Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 158 of 352

Pool de cyclisme 2012

Les voyages en avion ont cela de bon qu’ils nous dégagent du temps! J’en ai profité pour mettre au point le pool de cyclisme 2012.

C’est donc parti, vous pouvez cette année encore participer au pool de cyclisme La Flamme Rouge!

Le fichier est disponible ici: LFR_Pool_2012. Date limite, le dimanche 1er avril prochain.

Le principe demeure le même: vous disposez de 700 points pour constituer votre équipe de neuf coureurs (comme sur le Tour!) qui marqueront des points durant la saison sur les courses retenues dans le jeu. Ces courses sont celles du World Tour, ainsi que quelques autres d’une grande importance. Le calendrier cette année tient compte du Tour de Beijing en octobre.

Certaines épreuves comptant pour le pool sont déjà terminées. À vous de voir si vous voulez prendre le risque d’être influencé par ces résultats ou non!

Faites vos jeux et bonne chance!

MSR: Gerrans à l’économie

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

C'est tout ce que m'a inspiré hier la victoire de Simon Gerrans sur Milan SanRemo, que j'ai pu suivre en direct à la télé depuis mon hôtel à Paris.

Gerrans n'aurait en effet jamais gagné sans Cancellara, l'homme fort de la course dans les 15 derniers kilomètres. C'était tout simplement impressionnant de voir le champion suisse à l'oeuvre dans le final: une véritable moto! 

C'est dans le haut du Poggio que tout s'est joué. Juste au pied, l'impressionnant Agnolli, chez Liquigas, finissait le travail de sape entrepris par l'équipe italienne dans le Manie, une nouvelle ascension introduite par les organisateurs dans les derniers 100 kms et qui a éjecté Mark Cavendish de la course. Nibali a alors giclé, c'était attendu. Cancellara et Gerrans ont accompagné, le suisse prenant rapidement la tête de la course et roulant de telle sorte que Nibali et Gerrans ne pouvaient plus relayer!

Dans la descente du Poggio puis sur le plat ensuite, c'est Cancellara qui a effectué 99% du travail. Que pouvait-il faire d'autre? Sa seule option aurait été de se relever pour favoriser un regroupement, ayant Bennati son sprinter derrière. Mais c'était alors s'exposer à un sprint incertain, puisque Boonen, Dekengold et surtout Freire et Sagan étaient eux-aussi présents!

Ce fut probablement le calcul de Johan Bruyneel: valait mieux tenter la victoire voire assurer une 2e place avec Cancellara qu'un podium raté avec un sprint incertain en misant sur Bennati… au prise avec tous les autres bons sprinters du groupe. 

Chose certaine, je déteste toujours voir un coureur s'imposer grâce au travail d'un autre. Gerrans aurait pu passer à quelques reprises, pour au moins contribuer un peu au succès de l'échappée… 

On aura en tout cas appris de ce Milan SanRemo que Cancellara est en excellente condition physique en ce moment, clairement le meilleur du peloton hier. S'il maintient voir améliore cette condition au cours des 3 prochaines semaines, il sera difficile à battre sur valeur physique sur le Ronde et Paris-Roubaix. Sagan, Boonen et Freire seront ses adversaires les plus coriaces. 

Pozzato, Ballan, Paolini, Gatto et Hoogerland, très actifs hier, m'ont aussi semblé en très grande condition et seront sans doute les principaux acteurs des prochaines Classiques.

La Flamme Rouge perturbée

Vous êtes nombreux à m'avoir signalé un problème de virus sur le site au cours des derniers jours.

Merci de m'avoir signalé le problème et merci aussi de votre patience.

La Flamme Rouge a en effet été victime d'un hacker, comme ça arrive de temps en temps et ce, malgré les protections du site que je maintiens à jour le plus possible. 

La situation devrait être maintenant de retour à la normale.

M'accordant quelques jours de vacances puis ayant un voyage professionnel à l'extérieur du Canada, La Flamme Rouge sera cependant irrégulièrement mis à jour d'ici le 20 mars prochain. Le temps de constituer entre temps le fichier du pool de cyclisme 2012!

Rationaliser le dopage

Pour tous ceux voulant mieux comprendre la logique de l'athlète lorsqu'il se dope, il faut absolument lire ce court article publié sur un blog du journal Le Monde ainsi que le texte scientifique complet disponible ici.

On y présente une analyse psychologique et sociologique du dopage, ou comment les athlètes parviennent à "rationaliser" la prise de produits dopants. De ce fait, cet article permet de mieux comprendre leurs comportements en cas de contrôle positif.

L'article est intéressant puisqu'on y comprend comment et pourquoi l'athlète, dans sa logique, se perçoit comme une victime, et non comme une personne ayant commis un acte répréhensible. 

L'étude présente le cas d'un ex-cycliste, "Philiipe" (Gaumont?), pour qui le dopage présente une "justification thérapeutique". Cette rationalisation l'empêche ensuite d'avoir des états d'âme face aux actes répréhensibles qu'il a commis. Il se croit "dans le vrai" et devient donc une victime d'un système qu'il percevra comme injuste s'il est piqué au contrôle.

Quiconque a côtoyé des athlètes ayant eu recours au dopage retrouveront là des traits communs.

L'étude présente surtout l'univers du sport professionnel, un monde où seul le résultat compte. Dans ce contexte, pas de place pour les blessés, les convalescents, ou même seulement les coureurs qui passent une période creuse. L'entourage du cycliste, l'entourage de l'équipe, les médecins, les directeurs sportifs ont donc bien tous une responsabilité envers l'athlète qui se dope. Il convient de ne jamais l'oublier, surtout lorsqu'un athlète, piqué au contrôle lors d'une course importante, devient la brebis galeuse dont tout le monde – y compris son équipe – veut se débarrasser au plus vite.

Guy Thibault vous répond

Les récents articles portant sur l'Entrainement Par Intervalles Courts (EPIC) publiés sur La Flamme Rouge ont attiré votre attention. Suite à notre entrevue complémentaire avec Guy Thibault, vous avez été nombreux à laisser des commentaires et des questions.

Guy a eu l'amabilité de m'envoyer un texte en réponse à ces questions. Je le publie aujourd'hui en guise de complément d'information. 

Je tiens également à remercier Guy pour tous les récents échanges. Manifestement, cela a suscité un grand intérêt et nous sommes désormais nombreux, je pense, à avoir intégré l'EPIC à nos entrainements!

Je laisse donc la "parole" à Guy:

Alain a raison : plutôt que « Chacune des 9 séries du premier bloc », il fallait lire « chacune des 3 séries du premier bloc ». Mais je voulais bien dire « à intensité très faible entre les séries », car dans la formule d’origine que je décrivais, la récupération entre les blocs n’est pas différente de la récupération entre les séries. Toutefois, les cyclistes qui veulent allonger la séance peuvent très bien s’allouer, entre les blocs, une récupération plus longue que les 2 minutes prescrites.

Marmotte demande si une PMA de 320 watts pour un poids corporel de 75 kg est un bon résultat. C’est excellent, surtout après 4 mois sans entraînement, bien que l’élite mondiale se situe à un niveau pas mal plus élevé. Pour construire un bon plan d’entraînement, vous pourriez vous inspirer de mon dernier livre disponible en France chez Amphora (Sports d’endurance, entraînement & performance) et au Québec chez Vélo Québec Éditions, sous un autre titre (Entraînement cardio; sports d’endurance et performance). L’amélioration de la PMA dépend de votre «traînabilité»; il en est question dans mon livre.

Patrick évoque la difficulté grandissante de faire de l’EPIC après un certain âge. En réalité, il y a des cyclistes âgés qui sont pas mal plus aptes à faire de l’EPIC que des jeunes moins entraînés. Ce qui change le plus après un certain âge, c’est l’aptitude à récupérer. Âgé de 55 ans, je savoure régulièrement des séances intensives, mais je m’alloue tout le temps nécessaire pour me refaire une santé avant la prochaine séance excitante.

Louis se dit déçu que je ne fournisse aucune balise objective quant à la puissance à utiliser pour les fragments d’effort et de récupération de la séance « ultime ». Je fais exprès! Pourquoi? Parce que je crois que cette formule se prête bien à la spontanéité, qu’elle permet d’apprendre à doser son effort sans nécessairement avoir une rétroaction sur la puissance de pédalage, et surtout parce qu’il est très amusant de varier la façon de répartir l’effort d’une séance à l’autre ou même d’un bloc à l’autre. Par exemple, dans mon groupe d’entraînement, on réduit beaucoup l’intensité pendant la récupération entre les répétitions, afin de pousser un cran plus fort dans les fractions d’effort. Mais à d’autres moments, on fait le contraire, c’est-à-dire qu’on réduit moins l’intensité pendant la récupération entre les répétitions, pour s’imposer un stress qui ressemble à celui vécu dans des situations de course. Dans ce dernier cas, c’est pratiquement comme si les périodes d’effort sont de 3 minutes. On s’éloigne d’une formule d’EPIC, mais c’est intéressant en pleine saison, quand on a préalablement fait pas mal d’EPIC.

Mais si j’avais à proposer une intensité relative de pédalage pour les fractions d’effort de 40, 30 et 20 secondes de la séance d’EPIC, je dirais 90-100 %, 95-105 et 100-110 % de la PAM, respectivement, pour une séance d’un degré de difficulté élevé (sous toute réserve, car je n’ai pas fait de vérification). Mais il faut se rappeler qu’il n’est pas nécessaire de faire des séances épuisantes pour s’améliorer.

Et Sébastien demande à quelle cadence de pédalage il devrait exécuter les fractions d’effort. En réalité, les effets bénéfiques peuvent se faire sentir peu importe la cadence. Mais je recommande de faire la majorité des fractions d’effort à une cadence courante, soit environ 90 rpm pour les novices et 100 rpm pour les cyclistes chevronnés, mais de se réserver quelques répétitions à chaque séance à exécuter à une cadence aussi basse que celle qu’on utilise généralement en montée (moins de 80 rpm) et quelques autres répétitions à un cadence aussi élevée que celle qu’on utilise en peloton sur le plat en vent de dos (plus de 110 rpm), mais en s’assurant de ne pas perdre la qualité de la gestuelle.

Suivre Tirreno-Adriatico à la télé

Cette semaine, les Québécois pourront suivre toutes les étapes de Tirreno-Adriatico à la télé sur les chaines RDS et RDS2. 

Un lecteur nous en informe et on l'en remercie.

La programmation est ici

Tel qu'annoncé il y a plusieurs semaines, les animateurs sont Louis Bertrand et Dominique Perras.

On verra bien ce que ça donne!

La France, ou l’Italie ?

Les grandes Classiques du calendrier UCI World Tour se pointent: Milan SanRemo, GP E3, Gent-Wevelgem, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, l'Amstel, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège.

Tout cela en à peine plus d'un mois, entre le 17 mars et le 22 avril !

Pour beaucoup de coureurs donc, on ne veut pas se louper: il faut arriver dans cette période au "top" de la condition physique. 

Il convient donc de bien se préparer. 

Et on peut se questionner: quelle est la meilleure préparation finale? Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico

Paris-Nice débute dimanche prochain avec un prologue en banlieue de Paris, prologue qui emprunte la Côte des dix-sept tournants en vallée de Chevreuse. La course se conclut le dimanche suivant comme elle a débuté, avec un contre-la-montre de 10 bornes environ. Cette fois-ci, les coureurs auront à escalader le mythique col d'Eze, des années durant le final de la "Course au soleil".

Le plateau de coureurs annoncé est pas mal: Boonen, Chavanel, Leipheimer, Martin (le champion défendant), Nuyens, Anton, Sicard, Van Garderen, Hushovd, Phinney, Millar, Haussler, Roche, Moncoutié, Taaramae, Fédrigo, Coppel, Voeckler, Andy et Franck Schleck, Kloden, Cunego, Basso, Renshaw et Degenkolb. 

D'autres ont toutefois choisi une autre approche: le spectaculaire "Strade Bianche" ce week-end en Italie, suivi de Tirreno-Adriatico, la "course des deux mers". 

C'est notamment le cas de Philippe Gilbert, de Cadel Evans, de Van Avermaet, de Cancellara, de Sagan, de Nibali, de Pozzato, de Van Summeren, de Hesjedal, de Scarponi et bien d'autres encore.

Bref, chaque saison, le peloton se "coupe" en deux l'espace de quelques jours avant Milan SanRemo.

Qui a raison ?

Probablement personne. Mais les dernières années ont souvent montré que la météo est meilleure en Italie qu'en France si tôt en saison. D'ailleurs, on attend encore pas mal de pluie en France en début de semaine prochaine. 

À choisir, j'opterais probablement pour le Strade Bianche suivi de Tirreno-Adriatico en raison d'une météo souvent plus clémente, bien qu'il n'y ait aucune garantie nulle part.

Paris-Nice se terminant un bon six jours avant Milan SanRemo, il est toutefois plus facile de recharger les batteries avant La Primavera si on participe à l'épreuve française.

Quoi qu'il en soit, à voir le plateau des deux courses, la tendance est claire: beaucoup de coureurs français en France, beaucoup de coureurs italiens en Italie! Normal.

Un autre enjeu ?

L'an dernier, ASO avait publié le nom des équipes invitées sur le Tour le 20 janvier.

Cette année, l'annonce tarde et on peut penser que certaines équipes présentes sur Paris-Nice voudront se montrer, surtout Cofidis, Saur-Sojasun et Project 1t4i. Une solide performance sur Paris-Nice pourrait possiblement leur valoir une invitation sur le Tour. Cofidis a d'ailleurs annoncé la présence de Taaramae, Moncoutié et DiGregorio et c'est probablement eux qui jouent le plus gros, les résultats ayant été moyens au cours des deux ou trois dernières années.  

Le Tour de l’actualité

1 – Plusieurs réactions au texte d'hier sur la possibilité de voir les bords de route payants lors des compétitions cyclistes sur route.

Effectivement, de nombreuses compétitions, souvent en circuit comme les critériums d'après-Tour ou les Championnats du monde, sont déjà payants. 

Comme le souligne un lecteur, l'UCI doit aussi revoir ses pratiques puisqu'elle exige actuellement que les organisateurs défraient tous les coûts associés à l'organisation de l'épreuve ET à la venue des équipes. Pour les GP de Québec et Montréal où les équipes doivent traverser l'Atlantique, on imagine ces coûts très importants…

Chose certaine, l'UCI réfléchit à ces questions actuellement devant les graves problèmes de budget auxquels font face les organisateurs de plusieurs courses cyclistes espagnoles comme la Volta Ciclista a Catalunya, la Volta Ciclista al Pais Vasco et la Clasica Ciclista San Sebastian

Davantage de moyens financiers pourrait soutenir les organisateurs de courses cyclistes et contribuer au développement du sport. Selon Patrick Lefevere, le cyclisme demeure toutefois encore un "sport marginal". Mouais.

Chose certaine, tout n'est pas rose dans le monde du cyclisme professionnel en ce moment et j'ai personnellement l'impression que l'équilibre est bien précaire…

2 – Paris-Nice débute dimanche prochain. Pierre Rolland a déjà annoncé son forfait, trainant une douleur au genou. Dommage, j'aurais aimé voir ce que ça donnait pour lui après un Tour 2011 éblouissant.

3 – Europcar toujours. Thomas Voeckler ne serait pas apprécié au sein du peloton. Ce n'est pas nouveau, ça fait un moment qu'on le sait. Si une partie de sa réputation vient du fait qu'il ose attaquer, ce qui est plutôt bien, une autre partie vient de son attitude parfois gênante. Ca me fait sourire, Voeckler faisant souvent référence à l'attitude parfois peu constructive des anciens: il répète probablement – mais différemment – la même chose envers les plus jeunes!

4 – Europcar encore. L'équipe a été retenue pour Liège-Bastogne-Liège. L'occasion pour le Québécois David Veilleux de se frotter à La Redoute?

5 – En revanche, l'équipe française Cofidis n'a pas été retenue pour les deux Ardennaises que sont la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Je ne me surprend pas de la décision, cette équipe ayant une feuille de route à mon avis très moyenne depuis 2 ou 3 ans. Il y a certes eu les perfs de David Moncoutié sur la Vuelta. Rein Taaramae a également montré de belles promesses, mais ça demeure à ce jour des promesses. Pour le reste, la victoire de Tony Gallopin sur la Coupe de France 2011 ne me paraît pas comme un résultat susceptible de satisfaire grand monde. 

Je pense que l'équipe d'Éric Boyer se doit de réussir un grand Tour de France… si elle est retenue!

6 – Très belle victoire du jeune Arnaud Demare (FDJ) sur Le Samyn en Belgique, anciennement le Grand Prix de Fayt-le-Franc. La vidéo des 7 derniers kms est ici. Il faut remarquer le sang-froid de la FDJ dans le final. Ils ont très bien joué leur carte selon moi, brouillant notamment les pistes en choisissant d'amener Demare plutôt que Hutarovitch qui, pour l'occasion, s'est mis au service de l'autre. Bien joué!

Demare confirme en quelque sorte son excellente 4e place sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne dimanche dernier. C'est Marc Madiot qui doit être très content!

Ceci étant, encore des coureurs français dans les 10 premiers! Ils sont pas moins de 5 cette fois: Demare (1er), Petit (3e), Ravard (4e), Feuillu (7e) et Delpech (9e). Cette nouvelle saison 2012 apporte donc déjà une forme de confirmation de la tendance 2011: revoilà les coureurs français dans le coup après des années à s'être contentés d'accessits sur les grandes courses. 

Doit-on y voir un lien avec la baisse d'un marqueur de réticulocytes telle que rapporté dans un récent rapport de l'UCI portant sur son programme anti-dopage ? En tout cas, ça présente une certaine cohérence d'ensemble!

7 – Retour sur l'affaire Offredo, qui a été suspendu pour trois manquements au système Adams de géolocalisation. Plusieurs, dont lui bien sûr, se sont indignés des contraintes imposées aux coureurs cyclistes. Je rétorque qu'ils n'ont pas fait grand chose de bon au cours des 20 dernières années pour nous donner matière à avoir confiance en leur probité. Il ne faut pas se plaindre après des contraintes imposées… et qui sont probablement un mal nécessaire pour préserver le sport cycliste d'une déconfiture complète. Les récentes affaires Ciprelli-Longo, Contador et Ullrich – pour ne nommer que celles-là – n'ont pas amélioré l'image du vélo. 

Donc il y a des règles, elles sont les mêmes pour tous, oui elles sont contraignantes mais c'est le prix à payer.  

8 – Shimano Dura-Ace 11 vitesses, c'est apparemment pour l'an prochain. Le groupe est présentement testé par les coureurs de l'équipe Sky.

Bientôt payant, le cyclisme?

La question n'est peut-être pas aussi farfelue que vous ne le croyez.

Selon Cédric Vasseur, elle serait actuellement examinée par les autorités du cyclisme.

On pourrait en effet envisager faire payer les spectateurs des courses cyclistes sur certains secteurs stratégiques, comme une arrivée en altitude (Alpe d'Huez, Luz Ardiden, Courchevel, Tre Cime de Lavaredo, Lagos de Cavadongo, etc.), certains monts (le Bosberg, La Redoute, etc.), certains secteurs pavés (la Tranchée d'Arenberg…) ou encore sur des courses se déroulant en circuit urbain. Par exemple, il serait facile pour les organisateurs des GP de Québec et Montréal de rendre l'accès aux sites de la course payant.

Pourquoi rendre certaines courses payantes ? Parce que les organisateurs de courses cyclistes font face à des hausses constantes des coûts d'organisation et qu'il leur devient de plus en plus difficile de boucler leur budget. De nombreuses courses cyclistes ont déjà disparu, et certaines ont été sauvées par les deux grands organisateurs que sont ASO et RCS Sport, fort de leur capacité financière découlant des revenus tirés sur les quelques grandes courses cyclistes du calendrier que sont le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, les trois Ardennaises, le Giro, le Tour et la Vuelta.

Des revenus tirés de la vente de droits d'accès, comme ça se fait dans une vaste majorité d'autres sports, permettraient aux organisateurs de pouvoir compter sur une source de revenus additionnelle pour boucler leur budget de fonctionnement.

Mais voilà, une telle décision risque de se heurter à la sensibilité du public puisque le sport cycliste sur route est, depuis toujours, un sport gratuit pour les spectateurs. Comment, dans ce contexte, faire passer la pilule ?

Pour ou contre ?

Ma première réaction a été dictée par l'émotion: payant, le bord des routes ? Voyons donc ! Non !

Mais si on y pense un peu plus rationnellement, c'est peut-être une façon de sauver des courses cyclistes de la disparition pure et simple ainsi que de contribuer au développement du sport. 

L'exemple du GP des Amériques est éloquent pour mieux comprendre. De 1988 à 1992, Serge Arsenault a oeuvré à l'organisation de cette course de Coupe du Monde sur le Mont Royal à Montréal. Il a dû fermer boutique en 1993, les dépenses liées à l'organisation et à la venue des équipes étant trop élevées. La disparition d'une telle course a privé des milliers d'amateurs de cyclisme en Amérique du Nord d'une occasion de voir les coureurs pros de près. Plus encore, on peut penser que l'absence de la course a pu freiner, durant quelques années, le développement du sport cycliste au Canada.

Si l'ajout d'un droit d'entrée permettrait aux GP de Québec et de Montréal de s'inscrire dans la durée, je ne suis pas contre! À quelques conditions près: que ce tarif soit raisonnable et justifiable, qu'il soit affecté aux frais d'organisation seulement et non pour générer des profits, et qu'il soit établi dans un contexte ou le public aura ensuite accès aux états financiers de l'événement sportif, question de transparence.  

Alors, payant le cyclisme ? Pourquoi pas ? Après tout, on paie pour voir nos sports préférés à la télé ! Le cyclisme se doit de lutter à armes égales avec les autres sports pour son développement… voire pour assurer son existence.

Le salaire des pros

C'est toujours intéressant: quel est le salaire moyen d'un coureur cycliste professionnel évoluant au sein des 18 équipes ProTeam du peloton? 

Réponse en 2012: 264 000 euros. En dollars canadiens, environ 350 000$. 

Évidemment, c'est une moyenne. Tous les statisticiens, dont je suis, savent que la moyenne est très influencée par les très hauts salaires, qui "tirent" cette moyenne vers le haut. Une autre mesure statistique, le revenu médian, permet d'éviter ce problème puisqu'il sépare la population en deux groupes exactement égaux: 50% au dessus, 50% en dessous.

Il est probable que si le rapport avait présenté le revenu médian, celui-ci aurait été largement inférieur, de l'ordre de 130 ou 150 000 euros par an.

On sait par ailleurs que l'UCI impose depuis quelques années un salaire minimum pour les coureurs ProTeam: environ 30 000 euros par an. Ca baisse à 27 000 euros pour les néo-pros. Ils sont probablement nombreux à gagner moins de 100 000 euros par an.

Quoi qu'il en soit, il est certain que les salaires ont augmenté au cours des dernières années. En 2009, le salaire moyen était d'environ 190 000 euros. Considérant que le statut de coureur cycliste professionnel est éphémère et volatile, c'est une bonne nouvelle.

Ces chiffres sont tirés d'un rapport de la firme Ernst&Young à la demande de l'UCI.

On y apprend aussi que le nombre de groupes professionnels (ProTeam et Continental) est assez stable depuis 2009, étant passé de 39 à 40 en 2012. 

Le budget de ces équipes pro a cependant considérablement augmenté, passant de 235 à 341 millions d'euros entre 2009 et 2012. L'UCI s'en réjouit. Effectivement, on peut y voir le signe d'une "professionnalisation" du sport cycliste qui ressemble un peu plus maintenant aux autres grands sports professionnels que sont le football, la Formule Un, le baseball, le basket ou encore le hockey.

On peut aussi y voir l'argument inverse: il en coûte de plus en plus cher pour faire partie du cercle du ProTeam, ces 18 équipes au sommet de la hiérarchie. Prix moyen d'une équipe ProTeam ou Continentale? 8 millions d'euros… ou presque 11 millions de dollars.

Pas facile d'attirer un sponsor dans ces conditions. Ce sponsor doit plus que jamais être une grande multinationale présente sur plusieurs marchés. Un nombre grandissant de directeurs sportifs, dont Johan Bruyneel et Bjarne Riis, ont évoqué leurs difficultés croissantes à attirer de grands sponsors dans le cyclisme, revendiquant du même coup une meilleure redistribution des revenus télé, question d'assurer aux équipes un meilleur financement de base.

Quoi qu'il en soit, voilà qui donne une meilleure idée du budget dont devra disposer Steve Bauer s'il veut élever l'équipe canadienne SpiderTech au statut de ProTeam dans les prochaines années ! D'ailleurs, Bauer ne s'en cache pas et sait que son budget actuel, de l'ordre de 2,5 millions de dollars canadiens par année, devra significativement être revu à la hausse s'il veut atteindre ses objectifs de ProTeam et d'une participation au Tour. L'objectif ? Au moins 15 millions de dollars!

Boonen mouché, Cavendish exaucé!

Très intéressant week-end de Classiques en Belgique avec le Het Nieuwsblad samedi et Kuurne-Bruxelles-Kuurne dimanche.

Très belle course samedi sur le Het Nieuwsblad, avec un Tom Boonen très actif dans le final. C'est lui qui a fait le forcing à environ 60 km de l'arrivée dans le Taaienberg, non sans contribuer à la chute assez spectaculaire de Lars Boom. Je dois dire qu'à ce moment, je cherchais du regard un BMC! C'est Thor Hushovd qui a réussi à recoller par la suite, non sans un gros effort. Chose certaine, Boonen avait condamné, par son forcing, un Philippe Gilbert encore un peu court.

Du coup, je pensais que Boonen était le client du jour ; c'était sans compter sur le jeune Sep Vanmarcke, 23 ans, très impressionnant dans les 40 derniers kms. C'est lui, et non Boonen, qui plaçait une sacré mine à 39 kms de l'arrivée dans l'ascension du Molenberg. Il remettait ça à 29 kms de l'arrivée, sur le plat excusez-un-peu, pour finir le travail et se dégager définitivement avec Boonen et Flecha, deux clients. 

Le trio s'est présenté au dernier km sans être rejoint. Là encore, je croyais à une victoire facile de Boonen. Vanmarcke a fait preuve d'une maitrise remarquable, restant sagement dans la roue de Boonen pour le déborder dans les 50 derniers mètres, Boonen ayant visiblement lancé son sprint trop tôt et sur un braquet trop petit. 

Bref, pour un jeune coureur de 23 ans, j'ai été très impressionné par Vanmarcke, déjà 2e l'an dernier de Gent-Wevelgem. 

Parmi les autres enseignements du jour, retenons une équipe BMC, pourtant surpuissante sur le papier, absente du final. Ni Gilbert, ni Hushovd, ni VanAvermaet, ni Ballan n'ont trouvé l'ouverture. Cuisant. 

Il faut aussi préciser que la course s'est déroulée sans oreillette. Cela a pu contribuer à désorganiser certaines équipes habituées à être bien informées avant de "rouler" derrière des échappées. Il est cependant encore trop tôt pour dire si la suppression des oreillettes favorisera de nouveau un cyclisme d'attaque, avec des échappées partant de loin.

Le Québécois Dominique Rollin a terminé à une bonne 28e place, dans le premier groupe derrière l'échappée et ce, malgré une chute dans le peloton. C'est le genre de course qui convient à Rollin! David Veilleux a eu une journée plus difficile, étant encore un peu court. La saison ne fait que débuter! L'équipe SpiderTech a quant à elle connu une journée problématique et Guillaume Boivin a été le seul à rallier l'arrivée.

Sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, c'est arrivé au sprint comme c'est souvent le cas. Mark Cavendish s'est imposé presque "logiquement", bien amené par ses équipiers chez Sky dont le travail cet hiver a manifestement été bien réalisé. Hutarovitch et Van Hummel complètent le podium.

Il faut remarquer la belle 11e place du Québécois Guillaume Boivin chez SpiderTech. Enfermé dans le sprint, il n'a pu donner sa pleine mesure mais il était là pour le sprint final et c'est déjà une réussite. Martin Gilbert, Kevin Lacombe, Hugo Houle ainsi que Dominique Rollin ont aussi complété l'épreuve que David Veilleux a abandonné, victime de plusieurs incidents. 

Les enseignements du week-end

Plusieurs choses à retenir:

1 – la bonne condition de Tom Boonen. Manifestement, il faudra compter avec lui cette année encore sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

2 – l'absence des BMC. Mais ils ont encore 4 semaines devant eux pour peaufiner leur condition physique ainsi que leur synchronisme.

3 – les bons résultats de la FDJ, l'équipe de Dominique Rollin. Matthieu Ladagnous termine 8e samedi, Hutarovitch et Demare respectivement 2e et 4e dimanche, Rollin dans le coup, l'équipe de Marc Madiot me semble très bien à l'approche des grands rendez-vous du printemps !

4 – la présence de l'équipe Sky. Assurément une des grandes formations du peloton 2012. Flecha 3e samedi, Cavendish qui gagne dimanche, et Boasson Hagen qui sera là sur les Classiques plus tard. Aie. De quoi donner du fil à retordre aux BMC!

5 – un Guillaume Boivin de retour. Après une saison 2011 loupée, le jeune Québécois semble revenir à son meilleur niveau. L'équipe SpiderTech pourra vraisemblablement compter sur lui dans les prochains rendez-vous. Ce qui serait bien, c'est que Guillaume en accroche une dans les prochaines semaines, question de bien se mettre en confiance.

D'autres résultats de course

Tour de Langkawi: pour l'instant, l'Américain Zabriskie domine le classement général. Mais rien n'est encore joué! Le grimpeur de poche Jose Rujano n'est pas très loin au classement et une sérieuse menace à l'approche d'étapes difficiles.

GP de Lugano: victoire de Capecchi (Liquigas) devant Cunego et Battaglin. Maxime Bouet et Nicolas Roche respectivement 12e et 13e. 

Classica de Almeria: victoire de Michael Matthews (Rabobank). Bozic est 2e. Et encore des coureurs français dans les 10 premiers de cette classique, comme des autres!

67e Omloop Het Nieuwsblad

Après trois jours loin de toute civilisation, retour au service normal sur La Flamme Rouge.

1 – début de la saison des Classiques dans le nord de la Belgique samedi avec la présentation de la 67e édition du Omloop Het Nieuwsblad (le nom est imprononçable!) à Gand. Jusqu'en 2008, cette course était tout simplement le Het Volk.

Remportée l'an dernier par Sebastian Langeveld, la course reprend plusieurs monts du Tour des Flandres, disputé dans un gros mois. Les favoris cette année sont Tom Boonen, Andrei Griepel, Bjorn Leukemans, Stijn Devolder, Fabian Cancellara, Thor Hushovd et Juan Antonio Flecha. Edvald Boasson Hagen manquera la course, au prise avec un bon rhume.

En préambule, et à ne pas manquer, cet excellent photo-reportage de la reconnaissance effectuée hier par l'équipe Lotto-Belisol

2 – en 9 minutes, présentation du matos utilisé par une grande partie des équipes pro cette saison. Cette année, je trouve la bonneterie bien fade et mon ensemble favori est celui de la petite équipe VC La Pomme-Marseille.

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