Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 53 of 352

112e Tour de Lombardie

Samedi, Messieurs les coureurs s’élanceront dans la dernière grande course de la saison, le Tour de Lombardie, dans une région – Côme et son lac – vraiment magnifique.

Au menu, 241kms entre Bergame et Côme, avec les grandes difficultés concentrées dans les derniers 70kms de l’épreuve.

Ca sera d’abord la montée de la Madonna del Ghisallo, puis l’approche et enfin le fameux Mur de Sormano, une redoutable pente de 1,7km à 15% de moyenne avec des passages à… 27%, pour ensuite filer sur le bord du lac et se taper une dernière ascension au dessus de Côme, le Civiglio. On revient ensuite dans Côme pour l’arrivée.

Le Mur sera donc une phase cruciale de course qui devrait permettre à un petit groupe de s’extraire pour la victoire finale. Ca pourrait toutefois se jouer dans le Civiglio comme l’an dernier.

Pour la petite histoire, c’est Thibault Pinot qui détient actuellement (et depuis 2015) le KOM sur le Mur de Sormano dans Strava, 8min27. On verra samedi si ce temps est battu.

Côté météo, on annonce beau et assez chaud samedi, de bonnes conditions pour les coureurs… et qui fera de la course une sélection par l’avant très certainement.

Les favoris

Justement, Thibault Pinot qui vient de s’imposer au sommet de Superga sur Milan-Turin. De toute évidence, le Français a fait de la Lombardie son grand objectif de fin de saison, et le parcours lui convient bien (il avait terminé 3e de l’épreuve en 2015). Il pourra certainement compter sur David Gaudu pour l’épauler dans le final.

Vicenzo Nibali. En net progrès depuis les Mondiaux, le Requin de Messine a progressivement joué la gagne sur les semi-classiques italiennes des derniers jours. Vainqueur sortant, il est agressif en course et sera assurément dans le final, bien épaulé par ses équipiers Pozzovivo et Pellizotti. La Bahrain-Merida a un coup à jouer!

Alessandro Valverde. Comment ne pas mettre le récent champion du monde parmi la courte liste des grands favoris? Il a joué la gagne plus tôt cette semaine sur Milan-Turin (3e)… mais n’a jamais gagné la Lombardie (2 fois 2e).

Romain Bardet. S’il s’est reposé un peu cette semaine, le coureur français est lui aussi en excellente condition et peut s’imposer samedi.

Rigoberto Uran et Mike Woods. L’équipe Education First a un gros coup à jouer samedi avec ces deux coureurs en grande condition. Ils ont été de tous les finals sur les semi-classiques italiennes, et le Mur de Sormano convient tout particulièrement bien à Woods, dont le rapport poids-puissance doit être redoutable en ce moment. S’il devait partir de là avec un Pinot ou un Bardet par exemple, ca pourrait être bon!

Primoz Roglic et Steven Kruijswijk. Les deux coureurs Lotto-Jumbo sont sur leur faim depuis les Mondiaux et voudront se reprendre en Lombardie. Excellents grimpeurs, bons rouleurs, ils peuvent s’imposer. Attention cependant à Roglic, qui offre parfois des performances douteuses…

Egan Bernal et Gianni Moscon. Les deux coureurs Sky ont aussi une belle complémentarité. La condition de Bernal est en hausse et il sera présent dans le Mur de Sormano (avec Woods?). S’il passe le Mur, Moscon sera un sacré client pour la suite du parcours jusqu’à l’arrivée.

Les outsiders, des coureurs en forme en ce moment: Bauke Mollema, Wilco Kelderman, les frères Yates, Tim Wellens, Tiej Benoot, Rafal Majka, Dylan Teuns et Tom Skujins. 

Les inscrits sont ici.

On peut s’abonner à La Flamme Rouge

En attendant un article demain sur le Tour de Lombardie, dernier grand rendez-vous de la saison 2018, une petite annonce et qui fait suite à de nombreuses demandes reçues de votre part au cours des derniers mois: on peut désormais s’abonner à La Flamme Rouge et recevoir une notification par courriel dès qu’un nouvel article est disponible sur ce site.

C’est à droite, ci-contre.

J’espère que l’ajout sera pratique pour vous, en attendant une refonte plus en profondeur de ce site…

Radio Bidon #13

C’est toujours excellent, c’est Radio Bidon. Cette fois-ci, des interviews avec des acteurs canadiens des derniers Mondiaux, Simone Boilard et Mike Woods.

À ne pas manquer.

Merci à Charles Ostiguy et son équipe pour cette initiative tellement rafraichissante!

Paris-Tours: ca sera intéressant!

On court dimanche la… 112e édition de Paris-Tours, qui se dispute depuis des années le surnom de « course aux feuilles mortes » avec le Tour de Lombardie.

Réglons ca tout de suite: pour moi, pas de doute: la « course aux feuilles mortes« , c’est la Lombardie. Case closed.

Habituellement, je ne me passionne pas vraiment pour cette course qui, une fois sur deux, couronne un sprinter. Au mieux, ca faisait de belles photos du peloton qui passe devant deux ou trois chasseurs dans les champs de la Beauce!

Mais ca sera probablement différent cette année.

Signe des temps, les organisateurs s’inquiètent assurément de la baisse de popularité du cyclisme et ont donc revu le final de la course, dans le but évident d’ouvrir la course à des attaques de baroudeurs, question de faire une fin de course plus intéressante, plus imprévisible.

On a d’abord réduit la distance totale à 215kms, comparé à 234 en 2017.

On a ensuite introduit 12,5km de « chemins de vigne » et 7 côtes additionnelles dans les 60 derniers kilomètres, afin de produire une course de mouvement.

Qu’est ce qu’un « chemin de vigne »? C’est un chemin étroit serpentant entre des vignobles (dimanche, ceux de Vouvray, une appellation que je chéris tout particulièrement, miam!) et présentant souvent des changements brusques de dénivelé.

Voilà qui sera propice à lancer des attaques, le peloton perdant rapidement les fuyards de vue.

La dernière bosse, la côte de Rochecorbon, intervient à 10 bornes de l’arrivée.

Bref, ca sera nettement plus compliqué pour les sprinters cette année…

Les favoris

Je donne favoris des puncheurs-baroudeurs capables d’enrouler du braquet, mais aussi de passer des bosses courtes et pentues. Et ayant une petite pointe de vitesse!

Chez Quick Step, Philippe Gilbert et Yves Lampaert ont un bon coup à jouer. Attention également à Niki Terpstra, même si on ignore sa condition actuelle.

Simon Geschke (Sunweb) m’a surpris sur les Mondiaux, étant présent très loin dans la course. Attention à lui.

Olivier Naasen ne devrait pas être loin du compte non plus.

Arnaud Démare représente une excellente chance française sur un tel parcours.

Si ca arrive quand même au sprint, Dylan Groenewegen sera un sérieux client pour Demare.

Et j’ose ajouter à cette liste le Québécois Guillaume Boivin chez Israel Academy, qui a une excellente condition actuellement. Guillaume peut gagner cette course, il faut y croire! Un autre Québécois sera présent, Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ.

Un plateau plus intéressant en Italie

Le plateau de Paris-Tours est quand même un peu décevant. C’est que les meilleurs coureurs sont actuellement en Italie, sur une succession de courses de fin de saison culminant avec le Giro di Lombardia le 13 octobre prochain: Giro dell’ Emilia (samedi), Tre Valli Varesine (le 9), Milano-Turino (le 10) et Gran Piemonte (le 11).

Barguil, une année à oublier

Le journal L’Équipe proposait hier sur son site un reportage intitulé « Warren Barguil, l’année loupée ». N’ayant pas accès au contenu réservé aux abonnés, je n’ai pas pu lire l’article.

Mais force est de constater qu’en effet, Barguil a eu une saison assez moyenne en 2018. Son dernier fait d’arme remonte à dimanche dernier lors des Mondiaux d’Innsbruck, où il a abandonné assez tôt dans la course après avoir été pris dans une chute. À sa décharge cependant, Barguil n’était initialement pas prévu en Équipe de France, donc n’avait peut-être pas préparé cette course avec toute la rigueur nécessaire.

D’autres résultats de Barguil cette saison: 17e de Paris-Nice, 15e du Tour de Catalogne, 45e de la Flèche Wallonne, 53e de Liège-Bastogne-Liège, 19e du Dauphiné, 17e du Tour de France… Son seul fait d’arme cette saison est probablement sa 3e place acquise sur le Grand Prix de Wallonie le 12 septembre dernier.

Je suis de ceux qui se sont surpris à l’intersaison l’an dernier de voir Barguil quitter une « grosse » formation WorldTour comme la SunWeb et ses grands leaders dont Dumoulin pour la petite équipe française Fortuneo-Samsic.

Ceci peut-il expliquer cela?

Il est clair que Barguil porte sur ses épaules la formation Fortuneo-Samsic, exempte de grands leaders à part lui. Il a donc davantage de responsabilités que lorsqu’il était à la SunWeb où un coureur comme Dumoulin pouvait le décharger significativement de cette pression.

Il a probablement dû s’impliquer davantage dans les choix de l’équipe également, ce qui coûte en énergie et en… tracas. Je pense ici par exemple à l’histoire du changement d’équipementier de vélos deux semaines avant le Tour, de Look à BH. Apparemment, Barguil n’était pas satisfait des vélos Look… je ne peux pas croire que ca n’a pas perturbé sa préparation.

Une plus petite structure veut également dire moins de gros moyens pour tous les à-côtés du cyclisme: diététique, soins divers, tests de matériel, tous ces « marginal gains » sur lesquels de grosses écuries comme Sky, BMC, Quick Step ou d’autres misent.

Bref, Barguil a peut-être eu la tête « encombrée » en 2018 par des éléments autres que le seul fait de pédaler sur son vélo. La joie de retrouver ses terres bretonnes n’a probablement pas compensé suffisamment pour ces tracas additionnels.

Je suis activement le cyclisme depuis 1983, et j’ai vu beaucoup de grands coureurs qui, après une année de grands succès, ont opté pour des équipes moins aguerries ou émergentes, un choix évidemment souvent compensé par une rallonge salariale. Stephen Roche en 1988 avec Fagor en est un exemple éloquent, mais aussi Luc Leblanc chez Le Groupement en 1995, et d’autres encore.

L’histoire m’a prouvé que c’est là un pari souvent risqué, rarement payant. Barguil est peut-être l’exemple le plus récent de cette série malheureuse.

Les meilleurs Mondiaux du Canada

Quatrième.

Le Canada a terminé 4e au classement des nations lors des Championnats du monde d’Innsbruck, derrière les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique.

Mais devant la France, l’Espagne, l’Australie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, des nations qui ont une tradition cycliste de longue date, ou qui ont connu de grands succès au cours des dernières années.

Sans l’ombre d’un doute, l’équipe du Canada a connu les meilleurs Mondiaux de son histoire. Et ca fait rudement plaisir! De là cependant à conclure que Cyclisme Canada a quoi que ce soit à voir là-dedans, je garderais une petite gêne…

Boilard donne le ton

On dirait que l’équipe du Canada a été d’entrée placée en confiance avec les performances inspirantes offertes par la jeune Simone Boilard, 5e du chrono puis 3e de la course sur route chez les juniors.

Les belles performances se sont ensuite enchainées, comme si Simone avait donné le ton!

Leah Kirchmann et Karol-Ann Canuel terminaient respectivement 4e (à une seconde du podium!) et 8e du chrono élite chez les femmes le lendemain.

Nickolas Zukowsky animait ensuite la course sur route des U23 avec une longue échappée ou il a fait brillé le maillot de l’équipe canadienne.

Karol-Ann Canuel remettait ça en étant présente dans le final de la course sur route des femmes, et terminant à une belle 6e place après avoir chassé derrière l’Italienne qui terminait 3e. Il n’a pas manqué grand chose pour un grand résultat.

L’équipe du Canada terminait dimanche en apothéose avec la troisième place de la course sur route pour Mike Woods d’Ottawa, derrière Valverde et Bardet, excusez-un-peu. Et plus tôt dans la course, Rob Britton animait longtemps la course en étant devant dans l’échappée, permettant à Woods d’adopter une position de force.

Quelle semaine d’équipe Canada! De quoi être vraiment très fier de tous ces coureurs inspirants. Il y a peut-être seulement chez les juniors hommes que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Mike Woods le plus fort?

Je vous avais dit de ne pas manquer cette course sur route des Mondiaux d’Innsbruck, on n’a pas été déçu tant la course a été enlevante sur un parcours vraiment très sélectif.

Dans les 50 derniers kms, ca a attaqué de tous les côtés, c’était vraiment un beau spectacle.

Plaçée favorite, l’équipe de France a bien joué ses cartes selon moi, travaillant lorsqu’il le fallait (notamment Molard et Gallopin) tout en dévoilant ses cartes maitresse qu’à la toute fin. Dans le mur d’Innsbruck, ils étaient trois devant, les trois qu’on attendait: Pinot, Bardet et Alaphilippe. Là, on se disait bien que ce dernier serait difficile à battre.

Ben non, Alaphilippe a manqué de jambes. Ca arrive, c’est la course! Bardet a eu le bon réflexe, prenant la course en main pour l’équipe de France. Pas de regrets à avoir. Pinot est-il parti trop vite au pied de la bosse? Je ne crois pas, s’il ne l’avait pas fait, c’est Woods qui l’aurait fait…

En tout cas, Cyrille Guimard le sélectionneur général peut être satisfait selon moi, il a bien joué les cartes, en fin stratège qu’il est.

Dans ce mur, l’invité surprise a bien sûr été le Canadien Mike Woods. Je suis d’avis qu’il était le plus fort dans ce raidard, faisant même craquer Moscon à la pédale. Valverde était au métier, c’est clair que l’Espagnol a très bien géré cette montée, sans jamais s’affoler, avec toute son expérience. Il savait que s’il restait au contact jusqu’au sommet, c’était probablement gagné pour lui.

Woods a lui-aussi bien géré cette montée, imposant son rythme, le plus rapide possible pour ne pas épargner personne. C’était lui le plus fort selon moi durant cette ascension parfaitement adaptée à ses qualités, il était plus fort que Bardet qu’on a cru voir au seuil de rupture à quelques occasions sur la 2e partie de l’ascension. Si l’arrivée avait été en haut, Woods serait probablement champion du monde aujourd’hui!

Pour tout vous dire, je pense que ca s’est peut-être joué à la cadence, donc à la cassette installée sur les vélos. Bardet, Woods et Valverde semblaient pouvoir mieux tourner les jambes qu’un Valgren ou d’autres. Certaines équipes auraient-elles fait des erreurs en sous-estimant la difficulté de la pente, abordée après 255 kilomètres d’une course usante? J’aurais bien aimé en savoir davantage sur les braquets utilisés!

Et je n’ai pas compris le pétard mouillé de Bardet une fois les gros pourcentages passés, tout en haut de la bosse finale: qu’espérait-il à ce moment? Larguer Valverde? Il fallait le faire dans le secteur où Moscon avait capitulé, dans les gros pourcentages ou il avait justement un braquet souple.

Une fois dans la descente, c’était plié, Valverde n’allait pas rater pareille occasion. Woods et Bardet ont peut-être fait l’erreur de relayer l’Espagnol: ce n’était pas nécessaire. Meilleur sprinter des trois, c’était à Valverde de rouler pour éviter le retour de Dumoulin et de Moscon (le retour de Moscon aurait causé un gros problème à l’Espagnol). Woods et Bardet ont probablement été motivé par l’idée de préserver leur place sur le podium, on ne peut pas leur en vouloir à ce niveau, compte tenu des enjeux et de la valeur d’une place sur un tel podium.

Valverde est devenu hier le 2e plus âgé champion du monde derrière le néerlandais Joop Zoetemelk couronné en 1985. Six fois sur le podium de la course sur route des Mondiaux dans sa carrière, c’est dire si ce coureur voulait un titre de champion du monde à son palmarès déjà impressionnant, avec notamment quatre Liège-Bastogne-Liège. Présent à l’année, gagnant aussi bien en février à Majorque qu’en octobre sur les Mondiaux, je pense qu’il fera un beau champion du monde en 2019… à la nuance près que dans son cas, le petit doute sera toujours présent, en raison de Puerto…

Pour le reste, les équipes belges, polonaises et colombiennes ont bien déçu, étant incapables de vraiment peser sur la course lorsqu’il le fallait. Kwiatlowski a créé la première grosse surprise de la course en étant lâché avant le final, tout comme Dan Martin. Wellens, Benoot sont aussi passés à travers, comme Uran et Quintana. Sagan? Je vous avais dit qu’il ne tiendrait pas sur un tel parcours. Et je n’ai pas trop apprécié sa présence sur le podium par la suite, poussant même le bouchon à passer lui-même la médaille autour du cou de Valverde. Sagan n’avait rien à faire sur ce podium, la gloire et la visibilité étaient à ce moment uniquement pour les trois lauréats.

Les équipes italiennes, néerlandaises, danoises et anglaises ont joué leurs cartes correctement, sans pouvoir obtenir un grand résultat. Moscon a été placé pour jouer le titre dans les derniers kilomètres, tout comme Dumoulin ou Valgren. Les frères Yates ont manqué de jambes dans le dernier mur, comme Alaphilippe, après un gros travail de l’équipe anglaise à plusieurs reprises durant la course. Rien à redire dans leur cas.

Espérons que la plupart de tout ce beau monde se retrouvera dans 10 jours sur le Tour de Lombardie, notamment Mike Woods, Vicenzo Nibali, les Français Bardet, Pinot et Alaphilippe, Valverde bien sûr, Moscon… ca pourrait nous faire une course vraiment intéressante!

Et l’an prochain, place aux Mondiaux dans le Yorkshire au Royaume-Uni, sur un parcours moins dur qu’Innsbruck mais présentant quand même un certain niveau de difficulté, notamment une longueur inhabituelle: 285kms!

Mondiaux: la naissance de Remco Evenepoel

Remco Evenepoel:

Champion du monde sur route junior 2018.

Champion du monde chrono junior 2018.

Champion d’Europe sur route junior 2018.

Champion d’Europe chrono junior 2018.

Champion de Belgique sur route junior 2018.

Champion de Belgique chrono junior 2018.

Coureur cycliste depuis avril 2017.

Des questions ?

Remco Evenepoel (18 ans) a gagné hier la course sur route solo, avec près d’une minute 30sec d’avance sur le deuxième, qu’il a lâché au train sans se retourner, après avoir tiré un relais déjà interminable entre le 40e et le 30e kilomètre.

Et avant dans la course, il s’était retrouvé… 2 minutes derrière le peloton en raison d’un incident mécanique. Il a bouché le trou pour ainsi dire seul…

Et son temps au chrono lui aurait donné la… 4e place chez les U23, alors que les coureurs junior comme lui sont sur des braquets limités…

Il refuse d’être comparé à Eddy Merckx. Je ne vois pourtant que ça tant il est au-dessus du lot.

Comme disait Blondin: « Le problème avec Eddy Merckx (maintenant Remco Evenepoel), c’est que dans son cas, tout donner consiste à tout prendre…« .

Sera chez Quick Step en 2019. On n’a pas fini d’entendre parler de lui, c’est moi qui vous le dit! Absolument incroyable comme talent, comme génétique, comme VO2max très certainement, VO2max qui se bonifiera encore un peu… Un extraterrestre. Un vrai. Capable de rouler en tête et de lâcher tout le monde au train, sans se retourner. Jamais vu ça, depuis Merckx justement.

Boilard 3e sur route

Quant on connait le père, on devine la fille… Le talent de la Québécoise Simone Boilard ne fait aucun doute, à voir celui de son père avec qui j’ai le plaisir de courir de temps en temps, encore récemment aux Championnats provinciaux sur route à St-George de Beauce. Pierre est de ces coureurs que j’adore, volontaire, « vocal » durant les courses, toujours tellement gentil aussi… vraiment un coureur que j’aime voir et revoir.

Sa fille Simone a terminé 3e de la course sur route des femmes junior, une performance remarquable à ce niveau, après avoir terminé 5e du chrono il y a quelques jours, à une poignée de secondes du podium. Durant le chrono, des erreurs de trajectoire lui auraient couté cher… Pierre, faut revoir cela!

C’est pas compliqué, Simone Boilard est le plus grand talent en cyclisme sur route féminin depuis Lyne Bessette. Prochaine étape, la transition l’an prochain aux rangs séniors.

Les pros

Dimanche, ne manquez pas la course sur route chez les pros. Un grand spectacle en perspective.

Mon favori: Julian Alaphilippe.

Mais je redoute aussi Michal Kwiatlowski, 4e du chrono il y a quelques jours, une perf qui prouve qu’il est en grande condition.

Les Belges, les Néerlandais, les Colombiens, les Français devraient faire la course en tête.

Attention aux frères Yates également. Alessandro Valverde également, un sacré coureur, bourré d’expérience sur ce genre de course, qui devrait être lui aussi dans le final. Miguel Angel Lopez aussi, pourquoi pas? C’est un coureur en grande condition en ce moment.

Peter Sagan: désolé, je n’y crois pas. Le parcours est trop dur pour lui.

Pour les Canadiens, tous les yeux seront tournés vers Michael Woods, récent vainqueur d’une étape légendaire sur la Vuelta et 2e de Liège-Bastogne-Liège plus tôt cette saison. Woods a toutes  ses chances sur ce type de parcours usant, et il devrait encore être dans le coup à l’amorce du circuit final. Tout est possible, il faut y croire!!!

« Si on doit y arriver, on y arrivera… ensemble »

Au moment où je prends du recul par rapport à mon équipe cycliste, ce vidéo de Romain Bardet en préparation des Mondiaux d’Innsbruck me touche particulièrement: gagner ensemble.

Il n’y aura pas un, deux ou trois leaders en équipe de France dimanche prochain. Il y aura une bande de guerriers qui portent le même maillot et qui veulent le titre. Huit gars qui se préparent sérieusement depuis des semaines, huit gars qui font leurs devoirs en amont de la course, huit gars qui joueront le collectif, huit gars qui seront prêt à travailler pour celui qui aura les meilleures jambes dans le final. Parce que le succès d’un coureur sera celui d’une équipe, et d’une nation.

Inspirant! Ca s’annonce passionnant à Innsbruck, c’est moi qui vous le dit. Go France!!!

Même plus confiance dans l’AMA…

Seul, comme je me sens seul aujourd’hui. Je me pose même la question: est-ce que ca vaut la peine de continuer La Flamme Rouge dans ces conditions?

Depuis 15 ans sur ce site, je dénonce sans relâche le dopage dans le cyclisme, cette gangrène de notre sport qui lui fait perdre sa crédibilité, et qui vole les athlètes sains. Je continue de croire que plus on parle de dopage, plus il sera dénoncé, et plus d’athlètes le rejetteront.

Jusqu’ici, je me disais surtout que l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) travaillait aussi dans ce sens, pour la juste cause.

Et bien ce n’est même plus le cas…

Hier, l’AMA a réhabilité en son giron l’Agence russe antidopage (Rusada), reconnaissant par le fait même que cette dernière est de nouveau conforme à l’égard du code mondial antidopage.

Bref, la Russie est de retour!

Je suis écoeuré par cette décision. É-c-o-e-u-r-é.

La Russie n’a même pas reconnu les conclusions du rapport McLaren qui établissait clairement un dopage étatisé dans ce pays! La Russie ne s’est pas conformé non plus aux autres critères établis par l’AMA elle-même en 2015 lors de sa suspension, critères établissant les conditions de son retour. Et notamment l’accès, pour les autres labos, aux échantillons prélevés sur les athlètes russes entre 2011 et 2015.

En quoi croire aujourd’hui?

Fier du CCES

Partout toutefois, des voix s’élèvent pour dénoncer cette décision de l’AMA, que seule la corruption au sein des douze membres du jury ayant pris la décision peut expliquer.

Parmi ces voix, celle de Travis Tygart, directeur de l’Agence antidopage américaine (Usada) et grand pourfendeur de Lance Armstrong. Cette voix est forte, très forte, même à l’international.

Parmi ces voix également, celle de la Norvégienne Linda Helleland, vice-présidente de l’AMA, qui a donc fait preuve d’un grand courage pour aller contre la décision de sa propre organisation.  Elle a déclaré « Aujourd’hui, nous avons échoué à l’égard des sportifs honnêtes dans le monde. » Helleland était jusqu’ici perçue comme une candidate à la succession du britannique (tiens donc…) Craig Reedie, actuel président de l’agence. Faudra voir ce qui restera de sa candidature après ça…

Parmi ces voix, celle de Dominique Laurent, présidente de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), une agence qui a fait beaucoup contre le dopage dans le passé, avant de voir ses budgets – et donc son champ d’action – amputés.

Parmi ces voix, celle de Beckie Scott, l’ex-fondeuse canadienne, qui a eu l’immense courage de ses convictions en claquant la porte du Comité de révision de la conformité de l’AMA il y a cinq jours, ne pouvant pas supporter cette éventualité devenue aujourd’hui réalité. Beckie Scott sait de quoi elle parle, elle est devenue championne olympique en 2002 à Salt Lake City par… la poste, après la disqualification pour dopage de deux athlètes russes qui avaient terminé aux 1ere et 2e places de l’épreuve…

Enfin parmi ces voix, celle du Centre Canadien d’Éthique dans le Sport (CCES) dont je suis aujourd’hui très fier. Dans un premier temps, le CCES avait imploré l’AMA, il y a quelques jours, de reporter la prise d’une décision à l’égard de la Russie à plus tard cet automne.

Hier, le CCES a émis un autre communiqué courageux dénonçant cette décision. Le CCES écrit: « Il est temps pour tous ceux et celles qui croient aux valeurs du sport et qui les placent avant les intérêts politiques et économiques d’exiger publiquement une réforme du sport international. »

J’exige une réforme du sport international!

L’indépendance de l’AMA

Le premier item de cette réforme doit être une revue de l’indépendance de l’AMA. Financée en bonne partie par le CIO, le président de l’AMA étant lui-même membre du CIO, il est très clair que les problèmes partent de là. Je suis convaincu que la décision inexplicable d’hier découle en grande partie des liens existants entre CIO et AMA…

Il faut absolument et rapidement que l’AMA devienne un organisme totalement indépendant du CIO et des fédérations nationales.

Il faut également s’attaquer au financement de la lutte contre le dopage, les budgets ayant été réduits au cours des dernières années, malgré l’ampleur des crises, et notamment du scandale Lance Armstrong.

Il faudra enfin continuer de moderniser le code mondial antidopage, ceci afin de l’ajuster aux nouveaux produits d’une part, mais aussi aux nouvelles techniques d’autre part, notamment à l’égard des Autorisations pour Usage Thérapeutique (AUT). Pourquoi ne pas viser des percées, notamment à l’égard du passeport biologique étendu aux autres sports?

Je rejoins totalement Travis Tygart dans son communiqué hier: « The road to the new, stronger WADA must start now. And let’s be clear: absolutely nothing will be off the table for how we, the anti-doping community, begin the work of reforming WADA.”

L’Enfer d’Innsbruck

Trois grands tours, trois vainqueurs anglais différents…

Y’a pas à dire, le cyclisme anglais domine la scène des grands tours cette saison. Voyez un peu: Froome vainqueur du Giro en mai dernier, Thomas vainqueur du Tour de France en juillet dernier et maintenant Yates vainqueur de la Vuelta.

Y’a des époques, comme ça. Y’a eu le cyclisme italien au début des années 1990. Puis le cyclisme espagnol, notamment avec Indurain et Olano. Puis le cyclisme américain, Lance Armstrong en tête mais aussi Tyler Hamilton, George Hincapie, Floyd Landis et les autres. Depuis la fin des années 2000, c’est le cyclisme anglais qui domine, après des décennies de résultats minables.

En attendant bientôt le cyclisme colombien?

Chose certaine, la victoire de Yates sur la Vuelta a été franche dans les derniers jours, les Movistar piquant du nez gravement au point de descendre du podium… Surprenant à ce niveau! Y’a de quoi nourrir des regrets, les Movistar ont tout perdu dans les deux dernières étapes.

Et c’est la jeune sensation espagnole Enric Mas qui termine finalement 2e de cette Vuelta, avec à peine 23 ans au compteur. Attention à lui dans les prochaines années, il sait tout faire: rouler, grimper, récupérer, digérer, durer. Un futur grand à mes yeux. Vivement de le voir à l’oeuvre sur les Mondiaux de cyclisme dans deux semaines!

Tous les yeux se tournent désormais vers les Mondiaux de cyclisme. Pour ceux ayant disputé la Vuelta, ca s’appelle récupération dans les deux prochaines semaines. Pour plusieurs autres, il faut encore monter en pression. Enfin, l’heure est à la récup pour d’autres aussi, notamment Alaphilippe récent vainqueur du Tour de Slovaquie.

La course à Innsbruck s’annonce passionnante, ne manquez pas ca!

MtbGirls

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