Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 56 of 352

Affaire Froome: 7 millions d’euros!!!!

Après une absence de plusieurs jours à l’extérieur du pays avec connexion Internet limitée, La Flamme Rouge revient progressivement au service normal.

Et comme vous, j’ai été choqué d’apprendre que l’UCI abandonnait l’affaire du Salbutamol de Chris Froome, et donc le blanchissait de tout soupçon.

Cinq jours avant le début du Tour de France… Orchestré vous dites?

Surtout, je suis outré d’un chiffre, celui avancé par de nombreux sites d’information: 7 millions d’euros.

C’est ce que l’équipe Sky aurait dépensé pour assurer la défense de Chris Froome dans cette affaire, engageant les meilleurs avocats (Mike Morgan) et produisant apparemment 1500 pages d’un dossier étoffé, à grand renfort « d’études scientifiques » commandées depuis 8 mois.

7 millions d’euros!

En 2015, le coureur moldave Alexandr Pliuschin n’a pas eu cette chance: controlé lui aussi avec un niveau de Salbutamol trop élevé, il a été suspendu de son équipe puis sanctionné 9 mois par l’UCI. Sa carrière est aujourd’hui terminée… Sans oublier les cas de Diego Ulissi (2014) et Alessandro Petacchi (2007), eux aussi suspendu par l’UCI pour des niveaux excessifs de la même substance…

Froome n’a non seulement pas été suspendu par son équipe, mais il s’en sort en soulevant un « doute raisonnable », c’est à dire que les niveaux très élevés de Salbutamol trouvés dans son organisme peuvent découler d’une prise de ce médicament « dans les limites acceptées ». En d’autres mots, selon le rapport soumis par la Sky, on ne peut pas dire que Froome a essayé de tricher.

Le dossier élaboré par la Sky montrerait que Chris Froome est un cas particulier, et qu’il stockerait dans ses reins ces substances, plutôt que de les éliminer. L’AMA a parlé d’un cas « extrêmement complexe ».

C’est très intéressant: Froome serait en fait un très grand malade. Voyez un peu:

  • atteint de bilharziose
  • souffre d’asthme sévère (très pratique pour les AUT)
  • souffre d’urticaire
  • atteint de blastocystose (très pratique pour expliquer l’extrême maigreur…)
  • atteint de fièvre thyphoide

Avec de nombreuses voies qui s’élèvent pour affirmer qu’on assiste actuellement dans le peloton au retour d’un dopage plus « classique » et utilisé grâce notamment aux AUT et autres justifications médicales, je pense que c’est ca la stratégie actuelle: passer pour un grand malade! Un petit coup (donc autorisé) de ceci pour maigrir et donc atteindre un rapport poids-puissance exceptionnel, un petit coup de ceci pour la respiration, un petit coup de cela pour la récupération (en plus de tout le reste, cryothérapie et autre), et vous avez les ingrédients actuels du super-champion. Sans  oublier bien sûr les stages à Ténérife pour faire des globules…

Le grand malade Chris Froome sera donc présent sur le Tour, blanc comme neige (et blanc comme un drap). Reste à voir l’accueil du public… je crois personnellement que ca risque de mal se passer. Les huées seront plus nombreuses que jamais selon moi.

Froome sort indemne de tout ce scandale. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du cyclisme…

Le Tour de l’actualité

Après une 10aine de jours perturbés en raison d’une charge de travail exceptionnelle, le service normal reprend sur La Flamme Rouge avec un petit Tour de l’actualité, à trois semaines du départ du Tour de France.

1 – Movistar. C’est confirmé, Valverde, Quintana et Landa seront au départ du Tour… abondance de bien nuit? Valverde atomise sur la Route d’Occitanie, Quintana était devant au Tour de Suisse, Landa s’est préparé pour le Tour tout particulièrement, aie. Toute une équipe!

2 – AG2R – La Mondiale. Tout pour Bardet sur le Tour, et c’est sans surprise.

3 – Lotto-Jumbo. Roglic, Kruijswijk, Gesink au sein de l’équipe du Tour. Ca a de la gueule. LA question demeure jusqu’où Roglic pourra-t-il aller?

4 – Groupama – FDJ. C’est plutôt la merde de ce côté-là, Thibault Pinot ayant déclaré forfait pour le Tour, s’estimant insuffisamment remis de son infection respiratoire sur les derniers jours du Giro. Quand je vous disais qu’il aurait été plus sage de l’arrêter pour des raisons de santé… Pinot s’est vraiment esquinté et il en paye le prix. Dommage!

5 – SunWeb. Par contre, Tom Dumoulin sera bien présent sur le Tour, et estime qu’il a pleinement récupéré de son Giro. C’est formidable car c’est peut-être le candidat le plus sérieux pour détrôner Chris Froome…

6 – Astana. On attend impatiemment la liste des engagés pour cette équipe, le Québécois Hugo Houle ayant une chance de faire l’équipe!

7 – Tour de Suisse. Victoire finale de Richie Porte, qui arrive donc au bon moment en grande condition en vue du Tour. Pourra-t-il éviter le jour sans sur une course de trois semaines?

8 – Dopage. Récent rapport de l’Agence Mondiale Antidopage sur les substances non interdites, mais dont l’usage est surveillé. Le cyclisme est encore montré du doigt, avec un usage supérieur aux autres sports de ces substances. Plus que jamais, restons lucides!

9 – Radio Bidon. C’est excellent, je suis chaque épisode avec intérêt. L’opus #7 est ici, spécial Tour.

10 – Matos. À l’heure des départs en vacances et des grandes cyclosportives, les meilleures boites de transport pour votre vélo. Privilégiez le rigide!

11 – Matos bis. Mavic Cosmic Tubeless, full carbon. C’est désormais chose faite. 1310 grammes la paire de roues, c’est du léger.

Speed gel: déjà interdit par l’UCI

La nouvelle avait intrigué: les Lotto-Soudal ont utilisé un « speed gel » sur leurs coureurs lors du chrono par équipe du Dauphiné la semaine dernière.

En gros, il s’agit d’un gel appliqué sur la peau, et qui contient des micro-billes améliorant l’aérodynamisme. C’est une réponse, en quelque sorte, aux vêtements « vortex » de la Sky qui comportent des zones où de telles aspérités sont évidentes, et qui améliorent là encore l’aérodynamisme.

L’UCI a déjà communiqué aux équipes l’interdiction d’utiliser ce gel spécial, contrevenant à un règlement en place stipulant qu’on ne peut ajouter des pièces d’équipement non-nécessaires simplement pour améliorer la pénétration dans l’air.

J’ai bien aimé la réaction de Marc Sergeant, le manager général de l’équipe Lotto-Soudal: « ca a pris trois jours à l’UCI pour interdire ce gel, mais l’affaire du salbutamol avec Chris Froome traine depuis des mois…« .

Spot on!

Dauphiné Libéré: les enseignements

Je sais pas vous, mais personnellement je me suis régalé des dernières étapes de ce Critérium du Dauphiné Libéré.

D’une part, les images de France Télévision, tout simplement extraordinaires! L’étape de samedi via le Cormet de Roseland était tout simplement un régal et un bonheur pour les yeux, c’était formidable. Que de beaux paysages, que la montagne est belle! Il me tarde de la retrouver…

D’autre part, la course elle-même, qui s’est beaucoup résumée à un bras de fer entre AG2R-La Mondiale et Sky. Tantôt Bardet, tantôt Latour, tantôt Geoghegan, tantôt Thomas, avec comme jokers les Dan Martin ou encore Daniel Navarro ou Emanuel Buchmann.

Chose certaine, il y a des comptes qui auront à se rendre sur les routes du Tour entre Sky et AG2R-La Mondiale, les Sky n’ayant pas apprécié que l’équipe française roule suite à la crevaison de Thomas à un mauvais moment hier. Pourtant, je suis de l’avis de la majorité, il n’y avait pas faute puisque AG2R-La Mondiale roulait déjà depuis un petit moment, et qu’une crevaison est un incident de course comme les autres.

Pour le reste, j’ai été impressionné par le travail de Geoghegan, que je ne connaissais pas. Cachez un Sky, un autre arrive au galop!

J’ai été un peu plus inquiet pour Vicenzo Nibali, qui n’est visiblement pas encore en condition. Il reste cependant 4 semaines avant le début du Tour, pas d’affolement.

Les coureurs français se sont bien distingués sur ce Dauphiné, c’était beau à voir avec les Warren Barguil, David Gaudu, Nicolat Edet, Romain Bardet, Pierre Rolland, Guillaume Martin, Julian Alaphilippe, Rudy Mollard, Leo Vincent ou encore Maxime Bouet. Tout cela est bien encourageant en vue du Tour…

Marinoni… autrement

GP Cycliste de Gatineau: sans Simone Boilard

C’est à partir de demain jeudi et jusque dimanche prochain que se dérouleront plusieurs épreuves dans le cadre du Grand Prix cycliste de Gatineau.

Ca démarre jeudi soir 17h30, avec la course sur route chez les femmes. Deux boucles du Parc de la Gatineau (ca monte et ca descend) suivies de plusieurs petites boucles façon critériums autour de la ligne départ-arrivée située sur la Promenade du Lac des Fées, près du coeur de la ville. De quoi bien mettre en jambes les filles!

Le lendemain vendredi, place à l’épreuve phare du Grand Prix, le chrono UCI. Le parcours cette année est intéressant, les filles iront retourner en haut du lac Pink dans le Parc de la Gatineau, de quoi rendre le parcours sélectif.

Dimanche, place aux autres coureurs et cyclistes avec les épreuves Medio et GranFondo, là encore dans le Parc de la Gatineau, sur un parcours magnifique et sélectif. On peut encore s’inscrire ici!

Espérons le public plus nombreux que les années précédentes, c’est important. Le Grand Prix en est cette année à sa 9e édition, un tour de force de la part des organisateurs.

Seul petit regret, l’absence d’une épreuve sur route pour les coureurs maitres, qui pourrait être au calendrier de l’Association des cyclistes vétérans du Québec (ACVQ). Nous avons perdu il y a plusieurs années le GP OBC dans le Parc de la Gatineau qui se disputait à la mi-juillet, ca serait tellement formidable de retrouver ce parcours pour une épreuve exigeante, une semaine après le GP du Nordet. Je peux faire quelque chose?!

Les favorites

Pas simple à décrire, la liste des partantes n’étant pas encore disponible. Chose certaine, Karol-Ann Canuel sera une des favorites pour l’emporter sur le chrono, et une des favorites de la foule puisqu’elle est à domicile, pour ainsi dire.

La jeune sensation québécoise Simone Boilard ne sera toutefois pas présente, ayant été victime d’une chute lors de la course Winston-Salem le week-end dernier aux États-Unis. Elle se rétablit actuellement de ce contretemps.

Un autre Gatinoise sera à suivre, Arianne Bonhomme, 23 ans et spécialiste de la poursuite sur piste. Le chrono devrait lui convenir assez bien.

Pédales Look SRM Exakt

Les choses évoluent constamment du côté des capteurs de puissance. Pour m’être doté d’un tel outil depuis 24 mois, je dois dire que c’est bien pratique à l’entrainement.

Ces capteurs se sont multipliés depuis quelques années, et plusieurs formules existent désormais: dans le moyeu arrière, dans l’axe du pédalier, sur les manivelles et dans les pédales.

L’avantage d’un capteur de puissance dans les pédales est évidemment la facilité d’installation et de permutation sur divers vélos. Très pratique si vous avez un vélo de route et de chrono!

À ce jour, seules les pédales Garmin Vector 3 offraient une bonne précision de mesure, avec une pédale qui demeurait ergonomiquement intéressante.

Un nouveau concurrent arrive, pas tout à fait nouveau en fait: SRM et Look se sont associés pour créer la pédale Exakt, qui peut être utilisée avec l’unité PC8 de SRM.

Légère, gageons que cette pédale, disponible à partir du 1er juillet prochain, offrira un niveau de précision digne de la réputation de SRM, les pionniers dans les capteurs de puissance pour le cyclisme. Une première présentation de cet outil est disponible sur l’excellent site Matos Vélo.

L’autonomie de la batterie est dans les deux cas comparable: environ 100 à 120h d’utilisation. Les deux pédales sont compatibles ANT+ et Bluetooth bien évidemment.

Chez Garmin, les deux pédales possèdent leur capteur de puissance. Chez SRM-Look, on donnera le choix: une seule, ou les deux.

Les Garmin se détaillent 1300$CAN environ. On annonce les SRM-Look double mesure à 1400 euros, soit un peu plus chers que la concurrence immédiate. Il faudra voir à quel point la précision de la mesure diffère… et gageons que des sites comme DCRainMaker se feront un plaisir de nous instruire à ce chapitre prochainement!

Pédale Garmin

Pédale Look-SRM

GP du Nordet: une édition difficile

Ca a roulé vite hier chez les M2 au GP du Nordet!

Toujours une si belle course que j’aime beaucoup, sur un parcours usant qui assure toujours une sélection par l’arrière. En gros, pas besoin d’attaquer: les gars lâchent les uns après les autres, au rythme des côtes qui se succèdent sans répit.

J’ai été surpris de ne voir qu’environ 70 coureurs au départ, bien loin des… 140 M2 qui s’étaient présentés au GP de Contrecoeur il y a quelques semaines… Le Nordet vous ferait-il peur les boys?!

Le vent difficile à gérer a compliqué les choses par moment, comme quelques coureurs qui s’étaient de toute évidence mis en tête de durcir la course dans chaque ascension. C’est pas compliqué, j’ai mes « personal best » dans toutes les côtes, à ma 4e participation! Le premier aller-retour en particulier a été difficile à encaisser, des coups de butoir étant donné dans toutes les côtes. À la longue, ca use les jambes!!!

Du coup, c’est une quarantaine de coureurs déjà bien rincés qui se sont présentés au pied du juge de paix, cette côte difficile au km 95. Sous un forcing impressionnant de mon coéquipier Martin, 7 coureurs se sont dégagés sur le haut. Pas de panique, je suis juste 40m derrière, et ça va rentrer.

Ben non, pour la première fois, c’est pas rentré. On ne les a jamais revu, malgré les efforts sympathiques de Pierre Boilard qui essayait tant bien que mal d’organiser notre petit groupe de chasse composé d’une petite 20aine de coureurs. Nous n’étions pourtant pas loin des 7 fuyards devant! J’ai pris plusieurs relais, on ne peut pas en dire autant de plusieurs autres coureurs de mon groupe, comme d’hab.

C’est un coureur d’Ottawa qui gagne en faisant un… Froome de lui, s’échappant de l’échappée (vous suivez?) à 3-4 kms de l’arrivée au profit d’une… descente! Je fais pour ma part 5-6e du sprint pour la 6e ou 7e place. Merde, encore entre la 10e et la 15e place sur cette course, ca devient vraiment fâchant… Chose certaine, on était tous pas mal rincés à l’arrivée!!!

Chapeau bien bas également à Bruno Langlois qui a gagné solo chez les Séniors 1-2, mouchant du coup l’équipe Silber au complet, excusez-un-peu. Putain, ce mec est un guerrier incroyable! Si j’avais été coureur cycliste, j’aurais aimé être comme Bruno Langlois, que je ne connais par ailleurs pas. Mais immense respect pour ce champion extraordinaire, qui a gagné hier pour la 3e année de suite je pense. Le Nordet, ca appartient à Bruno!

Bref, une autre très belle édition sous le soleil, grâce à une organisation bien rodée et efficace. Merci au sympathique speaker de l’événement, qui a encore cette année fait une super-job! Super-course, très dure certes, mais tellement l’fun et intéressante. De ces courses qui imposent un respect parmi tous les coureurs qui en terminent avec ce monstre!

Dauphiné Libéré: ca sera sans répit!

La 70e édition du Critérium du Dauphiné Libéré s’élance ce dimanche depuis Valence.

Ce sera un bon test en vue du prochain Tour de France tant le parcours cette année n’offre aucun répit!

On y trouve en effet sept étapes et un prologue. Aucune étape n’est vraiment plate, c’est accidenté tout le temps, et le chrono par équipe sur 35 bornes lors de la 3e étape est un exercice intéressant, car collectif. Après ce chrono, quatre étapes de montagne, jamais très longues et donc propices à une course de mouvement, une course ouverte. Je pense que la course sera difficile à contrôler pour une seule équipe! Ca sera usant, piégeux, le maillot jaune ne sera jamais vraiment tranquille sur aucune étape.

Les deux dernières étapes, en particulier, favoriseront les grimpeurs. La course se jouera probablement là.

Les favoris

Sur le papier, ils sont plusieurs à pouvoir nourrir des ambitions sur ce Dauphiné.

On pense d’abord à Vicenzo Nibali, qui sort de deux semaines sur le Mont Teide à Ténérife pour préparer son principal objectif cette saison, le Tour de France.

On pense à Romain Bardet, à Warren Barguil et à Tony Gallopin, trois Français qui eux-aussi ont des ambitions sur le Tour, bien que pour Gallopin ca ne soit pas le général.

Dan Martin et Geraint Thomas sont aussi des coureurs qui peuvent s’imposer sur cette course, aucun doute là-dessus. Martin était un peu court sur les Ardennaises, a-t-il progressé ces dernières semaines?

Il sera également intéressant de suivre Julian Alaphilippe, qui sait qu’il peut gagner des courses par étapes d’une semaine. Pour lui, ca se jouera lors des deux dernières étapes.

Marc Soler est peut-être l’outsider #1, attention à lui car un sacré bon grimpeur, qui sait aussi rouler contre le chrono.

Je vois enfin un Adam Yates, dont les chiffres de puissance étaient impressionnants il y a peu, ou un Ilnur Zakarin bien faire durant ce Dauphiné.

Ca fait quand même pas mal de beau monde!

Et chez les baroudeurs, prévoyez une longue échappée de Thomas DeGent, il nous fera assurément le coup cette fois-ci encore!

Les Canadiens

Ils sont deux au départ, deux Québécois: Hugo Houle et Antoine Duchesne.

Accident dans le Parc: espérons du jugement

Les promenades du Parc de la Gatineau sont ouvertes à la circulation automobile depuis le 18 mai dernier.

12 jours.

Il n’aura fallu que 12 jours pour qu’un drame se produise: deux jeunes adultes (20 ans) se sont tués mardi soir près de 23:45 lorsque leur voiture a fait une violente sortie de route, pour finir sa course dans le bois, contre des arbres.

Imaginez la vitesse…

Du coup, tous les bien-pensants y vont de leurs analyses autant dans les médias traditionnels que sur les médias sociaux. Le médiocre côtoie la connerie… et on a évidemment mis dans le coup des cyclistes, leur demandant si le Parc était dangereux. Évidemment, de part leurs réponses (bien sûr qu’il est dangereux), les cyclistes se mettront encore davantage à dos une partie de la population (surtout celle qui conduit des F150), exacerbant les tensions déjà grandissantes entre automobilistes et cyclistes.

De mon côté, j’ai une réelle inquiétude. Elle concerne le jugement. Que voulez-vous, beaucoup de nos semblables humains en ont très peu.

Car évidemment, qu’est ce qui va se passer? Il y a fort à parier que la présence policière sera très renforcée dans le Parc au cours des prochains jours et semaines, et que ces policiers s’attaqueront autant aux automobilistes qu’aux cyclistes.

C’est là que ça risque de déraper. Les cyclistes paieront pour cet accident malheureux qui n’a pourtant rien à voir avec eux.

Parce que deux cyclistes qui roulent côte à côte, ça n’a à peu près jamais conduit à deux morts sur le coup…

Il est autrement plus dangereux de conduire à tombeau ouvert un véhicule de plusieurs centaines de kilos dans le Parc de la Gatineau – un parcours sinueux, avec une visibilité parfois réduite – que de rouler à vélo à 30km/h deux par deux…

Certes, il faut partager la route entre automobilistes et cyclistes, et il faut que chacun respecte le code de la route. Mais il m’apparait autrement plus important de mettre un terme à ces courses de voitures et de motos bien connues dans le Parc que de s’attaquer aux autres usagers paisibles qui viennent se mettre en forme dans le Parc.

D’autres solutions sont-elles envisageables, comme de fermer aux voitures et motos la route du Parc le soir après une certaine heure? Tout est possible bien sûr, mais il faut voir à l’intérêt de la majorité. L’exemple malheureux du circuit du Centre Asticou est là pour nous rappeler que les solutions extrêmes briment surtout une vaste majorité d’utilisateurs pourtant paisibles et qui ne veulent qu’utiliser un endroit pour se mettre en forme…

Marc Kluszczynski: les questions du Giro

Je publie aujourd’hui cet excellent article que m’a fait parvenir mon ami Marc Kluszczynski à propos du récent Giro. À noter que j’ai écrit mon article d’hier sans avoir pris connaissance du sien, même s’il m’était parvenu avant-hier. Marc et moi nous posons les mêmes questions à propos de ce Giro, et Marc en pose quelques unes de plus qui sont très intéressantes, notamment à propos de la Bahrain et de Michelton-Scott.

Les questions du Giro, par Marc Kluszczynski

Chris Froome (Sky) a accumulé des milliers de kilomètres cet hiver en Afrique du Sud (on parle de 8000 km). L’anglais base sa saison sur le doublé Giro-TdF, alors que les juristes palabrent pour résoudre son cas positif au salbutamol lors de la 18èmeétape de la Vuelta 2017. Le salbutamol étant classé substance spécifiée, le code mondial antidopage ne lui impose pas une suspension immédiate : on ne remettra pas ce point en cause. David Lappartient, président de l’UCI, lui, l’a fait maladroitement et doutait fin mai que le cas Froome ne soit résolu avant le départ du TdF le 7 juillet. On voit mal Christian Prudhomme, directeur du TdF, interdire le départ à l’anglais, comme il l’avait fait pour Tom Boonen, positif à la cocaïne en 2008. Prudhomme s’exposerait à la lourde machine judiciaire de l’équipe Sky, qui actuellement n’hésite pas à remettre en cause le dosage du salbutamol et les procédures de l’AMA. Si l’AMA plie, c’est la honte pour elle. On se dirige vers l’intervention du TAS… à l’automne?

Froome a donc commencé sa saison mollement : trois compétitions de préparation aux résultats ternes : 10èmeà la Ruta del Sol ou Tour de l’Andalousie, 34èmeà Tirreno-Adriatico et 4èmeau Tour des Alpes remporté par Thibaut Pinot (en forme trop tôt). Au bout des deux premières semaines du Giro, nombreux sont ceux qui pensaient que Froome n’était plus en mesure de l’emporter. Il s’était fait distancer d’une 1 min 07 dans les deux derniers kilomètres de l’ascension du Grand Sasso (9èmeétape du 13 mai) par Simon Yates et Esteban Chaves (Mitchelton-Scott). Il ne sera que 5èmedu CLM du 22 mai (16èmeétape) à 35 sec de Rohann Dennis. Mais il avait remporté l’étape du Zoncolan (14èmeétape du 19 mai) où sa puissance avait été estimée à 6 W/kg (rien d’extraordinaire), avant de perdre 1 min 32 sur Yates le lendemain dans la 15èmeétape de la Sappada. Froome cumulait 3 min 50 de retard sur Yates avant la 3èmesemaine décisive avec ses trois étapes de montagne.

Suite à ses performances en dent de scie lors des deux premières semaines, et son explosivité perdue, on ne donnait pas cher de sa peau pour la victoire finale. A la question des journalistes s’il prenait encore du salbutamol, il expliquera que son dossier médical ne regardait que lui. Mais Eusebio Unzué, DS de la Movistar, avait pourtant prévenu : Froome sera présent en 3èmesemaine. Lors de la 19èmeétape de Bardonèche le 25 mai, Chris Froome démarre à 80 km de l’arrivée dans le 2èmetronçon non goudronné du Colle del Finestre, mais nettoyé et nivelé par les services de l’équipement italiens. Yates craquait et se prenait 38 min à Jafferau. Il endossera le maillot rose à Jafferau. Nombreux sont ceux qui comparait le démarrage de Froome à celui de Floyd Landis dans le TdF 2006.

Landis, dans l’étape de Morzine comportant 5 cols, s’était échappé dès le départ et avait effectué 150 km en tête. Il se replaçait au général, gagnant 6 minutes sur ses rivaux, alors qu’il en avait perdu 10 la veille. Mais il sera contrôlé positif à la testostérone, ayant peut-être bénéficié d’une transfusion de sang contaminé par un ancien dopage hivernal. On comparait encore Froome à Pantani dans le Galibier en 1998, ou à Michael Rasmussen dans l’étape de Tignes en 2007. L’échappée de Froome ne comptait que 34 km de montée. La montée de Sestrières s’est effectuée par vent arrière. Le tronçon Cesana-Oulx, par vent de face, mais c’est descendant. Un bon vent arrière souffle d’Oulx à Bardonèche. L’équipe Sky est équipée d’une voiture station météo (si, si, demandez à Dave Brailsford !) qui renseigne le coureur sur la faisabilité des échappées et la qualité du goudron. La performance de Froome, coureur le plus expérimenté sur ce Giro avec 9 podiums sur les grands Tours, paraît crédible, surtout qu’à l’arrière les poursuivants attendaient le suisse de la FdJ (Sébastien Reichenbach) qui descendait comme une vieille dans le Finestre, et les deux sud-américains Miguel Angel Lopez (Astana) et Richard Carapaz (Movistar) ne voulant pas collaborer. Froome a d’ailleurs pris des risques dans cette descente du Finestre. Durant ses 80 km d’échappée, il gagnera du temps en descente, et se fera rattraper en montée.

On notera plusieurs défaillances sur ce Giro ; en premier lieu celle de Simon Yates lors de cette 19èmeétape. Yates, qui ne compte qu’une 6èmeplace à la Vuelta 2016 et une 7èmeau TdF 2017 ; puis celle de Domenico Pozzovivo qui pointera à 8 min 27 à Jafferau. Thibaut Pinot abandonnera le lendemain, épuisé. Seul Tom Dumoulin, second au général, se bonifiera au cours du Giro, comme Froome. Dumoulin a calqué sa saison sur Froome, caractérisée par une absence des classements.

Froome, devenu la bête noire en France, focalise toutes les critiques, de plus en plus agressives.

On se posera d’autres questions sur d’autres équipes.

Chez Bahraïn-Merida, il se passe des choses curieuses. Pozzovivo, chez AG2R-La Mondiale de 2013 à 2017 où il n’avait pas connu de grande réussite, se remet à marcher. Lors du CLM inaugural à Jérusalem, le petit grimpeur se classe 10èmedans le même temps que Tony Martin ! Toujours bien placé dans les 15 premiers jours de compétition, il coincera dans la 19èmeétape. Le slovène de l’équipe, Matej Mohoric (CM junior à Valkenburg en 2012), gagne la 10èmeétape le 15 mai. Après Tadej Valjavec, suspendu 2 ans en 2011 pour anomalies de son PS, revoilà le cyclisme slovène ! Primoz Roglic (Lotto Soudal) a gagné les Tours de Romandie et du Pays Basque cette année.

La grande question, c’est à l’équipe Mitchelton-Scott qu’on la posera. Esteban Chaves (1erlors de l’ascension de l’Etna et 3èmeau Grand Sasso) se prendra 25 min lors de la 10èmeétape. Que s’est-il passé lors du 2èmejour de repos le 14 mai ? Son DS, Matt White, n’a pas d’explication à fournir. Chaves, bloqué, a roulé comme un boxeur qui accepte le KO d’entrée lors d’un combat truqué. Et les frères Yates carburent tous les deux en même temps. Simon était imbattable durant deux semaines sur ce Giro et Adam rivalisait avec Egan Bernal sur le Tour de Californie. Simon Yates avait été suspendu 4 mois en 2016 pour contrôle positif à la terbutaline, un bronchodilatateur interdit, mais on en parle plus. Matt White, ancien dopé de l’US Postal et suivi par le Dr Luis Garcia del Moral, ne nous a pas convaincu avec l’hypothèse de maux de gorge et d’allergie chez Chaves.

Et comme d’habitude, les chaudières de Giani Savio étaient bien présentes aux avant-postes lors de ce Giro.

On a jamais eu autant l’impression cette année que le Giro se jouait en coulisses.

Giro: à n’y rien comprendre

Le cyclisme est un sport dur, où on n’improvise habituellement pas. On voit venir les grands champions de loin, comme on voit venir les hommes en forme.

Et pourtant, sur ce Giro, j’ai bien du mal à comprendre ce que j’y ai vu. Et encore moins vous l’expliquer!

Par exemple la performance de Fabio Aru sur le chrono, le lendemain du… jour de repos. Un grimpeur qui bat des gros rouleurs et qui termine à une poignée de secondes de Dumoulin – le champion du monde en titre – sur un chrono de 35 bornes tout plat, je ne comprends pas. Et je comprends encore moins comment il a pu être si mal juste après pour être contraint à l’abandon…

Je m’explique mal le regain d’énergie de Chris Froome en troisième semaine, lui qui n’était nulle part en première semaine, ayant même été distancé par les autres favoris sur les pentes du GranSasso. À partir du Zoncolan, tout a changé… y’a pas à dire, Froome récupère vraiment très, très bien de ses efforts.

Je n’explique pas la défaillance soudaine de Simon Yates, intouchable durant deux semaines et qui perd tout en une seule ascension. On avait peut-être pas vu ca depuis un coureur comme Bugno au début des années 1990.

Je n’explique pas la soudaine défaillance d’Esteban Chaves. Ou de Domenico Pozzovivo.

Et je ne mets pas dans ce panier celle de Thibault Pinot, car cette défaillance-là est explicable: il était fiévreux et déshydraté, la faute à une infection aux poumons diagnostiquée plus tard à l’hôpital. Là, je comprend.

Évidemment, on ne peut exclure des hypothèses comme les auto-transfusions lors des jours de repos, et qui pourraient expliquer les soudains regains de forme incroyables auxquels nous avons assisté. Le cyclisme nous a malheureusement prouvé depuis 20 ans qu’il faut toujours se garder une petite gêne…

La meilleure? C’est qu’on n’est même pas sûr du vainqueur de ce Giro! Si Froome devait être suspendu rétroactivement suite à son contrôle positif au Salbutamol lors de la dernière Vuelta, il pourrait bien perdre son titre sur ce Giro, au profit de Dumoulin.

Le sport cycliste en est rendu là: un vrai cirque. On a peut-être couronné dimanche à Rome un coureur qui sera très bientôt suspendu pour dopage… et qui perdra son titre. Du coup, on aura aussi volé Tom Dumoulin d’une victoire à Rome dimanche dernier. On rit jaune… mais certainement pas rose!

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