Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 133 of 352

Tornado Tom visite Maranello

Giro: le mystère Wiggins

Final d’étape difficile hier sur la 4e étape du Giro puisque la pluie s’est manifesté, rendant la dernière descente assez compliquée à gérer pour les coureurs.

La victoire est revenue à l’Italien Enrico Battaglin, qui l’a emporté au sprint. Enrico est un cousin éloigné du célèbre Giovanni Battaglin, nom célèbre dans le cyclisme puisque ce coureur des années 1970 et 1980 a réalisé le doublé Vuelta-Giro en 1979 (à l’époque, la Vuelta se disputait avant le Giro, en avril). Seuls deux autres coureurs ont réussi cet exploit, soit Eddy Merckx en 1973 et Alberto Contador en 2008.

Aujourd’hui, Giovanni Battaglin a prêté son nom à une prestigieuse marque de vélo bien connue en Italie.

Wiggins lâché

La nouvelle du jour est cependant les 17 secondes lâchées par Bradley Wiggins, retardé par une chute devant lui dans le final. Les commissaires ont cependant statué que Wiggins avait été lâché avant la chute, donc il n’a pas été crédité du temps des coureurs impliqués dans cette chute.

Avec ce débours, Wiggins est désormais dans l’exact même temps au général que Hesjedal, tous deux à 34 secondes du maillot rose toujours porté par Paolini. Nibali possède actuellement un dérisoire avantage de 3 secondes sur ces deux coureurs, autant dire que les grands favoris sont encore dans un mouchoir de poche.

LA question du jour est donc de savoir pourquoi Wiggins a été lâché dans le final.

La première hypothèse est qu’il est malade. Son équipier Cataldo l’est, donc il n’est pas impossible que d’autres coureurs chez Sky soient touchés. Si tel est le cas, Wiggins vise certainement à la jouer « low profile » en attendant des jours meilleurs.

L’autre hypothèse, c’est que Wiggins a réellement eu un ennui ponctuel dans le final aujourd’hui et qu’il cache son jeu. Nous pourrons en avoir le coeur net samedi prochain lors du chrono de 55 bornes où il doit frapper un grand coup.

Enfin, la dernière hypothèse est celle qui suggère que Wiggins aurait été touché au moral suite à l’annonce par Dave Brailsford, manager général chez Sky, que le leader de l’équipe sur le prochain Tour de France serait Chris Froome. Rappelons que Wiggins a multiplié les déclarations controversées au cours des dernières semaines concernant ses réelles motivations pour la Grande Boucle. Il n’est pas impossible que la nouvelle ait touché sa volonté de se battre dans un final compliqué et dangereux.

Chose certaine, les 17 secondes lâchées sont peu de chose considérant les kilomètres encore à parcourir sur ce Giro, qui plus est compte tenu de la dernière semaine en montagne, qui sera terrible. Il faut donc rester calme! Ceci étant, voilà certainement une situation qui n’est pas l’idéal pour la confiance de Wiggins sur ce Giro.

Haute Route – Rétro

Petit moment de grande émotion ce matin en découvrant ce beau vidéo proposé par l’équipe italienne BMC présente sur la Haute Route 2012. Son leader, Michel Chocol, 2e de l’épreuve, était très sympathique.

Bref, que de souvenirs!

Et un magnifique plan de Pascale Legrand et Yves Lefevbre à 11min45, au matin de la 4e étape entre l’Alpe d’Huez et Risoul.

Avec le recul, je crois bien qu’une partie de moi est restée là-bas. De loin l’aventure sportive la plus significative de ma vie.

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Giro: Hesjedal met le feu aux poudres!

Très beau final hier sur la 3e étape du Giro où le Canadien Ryder Hesjedal a mis le feu aux poudres dans la dernière patate du jour. Payez-vous les images, elles parlent d’elles-même: il était déchainé! Il a même ré-attaqué dans la descente.

Explication de son équipe plus tard: sur de telles petites routes, qui tortillent et qui recèlent maints dangers, il n’est pas plus exigeant et probablement moins risqué de mener une course d’attaque en tête plutôt qu’une chasse derrière.

Hesjedal a donc décidé de passer à l’attaque, une attaque d’ailleurs planifiée. Bénéfice? Il termine 3e de l’étape et vient grappiller quelques secondes de bonification, lui permettant de se rapprocher de Bradley Wiggins et de combler une partie de son retard (modeste, on reste calme… le Giro est encore long…) accumulé durant le chrono par équipe de dimanche.

Bref, tout bénéfice pour Hesjedal, si ce n’est qu’une chose: en mettant ainsi le feu aux poudres (« je suis venu pour faire la course« ), Hesjedal et son équipe Garmin ne se sont pas fait d’amis dans le peloton hier. Il est à prévoir qu’Astana et Sky, voire d’autres équipes comme BMC, seront impitoyables envers Garmin si l’occasion devait se présenter dans les prochains jours.

C’est Luca Paolini, un coureur rusé et puissant, qui a remporté l’étape légèrement détaché après avoir « fait la descente » de belle façon. Du coup, il endosse également le maillot rose. Voilà qui vient en quelque sorte couronner la carrière déjà longue de ce coureur italien de 36 ans, grand ami et équipier de Paolo Bettini à ses débuts.

Ils ont déjà perdu le Giro

C’est pas encore la catastrophe, mais Michele Scarponi a été retardé hier par une chute dans le final et qui lui coûte 44 secondes sur la ligne par rapport aux autres favoris. Considérant la valise qu’il va prendre dans le chrono de 55 bornes, il devra être vraiment excellent en haute montagne pour se refaire.

Ca sera également difficile pour Betancur et Pozzovivo, désormais à plus de 1min40sec de la tête du général. Il leur faudra réaliser un petit exploit – ou un long raid – en montagne pour monter sur le podium. De nos jours, les grands tours se gagnent souvent par une poignée de secondes!

Rollin présent

Erratum par rapport à l’article présentant le Giro et publié sur ce site plus tôt: le Québécois Dominique Rollin a également pris le départ du Giro (la liste initiale de partants ne l’annonçait pas). Rollin a ainsi une belle chance de se reprendre pour un Giro frustrant l’an dernier, où il avait été mis hors course suite à un concours de circonstances. Son équipe FDJ a cependant connu un gros coup dur hier avec l’abandon de Sandy Casar sur fracture du scaphoïde. Le Français visait notamment de terminer les trois grands tours cette année.

Aujourd’hui

Plus longue étape de ce Giro, avec 244 bornes à parcourir et une autre belle patate dans le final, une ascension (le Croce Ferrata) de 6,5 kms à 6%. Idéal pour les puncheurs.

Camp d’entrainement 2013 – Rouleurs de l’Outaouais – Cornwall

Jamais utilisé IMovie avant, mais je me lance!

Tout savoir sur le Giro

Capture d’écran 2013-05-03 à 08.24.05Depuis plusieurs années déjà, le Giro d’Italia a compris que pour exister, il fallait se distinguer du Tour de France.

Et il le fait admirablement bien: des parcours variés, souvent très difficiles, des cols ou des arrivées spectaculaires, du glamour et du marketing (des vidéos, des designers comme Paul Smith pour les maillots, des filles, etc.) à la pelle, bref, on marie sport et jet set en Italie.

La recette est par ailleurs bien connue, notamment en F1.

Le parcours

Pour visualiser le profil de chaque étape, à ne pas manquer ce magnifique vidéo de 10min pour tout savoir de chaque étape, ou cette belle application proposée par L’Équipe.

En clair, c’est pas tellement compliqué: le Giro se jouera en deuxième partie, après la journée de repos prévue le 13 mai prochain. Dans la première partie, une seule étape sera vraiment cruciale, soit le long chrono de 55 bornes lors de la 8e étape et qui devrait créer la première vraie hiérarchie dans le classement. Les favoris, qui se seront cachés jusque là, devront montrer leur vrai visage à ce moment. Le chrono par équipe du 2e jour est par ailleurs trop court (17 bornes) pour créer de vrais écarts significatifs.

En deuxième partie d’épreuve, pas moins de sept étapes seront déterminantes, témoignant de l’importance, pour les favoris, de conserver des forces en première partie. Il faudra en effet être au rendez-vous lors des arrivées en altitude de la 10e étape (Altopiano del Montasio), de la 14e étape (Bardonecchia), de la 15e étape (Galibier), de la 18e étape (chrono en montagne vers Polsa), de la 19e étape (Val Martello) et de la 20e étape (Tre Cime di Lavaredo), rien que ca! En fin de Giro, trois des quatre dernières étapes sont donc d’une grande difficulté, une situation qu’on n’a à peu près jamais vue sur le Tour de France.

Dans ce contexte, nul doute que le Giro se jouera vraiment à partir du chrono en montagne lors de la 18e étape. La fraicheur physique fera la différence pour encaisser cette fin de Giro très, très difficile.

Les favoris

Ils sont trois: Bradley Wiggins, Vicenzo Nibali et Ryder Hesjedal.

Si Bradley Wiggins a fait du Giro un objectif cette année, je vous avoue mal comprendre le Britannique qui multiplie les déclarations controversées à l’endroit de ses motivations pour le Tour de France. Il était pourtant clair, il y a quelques mois, que Wiggins viserait en 2013 le Giro et Froome le Tour. Wiggins semble désormais vouloir défendre son titre sur le Tour, dans ce contexte sa motivation sur le Giro sera-t-elle à la hauteur? De plus, Wiggins n’a pas encore gagné cette année, donc on situe mal sa vraie condition. Il dispose cependant d’une bonne équipe Sky, et notamment de la présence des grimpeurs Henao et Uran.

Vizenzo Nibali est probablement celui qui donne le plus de garantie actuellement. Déjà auteur d’une belle saison, à la tête d’une forte équipe (Aru, Kessiakoff, Tiralongo), l’Italien court en Italie, donc aura le soutien du public. Son punch par rapport à Wiggins et Hesjedal, plus « diesels », pourrait faire un malheur lors des arrivées en altitude. Et il y en a beaucoup!

Ryder Hesjedal arrive quant à lui en forme, il en a donné les garanties sur les Ardennaises. Auteur d’une saison discrète jusqu’ici, le Canadien sait que répéter son exploit de l’an dernier sera difficile, les doublés sur le Giro étant très rares (dernier à l’avoir fait, Miguel Indurain en 1992 et 1993… et avant ca Merckx dans les années 1970!). La meilleure carte de Hesjedal est la constance dans l’effort, et de miser sur son endurance pour être le plus fort lors des étapes 18, 19 et 20. Il dispose également de Danielson et VanDe Velde pour l’épauler en haute montagne, deux équipiers solides.

Les outsiders

Ils sont nombreux: Cadel Evans, Samuel Sanchez, Robert Gesink, Wilco Kelderman, Michele Scarponi et Carlos Betancur.

L’ajout à la dernière minute de Cadel Evans dans l’équipe BMC de ce Giro a de quoi surprendre: chez BMC, préfèrerait-on jouer la carte Van Garderen sur le prochain Tour de France? Ou a-t-on demandé à Cadel de faire le Giro sans pression pour préparer le Tour, ayant besoin, avec l’âge, de rouler davantage pour trouver la grande condition?

Pour Samuel Sanchez, c’est l’inconnu total. Idem pour Robert Gesink, capable de tout et… de rien! Scarponi a donné des garanties sur sa condition lors des Ardennaises, mais le chrono de 55 bornes, une éternité pour lui, devrait le limiter à se battre pour une place sur le podium tout simplement. Enfin, les grimpeurs que sont Betancur, Pozzovivo, voire ceux de l’équipe de Colombie, devraient animer l’épreuve ponctuellement, mais ne devraient pas jouer la gagne.

Pour moi, un des intérêts de ce Giro sera de suivre le jeune Wilco Kelderman, 22 ans, la sensation néerlandaise, récent 5e du Tour de Romandie. On ne connaît pas ses limites et rappelons qu’Andy Schleck avait terminé 2e du Giro 2007, à 21 ans. Kelderman pourra-t-il faire aussi bien?

La liste complète des engagés est ici.

Les Canadiens

Outre Hesjedal, deux autres Canadiens seront présents sur le Giro, tous deux chez GreenEdge: Tuft et Meier. Il est clair que Tuft a été engagé pour viser (soit lui-même, soit un équipier) le maillot rose en début de Giro grâce au chrono par équipe, voire la victoire d’étape sur le long chrono individuel de 55 bornes. La longueur du chrono, justement, sera un grand défi pour lui, car il préfère habituellement des chronos un peu plus court.

Couverture télé au Québec

Ca se passera sur RDS ou RDS2 tous les matins, le plus souvent soit à 8h30, soit à 9h30, mais aussi parfois en après-midi. Il faudra chaque fois consulter l’horaire disponible ici.

Alessia Ventura: « Sara un Giro Bellissimo »

Holly shit! Côté « bellissimo », pas de doute, ce Giro sera « bellissimo » avec la belle Alessia.

Devrait être interdit, des vidéos promotionnels comme ça…

Enjoy!

Giro: on déneige le Galibier

Impressionnant petit reportage des moyens employés pour déneiger le col du Galibier où le Giro, qui s’élance samedi depuis Naples, terminera sa 15e étape dimanche le 19 mai prochain. Merci à Bertrand pour le tuyau.

Voilà qui nous montre le Galibier sous son vrai visage, celui de la neige. J’ai un immense respect pour ce Géant des Alpes, qui n’est pas étranger à mon amour du vélo et de La Marmotte. Si je l’ai gravi à de nombreuses reprises par les deux versants, c’est chaque fois avec émotion et respect que j’ai franchi son sommet, mais aussi avec grande fatigue!

Puerto: une parodie de justice

L’Affaire Puerto a été un des plus grands scandales de dopage de l’histoire du sport, et a touché de près le cyclisme.

Ivan Basso, Tyler Hamilton, Alejandro Valverde, Jan Ullrich, Roberto Heras, Jorg Jaksche, Francisco Mancebo, Franck Schleck, pour ne nommer que ceux-là, étaient tous dans le collimateur de cette affaire. Certains, comme Basso ou Valverde, ont été suspendus 2 ans, d’autres ont mis fin à leur carrière sur ce scandale (Ullrich, Jaksche), enfin d’autres ont été blanchis, mais tous ont vu leur nom terni par le mot « dopage ».

La justice espagnole a rendu hier son verdict: un an de prison pour Eufemiano Fuentes, quatre mois pour José Ignacio Labarta un préparateur physique, et le reste des accusés, y compris Manolo Sainz, sont acquittés.

Fuentes est condamné pour avoir porté atteinte à la santé des coureurs, le dopage n’étant pas criminel en Espagne au moment des faits.

Il faut cependant préciser qu’en Espagne, les peines de prison de moins de deux ans ne font pas l’objet d’une détention. Fuentes n’ira donc jamais en prison.

De plus, la juge a décrété que les poches de sang saisies devront être détruites, point final.

Il s’agit bien évidemment d’une parodie de justice qui confirme sans l’ombre d’un doute la position plus que douteuse de l’Espagne dans la lutte contre le dopage actuellement.

D’une part, Fuentes et ses collaborateurs méritaient une sanction plus sévère qu’un an de prison et quatre ans d’interdiction de pratiquer la médecine. Une telle sanction permettra à Fuentes de reprendre son travail auprès de sportifs en… 2017 ou 2018 au plus tard. Scandaleux considérant l’ampleur de l’Affaire.

C’est également une parodie de justice car la juge n’a donné aucun nom des sportifs à qui appartiennent les poches de sang saisies. En clair, cela signifie que le cyclisme aura morflé plus que les autres sports, qu’on vise évidemment à protéger d’un scandale. Il était pourtant évident que les poches de sang saisies n’appartenaient pas toutes à des cyclistes. Des noms? Des sports? Oubliez ça!

À mots voilés, le Comité Olympique International (CIO) a lui aussi exprimé des regrets dans la conduite de ce procès, ré-affirmant que la lutte contre le dopage « nécessite la coopération et l’implication d’un large éventail d’acteurs, y compris les autorités publiques »L’Espagne étant candidate à l’organisation des JO de 2020, espérons que le message sera reçu clairement.

L’Agence Mondiale Antidopage s’est également dit très déçue du fait que la juge ait ordonné la destruction des échantillons sanguins, estimant qu’elle privait ainsi la communauté antidopage de moyens pour poursuivre les tricheurs.

Seul point positif dans cette parodie, l’Agence antidopage espagnole veut porter en appel la décision de la juge (qu’on s’explique par ailleurs mal autrement qu’une volonté de protéger certains sportifs…) de détruire les poches de sang. Même si les faits remontent à plusieurs années, leur analyse et comparaison avec l’ADN de certains sportifs pourraient nous permettre de mieux mesurer l’ampleur du dopage dans les sports, et pas seulement dans le cyclisme.

Quoi qu’il en soit, il est extrêmement décevant de constater que ceux qui sont supposés être les garants d’une société juste et équitable rendent parfois des décisions qui apparaissent poursuivre d’autres buts que la vérité.

Voilà un procès qui n’aura rien fait pour redorer l’image de l’Espagne qui, plus que jamais, apparait comme un pays où on se traine les pieds à lutter contre le dopage.

Vive Gérone!

Pas facile d’être pro en Europe!

Il est extrêmement positif et excitant de voir le cyclisme canadien et québécois se développer depuis quelques années. En 2013, pas moins de 8 coureurs canadiens font partie des grandes formations cyclistes professionnelles, soit Ryder Hesjedal (Garmin), Svein Tuft et Christian Meier (GreenEdge), Dominique Rollin (FDJ), David Veilleux (Europcar), Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), Guillaume Boivin (Cannondale) et François Parisien (Argos-Shimano). On peut rajouter à cette liste les David Boily (Amore&Vita) et Will Routley (Accent.jobs – Wanty), deux équipes également européennes.

Il est également très intéressant de voir que plusieurs d’entre eux font face à une période d’adaptation plus ou moins difficile, témoignant du niveau des courses en Europe. Ces derniers jours, David Veilleux a fait part de la difficulté du Tour de Romandie, la première course par étape de cette longueur pour lui. S’il a pu terminer l’épreuve, il était loin de jouer les premiers rôles. Pourtant, sur les courses au Québec, nul doute que David fait désormais partie des quelques coureurs vraiment au dessus du lot. Voilà qui pourra en faire réfléchir plus d’un sur le niveau des coureurs pro en Europe, un niveau qui me fascine tant il est beaucoup, beaucoup plus élevé qu’ici en Amérique du Nord. Être fort après 200 bornes n’est pas la même chose qu’être fort après 130 bornes!

Hugo Houle a lui aussi émis quelques commentaires récents nous faisant mieux comprendre la difficulté des courses européennes. Il a notamment souligné que contrairement à ici ou seule une poignée de coureurs se battront pour la gagne, en Europe 150 des 200 coureurs au départ d’une course peuvent prétendre la remporter, une sacré différence. La compétition est donc plus forte, plus féroce.

Il n’y a aucun doute que le programme de courses « élite » (ou sénior 1-2) au Québec et au Canada permet de développer convenablement des coureurs jusqu’à un certain niveau. Il n’y a aucun doute également qu’il doit également être accessible aux coureurs qui commencent leur développement à ce niveau. Mais à la lumière des commentaires de nos coureurs pro désormais en Europe, on peut cependant se demander s’il y aurait moyen de mieux préparer nos jeunes coureurs à faire le saut en Europe. Augmenter la distance de plusieurs courses élite serait-il un moyen efficace? La course « élite » du récent GP de Calabogie comportait 112 bornes. Y aurait-il un intérêt à porter cette distance au-delà des 150 kms afin de mieux préparer nos coureurs aux compétitions internationales?

Existe-t-il d’autres façons de mieux préparer nos coureurs à l’Europe et ainsi à faciliter leur adaptation au rythme et à la difficulté des courses là-bas? Une façon évidente est d’augmenter leurs occasions de courir en Europe, notamment en augmentant les moyens financiers, mais ne pourrait-on pas aussi réfléchir à réduire l’écart entre le niveau des courses européennes et d’ici? Comment faire?

Ces questions méritent d’être posées!

Le Tour de l’actualité

1 – Mécano Vélo. Vous êtes nombreux à vous être manifestés pour obtenir l’application. Ne disposant que de quelques codes promotionnels, je n’ai pu satisfaire tout le monde, mais Patrick, le concepteur, m’annonce qu’aujourd’hui 29 avril, l’application est téléchargeable gratuitement. Avis aux intéressés!

2 – Tour de Romandie. Sans grande surprise, Chris Froome a confirmé son excellent début de saison en remportant l’épreuve suisse, 54 secondes devant Simon Spilak (une bonne nouvelle pour Joaquim Rodriguez!) et Rui Costa. Le dernier chrono sur Genève a été remporté par Tony Martin, à plus de… 53 km/h de moyenne.

Parmi les enseignements de la semaine, tout d’abord l’excellente 5e place du jeune Wilco Kelderman, 22 ans à peine. Tout simplement impressionnant, et une confirmation que ce garçon a décidemment une très grande classe. Il remporte d’ailleurs le classement du meilleur jeune de l’épreuve, devant Thibault Pinot.

Autre résultat intéressant, la 4e place de Tom Danielson, un coureur qui sera probablement un allié de taille pour Ryder Hesjedal dans la défense de son maillot rose sur le Giro qui débute samedi prochain. Hesjedal a d’ailleurs abandonné le Tour de Romandie après la 3e étape, privilégiant le repos avant d’entreprendre le Tour d’Italie. Il avait usé de la même stratégie l’an dernier, avec le succès qu’on sait.

À retenir aussi de ce Tour de Romandie, la belle prestation de Thibault Pinot, surtout dans l’étape de montagne de samedi. Il donne des garanties à Marc Madiot en vue du Tour de France plus tard cette saison. Pierre Rolland a quant à été très actif, mais termine « seulement » 19e du général. Romain Sicard, 31e, a quant à lui de quoi se réjouir, ca revient doucement!

Enfin, le Québécois David Veilleux a lui-aussi terminé l’épreuve après avoir souvent travaillé pour Rolland. L’étape de samedi a été éprouvante, avec la pluie et le froid.

3 – Tour de Turquie. Victoire finale de Mustafa Sayar, un coureur turque. Le Français Yoann Bagot termine 3e et Marcel Kittel a remporté pas moins de 3 étapes au sprint, dont la dernière à Istanbul. Il y avait beaucoup de beau monde en Turquie mais plusieurs y sont probablement allés que pour accumuler des kilomètres en vue d’objectifs prochains.

4 – Europcar, Cofidis et Sojasun ont obtenu les trois wild cards pour le Tour de France. Logique, attendu, rien à redire.

5 – Pat McQuaid. Un candidat au poste de président de l’UCI doit être soutenu par au moins une fédération. Habituellement, c’est la fédération de la citoyenneté du candidat qui soutient, bien évidemment. La fédération irlandaise pourrait retirer son soutien à Pat McQuaid dans les prochains jours. Un dossier très intéressant qui pourrait venir tout changer. Attendons les résultats de cette assemblée générale extraordinaire à venir.

6 – Nouveau Shimano Ultegra 11 vitesses 2014, entièrement revu. Les lignes ultra-modernes du dérailleur arrière sont très réussies.

7 – Gianni Marcarini, une institution pour ceux qui fréquente la scène des cyclosportives en Europe7

USADA-UCI: c’est la guerre!

Décidément, j’aime beaucoup Travis Tygart, le président de l’USADA, un homme de principe, droit, et qui ne pratique pas la langue de bois.

Au point mort depuis que l’UCI est intervenue, l’enquête sur les agissements de l’UCI envers Lance Armstrong et son équipe US Postal durant une bonne partie des années 2000 pourrait bien rebondir dans les prochains mois puisque Tygart a laissé entendre que son organisme menait sa propre enquête. Plus encore, il a laissé entendre que Lance Armstrong lui même lui avait donné des éléments permettant d’incriminer l’UCI, et que ces éléments sortiraient dans les prochains mois.

Ces jours derniers, Tygart était entendu par un comité sénatorial français s’intéressant à la lutte contre le dopage. Il a rappelé quelques faits qu’il convient de ne jamais oublier:

1 – le bilan de la lutte contre le dopage ces 20 dernières années dans le cyclisme est un échec. Seulement 20% des cas de dopage surviennent après un contrôle positif, un taux beaucoup trop faible. La vaste majorité des cas de dopage sont révélés à la suite d’enquêtes journalistiques ou policières, voire d’aveux.

2 – les tests hors-compétition sont encore trop peu nombreux. C’est vraiment là qu’il faut cibler les coureurs. Vous pouvez me dire où est Bradley Wiggins en ce moment et pourquoi il a choisi de préparer son Giro « tranquille » plutôt que sur les routes du Tour de Romandie?

3 – l’UCI mise clairement sur le temps qui passe pour faire « oublier » les récents scandales et s’en sortir. Elle se traine les pieds dans le dossier de la commission « Vérité et Réconciliation », et Pat McQuaid est davantage intéressé par la poursuite de ses intérêts personnels – se faire ré-élire en septembre prochain à la tête de l’UCI – plutôt que dans les réels intérêts du sport cycliste (sa ré-élection pourrait d’ailleurs être compromise). Rappelons que l’UCI est soupçonnée d’avoir protégé Lance Armstrong de contrôles positifs ou, du moins, d’avoir fermé les yeux sur une situation qui méritait enquête et d’avoir accepté de l’argent d’Armstrong sans émettre de reçu.

Évidemment, l’UCI a riposté sans attendre plus tôt aujourd’hui. Sa réaction sent la panique à plein nez.

Bref, il faut placer notre confiance du côté de Tygart et de l’USADA pour faire actuellement avancer les choses. Tygart sait pertinemment que le temps est compté: s’il veut éviter le pire, son rapport sur l’UCI doit sortir au plus tard en août prochain, avant les élections pour la présidence de l’UCI.

Et la clef dans tout ca, ce sont des aveux complets de Lance Armstrong. Tygart saura-t-il convaincre le Texan de lui parler ouvertement?

Si oui, l’UCI peut se faire du souci.

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