Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 193 of 350

D.N.F. à la Morzine Vallée d’Aups

D.N.F. comme dans Do Not Finish. Je déteste presque autant ces trois lettres en cyclisme que EPO…

J’aurais pu taire mon résultat d’aujourd’hui; après des mois à vous en parler, je vous dois cependant d’être honnête.

Je suis très décu et amer quant aux conditions météo d’aujourd’hui sur la Morzine Vallée d’Aups, mon premier gros objectif de la saison et pour lequel je me suis entrainé sérieusement depuis le 2 janvier dernier.

Déjà hier soir en me couchant, malheureusement tard, j’avais des doutes: on annonçait pluie, vent et froid pour le lendemain. Mon réveil ne me mis pas plus en confiance: il pleuvait sur Genève. Je me suis quand même mis en route à 6h du mat’, pas question de laisser tomber sans me lever!

Le choc fut très brutal à mon arrivée à Morzine à 7h ce matin: 5 degrés à peine. Beaucoup de vent. Et un peu de pluie. J’ai tout de même pris le départ, avec un petit peloton de 200 coureurs environ, qui se demandaient visiblement tout autant que moi ce qu’ils étaient venu foutre là.

Le départ fut donné tempo, un bon tempo trouvais-je. De toute évidence, ceux qui se sont pointés, surtout des coureurs des alentours, avaient le coup de pédale de la montagne. Encore sur le décalage horaire, au prise avec le froid, j’ai rapidement laissé filer après le lac de Montriond pour prendre mon rythme.

A 1 km du sommet du col de Joux-Verte, 2 degrés au compteur et… la neige ! Le vent de face, violent, n’était pas pour aider. Je montais à 160 puls et j’étais déjà gelé, mon petit gabarit ne me permettant pas de bien résister au froid. La descente, sous les flocons, finit par m’achever les mains et les pieds et c’est frigorifié que je suis repassé à Morzine. Découragé des conditions météo à ne pas mettre un cycliste dehors et considérant la perspective de faire 155 bornes et plus de 6h de vélo dans ces conditions, j’ai décidé de rentrer.

Ma Morzine a donc duré 1h30 ce matin. Le vainqueur a mis 5h27 pour venir à bout du parcours qui se terminait par l’ascension du col de Joux Plane. Au total, seulement 141 coureurs ont terminé le grand parcours, dont seulement 14 en moins de 6h. Le dernier concurrent a mis 9h43 pour en venir à bout.

Je lève un grand coup de chapeau à tous ces coureurs ce soir, étant terriblement impressionné de voir que certains humains peuvent supporter l’insupportable, et très longtemps. Certains sont partis en gants courts alors que tout mon matos de pointe n’a pas suffi… A la météo ce soir, on rapportait sur Genève des températures maxi de 13 degrés, soit 12 degrés sous les normales de saison. Le vent était annoncé en rafale entre 60 et 80km/h toute la journée, avec des épisodes de pluie. Imaginez en altitude !

Espérons que la météo sera meilleure sur mon prochain objectif, la Grand Bo, la semaine prochaine. Car courir sous ces conditions, alors qu’on le fait par passion et plaisir, je n’en suis tout simplement pas capable. Les sensations étaient cependant bonnes à l’effort, c’est de bonne augure pour la suite.

Faire de l’Île Ste-Hélène un centre multi-sports ?

Depuis que la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD), gestionnaire du circuit automobile Gilles Villeneuve sur l’Île Ste-Hélène, au coeur de Montréal, a annoncé vouloir installer des bornes de déviation pour ralentir les cyclistes de pointe qui s’y entrainent, c’est le tollé parmi la communauté cycliste sportive de la grande région de Montréal. Avec raison, car le circuit GV est le seul endroit dans la région de Montréal ou les cyclistes peuvent s’entrainer de façon pointue en allant à pleine vitesse et ce, dans un environnement relativement sécuritaire.

La FQSC a vigoureusement réagi à l’annonce de la SPJD et s’oppose évidemment à l’installation de ces bornes. La Fédé reçoit évidemment tout mon soutien dans ce dossier, surtout que la décision de la SPJD semble reposer sur une méconnaissance profonde du sport cycliste. La FQSC a cherché à obtenir des statistiques sur les accidents encourus l’an dernier sur le circuit et impliquant des cyclistes, sans grand succès, faute de collaboration de la SPJD. 

Un lecteur, Jérome Croteau, m’a cependant soumis une idée brillante qui mériterait que des passionnés de cyclisme mais aussi gens d’affaires s’y intéressent. Il s’agit de faire de l’Île Ste-Hélène un centre multi-sports dédié à l’entrainement de cyclistes certes, mais aussi triathlètes et autres athlètes d’endurance. 

M. Croteau écrit : Prenant exemple sur le bassin olympique et ses installations qui accueillent entraînements et compétitions d’aviron, de canoë, de kayak et de bateaux-dragons, j’imagine un centre cycliste qui comprendrait le circuit Gilles-Villeneuve, un vélodrome (pourquoi pas intérieur), une piste de BMX et les autres facilités requises pour le compléter. Je vois très bien ce centre utilisé aussi par les triathlètes, qui profiteraient ainsi de la piscine FINA de l’Île Ste-Hélène et des sentiers de course à pied qui parcourent le parc Jean-Drapeau. Ces installations ne seraient pas les premières à s’ajouter à l’île Notre-Dame depuis sa création pour recevoir l’Expo 67. Le bassin Olympique, la plage et le circuit Gilles-Villeneuve sont tous issus de projets menés à bien et ont transformé l’usage que font maintenant les québécois de cette île ainsi que sa géographie. D’y créer un vélodrome et une piste de BMX est possible et leur impact environnemental quasiment nul, puisqu’ils seraient installés sur des espaces présentement recouverts de gravier et ne toucherait pas le couvert végétal actuel.

Pour développer une élite sportive, il faut lui offrir les moyens de se développer, tout en offrant à tous la possibilité de découvrir et d’aimer le sport. L’île Notre-Dame est au centre du plus important bassin de population du Québec. Les jeunes compétiteurs sont aussi des étudiants et la région comportent de nombreux cegeps et universités. C’est bien qu’il y ait un vélodrome et une piste de BMX à Bromont, et je ne voudrais surtout pas leur porter ombrage. Mais comment concilier études et entraînement quand il faut se déplacer sur plus de cent kilomètres pour faire les deux? Le projet décrit ici permet d’offrir au plus grand nombre la possibilité de s’entraîner, de travailler, d’étudier sans avoir à se déplacer inutilement. Il offre en même temps la possibilité de tenir de nombreuses compétitions sur les trois sites, existants ou proposés. 

La SPJD a une vision administrative et agit en fonction de cette vision. C’est tout à fait normal, puisqu’il s’agit d’une société para-municipale dont le conseil d’administration est entièrement issu du monde des affaires et son personnel de l’administration publique. La SPJD n’a aucune vision « sportive » et n’en aura pas tant que cela ne lui sera pas imposé ou fortement « recommandé » par ses dirigeants politiques ou par leurs électeurs. Mais pour amener tout ce monde à améliorer les conditions des cyclistes, il faut bien plus qu’une simple chicane à propos de chicanes. Il faut un projet qui permet de voir plus loin. Ce projet, c’est celui d’un centre d’entrainement et d’excellence en cyclisme établi au parc Jean-Drapeau.

La Flamme Rouge soutient cette idée qui correspond à ma vision des choses, celle qu’un vélodrome intérieur ou extérieur au Québec n’est viable que dans la région métropolitaine de Montréal. Elle se fait aujourd’hui le relais de cette idée, en espérant que certains lecteurs pourront la reprendre et la développer. L’Australie s’est doté, il y a plusieurs années, de structures modernes pour soutenir la pratique du cyclisme, avec les résultats que l’on sait à l’échelle internationale maintenant.

Le tour de l’actualité

À quelques minutes de monter dans l’avion, voici l’actualité commentée du cyclisme. Beaucoup de nouvelles…

1 – Tour de Suisse. Robert Gesink est pour le moment en tête, une poignée de secondes devant Uran et Morabito. Franck Schleck, Joaquim Rodriguez et Lance Armstrong sont à moins d’une minute. La victoire finale pourrait en ce sens se jouer seulement dimanche à l’occasion du clm de Liestal, sur 26 kms. L’étape de demain samedi ne sera cependant pas facile, avec 2500m de dénivelée. Selon Gesink, c’est Armstrong qui serait le plus dangereux en raison du clm de dimanche. 

Le héros du Tour de Suisse pour l’instant, c’est cependant Markus Burghardt chez BMC qui s’est octroyé deux belles victoires d’étapes. Et le héros malheureux de ce Tour de Suisse, outre Cavendish bien sûr, c’est… la météo, pluie, vent et froid étant le lot des coureurs cette semaine en Europe.

2 – Tour de Beauce. La difficile étape du Mont Mégantic a été gagnée par un coureur de UnitedHealthCare, Marc DeMaar. Remarquable performance de Derreck St-John, un coureur de la région d’Ottawa il faut le rappeler, qui termine deuxième après s’être fait reprendre par DeMaar dans les tous derniers hectomètres de l’étape. Belle performance des Québécois David Boily et François Parisien qui limitent les dégâts.

Sans surprise, c’est Ben Day qui a remporté aujourd’hui le clm, prenant du même coup la tête du général. Arrivé en Beauce avec une bonne équipe Fly V Australia, je vois mal maintenant comment il peut perdre ce Tour de Beauce, malgré la difficile étape demain dans les rues de Québec.

Enfin, il faut regarder ce petit vidéo – un peu après la 4e minute – de l’arrivée de l’étape mercredi: tout le cyclisme canadien est, selon moi, résumé dans ces images. Totalement inconsciente de la vitesse à laquelle peuvent rouler des cyclistes en peloton dans le final d’une étape, la dame traverse tranquillement la route, imperturbable. La grosse catastrophe a été évitée de justesse.

3 – Livres de l’été. C’est une tradition à l’approche du Tour, des livres sur le cyclisme sont publiés. Daniel Fertin nous informe d’un nouvel ouvrage, La saga Vandenbroucke, ou l’histoire de cette famille cycliste belge. Ce fut en effet Jean-Luc, Jean-Jacques, Jean-Denis et évidemment… Franck, dont la fin a été tragique. Une analyse-critique sera disponible sur ce site dans les prochains mois.

4 – Autre livre de l’été, celui de Jean-Pierre de Mondenard, cet ancien médecin du Tour et aujourd’hui grand défenseur d’un cyclisme propre. Dans ce nouvel ouvrage, Mondenard déconstruit un certain nombre de mythes, d’histoires populaires du cyclisme en rectifiant les faits. L’histoire entre Anquetil et Baldini est d’ailleurs très intéressante. J’espère également vous proposer un petit commentaire-critique de l’ouvrage dans les prochains mois.

5 – L’ACC renouvelle son approche "marketing". Le communiqué publié a de quoi faire rire, on a l’impression de lire une caricature de "buzz words" à la mode actuellement mais vide de sens derrière. Image marketing via des "faiseurs d’image" ? Je me pose des questions à savoir si les sous de l’ACC sont investis là où ca compte… Car pour moi, l’image marketing viendra par un travail sérieux, bien fait, permettant au cyclisme de se développer au Canada tout en préservant les valeurs fondamentales du sport.

Reste plus que l’ACC engage Cloporte Racaille sans appel d’offre et le tableau sera complet ! 

6 – Bonne chance à mon coéquipier Martin Desbiens qui débutait ce matin à Saguenay le Défi Pierre Lavoie avec son équipe du Casino du Lac Leamy de Gatineau. Le Défi Pierre Lavoie consiste à épauler Pierre Lavoie dans son entreprise de rallier Montréal depuis Saguenay en un week-end, une sortie d’un peu plus de 1000 kms.

7 – Lance Armstrong sera présent au 24h vélo du Mont Tremblant en septembre prochain dans le cadre de son activité – très lucrative d’abord pour lui – du Tour de Lance pour l’institut des Cèdres. Vous savez déjà ce que j’en pense… Ceci étant, l’information est intéressante puisque cela donne un indice important quant à la participation d’Armstrong aux deux épreuves ProTour du Québec les 10 et 12 septembre prochain. Je pense donc qu’il sera au départ avec son équipe RadioShack, d’ailleurs exclue du Tour d’Espagne qui se déroulera au même moment.

8 – Statistique Canada a diffusé cette semaine des données sur le port du casque de vélo dans les diverses provinces canadiennes. Comme souvent, des tendances différentes sont observées d’Ouest en Est du pays. Cela ravive le débat à savoir s’il faut rendre le port du casque à vélo obligatoire. Je suis personnellement contre, préférant privilégier l’éducation à la fois des automobilistes comme des cyclistes pour un partage plus sécuritaire des routes. Les cyclistes devraient pouvoir juger des moments importants ou non de porter le casque. 

9 – Saga du dopage mécanique, la suite par Bjarne Riis. Son histoire de problème de freins ne me convainc pas du tout. Ca fait 25 ans que je fais du vélo, j’ai tout eu comme problème mécanique sur un vélo, mais jamais les freins… Je doute qu’au niveau professionnel, alors que les vélos sont nettoyés, bichonnés tous les soirs, des problèmes de freins soient possibles…

10 – Montréal-Lyon cette nuit, Lyon-Genève-Morzine demain et c’est parti mon kiki !

Cavendish: le succès lui monte à la tête ?

Grosse gamelle hier à quelques mètres de la ligne de la 4e étape du Tour de Suisse, dans le sprint final. Cavendish a modifié sa trajectoire, s’est accroché avec Haussler et tous deux ont entrainé plusieurs coureurs dans une chute spectaculaire et qui aurait pu être plus grave pour certains. Le plus touché, Arnaud Coyot, s’en tire avec des fractures, sans plus. 

Aujourd’hui, des coureurs du Tour de Suisse ont observé deux minutes de "grève" au départ pour manifester contre le comportement dangereux de Cavendish. Hier déjà, de nombreux coureurs dénonçaient son attitude déplorable dans les emballages finaux.

Mon avis ? Le sprint est en soi un exercice dangereux. Il l’est encore plus lorsqu’aucune équipe n’a la capacité d’imposer un train longtemps d’avance, par exemple à 5 kms de la ligne. En l’absence d’un train efficace, le sprint est débridé et la victoire dépend alors souvent d’un subtil équilibre entre partir le plus tard possible, mais aussi le premier. Et puis il y a le sens du vent, la dénivelée de la dernière ligne droite, etc. Ceci étant, je crois en effet que les coureurs ont raison de se plaindre de Cavendish et ce dernier déçoit par son manque de classe. La grandeur d’un champion se mesure aussi à son attitude envers ses adversaires. 

Erik Lyman nous présente Team Spirit

Plusieurs d’entre vous auront remarqué, cette saison dans le peloton Élite, les maillots bleu et rouge de la nouvelle équipe Team Spirit. À l’occasion d’un long entrainement, bien rythmé d’ailleurs, avec mon ami Erik Lyman, coureur bien connu et, avec d’autres, à l’origine du projet, nous revenons sur la création et les objectifs de Team Spirit. En marge du Tour de Beauce sur lequel l’équipe Team Spirit-CIBC Wood Grundy est d’ailleurs présente, entrevue "langue de bois interdite".

LFR: Erik, Team Spirit, ce n’est pas un nom habituel pour une équipe cycliste. Qu’est ce qui se cache derrière un tel nom ? Une philosophie ? Une fondation ? Un engagement social ?

EL: D’abord, c’est un engagement social, puisqu’il s’agit d’un projet à long terme dont l’objectif est de contribuer à l’effort cycliste élite québécois et canadien. Il ne faut pas perdre de vue que mettre sur pied une équipe cycliste requiert beaucoup d’efforts, d’appuis, de compétences ainsi que de persévérance. Cela est sans compter que le succès instantané n’arrive que très rarement et que pour cette raison, nous désirons avoir une vision à moyen et à long termes. Ensuite, c’est une philosophie et une façon de percevoir la réussite d’une entreprise telle que la nôtre. Lorsque Cannondale convient de nous octroyer dix vélos, il est important pour nous qu’elle connaisse notre vision et qu’elle sache que Team Spirit se veut une structure solide et durable et ce, malgré les nombreux changements auxquels doit faire face une entreprise dans le domaine sportif.

LFR: vous avez recruté de jeunes et moins jeunes coureurs. Présente-nous quelques-uns de vos coureurs.

EL: Nous avons trois coureurs U23 au sein de Team Spirit. Il s’agit de Pierre-Étienne Boivin, Frédéric Ouellet et Vincent Veilleux. Ce dernier a connu un bon début de saison en amassant plusieurs top 10 et en remportant le maillot Nativo Concept des sprints intermédiaires des Mardis cyclistes de Lachine, lors de la première étape 2010 – le premier maillot du genre de l’histoire des Mardis cyclistes de Lachine. En ce qui a trait à Frédéric, il connait un intéressant début de saison sur le plan sportif. Toutefois, c’est surtout son éthique de travail dans la course comme avec le personnel de soutien qui le démarque. Son attitude est très bonne, et cela payera dans le futur. Pour ce qui est de Pierre-Étienne, il a démontré des aptitudes comme sprinteur, l’an passé, en remportant le maillot de meilleur junior aux Mardis de Lachine. Il n’a pas peur de frotter et sa puissance pure est indéniable. Évidemment, il peut rivaliser avec les meilleurs coureurs élites au Québec, lors des arrivées massives. Mais aucune pression n’est mise sur lui afin qu’il fracasse des records en 2010, car notre vision du développement est basée sur un plan à moyen terme.

Il va de soi que notre approche est de créer un environnement de qualité et ce, autant pour les jeunes que les vétérans de l’équipe. C’est dans cette perspective que nous ne désirons pas mettre trop de pression sur nos néo-élites. C’est pourquoi nous misons davantage sur des gars comme Pascal Bussière et Benjamin Martel – notre capitaine de route – qui sont deux vétérans que l’on n’a plus besoin de présenter. À titre d’exemple, Pascal a terminé 5e du classement général du Grand Prix de Charlevoix 2010 et Benjamin 11e. Nous avons aussi Pierre Boilard ainsi que Dany Belley dont le mandat est d’encadrer et de protéger nos jeunes dans tous les aspects sportifs, que ce soit en course ou hors course. Cela peut sembler réducteur comme rôle – du moins aux yeux de certains –, mais dans les faits, notre réussite passe par ces coureurs, car le principe de base d’une équipe est la complémentarité. Et, en ce sens, je crois que ces deux coureurs de soutien sont parmi les meilleurs du genre, et ce, toute équipe québécoise confondue. Nos vétérans servent d’exemples aux jeunes tout en les encadrant; cela oblige nos vétérans à être sérieux, et le fait d’être des modèles les amène à se dépasser. Cela me semble avantageux pour tous.

Bref, pour conclure sur la question, je dirai que le fait de construire des athlètes – jeunes ou vétérans – plutôt que d’en disposer permet de créer un fort sentiment d’appartenance et de travailler davantage en profondeur avec les athlètes. Cela donne aussi tout son sens à notre équipe.

LFR: Quels sont vos objectifs principaux cette saison ?

EL: Nous visons de bien performer lors des épreuves du classement FQSC. Plus particulièrement, je pense au GP de Charlevoix, au Tour de Québec, au Grand Prix Vaudreuil Soulanges St-Lazare, à Montréal-Québec, au Grand prix de St-Basile et, bien sûr, aux Championnats québécois.

LFR: serez-vous présents aux Mardis cyclistes de Lachine cette saison ?

EL: Nous désirons que nos coureurs prennent de l’expérience aux Mardis cyclistes de Lachine, et ce, en tant qu’équipe. Car nous prévoyons faire des Mardis cyclistes un objectif prioritaire de Team Spirit au cours des prochaines années. Pour le moment, je dirais que nous sommes comme les Russes lors de la série du siècle : nous sommes là pour apprendre !!! Par conséquent, nous ferons quelques présences officielles, c’est-à-dire toute l’équipe ainsi que le représentant de Cannondale, Sébastien Beauvais, et ce, dès 2010.

LFR: et quels sont vos objectifs à plus long terme, disons sur 3 ou 4 ans ?

EL: Nous désirons être compétitifs sur la scène québécoise et en ce sens, le classement général FQSC est un objectif naturel. Le Québec – grâce à sa fédération cycliste – s’est doté d’un excellent calendrier de courses qui nous permettra de former de jeunes athlètes qui pourront poursuivre leur route chez les professionnels ou qui désireront poursuivre leurs ambitions sportives sur la scène élite québécoise. De plus, le Championnat québécois et le Championnat canadien sont des événements incontournables dans lesquels nous désirons obtenir du succès.

LFR: Quel est ton rôle exact au sein de Team Spirit ?

EL: Je suis directeur sportif et mon rôle est de coordonner. Je suis prioritairement un administrateur. Par conséquent, les athlètes et l’équipe passent avant toutes choses. Toutefois, je désire être actif sur le vélo, et mes coureurs abondent en ce sens. Évidemment, comme plusieurs le savent – et me l’ont fait gentiment remarquer –, j’ai cessé de courir au niveau professionnel continental à la fin de 2007. Depuis, je fais du cyclisme provincial à la carte – à temps partiel – en me consacrant prioritairement à mon entreprise de communication ainsi qu’en enseignant à temps partiel à l’Université d’Ottawa. Cela est sans compter que j’en profite pour passer davantage de temps avec ma femme ainsi que ma famille. Mais, cela veut-il dire je désire me retirer complètement du sport cycliste? Au contraire, plusieurs modèles de longévité sportifs m’inspirent et me font comprendre que la passion reste intacte, mais que les défis et les enjeux sont différents.

LFR: ton passage au sein du peloton cycliste du Québec aura été marqué par des hauts et des bas. Si tu avais à résumer en quelques mots ce qui te reste de toutes ces années, tu choisirais lesquels ?

EL: Amitiés, dépassement personnel et estime de soi.

LFR: je te laisse le mot de la fin…

EL: Pour conclure, j’aimerais en profiter pour féliciter Hugo Houle (Garneau – Club Chaussures) pour son fulgurant début de saison. Je ne suis pas un maniaque des statistiques, mais à moins que je ne me trompe, ce dernier est sur le podium à plus de 75 % des courses auxquels il prend part. Chapeau! Un bravo aussi à Arnaud Papillon (Nativo/PG/De Vinci) qui, après quelques malchances, retrouve le chemin du succès en 2010. Et, bonne chance aux coureurs de Team Spirit-Cannondale/RHUS ELEMENTI lors du Tour de Beauce qui débutait hier. Un merci particulier aussi à CIBC Wood Gundy pour sa contribution financière à Team Spirit pour le Tour de Beauce 2010. Enfin, j’adresse un salut amical aux fans de Laflammerouge !

Le Tour de Beauce débute aujourd’hui

La première étape du difficile Tour de Beauce sera courue aujourd’hui du côté du Lac Etchemin. 

Au menu des coureurs dans les prochains jours, six étapes dont la difficile étape du Mont Mégantic jeudi, un clm de 20 bornes vendredi et le circuit urbain usant de Québec samedi, le même circuit qui sera utilisé en septembre prochain lors de l’épreuve ProTour.

La récupération sera donc encore une fois très importante toute la semaine, le terrain de la majorité des étapes étant accidenté, usant, tout en relance.

Le peloton cette année est très international, très intéressant. On y retrouve trois équipes du Québec, deux du Canada, cinq des États-Unis, deux des Pays-Bas ainsi qu’une équipe d’Allemagne, d’Afrique du Sud, d’Australie, de l’Espagne, de l’Arménie ainsi que de l’Ukraine. 

Curieusement cependant, la liste des partants annoncées sur le site du Tour de Beauce ne correspond pas à celle publiée sur le site CyclingNews. Dans ce dernier cas, on annonce la présence de Jaan Kirsipuu chez CKT – TMIT alors que son nom ne figure pas sur le site du Tour de Beauce.

Quoi qu’il en soit, un nom ressort du lot: Francisco Mancebo de l’équipe Heraklio. Sur le papier, c’est le coureur avec le palmarès le plus étoffé en Beauce cette semaine. Après, il y a la condition qui détermine la performance.

Les autres "gros noms" me paraissent être Jeff Louder chez BMC, Nathan O’Neill chez Bahati Foundation et Ben Day chez Fly V Australia. 

Les équipes québécoises et canadiennes présentent également des coureurs de premier plan, dont François Parisien, Hugo Houle, Jean-Sébastien Perron, Arnaud Papillon et Guillaume Boivin. Curieusement, Martin Gilbert ne fait pas partie de la formation SpyderTech cette année sur cette épreuve. Il se préserve peut-être pour un autre objectif, celui de général aux Mardis cyclistes de Lachine.

Rappelons en terminant que le dernier Canadien à avoir remporté l’épreuve est Svein Tuft, en 2008. Le dernier Québécois à avoir inscrit son nom au palmarès de l’épreuve est… Jacques Landry, aujourd’hui avec l’ACC. C’était en… 1994.

Le tour de l’actualité

1 – Victoire de Janez Brajkovic au Dauphiné Libéré après une superbe défense du maillot dans la montée de l’Alpe d’Huez. Brajkovic a répondu du tac au tac aux attaques de Contador, et ca a beaucoup attaqué. Je vous conseille de regarder le vidéo du final de l’étape de l’Alpe d’Huez, c’était assez grisant merci.

Avec cette victoire au Dauphiné, Brajkovic signe son entrée parmi les possibles leaders d’une formation cycliste en vue de grands objectifs. Malgré sa victoire, il semble que sa participation au Tour de France ne soit pas acquise. La décision interviendra au terme du Tour de Suisse chez RadioShack. Je pense qu’il fera partie de l’alignement…

Contador termine 2e et continue de se préparer pour le Tour. Sa condition physique est excellente, mais pas encore au top, ce qui est normal

Ce Dauphiné a par ailleurs été le théâtre de plusieurs révélations, en premier lieu de Tejay Van Garderen, 3e du général. Il a su résister à la montagne beaucoup mieux que je ne le pensais. Attention à lui dans les prochaines années, 3e du Dauphiné alors qu’il est néo-pro, ce qui n’est pas mal du tout. Son prochain objectif serait la Vuelta en septembre. Je souligne au passage le beau geste de Chris Horner dans le final de l’Alpe d’Huez samedi, alors qu’il a assisté Van Garderen, un compatriote. 

Autre révélation, Jérome Coppel, qui a fait une ascension de l’Alpe d’Huez époustouflante, se permettant d’attaquer Contador et Brajkovic à plusieurs reprises. Au final, on retrouve six Français dans les 15 premiers du Dauphiné, pas mal du tout: Coppel, Vogondy (magnifique victoire d’étape au Risoul), Riblond, Rolland, Sicard et LeMevel.

Enfin, soulignons la belle victoire d’un futur grand, Edvald Boassom Hagen hier sur le difficile circuit de Sallanches. Boassom Hagen a gagné son ticket pour le Tour, qu’il découvrira à 23 ans seulement.

2 – Tour de Suisse. Sans surprise, Cancellara a gagné le prologue et c’est arrivé au sprint hier, Haussler remportant la mise. Les favoris sont en rodage, notamment les frères Schleck et Lance Armstrong. Le reste de la semaine nous en apprendra davantage sur la condition de chacun.

3 – Troublant vidéo sur l’affaire du moteur électrique présumé dans le vélo de Cancellara sur le Ronde et Paris-Roubaix en avril dernier. Un petit texte sur ce sujet ainsi que des commentaires des internautes sont disponibles ici (merci à Erwan pour le lien). Cette histoire-là est vraiment louche et on ne sait trop quoi en penser. On annonce par ailleurs qu’un scanner serait utilisé sur le prochain Tour de France pour contrôler les vélos.

4 – Petit vidéo sympa du Chrono de Gatineau samedi dernier. Merci à mon coéquipier Gino pour le vidéo.

La touche finale

Préparer un objectif, c’est aussi savoir faire ses devoirs avant de l’aborder. La hauteur de la réussite se mesure aux sacrifices consentis pour l’atteindre…

C’était la touche finale de mon entrainement en prévision de deux semaines dans les Alpes. Après un mois d’entrainement en intensité, soit quatre semaines bien chargées, une dernière sortie en endurance-résistance était au programme du jour.

Je suis satisfait, la condition est là. Total aujourd’hui, 180 bornes dont 165 à 31,8 de moyenne (les 15 dernières étaient une récupération active). Solo. 5h30 de selle, avec un vent certes léger mais souvent de face. Sur un parcours costaud, accidenté, permettant de travailler toujours en prise. Pour les habitués de l’Outaouais, ce fut d’abord le lac McGregor, puis retour à Wakefield, deux petites boucles dans la montée de Wakefield (chemin Rockhurst), pour terminer par une boucle dans le parc, par Fortune. La solitude permet de forger le moral, de visualiser, mais aussi de bien travailler sans attendre les autres. Les 165 bornes auront été réalisées avec l’objectif du jour, maintenir une fréquence cardiaque entre 80 et 85% de mon maximum, avec des petites pointes entre 88 et 91% dans les bosses. J’ai terminé avec encore du jus, de la force.

Morzine, me voici.

Chrono de Gatineau: Ben Day en toute logique

C’était le chrono de Gatineau, un clm de sanction UCI, cet après-midi à deux pas de chez moi. Une vingtaine de coureurs étaient présents, dont quelques pointures, notamment Charles Dionne et Ben Day de chez Fly V Australia, deux coureurs de l’équipe UnitedHealthCare (et son directeur sportif Gord Fraser), deux coureurs de SpyderTech (Charly Vives et Ryan Roth) et plusieurs coureurs de l’équipe Garneau-Club Chaussures dont Jean-Sébastien Perron et Derreck St-John. C’était pour tout ce joli monde l’occasion de faire un bon effort en prévision du Tour de Beauce qui débute mardi prochain, le 15 juin. Quelques coureurs à saveur plus locale, dont le champion canadien sur route Aaron Fillion mais aussi Warren McDonald, étaient également de la partie. Ambiance.

Pour moi, aucun doute aujourd’hui, le client c’est lui, Ben Day de chez Fly V Australia. C’est en tout cas le plus gros palmarès au départ, avec notamment une victoire au classement général du difficile Tour de Beauce, en 2007.

À quelques minutes du départ, Derreck St-John, premier à partir, met la touche finale à sa préparation.

Un peu plus loin, les coureurs de UnitedHealthCare se préparent tranquillement, ils ne partent que dans la deuxième vague après tout, sous l’oeil attentif de Ross Knight, bien connu dans la région d’Ottawa-Gatineau pour organiser les critériums NRC depuis de nombreuses années.

Charly Vives, ready to go.

3… 2… 1… c’est un départ ! Malheureusement, peu de spectateurs étaient présents pour apprécier le spectacle.

Ca fait pas très sérieux, dans un clm dont la bourse du vainqueur est d’environ… 3000$ !

La première vague de coureurs étant partie, Charles Dionne s’échauffe doucement sur son home-trainer.

Derreck St-John in full flight.

Charly Vives semblait dans le rythme au premier passage sur la ligne.

Jean-Sébastien Perron, récent vainqueur du GP de Charlevoix et jouant à domicile, ready to go.

Des figures connues du milieu du cyclisme, en grande discussion.

Madame la commissaire de la FQSC ne mégotait pas avec le contrôle des vélos, vérifiant chacun d’eux sans exception. Avez-vous un détecteur de petits moteurs internes Madame ?

Le vélo était ok pour ce coureur de UnitedHealthCare mais c’est à propos du bas de contention que la commissaire en avait. Finalement, il pourra prendre le départ… mais avec un avertissement, le justificatif n’ayant pas été présenté.

Aaron Fillion, un coureur très discret mais d’un talent énorme et sous-estimé selon moi, se prépare. Il terminera finalement 3e, une sacré performance sur un parcours très roulant. La défense du maillot de champion canadien en tête ?

Le vélo du vainqueur du jour a bel et bien été contrôlé…

C’est moi Madame ! Derniers étirements pour Charles Dionne avant le départ. Ben Day donne pour sa part l’impression de vouloir déjà en avoir terminé avec le chrono.

Le vainqueur du jour, ready to go.

Concentration pour Charles Dionne, quelques minutes après.

Warren McDonald, la pointure locale dans les chronos (hormis Aaron Fillion), ready to go.

Jean-Sébastien Perron à l’effort.

Ce coureur UnitedHealthCare était bien dans le rythme et dégageait une excellente impression.

Aaron Fillion, un peu comme d’habitude, seul au monde…

Pas dans sa spécialité et peut-être pas dans un grand jour, Charles Dionne se fait reprendre par Ryan Roth, parti une minute après lui.

 

Dernier virage avant le sprint final de 200m.

Pierre Hutsebault, celui qui tenait les coureurs dans le portillon de départ, en discussion "post-course" avec ce coureur de Garneau-Club Chaussures.

La dernière photo appartient au vainqueur du jour, l’Australien Ben Day, qui aurait roulé à plus de 48km/h de moyenne. Le parcours était très roulant certes, l’asphalte nickel et le vent assez léger, mais c’est tout de même une moyenne remarquable. Les résultats finaux seront disponibles très bientôt.

Meet Tejay Van Garderen

Récent deuxième du prologue du Dauphiné-Libéré derrière Alberto Contador, Tejay Van Garderen a attiré mon attention. Ô surprise, le coureur est américain et possède déjà de sacrés références. Comme quoi un grand espoir, en l’occurence Taylor Phinney, peut en cacher un autre…

Voyez un peu: Tejay Van Garderen a d’abord été champion américain de tout en 2004 chez les cadets: route, cyclo-cross, contre-la-montre ! Puis, entre 2005 et 2008, c’est le trou, peu de résultats probants, le temps probablement d’encaisser le passage chez les juniors puis chez les séniors. Il s’illustre ensuite sur le Tour de l’Avenir ou il remporte une étape en 2008 et termine 2e du général en 2009. 

Cette année chez HTC-Columbia, il a déjà terminé 2e du Tour de Turquie et maintenant du prologue du Dauphiné-Libéré. Il semble donc avoir d’excellentes prédispositions pour les courses à étape et sa tenue dans la montagne, plus tard sur ce Dauphiné, sera intéressante à suivre. Fait intéressant, Van Garderen, visiblement avec des origines néerlandaises, est aussi passé par l’équipe espoir Rabobank, pépinière de talents pour l’équipe professionnelle du même nom. 

Sa tenue hier sur l’étape de Risoul a été excellente puisqu’il a limité les dégâts en terminant un petit 25 secondes derrière Brajkovic et Contador. Prochain rendez-vous demain samedi à l’Alpe d’Huez !

Bref, outre Phinney qui doit encore passer pro, le cyclisme américain possède en Van Garderen un autre coureur pouvant assurer la relève des Hincapie, Armstrong, Farrar, VanDeVelde ou encore Leipheimer.

Équipe Cervelo pour le Tour: faut m’expliquer…

C’est décevant pour les amateurs de cyclisme au Québec: le nom de Dominique Rollin ne figure pas sur la courte liste des 12 coureurs pré-sélectionnés de l’équipe Cervelo en vue du Tour de France.

On peut se poser quelques questions face à cette situation. Si la compétition est très forte au sein de l’équipe (j’y reviens plus bas), on peut également penser que Rollin aurait eu sa place considérant les récents événements. Explications.

La première chose à prendre en compte dans la sélection des coureurs est le but visé par l’équipe sur le Tour: le général avec Sastre, vainqueur en 2008 ? Le meilleur sprinter avec Hushovd, le maillot vert du Tour 2009 ? D’autres objectifs ?

Le hic chez Cervelo cette année, c’est que Sastre n’est actuellement pas au mieux puisqu’il est blessé (hernie). S’il figure dans la liste des 12, sa participation au Tour est très incertaine. On peut même ajouter que même s’il devait prendre le départ, sa récente blessure ne lui permettra probablement pas de se battre pour une place sur le podium, sa préparation étant compromise en ce moment.

Dans ce contexte et si j’étais directeur sportif chez Cervelo, je me rabattrais tout de suite sur d’autres objectifs, surtout le maillot vert, parce que 9e du Tour avec Sastre, tout le monde s’en fout.

J’articulerais donc en premier lieu mon équipe autour d’Hushovd pour être efficace dans la préparation des sprints. Dans ce contexte, Lancaster est un choix indiscutable, c’est évident. Mais après ? Qui d’autre ? On peut considérer que Jeremy Hunt, bien que vieillissant (36 ans), serait également utile puisqu’il possède l’expérience de ce genre d’exercice. Ok pour Hunt. Outre Hushovd, cela ne fait toujours que deux hommes ! Je ne vois personne d’autre sur la liste capable de filer un bon coup de main à Hushovd dans les 5 derniers kms des étapes. C’est ici que Rollin aurait été, selon moi, un atout précieux pour l’équipe Cervelo.

Après, il faut viser les victoires d’étape. Considérant cet objectif, Deignan (victoire d’étape à la Vuelta l’an dernier, 9e du général) est un candidat sérieux, de même que Tondo (vainqueur de la 6e étape de Paris-Nice cette année, 2e du Tour de Catalogne avec une victoire d’étape également) voire Konovalovas (victoire dans le dernier clm du Giro l’an dernier). Haussler est évidemment incontournable.

Ca nous fait donc 7 coureurs sur un maximum de 9: Hushovd, Lancaster, Hunt, Deignan, Tondo, Konovalovas, Haussler. Avec Sastre, on est à 8. Je pense que Rollin avait donc ses chances par rapport aux autres, les Florencio (dernier résultat probant, victoire à la Classica San Sebastian… 2006!!!), Lloyd (aucun résultat récent), Klier (aucun résultat récent et vieillissant) et Gustov (aucun résultat récent si ce n’est une participation anonyme au Giro 2010) ne présentant pas un intérêt particulier par rapport à Rollin, ni une capacité d’aider concrètement à l’atteinte d’un objectif d’équipe comme le maillot vert.

Espérons que si Sastre déclare forfait, l’équipe Cervelo pensera à Rollin ! Il me semble que pour une équipe dont le sponsor principal est canadien, ca serait bien (notamment à l’égard de la clientèle canadienne…) d’avoir un Canadien dans l’effectif, qui plus est capable d’être très utile dans l’atteinte d’un objectif important. De plus, Rollin s’est montré à son avantage sur le Dauphiné, prouvant que sa condition est plutôt bonne. Il donne des garanties me semble-t-il… tout en prouvant que c’est un battant qui veut faire l’équipe.

L’actualité commentée

1 – Beaucoup de commentaires laissés suite au texte portant sur le malheureux accident sur la Time-Mégève Mont Blanc du week-end dernier. Le site Velovelo propose une analyse de l’accident, photo du virage fatal à l’appui. Pour moi, ce fut la surprise, le virage ayant l’air plutôt anodin, large, facile. Le cycliste n’a vraiment pas eu de chance, perdant le contrôle au mauvais endroit et allant percuter un muret pour basculer dans un ravin profond à cet endroit. Parfois, on se demande vraiment comment c’est possible… 

Un commentaire a évoqué le dopage sur les cyclosportives. Je suis d’accord avec la réaction de plusieurs: ce n’était ni l’endroit, ni le moment. Je vois mal ce que cette allusion apportait à l’esprit de mon texte et des autres commentaires. 

Quoi qu’il en soit, ce récent décès a eu le mérite de me refroidir, étant plutôt bon descendeur habitué à prendre des risques et à rouler très vite dans les descentes de col. Je serai probablement plus prudent cette année avec ce malheureux accident en tête.

Je termine sur ce sujet en vous informant que le magasin de vélo dans lequel travaillait la victime organise une collecte de fonds pour sa mémoire. On peut y participer ici. Bon courage à tous ses proches dans l’épreuve difficile que vous traversez.

2 – Dauphiné Libéré. Le Slovène Janez Brajkovic, de l’équipe RadioShack (certains l’appellent RadioShit…), a remporté aujourd’hui le clm de 50 bornes, devançant le spécialiste David Millar. Brajkovic, champion du monde clm espoir en 2004, arrive enfin à maturité, à 27 ans, et répond finalement aux attentes placés en lui suite à quelques bons résultats plus jeune.

Contador a pour sa part terminé 6e, à 1min46, estimant ne pas avoir voulu prendre de risques sur un parcours assez technique et très exposé à un bon vent de face sur une partie de l’étape. 

À noter également la performance acceptable de Denis Menchov, 5e aujourd’hui. Attendons la montagne avant d’en dire plus à son sujet.

Il faut enfin souligner la performance remarquable du jeune coureur américain Tejay Van Garderen, 4e de l’étape, excusez un peu. Je vous présenterai un peu plus ce grand espoir du cyclisme américain demain.  

Au général, Brajkovic est en jaune avec 36 secondes d’avance sur Millar et 50 secondes sur Van Garderen. Pour ce dernier, la montagne, au menu des trois prochaines étapes, sera probablement trop difficile pour se maintenir à cette position. Millar, s’il est en grande condition, peut espérer limiter les dégâts, bien que l’ascension de l’Alpe d’Huez sera très difficile pour lui. Contador pointe en 4e place, à 1min41. Pour lui, le podium est facilement accessible, et possiblement la première place s’il se teste à fond demain dans l’arrivée en altitude à Risoul ou à l’Alpe d’Huez. Rien n’est donc joué sur ce Dauphiné.

Le Québécois Dominique Rollin fait une course agressive, l’équipe Cervelo n’ayant visiblement personne pour le général. Du coup, le mot d’ordre est de tenter de se glisser dans des coups et Rollin a saisi la balle au bond. Attention à lui vendredi. Demain, samedi et dimanche, il ne pourra pas rivaliser avec les grimpeurs sur des parcours de haute montagne.

3 – J’ose l’écrire parce que je le pense: toute la médiocrité du président de l’UCI, Pat McQuaid, s’est étalée une fois de plus au grand jour aujourd’hui dans sa réaction aux récentes déclarations de Pierre Bordry, directeur de l’AFLD. Pat McQuaid n’a rien trouvé de mieux qu’à déclarer que Bordry "devrait se la fermer". Édifiant.

Rappelons que Bordry a récemment déclaré que les contrôles anti-dopage étaient trop prévisibles. Cela va dans la même veine (sans jeu de mots…) que son rapport déposé l’an dernier et estimant que l’équipe Astana d’Alberto Contador et Lance Armstrong avait bénéficié d’un traitement de faveur par l’UCI dans l’application des règles des contrôles anti-dopage.

Pas intelligent pour deux sous, McQuaid est tombé dans le piège: sa déclaration aujourd’hui insiste sur la quantité de contrôles effectués au cours des années récentes. Hey ! Là n’est pas le point ! Le point, c’est que Bordry te dit qu’il vaut mieux un contrôle bien fait, par surprise, que 10,000 contrôles bidon alors que les cyclistes sont prévenus d’avance.

Les faits sont par ailleurs éloquents : sur le dernier Tour de France effectué sous le contrôle de l’AFLD, on a épinglé quelques pointures du peloton, dont Ricco, Piepoli et Schumacher. Depuis que l’UCI a repris le contrôle, avec la bénédiction d’ASO, plus de contrôles positifs sur le Tour. On restaure (artificiellement) l’image du Tour et tout va bien Madame la Marquise. Le retour d’Armstrong l’an dernier a pu se dérouler sans anicroche, et les organisateurs, notamment du Tour Down Under et du Tour de Californie, s’en sont mis plein les poches. 

Il est pas beau, le cyclisme de Pat McQuaid ?

Si j’étais président de l’UCI, j’aurais tenté de répondre à Bordry avec classe et crédibilité. J’aurais affirmé que l’AFLD, comme l’UCI, ont le même but, la lutte contre le dopage dans le cyclisme, ce fléau qui empoisonne les valeurs fondamentales du sport. J’aurais déclaré vouloir rencontrer Bordry au plus vite pour discuter avec lui de ses préoccupations quant au travail de l’UCI dans le domaine. J’aurais affirmé être à l’écoute de n’importe quelles bonnes suggestions, peu importe de qui elles viennent, afin de permettre de rendre les contrôles plus efficaces. J’aurais éventuellement tendu la main à l’AFLD pour collaborer à épingler les tricheurs afin que la course soit juste et équitable pour les cyclistes professionnels, et il y en a, qui font leur métier avec sérieux et éthique. J’aurais rappelé que l’UCI collabore avec toutes les institutions, AFLD, AMA, etc., qui oeuvrent à purger le sport du fléau du dopage. 

Je n’en écris pas plus et vous laisse juger de la qualité des interventions de M. McQuaid. Mais j’ajoute que de plus en plus, je pense que le problème #1 du cyclisme, c’est lui.

4 – Le sprinter québécois Martin Gilbert a remporté la première manche des Mardis cyclistes de Lachine hier soir. David Veilleux a terminé 2e et Hugo Houle 3e. Bravo également à Vincent Veilleux pour son maillot des sprints intermédiaires. Dieu que ca roule vite !

5 – Le Tour de Suisse s’élance samedi de Lugano. Le peloton sera d’un intérêt particulier cette année puisque Lance Armstrong, Andreas Kloden, Fabian Cancellara, Mark Cavendish, Tony Martin, Thor Hushovd, Heinrich Haussler, Luis Leon Sanchez, Alessandro Petacchi, Tom Boonen, Roman Kreuziger, Ryder Hesjedal, Christian VanDeVelde, Kim Kirchen et les frères Schleck y sont tous présents. Je crois bien qu’on a pas vu pareil plateau sur le Tour de Suisse depuis des années !

6 – Des nouvelles de Roberto Heras, l’ex-dopé. Ils sont bien tous encore sur un vélo, d’une manière ou d’une autre… Triste.

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