Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 42 of 352

De bonnes nouvelles pour la lutte contre le dopage

C’est un combat permanent, ingrat, de tous les instants: la lutte contre le dopage dans le sport. C’est cher aussi.

Ce putain de dopage qui continue de voler les athlètes propres, au profit de ceux qui trichent.

Mais de bonnes nouvelles pointent à l’horizon.

C’est Thomas Bach, président du CIO, qui en a fait l’annonce récemment, en ouverture de la 5e conférence internationale sur le dopage dans le sport, organisée par l’AMA et qui se déroule à Katowice en Pologne.

Bach a en effet annoncé qu’une méthode de détection du dopage faisant appel aux gènes pourrait être mise en place d’ici les JO 2020 de Tokyo.

En gros, il y a approximativement 21 000 gênes dans le corps humain. Lorsque soumis à un produit dopant ou une transfusion sanguine, certains de ces gênes réagissent en « s’activant ». Si on détecte cette activation possible que par l’apport de produits exogènes ou de transfusions, on peut ainsi prouver qu’il y a eu dopage.

On veut donc détecter les modifications dans la « signature génétique » des athlètes.

L’avantage immense de cette méthode est que ces gênes demeurent activés pendant des mois après une prise de produits dopants ou une transfusion, permettant de ne laisser aucun répit aux tricheurs. On pourra donc savoir plus tard si vous étiez dopé ou non.

Évidemment, on peut supposer qu’une réforme juridique s’imposera si ce système de détection est avalisé, les fameux « délais de prescription » étant à revoir complètement…

L’autre bonne nouvelle est les progrès qui se font sur une nouvelle forme de détection, appelée « dried blood spot testing » ou DBS. Il s’agit simplement de pouvoir détecter le dopage à partir d’un très petit échantillon de sang séché, au lieu d’avoir recours, comme en ce moment, à des échantillons urinaires et sanguins conséquents, qui posent d’ailleurs des enjeux lors du transport et de l’entreposage.

On pense bientôt pouvoir faire l’équivalent par une simple petite prise d’une gouttelette de sang, par exemple comme les diabétiques le font pour tester leur niveau d’insuline.

Le gros avantage d’une telle méthode est évidemment la réduction drastique des coûts associés à la détection du dopage, permettant de multiplier énormément le nombre de tests réalisés, la rapidité de ces tests et simplifiant l’entreposage.

Pour le DBS, on parle d’une méthode de détection en place pour les JO d’hiver de 2022 à Beijing.

On peut rêver, dans quelques années, que chaque coureur participant à une épreuve cycliste, même maitre, doive donner un petit échantillon de sang, question de permettre aux instances de vérifier aléatoirement parmi les participants le niveau de dopage. Ca enverrait un signal fort aux tricheurs, qui n’auraient plus de répit.

Bref, voilà des nouvelles encourageantes et La Flamme Rouge suivra le dossier de près!

Réforme des catégories Maitres: des précision de la FQSC

La FQSC a communiqué avec moi hier pour porter à mon attention des informations additionnelles entourant ce projet de réforme des catégories Maitres en cyclisme sur route pour la saison prochaine. Je vous partage ces éléments d’information aujourd’hui.

D’une part, Cyclisme Canada n’aurait avisé la FQSC que récemment à propos de ces changements. L’annonce faite vendredi dernier par la FQSC à l’ACVQ est donc la première étape d’une plus vaste campagne d’information qui se poursuivra à la mi-novembre par de probables discussions à la commission d’orientation, de même que par des informations partagées à l’ensemble des coureurs probablement via le bulletin électronique mensuel Sprint.

Le report de l’âge pour devenir Maitre de 30 à 35 ans a été introduit cette année en cyclo-cross et en cyclisme sur piste. Pour 2020, c’est donc le vélo sur route et le vélo de montagne qui s’aligne sur ce changement.

Les effectifs des coureurs Maitres en 2019 distribués selon la réforme montrent deux conclusions principales, déjà évoquées dans mon article précédent:

  1. La catégorie des Maitres 4 diminuerait assez significativement puisqu’on ne parle plus des 60 ans et plus, mais bien des 65 ans et plus
  2. Les catégories M1 (35-44) et M2 (45-54) auraient des tailles plus proches l’une de l’autre que cette année, la majorité des coureurs Maitres se concentrant entre 40 et 49 ans. Avec la réforme, cette vaste catégorie de coureurs dans la quarantaine est scindée en deux: les 40-44 ans se retrouvent du côté des M1, et les 45-49 ans du côté des M2. En 2019, ils couraient essentiellement ensemble.

Notons enfin qu’un peu plus de 55 coureurs âgés entre 30 et 34 ans se retrouveront en 2020 chez les Séniors plutôt que chez les Maitres, réduisant d’autant la taille du peloton M1. Chez les femmes, on parle de moins de 10 coureuses.

En terminant, un merci tout particulier à Pierre Dumais pour son commentaire laissé sur l’article précédant, et qui nous rappelait que jusqu’en 1992, les catégories Maitres commençaient effectivement à 35 ans. Le passage aux 30 ans et plus aurait été faite pour satisfaire le vélo de montagne. Plus de 25 ans plus tard, on revient donc en arrière!

Nouvelle réforme des catégories Maitres annoncée

La Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) a informé l’Association des cyclistes vétérans du Québec (ACVQ) vendredi dernier d’une importante réforme des catégories Maîtres qui sera en vigueur dès la saison prochaine.

Apparemment, la nouvelle a pris un peu tout le monde par surprise et curieusement, aucun communiqué précisant la réforme n’était à ma connaissance disponible sur le site de la FQSC ces deux derniers jours. Bizarre comme façon de faire.

L’élément clé de la réforme: les catégories Maitres commenceront dorénavant à 35 ans, et non plus 30 ans.

Les coureurs entre 30 et 34 ans seront donc désormais tenus de courir chez les Séniors, ou il existe deux catégories, les Séniors 1-2 (élite) et les Séniors 3.

Chez les hommes Maitres, les catégories deviennent les 35-44 ans (M1), les 45-54 ans (M2), les 55-64 ans (M3) et les 65 ans et plus (M4). Les critères de force (subjectifs) mis en place avec la réforme précédente demeurent, permettant par exemple à un excellent coureur âgé entre 45 et 54 ans de courir en M1 s’il le souhaite.

Chez les femmes Maitres, deux catégories: 35-44 ans et 45 ans et plus.

Évidemment, certaines épreuves particulières comme les Championnats canadiens continueront de considérer des catégories particulières, strictement basées sur l’âge dans ce cas. De ce côté-là, pas de changement.

Les impacts

Le premier impact de cette réforme est évidemment du côté de l’ACVQ qui perd de nombreux coureurs puisque les 30-34 ans seront désormais considérés comme Séniors en 2020. Le budget en souffrira, c’est clair.

Les plus gros pelotons à la FQSC étant ceux des M1 et M2, on peut penser que la redistribution des coureurs de 30-34 ans vers les catégories Séniors équilibrera un peu la taille des divers pelotons, et donc la compétition. De tous les pelotons, c’est peut-être le peloton des Séniors 3 qui profitera le plus de cette réforme.

Autre impact, celui sur la taille des pelotons M3 et M4 (50 ans et plus), qui prennent souvent le départ des courses ensemble: il s’agira dorénavant des 55 ans et plus. Ils seront moins nombreux, c’est clair.

Enfin, il est évident que cette réforme aura des effets sur certaines équipes Maitres et Séniors, surtout celles disposant de plusieurs coureurs de 30-34 ans, ces équipes  devant revoir leurs effectifs et leurs objectifs.

Une bonne réforme?

Le principe de base de la réforme, soit de faire débuter les catégories Maitres à 35 ans au lieu de 30 ans, me parait une très bonne chose.

Il est clair pour moi qu’une majorité de coureurs d’expérience de 30 à 34 ans disposent encore de la force et du temps pour courir chez les Seniors. Voyez chez les pros: nombreux sont les coureurs du début de la trentaine à être les grands leaders d’équipe et à gagner les plus grandes courses pro du calendrier.

Le début de la trentaine est une période aujourd’hui charnière de la vie, souvent associée à la stabilisation de la vie professionnelle et à la fondation d’une famille. Si la situation des coureurs de 30 à 34 ans peut être hétérogène (et ils auront le choix de courir Séniors 1-2 ou Séniors 3), elle l’est probablement moins à partir de 35 ans, ou nombre de coureurs ont désormais des enfants. Le temps d’entrainement diminue, à mesure qu’augmentent les obligations familiales.

La réforme présente également l’avantage de la cohérence avec ce qu’on voit souvent ailleurs dans d’autres sports, voire même avec la série UCI World GranFondo (Championnats du monde des Maitres) ou les catégories Maitres commencent à 35 ans.

La suite

Les membres de l’ACVQ pourront débattre de la réforme lors de la prochaine Assemblée générale, à venir prochainement. Idée comme ca: l’ACVQ pourrait en profiter pour réformer son nom également! Pourquoi le mot « vétérans »? On pourrait mettre à jour le nom pour Association des cyclistes Maitres du Québec (ACMQ) ou Association québécoise des cyclistes Maitres (AQCM).

Cette réforme ne devrait pas par ailleurs créer de difficultés majeures à la reprise, sinon de voir des pelotons Seniors un peu plus gros, et des pelotons M3 et M4 un peu plus petit. Le reste n’est que redistribution, et je pense personnellement qu’on gagnera en homogénéité avec ces changements. Ce qui n’empêchera pas par ailleurs les plus costauds des M2, âgés entre 45 et 54 ans, de continuer de courir chez les M1.

2020 était l’année de mon passage chez les M3, je prenais un coup de vieux. Grâce à cette réforme, je reste M2 en 2020 et le coup de vieux est repoussé de 5 ans!

Le cyclisme nord-américain en péril

On annonçait hier la disparition du Tour de Californie, une épreuve phare du cyclisme professionnel américain depuis 2006. Plus de budget.

Rappelons que le Tour du Saguenay, épreuve U23 de niveau UCI 2.2, ne sera pas non plus ré-organisé en 2020, faute là encore de budget.

Je ne suis pas surpris.

En l’absence d’une grande vedette américaine comme Greg LeMond ou Lance Armstrong, le cyclisme nord-américain est voué à végéter. C’est ainsi que cela fonctionne sur un continent où les sports populaires sont le baseball, le basketball, le football (américain), le golf et le hockey. En dehors de ca, point de salut.

Si les Grands Prix de Québec et Montréal survivent actuellement, c’est grâce aux généreuses subventions du Gouvernement du Canada, du Gouvernement du Québec, de la ville de Québec et de la ville de Montréal. Des fonds publics donc. Sans ces fonds publics, ces épreuves seraient en grande difficulté, les épreuves cyclistes ne faisant pas payer, contrairement aux autres sports, le spectacle via l’achat de billets pour les spectateurs.

Nombreuses sont les voies qui s’élèvent pour en appeler à une refonte complète du sport cycliste sur route afin d’assurer sa pérennité en Amérique. Il est en effet probable qu’actuellement, le sport cycliste soit dans une certaine forme d’immobilisme, soutenue par la popularité indéfectible du Tour de France en premier lieu, mais aussi des grands monuments que sont les Classiques d’avril, le Giro et la Vuelta. Ces quelques épreuves sont les arbres qui cachent le néant de la plaine derrière…

Je n’ai évidemment pas la solution. Celle-ci passe probablement par une combinaison de plusieurs choses: assurer un meilleur soutien aux jeunes coureurs qui veulent se développer (c’est le désert côté canadien une fois que Mike Woods, Hugo Houle et Antoine Duchesne seront à la retraite… il n’y a même plus d’équipe de haut niveau au Canada!) afin de favoriser l’émergence de stars nord-américaines du cyclisme, et création, peut-être, de nouvelles épreuves plus spectaculaires et télévisuelles pour attirer l’attention d’un public actuellement peu enclin à regarder des courses cyclistes platoniques des heures durant, faute de la présence des oreillettes. Ca manque d’action! Et l’UCI ne fait rien pour enrayer le problème… les seuls cherchant à réagir étant actuellement A.S.O. en renouvelant complètement le profil du Tour de France, désormais constitué d’étapes courtes, de parcours casse-pattes dès les premiers jours, de sections de pavés ou de graviers, etc.

Et il faudra probablement veiller à attirer davantage de grands mécènes vers le cyclisme, une mission certes très difficile car le cyclisme est également en compétition avec les autres sports, par exemple le ski alpin ou le ski de fond. Mais le modèle peut fonctionner: rappelons le fameux… Tour de Trump au début des années 1990, financé par un individu qui est aujourd’hui locataire de la Maison Blanche!

Radio Bidon: le point sur les transferts, Vlog2 d’Adam Roberge

Le point sur les transferts en vue de la saison prochaine de cyclisme sur route, c’est ici sur les amis de Radio Bidon. Bravo les gars!

Et le Vlog#2 d’Adam Roberge est désormais disponible.

Giro: l’antithèse!

Le parcours du 103e Tour d’Italie est sorti hier du coté de Milan. Et c’est une confirmation: les organisateurs du Giro s’inscrivent bel et bien à contrecourant des organisateurs du Tour et de la Vuelta! (A.S.O.)

Voyez un peu.

Ce prochain Giro comporte d’abord trois chronos, dont un le premier jour, en guise de prologue. Un second en milieu d’épreuve, l’autre le dernier jour, pour plus de 60 bornes au total d’épreuves chronométrées.

En comparaison, un seul chrono sur le prochain Tour, 36 petits kilomètres, dont les 10 derniers environ en ascension sur la Planche-des-belles-filles.

Le prochain Tour comporte une seule étape de plus de 200 bornes. Sur le prochain Giro, pas moins de cinq étapes feront plus de 200 bornes seulement dans la dernière semaine!!! Et au total, 10 étapes de 200 bornes ou plus, soit plus de la moitié de toutes les étapes en ligne de l’épreuve (si on exclut les trois chronos). Hallucinant!

Enfin, les difficultés, multipliées sur ce prochain Giro, qui comporte pas moins de cinq étapes avec plus de 5000m de dénivelé. Ouch! On passe trois fois à plus de 2000m d’altitude, soit le Stelvio puis, dans l’avant-dernière étape, le Colle d’Elle Agnelo puis l’Izoard, avant l’arrivée en altitude du côté de Sestrières. Cette étape de 200 bornes sera assurément l’étape reine de l’épreuve, et susceptible de chambouler encore le classement général.

Passer au delà des 2000m d’altitude est toujours un défi, que ce soit du côté des coureurs que du côté de la météo en mai, jamais certaine à ces altitudes. La neige et le froid peuvent encore y sévir.

Quoi qu’il en soit, une chose est sûr: en Italie, on fait classique, on fait difficile, on fait long. Pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs: allez comprendre cette 19e étape entre Morbegno et Asti, la plus longue (251 kms) de ce prochain Giro, et entièrement plate, aucun relief. Une étape pour les sprinters certes, mais logée entre deux grandes étapes de montagne… quel intérêt si tard dans la course? Côté télévision, ca sera d’un ennui mortel.

Avec ce Giro, une seule certitude: un doublé Giro-Tour en 2020 sera extrêmement difficile à réaliser car les coureurs sortiront usés de ces trois semaines de course.

Adam Roberge – Vlog #1

Un Tour pour Pinot!!!

Y’a pas à dire, c’est Marc Madiot qui doit être content aujourd’hui!

Si on avait voulu dessiner un Tour de France favorable à Thibault Pinot, ça ressemblerait bien au Tour 2020.

On a même pensé à sa motivation en plaçant une petite (et unique!) étape chrono la veille de l’arrivée dans son coin de pays, puisque l’étape traversera Mélisey avant de finir en haut de la Planche-des-Belles-Filles, une de ses ascensions préférées…

Blagues à part, ce Tour de France s’inscrit vraiment dans une nouvelle tendance, celle d’un nombre (très) réduit de kilomètres contre-la-montre, d’étapes courtes, d’une entrée rapide en la matière et de beaucoup d’étapes accidentées, sans forcément être de la haute montagne.

Manifestement, on veut ouvrir la course à plusieurs types de coureurs, et on veut une épreuve imprévisible, durant laquelle le maillot jaune pourrait changer souvent d’épaules.

Parmi les éléments que je retiens de ce Tour, les suivants:

  • un seul petit chrono de 36 bornes la veille de l’arrivée, et encore qui se termine par l’ascension de la Planche-des-Belles-Filles, condamnant les Rohan Dennis et Tony Martin de ce monde.
  • très peu d’étapes pour les sprinters, qui ne seront pas à la fête durant ce Tour de France, sauf quelque part en milieu de 2e semaine. Il faudra savoir passer les bosses pour ramener le maillot vert à Paris, et Peter Sagan pourrait bien ramener son… 8e paletot à Paris.
  • une seule étape de plus de 200 bornes, à peine 5 au delà de 190 bornes. À titre de comparaison, le Tour de France 1986, remporté par Greg LeMond, comportait… 10 étapes de plus de 200 bornes! Sur ce Tour 2020, six étapes font 160 kilomètres ou moins, soit un « petit » 4h de course et c’est plié.
  • un seul col au-dessus de 2000m d’altitude, l’inédit col de la Loze, au dessus de Méribel, sur cette nouvelle route ouverte aux cyclistes il y a quelques mois. Si on ajoute le col de la Madeleine et le Cormet de Roseland, qui font presque 2000m, c’est seulement 3 grands cols que ce Tour de France franchira en haute altitude.
  • une entrée rapide en la matière, dès le départ de Nice avec déjà, des petits cols casse-pattes et près de 4000m de dénivelé dès la 2e étape. Et une première arrivée en altitude à Orcières-Merlette le 4e jour!
  • les seules étapes « de plat » seront du côté de l’Ile de Ré et de Poitiers, où le vent de la côte pourrait créer bien des remous dans le peloton s’il devait souffler fort. De quoi souffler? (sans jeu de mot) Pas sûr!

Bref, ce Tour sera plus difficile pour les purs grimpeurs comme Egan Bernal je pense, eux qui font surtout la différence quand l’altitude dépasse les 2000m. Julian Alaphilippe trouvera sur un tel profil matière à réjouissance, Pinot et Bardet aussi.

Conscients de la belle génération de coureurs français actuellement, et si les organisateurs du Tour voulaient en profiter afin de donner à Bernard Hinault son successeur, enfin?

Le Tour 2020 sort aujourd’hui!

Toujours un moment intéressant de l’année cycliste: le dévoilement du parcours du prochain Tour de France.

Moment intéressant, car selon le parcours, on peut mieux considérer quels coureurs pourraient s’imposer, et quels coureurs auront moins de chance de rivaliser, leurs qualités convenant moins bien.

Le nombre de kilomètres contre-la-montre est toujours d’un grand intérêt, comme le nombre d’arrivées en altitude. Dans les années Indurain, le schéma était classique avec un long chrono en fin de première semaine; aujourd’hui, la tendance est plutôt à moins de chronos, et davantage d’étapes courtes et piégeuses, comme d’arrivées en altitude.

Que nous réserve le Tour 2020? C’est vers l’excellent site VeloWire de Thomas Vergouwen qu’il faut, chaque année, se tourner pour en savoir plus avant l’heure.

Les certitudes

Le départ de Nice. Pas de prologue, mais une première étape déjà montagneuse, courte (170kms) et donc piégeuse pour les favoris au classement général, qui devront dès l’entrée en matière être vigilants. Le 3e passage de la bosse d’Aspremont pourrait permettre à des favoris de fuir vers l’arrivée, voire la descente juste après vers St-Martin-du-Var.

La 2e étape comporte également quelques difficultés, dont l’ascension du col de Turini situé cependant loin de l’arrivée. 190 bornes, mais moins de danger selon moi pour les favoris.

Les probables

Qu’en est-il du reste du Tour? Voici ce que VeloWire nous permet d’anticiper.

D’abord, une remontée vers les Alpes, puis on replongerait vers les Pyrénées pour revenir dans les Alpes en début de 3e semaine, pour finir sur la façade Est de la France et un chrono la veille de l’arrivée du côté de la Planche-des-Belles-Filles. Cela ne manquerait pas d’intérêt puisque les chronos en côte ont été rares ces dernières années.

La 3e étape pourrait remonter vers Sisteron, avec possiblement une première arrivée en altitude le lendemain (4e étape) vers Orcières-Merlette, là même où Greg LeMond avait repris le maillot jaune à Laurent Fignon au terme d’une étape chrono sur le fameux Tour 1989.

Une arrivée au Mont Aigoual pourrait être de mise en milieu de première semaine. Voilà plus de 20 ans que le Tour n’y est pas passé!

Cette première semaine se terminerait par les Pyrénées, deux étapes seulement avant que le Tour remonte plus au nord vers l’Ile de Ré puis Poitiers, pour re-traverser la France d’Ouest en Est.

Ce qui serait bien, ca serait une arrivée au sommet du Puy-de-Dôme durant cette traversée, mais apparemment, les difficultés logistiques seraient désormais trop importantes pour permettre une arrivée du Tour sur son sommet.

En fin de deuxième semaine et avant le deuxième jour de repos, une arrivée au sommet du Grand Colombier serait programmée. Spectacle garanti si tel est le cas! Le Grand Colombier est une ascension difficile et depuis Lyon, de nombreux cols sont possibles pour user les organismes avant cette ascension finale.

Deux nouveautés pourraient ponctuer la dernière semaine, soit une arrivée au col de la Loze, au-dessus de Méribel, ainsi qu’un chrono en côte sur la Planche-des-Belles-Filles au sud des Vosges.

Les incertitudes

Y aura-t-il un chrono sur le plat, quelque part en 2e semaine? Quelle longueur?

D’autres arrivées en altitude? Et quels grands cols au dessus de 2000m d’altitude seront franchis, essentiellement dans les Alpes?

Chose certaine, si un tel parcours se concrétise, les sprinters ne seront pas trop à la fête sur ce Tour de France. Les grimpeurs pourront bien faire, de même que les grimpeurs-puncheurs du type Alaphilippe. Les Français Pinot et Bardet pourraient y trouver leur compte, de même qu’un Egan Bernal ou un Primoz Roglic.

On sera vite fixé!

Mollema le plus malin en Lombardie

Je suis d’avis que Bauke Mollema n’était pas le plus fort samedi sur le Tour de Lombardie.

C’était Alejandro Valverde le plus fort.

Mais c’est Mollema qui a gagné, parce qu’il a été le plus malin.

Ce dernier savait très bien que s’il attendait la dernière difficulté, Battaglia, il avait perdu. Il savait aussi que si la sélection s’était faite dans Sormano, il aurait aussi perdu.

Trop heureux d’être encore là pour la gagne dans Civiglio, il a bien réalisé que le groupe de favoris dans lequel il évoluait au pied de cette bosse risquait de se regarder, puisque ça se regardait déjà. Dans ce contexte, pourquoi ne pas tenter sa chance?

Son attaque fut parfaitement maitrisée, cyclisme101: parti de l’arrière, il surprend tout le monde et créé immédiatement un bon trou.

Ca se regardait tellement qu’après 500m, Mollema avait 20 secondes d’avance. Après un kilomètre, plus de 35 secondes d’avance. En bonne condition, très bon rouleur, Mollema n’allait pas être repris facilement. Et il a été au bout. Il a eu raison!

J’aime ce genre de victoire d’un coureur malin, fin tacticien, et qui fait paraitre les autres grands leaders comme des cadets.

Woods a bien tenté de relancer, puis Roglic, puis Valverde, puis Bernal, mais c’était à chaque fois trop peu, trop tard, surtout qu’on revenait rapidement au jeu de « je te regarde, tu me regardes, il ne se passe rien ». Seul un excellent Pierre Latour semblait vraiment vouloir rouler, frustré d’être chaque fois repris par le groupe pour voir l’allure tomber. Il relançait immédiatement!

Souvent placé, pas souvent vainqueur, Mollema signe là sa plus belle victoire en carrière, à 32 ans. Jusqu’ici, son fait d’arme était la Classica SanSebastian, gagnée en 2016.

Surtout, cette victoire confirme la belle fin de saison de l’équipe Trek-Segafredo, deux semaines après la victoire de Mads Pedersen lors des Mondiaux du Yorkshire. Ca doit faire du bien à cette équipe après la saison en demi-teinte des Richie Porte, Jasper Stuyven et John Degenkolb. Ce dernier sera d’ailleurs l’an prochain avec la Lotto-Soudal.

Bref, ce n’est pas un Tour de Lombardie dont on se souviendra dans quatre ans, mais le vainqueur a beaucoup de mérite pour avoir eu l’intelligence de bien analyser la course, et de s’être rendu au bout.

Bravo Mollema!

Magnifique Lombardie!

Ca se passe samedi matin: installez-vous confortablement avec un café devant Tiz-cycling, FloBikes, GNC Live! ou une autre plate-forme internet afin d’écouter le final du 113e Tour de Lombardie en direct. Vous ne serez pas déçu!

Au menu de Messieurs les coureurs, 243 kms entre Bergame et Côme, via plusieurs belles ascensions dont le Muro di Sormano et le Civiglio dans le final de la course.

Côté météo, ce sera un temps beau et doux, d’excellentes conditions à priori.

Les images à partir de Bellagio (km 160) jusqu’à l’arrivée seront magnifiques, notamment sur la route qui longe le lac de Côme. La « course aux feuilles mortes » présente un parcours parmi les plus beaux de la saison cycliste.

Les favoris

Incontestablement, un nom: Primoz Roglic. C’est l’épouvantail, l’archi-favori tant il était récemment au-dessus du lot. Il se présente avec une armada autour de lui, la Jumbo-Visma pouvant également compter sur Gesink, Kruijswick, Bennett ou encore DePlus. Le parcours lui convient bien, il sera difficile à battre samedi.

Parmi les autres grands favoris, le Canadien Mike Woods bien sûr qui vient de remporter Milan-Turin. Excellent grimpeur, Woods devrait logiquement émerger dans le Mur de Sormano pour faire la différence dans les deux dernières bosses, soit le Civiglio et le San Fermo della Battaglia. C’est le bon plan de match! Woods est également bien entouré avec Higuita, Bettiol ou encore Kangert.

Alejandro Valverde est également un homme en forme actuellement et gageons qu’il est motivé par l’idée d’enfin s’imposer sur ce Monument du cyclisme, qui manque toujours à son palmarès (il a terminé deux fois deuxième). La Movistar débarque avec Quintana, Landa, Betancur, Amador et Soler, ouf! de quoi pouvoir faire du forcing tôt dans la course.

Quatre autres coureurs seront à surveiller de près, soit Vizenco Nibali, déjà deux fois vainqueur de l’épreuve, le grimpeur français David Gaudu, Adam Yates et Jakob Fuglsang chez Astana.

D’autres peuvent être considérés comme des outsiders: Enric Mas chez Deceuninck, Tiesj Benoot, Tim Wellens ou encore Jelle Vanendert chez Lotto qui dispose donc d’une belle équipe, Egan Bernal (il a gagné hier le GP du Piémont) ou Gianni Moscon chez Ineos, Bauke Mollema chez Trek ou encore Diego Ulissi chez UAE.

Ca devrait se jouer parmi ces coureurs.

Woods, avec la manière

De plusieurs manières, on attendait depuis longtemps que Mike Woods en claque une belle. C’est enfin chose faite avec cette victoire hier sur Milan-Turin, au terme de la fameuse ascension de la Superga, une belle rampe finale d’environ 5 kilomètres à 9% de moyenne, avec un passage à 14%. Parfait pour les qualités de grimpeur de Woods, et il a su cette fois en profiter.

On attendait depuis longtemps car on sentait bien que Woods était en forme ces dernières semaines. Il s’est tapé de gros entrainements dans la région d’Ottawa-Gatineau et de l’Estrie avant d’attaquer les GP de Québec et Montréal où il n’a pas su faire la différence. Les conditions climatiques des Mondiaux ne lui pas davantage permis de s’exprimer. Avec cette récupération forcée, il a peut-être assimilé davantage la charge d’entrainement d’il y a quelques semaines et il pète désormais le feu!

Chose certaine, Woods commence à nous habituer à des fins de saison excitantes. C’est un homme de l’automne! Il avait gagné l’an dernier à cette époque une étape de la Vuelta avant de terminer 3e des Mondiaux en Autriche, derrière Valverde et Bardet.

On attendait également depuis longtemps une victoire canadienne sur une classique d’un jour en Europe, la dernière remontant probablement à celle de… David Veilleux en 2012 sur les Tri Valle Varesine, une course disputée il y a quelques jours.

Surtout, Woods s’est imposé de brillante façon hier.

Il a d’abord su appliquer la pression tôt dans l’ascension. Un grimpeur comme lui ne pouvait espérer décrocher Valverde ou Yates dans le dernier kilomètre si ces derniers s’y étaient présentés frais. À son époque, Pantani, pur grimpeur s’il en est, l’avait compris et n’attendait jamais les derniers kilomètres des cols pour « mettre en route ». On pouvait suivre son rythme sur un ou deux kilomètres, pas sur 10.

En appliquant la pression pendant 4 kilomètres, Woods a usé les Valverde, Yates, Bernal, Mollema, Fuglsang, Benoot et s’est débarrassé de tous les autres coureurs. Seul l’autre grimpeur du lot, le Français David Gaudu, a su donner la réplique à Woods durant l’ascension, lançant lui aussi plusieurs attaques qui ont fait mal à tout le monde.

Woods a également démontré une belle maitrise de la course en couvrant toutes les attaques dans les derniers 4 kms, sûr de sa forme. C’était carrément beau à voir! Et je suis d’avis qu’il y avait un petit peu du coup de pédale de… Alberto Contador dans celui de Woods, surtout en danseuse.

Gaudu m’a surpris plusieurs fois, il avait l’air à la rupture et attaquait quand même. Il s’est bien battu.

Et de voir Valverde encore en jeu pour la gagne sous la flamme rouge n’était pas rassurant non plus, ce vieux briscard ayant encore un punch redoutable dans les derniers mètres d’une arrivée en côte, et beaucoup de métier. Woods a très bien manoeuvré en appliquant la pression pour le lâcher aux 300 mètres.

Bref, une très belle victoire qui prouve sans l’ombre d’un doute que Woods peut désormais faire jeu égal avec les plus grands du peloton pro, sur les plus grandes courses.

Son entrevue d’après-course est ici.

La Lombardie samedi

Un texte présentant les enjeux de la course sera diffusé demain. En attendant, Woods s’inscrit comme un grand favori pour samedi, mais derrière Primoz Roglic selon moi, ce dernier marchant en ce moment du feu du Dieu.

On annonce beau et doux du côté de Côme samedi, ca sera parfait pour Messieurs les coureurs.

Woods aura toutefois beaucoup plus à faire samedi. La course est beaucoup plus longue et difficile, on attaquera le redoutable Mur de Sormano au km 185 et la course en comporte 243, contre « seulement » 179 hier. Milan-Turin se résumait à une course sur les 30 derniers kms, les premiers 150 étant tout plat. En Lombardie, ca sera plus usant sur les 180 premiers kms. Et ca roulera probablement plus vite tôt.

Woods dispose toutefois d’une belle rampe, le Mur de Sormano, pour faire un gros écrémage. Gageons que la course se lancera réellement à cet endroit, avant l’explication finale dans l’enchainement Civiglio-San Fermo Della Battaglia. C’est là que Pinot avait lâché Nibali l’an dernier avant de s’imposer à Côme. Le plan de match est clair.

Woods ayant plusieurs saisons professionnelles à son actif, les 243 kilomètres ne devraient plus être un problème samedi. S’il est bien épaulé par son équipe, il peut gagner, aucun doute là-dessus.

Je souhaite une première victoire canadienne sur un Monument du cyclisme samedi!!! Go Mike! L’histoire du cyclisme canadien te tend les mains…

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