Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 147 of 352

Le Tour de l’actualité

1 – GP de Montréal: victoire de Lars Petter Nordhaug devant Moreno Moser et Alexander Kolobnev dans une course au scénario similaire à celui de l’an dernier.

C’est en effet dans les 5 derniers kilomètres que la course s’est jouée, après la dernière difficulté de la côte Polytechnique. Sur Edouard Montpetit, tout le monde se regardait un peu et la victoire est allée à ceux qui ont osé prendre l’initiative: l’an dernier c’était Costa, Fedrigo et Denifl, cette année ce fut Moser, Kolobnev et Nordhaug.

Il y a des enseignements à tirer en prévision de la course l’an prochain! On dirait bien que tout le monde court après tout le monde tant qu’il y a des difficultés; une fois celles-ci terminées, tout le monde se regarde de nouveau et la dernière section, roulante, permet à quelques coureurs de souvent résister au retour du peloton.

Celui qui m’a le plus impressionné est sans conteste Moreno Moser, un jeune coureur italien issu d’une famille célèbre de cyclistes professionnels dont le plus connu est évidemment « Il Checo », Francesco Moser, notamment triple vainqueur de Paris-Roubaix et aussi vainqueur du Giro (dans la contreverse il est vrai, c’est certainement Laurent Fignon qui aurait dû gagner ce Giro 1984). Attention à ce jeune Moser, déjà vainqueur cette année du Tour de Pologne: c’est probablement un futur grand du cyclisme transalpin.

Quoi qu’il en soit, belle performance également de David Veilleux qui aura eu le mérite d’essayer de s’échapper dans la dernière ascension de Camilien Houde. Il est probablement parti un peu trop tôt et une attaque sur Côte-des-Neiges, pour surprendre tout le monde, aurait peut-être eu davantage de chance de fonctionner. Ryder Hesjedal a également été vu à son avantage dans le final, mais il lui aura notamment manqué un équipier.

2 – GP de Montréal bis: ce n’est peut-être qu’une impression, mais j’ai cru voir nettement moins de spectateurs que l’an dernier sur les derniers hectomètres de la montée Camilien Houde. En 2010 et 2011, trois rangées de spectateurs bordaient la route; cette année, j’ai cru voir à la télé des espaces de libre, et seulement une rangée éparse de spectateurs. Quelqu’un sur le circuit peut confirmer? La présence de spectateurs sur le parcours aurait-elle été moindre cette année?

3 – GP de Montréal encore: couverture télé à TVA. Au secours! Ou plutôt, « oh la la ». Insupportable, ce commentateur Randy Ferguson était carrément insupportable, du moins pour mes oreilles. Je me suis beaucoup ennuyé de Dominique Perras, passé chez RDS…

4 – Victoire d’Alberto Contador sur la Vuelta après une 20e étape difficile avant-hier ou il s’est fait décroché par Rodriguez dans les tous derniers kms de la montée vers Bola del Mundo. Les images de la foule, de la pente étaient assez spectaculaires encore une fois.

Par cette victoire au général, Contador se replace comme un des grands coureurs cyclistes du moment et se désigne un des favoris du Tour 2013. Il sauve sa saison, mais surtout sa réputation. La question: sera-t-il des Mondiaux dans deux semaines?

L’autre enseignement de cette Vuelta, c’est l’arrivée de Degenkolb comme un très grand sprinter: 5 victoires d’étape! Celui-là, il sera l’un des favoris pour les sprints du prochain Tour de France et il se pose comme un des principaux challengers de Mark Cavendish en 2013.

5 – Dominique Rollin. Le Québécois termine cette Vuelta après avoir quasiment terminé le Giro en mai dernier, bouclant pour ainsi dire deux grands tours dans sa saison, excusez-un-peu. De quoi lui donner une caisse plus importante encore. J’espère de tout coeur que cette charge de travail saura lui être bénéfique en vue de la saison 2013 ou une grande victoire serait bien méritée.

6 – Mondiaux aux Pays-Bas: outre Philippe Gilbert, il faudra probablement compter avec Tom Boonen qui vient de remporter la Classique Paris-Bruxelles. Selon le dicton populaire « abondance de biens nuit » et le sélectionneur belge aura bien du mal à faire cohabiter Gilbert et Boonen au sein de l’équipe de Belgique, les deux voulant probablement jouer la gagne sur ces Mondiaux. Boonen accepterait-il de se mettre au service de Gilbert qui a davantage besoin que lui d’une victoire? L’approche intelligente serait de laisser à Gilbert la chance de jouer sa carte personnelle dans une échappée dans le final et de garder Boonen en cas d’une arrivée au sprint au sein d’un petit groupe.

Beaucoup de nouvelles…

1 – GP de Québec. Après Robert Gesink l’an dernier, c’est Peter Sagan qui, hier, s’est cassé les dents sur ce difficile dernier kilomètre du GP de Québec.

En haut de la côte des Glacis, dernière difficulté du jour, je croyais bien que Sagan, parti à la chasse de Gerrans et Van Avermaet devant, avait course gagnée. Il s’est rapproché à quelques longueurs de vélo seulement des deux leaders à environ 1,2 kms de la ligne, pour faiblir ensuite puis se rapprocher de nouveau aux 500m. Il a finalement craqué dans les 400 derniers mètres. Le tempo rapide de la course et ce, dès le départ, a peut-être surpris plusieurs coureurs dans le final!

La victoire est donc revenue à Gerrans, qui connaît une très belle saison: champion d’Australie, vainqueur du Tour Down Under puis de Milan San Remo au printemps, il est revenu en force depuis un mois et sera assurément un favori aux prochains Mondiaux aux Pays-Bas. Le parcours de Québec convenait parfaitement au puncheur australien qui peut générer beaucoup de watts sur une brève période de temps.

Greg Van Avermaet termine 2e et Rui Costa, vainqueur l’an dernier du GP de Montréal, 3e. Attention à ce dernier dimanche dans les rues de Montréal!

Les Canadiens

Superbe course! Après s’être complètement loupés l’an dernier, les SpiderTech se sont bien repris cette fois-ci et ont montré le maillot grâce à Euser et Houle dans la longue échappée du jour. Le travail a été terminé par François Parisien, auteur d’une excellente 10e place qui fait plaisir lorsqu’on connaît les problèmes physiques du coureur en début de saison. Bravo donc aux SpiderTech pour une performance d’ensemble qui va certainement aider Steve Bauer dans sa recherche de partenaires financiers importants, question d’essayer de passer en World Tour dans les prochaines années.

Une mention toute spéciale à Bruno Langlois, un coureur que j’adore pour son tempérament agressif. Je crois bien que je n’ai jamais vu ce coureur prendre le départ d’une course sans tenter quelque chose. Langlois s’est échappé dans le final pour l’équipe canadienne avec Chris Anker Sorensen, et il fallait de la force pour le faire à ce moment. Chapeau bien bas.

Enfin, Ryder Hesjedal a craqué dans le final, mais c’était prévisible puisqu’il est actuellement à court de compétition.

2 – En marge du GP de Québec, ce reportage sur le cyclisme canadien publié par le site Vélochrono. Serge Arsenault, promoteur des GP, et moi y parlons du développement du cyclisme de ce côté-ci de l’Atlantique.

3 – Vuelta. Deuxième victoire d’étape pour Philippe Gilbert, qui est en train de sauver sa saison. Attention, il sera très certainement LE grand favori des prochains Mondiaux aux Pays-Bas, sur un parcours qui lui conviendra à merveille.

4 – Affaire Armstrong. L’Illustré, un magazine suisse, publie un dossier intitulé « Dopage: les preuves de l’imposture » en collaboration avec Antoine Vayer. Le dossier complet est disponible ici: Sujet dopage. Il faut le lire car Antoine Vayer sait de quoi il parle. S’il maitrise avec brio l’art de la formule-choc et qu’il se veut provocateur pour stimuler les réactions, ses propos doivent être pris au sérieux, n’en déplaise à l’UCI. Chiffres à l’appui, Vayer nous illustre les performances « surhumaines » de Lance Armstrong durant sa carrière. À quand l’utilisation des mesures de puissance comme outil de lutte contre le dopage?

5 – Comme prévu, il est probable que l’UCI ne fasse pas appel des sanctions appelées par l’USADA à l’encontre de Lance Armstrong, convaincu de dopage et ce, durant toute sa carrière. L’UCI a bien trop peur que la preuve soit rendue publique, révélant des éléments très embarrassants pour elle. Lance Armstrong sera donc lâché par ses amis de l’UCI sur ce coup-là. Que voulez-vous, à un moment donné, la solidarité ne tient plus quant il s’agit de sauver sa propre peau…

Chose certaine, la descente d’Armstrong se poursuit: le marathon de Chicago vient de lui interdire le départ, conformément à son banissement à vie prononcé par l’USADA.

6 – L’UCI pourrait introduire un concept « amnistie » dans le cas ou des coureurs pris pour dopage parlait ouvertement de leur expérience, permettant de mieux comprendre les techniques et les réseaux, et permettant surtout de confondre d’autres personnes également impliquées.

C’est évidemment une bonne idée, puisqu’elle pourrait inciter les coureurs à librement parler à l’UCI. Mais pourquoi diable n’y venons-nous que maintenant? Cette idée aurait dû être mise en place il y a des années déjà… C’est bien la preuve que l’UCI ne bouge en matière de dopage qu’au compte-goutte et quant elle y est contraint.

GP de Québec: les favoris

Le GP de Québec, épreuve UCI World Tour, sera disputé demain (départ 11h). Au menu des coureurs, 202 kms soit 16 tours du circuit du Vieux-Québec, un circuit qui comporte deux difficultés, la côte de la Montagne suivi de la côte de la Potasse/des Glacis. C’est un circuit sélectif, usant, créant une importante sélection par l’arrière. Pour preuve, les deux derniers vainqueurs, Thomas Voeckler et Philippe Gilbert, sont deux excellents coureurs.

La météo annoncée est bonne, la course sera donc agréable à regarder sur les bas-côtés de la route.

Le meilleur endroit pour regarder passer les coureurs est à mon avis le haut de la côte des Glacis, juste à l’entrée du Carré d’Youville. C’est à cet endroit que les coureurs sont au taquet et que la sélection s’opère très souvent. La côte de la Montagne n’est pas si difficile que ca puisque les coureurs s’y présentent frais après une récupération sur le boul. Champlain.

À la télé, la course sera retransmise sur le réseau TVA Sport au Québec et sur SportsNet au Canada.

Les favoris

Edvald Boasson Hagen. Le récent vainqueur du GP de Plouay est en forme et peut compter sur une bonne équipe Sky avec lui, notamment Lars Peter Nordhaug et Geraint Thomas. Pour moi, c’est le favori #1.

Peter Sagan. Le jeune prodige slovaque a connu jusqu’ici une saison remarquable, enchainant les grandes victoires. Le parcours de Québec lui convient encore mieux qu’à Montréal, en particulier cette dernière ligne droite en faux-plat ascendant sur la rue St-Louis/Grande Allée. Je ne vois tout simplement personne pour le battre s’il se présente à la flamme rouge en petit comité. Son équipe Liquigas me paraît toutefois un peu faible pour être capable de bien contrôler la course.

Ryder Hesjedal. On ne peut l’exclure des favoris, même si Hesjedal est dans l’inconnu, n’ayant pas couru depuis son abandon sur le Tour de France. Dans ce contexte, difficile de prédire s’il aura le rythme de la compétition pour être présent dans le final.

Thomas Voeckler. On ne peut l’exclure lui-aussi, surtout qu’il a gagné la course en 2010. Il dispose d’une bonne équipe Europcar à ses côtés, notamment avec Charteau, Gauthier, Kern et Veilleux.

David Veilleux. Le Québécois joue à domicile et il est en forme, sa victoire sur le Tre Valle Varesine l’ayant prouvé. Une victoire à Québec serait une grande surprise, un grand accomplissement et j’estime qu’il en est capable! Allez David!

Heinrich Haussler. Attention à lui, il a une saison à sauver et a montré des signes de forme récemment. Un Hesjedal pourrait bien cacher un Haussler chez Garmin!

Fabian Wegmann. Lui aussi est en forme et possède une grande expérience des courses en circuit. C’est un coureur pro accompli qui connaît toutes les ficelles du métier.

Rui Costa. Un homme en forme à l’automne, vainqueur du GP de Montréal l’an dernier. L’équipe Movistar sera assurément à son service.

Simon Gerrans. Si sa condition physique actuelle est inconnue, c’est un homme dangereux sur ce genre de parcours sélectif.

Jelle Vanendert. Une saison à sauver lui-aussi, un bon grimpeur qui a montré un bon sens tactique dans le passé. Son équipe Lotto devrait être capable de bien le servir.

Luis Leon Sanchez. Celui-là, il ne faut pas le laisser partir dans les 20 derniers kilomètres! Capable de tout, surtout de se faire oublier pour surgir au moment opportun!

Chris Horner. La saison a été longue pour le coureur américain de 40 ans, mais il possède un bon niveau et a souvent été aux avant-postes ces deux dernières années sur cette course. Avec Zubeldia, King et Gallopin, les RadioShack ont un bon coup à jouer et ils peuvent brouiller les cartes.

Les Canadiens/Québécois

Outre Michael Barry (Sky), Ryder Hesjedal (Garmin) et David Veilleux (Europcar), on note la présence de plusieurs autres coureurs canadiens/québécois sur l’épreuve: chez SpiderTech d’abord, les Guillaume Boivin, Ryan Anderson, Martin Gilbert, Hugo Houle (à surveiller), François Parisien et Ryan Roth. Les organisateurs ont aussi pu inclure une équipe nationale canadienne, ce qui est très bien puisque cela donne l’opportunité à de jeunes coureurs de se frotter à l’élite internationale l’espace d’une ou deux courses. Le Canada sera représenté par Rob Britton, Marsh Cooper (que je ne connais pas), Antoine Duchesne, Nic Hamilton (que je ne connais pas), Bruno Langlois (auteur d’une belle saison en Amérique du Nord), Rémi Pelletier-Roy, Sebastian Salas (un gros moteur) et Charly Vives.

Allez les gars, faut montrer le maillot!

Dominique Rollin (FDJ) est par ailleurs engagé sur la Vuelta et ne sera donc pas des courses World Tour au Québec.

Contador atomise la Vuelta

Celle-là, je vous avoue franchement ne pas l’avoir vu venir!

À 5 jours de l’arrivée à Madrid, alors que tout le monde croyait que Joaquim Rodriguez avait la Vuelta gagnée puisqu’il avait su répondre jusqu’ici à toutes les attaques de Contador voire avait su le distancer sur les derniers mètres des étapes grâce à son punch redoutable, voilà que Contador a renversé la course en remportant l’étape et en s’emparant du maillot amarillo! Le vidéo de l’étape est ici.

Contador s’est imposé au sommet du Fuente Dé en surprenant tout le monde par une course très axée sur l’attaque, après un gros travail de son équipe. Contador est parti à 40 bornes de l’arrivée, dans l’avant-dernière difficulté du jour, rejoignant dans un premier temps deux équipiers s’étant glissé dans un contre, puis partant seul pour escalader la dernière difficulté du jour. Joaquim Rodriguez a semblé dépassé par les événements, incapable d’hausser son niveau pour réagir à la course de mouvement créée par Contador. Rodriguez a également manqué d’équipiers autour de lui pour l’assister dans le sauvetage de son maillot (l’aide de Losada un temps fut très insuffisante!).

On pourra écrire ce qu’on veut sur la façon dont les pros arrivent à de tels niveaux de performance, force est de reconnaître aujourd’hui que Contador a eu du panache et a su prendre l’initiative, des qualités qu’on retrouve de plus en plus rarement au sein du peloton, devenu très calculateur en raison des enjeux financiers présents. En ce sens, cette étape de la Vuelta aura probablement été un des meilleurs jours de course en 2012! En tout cas, Contador m’a fait vibré l’espace de quelques instants avec cette attaque audacieuse, et j’ai cru retrouver un cyclisme des grands raids aujourd’hui disparu.

Bref, Alberto Contador se retrouve désormais leader de la Vuelta avec 4 étapes à faire, dont une seule présente encore un certain danger (la 20e étape et son arrivée au sommet du difficile Bola Del Mundo, samedi). Il possède presque 2 minutes d’avance sur Alejandro Valverde, 2e, et 2min28 sur Rodriguez, 3e. On voit mal comment Contador pourrait être inquiété!

Contador va donc sauver sa saison 2012 et se rétablir comme un des grands patrons du peloton. Plus encore, il se pose, par cette très probable victoire sur la Vuelta, comme un des favoris du Tour de France 2013. La course pourrait être intéressante l’an prochain si on a Wiggins, Froome (qui a sombré hier), Evans, Andy Schleck, Contador, Hesjedal, Rodriguez et Nibali au départ!

Le cyclisme pro, une véritable mafia

É-C-O-E-U-R-É.

Je suis écoeuré du cyclisme professionnel aujourd’hui.

Profondément écoeuré. Tellement que je n’irai pas sur les GP de Québec et Montréal au cours des prochains jours. Je ne désire plus cautionner de quelque façon que ce soit un tel milieu.

Tous ceux qui veulent être des observateurs éclairés du cyclisme n’ont d’autres choix que de lire les déclarations de l’ex-coureur Jorg Jaksche, pris dans l’Affaire Puerto et depuis exclut du peloton pro parce qu’il a osé raconter ce qui se passe vraiment dans le milieu du cyclisme pro. Aujourd’hui, Jorg Jaksche n’a plus de liens avec le cyclisme professionnel, étant étudiant universitaire en économie, et en est donc totalement indépendant, rendant ses déclarations éminemment crédibles.

Les propos de Jaksche sont accablants pour Bjarne Riis, pour l’UCI et pour une grande partie de ceux qui oeuvrent dans le milieu des courses cyclistes professionnelles.

En gros, on y apprend que:

le dopage est bien institutionnalisé au sein des grandes équipes. C’était notamment le cas chez CSC, qui envoyait ses coureurs à Madrid chez le Dr. Fuentes. Les propos de Jaksche sont corroborés par ceux de Johnny Weltz, ancien directeur sportif dans cette équipe et qui avait eu le malheur de poser quelques questions à Bjarne Riis sur les fréquentations madrilènes des coureurs. Et vous avez Bjarne Riis qui, le 1er septembre dernier, déclarait ne pas connaître le Dr. Fuentes! Cela en dit long sur le mépris que porte Bjarne Riis à tous les amateurs de cyclisme et cela en dit long sur son estime des fans qu’il méprise de toute évidence. Pendant combien de temps continuerons-nous de nous faire prendre pour des imbéciles par de tels individus?

– que Jaksche a été exclu de tout le milieu cycliste pro pour avoir trop parlé à la police et à l’UCI. Contrairement à Ivan Basso par exemple, qui « la ferme », Jaksche n’a jamais retrouvé de contrat pro après avoir purgé sa suspension. Cela en dit long sur ceux qui régentent le cyclisme pro.

– que l’UCI n’a strictement rien fait une fois avoir entendu ce qu’avait à dire Jaksche sur les pratiques dopantes dans le milieu. Pour moi, c’est le plus grave et cela témoigne à quel point la priorité de l’UCI est d’abord et avant tout l’image du cyclisme, et non la lutte pour un cyclisme propre. Selon Jaksche, l’UCI est composée de nombreuses personnes à la morale assez douteuse et dont les intérêts premiers sont loin d’être ceux du cyclisme lui-même. Dans ce contexte, le cyclisme n’est qu’un show, rien qu’un show. On est à des années-lumières du premier principe du sport, « que le meilleur gagne ».

– que la neutralité voire la moralité d’un Phil Liggett est douteuse. Ce type jouit pourtant d’une certaine réputation dans le milieu du cyclisme. Il ne faut plus écouter les sornettes de ce triste personnage, tout comme celles de ses acolytes. Il ne s’agit pas de journalisme sportif, il s’agit de propagande visant d’autres buts que celui d’informer le public à propos du déroulement d’une course cycliste.

Enfin, j’aime la conclusion de Jaksche: « demandez-moi qui ne fait pas partie du problème plutôt que ceux qui en font partie. La liste est beaucoup plus courte. » (traduction libre).

Cela confirme ce que j’ai toujours écrit: le cyclisme n’a aucune chance si des gens comme Pat McQuaid (et donc Hein Verbruggen), Bjarne Riis, Johan Bruyneel, Giusseppe Martinelli, Patrick Lefevere, Lance Armstrong, Phil Liggett, et bien d’autres encore, continuent d’oeuvrer de près ou de loin dans le milieu cycliste professionnel.

Je trouve cela terriblement décevant et triste pour des gens comme David Veilleux et d’autres encore qui poursuivent leur rêve de devenir des coureurs pros accomplis, ou de gagner de grandes courses. Décevant, triste et… très inquiétant pour la suite de leur carrière. Il leur faudra être très fort pour résister à ce milieu qui n’est rien d’autre qu’une véritable mafia.

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Affaire Armstrong: les réponses à vos questions

Depuis une semaine, on lit tout et n’importe quoi sur l’Affaire Armstrong. Il y a 7 ans par exemple, c’était la jalousie des Français qui était évoquée pour expliquer le dossier L’Équipe. Plus tard, ce fut l’esprit mercantile de Walsh et Ballester comme explication à leurs livres-enquête L.A. Confidentiel et L.A. Officiel. Ironie du sort, Armstrong est maintenant condamné par l’agence anti-dopage de son propre pays. Du coup, on évoque désormais un « agenda caché » ou une « chasse à la sorcière ». Chaque fois donc, on trouve quelque chose pour délirer.

Je vous propose de tenter de faire le point sur un certain nombre de vos possibles questions. Je ne prétend pas tout savoir des dessous de l’affaire. Néanmoins, je propose mon analyse à votre sens critique, estimant que cette analyse est raisonnable et probablement assez proche de la réalité pragmatique des choses.

Pourquoi l’USADA a-t-elle poursuivi Armstrong pour dopage?

Tout simplement parce que son mandat est de garantir l’intégrité du sport aux États-Unis, comme celui du CCES est de garantir l’intégrité du sport au Canada. L’USADA n’a eu d’autres choix en raison de l’accumulation des preuves et des témoignages de dopage à l’endroit de Lance Armstrong. Devant une telle accumulation, que pouvait-elle faire d’autre? L’inaction aurait été pire encore, on aurait alors reproché à l’USADA de ne pas faire son travail.

L’USADA a-t-elle un agenda caché pour « descendre » Armstrong?

Je ne crois pas. Il est en effet difficile de voir en quoi le procès Armstrong est bénéfique pour l’USADA, qui n’est pas un organisme à but lucratif. L’USADA fait son travail, c’est tout, et elle n’avait d’autre choix que de le faire devant l’accumulation des preuves à l’endroit d’Armstrong. C’est un peu comme le scandale de la construction au Québec: devant l’importance des scandales, le gouvernement n’a eu d’autres choix, à un certain moment, que de mettre sur pied une commission d’enquête.

Pourquoi le gouvernement américain a-t-il mené une enquête avant l’USADA?

Parce que US Postal est une compagnie américaine publique et parce que la constitution des États-Unis interdit à un fonctionnaire (le statut d’Armstrong chez US Postal en quelque sorte puisqu’il était payé à partir de fonds publics) de mentir. Hors, Armstrong niait s’être dopé. Devant l’accumulation des preuves et des témoignages dans le procès entre Armstrong et sa compagnie d’assurance chargée de lui verser des sommes considérables en cas de victoire sur le Tour de France (prémisse à toutes ces enquêtes), le gouvernement n’a eu d’autres choix que de chercher la vérité, étant responsable à l’égard du peuple américain.

Pourquoi Novitsky a-t-il abandonné son enquête fédérale?

C’est une question difficile auquelle on ne peut répondre avec certitude. L’enquête s’est terminée abruptement, laissant croire à une décision politique soudaine d’un supérieur de Novitsky. Il n’est pas impossible (voire probable) que Lance Armstrong et son entourage aient pu influencer une personne ayant le pouvoir de tout stopper. Qui plus est, l’enquête des fédéraux américains visait à prouver qu’Armstrong avait menti au peuple américain, pas qu’il s’était dopé…

Pourquoi Armstrong n’a-t-il pas réussi à stopper l’USADA?

Ce n’est pas faute d’avoir essayé! Armstrong s’y est pris par trois fois, et a été à chaque fois débouté. Il a perdu parce que c’est le mandat de l’USADA que de lutter contre le dopage dans le sport aux États-Unis. Aucun juge, aucun tribunal n’a pu aller contre cela. Armstrong avait même reconnu, plus tôt dans sa carrière, l’autorité de l’USADA en la matière!

Armstrong demeure le meilleur puisque tous ses adversaires étaient aussi dopés que lui.

C’est peu probable. Le dopage n’est pas uniforme dans le peloton professionnel puisque les moyens financiers ne le sont pas. Il est utopique de penser qu’un coureur gagnant 40,000 euros par an dans le peloton pro peut se permettre un programme de dopage aussi sophistiqué que ceux gagnant des centaines de milliers d’euros. Déjà en 1997, Richard Virenque chez Festina consacrait des sommes considérables à son programme de dopage. Les chèques retracés entre Lance Armstrong et Michele Ferrari font aussi état de sommes considérables, de l’ordre d’un demi-million de dollars.

Lance Armstrong a gagné 7 Tours de France car il était dopé, et mieux que les autres. Il n’est pas impossible que la même chose se produise actuellement chez les Sky, l’équipe la plus riche du peloton professionnel actuel.

Armstrong n’a jamais échoué de tests antidopage, donc on ne peut croire l’USADA.

Les contrôles anti-dopage ne prennent qu’une infime proportion des coureurs cyclistes qui se dopent. Le plus souvent, on peut croire que ceux qui sont pris ont commis une erreur. Beaucoup de coureurs pros suspendus pour dopage depuis 15 ans l’ont été à la suite d’enquêtes judiciaires ou d’actions policières: Puerto, Oil for Drugs, etc. Qui plus est, l’USADA aurait les preuves que Lance Armstrong était prévenu d’avance des contrôles, lui permettant de se préparer à les déjouer. Et au pire des cas, lorsqu’un contrôle était positif dans son cas, l’UCI a étouffé l’affaire, comme sur le Tour de Suisse 2001.

D’autre part, les témoignages recueillis à l’endroit d’Armstrong et provenant de ses ex-équipiers sont largement suffisants, sur le plan légal, pour convaincre quelqu’un d’usage de produits dopants. Si les témoignages de Landis et Hamilton n’auraient peut-être pas été suffisants, ceux de Vaughters, de Leipheimer et d’Hincapie ont « bétonné » le dossier.

Lance Armstrong était un grand coureur.

Lance Armstrong était un bon coureur pro, mais pas un grand champion. Le dopage sanguin permet aujourd’hui de convertir un coureur moyen en un super-champion. L’exemple de Bjarne Riis est éloquent à ce sujet. Coureur modeste du peloton, l’EPO a fait de lui le tombeur de Miguel Indurain en 1996, rien de moins! Et je laisse tomber l’équipe Gewiss de 1994…

Il est connu que la VO2 max de Lance Armstrong était moyenne. Ses qualités sportives étaient ailleurs: une tolérance aux lactates peu commune et surtout, un mental de fer, hors norme. L’honnêteté intellectuelle exige de lui reconnaître ces deux dernières qualités.

Sans le dopage, Lance Armstrong aurait fait une carrière honnête, à l’image par exemple de celle d’un Maurizio Fondriest qui possède un beau palmarès sur les courses d’un jour, dont un titre de champion du monde comme Armstrong. Le dopage aura permis à Lance Armstrong de s’élever au rang de super-champion et de flouer des coureurs avec davantage de talent que lui, comme par exemple Jan Ullrich (qui était dopé lui-aussi, bien sûr, mais peut-être pas de la même façon qu’Armstrong, où pas aux mêmes doses). Un peu comme le dopage aura permis à Geneviève Jeanson d’elle aussi s’élever au rang de super-championne, alors que ses qualités physiques initiales étaient plus modestes.

En ce sens, le dopage sanguin est une vraie merde car il peut fausser profondément les hiérarchies génétiques, une chose que le dopage plus classique (non sanguin, celui des années 1980 et avant) ne pouvait pas faire.

L’UCI portera-t-elle les sanctions de l’USADA en appel?

Je pense que c’est peu probable. La preuve accumulée par l’USADA renferme des éléments très embarrassants pour l’UCI, notamment des preuves de contributions monétaires d’Armstrong, voire de protection en cas de contrôle positif. L’UCI sera tentée de porter l’affaire en appel pour protéger  l’image du cyclisme, mais elle prendrait alors un très gros risque, celui de voir toute la preuve étalée au grand jour, et donc des éléments très accablants pour sa propre crédibilité.

Je pense donc que l’UCI « larguera » Armstrong car elle voudra d’abord se protéger elle-même en gardant les preuves dans le domaine privé.

La Fédération Française de Cyclisme a-t-elle raison de demander à Lance Armstrong de lui redonner les prix monétaires gagnés lors des compétitions?

Je crois que oui. L’USADA possède les preuves que les victoires de Lance Armstrong ont été acquises grâce au dopage. Il est donc normal que Lance Armstrong, qui a triché, redonne les primes monétaires de ses victoires, car il n’aurait pas dû les toucher.

Pourquoi revenir si loin en arrière?

Parce qu’il est possible de le faire, tout simplement. Et parce que cela envoie un message fort qui aide la lutte contre le dopage: les tricheurs ne seront jamais tranquilles si on peut revenir en arrière comme on a pu le faire avec le dossier Armstrong, dont une partie non-négligeable repose sur des témoignages de ses ex-équipiers (et ils sont nombreux).

Landis, Hamilton, et les autres ne sont que des menteurs et des jaloux.

La réalité est qu’ils n’ont rien à perdre, puisqu’ils ont déjà tout perdu eux-mêmes dans leurs propres affaires de dopage. Dans ce contexte, ils ont décidé de se libérer la conscience et de parler, brisant ainsi l’omerta tacite du milieu. Ils ont très certainement été encouragés par les aveux de Bjarne Riis et d’autres, tout comme Vaughters récemment. Une vengeance à l’endroit d’Armstrong? Non, je ne crois pas. Encore une fois, la simple nécessité de se soulager la conscience après des années de mensonge prime probablement. Et aussi d’enfin se faire lâcher par ceux qui les poursuivaient sans relâche pour comprendre le « système US Postal ». En parlant, Hamilton, Landis et les autres (dont probablement Hincapie) vont retrouver la paix, la sainte paix.

Il faudrait que la preuve USADA sorte au grand jour.

Je suis bien d’accord! C’est la condition nécessaire pour que l’Affaire Armstrong dépasse le simple cas de ce coureur cycliste. C’est la condition nécessaire à un grand ménage dans le cyclisme. Je crois, encore une fois, que l’UCI ne portera pas la cause en appel car son intérêt est que la preuve demeure privée. L’UCI a trop à perdre dans l’affaire… Mais ce serait tellement bien que Lance Armstrong se mette à table et nous aide à comprendre les années 1990 et 2000, ces années sombres du cyclisme…

Lance Armstrong a donné de l’espoir à des millions de gens.

Vrai et faux. Vrai dans la mesure qu’on ne peut contester qu’il a vaincu le cancer des testicules, un cancer qui, par ailleurs, présente de bonnes statistiques de guérison. Faux lorsqu’il affirme qu’on peut gagner un Tour de France après un cancer. C’est le dopage, un dopage sophistiqué, organisé, institutionnalisé au sein de son équipe, qui lui a permis de réaliser cela. En ce sens, sans le dopage, Armstrong ne serait pas devenu un « héros américain » sur la base d’accomplissements exceptionnels. Mais il aurait pu mettre de l’avant qu’il a réussi à vaincre le cancer, comme d’autres personnes. On ne peut lui enlever cette victoire sur la maladie.

Affaire Armstrong: pourquoi nous sommes tous perdants

Plusieurs penseront que je me réjouis de la chute de Lance Armstrong qui a décidé de ne pas contester les sanctions imposées par l’USADA à son endroit dans le cadre de son procès pour dopage durant sa carrière.

Et bien non.

Car dans l’affaire, nous sommes tous perdants, du moins pour le moment. Il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir.

Lance Armstrong est évidemment perdant. Il est désormais reconnu de dopage durant toute sa carrière. Il perdra probablement ses sept victoires au Tour de France, peu importe ce qu’il en dit. Son image est à jamais ternie, il est désormais reconnu comme un tricheur. Sa fondation en souffrira probablement, mais peut-être pas tout de suite. En attendant, Armstrong s’est placé en mode « damage control » et continue sa manipulation de l’opinion publique, faisant soudainement passé son statut de survivant du cancer à l’avant plan de ses communications, et reléguant son statut de champion cycliste derrière. Il cherche désespérément à garder le contrôle, notamment en essayant de se placer au dessus des lois, ce qui est évidemment insupportable et une preuve que ce type n’a aucun respect pour ses semblables, c’est à dire ses fans, vous et moi.

Lance Armstrong est cependant probablement moins perdant qu’on le croit. Car en acceptant de ne plus se battre contre l’USADA, Armstrong s’est assuré d’une chose fondamentale pour lui: que la preuve demeure privée. Cela lui permet d’entretenir le doute dans l’esprit des gens, ce qu’il s’efforce admirablement de faire durant les derniers jours. Je suis convaincu que les avocats d’Armstrong lui ont conseillé d’accepter la sanction de l’USADA car le plus important, c’est désormais de faire du « damage control » tout en s’assurant que le grand déballage n’aura pas lieu.

L’UCI est également perdante dans l’affaire. Sa crédibilité a été une fois de plus très malmenée dans l’affaire. Se tenant loin au départ, l’UCI a en effet très maladroitement essayé de prendre le contrôle de l’Affaire Armstrong il y a quelques semaines. Et voilà qu’Armstrong la place dans une situation très embarrassante en ne contestant plus l’USADA: l’UCI est désormais la seule à pouvoir contester, devant le Tribunal d’Arbitrage du Sport, la sanction de l’USADA. Bref, en clair, Armstrong a refilé l’épineux dossier à l’UCI. C’est bien joué.

La situation est très délicate pour l’UCI. Si elle conteste l’USADA, elle a beaucoup à perdre. La preuve serait alors rendue publique et l’UCI sait que cette preuve pourrait porter encore davantage atteinte à sa crédibilité, des preuves qu’elle aurait protégé Armstrong pouvant faire surface. Elle sait aussi la preuve solide, donc c’est très risqué que de contester puisqu’on l’accusera assurément de prendre parti pour Lance Armstrong malgré la solidité du dossier.

Je pense donc que l’UCI se taira et acceptera les sanctions, comme Lance Armstrong l’a fait. Cela leur permet de garder la preuve privée, donc de limiter les dégâts et d’entretenir le doute.

L’USADA est également perdante car elle n’a jamais rien eu à gagner dans cette affaire et elle porte atteinte au sport cycliste, bien malgré elle. L’USADA n’a rempli que son mandat qui est de garantir l’intégrité du sport aux États-Unis. Devant les accumulations de preuves de dopage à l’endroit de Lance Armstrong, notamment les déclarations de ses ex-équipiers, elle n’avait d’autres choix que d’instruire cette enquête afin de remplir son mandat.

Enfin, nous sommes tous perdants, nous les fans et le public, car cette affaire risque d’en rester là. En l’absence d’une contestation par l’UCI, la preuve demeurera privée, nous empêchant de connaître les détails du système Armstrong, nous empêchant de comprendre, et donc de donner un grand coup de balai dans le cyclisme. Je suis convaincu que la preuve accumulée par l’USADA, notamment les témoignages, auraient pu nous permettre de bien comprendre comment fonctionne le dopage dans le cyclisme, et donc de condamner d’autres acteurs et de faire avancer la lutte contre le dopage.

Ce sera donc une immense frustration d’une occasion manquée si jamais l’affaire Armstrong en restait là, ce que je crois par ailleurs qu’il va arriver, l’UCI ayant trop à perdre si jamais elle contestait l’USADA. Le dopé et menteur Lance Armstrong va continuer à raconter ses inepties au public pour entretenir sa crédibilité auprès de gens peu au fait de la situation. Johan Bruyneel va continuer d’opérer dans les coulisses des équipes pros. Michele Ferrari continuera de doper des athlètes de divers sports. L’UCI continuera de régenter le cyclisme avec un seul but, préserver son image, peu importe les moyens pris.

Bref, dans toute cette histoire, je ne vois absolument aucune raison de nous réjouir. C’est même d’une tristesse infinie.

Réaction au texte de Pierre Foglia

Comme beaucoup d’autres, Pierre Foglia laisse entendre, dans un récent texte, que comme tous les adversaires d’Armstrong étaient aussi dopés à l’EPO, c’est tout de même le meilleur qui a gagné. Il écrit « Lance Armstrong a triché comme tout le monde« .

Ce raisonnement ne tient pas la route.

Ce que beaucoup de monde ne réalise pas, c’est que d’une part, tout le monde n’était pas dopé. Il faut tout de même le dire et l’écrire, ne serait-ce que par respect pour Christophe Bassons et d’autres encore! Donc Lance Armstrong a bel et bien volé le palmarès de nombreux coureurs intègres, de la même façon que Geneviève Jeanson a volé le palmarès d’autres filles, et notamment de Lyne Bessette.

Il faut ensuite réaliser que le raisonnement de Foglia sous-entend une hypothèse, celle que les dopés sont dopés égal. C’est évidemment faux! Entre un Lance Armstrong multi-millionnaire pouvant s’offrir les cures de préparation de Michele Ferrari et un autre coureur, aussi dopé, pointant 23e du général, il y a un monde de différence dans les produits dopants utilisés! On sait que le programme annuel de dopage de Richard Virenque lui coûtait 300,000 euros en 1997 chez Festina! C’était probablement beaucoup plus encore pour Lance Armstrong.

Bref, il ne faut jamais oublié que sur une ligne de départ d’une course professionnelle, il y a des coureurs non-dopés, il y a des coureurs « un peu » dopés et il y a des coureurs « très dopés » avec les meilleurs produits du moment. L’éthique sépare les non-dopés des autres, le portefeuille sépare les peu dopés des très dopés.

Quelle suite pour moi?

Piste cyclable de Hull à Aylmer, mardi matin 28 août 2012, 6h12 du matin. De retour à la maison. Après la Haute Route, quelle est la suite pour moi? Vers quels nouveaux objectifs?

Haute Route: 7e étape et épilogue

L’étape du jour

La journée a été marquée par une tragédie, tout le reste n’a que peu d’importance. Enrhumé en raison d’un souper sur une terrasse tard le soir à Auron et par un vent soutenu, j’ai connu sur la 7e étape de la Haute Route ma moins bonne journée de l’épreuve.

Sans force, je suis monté comme j’ai pu les trois cols, dont le col de la Couillole qui en aura surpris plus d’un par sa longueur (16 kms) et sa pente (8% en moyenne). L’étape était très longue et j’ai galéré dans le final.

Pas grave au vu du reste… Mon classement final ? Je m’en fous complètement.

Le jour se lève sur Auron, départ d’une étape tragique

Encore une fois, de très beaux paysages dans l’arrière-pays niçois

Mal, j’ai pris le temps de regarder le paysage et de profiter. De nombreux coureurs de la Haute Route ont passé la semaine la tête dans le guidon…

Mon équipier Richard dans le final amène grand plateau. J’ai été incapable de le suivre. Bravo pour cette superbe étape, Richard!

Après l’arrivée, je fais une photo avec Michel Chocol, 2e de l’épreuve et un coureur magnifique, la très grande classe sur un vélo. Et un mec très gentil, très respectueux des autres et très disponible aussi. Après la ligne, on est redescendu à Vence ensemble, en roulottant gentiment.

Quatre Québécois « finisher » de la Haute Route et fiers de l’être! Nous ne savons rien de la tragédie à cet instant.

Emma Pouley, une fille très gentille et formidable: étant professionnelle, elle a tenu à nous informer tous que les prix qu’elle a reçus sur la Haute Route seraient mis aux enchères sur Ebay et que l’argent ainsi recueilli irait à des oeuvres caritatives qui la tiennent à coeur. 

Philip, my Australian mate, avec son équipe après l’arrivée. La bière coulait à flot chez les Australiens, The Angel Descenders!

Dans la roue de Michel Chocol, sur la Promenade des Anglais, nos Champs-Élysées. 

Pascale et Yves sur la Promenade des Anglais. Personne ne savait à ce moment que la chute avait été fatale à un des nôtres.

Martin et moi avons passé une semaine unique ensemble sur la Haute Route.

Voilà, c’est fini.

La dédicace du jour

À tous le personnel impliqué sur la Haute Route. Je tiens à écrire ici que l’organisation de la Haute Route a été irréprochable toute la semaine et n’a négligé aucun aspect, en premier lieu la sécurité. Je tiens à remercier du fond du coeur les milliers de bénévoles présents sur les routes des 7 étapes, sécurisant chaque carrefour pendant des heures au plein soleil. Jamais je n’ai senti ma sécurité en jeu sur la route. Je tiens à l’écrire.

Merci aux motards, de véritables professionnels de l’encadrement de courses cyclistes. À plusieurs reprises, un motard est venu m’ouvrir la route durant une descente, encadrant ainsi les coureurs et garantissant la sécurité. Bravo.

Merci aussi à toutes celles et ceux qui nous ont accueilli chaque jour sur la ligne d’arrivée avec repas chaud, service de garde des vélos, etc. Merci aux bagagistes qui ont convoyé, chacun, pas moins de 50 tonnes de matériel durant la semaine. Sur chaque étape, dans chaque hôtel, j’ai retrouvé rapidement mon sac.

Merci enfin aux organisateurs de la Haute Route. Selon moi, vous n’avez négligé aucun aspect de la sécurité durant l’épreuve et vous ne sauriez en aucun cas être tenus responsables de la tragédie vécue hier sur la route de Nice.

Le vidéo du jour

Le clm de l’Alpe d’Huez.

La 6e étape par delà Vars et la Bonnette. On y voit mes deux équipiers Thierry et Richard parler à la caméra en début d’étape.

Le dernier jour vers Nice.

Carton rouge

Un gros, un très gros carton rouge à 80% du peloton de la Haute Route. Oui, vous, les coureurs (pas tous) qui étiez autour de moi. L’ambiance de la semaine était constamment plombée par une seule perspective, le classement général. Pour tout vous dire, j’ai trouvé l’ambiance moins bonne que celle des réelles courses cyclistes auxquelles je participe au Québec. Mon coéquipier Martin est parfaitement d’accord avec moi sur ce point. Ce fut la guerre sur le vélo durant toute la semaine.

Carton rouge aussi pour vos descentes, souvent totalement insensées. On me reconnaît de bonnes qualités de descendeur: pourtant, je vous ai souvent vu me doubler à des vitesses folles. Très souvent, j’ai refusé de vous suivre et de risquer ma vie. Certes, nul n’est à l’abri d’une erreur: j’en ai commis une moi-même. Il est probable que le décès du coureur soit aussi reliée à une erreur de sa part, la fatigue étant peut-être aussi responsable de cette situation.

Je ne parle pas de cela ici. Je parle de vos descentes incensées ou j’ai vu beaucoup de coureurs prendre des risques totalement inutiles.

Encore hier, dans la descente de Couillole, non, Annie dossard 66, vous n’étiez pas en contrôle de votre descente et vous avez pris des risques totalement insensés pour grapiller quelques places au général. Vous n’étiez absolument pas en contrôle de votre descente et j’ai refusé de vous suivre pour cette raison.

Dans ce contexte, c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu davantage de blessés graves cette semaine…

Trois suggestions

Je me permets trois suggestions à l’attention des organisateurs de la Haute Route en prévision de l’an prochain:

1 – abolir le chronométrage lors des descentes. Les coureurs ne sont tout simplement pas assez raisonnables. Pourquoi ne pas chronométrer que les ascensions? Le système est en place et fonctionnait bien cette année, les temps de chaque ascension ayant été enregistrés. Stoppez le chrono en haut des cols et insistez pour faire comprendre aux coureurs que descendre à tombeau ouvert ou en s’arrêtant prendre une glace n’aura strictement aucun impact sur le classement général. La Marmotte stoppe le chrono dans la descente du Glandon depuis qu’il y a eu un mort à cet endroit et c’est une excellente initiative selon moi.

2 – insistez auprès des villes-étape sur les besoins et l’horaire des coureurs. Risoul et Auron, en particulier, n’étaient pas prêtes à sustenter l’appétit de 600 coureurs débarquant à 19h15 précises dans les restaurants. L’attente fut parfois interminable. Certains restaurateurs ont eu l’honnêteté de s’excuser auprès de nous, évoquant des problèmes de personnel ou de ravitaillement. Certains nous ont avoué être totalement débordés par la situation.

3 – réduisez la durée des briefings chaque soir à 18h. Est-il bien utile de passer toute l’étape en revue? Ca fait des mois que chaque coureur étudie en détail le parcours! Allez à l’essentiel et libérez les coureurs pour maximiser leur temps de récupération. Les briefings étaient vraiment beaucoup trop longs.

Épilogue

Voilà, après des mois à en rêver, à la préparer, à s’entrainer, l’aventure « Haute Route » est terminée pour moi. Cette aventure se termine malheureusement sur une bien mauvaise note et je penserai à ce coureur pour le restant de mes jours. Je ne serai plus le même cycliste non plus.

Je tiens à remercier tous les lecteurs de ce site depuis une dizaine de jours. Merci de m’avoir suivi sur la Haute Route, en espérant que mes reportages vous auront plu. Merci à ceux qui m’ont écrit et laissé des encouragements, ils ont été d’une aide inestimable au cours de la semaine.

Merci aux VéloGessiens pour leur fantastique couverture de ma progression sur cette Haute Route.

La Haute Route est un défi incroyable, une aventure physique et mentale aux frontières de nos capacités. C’est une très difficile et très belle épreuve que je recommande. Si vous vous lancez dans l’aventure au cours des prochaines années, je vous implore cependant de le faire avec conscience et raison. La Haute Route comporte de nombreux dangers que les organisateurs s’efforcent admirablement bien à minimiser. Le plus grand danger, c’est sans aucun doute vous et votre envie de « faire une place » ou « faire un temps » pour impressionner vos petits copains. Sachez résister à cela, votre vie est en jeu.

Retour à la normale sur La Flamme Rouge d’ici deux jours, pour couvrir notamment le Tour d’Espagne ainsi que l’Affaire Armstrong.

La Haute Route endeuillée

Aujourd’hui, il n’y aura aucun reportage sur mon étape de la Haute Route, même si je suis bien arrivé à Nice.

Un peloton a quitté Auron ce matin. Nous sommes arrivés à Nice vers 16h30 cet après-midi.

Tous sauf un.

Il ne verra jamais Nice.

Pontus, notre ami suédois, père de trois enfants, venant de fêter ses 40 ans, nous a quitté pour toujours dans la descente technique des gorges du Cians.

J’ai roulé avec lui sur certaines étapes de la semaine.

My deepest and most sincere sympathies to his wife, his three kids and all his family. One minute of silence was observed tonigh at the last get-together, in memory of him. Many were crying.

I was.

J’écrirai demain sur ce site ce que je pense vraiment de nombreux coureurs de la Haute Route.

Anne-Marie, Aurélie, Lucas, papa rentre à la maison lundi. Pas aussi heureux qu’il aurait aimé l’être.

6e étape de la Haute Route: très bonne journée pour moi!

Je suis épuisé physiquement ce soir! Mort. Dead meat. La Haute Route est vraiment une épreuve très, très difficile. La répétition des efforts tous les jours, les nombreux kilomètres, la chaleur accablante, les pourcentages, tout cela laminent en profondeur. Les abandons sont de plus en plus nombreux, les défaillances physiques aussi, les visages marqués par les efforts des derniers jours. C’est vraiment dur. Vos commentaires ont été d’un secours inestimable pour moi durant toute la semaine. Si faire La Flamme Rouge tous les jours me coute un peu d’énergie, vous m’en donnez autant par vos encouragements et je vous en remercie du fond du coeur.

Pourtant, j’ai connu une excellente journée de course aujourd’hui, par delà Vars, Bonnette (super-difficile, passage du col à 2800m d’altitude!) et montée finale sur Auron dans une chaleur suffocante.

Tout mon organisme est devenu une machine à bruler les calories. Je mange des tonnes de nourriture à présent, et j’ai faim une heure après. Les jambes sont mortes, mais elles ont pris beaucoup de force. Je commence à tirer de bien meilleurs braquets dans les ascensions. Je me surprends moi-même à avoir encore du jus, du jus, toujours du jus. Je mets 1h40 pour grimper la Bonnette aujourd’hui, un temps très correct. Je pense être devenu, au fil de cette course, un cycliste beaucoup plus costaud qu’il y a une semaine.

Je termine donc 125e de l’étape d’aujourd’hui, à 6 minutes d’Yves Lefebvre qui sort une autre belle étape aussi. Félicitations Yves! Yves et moi avons grimpé le premier col du jour, Vars, ensemble et avons entamé la Bonnette ensemble.

124 coureurs finissent tout de même devant moi. De l’avis de tous ceux qui ont participé à l’épreuve en 2011, le niveau général sur la Haute Route 2012 est beaucoup, beaucoup plus relevé que l’an dernier. Un coureur me disait avoir terminé dans les 80 l’an dernier et être maintenant au delà de la… 150 place avec une meilleure condition physique!

Quoi qu’il en soit, j’ai vraiment souffert dans les 10 derniers kms de la Bonnette, très irrégulier. Le dernier km, pour aller chercher la Cime de la Bonnette, a été monté à l’arrachée, 34-27 sans pouvoir m’asseoir sur la selle. À 2800m d’altitude, je cherchais mon souffle et j’avais très mal aux poumons, asphyxié par l’effort.

Grosse frayeur aussi dans la descente faite à fond, comme d’hab. Je suis arrivé trop vite dans un lacet qui m’a surpris, gros freinage, la roue arrière qui se bloque et tout le vélo part à la dérape. J’ai miraculeusement évité la chute et repris le contrôle du vélo in extremis pour éviter une bagnole qui montait en sens inverse. Ca m’a calmé pour la suite de la descente!

Chose certaine, la Haute Route se mérite et je voudrai désormais qu’on m’enterre (pas tout de suite bien sûr!) avec le maillot officiel de l’épreuve! Il y a des tonnes de sueur là dedans, d’efforts, de courage, de force du mental, bref, c’est vraiment une épreuve extrême. Mais une très belle épreuve aussi: voir les images plus bas.

Et demain, la dernière étape vers Nice, 170 kms et trois cols, le difficile col de la Couillole, suivi de deux petits cols, St-Raphael et Vence où le chronométrage officiel s’arrêtera.

Le jour se lève sur Risoul

Martin et Patrick au départ

Dave Jetz, premier Canadien classé du général, et Carrie Tuck arrivent au départ

Pascale et Yves sur la ligne de départ à Risoul ce matin, ready to go!

Mon ami Gabriele, l’Italien rencontré en début d’épreuve, prêt à en découdre. La Haute Route est une véritable course, c’est la guerre tous les jours et personne ne fait de cadeau. Ca relance dès que la pente diminue, ca descend à bloc, les vallées sont franchies au pace de course, quel niveau!

Michel Chocol (BMC) sur la ligne. Il sera sur le podium demain.

Le peloton de la Haute Route sur la ligne, prêt à partir pour une autre grosse journée

Le service médical de la course, excellent. La 3e du général chez les femmes s’est effondrée sur la ligne d’arrivée du chrono de l’Alpe d’Huez et n’a pu repartir.

Départ en convoi, question de ne pas prendre en risque en descente. Nous avons l’obligation de suivre les motos qui régulent la vitesse. On est loin des motards du Québec qui ne connaissent rien au vélo et qui régulent en gardant une vitesse constante, dans les montées comme dans les descentes! Ici, les motards connaissent les cyclistes, roulent doucement en montée, rapidement en descente. Du velours.

Pascale, au pied de Vars, déjà bien dans le rythme

Yves, sur le haut du col de Vars, qu’on a grimpé ensemble à un bon rythme, mais en pouvant discuter

Celle-là, c’est pour Anne-Marie, Aurélie et Lucas: coucou les enfants, papa a le moral et va bien!

Que la montagne est belle! Difficile, mais belle!

Patrick, qui nous a servi un gros relai de 8 bornes jusque Jausiers, pour nous déposer au pied de la Bonnette. Merci Patrick!

 

Sur le haut de la Bonnette, je reprends des équipiers de Chocol qui ont explosé

4 kms du sommet de la Bonnette. Je suis dans le dur, mais je peux encore sourire pour la photo. La météo, très bonne, aide au moral!

Après l’arrivée chaque jour, gros repas de servi pour tous les coureurs qui en ont bien besoin. Des pâtes, du poisson, des salades, c’est copieux et c’est bon!

Incroyable ce que je peux avaler comme nourriture! Et j’ai de nouveau faim une heure après. Dément.

Iron Papy à l’arrivée. Mérite bien son titre!

La photo officielle de Team de Lux, mon équipe sur cette Haute Route, prise aujourd’hui à Auron. L’ambiance est super. De gauche à droite, Thierry, Richard, Liz, Laurent, Martin et Thierry. Merci les gars et la fille, vous êtes formidables!

Le vidéo du jour

Ou plutôt celui d’hier. Ne le manquez pas: on y voit brièvement Yves et Pascale au départ! C’est très bien fait aussi, très poignant et l’arrivée d’un couple à Risoul reflète bien les émotions que l’on vit ici sur l’épreuve.

La dédicace du jour

À tous mes amis! Je ne peux tous les nommer, mais je souligne tout de même François, Éric, Yves, Jacques et Gisèle, et bien d’autres encore!

La rencontre du jour

Dossard 95, Thierry Méano. On a fait la Bonnette et tout le final de l’étape ensemble à très bon rythme, on a souffert ensemble dans la Bonnette pour se relayer pour lutter contre le vent de face, on a monté Auron au courage ensemble, on s’est soutenu moralement dans les coups de mou, et on s’est embrassé sur la ligne! Merci Thierry!

Thierry: regarde Laurent, la cime de la Bonnette là-haut. Allez, on y est presque!

À l’arrivée

L’étape de demain

Auron-Nice, 175 bornes dont 60 de neutralisés (30 au départ, 30 à l’arrivée). Trois cols, mais des cols à ce stade-ci, amenez en en masse, je suis capable!

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