Tous les jours, la passion du cyclisme

 

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Conférence de Guy Thibault à Gatineau

Mercredi 1er février prochain à 19h au Centre Sportif de Gatineau, Guy Thibault, spécialiste de l'entrainement par intervalles, donnera une conférence intitulée "Comment tirer profil des formes classiques et avancées d'entrainement par intervalles dans l'encadrement sportif". 

Titulaire d'un doctorat en physiologie de l'exercice, M. Thibault est bien connu du milieu cycliste québécois voire français puisqu'il collabore depuis longtemps comme chroniqueur à des revues cyclistes comme Le Cycle. 

Depuis fort longtemps, il fait la promotion de l'entrainement par intervalles (EPI), une forme d'entrainement qui, selon lui, maximise les résultats en fonction du temps investi. C'est également un entrainement ludique et, au final, moins taxant que de longs entrainements en endurance de base ou le temps requis pour une pleine surcompensation est souvent plus long.

Lors de sa conférence, M. Thibault distinguera notamment l'EPI "classique" de l'EPI "avancé" et donnera quelques notions permettant d'utiliser l'EPI en vue d'effectuer de la musculation. Il sera également question de la coordination des séances d'EPI au fil des semaines, un aspect qui m'intéresse personnellement beaucoup puisqu'il faut savoir éviter le sur-entrainement, trop fréquent selon moi chez de nombreux athlètes.

Il resterait des places de disponibles pour la conférence de M. Thibault. Ceux qui souhaitent y assister peuvent envoyer un courriel à cette adresse pour valider leur présence. La conférence est gratuite. 

Couverture télé du cyclisme au Québec: RDS et RDS2 annoncent davantage d’épreuves

La nouvelle du jour, c'est évidemment l'annonce par le Réseau des Sports (RDS) et sa chaine satellite, RDS2, de la couverture télé, en 2012, de nombreuses épreuves de cyclisme professionnel en plus du Tour de France. Ces deux chaines sont cependant accessibles au Québec moyennant un forfait payant sur la plupart des cablo-distributeurs.

Rappelons qu'on sait depuis quelques mois qu'en 2012, le Tour de France sera retransmis au Québec via RDS. Diffuseur depuis de nombreuses années, Canal Évasion perd donc le Tour mais garde la retransmission des GP WorldTour de Québec et Montréal. Serge Arsenault, organisateur des deux courses cyclistes, est aussi propriétaire de Canal Évasion.

Outre le Tour de France, RDS annonce la couverture des épreuves suivantes: Paris-Nice, Tirreno-Adriatico, Milan SanRemo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Giro, le Dauphiné Libéré, la Vuelta et le Tour de Lombardie. 

Ca fait donc un potentiel d'environ 85 jours de cyclisme à rediffuser. Voilà une excellente nouvelle pour tous les amateurs de cyclisme au Québec ! Et une excellente nouvelle également pour Dominique Rollin et David Veilleux qui pourront ainsi mieux se faire connaître du grand public québécois.

Reste maintenant à savoir quel forme prendra ces rediffusions. Course intégrale (j'en doute)? Résumé de quelques minutes (espérons que non!)? Les deux dernières heures de course (formule acceptable)? 

On sait cependant que Louis Bertrand, ces dernières années sur Canal Évasion, a fait le saut sur RDS. On annonce qu'il sera secondé par Dominique Perras qui a déjà fait quelques apparitions télé sur des épreuves disputées au Québec. Ancien très bon coureur au Québec, champion canadien en 2003 à Hamilton, Perras pourra apporter sa connaissance de la course "vu de l'intérieur". Espérons surtout qu'il saura mettre en évidence les stratégies d'équipe et les raisons sous-jacentes aux actions de course, rien n'étant dû au hasard chez les pros. Il faut parfois aller jusqu'à chercher dans les courses antérieures les explications d'une chasse ou d'une attaque contre tel ou tel adversaire et c'est ce qui rend en partie le cyclisme si passionnant !

Les cyclosportives en plein essor au Canada

C'est pour moi une excellente nouvelle: les cyclosportives sont en plein essor au Canada et la saison 2012 devrait être faste à cet égard.

Rappelons que les cyclosportives, ces épreuves de masse, chronométrées et habituellement sur des parcours présentant de réels défis, ont vu le jour en Europe il y a maintenant une trentaine d'années. La mythique épreuve La Marmotte a été créée en 1982 et ce fut l'une des premières en son genre. 

Depuis, les cyclosportives se sont beaucoup développées et surtout, se sont multipliées. On en retrouve désormais beaucoup, à l'année et dans tous les coins du monde, de la Cape Argus en Afrique du Sud en mars jusqu'au Défi Vélo Mag au Québec fin septembre en passant par le GranFondo New York aux États-Unis en mai et l'inévitable Étape du Tour en France en juillet. De nouvelles formules se sont également ajoutées ces dernières années, la dernière en date étant à ma connaissance celle de la Haute Route, une cyclosportive de sept étapes entre Genève et Nice, annoncée à juste titre comme "la plus haute et la plus difficile cyclosportive".

Et le Canada n'est pas en reste.

À l'Ouest, une nouvelle série est née, les "GranFondo Canada". On compte pour le moment deux grandes épreuves de ce label, soit le RBC GranFondo Kelowna et le RBC GranFondo Whistler. D'autres épreuves seraient en gestation du côté de l'Alberta pour 2012.

Il faut évidemment ajouter à ces épreuves de l'Ouest du Canada le GranFondo Axel Merckx qui se déroule dans la magnifique vallée de l'Okanagan, site de production des meilleurs vins de l'Ouest du Canada. Rappelons qu'Axel Merckx est marié à une Canadienne de la Colombie-Britannique et qu'il y passe donc beaucoup de temps. 

En Ontario, il y a le GranFondo Niagara qui jouit d'une certaine notoriété. 

Enfin, l'Est du Canada, particulièrement le Québec, n'est pas en reste avec plusieurs cyclosportives de qualité. On pense, par exemple, au magnifique Défi Vélo Mag dans le Parc de la Mauricie, une cyclosportive à découvrir autant pour la difficulté du parcours que pour les couleurs de l'automne au Québec. 

On compte également la Cyclo de Charlevoix en marge du Grand Prix fin mai, la Cyclo du Tour de Beauce, la Cyclo Louis Garneau en marge de la Classique Montréal-Québec, la Cyclo du Parc de la Gatineau en marge du GP Chrono de Gatineau, la Sherboucle sans oublier L'Échappée Belle, une formule originale puisque la seule cyclo à ma connaissance à être réservée uniquement aux… femmes !

Dans les provinces de l'Atlantique, le Cabot Trail Bike Tour est un incontournable, bien qu'organisé dans un esprit un peu plus "cyclotourisme".

D'autres projets sont en gestation, le plus important étant celui autour de la création d'épreuves cyclosportives entourant les GP World Tour de Montréal et Québec en septembre. La Fédération Québécoise des Sports Cyclistes affirmait également récemment vouloir développer davantage ce créneau et y nommait un nouveau directeur technique. Il est évident que le cyclosport peut générer de bons revenus pour une fédération et pourquoi ne pas exploiter cette option permettant de promouvoir la pratique du cyclisme, mais dans un autre contexte que la stricte compétition qui ne convient de toute façon pas à tous ?

Évidemment, certains pourront dire, à juste titre, que "l'esprit cyclosport" s'est quelque peu dilué au fil du développement de ce type d'épreuve. Il est vrai qu'on est désormais très loin de l'esprit des cyclosportives des années 1980 ou 1990 où une majorité de participants prenaient le départ avec la sacoche au guidon, le K-Way dans la poche et un peu d'argent aussi, question de s'acheter une bière fraiche le long du parcours, le chrono étant secondaire. Les cyclosportives sont devenues, au fil du temps, de véritables compétitions où ça roule très vite puisque chaque participant a des ambitions au niveau de son "meilleur temps personnel". C'est un corollaire inévitable de la démocratisation des techniques d'entrainement, du matériel de pointe, des clubs et… des systèmes de chronométrage! 

Je demeure toutefois convaincu que le cyclosport peut contribuer très largement à l'essor du cyclisme voire peut représenter une forme de salut pour les fédérations en mal de coureurs licenciés. Et je demeure convaincu que l'esprit cyclosport demeure dans une certaine mesure, la majorité des participants luttant d'abord et avant tout contre eux-mêmes plutôt que contre les autres. Le développement de ce créneau au Québec est en ce sens une excellente nouvelle pour tous. Je suggère toutefois aux organisateurs de cyclosportives au Canada de ne pas hésiter de proposer de réels défis sportifs aux participants, par exemple en allongeant les distances. 110, 120 voire 130 kms apparaissant un minimum, l'idéal tournant selon moi sur des distances dépassant les 150 bornes.

SpiderTech 2012: une année de transition?

Le 2 décembre dernier était présentée à Toronto la version 2012 de l'équipe canadienne SpiderTech qui évolue, rappelons-le, sur le circuit UCI Continental pro

L'effectif 2012 comporte 16 coureurs, soit 13 qui étaient déjà présents en 2011 ainsi que trois nouvelles additions.

Six coureurs quittent donc l'équipe, soit Mark Batty, Zach Bell, Bruno Langlois (annoncé chez Louis Garneau en 2012), Andrew Randell (retraite), Svein Tuft (transfert chez GreenEdge) et Charly Vives (transfert chez Louis Garneau). Le départ de Tuft est évidemment ce qui porte le coup le plus dur à l'équipe SpiderTech cette année.

Treize coureurs restent: Ryan Anderson, David Boily, Guillaume Boivin, Flavio De Luna, Lucas Euser, Martin Gilbert, Hugo Houle, Kevin Lacombe, Simon Lambert-Lemay, Pat McCarty, François Parisien, Ryan Roth et Will Routley. Sept coureurs québécois sur les 16 coureurs de l'équipe, SpiderTech conserve donc un fort noyau de coureurs de La Belle Province.

Les trois coureurs qui s'ajoutent sont les Américains Bjorn Selander et Caleb Fairly ainsi que le Suisse Raymond Kunzli.

Le World Tour en 2013 ?

Que penser de l'équipe SpiderTech en 2012 et du récent recrutement ? 

Première chose, on peut penser que Steve Bauer, manager général, ne l'a pas eu très facile durant l'intersaison. Pour progresser vers le World Tour, ambition avouée de l'ex-maillot jaune canadien, l'argent est le nerf de la guerre. En l'absence, à ma connaissance, d'une annonce à ce sujet, le budget dont disposait Steve Bauer est probablement resté à peu près le même qu'en 2011. Bauer a donc dû composer avec les moyens qui étaient les siens pour 2012. 

On se rappellera que je m'étais pris à rêver de la venue d'un Mike Barry par exemple… dont on attend toujours qu'il annonce son équipe en 2012.

Deuxièmement, je pense que dans ce contexte, Bauer a su faire les bons choix et présente, en vue de 2012, une équipe qui lui permettra d'obtenir de bons résultats en attendant des jours meilleurs au niveau du budget. 

Avec les Boivin, Houle et Boily, 2e du Tour de l'Avenir en septembre dernier rappelons-le, Bauer sait qu'il dispose de grands talents en devenir au Canada et qu'il peut bâtir sur ces coureurs, pourvu de leur fournir un environnement et les chances de progresser au plus haut niveau. Il ne pouvait se permettre de perdre des coureurs de ce niveau. Simon Lambert-Lemay est peut-être un pari actuellement plus risqué, ce dernier n'ayant pas connu une grande saison 2011.

Avec les Parisien, Gilbert, Roth, Routley, Euser, De Luna et surtout Lacombe, Bauer possède des coureurs qui peuvent surprendre et faire de bonnes places dès le printemps prochain. Ces coureurs sont les piliers qui devront assurer une visibilité à l'équipe durant toute la saison 2012 en se montrant régulièrement bien placés. J'avoue un faible pour Kevin Lacombe, un coureur doté d'un énorme moteur et d'un mental de battant, pour preuve ses épreuves personnelles pour se reconstruire après de graves chutes en course, la dernière l'an dernier lors du critérium des Canadiens

Enfin, les trois nouvelles recrues me semblent des bons choix compte tenu de la marge de manoeuvre dont disposait Bauer. Selander, 24 ans en janvier prochain, est jeune et débarque après deux saisons chez RadioShack, sur le circuit World Tour. Si sa venue est, du point de vue de l'intéressé, probablement perçue comme une régression, il aura surement l'ambition et la motivation de s'illustrer afin de faire rebondir sa carrière. Son expérience du plus haut niveau pourra contribuer à tirer toute l'équipe dans le bon sens.

C'est un peu la même chose avec Caleb Fairly, 25 ans en février prochain, qui arrive après un an passé chez HTC et la saison 2010 chez Garmin. Espérons que ce coureur aura à coeur de bien faire, d'une part pour lui, d'autre part pour l'équipe SpiderTech.

Je connais moins Raymond Kunzli, un coureur suisse de 27 ans. 

Ne pas se louper à Québec et Montréal

Bref, je pense qu'on peut conclure que l'équipe SpiderTech 2012 demeure, de loin, la formation la plus forte sur la scène du cyclisme canadien. Ceci étant, Steve Bauer veut jouer dans d'autres ligues, européennes celles-là, et présente à cet égard un effectif équilibré avec de nombreux jeunes talents prometteurs. Ceci étant, on est encore loin d'une équipe pouvant prétendre au statut World Tour et à une éventuelle participation au Tour de France. Pour cela, Bauer devra internationaliser son équipe en recrutant des coureurs de premier plan en Europe, et donc disposer de budgets plus conséquents. 

C'est son défi en 2012: galvaniser ses troupes, dont certains ont beaucoup de potentiel, pour se faire remarquer le plus possible ici sur la scène canadienne (le Tour de Beauce, les GP de Québec et Montréal, les Canadiens, etc.) et sur la scène européenne afin de convaincre un grand sponsor canadien d'investir dans son équipe en 2013. En ce sens, l'équipe SpiderTech ne peut se permettre, selon moi, de se louper de nouveau sur les GP de Québec et Montréal en 2012. Il faut se montrer les boys !

Correction en date du 6 décembre

Kevin Field, directeur sportif, m'informe que Zach Bell demeure aussi avec l'équipe en 2012, portant le nombre de coureurs de la formation à 17. Merci pour cette précision.

Traitement médiatique du dopage dans le cyclisme vs d’autres sports: deux poids, deux mesures ?

Injuste et frustrant. Ce sont les mots qui me viennent spontanément à l'esprit pour décrire le traitement médiatique inégal réservé aux deux plus récents cas de dopage révélés par le Centre Canadien pour l'Éthique dans le Sport (CCES), l'un en cyclisme, l'autre en… football. 

La semaine dernière, le CCES a annoncé la suspension pour deux ans du cycliste Arnaud Papillon pour usage d'EPO. La nouvelle s'est rapidement répandue parmi les médias de la province. J'ai pu lire des articles sur ce sujet dans CyberPresse, sur Radio-Canada.ca, Le Soleil, le Journal de Québec, TVA Nouvelles, j'ai même entendu cette nouvelle dans le bulletin Sports de la radio de Radio-Canada. Plus encore, ça s'est poursuivi dans les jours qui ont suivi avec des articles complémentaires, notamment avec son entraineur dans le Cahier Sports de La Presse

Bref, une couverture étendue de la nouvelle. Je n'ai pas de problème avec ça.

Cette semaine, avant-hier pour être précis (le 26 octobre), le CCES a annoncé la suspension pour deux ans d'un joueur de football des Carabins de l'U. de Montréal, Olivier Renière, pour usage de stéroïdes. Traitement médiatique jusqu'ici: très faible selon ce que j'ai pu lire ou entendre. Un petit article sur Radio-Canada, un autre, bien enfoui, dans la section "Sports universitaires" de CyberPresse. À ce jour, that's it, du moins à ma connaissance. 

Traitement médiatique juste et équitable, vous dites ?

Ce n'est pas tout.

Le CCES affirmait aussi, dans son communiqué de presse d'avant-hier, que pas moins de 16 cas de dopage – 16! – avaient été révélés au grand jour dans le football universitaire canadien depuis le 31 mars 2010, sur environ 600 contrôles. Un autre sortira d'ailleurs fort probablement dans les prochains jours, toujours chez les Carabins

En cyclisme canadien ? Un seul durant la même période, du moins à ma connaissance. Deux si on compte les aveux de Miguel Agreda. J'ignore malheureusement le nombre de contrôles effectués.

Traitement médiatique juste et équitable, vous dites ?

Attendez la suite.

Le 28 juin dernier, le CCES a rendu public un important rapport intitulé "Le dopage menace la vie de nos athlètes, de nos enfants et de nos jeunes – Rapport final du Groupe de travail sur l'utilisation de substances destinées à augmenter le rendement au football". Ce rapport a été commandé "en raison du nombre sans précédent d'échantillons d'urine et de sang signalant la présence de substances interdites prélevées hors saison auprès de joueurs de football de Sport Universitaire Canadien (SIC) au printemps et au début de l'été 2010". Rappelons entre autre que deux joueurs de football de l'U. Laval avaient été contrôlés positifs en début d'année. 

Un gros problème de dopage dans le football universitaire canadien, vous dites? 

Pourtant, le traitement médiatique réservé à ces nouvelles a été très limité à ma connaissance. Moi qui suis aux aguets concernant le dopage dans le sport, je ne me souviens pas d'avoir lu des articles de presse sur ce rapport. J'ai cherché hier soir sur internet, je n'ai pas trouvé grand chose… Je n'ai également pas trouvé ce rapport ou un quelconque communiqué de presse en faisant mention sur le site de Sport Universitaire Canadien.

J'ajoute qu'en consultant la liste des communiqués de presse du CCES, on réalise que plusieurs athlètes canadiens ont été convaincus de dopage au cours des derniers mois: en triathlon (28 septembre), en athlétisme (21 septembre), en athlétisme encore (20 septembre), en taekwondo (1er septembre) et en rugby fauteuil roulant (26 juillet). Je ne me souviens pas d'en avoir entendu parler dans les médias. Je ne lis évidemment pas tous les communiqués ou articles des médias, mais je crois qu'on peut affirmer que le traitement de ces cas de dopage était loin d'être celui réservé pour le cas Papillon.

Bref, je pense qu'on peut raisonnablement affirmer que les récents cas de dopage (Papillon et Agreda) dans le cyclisme canadien ont "bénéficié" d'une couverture médiatique disproportionnée en comparaison avec d'autres cas de dopage dans d'autres sports, cas de dopage parfois beaucoup plus nombreux sur une courte période de temps. 

Ce constat vaut aussi pour le cyclisme professionnel en Europe: les cas de dopage en cyclisme sont très médiatisés, ceux dans le football (soccer) moins, quant les affaires ne sont pas carrément étouffées par les ligues toutes puissantes. 

Évidemment, ce constat ne pourra jamais, du moins à mes yeux, valoir d'excuse pour le cyclisme. Ne regardons pas les autres, ayons le courage de reconnaître – même publiquement – nos défis et faisons y face avec lucidité, courage et innovation. Tant mieux pour le cyclisme si nous établissons les nouvelles façons de lutter contre ce fléau ! Ce fut d'ailleurs le cas avec l'introduction du dépistage sanguin, du passeport biologique, du système ADAMS, etc. 

Conclusion ? Il faut rappeler haut et fort que le cyclisme est loin d'être le seul sport au prise avec le dopage, malgré ce que laisse croire le traitement médiatique réservé aux cas de dopage dans le cyclisme. Et qu'il serait très intéressant d'aller faire un petit tour dans d'autres sports – chez les pros comme chez les amateurs – comme par exemple le hockey, le football (soccer), le rugby, le basket, le baseball voire même le golf ou la Formule Un en leur imposant les mêmes contrôles que ceux auxquels doivent se soumettre les cyclistes. 

On serait fort probablement surpris des résultats… dans les sports qui acceptent les contrôles. D'autres en débattent encore!!!

Le syndrome de la montagne ?

Très bien, M. Foglia, le syndrome de la montagne. Et surtout, merci de votre intérêt dans La Flamme Rouge.

Le syndrome de la montagne, je connais. Ce n’est pas la première fois que vous l’évoquez. Je suis un lecteur régulier de vos chroniques, depuis un moment déjà.

Mais je parlais bien d'un autre syndrome, que j'ai appelé syndrome Pierre Foglia.

Le syndrome Pierre Foglia, c’est quant on souffre justement du syndrome de la montagne et qu’on a la chance d’avoir des indices externes nous permettant d'envisager qu'on est sur une montagne. Le syndrome Pierre Foglia, c’est quant on ne tient pas trop compte de ces indices externes et qu’on persiste à ne pas considérer l’hypothèse que peut-être, on est sur une montagne.

Des exemples d’indices ? Une mise hors course pour taux d’hématocrite trop élevé par exemple. Ce n’est pas une preuve de recours à un dopage sanguin bien sûr, mais de quoi soulever des doutes, surtout dans le contexte où l’efficacité limitée des tentes hypoxiques avait déjà été démontrée, notamment par Christophe Bassons.

Des absences à certains contrôles aussi, impensables à ce niveau. Une certaine Flèche Wallonne. Là encore, pas de quoi être certain d’un usage de produits dopants, mais de quoi soulever un doute raisonnable.

Des déclarations aussi, notamment de Lyne Bessette, voire de proches du milieu. Vous avez raison : s’il fallait croire tout ce qu’on nous dit… Mais ces déclarations constituaient un élément de plus pointant dans une direction.

Bref, le syndrome Pierre Foglia, c’est quand on souffre du syndrome de la montagne et qu’on ignore les signaux extérieurs qui nous auraient permis, peut-être, de considérer qu’on était sur une montagne.

J'ai choisi votre nom évidemment en lien avec l'Affaire Jeanson. La Flamme Rouge porte sur le cyclisme, et l'Affaire Jeanson est le plus gros scandale de dopage à avoir secoué le cyclisme au Québec jusqu'ici. Le dit-syndrome mériterait le nom de bien d'autres personnes j'en conviens, notamment dans la sphère politique, mais c'est un autre sujet. 

Remarquez que vous m’avez facilité le travail. Extrait d’une entrevue à la radio de Radio-Canada avec l'animateur Michel Désautels le 4 octobre 2007 à propos des aveux de dopage de Mme Jeanson (le verbatim est ici) :

Michel Désautels : Est-ce que ça vous a pas renvoyé, Pierre Foglia, à votre appui ? Jusqu’à la fin vous avez été du dernier groupe qui a soutenu Jeanson lorsqu’elle répétait que non, non, non, j’en ai jamais vu, on ne m’en a jamais proposé, j’en ai jamais pris, etc. Je sais même pas comment ça fonctionne ?

Pierre Foglia : Les précisions c’est pas important ça, j’ai pas été du dernier groupe, j’ai été du premier. Le premier était très petit. On était deux à croire ça. Oui on l’a cru jusqu’à la fin, Tu le crois, tu le crois ! Le monde dit : tu dois être vexé ? Pas une seconde. Il me semble que c’est assez évident pourquoi. La dope, de tout ce que j’ai vu, ça fait longtemps que je suis dans le vélo, et toutes les situations de doping que j’ai vues, où moi je voyais que la personne était dopée que son entourage le voyait pas. C’est très simple la dope : c’est une marche en montagne. T’es sur une montagne, en haut, et tu dis : ah, y’a une montagne là, y’a une montagne là, y’a une montagne là, celle-là, celle-là, celle-là mais toi tu le sais pas que tu es sur une montagne. C’est tout à fait normal. Plus t’es collé dessus moins tu vois la montagne sur laquelle tu es, et c’est sûr que je te parle comme si j’étais pas journaliste. Mais évidemment que là, j’ai une faute… parce que je suis journaliste, j’aurai dû faire une job… comme journaliste, j’ai fait une très mauvaise job. Ok. Mais j'étais pas vraiment journaliste, j'étais pas mal groupie là-dedans. C’est sur que c’est l’vélo, c’est mon sport de passion, c’est… j’suis là-dedans à fond moi, j’embarque, j’vois une course, j’capote tsé, j’suis au Tour de France pis j’sacre parce que je peux pas voir la course comme j’voudrais la voir… c’est un sport de passion, j’suis là-dedans, j’ai toujours vécu ça et dans le cas de Jeanson… cette fille sur un vélo… elle m’a fait tripper fort et j’ai complètement oublié que j‘étais journaliste.

(…)

Robert Frosi : C’est fini. Elle a avoué ! T’avoir promené en bateau pendant des années.

Pierre Foglia : Je suis un naïf. Si je suis pas un naïf dans toute cette histoire-là j’suis un con ! Mais je suis forcément naïf au boutte. Mais t’a raison. Ok, j’peux pas dire autre chose que t’as raison. C’est correct mais tu connais pas le milieu du vélo. Moi le milieu du vélo je le connais depuis Marinoni. Je suis des courses depuis toujours. C’est un monde d’affrontements. C’est un monde de passion. C’est un monde de coups de poings sur la gueule à la fin des courses. C’est un monde de chicanes comme en Corse. Je sais pas pourquoi c’est comme ça, je l’ai pas analysé mais c’est comme ça. J’ai vécu ça depuis tout p’tit. Depuis que je me suis intéressé au vélo.

Où je veux en venir ? Simplement que ce qui me surprend, moi, des récents événements dans le cyclisme au Québec, c'est qu'on puisse encore se surprendre que ça arrive, même chez nous. Beaucoup avoue leur surprise, leur incompréhension dans le contexte où ça se passe dans leur cour, et non parmi les grands du World Tour. N'est-ce pas un aveu de naïveté à quelque part ? Il me semble qu’après 15 ans de scandales à répétition dans le monde du cyclisme, même sur les cyclosportives – surtout sur les cyclosportives ! – on devrait avoir compris. On devrait se douter, désormais, qu’il est possible, voire probable, qu’on est sur une montagne, au Québec où n'importe où, à n'importe quel niveau.

Qu'en est-il des indices ? Toutes les affaires passées, de l’Affaire Lyman à l’Affaire Jeanson. N’avons-nous rien appris de ces malheureux événements qu’il faille encore se surprendre d’un dopage, aussi sanguin, au Québec ? On devrait même pouvoir reconnaître d'autres indices qui pourraient nous laisser croire qu'on est sur une montagne. Je sais, grâce aux capteurs de puissance et les méthodes que Portoleau et Vayer ont largement validé, combien de watts il me faudrait générer pour m’imposer au sommet de Maple Road à la Coupe des Amériques… Attention, je ne dis pas que ceux qui me précèdent sont dopés, je n’en sais strictement rien et le plus probable est qu'ils soient simplement meilleurs que moi. Mais des nouveaux cas de dopage, même à l'EPO, dans des pelotons Seniors 1-2 voire Maîtres ou Juniors ne me surprennent plus.

Bref, à mon avis, nous n’en sommes plus à nous surprendre et à chercher à comprendre, nous en sommes au stade d’agir. C’est ce que Louis Garneau a compris. Je n'ai lu aucune déclaration de sa part mentionnant autre chose que de la déception. Plus encore, il a immédiatement réagi en déclarant qu’il va effectuer dès l’an prochain au sein de son équipe à la fois de la prévention mais aussi davantage de contrôles, quitte à les payer de sa poche. Il n'a pas hésité, non plus, à demander l'aide de la police pour démasquer les réseaux de fournisseurs. Je dis bravo. On avance. D’autres doivent emboiter le pas, malheureusement avec des moyens limités. Il y a peut-être des choses à faire, peu couteuses. J’en ai proposé quelques unes.

En terminant, sachez que j'ai emprunté votre nom simplement pour faire comprendre mon propos, rien de plus. Je ne cherche aucunement à faire de l'audimat via ce site, encore moins à porter atteinte à la réputation de quiconque. Comme vous avez vous même publiquement avoué vous être trompé sur le cas de Mme Jeanson, ce qui est d'ailleurs tout à votre honneur, j'ai pris la liberté d'illustrer mon propos de votre exemple passé. Il est évident que j'aurais pu emprunter le nom d'autres personnes.

Allez, faute avouée à moitié pardonnée. Merci de vos papiers ("Tout seul en tête", je m'en souviens encore…), ils ont toujours été une inspiration pour moi et m’ont souvent servi de modèles pour ce blog.

Un deuxième coureur de l’équipe Garneau-Club Chaussures dopé

Aie aie aie. 

Le cycliste Miguel Agreda vient de passer aux aveux après avoir été informé par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) d'avoir échoué un test antidopage.

Miguel Agreda faisait partie, cette année, de la même équipe qu'Arnaud Papillon, suspendu cette semaine lui-aussi par le CCES pour usage d'EPO : l'équipe Louis Garneau – Club Chaussures.

L'équipe de M. Louis Garneau, pdg de Louis Garneau Sports. Une équipe qui a beaucoup gagné de courses cette saison sur la scène canadienne. 

Aie aie aie. 

À cette heure, on attend encore de savoir quel a été le produit utilisé par Agreda. Mais si on se fie à l'Affaire Papillon, c'est probablement encore de l'EPO.

Du coup, on ne peut que se demander si un système de dopage existait au sein de cette équipe. Tout cela n'est pas bon. Pas bon du tout pour le cyclisme canadien. Pour deux raisons.

La première, c'est évidemment en raison de l'image salie – une fois de plus – du cyclisme. À l'heure où le cyclisme canadien et québécois fait de gros efforts pour percer sur la scène mondiale, voilà que deux coureurs d'une équipe juste en dessous du niveau international sont pris au contrôle. Pas bon du tout. 

La deuxième, c'est évidemment parce que ces deux coureurs sont de l'équipe de M. Garneau, un homme qui a fait beaucoup pour le cyclisme canadien et québécois depuis plusieurs décennies déjà. Sans son soutien, il est très clair que le cyclisme chez nous ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Rappelons nous qu'il a lancé la carrière d'un David Veilleux par exemple. Qu'il continuait, avec son équipe, de vouloir lancer la carrière de d'autres coureurs d'ici. Que s'il investissait au plus haut niveau avec l'équipe Europcar, il n'oubliait pas la scène nationale non plus.

Avec ce scandale, Louis Garneau pourra se sentir trahi par ses coureurs et pourra remettre son soutien en question. Qui lui reprocherait ?

Dans cette réaction à chaud, c'est pour Louis Garneau le pdg et l'ancien coureur que mes pensées vont. Je suis très attristé pour cet homme de valeur, d'éthique et de détermination. J'espère de tout coeur qu'il saura encaisser ce coup dur sans perdre foi dans le sport cycliste. Et surtout qu'il continuera de soutenir le cyclisme de haut niveau ici au Québec et au Canada, tout en s'ajustant aux événements afin de limiter les chances qu'ils se reproduisent dans l'avenir. Il a d'ailleurs déjà commencé.

Ne jamais abandonner.

L’Affaire Papillon, le syndrome Pierre Foglia et des suggestions

Le milieu cycliste du Québec est sous le choc: Arnaud Papillon, champion canadien sur route en 2010 chez les U23, vainqueur de la Classique Montréal-Québec en 2008, vient d'être suspendu par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) pour usage… d'EPO. Dopage sanguin. On ne parle pas ici d'amphétamines ou de stéroïdes – des classiques –  mais bien d'un produit moderne, plus sophistiqué et qui s'injecte dans le sang.

Deux contrôles, l'un en compétition (les derniers Championnats canadiens), l'autre hors compétition, ont confirmé le verdict. Le CCES a appliqué la sanction conformément au règlement et a suspendu Papillon pour une durée de deux ans.

Dans la foulée, Arnaud Papillon a réagi sans tarder via un communiqué et mis un terme à sa carrière. J'ai trouvé ce communiqué équilibré, nuancé et responsable: "Je reconnais avoir commis un geste inacceptable et je le regrette. Je m’excuse pour la déception que je cause à ceux qui m’ont fait confiance, notamment mes proches, mon entraîneur et les membres de mon équipe. (…) Je devrai vivre avec cette réalité et les apprentissages qui en résultent pour le reste de ma vie. (…) Le cyclisme exige un dépassement de soi où n’ont pas place les paradis artificiels. Je vous supplie de ne pas vous y laisser prendre." Papillon me déçoit énormément, mais conserve, avec cette réaction, une partie de mon estime.

Un dopage seul ?

Espérons maintenant que Papillon collaborera avec les autorités pour mieux comprendre son geste et son contexte, de même que ses sources d'approvisionnement. Car on a peine à croire qu'il s'est dopé seul à l'EPO, un dopage qui nécessite tout de même une certaine connaissance de la substance, de son administration et des protocoles sous-jacents pour en maximiser les effets. Si des gens de son entourage l'ont aidé, Papillon doit maintenant les dénoncer, c'est son devoir s'il veut aider la communauté cycliste.

Bientôt d'autres têtes ?

Des personnes proches du milieu m'informent que d'autres cyclistes québécois de premier plan pourraient être convaincus de dopage par le CCES très prochainement. Affaire à suivre… et si cela se confirme, ces personnes auraient-elles agi avec Papillon?

Si tel est le cas, on sera vraissemblablement devant le plus gros scandale de dopage dans le cyclisme au Québec depuis la triste Affaire Jeanson il y a quelques années. Wait and see.

Le syndrome Foglia

Évidemment, la nouvelle a suscité beaucoup de réactions. Plusieurs d'entre elles évoquent une grande déception. Je partage cette opinion et je suis également très déçu de Papillon. C'est un triste jour pour le cyclisme québécois. 

La réaction de Louis Garneau Sport est un exemple selon moi: affirmant leur grande déception, ils ont annoncé derechef une série de mesures – modestes, mais il faut bien commencer quelque part – pour accroître leur lutte contre ce fléau. Bravo.

Parmi beaucoup de réactions cependant, se dégage une impression de surprise, d'étonnement. Un peu comme si plusieurs nous disaient "comment, un bon gars comme Arnaud dopé ? Pas possible… pas lui… De l'EPO, au Québec ? Je pensais que ces affaires là, c'était juste pour les big shot du Tour de France".

J'appelle ça le syndrome Pierre Foglia. Parce que ce journaliste en vue du Québec, souvent très bon d'ailleurs, s'est évertué à défendre aveuglément, il y a quelques années, une Geneviève Jeanson alors que les soupçons d'usage de produits dopants se multipliaient. Comprenez-moi bien: personne ne savait hors de tout doute que Jeanson était dopée, ni Pierre Foglia, ni moi, ni personne hormis son entourage direct. Ce que je reproche à Pierre Foglia, c'est d'avoir refusé de tenir compte du contexte, des éléments qui s'accumulaient, sous prétexte que c'était une petite fille de Lachine qui lui inspirait confiance et avec qui il avait développé une certaine relation. "Pas elle, voyons donc, et de l'EPO au Québec, vraiment ?!".

Et pourtant.

Avec l'Affaire Papillon, voilà une autre preuve que le dopage sanguin, c'est aussi au Québec et pas seulement chez les pros World Tour. Si peu de scandales ont éclaté ces dernières années, c'est probablement parce que peu de contrôles ont lieu.

La langue de bois

Je le pense depuis longtemps, je l'ai déjà écrit sur ces pages: le dopage – même sanguin – dans le cyclisme au Québec, c'est tabou. On en parle, mais peu. Très peu.

Surtout, on marginalise: c'est l'affaire de quelques cas isolés. Chaque scandale est traité tel quel. Et les autorités gèrent leur image en ré-affirmant haut et fort leur extrême fermeté contre le dopage, couplé de la phrase classique: "nous prenons la situation très au sérieux et prenons également tous les moyens possibles pour lutter contre ce fléau". 

Vraiment ?

Et si le dopage – classique comme sanguin – était plus répandu qu'on ne le croit, même parmi la base de pratiquants ? Pas plus qu'ailleurs, mais pas moins non plus probablement. 

Et si on pouvait davantage pour lutter contre, bien davantage, même avec des moyens limités ?

Quelques suggestions

Soyons constructifs. Voyons ce que nous pourrions faire ensemble.

1 – reconnaître que le dopage dans le cyclisme québécois est peut-être plus répandu qu'on ne le pense, et ce à tous les niveaux. Il ne s'agit pas de s'autoflageller bien sûr, le dopage est présent dans bien d'autres sports très probablement, voire dans toutes les activités humaines: certains ne se dopent-ils pas pour réussir un examen académique? Cette reconnaissance est cependant nécessaire pour prendre acte qu'il faut davantage lutter contre.

2 – reconnaître que deux moyens s'avèrent efficaces dans la lutte contre le dopage, et qu'ils doivent être conjugués: la prévention via l'éducation, et la peur du gendarme.

3 – côté prévention, le programme "roulez gagnants au naturel" de la FQSC a été une première étape, mais s'avère insuffisante à mon sens. En gros, le coeur de ce programme se résume à ce passage clef du document qui le présente: "La campagne « Roulez gagnants au naturel » est à la fois une réponse à la fausse perception quant à l’intégrité des athlètes qui pratiquent les sports cyclistes, et une indication très claire quant à la position adoptée depuis toujours par la FQSC face au dopage sportif, soit une tolérance zéro. Un peu à l’image de certaines organisations qui ont utilisé le bracelet comme outil de sensibilisation et de levée de fonds, la FQSC a opté pour un écusson, que tous les supporteurs de cette campagne, cyclistes et autres, pourront porter fièrement pour montrer leur adhésion à cette cause."  

Très bien l'idée de l'écusson, mais il est permis de douter que cela va freiner nombre d'athlètes qui veulent se doper, même s'ils portent le dit-écusson !

Voilà une autre idée: pourquoi ne pas rendre obligatoire une formation étoffée et en ligne sur le dopage, formation qui conditionnerait l'obtention d'une licence par la Fédé ? Seuls ceux ayant suivi cette formation, incluant des questions à répondre, pourraient obtenir une licence de course leur permettant de s'inscrire aux courses sanctionnées. 

Cette formation pourrait répondre facilement au manque criant de connaissances de très nombreux cyclistes à propos des produits accessibles. La créatine est-elle un produit figurant sur la liste des produits interdits par l'Agence Mondiale Anti-dopage ? Et qu'en est-il de l'éphédrine, elle-aussi facilement disponible ? L'usage d'une pompe pour l'asthme est-elle permise avant une compétition sans ordonnance médicale ? Quels sont les risques réels lorsqu'on tente de s'injecter des substances directement dans le sang ?

Une telle formation serait un moyen concret de former la communauté cycliste – notamment les plus jeunes – qui participe à des courses durant une saison et ce, chaque année. Peu chère à mettre sur pied, cette formation en ligne présente aussi l'avantage de rejoindre directement tous les cyclistes, quel qu'ils soient, et où qu'ils soient, chez eux. 

4 – côté peur du gendarme, les contrôles sont malheureusement une nécessité. Là, on ne s'en sort pas. Il faut que les coureurs aient peur de se faire prendre au détour.

Or, les moyens sont limités. On ne peut multiplier les contrôles. C'est donc une question d'équilibre: assez de contrôles, mais pas trop pour respecter les budgets. 

Et si on essayait de les augmenter, ces budgets ? Inclure, dans chaque licence d'équipe comme de coureur, un "prélèvement" supplémentaire en justifiant ce prélèvement par la garantie d'offrir aux coureurs des compétitions plus équitables ? Vous savez ce que coûte une saison de hockey sur glace dans une ligue de garage, excluant l'équipement ? La licence de course en cyclisme, d'un peu plus de 100$, demeure très abordable. Un effort supplémentaire pour acheter la licence de course, dans le contexte du financement de la lutte contre le dopage dans le cyclisme, serait un moyen possible me semble-t-il.

David Veilleux toujours chez Europcar en 2012 ?

C'est, du moins, ce que David semble confirmer dans ce petit vidéo tourné juste après l'arrivée de la course sur route des récents Mondiaux. La nouvelle fait du sens, Jean-René Bernaudeau fait bien de garder ce coureur dans son effectif pour l'an prochain ! 

Bravo David !

Non, pas prêt pour mon Défi Vélo Mag !

Samedi matin, de nombreux passionnés de cyclisme prendront part à une des plus belles cyclosportives d'Amérique, le Défi Vélo Mag dans le Parc de la Mauricie. 

Au menu, 105 kms et pas un mètre de plat, apparemment. 

Le tout dans les couleurs automnales d'une nature sauvage. Le pied. 

Et en plus, la météo s'annonce bonne, en tout cas meilleure que l'an dernier me dit-on.

Cette année, je suis de l'aventure.

Pour la première fois. 

Jamais mis les pieds dans le Parc de la Mauricie (moi, c'est le Parc de la Gatineau et, plus jeune, le Parc du Mont Orford). Je ne connais rien du parcours, qu'on me dit difficile et très usant. 

En fait, m'en fout du parcours, sauf pour les paysages bien sûr. Ce n'est pas le parcours qui rend les courses ou les cyclosportives difficiles, ce sont les coureurs qui roulent trop vite! Et on me dit qu'au Défi Vélo Mag, ça roule très, très vite. Aie. Y'a qu'à voir les dix premiers chaque année: des gus qui terminent sur le podium aux Mardis cyclistes de Lachine ou qui gagnent des courses de la Fédé !

Et puis, on annonce Zahra. Lui, c'est pas un tendre. M'a fait souffrir des calvaires complets au GP de Charlevoix, il y a une paire d'année. Re-aie.

Ma préparation ? Passons. Non, pas la faute du rosé, j'ai coupé (un peu).

Rappelons-nous qu'on n'est jamais prêt pour une cyclo ou une course cycliste… Il faut parfois savoir assumer et se jeter à l'eau, sinon on ne fait rien.

En fait, j'ai été prêt une fois. Une seule fois: sur la Marmotte 2010. Là, j'étais prêt. Pouvais pas faire plus avant. Ca m'a servi: j'y ai fait mon mieux pendant. Personal best, qu'ils disent.

C'est pas le cas pour samedi. J'aurais pu faire plus, beaucoup plus. Anyway, c'est pas Zahra qui va entendre des excuses.

Mes ambitions ? Éviter les chutes et avoir du plaisir, point final.

Rappelez-vous que la notion de plaisir est relative à chacun…

Ha oui ! une autre ambition: accumuler les kilomètres. Le Défi Vélo Mag, le premier d'une longue série de rendez-vous qui me mèneront, progressivement, vers l'objectif ultime: la Haute Route 2012.

 Ca va chier.

Quelques suggestions pour améliorer les GP de Québec et Montréal

Les récents GP de Québec et Montréal ont été, sans l'ombre d'un doute, un immense succès populaire, fort d'une météo tout simplement parfaite pour les deux événements. C'est probablement la plus grande source de satisfaction des organisateurs. 

Autre reflet du succès des deux épreuves et de leur couverture télévisuelle, les animateurs Richard Garneau, Louis Bertrand et Bernard Vallet ont été récompensés, hier soir lors du gala des prix Gémeaux, du prix de la meilleure animation dans la catégorie Sports et Loisirs. Il faut les en féliciter. Il est tout à fait vrai que la qualité de leurs commentaires s'est améliorée au fil des ans.

En guise d'épilogue à la couverture des GP de Québec et Montréal offerte sur ce site, je me permets quelques suggestions constructives qui pourraient permettre d'améliorer encore plus les deux épreuves, notamment à l'égard de la couverture médiatique des événements. Ces suggestions découlent notamment de mes nombreuses discussions avec nombre de spectateurs présents sur le circuit lors des deux courses.

1 – essayer de limiter de placer une pause commerciale à la télé alors que le peloton aborde un passage clef de la course, par exemple la côte de la Montagne à Québec ou Camilien Houde à Montréal. Cela a frustré de nombreux téléspectateurs, moi compris. L'idéal serait de rendre disponible les deux derniers tours de chaque circuit sans pauses commerciales, quitte à en placer davantage avant.

2 – prévoir plusieurs écrans géants sur le parcours, et pas seulement un sur la ligne départ-arrivée. À Québec, des écrans géants sur le haut de la côte de la Montagne (dans le Parc Montmorency) et au Carré d'Youville seraient tout indiqués. À Montréal, le belvédère Camilien Houde serait approprié pour cela, voire le secteur de l'Université de Montréal.

3 – placer en "stream" sur le site internet de Canal Évasion la course cycliste, quitte à rendre son accès payant sur le site (au stream, pas à la course elle-même!). De nombreux spectateurs, présents sur les circuits avec leur IPhone ou IPad, déploraient ne pouvoir trouver des images live! de la course sur internet via leur connexion 3G. Entre les passages du peloton, cela permettrait aux spectateurs de ne rien perdre du déroulement de la course et des commentaires des animateurs. Beaucoup m'ont affirmé être prêts à payer pour un tel service.

4 – fermer le circuit des deux courses le dimanche et ce, une semaine avant les événements afin de permettre aux cyclistes amateurs et cyclosportifs de se frotter réellement aux deux parcours. Rien de mieux pour que les amateurs saisissent tout le mérite et le niveau des cyclistes pros, tout simplement les plus grands athlètes du monde.

5 – à tous les journalistes d'ici qui ont moins l'habitude de couvrir le sport cycliste: le temps du vainqueur importe peu ! Dire que Philippe Gilbert s'est imposé au GP de Québec en 5h03min08sec n'est pas une information pertinente, même si on donne la distance totale qu'il y avait à parcourir. Seule la victoire compte. Il faut plutôt dire qu'il s'est imposé détaché, ou, le cas échéant, au sprint (massif ou en petit comité) ou en échappée à plusieurs. Par contre, le temps est important pour qualifier la performance de ceux qui arrivent derrière. Ainsi, il est utile de savoir que le Québécois Dominique Rollin a terminé à seulement une minute 26 sec du vainqueur. Sa 20e place ne veut rien dire puisqu'il est arrivé dans le même temps que le 16e concurrent à franchir la ligne.

6 – pour les commentateurs télé, insister, lors des commentaires durant la course, sur la stratégie d'équipe et pas seulement sur le nom des coureurs et leur récent palmarès. En cyclisme pro, ceux qui roulent devant le font toujours pour une raison, qu'elle soit apparente ou pas. Il est probable que les spectateurs n'aient que peu à faire que Grega Bole a récemment remporté le GP de Plouay, les gens ne connaissant pas trop les courses cyclistes en dehors du Tour, du Giro et de quelques classiques du printemps. Mais comprendre pourquoi la Lampre roule à ce moment de la course devrait leur permettre de s'intéresser – et mieux comprendre – au sport cycliste et surtout… de rester scotché devant leur téléviseur !

N'hésitez pas, vous aussi, à faire part de vos suggestions dans le but d'améliorer encore davantage ces deux courses cyclistes ou leur couverture télé qui nous permettent, habitants du Québec, de voir de près les coureurs pros deux fois l'an.

Entrevue avec David Veilleux

Quelques heures avant de monter dans un avion qui le ramène en Europe et après deux 22e places remarquées aux GP de Québec et Montréal, David Veilleux m'a – très gentiment – accordé une entrevue téléphonique plus tôt aujourd'hui. 

La Flamme Rouge: David, bien récupéré des GP de Québec et Montréal cette semaine ?

David Veilleux: Oui, bien récupéré cette semaine par des entrainements légers ponctués de quelques efforts. Mais il est évident que j'ai eu une grosse fin de semaine il y a sept jours !

LFR: Tu montes dans l'avion pour l'Europe ce soir. Quel est ton programme de course pour la fin de saison ?

DV: J'ai un automne chargé en fait, Jean-René Bernaudeau me fait courir à bloc car je crois qu'il est content de ma condition actuelle. Au cours des prochaines semaines, c'est d'abord la course sur route des Championnats du monde au sein de l'équipe canadienne, puis le Circuit Franco-Belge, Paris-Bourges, Paris-Tours, le Tour du Piedmont, le Tour de Lombardie et la course sur route des PanAm au Mexique fin octobre. Je pense tenir ma meilleure forme de la saison, je me suis par exemple surpris dans le final du GP de Montréal à pouvoir tenir le rythme, faire la sélection finale et être présent pour le sprint final. Je suis très content d'aller disputer le Tour de Lombardie, possiblement avec le leader de l'équipe Thomas Voeckler. 

LFR: Tu ne fais pas le contre-la-montre des Mondiaux ?

DV: Non, j'estime que le parcours, plat, ne me convient pas trop et je préfère garder des forces pour donner le maximum lors de la course sur route. Seul Svein Tuft y participera pour le Canada.

LFR: Justement, l'équipe canadienne a-t-elle déjà parlé stratégie en prévision de la course sur route des Mondiaux, une course que tu feras avec Dominique Rollin et Svein Tuft comme équipiers ?

DV: Non, nous n'avons pas encore élaboré de stratégie commune mais il est certain que nous voudrons jouer la course d'attente pour être présent dans le final et tenter notre chance dans les derniers kilomètres ou au sprint, que ce soit Dominique ou moi. Je crois donc que la stratégie tournera autour de cela.

LFR: Revenons sur les GP de Québec et Montréal. Il y avait une stratégie chez Europcar ? Étais-tu un coureur protégé ?

DV: Mes coéquipiers savaient évidemment que je courais à domicile, donc que j'étais très motivé. Alors oui, ils m'ont protégé et m'ont facilité le travail. D'autres coureurs de l'équipe ne savaient pas trop comment ils allaient réagir, avec notamment le décalage horaire. Pierre Rolland n'était pas non plus au niveau qui était le sien au dernier Tour de France. Mais d'autres coureurs étaient également protégés, comme Cyril Gauthier par exemple. 

LFR: Au GP de Québec, il ne te manque pas grand chose pour accrocher le groupe Gilbert dans la dernière ascension de la côte de la Montagne. Ca s'est joué à la pédale ?

DV: Oui, c'est vraiment ça, à la pédale. Un trou s'est créé et personne n'a su le boucher. On était tous à bloc, complètement à bloc. Il n'y a rien de plus à ajouter, c'était à la pédale !

LFR: À Montréal, tu attaques à trois tours de la fin, au passage sur la ligne départ-arrivée. Sur ordre de ton directeur sportif ou sur un coup de tête ?

DV: En fait, j'ai simplement pris un relais en tête du groupe, et personne ne m'a suivi ! J'ai donc décidé d'insister un peu, ça se regardait beaucoup derrière et j'avais alors espoir que d'autres coureurs sortent pour venir avec moi tenter quelque chose. Malheureusement, personne n'est venu et j'ai donc coupé mon effort un peu avant d'entreprendre la montée Camilien-Houde, question de récupérer avant cette avant-dernière ascension.

LFR: Au premier tour, on a vu l'équipe Lotto de Philippe Gilbert chasser furieusement une échappée d'environ 8 coureurs devant. Ils ont tellement chassé qu'ils ont réussi à couper le peloton en deux. As-tu compris pourquoi l'équipe Lotto a chassé cette échappée si tôt dans la course ?

DV: Difficile à dire, j'étais à ce moment derrière, dans le deuxième groupe ! J'ai toujours besoin de me "mettre en route" et le premier tour a été vraiment vite. Je pense que l'équipe Lotto ne voulait pas laisser partir un aussi gros groupe: huit coureurs (ou un peu plus), c'est beaucoup et c'est donc dangereux pour une équipe qui a des ambitions.

LFR: Quel est ton plus grand souvenir jusqu'ici pour la saison 2011 ?

DV: C'est sur que mon échappée dans Paris-Roubaix reste un moment fort, un grand souvenir compte tenu du prestige de cette course. Mais je suis aussi vraiment content de ma performance au GP de Montréal où je me suis surpris moi-même de pouvoir rester ainsi parmi les meilleurs, même dans le final, et pouvoir disputer le sprint final avec ceux qui jouaient la gagne. Être capable de faire la sélection, à ce niveau, c'est une source de satisfaction.

LFR: As-tu été déçu de ta course sur route des Championnats canadiens, plus tôt cette année ?

DV: Oui, un peu, car c'est certain qu'un titre de champion canadien, pour un coureur, ça compte ! Tous les coureurs rêvent de porter un jour le maillot de champion national. Mais l'équipe SpiderTech était très forte et très bien organisée ce jour-là, et je ne disposais pas des meilleures jambes, notamment en raison de la fatigue engendrée par le contre-la-montre, 48h avant (ndlr: David Veilleux a terminé 3e de cette épreuve derrière Tuft et Meier). Je suis cependant content pour Svein, c'est un grand coureur qui le mérite.

LFR: Comment se présente ta saison 2012 ?

DV: Mon contrat chez Europcar était d'un an et j'ai bon espoir qu'il soit reconduit l'an prochain. Nous verrons dans les prochaines semaines.

LFR: David Veilleux sur le Tour 2012, c'est possible ?

DV: C'est le rêve de tout coureur professionnel ! Mais il est trop tôt pour moi pour tirer des plans. Ca reste cependant un de mes objectifs pour les prochaines années.

LFR: Avec un an de recul maintenant, tu te qualifierais comment: coureur de Classiques, ou coureur de courses par étapes?

DV: Plutôt coureur de Classiques. Les courses d'un jour me conviennent bien et je l'ai démontré cette année, notamment sur le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix.

LFR: Comment organiseras-tu ton hiver, ton intersaison ?

DV: Une fois la saison 2011 terminée, je vais couper complètement le vélo trois ou quatre semaines, au Québec. Je ferai probablement un peu de ski pour faire une base, puis ce sera, je l'espère, les camps d'entrainement de l'équipe dans le Sud de l'Espagne. Puis le retour en Europe en janvier pour accumuler les kilomètres en prévision des premières courses. 

Merci David d'avoir pris le temps de me répondre, bon vol ce soir vers l'Europe et surtout, bonne fin de saison. Nous suivrons, sur La Flamme Rouge, tes résultats avec intérêt en espérant que tu pourras profiter de ta bonne condition physique actuelle pour te montrer et, qui sait, en remporter une belle !

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