Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 187 of 352

Paris-Tours, une classique pas comme les autres

On dispute ce dimanche 10 octobre la 104e édition de Paris-Tours, une classique dont la première édition a eu lieu en… 1896. 

Au menu des coureurs, 233 kms entre La Loupe, en banlieue de Chartres, et Tours. Le parcours est assez plat mais ponctué de deux bosses dans les 12 derniers kms, la côte de Beau Soleil et la côte de l’Épan, rampes idéales pour les coureurs qui veulent éviter le sprint massif sur la célèbre avenue de Grammont.

Et sprint massif, on a souvent évité ! En ce sens, Paris-Tours n’est pas une classique tout à fait comme les autres: elle semble chaque année promise aux sprinters, mais très souvent ces derniers se font moucher dans le final. Philippe Gilbert, vainqueur des deux dernières éditions, en est d’ailleurs la preuve. D’autres ont su déjouer les sprinters ces dernières années: Virenque, Guesdon, Piil, entre autres.

Dimanche, les deux épouvantails sont encore Philippe Gilbert auquel il faut ajouter Fillipo Pozzatto. Tous deux sont en grande condition. Gilbert voudra éviter le sprint possiblement en attaquant dans les bosses du final, Pozzatto voudra le suivre se sachant plus rapide.

L’équipe Liquigas semble aussi débarquer en force: Oss, Sagan et Bennati sont là. Oss et Sagan pourraient essayer de se glisser dans des coups et Bennati sera là en cas de sprint massif.

D’autres sprinters seront à surveiller: Oscar Freire en premier lieu, mais aussi Jimmy Casper, Gerald Ciolek voire Robbie McEwen, on ne sait jamais après tout. À noter également que Tom Boonen fait sa rentrée après une longue convalescence due à une blessure au genou.

D’autres coureurs ont une belle carte à jouer: Janez Brajkovic, en vue dans le final des récents Mondiaux, Chris Horner, Fabian Wegmann, Leif Hoste, Alexandr Kolobnev ou encore Anthony Ravard.

Rollin à La Française des Jeux ?

Des rumeurs très crédibles circulent ce matin: Dominique Rollin aurait signé un contrat avec l’équipe professionnelle La Française des Jeux en prévision de la saison prochaine. 

Rollin pourrait très prochainement officialiser la nouvelle en précisant les termes du contrat, notamment sa durée.

Si la nouvelle se confirme, je pense qu’il faut s’en réjouir car La Française des Jeux est, selon moi, une excellente équipe pour un coureur québécois comme Rollin. Pour plusieurs raisons:

1 – La culture générale de l’équipe. L’intégration d’un coureur à sa nouvelle équipe est très, très importante. Les moeurs, les habitudes ainsi que, bien sûr, la langue d’usage sont des éléments très importants à considérer pour qu’un coureur trouve rapidement ses marques au sein de sa nouvelle équipe. Les exemples de transferts malheureux de coureurs qui ont perdu leurs repères culturels en rejoignant une équipe totalement différente sont nombreux. À La Française des Jeux, Rollin trouverait une ambiance française, proche de la culture québécoise. C’est un gros avantage.

2 – La Française des Jeux est une équipe ProTeam, donc qui possède la garantie d’avoir accès aux plus grandes courses, Tour de France compris. C’est un avantage non-négligeable lorsque, comme Rollin, on cherche à progresser et à multiplier ses expériences de course.

3 – Marc Madiot. Sa seule présence justifie, selon moi, le choix de cette équipe. Madiot est un excellent meneur d’hommes, c’est connu. Son intérêt pour les Classiques, justement courses qui conviennent à Rollin, est également bien connu. Enfin, et surtout, Madiot connaît bien les dérives de ce sport et ne met pas une pression trop forte à ses coureurs, sachant bien que parfois, une 10e place vaut bien une victoire. En ce sens, pour Madiot, il y a certes le résultat, mais surtout la manière…

4 – Les autres coureurs déjà présents. Rollin y rejoindrait notamment le vétéran Guesdon, qui sera capable de lui transmettre les ficelles du métier sur les pavés du Nord. LeMevel, qui quitte l’équipe, est remplacé, en quelque sorte, par l’arrivée de Pierrick Fedrigo, excellent coureur d’un jour. Et en l’absence d’un grand leader, Madiot joue souvent la carte du mieux placé. Rollin devrait donc avoir l’opportunité de jouer sa carte personnelle sur certaines courses, s’il s’en donne la chance lui-même.

L’incertitude: Dominique devra-t-il faire ses débuts en cyclo-cross dans les prochaines semaines ?!

Et vous, comment choisissez-vous votre vélo ?

Mon premier vélo de course était un cadre acier. Columbus SL. Et comme à l’époque le savoir-faire du fabriquant était la meilleure garantie de la qualité du cadre, j’avais choisi une référence au Québec: Marinoni. D’autres, plus petits, avaient également une solide réputation, comme Cycles Ryffranck par exemple.

Depuis, la révolution carbone est passée par là. Et avec elle, tous mes repères en matière de qualité de fabrication se sont effondrés.

On me demande régulièrement mon opinion sur la qualité de tel ou tel cadre carbone: depuis 3 ou 4 ans, je réponds que je ne sais pas. Je ne sais plus.

Jusqu’en 2005 environ, j’ai continué de croire que la réputation et le savoir-faire des fabriquants étaient la meilleure garantie d’acheter un cadre top-qualité. Après tout, certaines compagnies, comme DeRosa ou Bianchi par exemple, fabriquent des cadres de vélo depuis des générations. Ils doivent savoir de quoi ils parlent. Et leurs protocoles d’assurance de qualité, pensais-je, devaient être les plus sérieux du marché.

Mais des histoires de cadres fissurés, brisés sans explication, ont sérieusement mis en doute mes convictions. La production de masse centralisée à Taiwan, question d’abaisser les coûts de production, est passée par là.

Les exemples autour de moi sont en effet légions depuis 4 ou 5 ans. À peu près toutes les marques y sont passées, que ce soit des produits d’ici comme d’ailleurs: cadres québécois, canadiens, européens, connus, moins connus, tous y sont passés. Les histoires d’horreur, notamment au niveau des emmerdes avec la compagnie pour faire remplacer le cadre, sont fréquentes. Sans parler des mois d’attente sans pouvoir rouler sur le vélo, le temps que le cadre parte puis revienne de la compagnie…

Encore récemment, la tige de selle intégrée d’un cadre Time RXR 2010 d’un ami s’est ouverte en deux, sans explication. Mon ami, qui ne fait aucune course, aucune cyclosportive et qui n’a eu aucune chute avec son cadre acheté en début d’année, s’entraînait alors doucement, au train. Time jouit pourtant d’une solide réputation de qualité…

À l’heure de la production de masse, production – pour l’immense majorité des cadres carbone produits dans le monde – concentrée à Taiwan, à l’heure de la multiplication des compagnies de cycles, à l’heure de la course au gramme, à l’heure aussi de la maximisation des profits, je vous avoue franchement être assez perdu lorsque vient le temps d’acheter un cadre. Par chance, je ne change pas le mien l’an prochain mais force est de reconnaître que j’ignore totalement ce que je choisirais si je devais le changer dans les prochains mois.

Quels critères objectifs adopter afin d’établir son choix ? Le prix ? La garantie offerte ? La réputation de la compagnie qui appose son autocollant sur le cadre ? La légèreté ? L’usage ? Comment savoir que telle compagnie offre à ses clients des produits qui tiennent vraiment la route ? Après tout, on n’achète pas un vélo pour le renvoyer à la compagnie quelques mois plus tard, on achète un vélo pour rouler dessus tous les jours, pour certains entre 10 et 15000 kms par an. La fiabilité est donc un critère important.

Et pourquoi choisir aujourd’hui un carbone ? Le titane voire l’alu ne sont-ils pas des choix encore possibles voire avantageux face au carbone ? Et l’acier ? On trouve désormais des cadres acier de 1200 grammes, soit à peine plus que des cadres carbone… 

Quoi qu’il en soit, je pense que les compagnies jouent actuellement un jeu dangereux. La patience de la clientèle n’est en effet pas à toute épreuve devant la multiplication des problèmes sur les cadres carbone. Plusieurs cyclistes autour de moi reviennent actuellement vers le titane ou l’acier. Et puis, la Chine s’est mise à mouler des cadres carbone, offerts sur le marché pour le quart, le cinquième voire parfois le dixième du prix d’un cadre revendiqué haut de gamme par une compagnie dans le vent. Et fissure pour fissure, ca fait moins mal au coeur de remplacer un cadre de 500$ que de 5000$…

Le syndrome de persécution

Ca sent de plus en plus mauvais dans l’Affaire Contador. Il semble que le champion espagnol aura fort à faire pour prouver son innocence.

Le New York Times annonçait en effet hier que deux échantillons urinaires, prélevés les 20 et 21 juillet dernier lors du Tour de France, contiendraient des concentrations de plastique huit fois supérieures à la concentration requise pour signifier un test de dopage positif. Le protocole de dépistage de produits plastiques serait disponible depuis l’an dernier, serait encore en cours d’homologation par l’AMA et aurait été utilisé pour la première fois sur le Tour cet été. Ceci étant, le protocole pourrait servir à prouver un dopage par autotransfusion s’il est ajouté à d’autres tests, ici la présence de clenbuterol. 

Bref, Contador est bien mal barré semble-t-il.

Et nous fait un syndrome de persécution. Ses récentes déclarations montrent en effet qu’il a choisi de se poser en victime, déclarant même être très déprimé et vouloir abandonner le cyclisme s’il devait être convaincu de dopage. 

Ce qui le déprime surtout je pense, c’est d’être le seul à morfler en ce moment, alors qu’il sait pertinemment que tous ses adversaires carburent exactement à la même chose que lui depuis des années, les autotransfusions. Le syndrome de persécution est en passe de devenir une constante dans les affaires de dopage, Landis, Pantani, Virenque et bien d’autres encore en ayant tous souffert.

En ce sens, le plus dur pour les tricheurs piqués au contrôle, c’est souvent "pourquoi moi et pas les autres aussi puisqu’ils font pareils" ?

Quoi qu’il en soit, on attend désormais l’explication de Contador concernant la présence de résidus plastique dans son sang. Cette explication semble venir moins vite que celle fournie pour expliquer la présence de clenbuterol…

À ne pas manquer sur le même sujet, cette très, très bonne interview avec David Walsh, co-auteur des populaires livres L.A. Confidential et L.A. Official, et qui revient sur l’Affaire Contador. À ne pas manquer non plus, cet article avec Ettore Torri, grand chef de la lutte anti-dopage en Italie.

Exit le ProTour, bienvenue à l’UCI World Tour

Le ProTour est enfin mort, vive le ProTour !

L’UCI a en effet annoncé, la semaine dernière en marge des Mondiaux en Australie, la fusion des deux calendriers "ProTour" et "Historique" pour n’en créer qu’un, désormais appelé l’UCI World Tour.

Évidemment, les GP de Montréal et de Québec sont du nombre et feront donc désormais partie de ce World Tour.

Autre nouveauté, l’UCI n’impose sur toutes les courses de ce calendrier "que" les 18 équipes qui disposeront encore, en 2011, d’une licence "ProTeam" (label qui remplace celui des licences ProTour). Les organisateurs de course auront l’entière flexibilité de sélectionner, à leur guise, entre 4 et 6 autres équipes, selon qu’on aligne 8 ou 9 coureurs par équipe.

L’UCI a donc lâché du lest et a enfin compris qu’il fallait permettre aux organisateurs de courses cyclistes une certaine flexibilité, notamment pour "régionaliser" leurs épreuves et donc les intéresser du public local.

L’UCI a enfin annoncé la création d’un système de points qui permettra de calculer la valeur sportive de chaque équipe professionnelle. C’est une façon d’établir une hiérarchie et de probablement éviter la dérive Footon-Servetto observée cette saison.

Il faut se réjouir de cette annonce, c’est évidemment un grand pas dans la bonne direction.

Et curieusement, ces modifications proposées sont très proches de celles que je proposais dans mon texte du 16 septembre dernier intitulé "ProTour: des idées pour améliorer les choses", en réaction avec certains commentaires laissés la veille qui découlaient de mes critiques à l’endroit du ProTour.

Les fonctionnaires de l’UCI seraient-ils de fidèles lecteurs de La Flamme Rouge?!

Le gentil champion du monde

Thor Hushovd a remporté au sprint la course sur route des Championnats du monde de cyclisme. Il a battu au sprint un autre coureur scandinave, le Danois Matti Breschel, ainsi qu’Allan Davis. Ce dernier, qui jouait à domicile, doit s’en vouloir d’être passé si près d’un tel rendez-vous…

L’archi-favori Pozzatto termine 4e après avoir pris la mauvaise roue dans le sprint. Je crois qu’il a aussi péché plus tôt dans la course en ne prenant pas ses responsabilités. Le Belge Philippe Gilbert les a pris, lui, ses responsabilités mais je pense qu’il est parti 3 bornes trop tôt et qu’il a sur-estimé ses forces dans le final. 

Quoi qu’il en soit, je pense qu’on ne peut penser à meilleur champion du monde en cette période de remous dans le cyclisme.

Thor Hushovd fait en effet partie de ce qu’on appelle au Québec "les bons gars". Le type aimé de tout le monde. Le genre de mec qui inspire immédiatement confiance et dont la conduite ne conduit à aucune critique. Sympathique, médiatique, souriant, courtois, Hushovd sait aussi improviser, se renouveler, comme sur le Tour de France 2009 où il avait été chercher un maillot vert dans les Alpes par quelques belles échappées, façon Jalabert.

Surtout, cette victoire vient presque en couronnement d’une carrière déjà longue et riche en succès. Comment ne pas se réjouir pour lui de cette nouvelle grande victoire et du fait qu’il pourra porter, un an durant, le convoité maillot irisé ?

On peut donc penser que Thor Hushovd est une bénédiction pour le cyclisme en ce moment, pour Pat McQuaid tout particulièrement. C’est un bien beau champion du monde qui fait l’unanimité partout sur la planète cycliste !

Mondiaux sur route: les favoris

L’épouvantail (pour moi): Filippo Pozzatto. Parce qu’il prépare, dans la discrétion, ce Mondial depuis des semaines. Parce qu’il a l’équipe d’Italie soudée autour de lui. Parce qu’il va vite au sprint après 250 kms. Parce qu’il a l’expérience des grandes Classiques.  

Les autres grands favoris: Philippe Gilbert, pour sa maîtrise et son punch. Oscar Freire, pour son expérience et sa capacité de se faire "oublier" puis venir ajuster tout le monde sur la ligne. 

À surveiller: Cadel Evans, parce qu’il joue à domicile. Daniel Oss, pour sa puissance et parce qu’il n’a aucune pancarte dans le dos. Tony Martin, parce qu’il est simplement très fort. Franck Schleck, parce qu’il est en forme après sa Vuelta. Alexandr Kolobnev, parce que les Mondiaux sont sa course de prédilection. Edvald Boassom Hagen, parce qu’il va vite au sprint dans les petits comités. Fabian Cancellara, parce qu’il veut sa revanche de l’an dernier et que sa puissance le servira bien sur le parcours de Geelong. Nicolas Roche, parce qu’il est en forme et motivé d’imiter son père. 

Les partants sont ici. Pour le Canada, Dominique Rollin, Svein Tuft et Christian Meier.

Contador: l’hypothèse de l’autotransfusion serait la bonne?

Ca se complique pour Contador. Il pourrait bien nous avoir menti. Surpris ?

Le journal L’Équipe révèle en effet ce matin que les échantillons urinaires prélevés le 21 juillet dernier contiendraient des traces de di(ethylhexyl)phtalates, des résidus plastiques. Résidus plastiques dans le sang ? Oui, résidus qui pourraient venir d’un sac plastique ayant servi à entreposer du sang…

Le résultat découle d’une nouvelle méthode de détection des autotransfusions et mis au point par un laboratoire de Barcelone. Seul hic, la méthode n’a pas encore fait l’objet d’une approbation de l’AMA, ce qui complique les choses au plan juridique.

Contador aurait donc bien procédé à une autotransfusion le 21 juillet dernier. Pas une grosse nouvelle par ailleurs, il est connu que les autotransfusions, jusqu’ici indétectables, sont la panacée du dopage professionnel depuis quelques années déjà.

À prévoir: les coureurs pro entreposeront désormais leur sang dans des fioles de verre plutôt que de plastique !!!

Guillaume Boivin 3e des Mondiaux U23 !

Grand jour pour le cyclisme canadien: Guillaume Boivin a terminé 3e de la course sur route U23 des Mondiaux de cyclisme à Geelong, en Australie. La course s’est soldée par un sprint dans lequel Boivin a pu faire parler sa jolie pointe de vitesse, terminant 3e ex-aequo avec l’Américain Taylor Phinney, vainqueur plus tôt dans la semaine du clm U23. C’est l’Australien Michael Matthews qui a remporté la course.

Bravo Guillaume ! Comme tu l’as dit: "Canadians are coming" ! Et je suis particulièrement heureux de voir, sur l’épaule du maillot de l’équipe canadienne, les mots "Race clean – Own your victory" du programme anti-dopage de l’ACC. Que ces mots puissent ne jamais cesser d’inspirer les coureurs canadiens dans la pratique du cyclisme, peu importe le reste. Pouvoir se regarder dans la glace le matin, c’est le plus important !

Voici une entrevue avec Guillaume réalisée après la course.

Affaire Contador: les hypothèses crédibles

Contador s’est-il dopé ? La question mérite d’être posée calmement, sans émotivité, tant les circonstances entourant le contrôle positif semblent étranges. Voici, en quelques lignes, les hypothèses que j’estime crédibles:

1 – pas dopé. Il est vraiment victime d’un empoisonnement alimentaire. Ce n’est pas impossible tant les quantités retrouvées sont faibles. De plus, les autres échantillons, prélevés les jours précédents sont sains. On sait par ailleurs que le clenbuterol a été utilisé dans l’industrie bovine. Contador pourrait donc dire la vérité. Je suis de ceux qui ne veulent pas le condamner trop vite: on serait peut-être surpris des produits retrouvés par des labos ultra-modernes s’ils fouillaient dans nos propres urines, produits découlant de l’industrie alimentaire régulière !

2 – pas dopé, mais victime non pas d’un empoisonnement alimentaire mais d’un supplément alimentaire qu’il refuse d’identifier publiquement pour protéger le fournisseur. L’histoire de la viande serait donc fausse, mais pas le fait que le clenbuterol viendrait d’un produit ingéré, une hypothèse compatible avec les faibles quantités retrouvées dans son organisme. 

3 – dopé par prise directe de clenbuterol. Ce n’est pas impossible puisque le produit a bel et bien été détecté dans son organisme, mais cette hypothèse est la moins crédible selon moi. Les quantités retrouvées sont trop faibles pour induire un réel effet sur les performances. De plus, les pros savent depuis longtemps que le clenbuterol est détectable au contrôle. Les coureurs sont plus intelligents que ca tout de même. Contador, en passe de gagner le Tour, n’aurait pas pris ce risque qualifié de "suicide" par De Mondenard plus tôt aujourd’hui. Il faut toutefois conserver cette hypothèse puisque Floyd Landis s’est dopé dans les mêmes circonstances, avec un produit tout aussi détectable !

4 – dopé, mais pour masquer autre chose. Le clenbuterol comme produit masquant, ca s’est déjà vu. Le passeport biologique, s’il est sérieux, pourrait permettre d’élaborer cette hypothèse. S’il y a tentative de masquer autre chose, il faudrait pouvoir trouver quoi.

5 – dopé, mais aux transfusions sanguines. Suite à une cure l’hiver dernier, cure durant laquelle il a entre autre utilisé du clenbuterol, il a prélevé de son sang qu’il s’est ré-injecté lors du jour de repos à Pau, une pratique par ailleurs courante dans le peloton sur les courses par étape, question de "tenir la distance". Évidemment, les contrôles sanguins effectués par les préparateurs lors des prélèvements sont moins poussés, donc la présence de clenbuterol, en concentration probablement plus élevée, n’a pas été détectée. Une fois le sang de retour dans l’organisme de Contador le 21 juillet, le clenbuterol est apparu au contrôle, mais en dose infime puisque dilué dans le sang "propre de clenbuterol" déjà présent dans l’organisme de Contador. La transfusion sanguine autologue pourrait donc expliquer pourquoi le clenbuterol n’était pas présent les jours précédents.

Laquelle de ces hypothèses m’apparait la plus probable ? En fait, je ne sais pas et préfère attendre les conclusions des études plus approfondies que mène l’UCI.

Confirmé: Mosquera positif !

C’est confirmé, Ezequiel Mozquera, 2e de la récente Vuelta, est positif à l’HES (Hydroxyéthylamidon), une substance fluidifiant le sang. Son équipier David Garcia, 11e de l’épreuve, est également positif. L’UCI vient d’en faire l’annonce.

Très mauvaise journée pour le cyclisme professionnel…

Contador piégé par… de la viande ?

L’annonce du contrôle positif d’Alberto Contador au clenbuterol hier a eu l’effet d’une bombe partout sur la planète, faisant la une de nombreux journaux. L’échantillon B a confirmé le résultat de l’échantillon A: positif au clenbuterol. À la nuance près que les quantités retrouvées sont infimes: 50 picogrammes, soit 0,00000000005mg par ml d’urine. Des doses très très faibles. Tellement faibles que si le test avait eu lieu dans certains labos plutôt qu’à celui de Cologne, on n’aurait probablement pas détecté la substance incriminante. C’est un élément important, ca pourrait jouer devant le TAS si on devait en arriver là.

Devant des doses si faibles, l’UCI a réagi et demandé des analyses complémentaires avant de fixer le sort du coureur espagnol. C’est une très bonne décision puisque les quantités infimes présentes soulèvent en effet un doute sur les intentions de Contador. L’UCI a probablement demandé une analyse très approfondie des autres échantillons prélevés sur le Tour – il y en a normalement beaucoup – et on espère qu’elle ira regarder du côté du passeport biologique, notamment autour du Dauphiné et juste avant le Tour, pour étayer le cas.

Contador a quant à lui annoncé publiquement sa défense: contamination alimentaire à la viande. Possible ? Oui, peut-être. Le clenbuterol, qui a en effet déjà été utilisé dans l’industrie bovine pour augmenter la masse musculaire des bovins, est cependant interdit d’usage presque partout, sauf peut-être en Chine et dans quelques pays en développement. L’explication de Contador est assez tortueuse par ailleurs, un malheureux concours de circonstance: l’organisateur de la Vuelta a Castilla di Leon, en visite auprès de l’équipe Astana lors du jour de repos à Pau lors du dernier Tour de France, aurait apporté de la viande d’Espagne, sur demande du cuisinier de l’équipe. Le cuisinier l’aurait servi à l’équipe le jour même. Plusieurs coureurs en auraient mangé, mais aucun n’a été testé ce jour là, sauf Vinokourov (et Contador bien sûr). Mais Vinokourov n’avait pas mangé de viande, ayant pris son repas plus tôt…

Mouais… En clair, Contador nous dit "voilà l’explication et c’est dommage, on ne peut la vérifier auprès d’autres coureurs". Alain39 nous écrit "il y a eu la tisane de Simoni, le whisky de Landis et maintenant le chorizo de Contador"!!! À la nuance près que Simoni, c’était les bonbons de Colombie, la tisane, je crois que c’était Garzelli… et on peut ajouter à cette liste les médicaments du chien de Vandenbroucke, le poulet de Jose Manuel Moreno et les médicaments de la belle-mère de Rumsas !!!!!!!!! 

Alors, crédible ?

Pas sûr, bien qu’il faut faire attention.

Le cas de la nageuse Jessica Hardy, positive au clenbuterol, est éloquent : elle a bénéficié d’une réduction de peine après avoir plaidé avec succès que le clenbuterol provenait en fait d’un supplément alimentaire qu’elle avait pris. 

Il y a donc des précédents. 

Sauf que l’explication d’Alberto Contador aurait été plus crédible s’il avait évoqué un supplément alimentaire où les chances de retrouver du clenbuterol sont beaucoup plus grandes que dans de la viande.

Les experts du labo de Lausanne, en tout cas, n’ont pas été surpris par la défense de Contador, l’estimant prévisible.  

L’UCI devra dans ce contexte mener une enquête: interroger l’organisateur qui a apporté la viande, essayer de retracer son origine, faire enquête auprès de l’éleveur, etc. Je pense qu’elle ne peut faire l’économie d’approfondir cette thèse et devra peut-être engager des experts indépendants dans le domaine.

Chose certaine, je ne prête aucune crédibilité aux "experts du dopage" qui affirment la contamination possible. Ces "experts" se sont déjà de nombreuses fois parjurés, notamment dans l’Affaire Jeanson ou bien d’autres. Leur crédibilité est malheureusement assez faible, n’étant souvent pas neutres.

La conclusion ? La conclusion, c’est qu’il y a un doute. Un doute qu’Alberto Contador s’est bien dopé au clenbuterol dans un Tour de France compliqué pour lui, qu’il ne maîtrisait pas totalement au niveau physique. La contamination alimentaire est une possibilité aussi, mais l’arsenal des labos de l’AMA et une enquête sérieuse de l’UCI devrait pouvoir lever ces doutes. 

Il faudra aussi comprendre pourquoi un seul échantillon sur les nombreux prélevés lors du Tour est positif, du moins à ce jour. 

Je pense donc qu’il faudra de la patience dans ce dossier qui s’annonce déjà très compliqué.

Patience, certains ne l’ont pas eu. La réaction la plus véhémente est venue de Jean-René Bernaudeau, directeur-sportif de l’équipe BBox, qui crie au scandale. C’est vrai que la nouvelle est très mauvaise considérant qu’il est lancé dans une course contre-la-montre pour trouver un repreneur à BBox pour sauver son équipe.

La palme de la sottise ? Elle nous vient de Bjarne Riis qui nous affirme croire en l’explication de Contador parce que le clenbuterol n’aurait "que des effets secondaires". Ben voyons ! Ce type nous prend vraiment pour des cons. En tout cas, le père Riis, on peut dire qu’il vit une sale période !

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