Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 150 of 352

Les surprises du Tour

Reportons-nous, l’espace d’un instant, il y a quatre semaines, soit quelques jours avant le Tour de France. De cet angle, nous sommes mieux capables d’identifier les vraies surprises et révélations de ce Tour.

1 – Thibault Pinot. Déjà auteur de quelques belles perfs, on savait le coureur français capable de belles choses. Mais de là à être 10e du général du Tour à trois jours de l’arrivée à Paris, non. À 22 ans, il fait presque jeu égal avec son compatriote Pierre Rolland, actuel 8e du général 1min30 devant lui et aussi vainqueur d’une étape. Rappelons que Thibault Pinot est le coureur le plus jeune de cette édition du Tour, à 22 ans et 2 mois. Il est, pour moi, LA grande révélation de ce Tour.

2 – Chris Froome, ou Froome, c’est fou. Une aisance indécente dans les cols, une maigreur incroyable, il se pose comme le vainqueur du Tour 2013, pourvu que ce dernier fasse plus de place à la montagne. Car que vaudra un Contador en pleine possession de ses moyens face à un Froome dans une condition équivalente ? La question se pose… Chose certaine, gageons que le Tour 2013 sera différent de l’édition actuelle, Christian Prudhomme ayant déclaré être déçu du manque d’initiative des leaders en montagne. Je doute qu’on voit un premier grand chrono à la sortie de la première semaine l’an prochain!

3 – Tejay Van Garderen. Le coureur américain, actuel 5e du général, se paye le luxe d’être devant son leader Cadel Evans chez BMC, il est vrai pas au mieux. Maillot blanc du Tour en tant que meilleur jeune, il a encore quelques années devant lui pour s’améliorer. Un champion en devenir sur les courses par étapes, à n’en pas douter. Les États-Unis tiennent en lui quelqu’un capable de gagner le Tour après Greg LeMond et Lance Armstrong.

4 – Thomas Voeckler. Qui l’eut cru après un mois de juin catastrophique? Vainqueur du classement de meilleur grimpeur, deux grandes victoires d’étape en montagne, il a su réussir son Tour comme l’an dernier. Incroyable.

5 – Chris Horner. Et dire que Johan Bruyneel voulait le laisser à la maison! À presque 41 ans, il est actuellement 13e du général à un peu plus de 14 minutes de Wiggins. Toute une performance! Rigolo d’ailleurs, le plus jeune coureur du Tour (Pinot) est 10e du général, le deuxième coureur le plus âgé (après Voigt) est juste derrière, 13e. Presque 20 ans les séparent!!!

6 – Peter Sagan. Très jeune lui-aussi (22 ans), il décroche pas moins de trois victoires d’étape jusqu’ici et semble avoir le maillot vert acquis. Pas mal pour un premier Tour de France! C’est LE grand coureur de Classiques en devenir, tout en rappelant que Sagan sait aussi grimper quant il le faut.

Bref, avec Van Garderen, Pinot et Sagan, ce Tour de France a fait une belle place à la jeune génération âgée de 24 ans ou moins, sans oublier les Boasson Hagen et Rein Taaramae.

7 – L’équipe RadioShack. Avec tous les problèmes auxquels elle doit faire face actuellement (contrôle positif de Franck Schleck, rumeur de non-paiement des coureurs, poursuite de Jakob Fulgsang, accusations à l’endroit de Johan Bruyneel, etc.), l’équipe aurait pu s’effondrer. Voilà plutôt qu’elle est en tête du classement par équipe grâce à Zubeldia, Horner et Kloden. Voigt réalise aussi un bon Tour. De quoi replacer tous les coureurs en fin d’année si jamais l’équipe met la clef sous la porte! D’ailleurs, les plus récentes rumeurs de transfert envoient les frères Schleck chez… Astana la saison prochaine. Astana chercherait en effet à remplacer Vinokourov (retraite) et Kreuziger (en partance pour d’autres horizons) et son service-course est situé au… Luxembourg. Par ailleurs, il est intéressant d’apprendre la façon dont sont payés les coureurs pros de premier plan qui touchent plusieurs millions d’euros chaque année: via des sociétés à leur nom qui sont enregistrées dans des endroits exotiques comme le Panama et dont les fonds transiteraient par plusieurs pays avant d’aboutir à leur destination finale.

Un « jour sans » pour l’enthousiasme

Je sais pas vous, mais mon enthousiasme en a pris un sérieux coup ces jours derniers. Pourtant, on est en plein Tour de France, la grande fête du vélo. L’inspiration devrait être facile devant les exploits des forçats de la route, nos champions.

Et bien non.

Ce manque d’enthousiasme est évidemment lié aux affaires de dopage qui secouent actuellement le peloton pro: affaire Armstrong, affaire DiGregorio, affaire Schleck, et voilà qu’il faut rajouter depuis quelques heures affaire Gabrovski (EPO) et affaire Leleivyte (EPO). Ca la fout mal.

C’est aussi lié à une course que je ne comprends plus. Un Thomas Voeckler largué en montagne tous les jours sur le Dauphiné, blessé au genou en juin, et qui réalise sur ce Tour, quelques semaines plus tard seulement, deux très grands numéros, déposant tout le monde dans les cols. Donnez-moi sa recette, j’achète illico en préparation de la Haute Route! Et chose certaine, je suis le premier à le reconnaître: Voeckler me l’a mise dans les dents! (par rapport à mon scepticisme quant à sa sélection sur l’équipe Europcar avant le Tour).

De même, je ne comprends plus comment des Bradley Wiggins et Chris Froome anorexiques dominent outrageusement l’épreuve, bouche fermée dans les cols. Des équipiers Sky surpuissants après pourtant des mois voire des années d’inexistence (Rogers, Porte). Une course aseptisée, sans grande initiative tellement tout le monde préfère conserver sa position au général pour marquer des points UCI plutôt que risquer une attaque. Enfin, un milieu qui continue de se protéger comme une société fermée désireuse de préserver son image, ses acquis. Je lis que Franck Schleck plaidera rien de moins que l’empoisonnement. Une vaste conspiration des forces du mal ont conduit à un projet de l’empoisonner…

Le clou? Je lis qu’Andy Schleck est « dégouté du cyclisme ». Hey! Dégouté du cyclisme? Qui devrait être dégouté du cyclisme? Qui se dope? Chez qui retrouvons-nous des traces de produits qui ne devraient pas se trouver là?

S’il y a bien quelqu’un qui devrait être dégouté du cyclisme, c’est bien nous, les fans et passionnés de vélo. Rien ne change. 14 ans après l’électrochoc de l’affaire Festina, je vois peu de motifs de se réjouir. Tout n’est certes pas noir sur ce Tour de France et la lutte contre le dopage en général a sans l’ombre d’un doute fait des progrès ces dernières années, mais force est de reconnaître que des produits dopants sont encore en circulation et que des acteurs peu recommandables sont encore actifs dans la gestion des équipes ou du cyclisme de façon générale. Et que des performances sportives nous laissent encore perplexes tant elles fleurtent avec les limites humaines.

Au fond, certains lecteurs, dont Bikelarue, ont probablement raison: ce n’est pas du sport, c’est du spectacle. Ce n’est pas « que le meilleur gagne », c’est « que gagne celui qui saura ne pas se faire prendre ». Et j’ajoute « qui saura ne pas se faire prendre sur le fait ». Car se faire prendre plus tard, ce n’est pas grave…

Et pourtant, je demeure convaincu que certains coureurs pro présents sur le Tour sont propres. La situation du cyclisme est tellement triste pour eux comme pour nous.

Bonne fin de Tour à tous.

Le Tour de France vu par Serge Chapleau, célèbre caricaturiste au Québec et travaillant pour le journal La Presse:

(Triste) bilan du Tour

À quelques jours de l’arrivée à Paris, petit bilan bien personnel du Tour de France 2012.

1 – Comment ne pas commencer par une nouvelle affaire de dopage, celle qui touche Franck Schleck, positif à un diurétique, le Xipamide, lors de l’étape du Cap d’Agde.

Pour le moment, restons prudent, l’échantillon B n’ayant pas encore confirmé la présence de ce produit dans son organisme.

Mais force est de reconnaître qu’on se serait bien passé d’une telle nouvelle, Franck Schleck n’étant pas tout à fait un coureur anonyme. C’est encore une affaire de dopage qui fera du bruit, et un grand tort au cyclisme qui passe une fois de plus pour un sport de dopés.

Franck Schleck a décidé de quitter le Tour et a été entendu par la police hier soir. C’est un nouveau coup dur pour l’équipe RadioShack qui fait l’objet de bien des crises cette saison. Gageons que l’équipe ne sera pas reconduite en 2013…

Que dire de plus? Deux choses: d’abord, il faut rappeler que Franck Schleck avait fait, en 2008, un paiement au docteur Fuentes, celui-là même au coeur du scandale Puerto qui a notamment conduit à la suspension de Basso, de Valverde et à l’arrêt de la carrière de Jan Ullrich. L’agence anti-dopage luxembourgeoise avait décidé de ne pas poursuivre Franck Schleck dans cette affaire, contrairement à d’autres agences anti-dopage qui ont poursuivi leurs coureurs.

Secondo, si l’échantillon B est lui-aussi positif, il faudra expliquer la présence de ce produit dans l’organisme du coureur. Il est probable qu’on nous serve tout et n’importe quoi, à la hauteur des explications que nous a déjà servi Alberto Contador. Le plus probable est l’usage du Xipamide comme produit masquant afin de passer les contrôles.

Je ne sais pas vous, mais je trouve peu de matière à réjouissance dans le cyclisme ces jours-ci. J’en ai vraiment marre de toutes ces affaires de dopage. Comment conserver notre enthousiasme? Et nous n’avons pas le choix, il faut en parler. Antoine Vayer, lui, en parle et rit jaune, comme nous.

2 – La course elle-même. On est revenu aux Tours soporifiques de Miguel Indurain et Lance Armstrong: détruire l’opposition dans le premier grand chrono, puis gérer en montagne avec une équipe surpuissante. Bref, le suspense cette année est ailleurs que dans la course au maillot jaune, surtout dans le contexte où Chris Froome est tenu de respecter les consignes d’équipe. Les courses au maillot à pois et au maillot blanc me passionne davantage. Aujourd’hui dans la grande étape de montagne de ce Tour, les Français Pierre Rolland (pour les pois) et Thibault Pinot (pour le blanc) ont un bon coup à jouer.

Pour le général, seul Nibali me semble en mesure d’inquiéter les Sky, qui ont toutefois le nombre pour le contrôler. Basso pourra-t-il tenter quelque chose tôt lors d’une étape pour aider le Requin de Messine? C’est à souhaiter. Par ailleurs, je ne crois plus aux chances de Cadel Evans sur ce Tour. Il pourrait perdre encore du temps aujourd’hui dans les Pyrénées.

Quant aux autres, beaucoup de coureurs voudront préserver leur place dans les 10 premiers du général plutôt que de tenter le tout pour le tout et s’exposer à une défaillance. Dans le cyclisme d’aujourd’hui, les points UCI valent chers lors des renouvellements de contrats…

3 – Chose certaine, c’est Bradley Wiggins qui doit être ravi de l’histoire de dopage qui touche Franck Schleck. Voilà qui occupera les journalistes et le public et qui détournera les soupçons dont son équipe et lui font l’objet étant donné leur domination et leur maigreur extrême. Les AICAR entre eux et les autres sont grands…

4 – Il convient cependant d’être prudent concernant l’équipe Sky. Frédéric Portoleau nous informe à propos des puissances développées sur ce Tour. Elles sont très élevées, mais demeurent en lien avec celles des années précédentes. En bref, si des performances extraordinaires (devrais-je dire extraterrestres?) comme celle de Contador à Verbier en 2009 sont nettement plus rares, il demeure que les coureurs pros continuent d’évoluer à des seuils très élevés. Pour preuve, Chris Froome a développé 467 watts pendant 16 minutes à la Planche des Belles Filles contre 390 watts pendant 21 minutes pour Contador sur Verbier en 2009. Si Contador est plus léger que Froome, ça demeure une sacré perf de ce dernier. Et un peu surprenante à la lumière de son palmarès jusqu’ici pour moi, mais pas pour Michel Thèze, son ancien directeur au Centre mondial de cyclisme: apparemment, Froome aurait un sacré moteur.

5 – J’ai bien aimé les victoires françaises sur ce Tour, au nombre de quatre: Pinot, Voeckler, Rolland et Fedrigo. Deux chez Europcar, deux à la Française des Jeux du passionné Marc Madiot (pour preuve, ce vidéo qui témoigne que Madiot ne s’énervait pas derrière son coureur pour la première fois!). Ces équipes ont déjà réussi leur Tour de France. Malheureusement, la guigne continue de s’abattre sur l’équipe AG2R La Mondiale, de Chambéry, sans succès à ce jour sur le Tour et au milieu d’une saison frustrante, sans grand résultat. Nicolas Roche, 13e, voudra sauver les meubles, peut-être en tentant de décrocher une étape dans les prochains jours?

6 – Reportage video sympa au coeur de l’équipe Europcar sur ce Tour de France. À ne pas manquer.

7 – Reportage sur les rois de la montagne sur le Tour de France, cette race de coureurs fragiles mais très spectaculaires dont certains ont mal fini, malheureusement.

44e Tour de l’Abitibi

En attendant demain la présentation d’un bilan du Tour de France à l’occasion de la 2e journée de repos, détour aujourd’hui par le Tour de l’Abitibi qui est au calendrier des coureurs juniors ce que le Tour est au calendrier des pros: la plus prestigieuse course par étapes du calendrier, point final.

Le Tour de l’Abitibi figure en effet au calendrier UCI des juniors et constitue la plus longue des courses par étapes offertes aux coureurs de 17 et 18 ans.

Depuis 1969, de nombreux coureurs pro de premier plan sont passés par le Tour de l’Abitibi: on pense à Andy Hampsten, Laurent Jalabert, Steve Bauer ou Bobby Julich par exemple. J’ajouterais, ces dernières années, Denis Menchov, David Veilleux, Tyler Farrar, Taylor Phinney ou encore Arnaud Demare. Que du beau monde!

Bref, le Tour de l’Abitibi est une épreuve de référence qui vous situe un coureur junior. Une victoire en Abitibi augmente très significativement vos chances de percer au plus haut niveau.

Pour se mettre dans l’ambiance, à ne pas manquer cet excellent documentaire long métrage réalisé sur l’épreuve: le Tour des rêves. Comme ils écrivent: « Ils rêvent du Tour de France. C’est en Abitibi que ce rêve commence« . Vrai dans bien des cas!

L’édition 2012

Au menu, 7 étapes pour un total d’environ 600 kms à parcourir, dont un court chrono de 10 bornes jeudi. La première étape, entre Amos et Rouyn-Noranda, présente de grosses difficultés. Les étapes 5 et 7, entre Timiskaming et Lorrainville puis entre Mont Brun et Rouyn-Noranda, seront également des étapes difficiles. Outre le chrono et les chutes, c’est durant ces étapes que le maillot brun tant convoité de leader du général devrait logiquement se jouer. Un maillot orange (points) et bleu (meilleur temps chez les juniors 1ere année) sont également attribués.

Le peloton sera constitué d’environ 140 coureurs répartis en 23 équipes d’au maximum six coureurs. On y retrouve six équipes nationales, soit le Canada, les États-Unis, le Mexique, la Colombie, le Guatemala ainsi que la Thaïlande. Malheureusement, pas d’équipe de France cette année en Abitibi. Un lien avec l’année olympique peut-être? Je l’ignore. Le gros des coureurs est de nationalité américaine, suivi des Canadiens. Ca sera intéressant de suivre la progression des coureurs colombiens, habituellement rompus aux parcours accidentés.

Pour suivre la course, deux sites en particulier. Le premier, TVGO, donne accès à d’intéressants vidéo de la course et ce, tous les jours. Le deuxième est celui d’un blogueur, Olivier Grondin, qui présente quelques bons articles sur l’histoire de cette course.

Ca commence bien

En marge de la course, le Tour de l’Abitibi organisait hier un challenge sprint selon la formule déjà présente lors du GP de Québec World Tour. C’est un coureur de l’équipe du Québec qui a gagné, Elliot Doyle, devant un coureur de l’équipe canadienne, Brandon Etlz. Le troisième est de l’équipe des États-Unis.

Je souhaite personnellement un bon Tour de l’Abitibi aux coureurs ainsi qu’à toute l’équipe d’organisation!

Un GP OBC frustrant pour moi

Excellentes conditions météo pour cette édition du GP OBC, le grand rendez-vous annuel dans le superbe Parc de la Gatineau: beau et très chaud, peu de vent.

Journée faste pour mon équipe des Rouleurs de l’Outaouais puisque Chantal Gosselin a remporté la course des Maîtres Femmes et que Gino Ainsley a loupé le podium de peu chez les Maîtres 30-39 ans, terminant 4e. Les Rouleurs ajoutent à cela deux autres top-10, chez les femmes Seniors 1-2 (Anais Courteille 8e) et chez les Maîtres C (Gilbert Marois 9e). J’aurais tant aimé apporter ma contribution à ce beau tableau!

Je participais à la course Maîtres A, la préférant à celle de ma catégorie (Maîtres B) afin d’accumuler les kilomètres et les efforts en vue de la Haute Route. Yves Lefebvre, qui part aussi sur la Haute Route, avait choisi la même option que moi.

En fait, le GP OBC était pour moi un test après un gros mois d’entrainement, surtout que la météo était parfaite pour moi. Et bien le test a été échoué.

La course s’est élancée sur des bases très rapides puisque le premier tour avec mon peloton fut bouclé en 29min22sec, soit le tour le plus rapide de toutes les catégories hier, Séniors 1-2 (pro) compris! En 10 bornes, notre peloton avait déjà rattrapé le peloton des Juniors/Seniors 3, pourtant parti deux grosses minutes avant nous. Cela a d’ailleurs créé une jolie confusion pendant des kilomètres, les juniors/séniors3 se mêlant aux Maîtres A.

Durant les trois premiers tours, sur cinq à faire, je me baladais. Très bonnes sensations. J’ai essayé deux fois de fausser compagnie au peloton, mais celui-ci réagissait au quart de tour, ne laissant personne s’échapper. Jusque là, le test était très concluant.

À un kilomètre du début de la 4e ascension de la grosse bosse du parcours, Fortune, chute importante au milieu du peloton. Je passe près d’aller au tapis avec mon équipier Gino. Nous perdons quelques places, mais rien de grave. Et là, dans la bosse, incapable d’hausser mon effort! Les pulsations cardiaques à 166 (sur un maxi de 178), rien de trop intense, mais une grosse fatigue me tombe dessus sans avertissement. Le moteur bloqué, je ne peux hausser le rythme, ce que je faisais sans problème 15 bornes avant. La panne de jambes, dans sa meilleure définition. Allez comprendre.

J’ai bouclé ce 4e tour en maintenant un bon effort, 1min30 derrière le peloton que je n’ai jamais pu rejoindre malgré une chasse. Le 5e et dernier tour a été bouclé à un bon rythme avec 4 autres compagnons dont Fred Chenard qui roulait très bien avec moi. J’ai assuré le tempo dans à peu près toutes les bosses. Je ne peux en dire autant de nos trois autres compagnons qui visiblement avaient encore des choses à apprendre côté cyclisme. Tout ce joli monde m’a déposé à 200m de la ligne pour se claquer un sprint endiablé pour la… 32e place. Je ne comprendrai jamais.

Résultats, je termine 37e à 6 minutes du premier peloton que je n’aurais jamais dû quitter. Je termine surtout très frustré après moi.

Bref, à 35 jours du départ de la Haute Route, il y a lieu de se poser quelques questions. Fatigue après un gros mois d’entrainement? Allergies (toujours présentes)? Perte de puissance musculaire? Anémie? Erreurs d’alimentation durant la course? Ce dernier point est à surveiller, je n’ai probablement pas assez bu et mangé, trompé par d’excellentes sensations dans les trois premiers tours.

Quoi qu’il en soit, c’est décidé: je m’accorde un peu de repos total cette semaine!

La Toussuire: que de rebondissements!

Y’a pas à dire, l’étape d’hier a été riche en surprises et en rebondissements. Voyons un peu.

1 – Tout d’abord, un doublé français, Rolland premier et Pinot deuxième. Qui l’eut cru? L’équipe Europcar m’a une fois de plus fait mentir, avec une belle cohésion sur l’étape d’hier. Malacarne a roulé dans la Madeleine, relayé ensuite par un Christophe Kern déchainé dans le col du Glandon-Croix de Fer. Rolland a bien terminé le boulôt, allant au bout de lui-même dans les derniers kilomètres. Pinot a également été très costaud et m’a beaucoup surpris à ce niveau de compétition. Un tout bon celui-là.

2 – Evans qui craque à 5 kms de l’arrivée. Visiblement, Evans est un ton en dessous sur ce Tour de France, et son chrono moyen de l’autre jour était annonciateur de la suite qui n’a pas loupé. Cadel Evans a perdu le Tour hier. Reste à entendre le sursaut d’orgueil du champion, probablement dans les Pyrénées. Van Garderen est meilleur que lui pour BMC cette année.

3 – Froome le plus fort? Celui-là, il étonne tout le monde! Quel avion de chasse! Il monte presque la bouche fermée et on se demande d’où vient sa puissance à la vue de ses jambes rachitiques. Il a largué son leader Wiggins à 5 bornes de l’arrivée alors qu’il roulait pour rentrer sur le groupe Nibali juste devant. Wiggins a évoqué un problème de radio mais je n’y crois pas trop: celle de Froome semblait marcher au poil. En tout cas, personne n’a été dupe et il semble bien que Froome est plus costaud encore que Wiggins. L’équipe Sky est désormais 1-2 au général et peut voir venir. C’est la fin du suspense sur l’épreuve. Si Wiggins sombre, Froome sera là pour reprendre où l’autre laissera.

4 – Nibali le meilleur des autres. Quelles belles attaques du requin de Messine dans l’ascension finale! Quelle giclette! Dommage que Nibali n’ait pas pu concrétiser, mais l’Italien semble définitivement être le plus costaud après Froome et Wiggins. Son équipe Liquigas pourra l’épauler dans les prochains jours, Basso et Sagan sont costauds eux-aussi. Il est le seul me paraissant capable de dynamiter la course n’importe quand, même dans les descentes.

5 – Van Garderen solide. La course au maillot de meilleur jeune est presque la plus passionnante de ce Tour de France, entre Van Garderen et Pinot. Pour le moment, Van Garderen possède une priorité de presque 2 minutes sur Pinot, mais attention aux étapes pyrénéennes. Taaramae a sombré ces derniers jours et est out de cette course.

6 – Beau collectif RadioShack avec, devant en montagne, pas moins de 4 coureurs: Franck Schleck, Chris Horner, Aimar Zubeldia et Maxime Monfort. L’équipe RadioShack est en tête du classement par équipe avec plus de 12 minutes d’avance sur les Sky. Rafraichissant.

7 – La course pour le maillot de meilleur grimpeur n’est pas terminée non plus puisque seulement 11 petits points séparent actuellement Kessiakoff de Rolland. Misez Rolland à Paris.

Bref, on pourrait résumer en affirmant qu’à défaut d’avoir du suspense pour le maillot jaune, on en a un peu partout ailleurs et que les coureurs français nous offrent un joli spectacle. Ce Tour de France n’est pas si mal dans le fond.

Retour sur la victoire de Voeckler

Commentaire intéressant de Legaffm qui a trouvé que Voeckler a plutôt mal couru sur la route de Bellegarde, énervant ses compagnons d’échappée avec des petites relances fréquentes et avec des signes de mauvaise humeur dans le final. C’est un bon point, Voeckler a surement énervé ses adversaires ce jour-là par son attitude. Il a aussi beaucoup donné de sa personne.

Voeckler me la mets dans les dents!

Dans la vie, il faut avoir le courage de reconnaître qu’on a eu tort. C’est une question d’honnêteté intellectuelle.

J’ai eu tort en affirmant que Jean-René Bernaudeau faisait une erreur de sélectionner Thomas Voeckler pour le Tour. Il a gagné son pari, il faut le reconnaître.

Thomas Voeckler a en effet répondu aux critiques en remportant de très belle manière l’étape d’hier sur le Tour de France. Cette étape n’était pas facile, avec le Grand Colombier à passer. Elle n’était pas facile pour Voeckler qui, visiblement, avait une pancarte dans le dos: ses compagnons d’échappée le marquait à la culotte. Voeckler a su la jouer avec finesse dans le final et je  dois reconnaître que sa victoire est sans équivoque. Du très beau boulôt. Sa victoire me fait très plaisir; je ne voulais pas voir Scarponi gagner, l’ayant trouvé, durant l’étape, trop avare de ses efforts et trop calculateur.

J’ajoute même que la simple honnêteté intellectuelle exige de reconnaître que l’équipe Europcar fait un Tour de France très correct jusqu’ici. On les a vu devant presque tous les jours durant la première semaine. Hier, Voeckler a gagné avec l’aide d’Arashiro, et Pierre Rolland a repris quelques secondes aux favoris.

Bref, l’équipe tient la route avec brio et dans ce contexte, les choix de Jean-René Bernaudeau sont justifiés. Il n’y a pas de honte à reconnaître que j’ai eu tort, même si j’estime toujours que ma position d’avant Tour était tout à fait défendable à la lumière des éléments dont on disposait. Voeckler a bel et bien failli abandonner lors des étapes 2 et 3, et c’était un pari risqué que de le sélectionner. Le pari est toutefois réussi.

Un mot enfin sur les articles de début de Tour suggérant que l’équipe Europcar fait usage de cortisone. Une enquête préliminaire a même été ouverte par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), service de gendarmerie en charge de l’axe pénal de la lutte antidopage sur le territoire français. Je n’ai pas voulu commenter, estimant qu’il était trop tôt pour le faire. Ceci étant, il est vrai que plusieurs coureurs de l’équipe ont semblé avoir des problèmes de genou au cours des derniers mois. Simple coïncidence? Je ne le sais pas. Chose certaine, Voeckler a réagi sur le vélo hier et est allé chercher son étape au courage, dans un final compliqué.

Thomas Voeckler hier: la tête et les jambes. C’est le cyclisme comme je l’aime. Je lui dis « bravo! ».

Aujourd’hui, la grande étape des Alpes

L’étape d’aujourd’hui est à ne pas manquer puisque c’est la seule vraie étape de montagne dans les Alpes cette année. Au menu des coureurs, « seulement » 148 bornes mais la Madeleine, la Croix de Fer et le Mollard à franchir avant d’attaquer la montée finale vers La Toussuire. Dur!

C’est sûr, une échappée de coureurs loin au général partira dans la Madeleine. Attention à Voeckler qui pourrait nous remettre ça question de défendre son maillot à pois et de servir de relais, plus loin, pour Pierre Rolland.

Pour les favoris, le meilleur endroit pour attaquer est selon moi après le village de St-Colomban-des-Villards, à 70 kms de l’arrivée et à 15 bornes du sommet de la Croix de Fer. À cet endroit, la pente devient progressivement plus raide et c’est franchement pentu sur les 2 derniers kms du Glandon. De quoi creuser des écarts. Ensuite, le début de la descente de la Croix de Fer est technique et pourra favoriser un petit groupe voire un homme seul qui ne lâcheront rien à cet endroit. Très rapidement, on attaque la courte ascension du Mollard, puis la descente est très technique, avec de très nombreux lacets. Un homme seul ne perdra rien sur un peloton dans cette descente, qui l’amène au pied de la dernière ascension où il faudra avoir les jambes.

Le dopage éclipse (malheureusement) le Tour

Triste, c’est actuellement assez triste dans le cyclisme: les affaires liées au dopage se multiplient.

À un tel point que cela éclipse la course sur le Tour de France.

Et il est inutile de se cacher la tête dans le sable, il faut en parler. Affronter nos problèmes de face. Ce n’est quand même pas la faute aux journalistes et blogueurs si les coureurs cyclistes se dopent!

Quatre affaires retiennent actuellement l’attention: Affaire Pozzato, Affaire DiGregorio, Affaire Armstrong et Affaire Wiggins.

Affaire Pozzato

Fillipo Pozzato a en effet avoué travailler depuis 2005 avec le fameux et sulfureux docteur italien Michele Ferrari, dont la réputation en matière de dopage n’est plus à faire. Si Pozzato n’est pas spécialement un gros poisson, cette affaire nous est utile en ce sens qu’elle nous apprend qu’en dépit de son bannissement à vie prononcé en 2002 en Italie, Ferrari continue encore aujourd’hui d’encadrer de très près des coureurs cyclistes professionnels.

Comment est-ce possible? Comment voulez-vous qu’on s’en sorte dans ces conditions? C’est désespérant.

Affaire DiGregorio

Elle est toute récente celle-là: la police française a placé en garde à vue Rémi DiGregorio pour une présumé affaire de dopage à Marseille. Deux autres personnes seraient également en garde à vue dans cette histoire de dopage. Les faits remonteraient à l’an dernier alors que DiGregorio courait pour l’équipe Astana et c’est un coup de téléphone mis sous écoute qui l’aurait trahi. Il se serait procuré des produits dopants à l’aide d’un réseau à Marseille.

L’équipe Cofidis a déjà réagi et suspendu DiGregorio qui quitte donc le Tour par la plus petite des portes.

Cette affaire nous rappelle que depuis 14 ans, la majorité des coureurs pris pour dopage ne l’ont pas été suite à un contrôle positif, mais bien suite à une enquête ou une perquisition menées par la police. L’Affaire Puerto, l’Affaire Oil for Drugs, et maintenant l’Affaire DiGregorio nous rappelle donc que l’absence de contrôles positifs ne saurait en aucun cas être un gage de probité d’un athlète, n’en déplaise à… Lance Armstrong. À ma connaissance, Rémi DiGregorio n’a échoué aucun test antidopage l’an dernier…

Quoi qu’il en soit, il est intéressant de remarquer que DiGregorio a eu quelques bons résultats en 2011 en cyclisme, alors qu’il était de passage dans une équipe non-française, à savoir Astana. Une de ses seules victoires professionnelles a été acquise l’an dernier lors de la 7e étape de Paris-Nice. Ayant ré-intégré une équipe française (Cofidis) en 2012, il n’a rien gagné cette année.

Ce que je veux dire? Rien du tout. Simplement je porte à votre attention que DiGregorio a eu ses meilleurs résultats la seule année de sa carrière où il était dans une équipe non-française et que sa récente arrestation est liée à l’usage de produits dopants justement l’an dernier. Troublant comme coïncidence.

Affaire Armstrong

Lance Armstrong est aux abois et ça parait: il cherche par tous les moyens possibles et imaginables à stopper l’USADA dans sa démarche. Il vient de reloger une poursuite auprès de la cour fédérale pour tenter d’invalider le recours de l’USADA à son endroit. Un premier juge l’a débouté avant-hier: on verra ce que fera la cour fédérale dans les prochains jours, elle a jusqu’au 14 juillet à 17h pour rendre une décision.

Lance Armstrong continue d’attaquer la légitimité de l’USADA, amenant le débat sur autre chose que le dopage. Car sur ce plan, il sait qu’il a déjà perdu. Seule solution, invalider l’action de l’USADA. Si la cour fédérale permet à l’USADA d’aller de l’avant le 14 juillet, je crois bien que M. Armstrong sera déchu rapidement de ses titres et de sa réputation, par ailleurs construits sur un mensonge.

Fait intéressant, trois personnes accusées en même temps que Lance Armstrong et Johan Bruyneel ont reçu hier une sentence de suspension à vie d’oeuvrer dans le milieu du cyclisme: Michele Ferrari, Luis Garcia Del Moral et Pepe Marti. Ces personnes n’ont pas réagi, ne contestant en rien la sentence prononcée à leur endroit: c’est dire comme ces personnes s’en foutent et c’est dire à quel point cette nouvelle sentence ne les empêchera probablement pas de poursuivre leurs activités dans le milieu du cyclisme. Ces activités devront simplement être dans l’ombre, les privant de tout rôle « officiel » auprès d’une équipe cycliste professionnelle.

Plus encore, l’UCI refuse de commenter cette affaire, estimant n’avoir rien à y voir. Elle refuse de commenter probablement parce qu’elle sait qu’elle est elle-même à risque d’être sérieusement éclaboussée, les rumeurs étant que le dossier de l’USADA renferme des preuves crédibles que l’UCI aurait bel et bien étouffé un contrôle positif d’Armstrong. Lance Armstrong lui-même a déclaré que le procès de l’USADA violait une « entente » qui serait en vigueur entre l’UCI et lui… Bref, vivement qu’on avance pour en savoir plus sur ce cirque.

C’est désespérant: comment croire que le cyclisme a une chance de devenir plus propre dans ces conditions?

Affaire Wiggins

Il n’y a pas d’affaire Wiggins, mais comme vous la maigreur impressionnante de plusieurs coureurs chez Sky ainsi que la domination de cette équipe sur l’actuel Tour me laisse sans voix. Dans le contexte du dopage dans le cyclisme depuis 14 ans, il est légitime, je pense, de se poser des questions, sans pour autant verser dans la paranoia. Encore une fois, il s’agit d’exercer avec jugement notre sens critique. Ne pas condamner sans faits, mais rester prudents sur notre interprétation du spectacle offert.

Soyons bien clair: nous n’avons actuellement aucune raison de remettre en doute la probité de Bradley Wiggins et de l’équipe Sky.

Ceci étant, nous savons par ailleurs qu’un des produits à la mode côté dopage est actuellement l’AICAR, ou aminoimidazole carboxamide ribonucleotide. Ce produit est souvent utilisé en conjonction avec le GW501516, ce qui rend les cures très dispendieuses et donc réservées à l’élite de pointe.

Or, une des propriétés de l’AICAR est de renforcer la musculature tout en brulant les graisses, provoquant donc à la fois gain de puissance et maigreur extrême. On sait aussi le produit extrêmement efficace, permettant des gains de performance très appréciables (+44% chez les souris!).

À priori, le produit serait toujours indétectable aux contrôles anti-dopage.(NDLR: merci à Sébastien B qui nous informe que l’AICAR serait détectable lors des contrôles depuis juin 2012. Voilà qui est intéressant, en espérant que des dérivés de l’AICAR ne soient pas déjà en circulation.)  

Dans ce contexte, comment exclure que dans 3, 4 ou 5 ans, les échantillons 2012 de certains coureurs, dont des coureurs Sky, soient re-testés et sortent positifs à l’AICAR?

On apprend également ce matin que le médecin Geert Leinders, chez Rabobank lors des affaires Rasmussen et Dekker (EPO), travaille désormais au sein de l’équipe Sky. Cela ne veut pas forcément dire grand chose, mais cela soulève suffisemment de questions pour que le patron de l’équipe, Dave Brailsford, ai cru bon de réagir publiquement. Cette situation pose une question: pourquoi diable l’équipe Sky a-t-elle pris le risque de travailler avec ce médecin?

Bref, à la vue de ces nouvelles affaires, il convient je pense de continuer d’exercer notre sens critique et notre jugement face aux performances offertes. Il ne faut pas pour autant sauter aux conclusions. Je demeure convaincu que plusieurs coureurs professionnels exercent avec éthique leur métier. Tous les coureurs pros dopés? Non. Le dopage est-il en régression? Pas sûr. On ne peut pas l’affirmer avec certitude. Pour les dopés, tous dopés égal? Non. Certains ont toujours accès à un dopage plus élaboré et efficace simplement parce qu’ils ont les moyens financiers d’y souscrire.

Comme toujours, la vérité est probablement quelque part dans la nuance.

Le tour (et autour) du Tour

1 – Wiggins façon Indurain. On a l’impression de revivre, acte par acte, un de ces Tours de France remportés par la brute espagnole. Le premier acte a été posé hier: défoncer l’opposition dans le premier chrono du Tour au sortir de la première semaine. C’est ce que Wiggins a fait, remportant ce chrono avec plus d’une minute d’avance sur son plus proche rival pouvant viser une place au général, Tejay Van Garderen qui signe là par ailleurs une performance remarquable. Cadel Evans a déçu, « seulement » 6e de l’étape à 1min43. Pas suffisant pour lutter pour le maillot jaune.

Le deuxième acte, on va avoir du temps pour le contempler au cours des deux prochaines semaines: gérer l’avance en montagne grâce à son équipe. Avec 1min53 d’avance sur Cadel Evans, et avec une équipe dominante notamment grâce à Froome et Porte, Bradley Wiggins aura de quoi voir venir. De loin.

Bref, la course est pour moi pliée, sauf évidemment chutes ou imprévus. Et même avec chutes et imprévus, sauf catastrophes, rappelons que Wiggins aura encore le dernier long chrono la veille de l’arrivée pour remettre les pendules à l’heure.

L’intérêt de la course réside désormais pour les places de 2e et 3e à Paris, entre les Evans, Froome et Nibali qui a vraiment bien fait hier. C’est également assez serré pour d’autres classements comme celui de meilleur jeune entre Van Garderen, Taaramae et Gallopin. Pour les pois, je vois gros comme ça Chris Froome remporter ce classement et terminer 2e à Paris dans deux semaines.

Podium du Tour de France 2012: 1 – Bradley Wiggins. 2 – Chris Froome (vainqueur des pois). 3 – Cadel Evans. Maillot blanc: Van Garderen. Maillot vert: Peter Sagan.

2 – Marc Madiot: quel spectacle avant-hier dans le final alors qu’il s’époumonait à encourager Thibault Pinot pour qu’il aille au bout! Les images sont impressionnantes. Ne manquait plus que « fais-nous voir que t’as des couilles nom de Dieu » et c’était la totale! La passion du cyclisme à son état brut.

3 – Pour ceux qui auraient des doutes sur la violence de certaines chutes, voici le Cervélo R5 California de Tom Danielson après l’étape de vendredi dernier. Holly shit! Merci aux Gessiens pour la photo.

4 – Comme prévu, les avocats de Lance Armstrong ont déposé une poursuite contre l’USADA estimant que les accusations portées par l’agence anti-dopage américaine étaient « inconstitutionnelles » et que le processus n’était pas équitable, minant les chances du champion cycliste américain pour un procès juste et équitable.

Les mots utilisés, déraisonnables et hors contexte, m’ont tout de suite fait croire que cette poursuite de Lance Armstrong à l’endroit de l’USADA visait une autre guerre, celle de l’opinion publique.

Je suis ravi de voir que très rapidement, un juge américain, Sam Sparks, a tranché et a rejeté immédiatement ce recours de Lance Armstrong, estimant que cette poursuite sonnait davantage comme une propagande pour s’attirer la sympathie du public qu’un argument de droit. Ce n’est pas de moi.

Vous remarquerez aussi avec quelle précision les avocats de Lance Armstrong et le principal intéressé ne s’attaquent jamais de front aux accusations, mais essaient plutôt de discréditer, aux yeux du public, toute l’entreprise. De quel droit ce type veut-il se placer au dessus des règles et des lois?

5 – Ne vous méprenez pas, malgré son bannissement à vie prononcé en… 2002, Michele Ferrari continue d’officier auprès des meilleurs coureurs professionnels. Ou plutôt, les meilleurs coureurs professionnels continuent de rechercher l’aide de Michele Ferrari. Filippo Pozzato vient d’avouer avoir commencé à travailler avec lui en 2005… Un peloton clean, vous dites? Certainement pas tous les coureurs en tout cas!

6 – Très belle réaction de Jakob Fuglsang par rapport à son exclusion incompréhensible de l’équipe RadioShack du Tour de France et de toutes les courses WorldTour d’ici la fin de la saison puisqu’il vient de remporter le difficile Tour d’Autriche. Du coup, cette victoire fait très mal paraître Johan Bruyneel, déjà assez bas merci, le forçant même à y aller d’une déclaration publique: « it’s nothing personal against Jakob ». Yeah, right. Bruyneel tente de récupérer le coup, mais il est déjà parti.

7 – La Marmotte 2012 s’est gagnée en 5h33min par Sander Armée, un coureur belge, professionnel chez Topsport. Ca s’était gagné en 5h32 l’an dernier. Incroyable comme ça roule vite! En 2000, ça se gagnait en 6h20min et je trouvais ça incroyable. Près de 50min retranchées en à peine plus de 10 ans, cela témoigne de la hausse des performances sur une telle épreuve cyclosportive. La neutralisation de la descente du Glandon n’explique pas tout, cela ne prend pas 50 minutes à descendre.

Autre indicateur, cette année, pas moins de 842 coureurs ont terminé en moins de 7h30min. C’est énorme.

8 – Reportage sur Whiteface. En réponse à des lecteurs, non, jamais de problème à la « gate » pour monter ou descendre la montagne. Il y a 2 ou 3 ans, c’était interdit aux cyclistes, d’où certains problèmes pour ceux qui s’y osaient quand même. Désormais, les cyclistes sont les bienvenus, donc aucun problème. La descente est cependant assez dangereuse, la route étant très bosselée par endroit. Il faut bien tenir le guidon et savoir absorber les bosses en répartissant le poids du corps sur tout le vélo.

Quoi qu’il en soit, record battu par Guillaume Prébois qui montait récemment le plus haut col du monde, en Inde. 5602m, excusez-un-peu!

Whiteface en préparation de la Haute Route

Vous êtes nombreux à me demander des précisions à propos de mes escapades du côté de Lake Placid aux États-Unis afin de grimper Whiteface Mountain, une ascension très proche de l’Alpe d’Huez autant en longueur qu’en pourcentage moyen.

J’y suis allé ce week-end, pour deux ascensions samedi et une dimanche. Reportage façon VéloGessien, que je salue au passage en continuant de me délecter de leurs aventures.

Lake Placid, d’Ottawa-Gatineau, c’est trois heures de route. Samedi midi, pas de doute, nous y voilà. Site des Jeux Olympiques de 1932 et 1980. Au loin, Whiteface Mountain se dresse devant nous. Le théâtre de nos exploits. Il faudra, tout à l’heure, se hisser tout là haut!

Tous les cyclistes et triathlètes qui vont s’entrainer à Lake Placid connaissent Placid Planet, la belle boutique de vélo du coin.

Mirror Lake, en plein coeur de la ville. Le site de natation du célèbre Ironman chaque année. Ce week-end, c’était une compétition de kayak.

Le stade olympique et son centre d’interprétation. Bonjour le drapeau! (mais aux States, des drapeaux américains, c’est pas ce qui manque…)

À la sortie de Lake Placid direction le pied de Whiteface, les deux tremplins à ski se détachent sur l’horizon. Je préfère le vélo à me lancer du haut d’une de ces tours, dans le vide!

Entrée du centre de ski. Whiteface, c’est tout là haut, 1500m d’altitude. La dame couchée? Connait pas: je n’ai pas osé troubler son repos pour prendre une photo!

Mountain Brook Lodge à Wilmington, notre pied-à-terre du week-end. Rustique, mais très bien. Le proprio Al est très sympathique et les chambres sont confortables, même si ce n’est pas spécialement moderne. Une bonne adresse située à 200m du début de la montée de Whiteface.

Les vélos sont prêts. Photo « façon VéloGessien ».

Petit réchauffement avec mon coéquipier Martin, lui aussi participant à la Haute Route, autour de Wilmington, question de chauffer un peu les cuisses avant l’épreuve.

Ca commence ici. Km 0 au carrefour.

Au départ de la montée, ça promet: direction le Pôle Nord et la boutique du Père Noël!

Bienvenue au Pôle Nord, après 2 km d’ascension.

La « gate » du Veteran’s Memorial Highway. À ce stade, vous en avez terminé des 5 premiers kms d’ascension. Les plus costauds mettront moins de 19 minutes pour arriver à cet endroit. Tout ceux qui y arrivent en moins de 20 minutes ont déjà bien grimpé.

Les conditions au sommet. Aux States, c’est en pied et en farenheit. La route est ouverte de 8h30 à 17h30 tous les jours. Le préposé m’accueille avec un « the price of pain today is 6 bucks »! Six dollars pour le droit de poursuivre. À chaque passage (pas de tarifs de gros pour galériens de Whiteface comme moi).

Altitude 2638 pieds, ou 800m.

Le décor commence à devenir intéressant, on prend de la hauteur.

Le sommet de Whiteface hier matin était dans les nuages.

Altitude 3307 pieds, ou 1000m.

Altitude 3893 pieds, ou 1200m. Bientôt fini.

Le premier des deux seuls lacets de la montée, le Lake Placid turn. Une fois à cet endroit, vous y êtes presque et l’effort est plus facile, la pente s’adoucissant.

Votre serviteur au Lake Placid turn. Derrière, le lac Placid, en fer à cheval.

Deuxième et dernier lacet avant la rampe finale, le Wilmington turn. C’est là qu’il faut relancer pour les derniers 800m!

Le dernier droit, altitude 4499 pieds, ou 1400m.

Le refuge du haut dans les nuages, altitude 1405m. Pour moi samedi, une première ascension en 56min45 et une deuxième en 59min, malgré un bon vent de face sur la première partie de l’ascension, avant la gate. Et dimanche matin, 59 minutes là encore.

Mon coéquipier Martin en termine avec son ascension.

Dans la descente. Nous étions bien dans les nuages deux lacets plus haut.

Prochain rendez-vous avec Whiteface dans deux semaines, pour une nouvelle journée d’entrainement avec, peut-être, trois ascensions dans la journée!

Hesjedal out

Ryder Hesjedal n’est pas reparti ce matin sur le Tour de France. Abandon qui est lié à la douleur ressentie après la chute d’hier. Il s’agira maintenant de voir s’il a suffisamment de temps devant lui pour se remettre en vue des Jeux Olympiques dont il est le représentant canadien. Il sera probablement des GP de Québec et Montréal par ailleurs.

Bonne chance à tous les participants de La Marmotte qui sont actuellement dans l’épreuve! Et bonne chance à ceux qui se lancent demain dans L’Étape du Tour Acte 1, dont certains de mes équipiers et amis de la région.

Hesjedal: tabarnak!

Pas de chance hier pour de nombreux coureurs dont le Canadien Ryder Hesjedal qui sont lourdement tombés dans une chute collective survenue sur une route large avec environ 25 kms à faire dans l’étape. Le peloton descendait une côte et la vitesse était estimée autour de 70 km/h.

Cinq coureurs ont été contraints à l’abandon: Tom Danielson (Garmin), Wouter Poels (Vacansoleil), Davide Vigano (Lampre), Mikel Astarloza (Euskaltel) et Maarten Wynants (Rabobank).

D’autres ont terminé au courage, notamment Johan Van Summeren. La photo est éloquente et nous rappelle la dure condition des coureurs cyclistes professionnels.

Plusieurs leaders ou outsiders ont perdu le Tour hier, en premier lieu Ryder Hesjedal. Le premier mot qui me vient à l’esprit est « tabarnak », il fallait que ça tombe sur lui. Que voulez-vous, nous les Canadiens n’avons qu’un seul coureur dans le peloton du Tour cette année… Ryder n’est pas sûr de repartir demain matin.

Son équipe Garmin a été décimée et le bus des coureurs ressemble davantage à un hôpital qu’autre chose. Pas moins de 5 coureurs sont tombés ou ont été retardés, soit Hesjedal, Danielson, VanDe Velde, Millar et Van Summeren. La photo suivante de Tom Danielson résume l’état de l’équipe Garmin. Impressionnant!

Franck Schleck, Alejandro Valverde, Robert Gesink, Pierre Rolland, Stephen Kruijwijk, Michele Scarponi et Janez Brajkovic ont tous également perdu pas mal de temps. Leur Tour est probablement terminé pour une place parmi les 5 premiers au général.

Les Cadel Evans, Bradley Wiggins, Vicenzo Nibali, Samuel Sanchez, Jurgen Van Den Broeck, Chris Froome, Tejay Van Garderen, Denis Menchov et Ivan Basso ont cependant pu terminer dans le temps du vainqueur. Ils demeurent donc en course pour le général.

Sagan trop fort

C’est Peter Sagan qui a gagné l’étape au sprint, battant à la régulière Goss et Greipel sur le plat, une nouveauté. Il faut dire que Greipel a été gêné par le bris de chaine (un truc qui aurait pu être très dangereux!) de Kris Boeckmans aux 400 mètres. Quoi qu’il en soit, Sagan gagne en puissance et son sprint s’améliore, c’est évident. À 22 ans, il faudra je pense s’habituer à voir ce garçon sur les podiums!

Pourquoi les chutes?

C’est devenu un classique ces dernières années sur le Tour, plus que jamais auparavant: festival de chutes. Pour Thomas Voeckler, c’est clair, c’est dû aux oreillettes car les directeurs sportifs ordonnent tous à peu près au même moment à leurs coureurs de remonter en avant. Comme 198 coureurs ne peuvent pas être tous devant, certains prennent des risques et il arrive ce qu’il doit arriver, des chutes.

Pour d’autres, ce sont les dangers de la route, les ronds-points, les lignes de peinture, les ilots directionnels, etc.

Pour moi, c’est le sport cycliste: les chutes sont intrinsèquement liées à ce sport, il faut composer avec. Elles ont toujours existé, et existeront toujours. Le peloton roule plus vite aujourd’hui, les dangers de la route sont plus nombreux, les conditions physiques plus uniformes signifiant que tout le monde croit en ses chances d’être devant, ce sont des facteurs aggravants. Mais il demeure futile de s’indigner de trop contre ces chutes selon moi. La chute d’hier est survenue sur une route large, sans raison apparente.

Aujourd’hui, la Planche des Belles Filles. D’autres coureurs pourraient y perdre le Tour. Ceux qui ont été touchés hier auront peut-être du mal à suivre lors de cette étape.

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