Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 159 of 352

Guy Thibault répond à nos questions!

La Flamme Rouge publiait récemment un texte concernant l'Entraînement par Intervalles Courts (EPIC) à la suite de la conférence prononcée au centre sportif de Gatineau par Guy Thibault, expert reconnu internationalement des techniques d'entraînement. Selon ce dernier, l'EPIC serait actuellement une des méthodes d'entraînement les plus efficaces pour maximiser rapidement la puissance aérobie maximale (PAM).

Vous avez été nombreux à me faire part de vos commentaires à la fin de la conférence d'abord, par courriel ensuite puis sur ce site via les commentaires.

Je vous propose aujourd'hui une entrevue avec Guy Thibault afin de revenir sur quelques unes de vos questions.

La Flamme Rouge: merci Guy d'accepter cette entrevue sur La Flamme Rouge!

Guy Thibaut: Ça me fait plaisir!

LFR: pourrais-tu nous clarifier quel est le protocole exact de l'entraînement EPIC "ultime" que tu préconises pour des gains de PAM maximaux? Tu parlais, lors de ta conférence, d'une séance de 45 minutes, à raison d'un premier bloc de fractions d’effort de 40 sec entrecoupées de 20 sec de récupération, puis de 30-30 et enfin de 20-40. Merci de nous préciser au passage la récupération à suivre (passive, active, ou en prise) ainsi que la durée entre les blocs.

GT: C’est en fait la centième et dernière (d’où son nom : « Ultime ») séance d’entraînement que je propose dans mon dernier livre, Entraînement cardio, sports d’endurance et performance, Vélo Québec Éditions. Elle est amusante et donne d’excellents résultats. Mais attention! D’autres formules semblables pourraient donner d’aussi bons résultats. Loin de moi l’intention d’en faire une religion! Les cyclistes ont besoin de repères pour concevoir une variété de séances, et non pas de recettes toutes faites. Quoi qu’il en soit, le schéma de cette séance ultime est 3 blocs de 3 séries de 3 répétitions, pour un total de 27 fractions d’effort. Chacune des 9 séries du premier bloc : 3 fois 40 secondes à intensité élevée avec une récupération active « incomplète » (parce que trop courte et parce que l’intensité demeure quand même assez élevée) de 20 secondes entre les répétitions, et avec 2 minutes de récupération active à intensité très faible entre les séries. Même formule dans le deuxième bloc, sauf que les 9 fractions d’effort sont de 30 secondes et la récupération « incomplète » de 30 secondes. Même chose dans le troisième bloc, sauf que les 9 fractions d’effort sont de 20 secondes et la récupération « incomplète » de 40 secondes.

LFR: tu parlais, lors de ta conférence, de cyclistes ayant obtenu des gains de PAM de l'ordre de 60 watts en quelques semaines en s'entrainant par EPIC. Certaines personnes présentes dans la salle ont trouvé que cela fait beaucoup! Est-ce réaliste de croire à des gains aussi importants chez des cyclistes déjà très entrainés et ayant déjà maximisé une bonne partie de leur potentiel?

GT: J’ai moi-même été surpris par cette importante amélioration chez mon sujet qui s’est tapé une trentaine de séances d’EPI tirées du modèle graphique de l’EPI que j’ai mis au point pour que les entraîneurs et les athlètes puissent se concocter une infinité de séances « payantes ». J’ai même pensé que mon CompuTrainer (modèle de laboratoire, donc réputé valide et fidèle) avait fait défaut. Mais plusieurs entraîneurs ont obtenu des améliorations similaires et même supérieures pendant l’entraînement hivernal d’athlètes bien motivés. On peut faire l’hypothèse que les améliorations de mon « rat de la laboratoire aux pattes rasées » auraient été moins prononcées s’il ne s’était pas rendu à épuisement à chaque séance. Voilà une belle hypothèse à vérifier!

LFR: L'EPIC n'a-t-elle pas une forte composante anaérobique? Comment peut-elle alors pleinement développer la PAM?

GT: Précisons que j’appelle EPIC des séances où les fractions d’effort sont d’au plus 20 secondes. La séance « Ultime » décrite plus haut n’est pas une véritable séance d’EPIC, bien qu’elle donne toujours de bons résultats. Quoi qu’il en soit, il est vrai que dans cette séance et dans des séances d’EPIC, on pédale à des intensités supérieures à celle correspondant à la consommation maximale d’oxygène, le fameux VO2max. Suivant la vision traditionnelle mais, je crois, désuète, de programmation de l’entraînement, des telles intensités ne seraient utiles que pour le développement de la capacité anaérobie et n’auraient pas d’utilité pour ceux et celles qui cherchent plutôt à développer leur aptitude aérobie (VO2max, puissance aérobie maximale, endurance). Mais au cours de la dernière décennie, on a vu apparaître d’intéressants rapports de recherches menées au Japon, en Scandinavie et en Ontario, indiquant que des séances comprenant des pointes d’effort de 30, 20 et même 10 sec seulement s’accompagnaient d’importantes améliorations de l’aptitude aérobie. En réalité, une partie du travail effectué pendant les brèves fractions d’effort d’une séance d’EPIC profite de la présence d’oxygène dans la cellule musculaire (liée à la myoglobine). Pendant la récupération, le système cardiovasculaire doit « rembourser » la dette d’oxygène (recharger la myoglobine), d’où une amélioration « aérobie », même si le travail musculaire est plutôt dans le registre anaérobie. Par ailleurs, d’autres recherches indiquent que seules des séances de musculation et de sprints intenses s’accompagnent d’une amélioration de l’efficacité du coup de pédale, amélioration qu’on n’obtient pas avec l’entraînement à intensité modérée.

LFR: qu'en est-il de l'effet de l'EPIC sur le système nerveux central, aussi appelé en jargon cycliste "l'influx nerveux"? Il peut s'épuiser très vite!

GT: Je ne sais pas encore très bien quelle est la signification biologique de ce qu’on appelle dans le milieu cycliste « l’influx nerveux »! Mais peu importe. La bonne façon d’exécuter une séance d’EPIC (comme toute autre séance d’EPI), c’est d’en garder sous la pédale au début et d’intensifier d’un poil l’intensité de pédalage d’une répétition à la suivante, tout en cherchant à obtenir finalement un degré général de fatigue ni trop petit, ni trop élevé. Inutile, donc, de craindre un affaissement nerveux si l’on sait bien doser ses efforts. Rappelons qu’une séance d’EPI ne doit pas nécessairement être épuisante pour donner de bons résultats. Toutes choses étant par ailleurs égales, l’EPI donne toujours de meilleurs résultats que son contraire, l’entraînement continu; toujours!

LFR: tu proposes de débuter l'entraînement par des intervalles courts puis, plus tard en saison, d'allonger les durées d'effort. Quelle est la durée maximale à ne pas dépasser lors des efforts question de travailler efficacement?

GT: Il n’y a pas de règles précises en cette matière. Mais on peut raisonnablement penser qu’en débutant la préparation physique avec des séances misant sur un très grand nombre de fractions d’effort (plus de 50) de moins de 20 secondes, on se prépare très bien pour des séances futures où l’on pourra allonger les répétitions à 30, 45, 60, puis 90 secondes. A l’approche des compétitions qui comptent, on peut passer à de l’entraînement fractionné comprenant de plus longues fractions d’effort, par exemple : 4 à 8 fois 3 à 5 km à intensité proche de celle d’un contre-la-montre de 40 km. Cela ferait une belle progression de la « quantité » (gros volume à intensité cible élevée en début de saison, d’où une amélioration anticipée de plus grande importance des déterminants physiologiques de la performance) vers la qualité (on apprend à tenir longtemps l’intensité cible).

LFR: si on travaille bien en EPIC, est-il possible d'enchainer deux jours d'entraînement par EPIC de suite?

GT: On peut même en faire deux dans la même journée (c’est ce que font de plus en plus de nageurs). Mais en général, mieux vaut se refaire une santé et bien se donner dans les séances d’EPI. On en fait donc deux ou trois par semaine.

LFR: certains cyclistes de la région de l'Outaouais sont des adeptes de la formule d'intervalles de type "Gimenez", préconisant 9 blocs de 5 minutes se découpant ainsi: 4 minutes en "prise" suivi d'une minute à intensité élevée. Frédéric Grappe parle de la formule dans son bouquin "Cyclisme et optimisation de la performance". À choisir, EPIC ou Gimenez?

GT: Pourquoi pas EPIC en début de saison, et Gimenez quand on a enfin développé ses qualités physiologiques? De toute manière, ce dont les cyclistes ont besoin, ce n’est pas d’une formule miraculeuse (ça n’existe pas!), mais de repères pour se construire une grande variété de séances d’EPI dans les bonnes fourchettes de durées de fractions d’effort, de nombre de répétitions et d’intensités. C’est justement ce pourquoi j’ai développé un modèle graphique simple de l’EPI. Mieux vaut apprendre à s’en servir et diversifier ses séances, que de répéter sans cesse une même formule, qu’elle soit celle de Gimenez, votre EPIC préférée ou la séance dite « ultime ».

LFR: quelles sont selon toi les qualités fondamentales à développer dans le sport cycliste sur route?

GT: Comme disait mon ami Paul Jurbala, ex-entraîneur national : « le cyclisme sur route est un sport anaérobie sur fond aérobie »! À développer, dans l’ordre : la consommation maximale d’oxygène et l’efficacité du coup de pédale, la capacité anaérobie, et, finalement, l’endurance. Sans compter le « sens de la course ».

LFR: on affirme souvent que de nombreux athlètes amateurs et maîtres sont surentrainés. Qu'en penses-tu?

GT: J’ai connu de nombreux cyclistes qui s’entraînaient trop, d’où une amélioration qui tarde, mais peu de cyclistes véritablement surentraînés. Le surentraînement est un problème grave, mais quand même assez rare. Chose certaine, quand on ne sait pas comment concevoir et adapter judicieusement un plan d’entraînement, on a forcément tendance à rouler plus et plus vite, ce qui peut évidemment mener à un excès de fatigue, une contreperformance, voire au surentraînement. À cela s’ajoute que les maîtres doivent souvent composer avec des sources externes de stress (boulot, famille), qui se conjuguent avec celui de l’entraînement et des compétitions cyclistes. L’idéal, c’est de satisfaire le maso en soi en se tapant de bonnes séances d’EPI ou prolongées, puis de s’allouer tout le temps nécessaire pour en récupérer avec la prochaine séance intensive. De plus en plus d’athlètes de haut niveau s’entraînent ainsi et je crois que c’est bien, à condition d’avoir la santé et la base d’entraînement nécessaires.

LFR: tu as parlé du fameux entraînement de type Tabata lors de ta conférence. À choisir, pour le cycliste sur route, Tabata ou EPIC?

GT: Bien qu’elle jouisse d’une grande popularité, surtout en musculation, la formule Tabata (8 efforts de 20 secondes, récupération de seulement 10 sec) ne me semble intéressante pour les cyclistes que pour le « fine tuning » à l’approche des compétitions importantes : elle stimule l’aptitude à relancer quand ça chauffe! Mais je ne la recommanderais pas en début de saison (les véritables séances d’EPIC me semblent bien plus appropriées), car la récupération est trop courte et, surtout, le volume total de pédalage à intensité cible beaucoup trop petit (2 min 40 s!).

LFR: Dominique Rollin, David Veilleux, et d'autres québécois au sein de l'équipe SpiderTech se frottent dorénavant aux meilleurs cyclistes sur route de la planète. Un Québécois vainqueur d'une grande classique ou d'une étape du Tour prochainement, tu y crois?

GT: Je crois que le nombre trop petit de cyclistes canadiens actifs réduit les chances que l’on développe plusieurs grands champions. Mais il me semble que les cyclistes du Québec profitent souvent  ici d’un encadrement supérieur à celui généralement offert en Europe, où l’on est en quelque sorte victime de la tradition. C’est ce que j’ai constaté au cours d’un stage de perfectionnement que j’animais à Paris au bénéfice des entraîneurs de la Fédération française de cyclisme. On compte de plus en plus d’entraîneurs nord-américains qui ne s’empêtrent pas dans les traditions et qui font des choses très bien. Par exemple, Francis Paradis, premier entraîneur de David Veilleux, a fait des trucs intéressants. Et Pierre Hutsebaut a pris le relai en ajoutant des éléments qui m’apparaissent fort pertinents. Sa grande culture cycliste ne l’empêche pas d’innover, d’exploiter brillamment des connaissances nouvelles.

LFR: plusieurs, dont Bernard Hinault, ont critiqué, ces dernières années, le manque de résultats des coureurs français sur la scène internationale. À ton avis, dans quelle mesure les coureurs français du peloton international connaissent-ils et appliquent-ils l'entraînement EPIC?

GT: C’est vraiment à géométrie variable. Quand je conseillais l’entraîneur de Crédit Agricole, il n’arrivait à convaincre que ses coureurs non-français de faire ce que je proposais, par exemple de la musculation intensive ou de l’EPIC. Heureusement, mon copain Fred Grappe (Française des Jeux) fait de l’excellent boulot et la nouvelle génération de physiologistes de l’exercice européens est partante pour innover, par exemple le Basque Inigo Mujika, le Hollandais Vincent Villerius et le français Xavier Nési, pour ne nommer que ceux-là.

LFR: Au nom des lecteurs de La Flamme Rouge et du mien, merci Guy d'avoir pris le temps de répondre à nos questions et au plaisir de garder le contact avec toi!

GT: merci à toi Laurent de m’avoir donné l’occasion de faire ce que j’aime : vulgariser des connaissances scientifiques au bénéfice des cyclistes.

10e salon du vélo de Montréal

Le 10e salon du vélo de Montréal s'ouvre aujourd'hui à la Place Bonaventure. Le salon est ouvert jusque dimanche et il faut compter 11$ par adulte pour y accéder. Des forfaits "famille", "membres FQSC", "65 ans et plus" ainsi "qu'étudiants" sont disponibles, à tarifs réduits.

Cette année, le salon comporte un nombre impressionnant d'exposants, parmi lesquels on remarquera Basso, Campagnolo, Marinoni, Cyfac, Dedacciai, Eddy Merckx, Ekoi, la FQSC, le Groupe Centrifuge, Lapierre, Louis Garneau, Time, Token et Vélo Québec.  

En gros, beaucoup de compagnies, vous permettant de découvrir beaucoup de produits et services dans le monde du cyclisme, tout cela en quelques mètres carré. Un excellent point de départ à votre saison 2012!

À ne pas manquer, l'essai du nouveau groupe électrique Campagnolo EPS au stand Marinoni ou encore les nouveaux vêtements Louis Garneau, à la fine pointe de la technologie actuelle: compression, body fit, thermorégulation, confort incroyable. Personnellement, j'aime et je ne vois que Sportful qui, à l'heure actuelle, rivalise avec le fabriquant québécois. 

Les heures d'ouverture comme les différents tarifs sont ici.

Tests anti-dopage sur les courses ACVQ: des précisions

Vous êtes nombreux à réagir au texte publié plus tôt cette semaine annonçant que l'Association des cyclistes vétérans du Québec (ACVQ) a décidé d'effectuer des contrôles anti-dopage inopinés sur quelques unes de ses courses en 2012.

Globalement, la nouvelle est bien accueillie par les coureurs et c'est une source de satisfaction. Vous êtes en effet très nombreux à être bien informés des dérives du dopage et vous êtes prêts à faire votre part pour lutter contre ce fléau. 

Il faut dire que les récents événements sur la scène du cyclisme au Québec nous ont prouvé que des coureurs maîtres se dopent aussi. C'est donc une question d'équité des chances.

Vous êtes également nombreux à manifester vos inquiétudes, légitimes d'ailleurs, quant aux risques de tester "positif" suite à la consommation de produits et suppléments alimentaires. Nous sommes en effet très nombreux – c'est mon cas – à consommer des "produits de l'effort" ou des suppléments, qu'ils soient sous forme de boissons, de gels, de poudres, ou autres.

Voici quelques éléments qu'il vous faudra désormais considérer. 

1 – vous êtes seuls responsables des produits que vous consommez. Autrement dit, la consommation de produits et suppléments est "à vos risques et périls" et vous êtes entièrement responsables de toute substance interdite qui pourrait se retrouver dans votre organisme. 

2 – le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) considère que la plupart des suppléments et produits de santé naturels comporte un risque inacceptable pour les athlètes et leur carrière sportive. Ce risque inacceptable découle essentiellement de l'absence de règlementation gouvernementale en matière de production de tels suppléments et produits. C'est donc le "free for all" et les fabricants peuvent écrire à peu près n'importe quoi sur les emballages. Ou pire, ne pas écrire tous les ingrédients que ces produits renferment… sans oublier que bien des compagnies ne sont pas canadiennes…

3 –  le CCES vous donne accès à certaines ressources documentaires afin de mieux connaître les risques que vous pourriez prendre en consommant certains produits et suppléments. Une foire aux questions (très utile) sur les suppléments est disponible ici. Cet autre site, canadien, vous permet d'effectuer une recherche sur les produits les plus communs et vérifier leur statut à l'égard du dopage. Enfin, le livret de classification des substances autorisées et interdites par le CCES est disponible ici. J'ajoute qu'en cas de doute, je vous invite à écrire sans hésiter au CCES (conservez votre courriel et leur réponse!). Cela peut montrer votre transparence et votre souci d'honnêteté en cas de pépin.

En terminant, je crois qu'il ne faut pas avoir peur des contrôles anti-dopage. Il faut simplement être attentif aux produits et suppléments que nous consommons afin de s'assurer, dans la mesure du possible, de leur composition. C'est aussi une question de santé! En cas de problème, il faudra pouvoir documenter quel produit ou supplément a été ingéré et quand, permettant de défendre son cas face au CCES qui, je pense, fait preuve de discernement dans une telle situation.

Marco Pantani (1970-2004)


Des contrôles anti-dopage sur les courses ACVQ en 2012

Voilà une excellente nouvelle et je tenais à en parler sur La Flamme Rouge.

Pierre Dumais, membre du bureau de direction de l'Association des Cyclistes Vétérans du Québec (ACVQ), annonçait récemment sur ce site via l'option "commentaires" que des contrôles anti-dopage inopinés seraient pratiqués sur les courses ACVQ en 2012. 

C'est au Centre Canadien pour l'Éthique dans le Sport (CCES) que reviendra la responsabilité de conduire ces tests inopinés, probablement par tirage au sort parmi les coureurs des différents pelotons sur certaines courses sélectionnées du calendrier. 

Il convient de rappeler que les coureurs cyclistes ont la responsabilité de bien s'informer quant aux produits et suppléments alimentaires qu'ils consomment avant, pendant et après une course cycliste. 

Un montant de 20$ de plus a été exigé cette année pour l'achat d'une licence de course, montant qui servira à financer ces contrôles anti-dopage. 

À noter que les membres du bureau de direction de l'ACVQ ne connaîtront ni les dates, ni les courses où auront lieu ces contrôles. On peut ajouter qu'ils seront très certainement soumis aux mêmes règles que tous les autres coureurs.

L'ACVQ prend ainsi clairement position pour un cyclisme propre et pour la sensibilisation de tous les coureurs aux travers du dopage.

J'ajoute, sur une base personnelle, que je suis très fier d'appartenir à cette association qui a posé des gestes concrets dès cette année pour lutter contre la gangrène du sport cycliste. À tous les membres du CA de l'ACVQ, bravo! et au plaisir de me faire tester sur les courses cette saison!

Les résultats du week-end

1 – Tour Med. Ca commence fort pour l'équipe canadienne SpiderTech avec une belle performance de Guillaume Boivin dans plusieurs sprints. 5e de la première étape, il loupe de peu la victoire dans la deuxième, terminant 2e derrière Michel Krener de chez Garmin. Boivin termine 35e du classement général de l'épreuve et signe ainsi un bon résultat qui le relance pour la saison, ayant connu l'an dernier une saison difficile, étant au prise avec des soucis physiques. La confiance a dû beaucoup progressé chez Guillaume cette semaine et ça, c'est important.

Pour la victoire finale, c'est l'inconnu John Tiernan-Locke, un coureur britannique, qui s'est imposé avec, à la clef, pas moins de 2 victoires d'étape dont celle hier en altitude. Tiernan court dans la modeste équipe Endura Racing. Navarro et Garzelli complètent le podium. Pour Garzelli, c'est impressionnant, il a 39 ans et continue d'enregistrer de bons résultats. 

2 – Tour du Qatar. Le Qatar réussit à Tom Boonen, il s'impose au classement général pour la… 4e fois! Il y a également remporté 2 étapes, de quoi le mettre en confiance pour la suite.

Ce qui est intéressant de ce classement final, c'est que de nombreux coureurs de classiques sont présents dans les 20 premiers: Farrar (2e), Flecha (3e), Steegmans (4e), Cancellara (7e), Van Summeren (11e) et Renshaw (13e). Visiblement, la guerre psychologique a commencé et tout ce joli monde a commencé à s'observer, à se tester en prévision de la suite.

À noter également, les deux victoires d'étape de Cavendish qui lui aussi se met en confiance au sein de sa nouvelle équipe Sky.

3 –  Giro della provincia di Reggio-Calabria. Le peloton italien se prépare lui-aussi avec en mire Milan SanRemo, le premier grand rendez-vous du calendrier transalpin. Pour le moment, un nom à retenir: Elia Viviani chez Liquigas. Il a remporté les deux premières étapes au sprint et fait partie de cette nouvelle génération qui monte…

4 – Le Canadien Ryder Hesjedal sera le leader de l'équipe Garmin-Barracuda pour le prochain Giro d'Italia. Je pense en effet que la course peut convenir à Hesjedal et que c'est une bonne initiative en prévision du Tour. Hesjedal, un coureur mature, peut en effet enchainer les deux et peut maintenir une bonne condition physique durant plusieurs semaines. Il l'avait prouvé en 2010, enchainant un excellent Tour de France puis une présence aux avant-postes des GP de Montréal et Québec en septembre.  

Les Guignols se payent les sportifs espagnols

Excellent petit clip (ça débute à environ 3min30 de l'ensemble du vidéo) sur les sportifs espagnols… qui "carburent" fort depuis quelques années, il faut le reconnaître! Et le vidéo arrive au moment même ou Nadal se fait contrôler par surprise au petit matin!

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

Entre Martel…

Benjamin, j'ai bien sûr lu le communiqué que tu as fait publier sur le populaire site québécois de nouvelles cyclistes Veloptimum. Ce communiqué est en réaction à la récente décision du Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) de te suspendre pour 2 ans à la suite d'un contrôle positif à la testostérone.

Ce communiqué m'a troublé, car tu y affirmes avec aplomb ne rien avoir à te reprocher. Tu expliques ton contrôle positif à la testostérone comme la conséquence directe de l'usage d'une crème pour tenter de régler une induration à la selle.

Comment savoir? Qui suis-je pour te juger?

Sur une base toute personnelle, je tiens à te dire que je n'ai à priori aucune raison de ne pas croire en ta bonne foi. Après tout, je ne te connais pas!

Et je peux t'assurer de ma compréhension dans le contexte des moments difficiles que tu vis probablement depuis quelques semaines.

Mais tu ne peux pas te poser en victime comme tu le fais dans ton communiqué en écrivant "Il est toujours facile pour certaines personnes de porter des jugements hâtifs, mais sachez que cette situation peut arriver à n’importe quelle personne ou athlète. Il serait bon de connaître la vérité avant de parler. Il est toujours plus facile d’incriminer une personne que de chercher à savoir la vérité. Voilà ce qui m’est arrivé."

Et comment veux-tu que nous connaissions la vérité? De quelle vérité parles-tu? La tienne? De quels jugements hâtifs parles-tu?

Chercher la vérité, ce fut précisément le travail du CCES au cours des dernières semaines. Le CCES t'a donné la chance de t'expliquer, t'a écouté. Le CCES a examiné la situation de près puis a rendu un verdict. Hâtif? Je ne crois pas. 

Et le verdict du CCES est clair: tu n'as pas réussi à démontrer "aucune faute ou négligence" ni "l'absence de faute ou de négligence significative".

Faute ou négligence, on ne sait pas dans ce jugement du CCES. Mais coupable oui. C'est exactement la même chose avec le récent cas Contador.

Dans ce contexte, tu te dois de comprendre les gens: ils n'ont d'autres choix que de croire les autorités compétentes en la matière. Tu ne peux leur reprocher. Tu ne peux les accuser de ne pas comprendre. Les gens font confiance au CCES et c'est normal. Surtout dans le contexte ou malheureusement, les coureurs cyclistes pris pour dopage ces 15 dernières années ne les ont pas convaincu de leur empressement à dire la vérité!

Tu ne peux pas non plus reprocher aux gens de se poser des questions logiques parmi lesquelles celle-ci: qu'une crème pour soigner les indurations contienne de la cortisone ça va, mais de la testostérone?

En terminant, je tiens à t'assurer de ma prudence dans les délicates affaires de dopage. Je peux t'assurer que je reprends chaque fois les personnes qui me disent "tous les coureurs cyclistes sont dopés". Justement non.

Je peux aussi t'assurer que je reprends chaque fois les personnes qui me disent "tous les dopés mentent". Justement non. Certains ne mentent probablement pas. Certains sont peut-être victimes d'erreurs, comme certaines personnes sont victimes d'erreurs judiciaires. Mais cela reste très rare, et les autorités de la lutte contre le dopage sont compétentes. Pour preuve, un grand nombre de coureurs positifs finissent par avouer… au bout d'un certain temps, prouvant bien que le jugement des autorités était le bon.

Enfin, je tiens à t'assurer de ma capacité à croire en ceux qui veulent une deuxième chance. Une fois que la première faute est payée.

Benjamin, la seule vérité qui, au fond, importe est la tienne: c'est ta conscience. Elle nous permet de soutenir, seul, notre regard dans un miroir, et c'est tout ce qui compte.

Et de la conscience, nous en avons terriblement besoin en ce moment dans le cyclisme…

37 balais et dopé!

C'était un secret de polichinelle dans le milieu du cyclisme québécois et la nouvelle est finalement sortie aujourd'hui: Benjamin Martel (aucun lien de parenté avec moi!), de l'équipe Team Spirit G.H.T. Cannondale, est positif à la testostérone

Il écope d'une suspension de deux ans, conformément aux règlements en vigueur.

Il est le troisième cycliste du peloton élite du Québec a être sanctionné en quelques mois seulement après les cas d'Arnaud Papillon et de Miguel Agreda, tous deux (ex-) membres de l'équipe Garneau-Club Chaussures. Rappelons que Benjamin Martel a remporté une étape de la série des Mardis cyclistes de Lachine en 2011. C'était le 9 août.

Que dire de ce nouveau cas de dopage (décidément, la semaine est fertile à ce niveau!) ? 

Ce qu'il faut dire à mes yeux, c'est que Benjamin Martin avait, en 2011, 37 ans. Donc aucune ambition de devenir coureur cycliste professionnel. La situation de Benjamin Martel à l'égard du cyclisme était très différente de celle d'un David Veilleux par exemple, un jeune coureur de 24 ans qui a tout l'avenir devant lui. Et qui fait par conséquent face à des enjeux autrement plus importants pour son avenir que Benjamin Martel. 

Avec Benjamin Martel, on était à priori devant un coureur de 37 ans qui était en principe sur les courses cyclistes pour se faire plaisir.

Et il se dopait!

À mes yeux, la seule explication est l'envie de briller, d'être supérieur aux autres, de se démarquer et d'obtenir une parcelle de gloire.

Vous serez nombreux à dire que c'est pathétique et vous avez raison.

Mais il y a une leçon dans tout ça et c'est ce qu'il faut retenir aujourd'hui: cette situation nous ramène à la profonde nature humaine. 

L'appât du gain, dans ce cas-ci la gloire éphémère. 

Si on ne comprend pas cela, on ne comprend pas les enjeux entourant la lutte contre le dopage. On ne comprend pas que la lutte contre le dopage, c'est la même chose que la lutte contre l'excès de vitesse sur les routes: toujours à recommencer, toujours à entretenir. Parce qu'il est dans la nature humaine de vouloir montrer qu'on est meilleur que les autres, même s'il n'y a aucun enjeu.

Toute approche d'une fédération visant à faire un "blitz" de quelques mois de sensibilisation est donc vaine. La lutte contre le dopage s'inscrit plutôt dans le long terme et nécessite des moyens récurrents, chaque année. C'est une lutte ingrate, de longue haleine, mais pourtant nécessaire.

Depuis longtemps, je suis donc d'avis que la lutte contre le dopage doit obtenir un financement annuel stable et se doter de moyens conséquents. S'il est évident que la priorité demeure la lutte contre le dopage au niveau des jeunes coureurs présentant le potentiel de passer professionnel, le cas Martel montre qu'il faut aussi exercer des contrôles dans les autres catégories, ne serait-ce que pour créer un climat de "peur de gendarme" salutaire et qui profitera à l'ensemble des cyclistes, toute catégories confondues. Car bien souvent, ce sont les coureurs les plus âgés qui initient les plus jeunes aux travers du sport…

Ces quelques vers d'Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac me viennent spontanément à l'esprit, des vers qui accompagnent ma vie:

Travailler sans souci de gloire ou de fortune,

A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!

N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît

Et modeste d’ailleurs, se dire: mon petit,

Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,

Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!

Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,

Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,

Vis à vis de soi-même en garder le mérite,

Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,

Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,

Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!”

Retour sur les affaires Armstrong et Contador en attendant… Ullrich!

Y'à pas à dire, la semaine est intense sur la scène du dopage dans le cyclisme!

Retour sur le cas Armstrong

Nous sommes nombreux à avoir trouvé étrange l'absence de justifications entourant la décision des fédéraux américains de mettre un terme à l'enquête Novitsky sur les agissements de l'équipe US Postal et de son leader, Lance Armstrong.

Voilà qu'on apprend que la décision aurait été prise par un seul homme. Le communiqué de presse aurait été émis à la hâte vendredi dernier, avec un pré-avis de 30 minutes aux membres de l'équipe d'enquête. 

Forcément, ça soulève des questions. 

Des personnes proches de l'enquête révèlent depuis que les preuves étaient convaincantes et que des personnes étaient sur le point d'être incriminées. 

La décision aurait été celle du procureur général, Andre Birotte Jr. 

Voilà qui n'est pas sans soulever quelques inquiétudes autour de cette décision. Il est à prévoir que d'autres personnes, probablement frustrées de cette décision hâtive, parlent dans les prochaines semaines. 

On se rappellera surtout les liens de proximité que Lance Armstrong entretient avec une partie de la classe politique américaine. Sa fondation joue également largement en sa faveur et constitue sans l'ombre d'un doute la meilleure défense face aux soupçons dont il fait l'objet. 

Dans ce contexte, comment exclure que la décision de Birotte ait été motivée par des intérêts extérieurs à l'enquête? Espérons qu'on en apprendra plus très prochainement, possiblement grâce à l'agence antidopage américaine voire à l'agence mondiale anti-dopage qui souhaitent toutes les deux avoir désormais accès au dossier constitué ces derniers mois.

Retour sur le cas Contador

Je me délecte de la langue de bois actuellement utilisée par de nombreux acteurs du cyclisme appelés à commenter la récente décision du TAS dans l'Affaire Contador.

La palme revient sans conteste à Bjarne Riis. Deux exemples:

– à propos du licenciement de Contador: "When Alberto is not able to… ride for the team, the contract cannot continue." Voyez la technique: ne pas parler de dopage, de licenciement. Tout juste après, il ajoute être prêt à s'assoir avec Contador pour envisager la suite de sa carrière chez Saxo Bank. 

En bref, ça veut dire qu'il "met un terme" à son contrat actuel tout en lui en promettant un nouveau dès le début août prochain, question qu'il gagne la Vuelta pour Saxo Bank. Ou, autrement dit, pas grave une suspension pour dopage, on contourne simplement l'obstacle…

Mieux encore, Riis se pose ensuite en personne à la moralité irréprochable: "All along, we followed the rules and because Alberto was cleared, he was able to ride." Sans commentaires….

La déclaration de Contador lui-même est intéressante, se posant comme victime puis dérivant l'attention sur le soutien dont il fait apparemment l'objet:

"If there's anything I can do to prove my innocence, I'll do it". 

"I'd like to express my satisfaction with all the support"

Notez l'attention portée à ne pas commenter les faits directs!

Côté absence de langue de bois, la palme revient à John Fahey, directeur de l'Agence Mondiale Anti-dopage (AMA): "Alberto Contador is a cheat". Ca a le mérite d'être très, très clair!

Par ailleurs, l'équipe Saxo Bank n'est plus assurée de rester en World Tour en l'absence de Contador qui détient la vaste majorité des points de l'équipe. Je suis personnellement parfaitement d'accord, ce n'est que justice envers les autres équipes comme Europcar. Et cela en dit long sur la faiblesse de l'effectif de l'équipe du meilleur coureur mondial…

Le cas Ullrich

Le TAS rendra une décision jeudi cette semaine concernant la requête de l'UCI visant la poursuite des procédures à l'endroit de Jan Ullrich dans le dossier de son implication possible dans l'Affaire Puerto

Je n'ose me prononcer sur ce cas, l'histoire récente nous montrant que le TAS peut nous surprendre!

Chose certaine, si le cas Ullrich va de l'avant sur décision du TAS, ce sera un autre coup dur à l'image du vélo. La saison 2012 commence fort !

En terminant, petit retour sympathique sur les meilleures excuses avancées par de grands sportifs pour essayer de justifier un contrôle positif. Mes classiques? Le chien de Vandenbroucke et la belle-mère de Rumsas!

Andy Schleck, vainqueur du Tour 2010!

Celle-là, je vous avoue franchement, je ne l'ai pas venu venir.

J'étais absolument convaincu que le Tribunal d'Arbitrage du Sport (TAS) blanchirait Alberto Contador dans son affaire de dopage au clenbuterol lors du Tour 2010.

Et bien non. Le TAS a rendu hier son verdict: Contador suspendu pour une durée de 2 ans, de son contrôle positif en juillet 2010 jusqu'au… 5 août prochain. Suspendu, il perd donc ses victoires acquises depuis, notamment sa victoire sur le Giro 2011.

Et il est probable qu'il écope d'une amende de 2.4 millions d'euros. 

Bref, la facture est salée. Pas seulement pour lui. Pour nous, amateurs de cyclisme, aussi.

Le fondement du verdict

Comment le TAS en est arrivé à cette décision? Si j'ai bien compris, par la logique suivante: Alberto Contador n'a pas su prouver hors de tout doute que la présence de clenbuterol dans son organisme avait pu être provoqué par l'ingestion de viande contaminée. 

Donc le contrôle positif reste, puisqu'il a été démontré scientifiquement: du clenbuterol, même en dose infime, a bel et bien été retrouvé dans son sang. 

Plusieurs commentaires, notamment d'Éric Boyer directeur sportif chez Cofidis, laissaient entendre que Contador avait donc été trouvé coupable de dopage. Je n'ai pas interprété le jugement rendu hier comme cela. Je crois que le TAS a reconnu que l'hypothèse de la viande contaminée était plausible, mais pas suffisamment convaincante pour blanchir le champion espagnol.

Le bordel dans le cyclisme

Alors, la justice a triomphé? Je n'en suis pas si sûr.

Sur le plan légal, c'est possiblement une bonne décision puisque le droit a probablement gagné dans ce dossier complexe.

Mais sur le plan sportif, c'est une catastrophe.

Pour l'image du vélo d'abord, qui trinque encore. Les gens pourront dire, avec raison, que c'est vraiment le bordel dans le cyclisme. Plus de 18 mois après sa victoire dans le Tour 2010, voilà que Contador est déchu. Au passage, exit sa victoire au Giro 2011. 

En bref, on ré-écrit l'histoire. Pourtant, les gens ont bel et bien vu Contador gagner le Giro 2011. Il pédalait plus vite, mieux que les autres à ce moment.

Pire, voilà qu'Andy Schleck passe à l'histoire de la même façon qu'Oscar Pereiro en 2006: vainqueur par défaut du Tour de France. C'est assez ironique sachant qu'Andy Schleck n'a jusqu'ici jamais démontré avoir la science de la course pour s'imposer sur une telle épreuve.

Deux vainqueurs du Tour sacrés de la sorte en moins de cinq ans: il y a là-dedans le signe que le problème du dopage est loin d'être réglé dans le cyclisme et que nouvelle génération ou pas, le problème reste entier.

La suite

Ca va être intéressant puisque Contador apportait 68% des points UCI justifiant la licence World Tour de l'équipe Saxo Bank. Sans lui en 2012, qu'en sera-t-il de l'équipe de Bjarne Riis? Son statut World Tour sera-t-il maintenu? Rien n'est moins sûr et l'UCI a déjà affirmé vouloir revoir le dossier.

Contador, quant à lui, pourra courir la Vuelta 2012 qu'il désignera très certainement comme un grand objectif pour refaire sa réputation chez lui en Espagne, dans un premier temps. Ceci étant, son lustre en prend un sacré coup: rappelons que sa première victoire dans le Tour, acquise en 2007 face à un Rasmussen déchainé puis suspendu, avait elle-aussi soulevé de sérieux doutes. À ce jour, seule sa victoire sur le Tour… 2009 semble exempte de tous soupçons… bien qu'il courrait, cette année-là, dans l'équipe de Lance Armstrong! 

Ironie du sort: alors que Lance Armstrong vient d'être, de façon surprenante, soulagé du boulet de l'enquête Novitsky, voilà que Contador est suspendu, une décision elle-aussi surprenante. Il y a une semaine, j'aurais parié pour la situation inverse!

Les victoires annulées de Contador (le nouveau vainqueur entre parenthèse)

2011:

– 2e étape du Tour de Murcie (Denis Menchov)

– 3e étape du Tour de Murcie (Jérome Coppel)

– Classement général du Tour de Murcie (Jérome Coppel)

– 3e étape du Tour de Catalogne (Michele Scarponi)

– Classement général du Tour de Catalogne (Michele Scarponi)

– 4e étape du Tour de Castille et Leon (Richie Porte)

– 9e étape du Giro (Jose Rujano)

– 16e étape du Giro (Vicenze Nibali)

– Classement général du Giro (Michele Scarponi)

2012:

3e étape du Tour de San Luis (Levi Leipheimer)

5e étape du Tour de San Luis (Daniel Diaz)

Et John Gadret, désormais 3e du Giro 2011!!!

Fin de l’enquête fédérale à l’endroit de Lance Armstrong

La nouvelle est tombée à la fin de la semaine dernière: le gouvernement américain, via son procureur général André Birotte Jr., a décidé de ne pas poursuivre l'enquête pour fraude à l'endroit de l'équipe cycliste professionnelle US Postal Service et son leader, Lance Armstrong.

Rappelons que cette enquête avait été notamment confiée à Jeff Novitsky, celui-là même qui avait mis à découvert le scandale Balco aux États-Unis.

L'UCI a déclaré vouloir mettre cette histoire derrière elle. Son président, Pat McQuaid, s'est déclaré "heureux" de la décision. 

Une grave erreur de jugement selon moi. J'aurais adopté un ton plus neutre, pour éviter que l'UCI, organe régisseur du sport cycliste ne l'oublions pas, ne soit entachée d'une apparence de parti pris. Il me semble qu'une déclaration comme "le dossier était très complexe et les autorités américaines ont probablement bien pesé le pour et le contre de leur décision" aurait été plus appropriée pour le no1 de l'instance dirigeante du cyclisme.

Passons.

Ce qui m'a surpris, c'est l'absence de justification des autorités américaines pour l'abandon de cette enquête. On laisse donc le public spéculer: trop peu de preuves? trop gros poisson? d'autres pressions politiques? peur de l'opinion publique

Bref, on ne saura peut-être jamais ce qui a motivé les autorités à ne pas continuer l'enquête. L'agence anti-dopage américaine, l'USADA, a cependant annoncé vouloir continuer son enquête sur les pratiques dopantes dans le peloton cycliste américain. Très bien, mais j'ai peur que ça n'aille pas très loin, faute de moyens que les Fédéraux, eux, avaient.

Partout, la nouvelle a été présentée comme une victoire pour l'ex-coureur américain.

Il m'apparait important de rectifier les faits: Lance Armstrong n'a été blanchi de rien. Pour la bonne raison qu'il n'a été accusé de rien. Lance Armstrong a simplement fait l'objet de nombreux soupçons dont certains ont été très étoffés, notamment par les ouvrages de Walsh et Ballester. Les propos de Floyd Landis ainsi que de Tyler Hamilton, deux ex-coureurs n'ayant plus rien à perdre, ont aussi contribué largement à bien dépeindre ce qui s'est réellement passé au sein des équipes de Lance Armstrong.

Bref, blanchi? Non. 

Je dirais plutôt "retour à la case départ". C'est à dire que Lance Armstrong continuera de trainer ses casseroles pour probablement le reste de sa vie.

Je ne suis pas sûr si cela rend service au peuple américain, aux amateurs de cyclisme ainsi qu'à… Lance Armstrong lui-même… même s'il peut assurément pousser un ouf! de soulagement!

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