Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 125 of 352

La Flamme Rouge en panne!

La faute à une tasse de tisane bien chaude renversée par mon petit garçon dans le clavier de mon MacBookPro, La Flamme Rouge sera fortement perturbée dans les prochains jours, le temps de me ré-organiser en tentant d’éviter la faillite personnelle!

À très bientôt le plaisir de vous retrouver suite au retour au service normal.

Les 100 à B7

Samedi prochain 12 octobre, je vous rappelle qu’un des tous derniers événements de cyclisme « sur route » aura lieu dans la région de Lac Brome, en Estrie, avec la nouvelle cyclosportive « Les 100 à B7« .

On peut s’inscrire ici.

Au départ du Centre national de cyclisme de Bromont, la cyclosportive, tracée par Lyne Bessette, reprend en grande partie ses routes d’entrainement.

Petit scoop: je vous rappelle qu’outre la route, Lyne est également spécialiste du cyclo-cross…

… donc la majeure partie de la cyclo (95% du parcours!) d’une distance de 100 kilomètres (un parcours alternatif de 48 bornes est également proposé) aura lieu sur des chemins de terre. Vélo de cyclo-cross recommandé ou, du moins, des pneus de 25 ou 28mm!

Autre scoop: Lyne m’a confié lors de la cyclo Mont Tremblant que le parcours en surprendra plus d’un… Attachez votre casque avec de la broche Sapim ligaturée!

On y annonce du beau monde, entre autres Ted King, Guillaume Boivin, Simon Lambert Lemay, Pierre-Olivier Boily, Tim Johnson, Martin Gilbert de même que François Parisien. C’est donc une occasion unique de cotoyer (brièvement si ca roule vite!) ces coureurs – dont certains ont évolué au sein du World Tour en 2013 – sur une épreuve à l’ambiance résolument décontractée.

Si j’y serai? Malheureusement non. Ma constitution est trop frêle pour ce genre de parcours… On a jamais vu Marco Pantani sur Paris-Roubaix, on ne me voit donc pas plus sur de telles routes! Chicken? Oui Monsieur! Que voulez-vous, je suis un être délicat.

Blague à part, Lyne, bon succès avec cette première édition!

Diner-bénéfice du Centre national de cyclisme

J’en profite pour souligner au passage la tenue d’un souper bénéfice le 21 octobre prochain en soirée au profit du Centre national de Bromont. Il reste encore des billets, au montant de 65$ par personne. Pas simple de se libérer un lundi soir, surtout lorsqu’on habite loin de Bromont, mais pour ceux étant à moins de 2h de route de l’endroit, c’est une activité intéressante permettant de soutenir le développement du cyclisme – notamment sur piste – au Québec. La soirée se déroulera sous la présidence d’honneur de François Parisien, tout juste rentré des Mondiaux et du Tour de Lombardie.

The Armstrong Lie

C’est la grande nouvelle des derniers jours: le film « The Armstrong Lie » sera en salle aux États-Unis le 8 novembre prochain et la bande annonce est sortie récemment.

Big deal!

Ca me fait bien rigoler: la plupart des gens qui aujourd’hui s’offusquent du mensonge Armstrong sont ceux qui, il y a seulement quelques mois, étaient encore du côté du Texan, accusant les libre-penseurs bien informés – dont j’étais – des pires intentions parce que nous osions émettre des doutes quant à la probité de Lance Armstrong. Quand ca venait de France, les Français étaient jaloux, forcément, voire mauvais-perdants. Quand ca venait de ce côté-ci de l’Atlantique, on nous répondait que nous n’avions rien compris puisque Lance Armstrong travaillait en fait plus fort que quiconque à l’entrainement, d’où son remarquable succès. « Just do it » ; « No pain no gain »… Pour peu, on accusait même certains américains de se livrer à une  « chasse à la sorcière », évoquant du coup certaines histoires moins glorieuses du passé!

Tout cela me fait bien rire aujourd’hui. Je me dis qu’au moins moi (et quelques autres), j’ai ma conscience tranquille, ayant émis des doutes sur Armstrong dès le début de La Flamme Rouge en 2003. Par exemple, mes réserves, exprimées en 2009, quant à l’événement « Tour de Lance des cèdres » dans les Laurentides ne m’a certainement pas valu beaucoup d’amis parmi le cercle des admirateurs du Texan au Québec, mais je constate aujourd’hui que le temps m’a donné raison.

Anyway, l’histoire du film « The Armstrong Lie » est archi-connue pour ceux ayant lu les ouvrages bien documentés de Walsh et Ballester. En ce sens, le film en soi présente très peu d’intérêt à mon avis. Et c’est Armstrong qui doit être content, devant forcément saliver à l’idée de pouvoir enfin se refaire un peu financièrement puisqu’il est presque certain qu’il possède des contrats liés à l’exploitation de son histoire et de son image avec le producteur du film, Sony Pictures. Vous irez voir le film? Vous renflouez en partie les finances d’Armstrong… Je vous invite donc à user de discernement, et à considérer l’alternative de l’achat de certains ouvrages des dernières années qui feront encore mieux l’affaire si vous voulez vous instruire sur le parcours de Lance Armstrong.

Pour moi, le seul intérêt de ce film est la déclaration suivante du principal intéressé, Lance Armstrong, qu’on entend à la fin de la bande annonce: « Let’s get to the real nature and the real details of the story. We haven’t heard it yet… is the truth« .

Et ce n’est pas dans ce film qu’il déballera tous les dessous du « système Armstrong », mais bien dans une éventuelle commission mise en place par l’AMA et l’UCI on espère prochainement, maintenant que Brian Cookson est au commande de la fédé internationale de cyclisme.

C’est à ce moment seulement que ca deviendra vraiment intéressant.

Et Hein Verbruggen ainsi que Pat McQuaid auront de quoi nourrir certaines inquiétudes…

Entrevue avec Yves Lefebvre, « ironrider » sur les Haute Route 2013

Je connaissais comme adversaire de course Yves Lefebvre depuis une dizaine d’années, à souffrir dans sa roue lors des Grand Prix de Charlevoix alors qu’il courrait encore pour les Dynamics de Contrecoeur. Il est devenu un ami l’an dernier lorsque nous nous sommes retrouvés sur la Haute Route Alpes ensemble, qu’il faisait avec sa conjointe, la championne canadienne sur route en 2012 Pascale Legrand.

Cette année, Pascale et Yves sont devenus des « IronRiders » de la Haute Route, enchainant la Haute Route Alpes puis la Haute Route Pyrénées une semaine plus tard, excusez un peu. Ensemble, ils ont donc affrontés 14 étapes de haute montagne, près de 1500 kms de course et plus de 30 000 mètres de dénivelé!

Yves a très récemment accepté de m’accorder une petite entrevue pour le bénéfice de La Flamme Rouge, entrevue que je publie aujourd’hui. Il y a quelques semaines, Pascale avait quant à elle accordé cette courte entrevue au site Vélo 101.

La Flamme Rouge: Yves, première question, le parcours de la Haute Route Alpes 2013 était-il plus difficile que celui de l’édition 2012 que nous avons fait ensemble?

Yves Lefebvre: Pas plus difficile, mais les difficultés étaient réparties différemment. En 2012, nous avons dû affronter certaines grandes étapes marathon, notamment le 3e jour entre Courchevel et l’Alpe d’Huez, par delà Madeleine, Glandon et montée finale vers l’Alpe. C’était des étapes très difficiles, longues et comportant beaucoup de dénivelé. En 2013, pas de grandes étapes marathon de la sorte, mais des étapes tous les jours assez difficiles. Les étapes étaient donc dans l’ensemble plus homogènes en 2013 comparé à 2012.

LFR: Vous avez eu de la bonne météo…

YL: Oui, tout à fait. Super température sur la Haute Route Alpes, mais un peu plus froid le matin cependant. Le départ de Val d’Isère cette année, à 1800m d’altitude et à 7h du matin, c’était pas chaud! (2-3 degrés).

LFR: Et le plateau était-il aussi relevé que l’an dernier?

YL: Je dirais que oui. Pouly, en tout cas, a moins dominé même s’il reste sur une autre planète, et a laissé des victoires d’étape à ses coéquipiers. Sinon, pour le reste, c’était pas mal similaire à l’an dernier: sitôt l’étape lancée, c’était tout le monde pour soi et à fond les manettes jusqu’à l’arrivée. Les places au général étaient chèrement défendues!

LFR: Et ta condition personnelle?

YL: Je pense que j’étais à peu près au même niveau que l’an dernier, mais je me suis présenté au départ beaucoup, beaucoup plus frais qu’en 2012. L’an dernier, Pascale et moi sommes débarqués en Europe le jeudi avant le départ de la Haute Route, prévu le dimanche. Cette année, nous y étions un mois avant! Ca a joué énormément, surtout que nous avons passé ce dernier mois à Mégève, dans un chalet situé à 1300m d’altitude, ce qui ne nuit certainement pas à la formation de globules rouges dans le sang!!! Cette année, je me sentais vraiment bien dans les Alpes, plein de jus.

LFR: Et tu exploses tes temps!

YL: Oui, j’ai amélioré ma place au général par rapport à l’an dernier, même si ce n’était pas là mon principal objectif qui était plutôt une étape particulière, le chrono sur la Bonette où je voulais me tester. Je termine 24e je crois de cette étape en améliorant mon temps d’ascension de quelques 18 minutes par rapport à l’an dernier! Ce fut une journée de grâce pour moi, je ne sentais pas les pédales et je me suis fait vraiment plaisir. Je me suis également fait plaisir dans l’Izoard cette année, j’avais l’expérience de 2012 dans ce col et savait donc parfaitement doser mon effort. Globalement, cette année, je montais un peu plus vite les cols et ce, dès le pied où je me mettais rapidement « dans ma zone » grâce à mon capteur de puissance Quarq.

LFR: L’expérience de 2012 t’a donc servi…

YL: Oui, c’est sûr à 100%, ca a fait une grosse différence, notamment au niveau de la confiance et la gestion des ascensions comme des descentes. Je savais ce que c’était que d’enchainer 3, 4 voire 5 grosses journées de travail sur le vélo, je savais que j’étais capable de passer au travers, donc j’étais plus serein qu’en 2012. Je savais également que je pouvais donner un peu plus qu’en 2012 sans risquer de m’effondrer.

LFR: Et tu vis les mêmes émotions avec Pascale à votre arrivée sur la Promenade des Anglais à Nice?

YL: Non! Ce n’était pas la même chose que l’an dernier. La magie de terminer pour la première fois une telle épreuve n’était plus là. On était content, c’était grandiose encore une fois au niveau de l’accomplissement personnel, mais je n’ai pas revécu les mêmes émotions que l’an dernier, alors que tu étais avec nous. Les pros disent souvent que leur première victoire chez les professionnels est la plus marquante: je peux les comprendre!

LFR: Comment as-tu géré la semaine de repos entre les deux Haute Route?

YL: Pascale et moi avons pris ca très très relax. On roulait de 1 à 2h par jour, guère plus, et vraiment en roulottant. On a fait des étirements, mais aucun entrainement intensif. Aucun intervalle. Juste une sortie de 4h en milieu de semaine, mais très mollo là encore.

LFR: Et sur la ligne de départ de la Haute Route Pyrénées une semaine plus tard, tu sentais que tu avais récupéré à 100% des Alpes?

YL: Oui, complètement. Aucun souci de ce côté. J’étais à 100%, avec beaucoup de jus encore une fois. J’ai l’impression que mon corps a su assimiler la charge de travail et surcompenser efficacement. J’étais prêt.

LFR: Plus difficile, la Haute Route Pyrénées?

YL: Non, la Haute Route Alpes est plus difficile. L’épreuve dans les Alpes est plus longue, avec plus de kilomètres à parcourir, et aussi plus de dénivelé. Nous avons été chanceux dans les Pyrénées également, avec une météo très bonne sauf sur les deux dernières étapes. Il a d’ailleurs plu lors de la dernière étape, mais par chance ce n’était pas trop froid.

LFR: As-tu connu une nouvelle journée de grâce dans les Pyrénées?

YL: Journée de grâce je ne sais pas, mais j’ai connu beaucoup de bonnes journées dans les Pyrénées. J’avais ciblé une fois de plus le chrono de Hautacam pour me défoncer. Je termine 14e de cette étape je crois. Que du bonheur…

LFR: Quelle différence t’a frappé le plus entre la Haute Route Alpes et Pyrénées?

YL: Les cols des Pyrénées sont définitivement plus pentus, mais moins longs. C’était donc globalement moins dur dans les Pyrénées, mais c’est casse-pattes par moment.

LFR: Tu avais quoi comme braquet minimal?

YL: Comme l’an dernier: 39-25. Je ne mouline pas beaucoup, je monte en force (ndlr: à la Thierry Claveyrolat!).

LFR: Un col où tu as plus souffert que les autres?

YL: C’est drôle que tu poses la question, mon col d’horreur est resté le même qu’en 2012, soit la montée vers la station d’Auron dans les Alpes. C’est pas très pentu, c’est pas très difficile mais pour une raison que j’ignore, j’y ai beaucoup souffert les deux fois!

LFR: J’ai eu beaucoup de mal avec le sommeil l’an dernier sur la Haute Route, comme si mon corps tout entier avait oublié comment s’endormir. Quelle est ton expérience maintenant que tu as trois Haute Route à ton actif?

YL: De mon côté Laurent, je dors comme un bébé! C’est très important de bien dormir pour bien récupérer, ca doit donc être assez difficile si tu ne dors pas bien. De ce côté-là, pour moi c’était « pas de problème ». Nous avions, Pascale et moi, choisis l’hébergement en hôtel cette année et ca a également fait une grosse différence sur notre récupération, bien meilleure je crois que l’an dernier.

LFR: L’organisation de la Haute Route était toujours à la hauteur en 2013, comme en 2012?

YL: Globalement oui. Les ravitos, les transports de bagages, les massages, tout cela était vraiment au point une fois de plus. J’ai cependant des réserves quant à deux points. D’une part, j’ai trouvé que la sécurité était moins assurée qu’en 2012, avec moins de motos, du moins en apparence, moins de sécurité en particulier dans les descentes de cols. Certains virages dangereux, notamment un virage dans la descente du Cormet de Roseland côté Bourg St-Maurice, n’étaient carrément pas signalés, et ca aurait pu avoir de graves conséquences puisque j’y ai été surpris comme beaucoup d’autres participants. D’autre part, les transferts en autobus le matin des étapes sur la Haute Route Pyrénées étaient vraiment désagréables. C’était toute une logistique et se lever aux aurores pour se taper 1h30 à 2h de bus avant de monter sur le vélo pour l’étape, c’est vraiment pas fameux. Je comprends mieux les pros aujourd’hui qui se plaignent régulièrement des transferts sur les grands tours!!! C’était vraiment usant, plus usant que les étapes elles-mêmes…

LFR: Au bout des deux semaines de course, comment termines-tu à la fois physiquement et mentalement?

YL: Physiquement, je dois t’avouer que ca allait très bien. Mentalement cependant, j’étais usé de tout: la préparation tous les jours, les levers très tôt, les transferts, les hôtels différents tous les jours, etc. Je n’ai jamais été tanné d’être sur le vélo, mais le contexte me devenait difficile mentalement.

LFR: Et pour Pascale?

YL: Trois semaines avant de s’élancer sur la Haute Route Alpes, Pascale a eu une tendinite. Pas le bon timing mettons! Elle n’était donc sûre de rien en abordant ces deux épreuves. Au final, ca s’est bien passé, elle fait même deux podiums sur la Haute Route Alpes et grimpe la Bonette en 1h40, un très bon temps. Dans les Pyrénées, les bobos revenaient doucement au fil des étapes, il était donc temps que ca finisse pour elle. Elle a cependant bien terminé et peut elle-aussi dire « objectif réussi »!

LFR: Un mois après la fin de la Haute Route Pyrénées, il te reste quoi comme impressions dans la tête?

YL: L’idée d’avoir accompli un surpassement personnel incroyable, un réel accomplissement. Je suis également fasciné de voir comment mon corps a réagi à tout ca. Je crois que le corps sait s’adapter à ce genre d’épreuves et devient plus fort encore.

LFR: As-tu sympathisé avec d’autres Canadiens et Québécois sur les Haute Route cette année?

YL: Pas beaucoup avec les autres Québécois, que j’ai à peine vu. Par contre, comment oublier Marg Fedyna, 48 ans, une Canadienne de l’Ouest du pays qui termine 3e du général dans les Alpes et qui gagne dans les Pyrénées!! Elle était incroyable, toute petite, 110 livres mouillée, elle riait tout le temps et elle montait les cols sur le grand plateau de son pédalier compact, style 50-25 ou 50-27, la chaine en travers! Vraiment, une fille très forte qui aime assurément la montagne. C’est également elle qui gagne l’IronRider chez les femmes qui a couronné le meilleur temps des deux Haute Route. (ndlr: une entrevue avec Marg est disponible ici, et son blog personnel est ici).

LFR: Aux cyclistes québécois qui voudraient se préparer pour participer à une ou deux Haute Route, tu leur dis quoi fort de ton expérience en 2012 et 2013, et fort de tes qualités d’entraineur?

YL: Qu’il faut commencer à se préparer tôt! En janvier, il faut déjà avoir bien commencé sa préparation selon moi, notamment avec des séances de home-trainer ici, en faisant des intervalles. La planification de l’entrainement est très importante, afin de ne pas faire d’erreur, notamment au niveau de la récupération. J’ai personnellement appris qu’il faut savoir accepter d’en faire parfois moins, pour taper plus fort à l’entrainement après. Il faut donc s’entrainer, mais pas trop non plus! Pas la peine de faire 2 Haute Route à l’entrainement avant d’aborder les vraies Haute Route en France… Je conseillerais également aux gens de prévoir se rendre tôt en France avant le départ des épreuves, ceci afin d’assimiler le décalage horaire au mieux, et pour fignoler l’entrainement. Ma semaine à Mégève, à 1300m d’altitude, à rouler parfois intensément, mais également moins que d’habitude, m’a permis d’aborder les Haute Route 2013 dans les meilleures conditions, plus frais qu’en 2012. Au final, je crois que ca a fait une grosse différence sur mes performances.

LFR: Dernière question Yves, il se fait tard! Côté alimentation, tu avais modifié quelque chose?

YL: Rien ! Je ne suis pas suivi par un nutritionniste ou un médecin. Mon alimentation est donc demeurée la même que d’habitude, rien de plus. Comme je mange peu de viande rouge, j’ai pris l’habitude, depuis des années, de prendre une vitamine Centrum par jour, et une capsule de fer tous les 3-4 jours, mais c’est vraiment tout. Donc rien de spécial!

LFR: Merci Yves d’avoir pris le temps pour cette entrevue, et au plaisir de me taper le Stelvio à tes côtés l’an prochain lors de la Haute Route Dolomites!

YL: Crois-moi, tout le plaisir sera alors pour moi!

Photo: les « IronRider » des Haute Route 2013, avec Greg LeMond (à droite).

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Revivez la Haute Route 2012 avec La Flamme Rouge:

Les Canadiens sur la Haute Route.

Comment suivre la Haute Route?

Ambiance village-départ sur la Haute Route.

Difficile première étape.

2e étape de la Haute Route: une bonne journée!

3e étape de la Haute Route: difficile, mais une autre bonne journée.

Haute Route: chrono de l’Alpe d’Huez.

5e étape de la Haute Route: une journée difficile.

6e étape de la Haute Route: très bonne journée pour moi!

La Haute Route endeuillée.

Haute Route: 7e étape et épilogue.

Les chiffres de la Haute Route 2012, avec Frédéric Portoleau.

Entrevue avec Peter Pouly, vainqueur des Haute Route 2011, 2012 et 2013 (Alpes).

Entrevue avec Christian Haettich, athlète handisport et IronRider 2013.

Le Tour de l’actualité

1 – Giro di Lombardia, ou la (petite) revanche de Joaquim Rodriguez qui l’emporte comme l’an dernier, sous la pluie. Du coup, il remporte également le classement général World Tour de la saison, comme l’an dernier, un titre pour lequel, j’en suis sûr, il n’accorde que peu d’importance en comparaison au titre (et au maillot!) de champion du monde qui lui a échappé il y a 10 jours à Florence…

Alejandro Valverde termine 2e en solo et quelque chose me dit qu’il n’a pas trop cherché à revenir sur Purito dans les derniers kilomètres, comme pour s’excuser de sa bévue des Mondiaux où il n’a pas accompagné le contre de Rui Costa à 2 kms de la ligne. Une façon pour Valverde de dire à Purito « d’accord, tu avais un bon point » mais aussi « je reste aussi bon que toi, alors ne prend rien pour acquis »…

À noter sur cette « course aux feuilles mortes » la bonne tenue de Thomas Voeckler, échappé solo dans le final, mais aussi les belles 11e et 12e places d’Ivan Basso et de Thibault Pinot.

2 – Giro 2014. La présentation du parcours a eu lieu hier et c’est un nouveau Giro assez spectaculaire – mais plus humain – qui a été dévoilé. Un Giro qui demeure, comme en 2013, pour grimpeurs, question d’honorer la mémoire de Marco Pantani, dont le 10e anniversaire de sa mort aura lieu en février prochain.

Du coup, les organisateurs du Giro revisitent certains théâtres des exploits du Pirate comme Oropa ou Montecampione.

Le départ sera cependant donné de Dublin, en Irlande. En raison du long transfert vers l’Italie au jour 3, un jour de repos supplémentaire (donc trois, au lieu de deux) a été octroyé au Giro l’an prochain.

Ce qu’il faut retenir? Une dernière semaine terrible, avec des étapes certes pas trop longues, mais très difficiles: pas moins de 6 arrivées en altitude sur les 8 dernières étapes!

L’étape reine? La 16e, vers Val Martello, où les coureurs devront affronter une étape certes courte (139 kms) mais musclée avec le passage au Gavia, puis au Stelvio avant l’ascension finale vers Val Martello. Aie! On trouvera ici un intéressant reportage de l’ami Guillaume Prébois sur le Val Martello.

Et le Monte Zoncolan sera une nouvelle fois un épouvantail car situé la veille de l’arrivée de la course à Trieste. De quoi entretenir le suspense jusqu’au tout dernier moment…

Un excellent vidéo de présentation du parcours a été réalisé par les organisateurs qui, décidemment, misent sur le marketing et le packaging pour faire de leur épreuve le meilleur grand tour de la saison.

3 – Vidéo toujours. Je vous invite à découvrir ce vidéo du site La Bordure sur l’équipe de Colombie. 35 minutes de bonheur, afin de mieux comprendre le long et difficile apprentissage chez les pros… Et les Colombiens semblent inspirés par le parcours du Giro 2014!


COLOMBIA CONNECTION par Velovideo

4 – Dopage. Voici pourquoi il ne saurait être question, comme certains l’écrivent encore de temps à autre, de la légalisation du  dopage.

5 – Matos. Nouvelle gamme BH 2014. Outre le Ultralight qui est intéressant pour les grimpeurs dont je suis, on note un magnifique G6 pour les coureurs aimant envoyer du lourd…

6 – Matos toujours. Pour les grimpeurs, quelques cadres intéressants pour 2014 et qui donnent dans le light à l’extrême.

7 – Matos encore. Ringard, les cadres alu. Pas tant que ca.

Philippe Gilbert contre… un facteur!

Très sympathique vidéo opposant Philippe Gilbert à… un facteur! À ne pas manquer.


Versus Philippe Gilbert vs postman par Cyclismactu

Giro d’Italia: la passione del ciclismo

Y’a pas à dire, le Giro d’Italia a compris toute l’efficacité du marketing afin de mousser son épreuve et en faire le grand tour le plus suivi, le plus beau, le plus spectaculaire chaque année.

Ces courts vidéos de promotion ont de quoi nous faire vibrer. C’est très réussi et j’adore la passion communicative du cyclisme à l’italienne.

De quoi inspirer le Tour de France, voire les GP de Québec et Montréal?

Giro 2014: official promo

Giro 2014: Monte Zoncolan

Giro 2013: L’emozione per Vicenzo Nibali

Le point sur les transferts

La situation est difficile pour de nombreux coureurs cyclistes professionnels ces jours-ci, avec un marché où l’offre semble dépasser largement la demande.

En effet, le retrait des équipes majeures Euskaltel-Euskadi, Vacansoleil et Saur-Sojasun a inondé le marché de nombreux coureurs en quête d’une équipe pour la saison prochaine puisqu’il n’y a pas pour le moment de nouvelles équipes créées en WorldTour (tout au plus vient-on d’apprendre qu’Europcar a demandé une licence WorldTour pour l’an prochain). Qui plus est, le projet de reprise de l’équipe Euskaltel par Fernando Alonso semble piétiner et Bjarne Riis éprouverait des difficultés à trouver un co-sponsor à Saxo-Bank lui permettant de recruter davantage.

Ce marché difficile est illustré par l’exemple de Thomas de Gendt, ex-Vacansoleil et 3e du Giro 2011, qui voit ses espoirs d’être coureur pro en 2014 diminuer chaque jour maintenant.

Voici donc le point sur les plus importants transferts à ce jour, ainsi que sur la situation des coureurs canadiens.

Les transferts confirmés

Rui Costa – de Movistar à Lampre

Sébastien Turgot – d’Europcar à AG2R – La Mondiale

John Gadret – d’AG2R – La Mondiale à Movistar

Franco Pellizotti – d’Androni-Giocattoli à Astana

Liewe Westra – de Vacansoleil à Astana

Mark Renshaw – de Belkin à Omega Pharma-Quick Step

Peter Stetina – de Garmin à BMC

Peter Velits – de Omega Pharma-Quick Step à BMC

Mikel Nieve – d’Euskaltel à Sky

Ben King – de RadioShack à Garmin

Sylvain Chavanel – de Omega Pharma-Quick Step à IAM Cycling

Jérome Pineau – de Omega Pharma-Quick Step à IAM Cycling

Mathias Frank – de BMC à IAM Cycling

Maxime Monfort – de RadioShack à Lotto-Belisol

Tony Gallopin – de RadioShack à Lotto-Belisol

Vicente Reynes – de Lotto-Belisol à IAM Cycling

Jan Bakelants – de RadioShack à Omega Pharma-Quick Step

Rigoberto Uran – de Sky à Omega Pharma-Quick Step

Mathew Hayman – de Sky à Orica-Green Edge

Sebastian Langeveld – d’Orica-Green Edge à Garmin

Les rumeurs

Simone Ponzi – d’Astana à ?

Luis Leon Sanchez – de Belkin à Orica-Green Edge?

Juan Antonio Flecha – de Vacansoleil à ?

Oscar Gatto – de Vini Fantini à ?

Johnny Hoogerland – de Vacansoleil à ?

Samuel Sanchez – d’Euskaltel à ?

Romain Sicard – d’Euskaltel à ?

Ruben Perez – d’Euskaltel à ?

Igor Anton – d’Euskaltel à ?

Juan Jose Cobo – de Movistar à ?

Davide Malacarne – d’Europcar à Sky?

George Bennett – de RadioShack à Orica-Green Edge?

Andreas Kloden – de RadioShack à ?

Tiago Machado – de RadioShack à ?

Grega Bole – de Vacansoleil à ?

Romain Feillu – de Vacansoleil à ?

Bjorn Leukemans – de Vacansoleil à ?

Jose Rujano – de Vacansoleil à ?

Les Canadiens

David Veilleux – d’Europcar à la retraite

Dominique Rollin – à confirmer chez FdJ

Hugo Houle – reste chez AG2R – La Mondiale

François Parisien – de Argos-Shimano à ?

Will Routley – de Accent.Jobs à ?

Guillaume Boivin – à confirmer chez Cannondale

Zach Bell – de Champion System à ?

David Boily – de Amore&Vita à ?

Ryan Anderson – de Champion System à Optum-Kelly Benefit

Ryan Roth – de Champion System à ?

Svein Tuft – à confirmer chez Orica-Green Edge

Le Tour de l’actualité

1 – Mondiaux, suite. Rui Costa, le plus grand champion cycliste portugais à ce jour? Si son palmarès commence à imposer le respect, il est encore loin, selon moi, de Joaquim Agostinho, LE plus grand champion cycliste portugais à ce jour. Agostinho a notamment terminé deux fois 3e du Tour (en 1978 et 1979), a été 6 fois champion du Portugal sur route et dans les chronos, et a remporté 4 étapes du Tour de France (dont celle de l’Alpe d’Huez en 1979) avant de décéder des suites d’une chute sur le Tour de l’Algarve en 1984, au soir de sa carrière.

Agostinho a surtout laissé derrière lui un style rablé mais surtout un regard, celui de l’oeil noir du cycliste qui, sur le vélo, est un véritable tueur.

2 – Mondiaux encore. Joaquim Rodriguez a une nouvelle fois terminé 2e d’une grande course cycliste, faisant de lui le Poulidor de l’ère contemporaine. Voyez un peu: 2e du Giro 2011 (derrière Hesjedal), 2e de la Vuelta 2012 (derrière Contador), 2e de Liège-Bastogne-Liège 2009 et 2013 (derrière Andy Schleck puis Martin), 2e de la Flèche Wallonne 2010 et 2011 (derrière Evans puis Gilbert) et encore 2e de l’Amstel 2011 (derrière Gilbert). S’il avait remporté toutes ces courses, ce serait le meilleur coureur du monde!

3 – Saur-Sojasun, c’est terminé. Coup dur pour le cyclisme français, car voilà de nombreux coureurs pro qui se retrouvent face au vide en prévision de la saison 2014. Déjà que le marché est assez saturé avec les retraits de Euskaltel-Euskadi et Vacansoleil, ca va être dur pour tout le monde de se retrouver une équipe pour l’an prochain…

4 – Réponse d’Usain Bolt, à la question « et pourquoi pas le cyclisme? » : « J’ai regardé pas mal de fois le Tour de France. C’est trop de travail, le cyclisme.«  Enfin, mes amis vont me croire lorsque je leur affirme, depuis 30 ans, qu’il n’existe pas de sport plus difficile que le cyclisme…

5 – Jonathan Tiernan-Locke. Le coureur Sky ne serait pas blanc comme neige, son passeport biologique montrant quelques fluctuations suspectes que l’UCI a demandé d’éclaircir. Ce qui surprend le plus dans l’histoire, c’est la rapidité avec laquelle le management de l’équipe Sky est intervenu pour voler à son secours, Brailsford en tête. Doit-on lui rappeler que l’histoire du dopage ces 15 dernières années est truffée de Mr. Nice Guys qui se sont fait prendre, comme par exemple David Millard? Pas très sérieux, tout ca…

6 – Tour de France 2014. Comme d’habitude, l’excellent Thomas Vergouwen relate toutes les rumeurs nous permettant de nous faire une idée du parcours l’an prochain, ceci avant sa présentation officielle prévue pour le 23 octobre prochain. En 2014, départ d’Angleterre donc, pour ensuite un passage dans le Nord, puis la Lorraine, puis les Vosges, les Alpes et les Pyrénées. Dans les Vosges, la Planche des Belles filles serait revisitée, Chamrousse et Risoul seraient ville-étapes dans les Alpes, tout comme le Plat d’Adet dans les Pyrénées.

Et l’Étape du Tour pourrait avoir lieu le 13 juillet 2014 du côté des Pyrénées…

Mondiaux: Costa à l’économie

Quelle course!

Temps de selle aujourd’hui pour Rui Costa, le nouveau champion du monde: 7h25.

Plus de 7h de selle, c’est déjà très long, alors imaginez sous la grande flotte! C’était l’invitée-surprise de cette course sur route des Mondiaux, une pluie torrentielle toute la journée et qui a considérablement durci la course. Commentaires du Canadien  François Parisien, qui s’est bien battu et maintenu dans le premier groupe jusqu’à deux tours de la fin: « Pendant 240 kilomètres, c’était vraiment une pluie torrentielle. On roulait parfois dans un demi-pied d’eau. C’était assez extrême. Je n’avais jamais couru dans de telles conditions. Ç’a été une expérience vraiment unique. J’ai fait six championnats du monde dans ma carrière, mais celui-là je vais m’en rappeler longtemps. »

À ne pas manquer, cet intéressant et court vidéo nous permettant de mieux saisir la difficulté des éléments hier.

Bref, ce fut une sélection par l’arrière jusqu’au dernier tour où une poignée de survivants – une petite quarantaine – se sont expliqués.

Comme trop souvent sur les Mondiaux, les Italiens se sont découverts très tôt dans la course, contrôlant le peloton derrière une échappée de cinq hommes réduite à trois, puis à deux dans le final. Les Italiens ont bien joué dans ce final, lançant un moment Scarponi qui avait visiblement de bonnes jambes. Nibali a pour sa part joué de malchance, allant au tapis et devant par la suite se payer une belle poursuite pour rentrer sur l’avant de la course (merci à la voiture de l’équipe d’Italie…). Il y a laissé très certainement des énergies. Seule déception, Pippo Pozzato qui était présent dans le final, mais au neutre. Peut-être était-il la carte de réserve des Italiens en cas de regroupement à un kilomètre de la ligne?

Les Espagnols ont également bien joué, étant plus discrets que les Italiens mais présents au bon moment avec un temps Contador, puis Rodriguez et Valverde dans le dernier tour. Ces deux-là terminent 2e et 3e, de quoi nourrir des regrets… Valverde commet-il une faute en ne marquant pas Costa – son équipier chez Movistar… – lorsqu’il part à la poursuite de Rodriguez? Si je crois que Valverde aurait en effet dû marquer Costa à la culotte, je doute qu’il s’agisse d’une affaire d’équipe puisque Costa a annoncé, après le Tour de France, avoir signé chez Lampre l’an prochain.

Costa a pour sa part prouvé une fois de plus être un sacré renard dans le final de courses cyclistes, produisant son effort au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard. Ne bénéficiant que de deux équipiers portugais au départ, Costa a fait une course discrète pour sortir au bon moment, un peu comme au GP de Montréal en 2011. C’est bien joué et il fallait de sacrés bonnes pattes pour être présent dans les derniers hectomètres par une telle météo: son rapproché sur Rodriguez dans les 1500 derniers mètres ne fait aucun doute, il marchait du feu de Dieu!

Mon favori hier, Cancellara, n’a finalement pas pu s’exprimer dans les derniers kilomètres, étant trop juste face aux grimpeurs de poche comme Nibali, Valverde ou Rodriguez. Sagan s’est également éteint dans le final, incapable d’accompagner les meilleurs dans les dernières ascensions, tout comme Gilbert à qui il manquait un petit quelque chose. Outre les Italiens qui loupent le podium, les Belges ont dû être les plus déçus puisque Gilbert avait fait donner de son équipe pour ramener l’échappée devant dans le final, laissant un moment croire qu’il était vraiment très bien.

Les autres favoris? Beaucoup ont abandonné tôt, à l’exception peut-être de Contador qui a rendu les armes après avoir travaillé pour son équipe dans le final. Ceci étant, les Froome, Evans, Porte, Wiggins, Cavendish, Martin, Gesink, Horner et Van Garderen sont tous rentrés à l’hôtel avant les derniers tours du circuit.

Quoi qu’il en soit, Costa ajoute donc la plus belle ligne à son palmarès qui, mine de rien, devient l’un des plus beaux des coureurs actuellement en activité: outre son titre de champion du monde 2013, il a été 2e du Tour de l’Avenir 2008, a remporté les Quatre jours de Dunkerque 2009 ainsi que 3 étapes sur le Tour de France (2011, et 2 étapes cette année), le GP de Montréal 2011 et deux fois le Tour de Suisse (2012 et 2013). Seul un contrôle positif à la methylhexanamine en 2010 vient quelque peu ternir cette feuille de route impressionnante.

Les Canadiens

Meier et Parisien ont tous deux abandonné. Parisien a fait la plus belle course, se maintenant dans le premier peloton de chasse jusqu’au km 240, excusez un peu.

Les autres courses

Chez les juniors, c’est Mathieu Van der Poel qui a gagné. Ce coureur est le fils d’Adrie Van der Poel, coureur de Classiques des années 1980 (vainqueur du Tour des Flandres 1986, de Liège-Bastogne-Liège 1988, de l’Amstel 1990 et des Mondiaux de cyclo-cross en 1995), et de Corinne Poulidor, la fille de Raymond Poulidor. Mathieu a déjà été couronné deux fois champion du monde de cyclo-cross chez les juniors, suivant donc les traces de papa! Cinq coureurs canadiens étaient au départ, un seul a terminé, loin.

Chez les U23, victoire du slovène Matej Mohoric, un nom à retenir puisque ce coureur avait déjà été sacré champion du monde de la course sur route l’an dernier chez les juniors (et 2e du chrono)! Mohoric rejoindra l’an prochain Peter Sagan chez Cannondale, de quoi renforcer le punch de cette équipe. Le Canadien Antoine Duchesne termine 46e à plus de 2 minutes du vainqueur.

Chez les femmes, troisième titre du phénomène Marianne Vos, après ses victoires en 2006 et 2012 (elle a aussi terminé 5 fois 2e des Mondiaux sur route!). Rappelons que Vos fait aussi de la piste et du cyclo-cross avec succès, faisant d’elle l’actuelle « Eddy Merckx » du cyclisme féminin.

Avec Cookson, l’espoir

OUF!!!

Grand jour hier pour le cyclisme, un jour de lumière: l’Anglais Brian Cookson a été élu à la présidence de l’UCI, 24 votes contre 18 pour Pat McQuaid.

Voilà qui est la promesse, l’espoir de jours meilleurs à venir pour le cyclisme, après 15 ans de noirceur. Avec Cookson, on peut espérer:

1 – voir rapidement mis sur pied un cadre légal permettant à Lance Armstrong voire d’autres de tout déballer, sans retenue aucune. S’il est clair qu’il faudra faire des concessions (une remise de peine par exemple), le jeu en vaut la chandelle selon moi, car il permettra de mieux connaître comment le système de dopage d’Armstrong a pu se mettre en place, et quel en ont été les acteurs. Le nettoyage du sport passe par là.

2 – une clarification des rôles et responsabilités en matière de lutte contre le dopage, ceci afin de régler une fois pour toute le conflit d’intérêt qui perdure depuis des lustres à l’UCI. Cookson a déjà annoncé vouloir rendre indépendante la lutte contre le dopage, par exemple à la confiant entièrement à l’AMA.

3 – une révision de la constitution de l’UCI, ceci afin d’éviter un nouveau cafouillage honteux comme ce fut le cas lors de cette élection. Une révision du système d’élection à la présidence est même souhaitable.

4 – davantage de transparence dans la conduite des affaires de l’UCI.

L’immense avantage de Cookson est qu’évidemment, il ne traine aucune casserole derrière lui, et se pose donc en homme neuf, sans passé à l’UCI. Il aura donc les coudées franches dans les prochains mois.

Parmi les autres défis qui l’attendent, on note notamment:

1 – une décision à rendre sur l’usage des oreillettes en course, toujours permis.

2 – le renouvellement du partenariat avec les équipes cyclistes professionnelles et les organisateurs de course, notamment sur le partage des revenus du cyclisme. Le financement de la lutte contre le dopage est également probablement lié à cet enjeu.

3 – le maintien des « petites courses » en Europe, un nombre important ayant mis la clef sous la porte ces dernières années faute de pouvoir boucler leur budget.

4 – une révision de certaines règles aujourd’hui dépassées, notamment en ce qui a trait au poids des vélos des coureurs pro (actuellement d’un minimum de 6.8 kg). Il est devenu aisé de descendre à des poids inférieurs tout en garantissant la sécurité des coureurs.

5 – le développement du cyclisme professionnel féminin.

Élections à l’UCI : les actes et les scénarios d’un roman-feuilleton

C’est le jour de vérité à l’UCI et pour la gouvernance du cyclisme puisque c’est aujourd’hui qu’on procèdera à l’élection du nouveau président de l’UCI.

En théorie!

Car dans les faits, la situation pourrait sérieusement se compliquer autour de la question de la validité de la candidature du président sortant, Pat McQuaid. Voici quelques explications et scénarios entourant un vrai roman-feuilleton!

Acte 1. Selon les règles en vigueur, un candidat à la présidence de l’UCI doit être proposé et soutenu par sa fédération nationale. Dans le cas de Pat McQuaid, il s’agit de la fédération irlandaise de cyclisme (Cycling Ireland). Le comité directeur de Cycling Ireland lui octroie cet appui durant le printemps dernier.

Acte 2. De plus en plus de voix s’élèvent en Irlande pour dénoncer le soutien de Cycling Ireland à l’endroit de Pat McQuaid. N’étant plus certain de continuer à recevoir l’appui de sa fédération nationale, McQuaid a une idée lumineuse en mai pour protéger ses arrières (on n’est jamais trop prudent): solliciter l’appui de la Fédération suisse de cyclisme (Swiss Cycling), ses deux mandats à la présidence de l’UCI l’ayant obligé à s’établir en Suisse, donc à en devenir résident… Et tant pis pour la loyauté à ses origines nationales!

Acte 3. Toujours en mai, le comité directeur de la fédé suisse lui donne son appui. Pendant un moment, la candidature de McQuaid était donc soutenue par deux fédérations!

Acte 4. Sous la grogne populaire, Cycling Ireland n’a d’autres choix que de satisfaire à une demande de tenir une assemblée extraordinaire de ses membres, en juin, ceci afin de leur permettre de se prononcer sur le soutien de la fédération envers McQuaid. Sans surprise, une majorité de membres votent contre le soutien à McQuaid, obligeant la Fédé irlandaise de lui retirer son appui. Ironiquement, son président, Rory Wyley, tout juste bafoué par ses membres, déclare dans la foulée « As a national federation, who is president of the UCI doesn’t impact us hugely, directly. Life goes on.«  McQuaid s’en fout, il est soutenu par les Suisses…

Acte 5. À peu près au même moment, trois membres du comité directeur de la fédé suisse de cyclisme contestent eux-aussi le soutien de leur fédé à l’endroit de McQuaid, et menacent d’amener l’affaire devant les tribunaux. Manque de pot pour McQuaid donc, l’histoire de Cycling Ireland se répète avec les Suisses! Pat McQuaid redevient donc nerveux à l’idée d’être également lâché par la fédé suisse…

Acte 6. Le 29 juillet, dernier jour pour le dépôt des mises en candidature, coup de théâtre! On apprend que la fédération malaysienne propose un amendement à l’article 51 de la constitution de l’UCI touchant justement la procédure de mise en candidature au poste de président de l’UCI. L’amendement suggère qu’une candidature n’a plus besoin d’être soutenue par sa fédération nationale si au moins deux autres fédérations la soutienne. Comme par hasard, on apprend que la fédération marocaine propose, avec la fédé malaysienne, de soutenir la candidature de… Pat McQuaid! Ceux qui connaissent un peu l’histoire publique d’Hein Verbruggen et qui ont lu le livre « Fin de cycle. Autopsie d’un système corrompu. » auront immédiatement vu dans ce coup de théâtre la signature du vrai dirigeant du cyclisme mondial depuis 15 ans, Hein Verbruggen, qui évidemment a à coeur la ré-élection de son poulain McQuaid, question de ne pas se retrouver avec des procès sur le dos dans le cas ou un nouvel élu sans casseroles du passé avait l’idée de faire le ménage et de permettre à Lance Armstrong de parler dans de bonnes conditions… Et évidemment, Pat McQuaid jure ne rien à voir dans l’initiative de la fédé malaysienne…

Et dans la foulée, la date de fin des mises en candidature est repoussée au 30 août.

Acte 7. En août, la fédé suisse annonce qu’elle retire son soutien à l’endroit de Pat McQuaid. La contestation des trois membres du comité directeur n’est donc pas allé jusque devant les tribunaux puisque la fédé s’est rétracté avant. Bafoué publiquement, le président de la fédé suisse, Richard Chassot, démissionne de son poste (ce que n’a pas fait le président de Ireland Cycling, tout le monde n’a pas la même conscience…). McQuaid est de retour à la case départ, puisqu’aucune de ses fédérations « nationales » (!!!) ne soutient sa candidature au poste de président de l’UCI. Mais la Malaysie est là, fort heureusement…

Acte 8. Nouveau coup de théâtre, on apprend que l’UCI aurait finalement peut-être quelque chose à voir dans l’amendement proposé par la fédé malaysienne qui manquait probablement d’inspiration en juillet (que voulez-vous, c’est le temps des vacances…) pour rédiger le texte… Du personnel de l’UCI aurait rédigé, revu voire suggéré des modifications avant que l’amendement soit officiellement proposé par la fédé malaysienne. C’est louche!

Nous en sommes donc là. Aujourd’hui, le congrès de l’UCI devra d’abord se prononcer sur l’adoption de l’amendement proposé par la fédé malaysienne. Voici les scénarios possibles:

Scénario 1. L’amendement proposée par la fédé de la Malaysie est adopté (cela nécessite les deux-tiers du congrès de l’UCI, donc pas forcément acquis…), donc la candidature de Pat McQuaid est automatiquement légitimée, étant soutenu par deux fédérations (Malaysie et Maroc). L’élection pour la présidence s’en suit. Pour les pronostics de cette élection, voir ci-bas.

Scénario 2. L’amendement proposée par la fédé de la Malaysie est adopté, donc la candidature de Pat McQuaid est automatiquement légitimée, étant soutenu par deux fédérations (Malaysie et Maroc). Immédiatement, et suivant leur promesse, Igor Makarov, président de la fédé russe, et Jaimie Fuller, PDG de Skins et initiateur du mouvement « ChangeCyclingNow« , contestent devant les tribunaux la légitimité de cet amendement et de sa procédure de dépôt. L’élection à la présidence est reportée plus tard cet automne voire cet hiver, soit jusqu’à ce qu’un jugement soit rendu.

Scénario 3. L’amendement proposé ne passe pas, invalidant la candidature de McQuaid puisqu’il n’est pas soutenu par sa fédération nationale. L’élection à la présidence a lieu, Brian Cookson n’a plus de candidat contre lui et est donc élu à la présidence de l’UCI sur une simple formalité.

Évidemment, le scénario 3 est pour moi le meilleur pour l’avenir du cyclisme, écartant McQuaid (et donc Verbruggen) de la gouvernance immédiate du sport. Cookson a annoncé ses intentions de mettre sur pied une commission du style « Vérité et Réconciliation » qui permettrait à Lance Armstrong de venir tout déballer en échange d’une remise de peine (ce que McQuaid n’a évidemment jamais évoqué!). Cela permettrait au cyclisme de mieux comprendre qui étaient les acteurs du plus vaste système de dopage du sport à ce jour, personnel de l’UCI compris. Un éventuel ménage pourrait s’en suivre, ainsi que des changements dans la gouvernance du sport, à commencer par le problème de conflit d’intérêt permanent auquel fait face l’UCI, entre lutte contre le dopage (négatif pour l’image du sport) et développement du sport (où une image positive est un grand atout).

L’élection à la présidence: les technicalités

42 électeurs répartis ainsi: 14 d’Europe (dont la France), 7 d’Afrique, 3 d’Océanie, 9 d’Asie et d’Amériques. Le Canada n’est pas représenté parmi ces 42 électeurs, malgré le fait que Cyclisme Canada soit l’une des 179 fédérations-membres de l’UCI.

Malgré le fait que certaines fédérations comme Cyclisme Canada ou la Fédération européenne de cyclisme aient annoncé leur soutien à Brian Cookson, chaque électeur est libre de voter comme il veut. Il n’est donc pas impossible que parmi les 14 membres-votants de l’Europe, certains accordent leur soutien à Pat McQuaid en dépit de la directive de la fédération européenne.

Les soutiens probables à Pat McQuaid sont ceux de celui qui tire depuis toujours les ficelles derrière lui, Hein Verbruggen, soit les pays émergents, pour l’essentiel l’Afrique et l’Asie. 16 votes seraient ainsi « automatiquement » acquis pour McQuaid, si les membres-voteurs sont fidèles aux directives. Considérant que certains membres-voteurs des Amériques voire de certains pays européens voteront probablement également pour McQuaid, ses appuis ne seraient pas négligeables…

Les soutiens probables à Cookson: l’Europe, et l’Amérique du Nord, représentée par les États-Unis et le Mexique (quoi que dans le cas du Mexique, un soutien envers McQuaid est également tout à fait possible). L’Océanie devrait également en toute logique se ranger du côté de Cookson.

À ne pas manquer, cet article publié par Jonathan Vaughters, manager de l’équipe Garmin et ex-dopé, qui explique pourquoi il voterait pour Brian Cookson et non Pat McQuaid. Très intéressant!

Quoi qu’il en soit, si vote il y a, ca pourrait être serré et conduire à des surprises de taille. Rien n’est joué selon moi!

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