marco Pantani sur Paris-Roubaix? Moi non plus. C'était pourtant ce que j'avais l'air hier!

La course a été lançée au km 25. Un premier gros coup de bordure: un virage à droite à la sortie d'un mauvais secteur de gravelle sur lequel mon groupe prend 300m de retard, on passe du vent de dos au vent de droite, ca bordure. Me voilà quitte pour une première chasse avec mon équipier Luc, mon assistant pour le pool de cyclisme. On rentre rapidement, ouf.

Au km40, nouvelle sélection dans une longue portion de gravelle, mauvaise, en faux plat ascendant qui se termine par une belle bosse de 6% environ sur 1km. Je me dépouille pour rester au contact, n'ayant aucune envie de me retaper une deuxième chasse. Après, vent violent de la gauche, nouvelle bordure. Avec deux de mes équipiers, on fait le ménage puisque je me sens mieux et que j'ai bien l'intention de faire payer cash les mecs qui ont amené plein pot sur la gravelle: de 20, notre groupe passe à 8. Simple question de savoir gérer une bordure !

Mais le hic, c'est qu'il restait alors 70 bornes, avec un violent vent de face. 

L'équipe des Rouleurs s'est alors regroupée, et on a fini ça à sept Rouleurs malgré une crevaison et une ou deux défaillances légères probablement dues au peu d'entrainement (c'est tôt en saison et le mois d'avril a été catastrophique côté météo au Québec). Merci à Marc pour ses grands relais dans le vent. L'animal était de loin le plus costaud d'entre nous, surtout qu'il avait fait… 170 bornes la veille, à 35 de moyenne!

On a tous terminé avec un éclat dans la tronche, en tout cas plus très frais. Bilan, une grosse sortie à la flahute. 130 bornes qui en ont eu l'air de 180. 4h25 de selle. Moyenne 31 km/h, ce qui est tout de même honnête considérant qu'on roulait entre 15 et 20 km/h sur certains sentiers en forêt, alors qu'on est allé aux champignons, et considérant le vent violent qui soufflait. 

Et pour ma pomme, un gros week-end d'entraînement avec 90 bornes parcourus samedi, ponctués de quelques bons efforts, la faute à Érik Lyman et Mathieu Lafontaine. Total 220 bornes dans le week-end. Olivier Buisson va rigoler, mais avec mes petits 900 kms au compteur à ce jour, c'est tout ce que je peux faire… pour le moment.

En terminant, je salue au passage un fidèle lecteur de La Flamme Rouge qui m'a reconnu hier et avec qui j'ai pu faire un brin de causette, fort agréable d'ailleurs (un bon moment dans cette journée de galère!). 

Il faut souffrir pour être beau, qu'ils disent…

Merci à Marc pour cet excellent vidéo-résumé de la sortie. 

Mufferaw Joe

Well they say Big Joe used to get real wet,

From pushing a big gear and workin’ up a sweat,

And everyone will tell you, all the way up the line,

If you’re ridin’ with the Wheelers, life’s mighty fine!

Moonrider 2011: le défi de Guillaume Prébois

Guillaume Prébois vient d’annoncer ce que sera son prochain défi, en 2011: Moonrider

C’est simple: Guillaume s’est lancé le défi de cumuler 385,000m de dénivelée dans l’année, soit l’équivalent de la distance séparant la Terre de la Lune. Au menu donc, beaucoup, beaucoup de cols en France, en Italie, en Suisse ou encore en Espagne mais peut-être aussi aux États-Unis, plus précisément au Colorado. 

Évidemment, Guillaume nous entretiendra tous les jours de ses aventures, pour notre bonheur de cyclistes comme lui. Ce sera l’occasion unique de découvrir ou de redécouvrir de nombreux cols européens, dont certains sont au coeur de la légende du sport cycliste.

Plus encore, Guillaume nous invite à se joindre à lui pour un, dix ou encore cent kilomètres, et ainsi partager un bout de son défi. Avis à tous les cyclistes, vous pouvez vous aussi contribuer au défi de Guillaume en lui ouvrant la route pendant quelques heures…

Ca commence le 1er janvier prochain. Bonne chance Guillaume… et qui sait, peut-être pourrais-je partager quelques kilomètres avec toi en 2011…

40,000 kms en 2010: il l’a fait !

Un grand bravo à Olivier Buisson qui a réalisé cette année son pari, celui de parcourir 40,000 kms à vélo en 2010. Cela représente plus de 110 kms tous les jours ! Olivier a déjà dépassé cette marque et pédale toujours. Au rythme où c’est parti, il affichera 41,000 kms au compteur le 31 janvier prochain.

Certaines images récentes sont impressionnantes, Olivier n’hésitant pas à rouler sous la neige par -5 degrés. Pour nous Québécois, voilà qui est inspirant… même si je préfère, dans ces conditions, le ski de fond, question aussi de changer un peu de sport. 

Quoi qu’il en soit, Olivier, j’espère que tu déboucheras le champagne le 31 au soir, question d’arroser cela comme il se doit. Tu le mérites en ce sens que tu es pour nous une inspiration.

Et ne t’en fais pas avec les connards qui laissent des commentaires déplacés sur ton site, tous les blogs sont logés à la même enseigne dans ce domaine…

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