La vedette du jour sur le Tour de France ne fut pas André Greipel hier mais bien Lance Armstrong, bien malheureusement.
Il faut dire que les étapes actuelles ne sont pas les plus emballantes, car réglées comme du papier à musique. Certains lecteurs ne sont pas d’accord avec moi et continuent de croire que les oreillettes n’y sont pour rien. Je demeure convaincu du contraire, comme je demeure convaincu que des échappées allaient beaucoup plus souvent au bout du temps où ces oreillettes n’existaient pas. Prenez des exemples concrets, sur le Tour 1986, 1987 ou 1990 par exemple. Prenez l’échappée fleuve de Thierry Marie quelques années plus tard… toutes des situations qui n’existent plus aujourd’hui, malheureusement. Rappelons aussi que de nombreux directeurs sportifs sont du côté de l’UCI qui cherche à éliminer ces oreillettes pour retrouver un peu l’essence de ce sport.
Quoi qu’il en soit, Greipel a gagné hier sa 2e étape de suite. Cavendish a été enfermé, Goss a raté une belle chance car il a amené un trop gros braquet dans les derniers mètres et Sagan a été retardé par une chute. Greipel n’est cependant pas une menace pour le maillot vert selon moi.
L’actualité a plutôt tourné autour de l’Affaire Armstrong qui commence à éclabousser Jonathan Vaughters, le directeur sportif chez Garmin. L’équipe avait clairement communiqué ses directives qu’on peut résumer ainsi: « no comments ». C’est légitime à ce stade-ci.
Plusieurs d’entre vous croyez qu’il est inutile de revenir en arrière et de s’en prendre à Armstrong, comme s’il était « looser » de le faire. Évidemment, je ne suis pas d’accord. Comment en effet aller de l’avant dans la lutte contre le dopage si le message qu’on envoie est « pas vu, pas pris, donc tranquille pour toujours » aux coureurs? L’Affaire Armstrong est, je l’ai déjà dit, l’occasion de faire un immense ménage dans le cyclisme, car elle va bien au delà de sa seule personne. Comment croire à un cyclisme sain si Riis et Bruyneel peuvent officier en toute tranquillité au coeur même du peloton? L’Affaire Armstrong pourrait également nous éclairer sur les agissements – ou les non-agissements – de l’UCI. Rappelons que cette affaire nous a déjà permis de savoir que l’UCI avait accepté, en 2005, un gros chèque de M. Armstrong… ce pour quoi Pat McQuaid a été obligé de déclarer « un geste inapproprié ».
Une telle affaire permettra aussi de déboulonner un menteur, un tricheur, qui a floué non seulement ses adversaires, mais aussi des millions d’amateurs de cyclisme, et des milliards de personnes qui ont cru en son come-back.
Bref, la question ne porte pas sur la pertinence de revenir dans le passé ou non. La question ne porte pas sur l’anti-américanisme ou non. La seule question qui soit, c’est la recherche du bien du cyclisme. Et le bien du cyclisme, c’est un cyclisme propre où chacun a une chance équitable de faire valoir ses qualités. Dans ce contexte, il faut poursuivre sans relâche tous les dopés, qu’ils soient américains, espagnols, brésiliens ou éthiopiens, et que les faits remontent à 10 mois ou 10 ans. Il faut chercher à comprendre les logiques, les façons de déjouer les contrôles, les systèmes, les réseaux. Il faut surtout se montrer d’une extrême sévérité envers ces tricheurs, pour ne pas leur laisser le moindre espoir qu’ils pourraient s’en sortir.
Il ne s’agit donc pas d’acharnement. Simplement la volonté d’avancer dans la recherche de la justice et de l’équité pour tous. Comptez sur moi pour dénoncer tous les tricheurs, quels qu’ils soient. C’est Armstrong depuis 10 ans, entre autre. Ca sera d’autres très certainement au cours des prochaines années. Je les dénoncerai tous de la même façon, jusqu’au bout.