Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 151 of 352

Armstrong éclipse Greipel

La vedette du jour sur le Tour de France ne fut pas André Greipel hier mais bien Lance Armstrong, bien malheureusement.

Il faut dire que les étapes actuelles ne sont pas les plus emballantes, car réglées comme du papier à musique. Certains lecteurs ne sont pas d’accord avec moi et continuent de croire que les oreillettes n’y sont pour rien. Je demeure convaincu du contraire, comme je demeure convaincu que des échappées allaient beaucoup plus souvent au bout du temps où ces oreillettes n’existaient pas. Prenez des exemples concrets, sur le Tour 1986, 1987 ou 1990 par exemple. Prenez l’échappée fleuve de Thierry Marie quelques années plus tard… toutes des situations qui n’existent plus aujourd’hui, malheureusement. Rappelons aussi que de nombreux directeurs sportifs sont du côté de l’UCI qui cherche à éliminer ces oreillettes pour retrouver un peu l’essence de ce sport.

Quoi qu’il en soit, Greipel a gagné hier sa 2e étape de suite. Cavendish a été enfermé, Goss a raté une belle chance car il a amené un trop gros braquet dans les derniers mètres et Sagan a été retardé par une chute. Greipel n’est cependant pas une menace pour le maillot vert selon moi.

L’actualité a plutôt tourné autour de l’Affaire Armstrong qui commence à éclabousser Jonathan Vaughters, le directeur sportif chez Garmin. L’équipe avait clairement communiqué ses directives qu’on peut résumer ainsi: « no comments ». C’est légitime à ce stade-ci.

Plusieurs d’entre vous croyez qu’il est inutile de revenir en arrière et de s’en prendre à Armstrong, comme s’il était « looser » de le faire. Évidemment, je ne suis pas d’accord. Comment en effet aller de l’avant dans la lutte contre le dopage si le message qu’on envoie est « pas vu, pas pris, donc tranquille pour toujours » aux coureurs? L’Affaire Armstrong est, je l’ai déjà dit, l’occasion de faire un immense ménage dans le cyclisme, car elle va bien au delà de sa seule personne. Comment croire à un cyclisme sain si Riis et Bruyneel peuvent officier en toute tranquillité au coeur même du peloton? L’Affaire Armstrong pourrait également nous éclairer sur les agissements – ou les non-agissements – de l’UCI. Rappelons que cette affaire nous a déjà permis de savoir que l’UCI avait accepté, en 2005, un gros chèque de M. Armstrong… ce pour quoi Pat McQuaid a été obligé de déclarer « un geste inapproprié ».

Une telle affaire permettra aussi de déboulonner un menteur, un tricheur, qui a floué non seulement ses adversaires, mais aussi des millions d’amateurs de cyclisme, et des milliards de personnes qui ont cru en son come-back.

Bref, la question ne porte pas sur la pertinence de revenir dans le passé ou non. La question ne porte pas sur l’anti-américanisme ou non. La seule question qui soit, c’est la recherche du bien du cyclisme. Et le bien du cyclisme, c’est un cyclisme propre où chacun a une chance équitable de faire valoir ses qualités. Dans ce contexte, il faut poursuivre sans relâche tous les dopés, qu’ils soient américains, espagnols, brésiliens ou éthiopiens, et que les faits remontent à 10 mois ou 10 ans. Il faut chercher à comprendre les logiques, les façons de déjouer les contrôles, les systèmes, les réseaux. Il faut surtout se montrer d’une extrême sévérité envers ces tricheurs, pour ne pas leur laisser le moindre espoir qu’ils pourraient s’en sortir.

Il ne s’agit donc pas d’acharnement. Simplement la volonté d’avancer dans la recherche de la justice et de l’équité pour tous. Comptez sur moi pour dénoncer tous les tricheurs, quels qu’ils soient. C’est Armstrong depuis 10 ans, entre autre. Ca sera d’autres très certainement au cours des prochaines années. Je les dénoncerai tous de la même façon, jusqu’au bout.

Armstrong: il va tomber

Petite bombe ce matin dans le milieu du cyclisme. Selon le journal De Telegraaf, qui réussit là un joli scoop, les coureurs présents sur le Tour de France en ce moment George Hincapie, Christian VanDe Velde, David Zabriskie et Levi Leipheimer auraient tous confessé s’être dopé et auraient tous confessé avoir vu Lance Armstrong se doper, alors qu’il était leur équipier. Jonathan Vaughters, actuel directeur sportif de l’équipe Garmin pour laquelle court le Canadien Hesjedal, serait aussi impliqué, mais il faudra attendre une confirmation.

Cette situation expliquerait pourquoi ces quatre coureurs ont demandé à ne pas être considéré dans les choix de la Fédé américaine pour les Jeux Olympiques de Londres.

En échange de leur témoignage, les quatre coureurs recevraient une peine réduite à 6 mois de suspension, effective à la fin de l’année. Ils peuvent donc courir en 2012 et pourront reprendre rapidement en 2013.

Si cette nouvelle se confirme, cela signifie que l’USADA détient une preuve blindée à l’encontre de Lance Armstrong et de ses collaborateurs, dont Johan Bruyneel. Cela expliquerait aussi pourquoi les trois personnes du jury ont rapidement tranché en faveur du dépôt des accusations à l’endroit des personnes. Cela expliquerait enfin beaucoup de petites autres choses, notamment le silence de certaines personnes.

Lance Armstrong pourrait donc tomber prochainement. Le délai de prescription limité à 8 ans signifie que les faits reprochés ne pourront pas remonter avant 2004. Ceci étant, il existe suffisamment d’éléments, notamment à travers les enquêtes Walsh et Ballester, pour bien comprendre ce qu’il faisait avant ce moment.

En clair, l’USADA s’apprête à démontrer que toute la carrière et l’image de Lance Armstrong ont été édifiés sur le plus gros mensonge de l’histoire du sport.

Sagan: bis repetita

1 – Quelle démonstration de force et de maitrise par Peter Sagan hier dans le final! Celui-là, c’est tout un champion déjà, à 22 ans. Incroyable. Il remporte sa 2e victoire d’étape dans son premier Tour de France et est en passe de faire une saison à la Philippe Gilbert l’an dernier. Voyez un peu ses succès et places d’honneur en 2012 jusqu’ici:

Victoire d’étape sur le Tour d’Oman

Victoire d’étape sur Tirreno-Adriatico

4e de Milan San Remo

2e de Gand-Wevelgem

5e du Tour des Flandres

3e de l’Amstel

5 étapes au Tour de Californie

4 étapes au Tour de Suisse

Champion de Slovaquie sur route

Aie! Chose certaine, je le vois bien garder le maillot vert jusqu’à Paris.

Le titre de champion olympique est à sa portée selon moi. Puis quelques autres classiques, notamment Paris-Tours.

2 – Le vélo « Tourminator » Cannondale de Peter Sagan. Ca me fait pas flipper au niveau de la déco. Je vois pas le rapport avec Terminator, et ça manque d’originalité.

3 – La fin d’étape hier a été très mouvementée, avec quelques grosses chutes qui ont notamment eu raison de Rojas (Movistar) et Sivstov (Sky). Bradley Wiggins a lui aussi été au tapis dans le dernier km, sans gravité cependant. Les grandes victimes de l’étape sont toutefois les Garmin du Canadien Hesjedal, dont pas moins de sept coureurs ont terminé très attardés: Martin, Millar, Farrar, Hunter, Zabriskie, Danielson et Van Summeren. La plupart d’entre eux sont soit allés au tapis, soit ont été retardés par les chutes. Bravo à la vigilance d’Hesjedal qui a su éviter tout ce merdier pour terminer 11e de l’étape et ainsi préserver ses chances au général.

On doit cependant se demander quels seront les effets d’une telle journée noire sur le moral des Garmin. Il s’agit de rapidement se reconcentrer sur le seul objectif désormais possible, celui de placer Hesjedal pour le général. Rien n’est perdu, il est plus que jamais dans le coup!

4 – À ne pas manquer, cette entrevue tournée quelques minutes après l’arrivée hier avec Chris Horner pour bien comprendre la vie dans le peloton sur de telles étapes. C’est éloquent!

5 – Les trois prochains jours, c’est tout plat, ou presque, et probablement très « plate » à regarder. C’est réglé comme du papier à musique: des échappées matinales, un peloton d’abord régulé par l’équipe du maillot jaune, puis par celles des sprinters qui ne voudront pas échapper la victoire d’étape (misez Lotto, Argos, Liquigas), un regroupement général à quelques kms de la ligne, une ou deux échappées de courte durée dans les deux ou trois derniers kms, puis un sprint final.

La faute à qui? Aux oreillettes!

Bref, prochain rendez-vous intéressant, La Planche des Belles Filles samedi.

6 – Je vous l’avais dit et ça n’a pas loupé et ça me fache: la douleur au genou de Thomas Voeckler est revenue. Ben voyons! Le tout, au bout de quatre étapes. Je vais le dire, je trouve carrément irresponsable à l’égard des fans et de Pierre Rolland la sélection de Thomas Voeckler dans l’équipe du Tour. Sur une telle épreuve de trois semaines, à un tel niveau, il était évident que le risque était trop grand. Les exemples dans l’histoire sont légion. Résultat, Voeckler va probablement abandonner dans les tous prochains jours, privant ainsi Rolland d’un équipier et privant aussi, on peut le penser, David Veilleux de ses débuts sur le Tour. Frustrant.

7 – Nouvelles chaussures Specialized S-Works 2013. Pas mal.

8 – Le nouveau Pinarello Dogma 65.1 2013. À peine plus léger que le Dogma2, à peine plus rigide. On annonce davantage de nouveautés chez Pinarello en 2014. Ca reste du beau matos. Mon Pinarello Prince est à vendre!

Le tour du Tour

1 – Victoire de Mark Cavendish au sprint hier lors de la 2e étape. Sans assistance aucune de son équipe Sky qui est plutôt concentrée sur le général avec Bradley Wiggins. Cavendish aura prouvé qu’il est ainsi en excellente condition et qu’il peut se débrouiller seul. Le sprint n’était pas simple avec un final très débridé et tous les meilleurs sprinters présents: Greipel (2e), Goss (3e), Veelers (4e), Petacchi (5e), Sagan (6e), Hutarovich (7e), Haedo (8e), Renshaw (9e) et Farrar (10e). Je n’ai pas vu Johann Gene…

2 – Lance Armstrong. Le jury de trois personnes a décidé unanimement que les accusations de dopage contre le champion américain et quatre autres personnes pouvaient être déposées. Je pense qu’il faut y voir la preuve que les preuves sont solides et qu’elles ont toutes les chances de déboulonner l’Américain. Chose certaine, Armstrong et son entourage prennent l’affaire très au sérieux et il sera maintenant question d’entendre leur défense. Misez sur le vice de procédure.

3 – Couverture télé sur RDS. Vous êtes plusieurs à avoir manifesté vos réserves quant à la couverture télé offerte par RDS sur ce Tour de France. Je suis assez d’accord avec vous.

D’une part, je m’ennuie beaucoup des reprises le soir, entre 19h et 22h, dont on bénéficiait sur Évasion. Sur semaine, qui a en effet le loisir de suivre le Tour en matinée? Bref, les reprises en soirée manquent beaucoup. Je soupçonne que les cotes d’écoute sur Évasion étaient meilleures en soirée qu’en matinée.

Secondo, je trouve que Louis Bertrand et Dominique Perras font du bon travail, mais le même. Louis Bertrand n’a pas su s’adapter à son nouveau rôle d’animateur: ce n’est plus lui l’analyste, c’est Perras. Bertrand doit donc « enrober » un peu plus, parler des à-côtés, etc., un rôle que tenait chez Évasion Richard Garneau. Bref, il y a de l’animation qui manque. C’est un peu sec comme ambiance!

4 – Un sprint aujourd’hui ? Peut-être, mais ça sera en petit comité et pas avec les meilleurs sprinters puisque de nombreuses bosses sont répertoriées dans le final. Attention à Sagan qui les passe bien!

Mais qui va donc relayer Cancellara?

Ca devient une habitude et ça devient agaçant pour l’intéressé comme  pour nous amateurs de cyclisme.

Personne ne relaie Cancellara depuis 2 ans!

Encore aujourd’hui, Sagan a préféré rester dans la roue du dragster suisse. Comme Boonen il y a 2 ans sur le Ronde et Paris-Roubaix. Comme les Cervelo aussi. Comme beaucoup de monde en fait. Pour le coureur suisse, ça doit devenir vraiment frustrant.

Vous me direz que Sagan a eu raison, il a gagné la première étape du Tour hier. Une belle victoire, qui confirme tout le bien qu’on pense du jeune talent slovaque. Quel force! Rappelons-nous qu’il a… 22 ans!!! Pour moi, c’est certain, c’est le nouveau Sean Kelly, voire mieux. On n’a pas fini d’entendre parler de lui, c’est certain.

Mais revenons à Cancellara. Que doit-il faire considérant l’attitude de ses adversaires?

Pour moi, la réponse est claire: couper son effort lorsqu’il n’est pas seul. Ca fait quelques courses déjà qu’il perd en roulant comme une moto avec d’autres coureurs sur le porte-bagage. Selon moi, Cancellara est désormais contraint à gagner seul, un point c’est tout. Il en a la force.

Mais amener d’autres coureurs à l’arrivée, je pense qu’il devrait désormais éviter. Ca va devenir une habitude néfaste pour lui et les autres coureurs vont en prendre acte.

À surveiller pour les prochains jours

Pour les prochaines étapes, je vois bien encore Peter Sagan s’imposer, mais sur des finals plus roulant, Cavendish, Degenkolb, Greipel et Goss devraient logiquement être dans le coup. Sinon je vois bien Cancellara rester en jaune quelques jours, surtout que son équipe RadioShack défend le maillot. C’était une évidence considérant la saison calamiteuse de cette équipe jusqu’ici et considérant que les garanties pour le général avec Franck Schleck sont loin d’être solides… Bref, RadioShack a tout intérêt à garder le maillot le plus longtemps possible et je crois qu’on les verra à l’ouvrage dans les prochains jours. Cancellara en jaune, c’est toujours moins de pression sur… Bruyneel et Armstrong à la maison!

Sinon, pour moi, tous les favoris ont bien passé les deux premiers jours. Le premier chrono dans une semaine sera probablement le prochain grand remaniement au classement général, sauf chutes évidemment.

Ryder Hesjedal

Très bien Ryder. Un bon prologue, une belle place hier, il est visiblement bien dans le coup et bien concentré sur son sujet. Je le vois très bien sur le podium à Paris dans 3 semaines.

Championnats canadiens: je ne suis pas le seul à préparer la Haute Route!

Une grosse lessive. C’est ainsi qu’on peut résumer la difficile course sur route des Championnats canadiens des coureurs Maitres disputée hier du côté de Lac Mégantic.

Le parcours était digne d’un Championnat canadien, et le vent a été l’invité surprise du jour: grosses rafales, vent soutenu.

Chez les Maitres B, une échappée de deux coureurs est partie tôt dans la course, vers le km 6 ou 7. Personne n’y a cru, avec ce vent, les difficultés du jour et la distance. Grave erreur, ils sont allés au bout! Chapeau bien bas à une pointure du peloton Maitres B (qui ne court habituellement pas avec les Maitres B), Pascal Buissières, le nouveau champion canadien. Rien à dire. La course a été durcie dans ses premiers 70 kms par David Gazsi, récent champion canadien du chrono chez les 40-49 ans, qui nous relançait l’allure dans chaque bosse.

On retrouve à la 2e place Yves Lefevbre, un coureur qui, comme moi, prépare la Haute Route. La place de premier Québécois sur l’épreuve française sera très disputée, Lefevbre a réalisé un grand numéro hier en passant la journée devant. À l’arrivée, petite question: « tu mets quoi comme braquets pour la Haute Route, Yves? » Réponse de l’intéressé, le 25. Un scrupule m’a empêché de lui demander si c’était couplé avec un 34 ou un 39…

Pour ma part, je termine « hors délai », une première dans ma carrière de coureur. Bizarre que cette application de la règle des délais sur des épreuves Maîtres, mais je crois que cette situation est liée au fait que cette course des Championnats canadiens permet de marquer des points UCI. Les délais étaient visiblement très faibles hier (3 ou 6% très certainement) car mon temps de course est de 3h12min45, soit environ 7 minutes de plus que le vainqueur. Je suis pourtant hors délai!

Ma course s’est terminée au km85 sur des putains de crampes, un classique depuis 2 ans en ce qui me concerne. Idem pour David, qui a cédé au même moment que moi. De mon côté, il faut absolument que je coupe sur le Riesling… Ceci étant, je demeure très satisfait de ma course, j’étais dans le coup jusque là, parmi le groupe de 20 coureurs derrière l’échappée. La dernière grande bosse, nez dans le vent, a achevé mes jambes et les crampes sont survenues sans avertissement, me bloquant net.

Carton rouge à mes quatre autres compagnons des 15 derniers kms, qui ont disputé un sprint endiablé dans les 200 derniers mètres pour la… 24e place, tout en me laissant tirer le dernier km. Je ne comprendrai jamais ce genre de comportement.

Je m’en voudrais de ne pas dire un mot sur Yvan Waddell, 13e hier et un coureur qu’on ne présente plus. Régulièrement décroché dans les bosses, je l’ai vu revenir au métier à chaque fois, sans s’affoler, preuve que l’homme possède un gros capital d’expérience. Impressionnant! Yvan a toutefois bénéficié de l’aide des bagnoles à au moins une reprise, mais on ne lui reprochera pas compte tenu qu’il n’a pas été le seul!

Enfin, ce fut un réel plaisir que de revoir plusieurs amis du peloton, notamment Claude et Mario. Que voulez-vous, dans de belles galères, les liens se tissent vite!

Prochain objectif, le GP OBC dans le Parc de la Gatineau dans deux semaines. D’ici là, un petit détour par Whiteface est au programme, question de travailler la montagne.

Tour 2012: 11 étapes à surveiller

Onze étapes m’apparaissent clef dans ce Tour de France qui débute samedi.

Prologue de Liège: un test psychologique plus que tout autre chose, et c’est ce qui rend ce rendez-vous intéressant. Pour les favoris, c’est toujours délicat: une contre performance et le doute s’installe non seulement chez vous, mais aussi au sein de vos équipiers.

1ere étape vers Seraing: Ca monte, ca descend tout le temps et le peloton est toujours nerveux au début du Tour. Les risques de chutes sont au maximum! Le parcours sera usant, surtout s’il fait chaud. Bref, pas si simple que ca pour les leaders et c’est là qu’une forte équipe, qui peut contrôler les écarts, est le plus appréciée des favoris.

3e étape vers Boulogne-sur-mer: un final casse-patte (4 bosses dans les derniers 16kms), du vent, de la nervosité. Là encore, cette étape est piégeuse et pas si simple que cela pour les leaders. Le travail d’équipe sera encore une fois d’une importance capitale.

7e étape vers La planche des belles filles: le premier vrai test de ce Tour avec 5 kms difficiles vers l’arrivée, comportant de nombreux passages à plus de 10%. Dès le pied, ca monte raide (13%) et il faudra encaisser le passage du grand au petit plateau. Des favoris pourraient déjà y perdre une grosse poignée de secondes, voire une minute.

8e étape vers Porentruy: difficile d’imaginer parcours plus casse-patte; pas un mètre de plat durant toute l’étape! C’est aussi assez court (158kms), donc ce sera nerveux, axé sur le mouvement. Une étape pour les baroudeurs et une étape pour le travail d’équipe pour les grands leaders.

10e étape vers Bellegarde: le premier test en montagne sur le difficile Grand Colombier. C’est certain que les favoris seront sans pitié pour leurs adversaires qui montreraient des signes de faiblesse puisque l’arrivée vient vite après la descente du col de Richemond. Au soir de cette étape, certains auront déjà perdu le Tour.

11e étape vers La Toussuire: une grande étape de montagne avec Madeleine, Glandon, Mollard (facile) et ascension finale vers La Toussuire. Ce sera difficile mais je pense que le Tour ne se jouera pas là, l’étape étant très courte (148kms).

14e étape vers Foix: une sacré patate dans le final avec ce Mur de Péguère dont les 3 derniers kms sont redoutables, à plus de 10% (certains passages à 18%!). L’occasion d’un gros effort et les organismes fatigués passeront à la trappe.

16e étape vers Bagnères-de-Luchon: l’étape-reine de ce Tour de France. Si des grimpeurs sont dans le coup pour le maillot jaune, cette étape est une grande occasion pour creuser l’écart en prévision du dernier chrono de 54 kms la veille de l’arrivée à Paris. Aubique, Tourmalet, Aspin et Peyresourde, ce n’est jamais facile, surtout sur 197kms. Ca se jouera à l’usure.

17e étape vers Peyragudes: un final pas facile, avec Port de Balès, Peyresourde et montée sur Peyragudes, un peu plus haut. Encore une chance pour les grimpeurs d’aller chercher un peu de temps en prévision du dernier chrono.

19e étape vers Chartres: 54kms chrono, tout simplement. The race of truth. Sur des organismes fatigués, c’est toujours révélateur.

Tour 2012: le peloton

On a désormais une idée plus précise de la liste des partants sur le Tour qui débute samedi. Cette liste est disponible sur le site officiel du Tour de France, qui bénéficie d’un nouveau look pour l’occasion. Petit tour d’horizon.

Les nationalités

43 Français (22%). 21 Espagnols. 18 Hollandais. 15 Italiens. 14 Belges. 13 Allemands. 12 Australiens. Total 136 coureurs, où environ 2 coureurs sur 3 (69%). Les 62 autres coureurs se répartissent comme suit: États-Unis 8. Danemark 5. Russie 5. Royaume-Uni 5. Slovénie 4. Kazakhstan 4. Biélorussie 4. Ukraine 3. Suisse 3. Slovaquie 3. Suède 2. Afrique du Sud 2. Portugal 2. Irlande 2. Luxembourg 1. Norvège 1. Japon 1. Canada 1. Estonie 1. Croatie 1. Nouvelle-Zélande 1. Argentine 1. Autriche 1. Pologne 1. 

Les grands absents

Alberto Contador (suspendu). Andy Schleck (blessé). Joaquim Rodriguez (se réserve pour la Vuelta après avoir terminé 2e du Giro). Tom Boonen (tout pour les JO). Thor Hushovd (malade). Damiano Cunego. Arnaud Demare (a fait le Giro et mise sur les JO). Nacer Bouhanni (récent champion de France, trop jeune). Arnold Jeannesson (blessé). Franco Pellizotti (récent champion d’Italie, équipe non retenue).

Les favoris

Ils sont deux: Bradley Wiggins et Cadel Evans. Misez Wiggins, qui mise tout cette année sur le Tour. Il dispose d’une meilleure équipe qu’Evans et il est plus fort dans les chrono.

Les outsiders

Ryder Hesjedal. Le joker de ce Tour de France. Il vient sans pression, ayant déjà rempli son contrat en ayant gagné le Giro il y a 3 semaines. Le Canadien trouvera un parcours à sa convenance. Aura-t-il suffisamment récupéré pour être à son meilleur niveau en juillet ? Il dispose également d’une excellente équipe à son service.

Janez Brajkovic. Capable de tout. L’inconnu, mais s’il est en forme comme sur le Dauphiné 2010, aie.

Vicenzo Nibali. On ne peut l’exclure de ce palmarès, ayant remporté une Vuelta. C’est un métronome.

Franck Schleck. Sans son frère, ça devient presque plus simple pour lui: il est l’unique leader. Il était en grande forme sur le récent Tour de Suisse, et son équipe RadioShack a grand besoin d’un bon résultat.

Samuel Sanchez. Discret ces derniers temps, on ne sait que peu de choses sur ses réelles intentions. Le parcours ne lui convient pas très bien, trop peu montagneux.

Robert Gesink. Capable de tout lui aussi.

Alejandro Valverde. Bourré de talent. Dispose d’une belle équipe à son service. Pas mauvais dans le chrono. Pas mauvais en montagne.

On pourrait les voir dans les 10 premiers à Paris

Tejay Van Garderen. Pierre Rolland. Michele Scarponi. Tom Danielson. Daniel Martin. Nicolas Roche. Rein Taaramae. Jérome Coppel. Chris Froome. Jurgen Van Den Broeck. Denis Menchov. Steven Kruijwijk. Juan Jose Cobo. Rui Costa.

Pour le vert

Peter Sagan. Je ne crois pas trop aux Mark Cavendish, Marcel Kittel, Matthew Goss, Joaquim Rojas ou André Greipel.

Pour les pois

C’est très ouvert. Samuel Sanchez peut-être, comme l’an dernier?

Pour le blanc

Tejay Van Garderen ou Rein Taaramae. Thibault Pinot a un bon coup à jouer lui-aussi sur ce classement.

Les inconnus (présence encore à confirmer)

Michael Schar (BMC). Jorge Azanza (Euskaltel). Pablo Urtasun (Euskaltel). Simone Stortoni (Lampre). Frederico Canuti (Liquigas). Nicolas Edet (AG2R). Romain Zingle (AG2R). Guillaume Levarlet (Saur). Jean-Marc Marino (Saur). Marcel Sieberg (Lotto). Rob Ruijgh (Vacansoleil). Rafael Valls (Vacansoleil). Eduard Vorganov (Katusha). Jonathan Cantwell (Saxo Bank). Roy Curvers (Argos). Johannes Frohlinger (Argos). Albert Timmer (Argos). Tom Veelers (Argos).

Les quadragénaires du Tour

Très intéressant article sur les coureurs de 40 ans et plus qui ont participé au Tour de France depuis sa création en 1903.

L’essentiel d’entre eux ont participé au Tour à une autre époque, celle de l’avant Deuxième guerre mondiale.

De l’époque « moderne » de l’après 1945, l’Italien Pino Cerami est un cas intéressant avec deux participations au Tour de France à l’âge de 40 ans (en 1962) et 41 ans (en 1963). En 1963, il a d’ailleurs remporté la 9e étape, ce qui en fait à ce jour le vainqueur d’étape le plus âgé de l’histoire du Tour « moderne ».

On notera aussi l’exceptionnelle longévité de Raymond Poulidor, 3e du général du Tour 1976 à l’âge de 40 ans. Excusez-un-peu, surtout que le Tour 1976 était sa 14e participation!

Le solide coureur portugais Joaquim Agostinho a également complété le Tour 1983 à l’âge de 41 ans.

Plus près de nous, le Russe Viatcheslav Ekimov a terminé à la 15e place le Tour 2006 à l’âge de 40 ans.

Sur le Tour 2012, deux coureurs de 40 ans au sein de la même équipe prendront probablement le départ: Jens Voigt et Chris Horner. Il s’agirait d’une première depuis le Tour 1928.

Il faut peut-être y voir la conséquence de l’avancement des techniques d’entrainement dans les sports d’endurance: si la maturité des cyclistes était autrefois estimée entre 27 et 31 ans, je pense que cette période s’est allongée depuis trois ou quatre décennies, tout comme l’espérance de vie des populations. Il faut probablement considérer la maturité cycliste entre 27 et 33 ou 34 ans désormais, ce qui allonge assurément la carrière d’un cycliste professionnel.

Europcar pour le Tour: Veilleux absent

Bernaudeau a rendu public la sélection Europcar pour le Tour.

On peut se questionner sur les choix effectués.

La nouvelle n’est pas tant la non-sélection du Québécois David Veilleux, car c’était du domaine du probable, mais celle d’Anthony Charteau, pourtant bon 3e de la récente Route du Sud. Ancien maillot à pois sur le Tour, il aurait, me semble-t-il, pu épauler efficacement Pierre Rolland en montagne. Je vous rappelle qu’Europcar n’a pas été retenue pour la prochaine Vuelta.

Pour David Veilleux, c’est évidemment une grande déception. Il est pour le moment désigné 2e remplaçant, derrière Alexandre Pichot. La réaction officielle de David est ici.

On pourra également se questionner sur la sélection d’autres coureurs comme Gene, Arashiro, Jérome, Malacarne ou même Bernaudeau.

Visiblement, Bernaudeau joue plusieurs cartes sur ce Tour de France et vise une approche lui permettant de tabler sur plusieurs tableaux: Rolland pour le général avec Malacarne en montagne, Gauthier pour les échappées surtout en début de Tour, Gene, Arashiro et Bernaudeau pour les sprints, et Voeckler comme joker imprévisible.

La stratégie est cependant très risquée selon moi. Je l’aurais joué différemment en misant sur la spécialisation et surtout, sur les garanties sur le papier. Car sur ce papier, Bernaudeau n’a qu’une certitude, qu’une garantie: Pierre Rolland. Dans ce contexte, j’aurais choisi de tenter une très bonne place au général (un podium…) avec lui, et donc des coureurs capables de l’épauler efficacement en montagne. J’aurais personnellement oublié les sprints.

Vous me répondrez que quand on est bon, on est toujours capable de tirer son épingle du jeu tout seul en haute montagne. Peut-être, mais c’est un pari risqué pour Rolland s’il est bien.

Chez Europcar, on justifie la sélection de Gène, Bernaudeau et Arashiro par leur pointe de vitesse. J’ai bien peur que ca soit largement insuffisant face aux autres grosses pointures comme Sky et Cavendish, Greipel et Lotto ou encore Farrar chez Garmin. Sprints de petits comités au terme d’une longue échappée alors? Je doute là encore…

Enfin, Davide Malacarne ne m’a pas apparu transcendant cette saison. Il est cependant assez jeune (25 ans) et se débrouille bien en montagne. Pourra-t-il cependant remplacer Anthony Charteau? À voir.

Bref, je perçois la sélection de Bernaudeau comme une prise de risque maximum. Voeckler ne donne aucune garantie et on peut raisonnablement se demander combien de temps son genou tiendra-t-il à ce niveau de compétition? Kern ne présente pas beaucoup plus de garantie en ce moment, bien que celui-là est capable du meilleur comme du pire. Le meilleur peut être sacrément bon. Gauthier a les meilleures chances de victoires d’étape par des échappées. Pour les autres, je comprends mal la stratégie et surtout, je vois mal ce qu’ils apportent de plus ou de différent par rapport à Charteau et Veilleux.

Bernaudeau est peut-être un gambler: sa gestion de l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour l’an dernier milite pour cela!

Anyway, comptez sur moi pour suivre de près l’équipe Europcar sur ce Tour de France et pour commenter les (non) résultats!

Le Tour de l’actualité

1 – Il faut lire la réaction (commentaire #6) de M. Pol Dussaussois de la FQSC à mon texte publié hier à propos du port du casque à vélo. Je crois qu’il est simplement « fair-play » que les autres avis soient entendus sur La Flamme Rouge et la FQSC souligne quelques points très intéressants qui éclairent ce débat. J’en profite pour remercier M. Dussaussois de nous avoir fait part de ces commentaires qui me permettent de faire évoluer ma propre réflexion sur ce dossier.

2 – Une valise, c’est ce que Svein Tuft a mis à tout le monde sur le chrono des Championnats canadiens. Le deuxième, son équipier chez Green Edge Christian Meier, est repoussé à 2min08, excusez un peu! Tuft est donc devenu champion canadien du chrono pour une… 8e fois en carrière. C’est une domination totale, un peu comme celle qu’exerce Clara Hughes chez les femmes lorsqu’elle est présente. Elle vient d’ailleurs de remporter le chrono chez les femmes, en route pour les JO de Londres.

Chose certaine, Svein Tuft connait une bonne saison cette année et habituellement, il s’améliore à mesure que la saison avance. Pourrait-il nous sortir une bonne performance sur la Vuelta puis sur les Mondiaux?

Soulignons enfin les excellentes performances des Québécois Hugo Houle, champion canadien du chrono chez les U23, et de David Boily, 2e des U23 et pourtant plutôt grimpeur. La satisfaction de l’équipe SpiderTech est augmentée par la 5e place du revenant François Parisien qui prouve là qu’il revient doucement à son meilleur niveau et qu’il pourra être opérationnel pour la deuxième partie de la saison.

Enfin, je suis complètement soufflé par la 4e place d’un coureur de la région d’Ottawa-Gatineau, Aaron Fillion, contre qui je coure régulièrement dans le Parc de la Gatineau. On savait Aaron en très grande condition récemment puisque auteur de quelques numéros assez exceptionnels dans le coin ici. Mais de là à terminer 4e du chrono des Canadiens, à 3min25 d’un coureur en WorldTour, c’est vraiment impressionnant. Et je comprends mieux maintenant pourquoi quand Aaron se dresse sur ses pédales, je passe à la trappe très rapidement!!! Mes respects, Aaron.

3 – Selon le « start list » du Tour de France publié par CyclingNews, David Veilleux ne ferait pas partie de l’équipe Europcar qui disputera la Grande Boucle. Je crois toutefois que cette « start list » est pour le moment très préliminaire et que plusieurs formations annonceront leur formation définitive seulement dimanche ou lundi prochain au terme des Championnats nationaux.

4 – Les avocats de Lance Armstrong ont rendu publiques leurs réactions suite aux accusations de l’USADA. Rien de bien original et rien à rajouter tant c’était attendu. On attend désormais la suite des choses.

5 – Intéressant, Johan Bruyneel a décidé de devancer les choses et d’annoncer lui-même qu’il renonçait à exercer ses responsabilités de directeur sportif de l’équipe RadioShack sur le Tour de France. A-t-il eu des discussions avec l’UCI ou avec ASO en préambule à cette annonce? Ce n’est pas impossible. Quoi qu’il en soit, la nouvelle a de quoi me réjouir.

6 – Sans surprise, l’Association Cycliste Canadienne a sélectionné Ryder Hesjedal comme représentant masculin du Canada sur les épreuves du chrono et de la course sur route des prochains JO de Londres fin juillet. Comment en effet faire autrement? Hesjedal vient de signer LA perf cycliste de l’histoire canadienne en remportant, il y a 2 semaines, le Giro d’Italia.

Chez les femmes, Clara Hughes, Joelle Numainville et Denise Ramsden seront les représentantes chez les femmes, avec Clara Hughes notre meilleur espoir d’une médaille lors du chrono. Denise Ramsden vient d’ailleurs de remporter le titre de championne canadienne sur route lors des Championnats nationaux de Lac Mégantic.

7 – Jeannie Longo ne l’a pas eu facile ces derniers temps et en particulier ces derniers jours, ce qui expliquerait sa « contre-performance » au chrono du Championnat de France sur route. Si je refuse de l’exonérer de tout soupçon à l’égard du dopage à la vue des « affaires » de ces derniers mois, j’admire chez cette femme cette volonté qu’on retrouve par ailleurs chez de nombreux champions de ne jamais céder sur un échec. C’est malheureusement ce qui les coule parfois.

Port du casque à vélo: Vélo Québec a raison

C’est reparti pour un tour: pour ou contre le port obligatoire du casque à vélo?

Le coroner en chef de l’Ontario et les quatre centres hospitaliers universitaires du Québec se sont prononcés en faveur d’une réglementation. La Fédération Québécoise des Sports Cyclistes a aussi récemment émis un communiqué soutenant cette approche.

Vélo Québec préconise par ailleurs une approche non coercitive, basée sur le libre choix.

Je suis d’accord avec la position de Vélo Québec et je trouve les arguments avancés par le coroner en chef ainsi que par les centres universitaires faciles et peu responsables d’un point de vue de société.

C’est sur la base de l’examen de 129 décès de cyclistes sur une période de 5 ans, soit entre 2006 et 2010, que le coroner en chef de l’Ontario en est venu à une telle recommandation. Le coroner en chef teinte son jugement en affirmant cependant que des évaluations de l’effet d’une législation obligeant le port du casque sur l’activité cycliste devront être menées, l’hypothèse étant qu’une telle législation réduirait l’usage du vélo.

Les quatre CHU du Québec recommandent pour leur part que le port du casque soit obligatoire pour les moins de 18 ans. Chez les enfants, je me suis déjà prononcé en faveur d’une telle mesure l’an dernier.

Réglons d’entrée un élément: nous nous entendons tous pour affirmer haut et fort qu’un seul décès lié à la pratique du vélo est un décès de trop. Idem pour un seul décès sur les pentes de ski, ou lié à une autre activité. C’est donc réglé.

Revenons à nos 129 décès sur 5 ans. Savez-vous, comme le souligne avec justesse Suzanne Lareau de Vélo Québec, combien de décès provoque le tabagisme en une seule année? Savez-vous combien de Canadiens meurent frappés par la foudre sur une période de 5 ans?

Afin de mieux quantifier le problème lié à la pratique du cyclisme et afin de le mettre en contexte par rapport à d’autres comportements à risque, il aurait été préférable que le coroner exprime les statistiques sous forme de quotients de mortalité. Le hic, c’est le dénominateur de ces quotients: comment calculer les personnes soumises au risque? Pas simple de quantifier le total des déplacements à vélo en Ontario sur une période de 5 ans!

Chose certaine, on s’entend tous pour émettre une hypothèse raisonnable: le quotient de mortalité des cyclistes est très probablement extrêmement faible, beaucoup plus faible en tout cas que celui des fumeurs voire de d’autres comportements à risque. D’un point de vue de santé publique, ce dont le coroner est responsable, il y a bien d’autres urgences pour améliorer le bilan des morts prématurés chaque année…

Et savez-vous ce que coûte le tabagisme au système de santé puisqu’avant de décéder, les malades du tabac font souvent face à de graves problèmes de santé souvent couplés de pertes d’autonomie durant des mois, voire des années?

Vous voyez où je veux en venir: soyons cohérents s’il vous plait.

Autre point, le rapport du coroner n’indique pas les circonstances des 129 décès de cyclistes entre 2006 et 2010. Mme Lareau souligne que le tiers de ces décès sont survenus le soir. Avez-vous essayé le cyclisme sur route AVEC un casque à 21h le soir, pas de lumière sur votre vélo?

Encore une fois, soyons cohérents.

Enfin, Mme Lareau souligne que c’est aux Pays-Bas, pays cycliste s’il en est et où moins de 5% des cyclistes portent un casque, que l’on trouve le meilleur bilan routier à cet égard.

Je le répète encore, soyons cohérents. Et vous voyez où je veux en (re)venir.

La meilleure approche qui soit, si on veut améliorer le bilan routier à l’égard des cyclistes, c’est à mon sens l’éducation des gens. En particulier l’éducation des automobilistes. Les cyclistes ont certes leur tort: dans ma propre équipe cycliste, je vois très (trop) régulièrement des comportements inappropriés qui fâchent légitimement les automobilistes. Éduquons les cyclistes aux règles de la route, et éduquons les automobilistes aussi. Actuellement, très peu est fait à cet égard et ce ne sont pas les quelques panneaux « Partageons la route! » présents sur un nombre limité de routes du Québec qui vont faire une différence à cet égard. Des campagnes de publicité à la télé expliquant aux automobilistes comment dépasser de façon sécuritaire un cycliste et expliquant aux cyclistes leurs responsabilités seraient un grand pas dans la bonne direction.

Comme le souligne Mme Lareau, continuons aussi de développer nos infrastructures routières de façon à construire des routes complètes rassemblant espaces pour les automobilistes, les cyclistes, le transport en commun et les piétons. Êtes-vous déjà allé faire un tour à Genève? C’est un modèle dans le genre.

Bref, il n’y a pas selon moi davantage de justification basée sur les statistiques de mortalité (dont je suis un spécialiste dans mon emploi professionnel) pour le port du casque à vélo que pour d’autres activités à risque. Qui plus est, le risque zéro n’existe pas. Comme pour le tabagisme, le patin à roues alignées, les sports nautiques ou de glisse, il faut en appeler aux responsabilités individuelles. Ce qui ne signifie pas pour autant que la société n’a pas de responsabilités: elle doit mettre en garde des dangers, sensibiliser, elle doit surtout éduquer pour faire comprendre aux gens que nous vivons tous au sein de cette société et que dans ce contexte, il faut prendre en considération les autres. C’est dans ce contexte que l’approche de Mme Lareau et Vélo Québec me semble beaucoup mieux articulée, cohérente et porteuse d’un réel changement à long terme dans plusieurs sphères de la société, pouvant améliorer durablement le bilan des décès liés à la pratique du vélo.

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