Soir de première hier à Drummondville.
La « bataille de la 55 » est lancée!!
Et déjà, quatre équipes majeures au Québec qui se sont tirées la bourre toute la soirée, pour placer chacune un homme aux 4 premières places.
La victoire au sprint au sein d’une échappée de cinq coureurs partie à mi-course est revenue à Hendrik Pineda de l’équipe Cannondale-Échelon. Hendrik est reparti avec le maillot jaune de leader du classement général (une commandite de Castelli et l’Agence Marco Daigle) et aura à le défendre jeudi soir prochain à Sherbrooke lors de la 2e manche (message subliminal à mon ami Alain Cadorette…).
L’équipe sherbrookoise Siboire-GFT s’est aussi positionnée au général avec la belle 2e place de Maxime Turcotte, très volontaire durant toute la course, et très bien appuyé par ses co-équipiers qui ont parfaitement joué la course d’équipe.
Les 3e et 4e places sont revenues à Mathieu Gabriel (Premier Tech Endo Lévis) et Mathias Letendre (Studio Vélo), eux aussi présents avec des co-équipiers. La course tactique par équipe hier était belle à voir!!
Ces quatre équipes se retrouveront j’en suis sûr sur les 7 prochains critériums pour se disputer les bourses de 200$ à chaque course, puis de 600$ (classement général individuel) et de 800$ (classement général par équipe) au terme de la série.
Erratum!
Les résultats et photos du podium étaient basés sur des résultats provisoires. Après une compilation minutieuse des résultats à l’arrivée mais aussi des sprints intermédiaires, il appert que c’est… Mathieu Gabriel, de l’équipe Premier Tech, qui porte le maillot jaune de leader. Maxime Turcotte est deuxième.
La nouvelle photo est ici, ci-bas !! (merci Jonathan et photoshop!)
Yves Landry et Jules Béland, ambassadeurs de marque
L’excellente soirée d’hier a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités, dont notamment les parents d’Hugo Houle, qui soutient la série (le vidéo très récent d’Hugo est disponible sur la page Facebook du Siboire-GFT). L’infatiguable André Lamarche, grand organisateur d’événements cyclistes s’il en est, était ravi, surtout en présence de sa fille Caroline. Well done André!
Le départ de la course Open a également pu être donné en présence de deux légendes du cyclisme québécois, Yves Landry et Jules Béland (sur la photo ci-bas avec Rudy Landry, fils de Yves et commanditaire principal de la série avec sa compagnie GFT), tous deux membres du Temple de la renommée du cyclisme québécois et membre de l’équipe canadienne ayant pris part à la course sur route et au 100km contre-la-montre par équipe des Jeux Olympiques de Mexico.
Les gars sont en shape, je peux vous le confirmer! Jules avait fait 110 bornes la veille (à 75 ans!), et s’en désolait: il avait prévu faire 150 kms, mais les contraintes de temps l’ont obligé à écourter…
Ca été pour moi l’occasion d’une petite entrevue afin de revenir sur leurs carrières exceptionnelles.
LFR: Yves, Jules, adversaires à une époque, amis aujourd’hui?
Yves Landry: certainement Laurent! Ca me fait toujours plaisir de revoir Jules et de le voir impliqué dans le cyclisme comme il le fait.
Jules Béland: On ne s’est pas fait de cadeaux à une époque, mais la compétition c’est ca. On avait bien des points communs par ailleurs. Yves était toujours aux avants-postes des courses, dans les 3-4 premiers, et moi je ne lâchais jamais le morceau facilement!
LFR: Yves, on te surnommait « L’impérial grimpeur »…
Jules: Je coupe Yves pour te confirmer Laurent qu’il était tout un grimpeur. Mettons que ca paraissait qu’il venait de Québec!
Yves: Mais zéro sprinter par contre. J’ai seulement gagné deux courses au sprint dans ma vie, c’est tout. Je gagnais toujours tout seul, en solo.
LFR: et toi Jules?
Jules: moi, j’étais plus rouleur.
Yves: Jules, sur les circuits fermés, c’était toujours pareil: il partait fort, puis il prenait un tour sur tout le monde! Moi, ca me prenait plus de temps pour partir, et quand j’étais à 100%, souvent il était trop tard pour que je rattrape Jules devant.
Jules: je m’échappais souvent après un premier sprint intermédiaire, je ne me relevais pas.
LFR: Fin des années 1960, on lit qu’il y avait souvent 10, voire 15 000 spectateurs aux courses. Vraiment?
Yves: Oui, c’était ca Laurent. Surtout sur les critériums, les courses sur circuit. On voyait souvent 3, 4 rangées de spectateurs sur le bord de la route, notamment à l’Omnium Cornelli, beaucoup d’Italiens. L’ambiance était folle.
Jules: C’était des grosses courses oui, notamment la Madona di Pompei, le GP de St-Leonard, etc. Ca donnait de l’énergie.
LFR: Et le peloton était relevé, avec notamment Marinoni, Battelo (en 1966), Mecco, Tremblay, etc.
Yves: Oui Laurent, on bataillait fort. Giusseppe Marinoni arrivait d’Italie, il était un des hommes à battre et un dur à cuire. Des coureurs ontariens ou américains venaient même courir au Québec parce que la compétition était plus forte ici.
LFR: Il y avait en tout cas beaucoup de courses par étape à l’époque : Tour de la Nouvelle-France, Tour du lac St-Jean, GP cycliste Labatt de Chambord, etc.
Jules: Oui, il y en avait beaucoup, c’était une autre époque. Je suppose que c’était plus facile d’organiser des courses par étape à l’époque qu’aujourd’hui.
LFR: Vous abandonnez tous les deux Montréal-Québec 1968, l’année de votre sélection aux Jeux Olympiques. Que s’est-il passé?
Jules: J’étais devant! J’étais sûr de gagner, j’avais une belle avance sauf que j’avais mis de la nouvelle poudre énergétique dans mes bidons et pas très loin de l’arrivée, j’ai eu des gros problèmes intestinaux. Je t’épargne les détails! Ma pire galère sur un vélo.
Yves: On arrivait aussi de notre camp d’entrainement en altitude à Font Romeu en France et moi, surprise, je marchais pas du tout sur ce Montréal-Québec, j’ai carrément manqué d’énergie à la fin de la course. Ca donnait rien d’insister compte tenu des gros objectifs qui arrivaient.
LFR: Font Romeu en altitude?
Yves: Oui, car les Olympiques à Mexico faisaient peur à tout le monde à cause de l’altitude. Personne ne connaissait vraiment les liens entre entrainement, compétition et altitude, on entendait toute sorte d’affaire dont rien de moins que des risques de décès. Alors on est allé à Font Romeu pour se préparer, mais on ne connaissait pas vraiment comment faire. On a monté et descendu des cols pendant des jours, et on dormait là-haut, c’est à peu près ca.
LFR: Comment s’est passé votre 100kms contre-la-montre par équipe?
Jules: Je m’en rappelle, ca s’est mal passé! Rapidement, Yves et moi nous sommes retrouvés juste tous les deux, nos deux autres coéquipiers incapables de suivre notre rythme. On a terminé ensemble Yves et moi, mais l’équipe canadienne n’a pas bien fait car le troisième homme sur lequel était pris le temps de l’équipe était loin derrière nous. Un moment à oublier.
LFR: Et un beau moment de votre carrière?
Yves: Probablement les Jeux Panaméricains à Winnipeg en 1967, parce que je termine 6e, Jules 9e, pis on avait aidé notre coéquipier Marcel Roy qui a gagné la course. Trois québécois dans les 10 premiers ce jour-là!
Jules: Oui, bien fier de cela, et pour la joke ils m’ont envoyé la bourse d’Yves pour la 6e place, et Yves a reçu la mienne pour la 9e place… on a réglé ca après!
LFR: Comment étaient équipés vos vélos côté braquets et roues?
Yves: On roulait avec des boyaux bien sûr, et on avait 52-44 à l’avant bien souvent, parfois 53-44, et cinq pignons à l’arrière, du 13-17 et en montagne du 13-23, c’est tout. On montait tout, notamment les côtes de Charlevoix, sur 44-23. Les cadres étaient des tubes Reynolds, en acier. Mon premier cadre est venu d’Italie, 215$ transport inclus pour un cadre de course!
LFR: Messieurs, un plaisir, en espérant vous revoir pour la 2e (Sherbrooke) et 3e (Drummondville) manches de notre série de critériums GFT ces deux prochaines semaines, on va avoir une belle compétition.
Michel
Merci Laurent pour ta description du critérium. Une belle initiative André Lamarche et son fils.
Yves et Jules mon rappeler des souvenirs des années 60 quand tous jeune j’allais voir les courses italiennes comme on les appelait à l’époque. Madona di Pompéi , la course à St-Léonard et l’arrivée de Québec-Montréal sur le blé Pie IX à Mtl-Nord.
André Lamarche
Merci Laurent de ta présence comme animateur, c’était très dynamique et les gens ont apprécié. Merci à GFT et Rudy Landry qui a pensé à réunir son père Yves, et Jules pour ce retour sur les Batailles de la 55 du temps. Je peux comprendre que Jules devait être un dur à cuire dans les courses car encore aujourd’hui il est infatigable sur 2 roues et avec sa présence aux évènements régionaux.
Gillou
Ah les vieux routiers….
laurent, rien à dire sur Derek Gee ? À mon avis, c’est des coureurs comme lui qui ont rendu le Giro interessant, sinon le C.G…plate en ‘ta !