Lance Armstrong a annoncé sa retraite en tant que cycliste professionnel lors d’une interview accordée depuis Austin à The Associated Press plus tôt cette semaine.
Ca y est, je pense qu’on ne reverra plus Lance Armstrong dans un peloton professionnel avec un dossard dans le dos.
L’annonce de sa retraite est l’occasion de s’interroger et de dresser un bilan des deux dernières années où l’Américain avait fait un come-back très médiatisé.
On peut d’abord revenir sur les raisons évoquées, à l’époque, par Armstrong pour justifier son retour dans le peloton. Raison officielle du come-back, largement médiatisée: "raise the awarness of the fight against cancer". Faire réaliser au public l’importance de la lutte contre le cancer. Et l’existence, bien sûr, de LiveStrong, sa fondation dont la mission est justement de lutter contre cette terrible maladie.
J’avais déjà émis des doutes quant à cette raison qu’un retour au cyclisme de compétition semblait peu servir à mes yeux. Lance Armstrong aurait pu, en effet, multiplier les apparitions publiques et s’activer auprès de la classe politique à Washington pour parvenir à faire passer son message de lutte contre le cancer plutôt que de choisir de revenir dans un peloton cycliste.
Je pensais, et je pense toujours, qu’Armstrong est revenu au cyclisme tout simplement parce qu’il s’emmerdait dans sa retraite. Loin d’être aussi noble qu’il le disait, la raison de son come-back était donc toute personnelle. Peu convaincu par la victoire, en 2008, de Carlos Sastre sur le Tour de France, son retour a été motivé par son envie de faire un nouveau come-back (que voulez-vous, on en prend l’habitude…) et venir remporter un… 8e Tour de France.
Je pense qu’on peut considérer cette analyse assez juste aujourd’hui puisqu’Armstrong lui-même a affirmé, dans l’interview avec The Associated Press, qu’il était persuadé de pouvoir remporter, en 2009, son 8e Tour.
Lance Armstrong a cependant sous-estimé considérablement les forces en présence, notamment Andy Schleck et surtout, Alberto Contador qui a évolué, durant la saison 2009, à ses côtés. Si la prétention d’Armstrong n’était pas surprenante lorsqu’on considère son arrogance envers ses adversaires lors de sa première carrière, la surprise est plutôt venue de son directeur sportif, Johan Bruyneel, qui a laissé l’Américain croire qu’il pourrait reprendre sa place de no1 : Bruyneel ne connaissait-il pas bien Contador ? La guerre fut terrible durant le Tour de France mais l’Espagnol a effectivement démontré plus de qualités physiques et morales, résistant à la pression psychologique de l’Américain en début de Tour puis le détruisant physiquement sur les pentes de Verbier.
Lance Armstrong avait également annoncé, lors de son retour, que ce dernier ne pouvait se faire que dans un contexte ou son éthique de travail et son respect des règles (à l’égard du dopage) serait d’une transparence absolue. Largement médiatisée là encore fut la nouvelle qu’il allait rendre tous ses paramètres sanguins publics via un programme de suivi biologique indépendant dirigé par… Don Catlin. Le programme est évidemment tombé à l’eau avant même qu’il ne puisse débuter et les gens ayant la mémoire courte, l’image d’Armstrong n’en a jamais souffert.
Alors, cette retraite d’Armstrong est-elle la bonne ? Je pense que cette fois-ci, oui, Armstrong ne reviendra plus. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a réalisé que son come-back a été plus négatif que positif pour son image. D’une part, il n’a pas remporté de 8e Tour malgré deux tentatives et ne s’est donc pas fait plaisir personnellement. D’autre part, parce que si les dons de sa fondation ont légèrement augmenté ses deux dernières années, on est loin de l’impact qu’il imaginait. Enfin, parce qu’il a sous-estimé la puissance avec laquelle ses détracteurs reviendraient le hanter. Il y a eu les déclarations de Floyd Landis à son endroit. Il y a eu la pression constante des médias qui ne ratèrent aucune occasion de poser des questions sur les soupçons de dopage. Il y a eu, dans de nombreuses conférences de presse, des questions embarrassantes, notamment venant de Greg LeMond et de Paul Kimmage. Il y a enfin surtout eu cette enquête fédérale de Jeff Novitzky, celui qui a eu la tête de Marion Jones dans le scandale Balco, qui est toujours en cours et qu’Armstrong prend très au sérieux malgré ses déclarations contraires, ayant engagé de nombreux avocats spécialisés dans la défense de l’indéfendable.
Bref, je pense donc que le retour d’Armstrong est un échec pour lui et que cette nouvelle retraite est la bonne puisqu’il aspire probablement à retrouver un peu de paix autour de lui. Si la lutte contre le cancer avait été le réel enjeu de son come-back en 2008, je pense qu’il en aurait été question dans l’interview qu’il vient de donner cette semaine pour annoncer sa retraite.
Je suis de ceux qui pensent que la carrière cycliste de Lance Armstrong a été édifiée sur un vaste mensonge, celui du dopage. Et curieusement, j’ai l’impression que tout chez lui est faux, sauf l’annonce cette semaine de sa retraite définitive des pelotons.