Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : avril 2016

Ce qui fait les grandes équipes

Pour diverses raisons, je me suis intéressé récemment à ce qui fait les grandes équipes sportives. Le cyclisme étant un sport d’équipe, particulièrement aux échelons supérieurs, petit tour d’horizon des caractéristiques d’une grande équipe.

Vision commune

Une grande équipe possède une vision commune. Il s’agit habituellement d’un objectif clair,  simple à exprimer et à relativement court terme, qui peut donc être facilement compris de tous les joueurs. Ce qui signifie que la question constitutive d’une équipe est la suivante: quel est le but de l’équipe cette saison?

Sentiment d’appartenance

Les membres d’une grande équipe sentent qu’ils appartiennent à un tout plus grand que leur propre individualité. Autrement dit, que sans leur équipe, sans leurs partenaires dans le sport qu’ils pratiquent, ils ne pourraient atteindre un niveau de performance aussi haut. Des dimensions comme l’esprit d’équipe, l’émulation entre les membres et l’adhésion à la vision commune, donc l’engagement, sont ici des dimensions fondamentales de ce sentiment d’appartenance.

Communication

Trait commun de toutes les grandes équipes, une communication efficace. Les grandes équipes savent très bien communiquer, et chaque membre de l’équipe prend activement part dans cette communication. Cette communication peut s’exprimer, d’un individu à l’autre, de diverses façons bien sûr, mais il est capital que l’information circule. Sans une communication efficace, l’équipe ne pourra pas, par exemple, s’améliorer notamment via l’apprentissage suite aux erreurs.

Des rôles clairs

Au sein des grandes équipes, les rôles sont clairs: chaque membre connait sa valeur ajoutée, connait la dimension qu’il peut et doit apporter à l’équipe. En cyclisme, cela veut dire que chaque membre doit savoir, compte tenu de ses qualités, ce qu’il peut apporter sur le terrain de par ses qualités de grimpeur, rouleur, puncheur, baroudeur, voire de simple équipier, mais aussi en dehors du terrain, par sa personnalité (un personne plus extravertie pourra détendre l’atmosphère dans les moments opportuns par des blagues, une personne plus introvertie pourra refocusser l’équipe dans les moments importants par exemple).

Leadership

Les grandes équipes ont généralement de grands leaders, ce ou ces leaders n’étant pas forcément le ou les membres les plus talentueux mais plutôt le ou les personne(s) capable(s) de renforcer régulièrement la vision commune, et d’exalter l’engagement de chacun des membres de l’équipe. Les grands leaders ont principalement trois grandes qualités qui reviennent: du courage, de la constance dans l’effort et de l’attention envers les autres.

Diversité des aptitudes

Les grandes équipes présentent une combinaison d’aptitudes complémentaires, rendant le tout plus fort que chacune des individualités prises indépendamment. Il faut l’union de talents divers pour faire une grande équipe, et c’est aussi vrai en cyclisme. En ce sens, chacun peut apporter sa contribution, quelles que soient à la base ses qualités.

Appréciation

Les membres d’une grande équipe sont capables de s’apprécier mutuellement, créant une attitude positive d’émulation et d’encouragement au sein de la formation. Cette appréciation est notamment un ingrédient fondamental pour bâtir la confiance de ses membres, une confiance par ailleurs indispensable pour qu’une équipe réussisse à atteindre ses objectifs.

Sur ces bases, on peut par exemple se demander pourquoi l’équipe belge Etixx est passée à côté, sur les Flandriennes, d’une grande victoire? Possible réponse, la définition de rôles clairs pour chacun de ses membres n’a peut-être pas été optimale chaque fois. Les rôles de chacun ont-ils toujours été très clairs, entre Boonen, Stybar, Terpstra voire Vandenbergh dans le final des courses?  De même, l’engagement était-il adéquat?

Ces bases pourront également alimenter vos réflexions si vous faites partie, comme moi, d’une équipe cycliste à la veille de la reprise des courses sur route au Québec.

Je termine par ces quelques citations liées à ce thème, qui reviennent souvent sur Internet comme dans les livres et qui pourront également vous apparaitre inspirantes:

« Il y a plus de courage que de talent dans la plupart des réussites. » Félix Leclerc

« Ce n’est pas le fait de porter le même maillot qui fait une équipe, c’est de transpirer ensemble. » Aimé Jacquet

« Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez » – Albert Schweitzer

« Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite » – Henry Ford

Le Tour de l’actualité

1 – Backstage Pass. Ne manquez pas le vidéo sur Paris-Roubaix de l’équipe Orica-GreenEdge: c’est poignant, émotions garanties! On réalise également, avec ce vidéo, que Matthew Hayman est un sacré beau vainqueur de Paris-Roubaix, et de nombreux coureurs – dont je suis – pourront trouver de belles inspirations dans ce vidéo: « Always keep riding » et aussi « special things happen on special teams »… Well done Mate!

2 – France Télévision. Pour la première fois, France Télévision a retransmis Paris-Roubaix dans son intégralité dimanche, du km 0 à l’arrivée. On estime que 1,6 million de téléspectateurs étaient devant leur écran, avec un pic à 3,6 millions dans le final. Impressionnant! Malgré les affaires, le cyclisme demeure un sport très populaire et je suis convaincu que le caractère « légende » de certaines courses comme Paris-Roubaix alimente la curiosité des gens.

Rappelons que la télé allemande fera cet été son retour sur la Grande Boucle, Marcel Kittel et John Dekengolb aidant surement.

3 – Follow Fabian. Ces vidéos m’avaient échappé et ils sont très intéressants, si vous vous intéressez à Fabian Cancellara. À travers ces deux vidéos, on le découvre un peu plus, notamment sa passion pour les Classiques.

4 – Yaroslav Popovych. Le cycliste russe, 36 ans, qui a nourri les espoirs les plus fous lorsqu’il était amateur tant on disait son potentiel grand, a pris sa retraite au terme de Paris-Roubaix. Sa reconversion est assurée, il devient directeur sportif dans l’équipe Trek-Segafredo.

Ce type aura passé une partie significative de sa carrière aux côtés de Lance Armstrong et n’a pourtant aucune grosse casserole derrière lui, c’est quand même un peu surprenant. Pour moi, c’est le russe parfait: il ne parle pas, sous aucun prétexte. Même son témoignage dans le cadre de l’enquête fédérale à l’endroit d’Armstrong a été lisse. Il serait surprenant qu’il ait été le seul à ne pas loger à la même enseigne à la belle époque Discovery – Astana – RadioShack…

5 – Redlands Bicycle Classic. La victoire finale revient à un coureur de la région d’Ottawa-Gatineau que je côtoie parfois durant certaines épreuves locales, Matteo Dal-Cin, et on en est très fier! Bravo à lui et son équipe Silber pour cet exploit remarquable, car l’équipe ne l’a pas toujours eu facile durant cette épreuve. Dal-Cin s’est imposé grâce à sa perf sur la dernière étape, dans un final excitant ou tout était dans la balance.

Avec Mike Woods, Matteo Dal-Cin, Derek St-John, et plusieurs autres bien sûr incluant du côté du Québec, notre région d’Ottawa-Gatineau regorge de cyclistes de grande qualité et c’est une chance d’évoluer, de temps en temps, parmi eux.

6 – Cycliste masqué. Beaucoup de commentaires suite à mon texte sur ce nouveau livre et je vous en remercie tous. Vos commentaires ont beaucoup alimenté mes réflexions des derniers jours, c’est dire à quel point notre communauté m’est chère et m’enrichit quotidiennement.

Avec un peu de recul, je tiens, par souci de transparence, vous dire que l’hypothèse selon laquelle le cycliste masqué ne serait pas un individu réel, mais bien une construction d’Antoine Vayer, « collaborateur » au bouquin, m’apparait tout à fait possible. Et ce pour plusieurs raisons: le style d’écriture, d’une part, mais aussi un petit côté « provocateur » d’Antoine. Les réponses du cycliste masqué à ce récent « chat » sur Internet me laissent également croire qu’il peut s’agir d’Antoine tout simplement, reconnaissant parfois un petit côté ironique propre à lui. Ce qui ne limite en rien l’intérêt que ce livre représente pour bien comprendre le peloton professionnel en 2016.

Je continue aussi de croire que 2 ou 3 cyclistes pro présentent un profil qui colle assez bien aux indices inclut dans le livre, donc je ne suis sûr de rien!

7 – Louis Garneau. Intéressante petite entrevue avec Louis Garneau qui parle de la relève pour son entreprise, une entreprise qui pourrait rester familiale et c’est très bien. La sensibilité à la cause cycliste resterait je pense, ce qui est positif pour l’avenir!

8 – Tacx. Avant de vous acheter un Tacx Neo Smart dans les soldes de fin de saison…

9 – Prochaine course d’importance au niveau du cyclisme pro, la Flèche Brabançonne demain.

Hayman: « Je suis désolé d’avoir gagné »!

Sans le savoir, Mathew Hayman résume peut-être ainsi le sentiment de beaucoup de gens, qui auraient plutôt souhaiter voir Tom Boonen entrer dans l’histoire du cyclisme en devenant le seul coureur à remporter cinq Paris-Roubaix.

Tom Boonen la méritait en effet cette victoire, tant il a été volontaire et actif dans les 70 derniers kms de la course (« J’ai roulé pour gagner » a-t-il déclaré à l’arrivée, c’est tout à fait ça). Il a peut-être mal joué son sprint: légèrement enfermé aux 300m, il a choisi de déboiter à droite de Hayman, choisissant du coup un plus long chemin jusqu’à la ligne. Il avait la place pour passer à gauche, et je pense que c’eut été mieux.

Boonen pourra toutefois revenir l’an prochain.

Chose certaine, ce fut un Paris-Roubaix passionnant jusqu’à la toute fin: bien malin qui aurait pu dire le nom du vainqueur à 10 bornes de l’arrivée! Les cinq coureurs échappés – Boonen, Hayman, Stannard, VanMarcke et Boasson Hagen – ont chacun essayé, sans succès, et il était évident qu’ils étaient tous bien rincés dans les derniers hectomètres.

Je pense toutefois que la victoire d’Hayman est celle de l’économie, c’est de loin celui des cinq qui est le moins passé dans le final. Déjà content d’être là avec les quatre autres, il avait en quelque sorte le « droit » de moins passer, les autres coureurs avec lui étant d’une plus grande pointure: à eux d’assumer la responsabilité de la course.

Et puis, Mathew Hayman est un homme de Paris-Roubaix, sa course préférée: il en était hier à sa 15e participation, et il a à chaque fois vu le vélodrome de Roubaix. À 37 ans, c’est aussi une belle récompense qui vient couronner une longue carrière professionnelle passée le plus souvent au service de ses leaders.

C’est le vidéo « Backstage Pass » de l’équipe Orica-GreenEdge sur ce Paris-Roubaix qui sera très intéressant à regarder très prochainement! En attendant, voici celui tourné sur le Tour des Flandres.

On pourra aussi dire que Hayman et Boonen n’ont pas su éviter le retour des trois autres à 1,5km de la ligne, alors que Boonen était revenu sur Hayman qui avait attaqué sur le dernier petit secteur pavé de 300m. Il aurait été plus simple de gérer un sprint à deux plutôt qu’à 5 sur la piste de Roubaix, Boonen affirmant d’ailleurs avoir été gêné, dans les derniers mètres, par VanMarcke sur sa droite.

L’autre crève-coeur du jour, c’est la chute de Fabian Cancellara à 46 kms de l’arrivée, sur un secteur pavé boueux en raison de la pluie durant la nuit précédente. Cancellara n’a pas été blessé sur cette chute, heureusement, et il a tenu à terminer l’épreuve pour saluer, une dernière fois, le public de Roubaix. Un malheur ne venant jamais seul, Spartacus a rechuté durant son tour d’honneur, une fois la ligne franchie, devant tout le monde! Encore une fois, sans conséquence fâcheuse. Fataliste à l’arrivée, il résume bien l’essence de cette course: « Paris-Roubaix, c’est comme ça, c’est vraiment l’Enfer du Nord ».

Peter Sagan se sera lui aussi illustré sur cette édition de Paris-Roubaix, mais différemment: il a réussi à éviter d’aller au tapis sur la chute de Cancellara grâce à un numéro d’équilibriste et grâce à la chance, très certainement.

D’autres n’auront pas eu de chance: Ella Viviani a terminé à l’hosto, percuté par une moto dans la tranchée d’Arenberg. La violence de l’impact est impressionnante.

Une « tabarnak » de course… (Hugo Houle)

Nos coureurs canadiens ont bien fait et ont évité les chutes graves: Antoine Duchesne est le premier d’entre eux à Roubaix, en 58e position. Hugo Houle termine quelques 4 minutes plus tard, en 111e place. Considérant la difficulté de cette course pas faite pour les tendres, c’est excellent. Ryan Anderson a lui aussi rallié le vélodrome, mais hors délai. Enfin, Sven Tuft n’a pas complété l’épreuve.

Hugo Houle passe maintenant en mode recup et reviendra au Québec préparer son prochain grand objectif, le Giro. Antoine Duchesne sera lui aussi en break prochainement, après l’Amstel la semaine prochaine, un break bien mérité après avoir été sur la brèche durant tout le dernier mois, avec à la clé ce beau maillot de meilleur grimpeur sur Paris-Nice.

Tour du Pays Basque

Victoire finale d’Alberto Contador grâce à une grosse perf sur la dernière étape, un chrono de 17 bornes qu’il remporte cinq petites secondes devant Nairo Quintana. Ce chrono est riche en enseignement: la 4e place d’Adam Yates (attention à lui sur les Ardennaises!), la 6e place de Thibault Pinot, la 7e de Rui Costa qui monte en puissance, la 11e de Jurgen Van Den Broeck qu’on avait plus vu à pareille fête depuis un moment, mais aussi la… 46e place de Pierre Rolland, on attendait mieux il me semble s’il a disputé ce chrono à fond (il était 24e au général avant la dernière étape).

Le plus comique, c’est qu’Alberto Contador aurait changé d’avis récemment: il sera de retour dans le peloton en 2017!

Fabian, un autre Paris-Roubaix en 2017, allez! Tu te retires le soir de cette course l’an prochain, ce serait magnifique.

Votre guide de Paris-Roubaix

Alors, flandrienne ou pas flandrienne que Paris-Roubaix?

Pour moi, c’est clair, Paris-Roubaix est la dernière courses de la série des Flandriennes, même si la course ne se déroule pas au coeur des Flandres belges. Flandrienne de part son caractère, ses pavés, ses gens, sa météo souvent capricieuse, et son vent.

On disputera donc ce dimanche la 114e édition de Paris-Roubaix, et son vainqueur succédera à l’Allemand John Dekengolb.

Pour l’histoire, Tom Boonen, au départ dimanche, pourrait, s’il gagne, devenir le recordman de l’épreuve, avec 5 victoires. Un autre belge partage avec lui 4 victoires en carrière, soit M. Paris-Roubaix, Roger de Vlaeminck.

Au menu de Messieurs les coureurs, 257 kms entre Compiègne, au nord de Paris, et le vélodrome de Roubaix. Entre les deux bien sûr, 27 secteurs pavés plus ou moins longs, c’est selon, et plus ou moins difficiles, selon leur état. Autrement dit, n’entre pas qui veut sur le vélodrome de Roubaix et ses célèbres douches!

Voici ces 27 secteurs pavés, tous faisant l’objet d’un tronçon Strava si, un jour, le coeur vous dit d’aller vous essayer pour un KOM:

27. Troisvilles (98.5km – 2,200m) ***
26. Viesly (105km – 1,800m) ***
25. Quievy (107.5km – 3,700m) ****
24. Saint-Python (112.5km – 1,500m) **
23. Vertain (120.5km – 2,300m) ***
22. Capelle (127km – 1,700m) ***
21. Quérénaing – Maing (137.5km – 2,500m) ***
20. Monchaux-sur-Ecaillon (141km – 1,600m) ***
19. Haveluy (154km – 2,500m) ****
18. Trouée d’Arenberg (162km – 2,400m) *****
17. Wallers – Hélesmes (a.k.a. Pont Gibus) (168km – 1,600m) ***
16. Hornaing (175km – 3,700m) ****
15. Warlaing – Brillon (182.5km – 2,400m) ***
14. Tilloy – Sars-et-Rosières (186km – 2,400m) ****
13. Beuvry-la-Forêt – Orchies (192.5km – 1,400m) ***
12. Orchies (197.5km – 1,700m) ***
11. Auchy-lez-Orchies – Bersée (203.5km – 2,700m) ****
10. Mons-en-Pévèle (209km – 3,000m) *****
9. Mérignies – Avelin (215km – 700m) **
8. Pont-Thibaut (218km – 1,400m) ***
7. Templeuve – Moulin de Vertain (224.5km – 500m) **
6. Cysoing – Bourghelles (231km – 1,300m) *** / Bourghelles – Wannehain (233.5km – 1,100m) ***
5. Camphin-en-Pévèle (238km – 1,800m) ****
4. Le Carrefour de l’Arbre (240.5km – 2,100m) *****
3. Gruson (243km – 1,100m) **
2. Hem (249.5km – 1,400m) **
1. Roubaix (256.5km – 300m) *

Les secteurs clef sont évidemment ceux qui sont cotés 5 étoiles: Arenberg, Mons-En-Pévèle, et surtout le Carrefour de l’Arbre, souvent utilisé ces dernières années comme rampe de lancement vers la victoire.

Météo

La météo annoncée dimanche ne devrait pas être si mal pour les coureurs: temps assez ensoleillé avec quelques nuages, environ 12-13 degrés. Un vent d’environ 15 km/h de l’Est est également prévu.

Les favoris

Évidemment, deux coureurs sont donnés largement favoris, soit Peter Sagan, vainqueur du Ronde il y a une semaine, et Fabian Cancellara, 2e à Oudenaarde dimanche dernier.

Les deux sont en grande forme, et gageons que Cancellara ne fera pas deux fois l’erreur de laisser filer Peter Sagan. Revanchard, Spartacus sait aussi qu’il joue une partie de sa saison dimanche: s’il gagne, c’est à quelque part « saison réussie » et les succès suivants pourront être considérés comme du bonus. S’il perd, il restera avec une certaine pression, celle de gagner ailleurs que sur son terrain favori.

Sagan court quant à lui libéré d’une certaine façon: il a déjà gagné.

Outre ces deux là, j’ajoute un 3e grand favori, Sep VanMarcke. Troisième le week-end dernier, sa forme est ascendante et je pense qu’il pourra bénéficier d’un effet surprise dimanche. Attention à lui!

Les outsiders

Ils sont nombreux! D’abord les Sky avec Luke Rowe et Ian Stannard, ce dernier étant une bête à rouler.

Ensuite les Etixx bien sûr, encore mouchés sur les grandes Classiques cette saison. Si les pavés sont mauvais dimanche, des spécialistes du cyclo-cross comme Stybar ou Terpstra seront redoutables. Évidemment, Tom Boonen ne peut être laissé de côté dans cette courte liste des outsiders. Enfin, les Etixx auront également au départ Tony Martin et Stijn Vandenbergh, donc au total pas moins de 5 coureurs qui peuvent nourrir des ambitions. On ne fait pas mieux!

Lars Boom, lui aussi un ex-spécialiste du cyclo-cross, devra également être surveillé, tout comme Lieuwe Westra dans cette équipe Astana. Ce dernier est en forme en ce moment.

Jens Keukeleire chez Orica pourrait surprendre selon moi, tout comme Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts ou encore Jelle Wallays chez Lotto. Cette équipe a un bon coup à jouer et elle aussi n’a pas gagné beaucoup jusqu’ici sur la scène des Classiques.

Notons enfin bien sûr les sprinters Alexandre Kristoff ou encore Mark Cavendish qui pourraient également bien faire si un petit paquet restait ensemble jusqu’au vélodrome.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, soit Svein Tuft, Hugo Houle, Antoine Duchesne et Ryan Anderson.

À la télé

C’est sur RDS que ça se passera, dimanche matin entre 7 et 11h.

Les à-côtés

D’abord, ce beau photo-reportage sur l’histoire de Paris-Roubaix et ses coureurs évoluant dans des conditions climatiques difficiles. Certaines images sont saisissantes, en particulier celle de Wilfried Peeters sortant d’Arenberg en 2001.

Ensuite ces trois petits vidéos présentant Paris-Roubaix.

La Classique des Appalaches de retour en 2016!

Capture d’écran 2016-04-06 à 17.35.43C’est une bonne nouvelle à la fois pour les coureurs et les cyclosportifs du Québec, et c’est une primeur sur La Flamme Rouge, la 2e en deux jours (!): la Classique des Appalaches sera de retour en 2016!  L’organisation en fera l’annonce officielle lundi le 11 avril prochain.

Le saviez-vous? La Classique des Appalaches se compare avantageusement avec la… Strade Bianche gagnée récemment par nul autre que Fabian Cancellara.

La Classique des Appalaches, c’est un ratio gravier/bitume de 33%, contre 30% pour la Strade Bianche.

La Classique des Appalaches, c’est un dénivelé positif de quelques 2700m, contre  3000m pour la Strade Bianche. Mais comme la Classique est plus courte que la Strade Bianche (135 kms versus 176 kms), le ratio dénivelé/distance est plus élevé sur la Classique des Appalaches! En d’autres termes, les difficultés y sont plus concentrées.

Bref, c’est tout un défi, et c’est ici au Québec. Rien de tel d’ailleurs pour découvrir, si vous êtes d’ailleurs, la Belle Province, ses habitants et ses produits du terroir.

Bloquez déjà votre calendrier: ça sera le 17 septembre prochain, toujours du côté de Victoriaville et sa région.

Élue événement de l’année au mérite cycliste FQSC l’an dernier à la première édition, cette 2e édition n’était pourtant pas gagnée d’avance, et c’est la raison de son annonce tardive: en parlant avec les organisateurs, regroupés au sein d’un organisme à but non-lucratif, j’ai pu mieux comprendre tous les défis qu’impliquent l’organisation d’un tel événement. Dates, sanctions, budget et commanditaires, logistique, sécurité, sans oublier les précieux bénévoles, je vous assure que ce n’est pas toujours simple et qu’il faut une bonne dose de passion, de persévérance et de patience pour mener à bien un événement d’une telle envergure. Au cours des derniers mois, alors que la 2e édition était dans la balance, l’équipe a cependant pu bénéficier du soutien indéfectible de la MRC d’Arthabaska (au total, ce sont plus d’une douzaine de municipalités qui se retrouvent sur les parcours), de Victoriaville, de même que des autorités locales et de toute la population.

Aujourd’hui, je peux vous assurer d’une chose : l’équipe d’organisation est 100% motivée à faire de ce double événement – course sanctionnée et cyclosportive – une réussite en 2016, aussi nous devons faire notre part: y participer! Je serai de la prochaine édition, et je reviendrai d’ici quelques semaines vous entretenir de cet événement ici même sur La Flamme Rouge, avec de belles surprises en lien avec mon texte d’hier d’ailleurs.

Ce sera une grande fête, comme le souhaitent les organisateurs: fête sportive bien sûr, avec la course sanctionnée et la cyclosportive, mais aussi fête populaire, où produits du terroir seront à l’honneur.

Les grands événements ont aussi de grands vainqueurs: c’était deux coureurs de la région d’Ottawa-Gatineau (la la lère…) l’an dernier, soit Mike Woods chez les hommes et Véronique Fortin chez les femmes. Le premier court désormais chez Cannondale en World Tour et a connu un début de saison en fanfare sur le Tour Down Under, la seconde avait remporté, quelques semaines avant la Classique, la Haute Route en France.

Qui, cette année, leur succéderont et décrocheront ce graal? Très bientôt, les inscriptions seront ouvertes, je vous tiendrai au courant.

Demain, tout ce que vous devez savoir sur la 114e édition de Paris Roubaix!

Un must : Je suis le cycliste masqué

LE CYCLISTE MASQUÉ_couv+dos+C4.inddVous aimez le cyclisme professionnel ? Vous voulez savoir ce que c’est que d’être coureur cycliste professionnel aujourd’hui même ? De comprendre comment ca se passe au cœur du peloton ? De comprendre dans quel milieu évoluent aujourd’hui, maintenant, Antoine Duchesne et Hugo Houle ?

Ne cherchez plus. Il y a un moyen.

Et ce moyen, c’est ce livre qui sort aujourd’hui en librairie en France : Je suis le cycliste masqué.

Une fois que j’ai eu commencé la lecture, je n’ai jamais pu arrêter. J’ai tout lu d’une seule traite. Cela ne m’est pas arrivé souvent. L’auteur écrit « Le message de ce livre, c’est : « voilà ce que c’est qu’être coureur cycliste professionnel, un de ceux que vous regardez tous les ans en juillet ». Il se lit de la même manière que je gère certains entrainements modernes : en « negative split ». Plus vous avancerez au fil des pages, plus ca ira fort. »

C’est exactement ca.

Ce livre est différent, unique.

D’abord, parce que son auteur, qui reste masqué pour des raisons évidentes, est un coureur cycliste professionnel en Europe depuis 15 ans, et est toujours en activité. Ce n’est donc ni un journaliste, ni un dirigeant, ni un observateur externe du cyclisme : il est dans le peloton, tous les jours, en ce moment même. Évidemment, au fil des pages du bouquin, ce coureur se trahit à quelques endroits, pour peu qu’on connaisse le cyclisme. Je pense avoir trouvé de qui il s’agit, j’en suis presque sûr à 100%. Il était au départ des Flandriennes la semaine dernière… un sacré bon coureur d’ailleurs.

L’autre intérêt du livre, c’est l’absence totale de langue de bois. Âmes sensibles s’abstenir ! Certains d’entre vous, je le sais par vos commentaires laissés récemment sur ce site, se demandent comment la FDJ peut pétroler actuellement comme elle le fait depuis le début de saison, un contraste avec son habituel niveau au cours des dernières années.

Vous voulez savoir ? Lisez ce livre. Extrait : « À la FDJ, le docteur Gérard Guillaume, arrivé en 1999, qui a lutté frontalement et humainement contre le dopage quinze ans durant en interne, a été prié de faire ses valises de manière brutale cet hiver. Il a été remplacé. Il l’a mal pris, mais il ne va pas parler. Suivez mon regard. Il a juste vidé son sac au dernier stage de l’hiver devant l’encadrement qui regardait ses chaussures et devant les coureurs qui regardaient ailleurs. L’audit réalisé auprès de cette équipe il y a trois ans en faisait une structure exemplaire. Celui qui a été refait cet hiver la classait comme équipe à risque. Je croise les doigts pour Thibault Pinot qui veut gagner le Tour et que j’ai toujours trouvé sympa. »

Je vous le dit, j’ai adoré ce bouquin et je sens maintenant que je comprends encore mieux la réalité d’un coureur pro en Europe, ainsi que l’univers – de requins – dans lequel il évolue. Vraiment. L’ouvrage est écrit dans un style simple, direct, et est ponctué d’anecdotes, qui font souvent sourire – parfois jaune.

Entrainement, gestion de la carrière de l’amateur au pro jusqu’aux défis de la reconversion, organisation des équipes, conciliation vie professionnelle – vie familiale, rapports entre coureurs, courses et évidemment pratiques de dopage, produits et moyens de s’en sortir, tout y passe. Pas toujours en noir, pas toujours en blanc bien évidemment : on sent bien que l’auteur nous livre son expérience personnelle, tel qu’elle est, sans l’embellir ni pour qu’on le plaigne. Non, juste la froide vie d’un coureur pro consciencieux, mais qui est aussi assez intelligent pour poser un regard critique sur sa vie. Et le chapitre intitulé « Multinational monoculturel » est une perle d’humour et de clichés pourtant vrais, dans un effort de montrer que le peloton « est génial » de diversité, entre toutes ces nationalités – et forcément ces savoirs-faire – qui s’y côtoient.

Écrit en collaboration avec Antoine Vayer, qu’on ne présente plus, l’intérêt de ce livre réside enfin dans son actualité : tellement actuel que l’auteur nous parle, dans son chapitre sur le dopage mécanique, des récents Mondiaux de cyclo-cross, ou encore des résultats des derniers Mondiaux de cyclisme, quant ce n’est pas du prochain Tour de France. Oui, celui de 2016.

Vous voulez savoir à quoi carbure le paquet en ce moment, dans cette ère « post-EPO » ? Lisez ce livre. C’est désarmant de simplicité : à la cortisone, qui a fait récemment un retour en force, et quelques autres trucs. Le pourquoi, le comment, tout est expliqué de façon limpide dans le livre, tellement qu’on se dit rapidement « mais pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? ».

Mon seul bémol porte sur l’ordre de présentation des divers chapitres (toujours assez courts, ces chapitres étant nombreux, ce qui permet à l’auteur de couvrir une grande diversité de sujets), qui aurait pu être différent pour améliorer la cohésion d’ensemble.

Devriez-vous vous précipiter ? Sans conteste, une seule réponse : oui. Avoir une opinion éclairée en 2016 sur le peloton pro en Europe est à ce prix, pas cher d’ailleurs : 17euros50. Assurément un bon investissement. Lire ce bouquin, c’est désormais presque un pré-requis avant d’ouvrir la bouche de façon intelligente sur la situation du cyclisme pro en 2016!

Je remercie sincèrement Antoine et Olivia de m’avoir permis de découvrir ce livre passionnant… un peu avant tout le monde ! Et je souhaite bonne continuation dans le peloton au cycliste masqué, tout en le remerciant pour ce livre courageux et qui comble un vrai manque jusqu’ici.

Soirée de merd… hier

Soirée de merd… hier soir.

D’abord, la météo. Pas moyen de rouler dans de bonnes conditions au Québec depuis trois semaines, avec des températures qui restent nettement sous les normales de saison, du vent soutenu froid, et beaucoup de nuages, si ce n’est de la pluie. La totale, on nous annonce de la neige dans les prochains jours, et les normales de saison (environ 10 degrés) de retour dans… 10 jours seulement! En gros, cette saison, on passera de « pas de vélo du tout » à « je roule en cuissard et maillot courts » d’un coup, sans passer par des sorties avec jambières et gants longs tant c’est pourri comme météo. Le pire, c’est que la première course de la saison a justement lieu dans 10 jours; en clair, ça sera presque notre première sortie dehors à tous!! (sauf les chanceux qui ont pu partir rouler en Arizona, en Floride, à Majorque ou encore en Virginie, mais ceux là on aura vite fait de les repérer dans le peloton à leurs jambes déjà bien bronzées… contrairement à nous).

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Ensuite l’entrainement. De Lance Armstrong, je n’ai retenu qu’une chose: « parfois t’es le marteau, parfois t’es le clou ». Ben hier, j’étais définitivement le clou et je ne valais pas un clou, ça c’est clair. Le genre d’entrainement où, à peine monté sur ton putain de home-trainer seul dans ton sous-sol à 20h15 après une journée de travail, tu te rends vite compte que la soirée va être longue. Zéro énergie, des puls anormalement hautes… et une tête de cochon à m’entêter à finir l’entrainement au programme. Je suppose qu’il n’y a que Mikel Landa pour gagner du premier coup à son retour en compétition sur une étape difficile du Tour du pays basque après des semaines sans courir en raison d’une mystérieuse maladie ayant affecté le Team Sky début mars…

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Les bonnes nouvelles? Des vidéos qui m’ont permis de passer la soirée.

J’ai envie de dire « merci Tony » (Antoine Duchesne), même si je ne te connais pas personnellement, pour apporter des « tabarnak » et des « kaliss » bien québécois au coeur du cyclisme flamand. Putain, je sais pas pourquoi mais hier, ça m’a fait un bien fou. Allez, de tout coeur avec toi pour Roubaix!

Merci aussi à Direct Énergie d’avoir repris l’idée des vidéos « Backstage Pass » de l’équipe australienne Orica-GreenEdge et de nous offrir ces concentrés de vie de l’équipe et ce, peu de temps après chaque épreuve.

Enfin, ce vidéo du podium du Tour des Flandres où Sep VanMarcke a bien failli y laisser sa peau… Comme quoi y’a pas que les motos qui sont dangereuses en cyclisme… Ouvrir le champagne, laissez ça aux professionnels seulement!

Quelques questions sur Peter Sagan

Le champion du monde, vainqueur ce week-end du Tour des Flandres, déchaine les passions: charismatique, cool, beau gosse, spectaculaire sur son vélo de par ses acrobaties, c’est un champion unique, peu commun jusqu’ici dans le monde du cyclisme, plutôt traditionnel. Voici quelques commentaires/questions sur Peter Sagan, le coureur cycliste qui ne laisse pas indifférent.

Sa position

Certains d’entre vous l’ont remarqué, Sagan adopte une position assez basse sur le vélo, ses genoux ne se dépliant pas beaucoup lorsqu’il pédale. Personnellement, il me fait penser, à quelque part, à un Sean Kelly d’une certaine époque, lui aussi efficace sur la scène des Classiques. On pourrait même dire que le coup de pédale de Sagan n’est pas très gracieux, comme s’il pédalait les genoux ressortis et trop bas sur sa selle. Perd-t-il ainsi de la puissance? Chose certaine, sa puissance ne semble pas venir tant des reins comme Cancellara, mais plutôt des muscles des cuisses, qu’il a bien développé. Nul doute cependant qu’il est efficace dans cette position pour le moins peu classique.

Son poids

Trop gros, Peter Sagan? Pas assez en tout cas pour l’empêcher de briller sur le Tour des Flandres! Ceci étant, ses bras traduisent un coureur assez massif, à environ 74 kilos. On est loin, ça c’est sûr, des coureurs Sky ces dernières années! Il est vrai que l’affutage requis pour briller sur les courses d’un jour versus les courses par étapes qui comportent souvent de difficiles étapes en montagne n’est pas le même…

Son salaire

Combien vaut Peter Sagan aujourd’hui? On dit qu’Alberto Contador serait le coureur le mieux payé du peloton, à environ 5 millions d’euros par an. Chris Froome en vaudrait un peu moins, 4 millions, n’ayant pas le palmarès de Contador sur les grands tours. Fabian Cancellara gagnerait quelques 3,6 millions d’euros par an chez Trek, et on peut penser qu’il est, avec Tom Boonen et Alejandro Valverde, parmi les mieux payés des coureurs plutôt efficaces sur les courses d’un jour.

On peut raisonnablement penser que Peter Sagan gagne, chez Tinkoff, autour de 3 millions d’euros par an, un salaire qui augmentera assurément l’an prochain tant le coureur jouit d’une image média intéressante.

Son équipe en 2017

En fin de contrat chez Tinkoff qui pourrait de toute façon arrêter à la fin de l’année, les destinations possibles pour Peter Sagan sont nombreuses bien évidemment. Des rumeurs récentes l’enverraient chez Trek-Segafredo justement pour remplacer Fabian Cancellara qui a déjà annoncé que 2016 serait sa dernière saison. Trek, le géant américain, a les reins assez solides pour bonifier le salaire de Sagan déjà élevé, surtout dans la mesure où Spartacus sortirait des dépenses salariales…

Qui d’autre? Il faut évidemment chercher vers des équipes qui ont moins de coureurs dominant sur la scène des classiques, et qui ont de bons budgets… Astana? Un retour vers Cannondale? Une équipe italienne comme Lampre-Merida? Giant-Alpecin? Ce sont là des hypothèses plausibles à mes yeux.

Ses prochains objectifs

Outre Paris-Roubaix et l’Amstel, qui sont assurément ses prochains objectifs à court terme, Peter Sagan a la capacité de briller durant toute la saison, et notamment sur les grands tours en jouant les victoires d’étape. Avec l’avancée en âge (il a 26 ans), pourra-t-il suivre l’évolution de coureurs comme Sean Kelly voire Laurent Jalabert qui, de coureurs de Classiques tôt dans leur carrière, ont évolué vers des coureurs efficaces sur les courses par étapes? Je pense qu’on commencera à avoir des réponses à ces questions dès 2016!

Ronde: Sagan, enfin!

On l’attendait depuis un moment déjà, la course ne nous aura pas déçue: c’est un très beau Tour des Flandres qu’on aura vu hier, enlevant jusqu’à la fin.

Comme anticipé, les bonnes conditions météo ont généré une course très rapide, sans temps mort. Tous les coureurs étaient unanimes à l’arrivée: ça a roulé vite, très vite et ce, tout le temps. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre 80 bornes avant que l’échappée matinale prenne le large, une échappée matinale qui incluait le québécois Hugo Houle et qui n’a jamais compté beaucoup plus de quatre minutes d’avance.

C’est à un peu plus de 32 bornes de l’arrivée que la course s’est jouée, entre le Taaienberg et le Kruisberg, sur une accélération de Michal Kwiatlowski, rapidement suivi de Peter Sagan puis, avec un petit temps de retard, de Sep VanMarcke. J’ai mal compris pourquoi Fabian Cancellara, alors bien placé, n’a pas accompagné à ce stade crucial de la course. Ce fut l’erreur fatale.

Par la suite, Peter Sagan nous a prouvé qu’il était, avec Cancellara, l’homme fort de ce Tour des Flandres. Il a décroché VanMarcke à la régulière, dans la dernière ascension du Patenberg, pour filer solo vers la victoire. Le rapproché de Cancellara, mal assisté d’un VanMarcke de tout façon complètement cuit, n’aura jamais mis en péril la victoire du slovaque.

Pour Cancellara sur ces 13 derniers kms, il lui aura manqué la présence d’un coureur Sky et/ou Etixx à ses côtés. La vérité, c’est que ces deux formations n’ont su répondre présentes dans les tous derniers kms, ne disposant tout simplement pas d’hommes à la puissance nécessaire pour faire jeu égal avec Cancellara ou Sagan.

Bref, une magnifique victoire (car solo) d’un bien beau champion du monde qui décroche enfin, après plusieurs saisons professionnelles (et 4 maillots verts à Paris!), son premier « monument » du cyclisme. Gageons que ce n’est pas fini, Sagan se posant logiquement comme le favori de Paris-Roubaix dimanche prochain, et un homme pouvant également gagner l’Amstel Gold Race le week-end suivant. Quant on a les jambes, rien n’est trop dur comme le dit l’adage en vélo…

Cancellara, le champion

Le Suisse était déçu à l’arrivée de ne pas avoir gagné, il était venu pour ça, et sa déception est selon moi la marque d’un grand champion. Gageons qu’il sera revanchard – et doublement dangereux – sur Paris-Roubaix la semaine prochaine. Cancellara a vraiment manqué de jugement lorsque Kwiatlowski et Sagan sont partis, il aurait pu suivre à ce moment.

VanMarcke, la classe

J’ai beaucoup aimé l’attitude de Sep VanMarcke dans les tous derniers hectomètres, décidant de ne pas disputer le sprint pour laisser la 2e place à Cancellara. C’était l’attitude à avoir selon le code d’honneur des coureurs, Cancellara ayant assumé 90% du travail sur les 13 derniers kms séparant le sommet du Patenberg et l’arrivée. Bravo au Belge pour ce geste.

Etixx

L’équipe belge a une fois encore été mouchée, et seul Terpstra et surtout Vandenberg auront assumé leurs responsabilités à mes yeux dans le final. Boonen a été inexistant sur la course, ne parvenant jamais à peser sur les événements.

Les deux Québécois

Les deux coureurs québécois au départ, Hugo Houle et Antoine Duchesne, qui partage leur logement dans le sud de la France, se seront distingués chacun à leur manière et c’est très bien. Houle s’est glissé dans la principale échappée du jour, et s’est fait décroché au km 200 environ, sur le Kwaremont. Rien à dire, à ce niveau. Duchesne, pour sa part, figurait encore parmi le groupe de tête dans le final, un exploit. Il n’aura cédé que sur le Taaienberg, après 218 kms de course, excusez-un-peu. Les commentaires d’après-course d’Antoine sont ici, et un sympathique petit vidéo tourné par l’équipe Direct Énergie est disponible à la fin de cet article, où on peut apprécier l’état d’esprit (avant) et l’état de fatigue (après) d’Antoine.

L’autre exploit du jour

Imanol Erviti, ou le coureur Movistar qui se fait tous les monts en tête, pour finalement terminer 7e du Ronde. Coureur peu connu, il faudra porter davantage attention à ce garçon dans l’avenir, bien qu’il ait déjà 32 ans.

Un beau reportage

Un très beau reportage sur l’histoire et le caractère « mythique » du Tour des Flandres est disponible ici, photos à l’appui et publié par le journal Le Monde.

Les mauvaises nouvelles

La chute de Greg Van Avermaet d’abord, qui s’est soldée par une fracture de la clavicule, un classique. Le coureur belge devrait être indisponible pour au moins 3 semaines.

LA grosse mauvaise nouvelle, c’est cette histoire d’un médecin anglais, Mark Bonar, qui, à la caméra cachée, affirme avoir dopé à l’EPO, aux hormones de croissance, aux stéroides et autres produits « lourds » des footballeurs et des cyclistes anglais, dont certains ont eu de bons résultats sur le Tour de France. Ce médecin anglais faisait l’objet de soupçons depuis deux ans déjà. Et si on venait d’expliquer le succès des Sky ces dernières années, en débusquant le « Michele Ferrari » anglais? Chose certaine, ça sent très mauvais… et la bonne nouvelle dans cette mauvaise nouvelle pour le vélo, c’est qu’une enquête indépendante a été déclenchée pour faire la lumière sur cette histoire. Stay tuned…

Matos

Intéressant photo-reportage du matos utilisé sur le Ronde ce week-end, question de voir comment les pros se préparent à affronter les pavés. Des boyaux de 28mm sont en usage, comme des freins à disque et des lubrifiants spéciaux pour les chaines.

Le Tour du pays basque

La semaine en cyclisme sera intéressante avec le début demain du toujours très difficile Tour du pays basque où une mauvaise météo est annoncée, de quoi durcir encore davantage l’épreuve. Très souvent, les coureurs se distinguant sur cette épreuve espagnole sont ceux qu’on retrouve devant sur les Ardennaises, donc ce sera primordial de s’intéresser à cette course. Pour les autres plus au Nord, on disputera ce mercredi la 104e édition du GP de l’Escaut (Scheldeprijs), avant de refaire du jus pour l’Enfer du Nord dimanche prochain.

Ronde: la gran'(ker)messe du cyclisme!

On y est les amis, ce dimanche LA plus belle course de la saison: le Ronde Van Vlaanderen, le Tour des Flandres, dont la première édition remonte à… 1913. On en est donc à la 100e édition cette année (certaines années ayant été sautées notamment en raison des guerres).

Pour les flahutes, remporter le Ronde est davantage garant d’une place dans le coeur du public flamand que de porter le maillot jaune sur le Tour, c’est dire.

Un enjeu dimanche est de taille: Tom Boonen et Fabian Cancellara sont tous les deux au départ, donc susceptibles de remporter une… 4e victoire sur l’épreuve, ce qui constituerait un record. À ce jour, six coureurs dans l’histoire ont réussi à s’imposer trois fois, soit, outre les deux coureurs encore en activité, Achiel Buysse, Fiorenzo Magni, Eric Leman et Johan Museeuw.

Un parcours qui change

Au menu de Messieurs les coureurs, 255 kms entre Bruges et Oudenaarde, par delà pas moins de 18 monts, certains pavés, auxquels il faut ajouter 7 secteurs pavés.

Sur de telles routes étroites, avec une succession de virages à 90 degrés, de changements de direction, donc de sens du vent, la science du placement est l’une des clefs de la course. À ce petit jeu, il est évident que les grands du peloton ont un peu plus de facilité à se maintenir aux avant-postes et que le rôle des équipiers est capital.

La course sera véritablement lancée au km 103 avec le premier mont, le Oude-Kwaremont. Ce dernier sera également l’objet de l’avant dernière difficulté de la course, au km 238. Dans l’ordre, les monts à escalader sont les suivants: Kortekeer (km 114), Eikenberg (km 121), Wolvenberg (km 124), Molenberg (km 137), Leberg (km 157), Berendries (km 161), Falkenberg (km 167), Kaperij (km 177), Kanarieberg (km 185), Kwaremont (km 200), Paterberg (km 204), Koppenberg (km 210), Steenbeekdries (km 216), Taaienberg (km 218), Kruisberg (km 229), Oude-Kwaremont (km 238) et Paterberg (km 242).

Les plus pentus de ces monts sont les Paterberg, véritable rampe de lancement vers la victoire à seulement 13 kms de l’arrivée, Koppenberg, Eikenberg, Molenberg et Taaienberg. Surveillez tout particulièrement ces phases de la course! À noter que moins de 4 kms séparent les deux derniers monts de la course, ce qui laisse peu de place à la récupération.

À noter que le parcours a changé en 2013, les organisateurs ayant décidé de finir la course du côté d’Oudenaarde. Certains regrettent – j’en suis – que la course ne passe plus, dans le final, par le Muur de Geraardsbergen (mur de Grammont) avec sa célèbre chapelle en haut, puis par le Bosberg au pied duquel une stèle à l’honneur d’Eddy Merckx est visible.

La météo dimanche

Ca devrait être assez bon pour les coureurs, avec 19 degrés annoncés en après-midi, sous un ciel devenant progressivement de plus en plus nuageux. Un vent léger est également prévu. Ces bonnes conditions de course devrait favoriser une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière et il est à prévoir que le peloton sera encore très gros tard dans la course. Le placement sera encore plus capital!

Les favoris

C’est fou tant la liste des favoris est longue cette année! La course sera probablement très ouverte tant son nombreux les coureurs qui peuvent légitimement nourrir certaines ambitions. Bien malin qui pourrait donner le nom du vainqueur à 48h de l’épreuve.

Cinq équipes se distinguent selon moi parce qu’elles ont plusieurs coureurs capables de gagner, et n’auront donc pas un seul coureur protégé dimanche.

D’abord Etixx avec Tom Boonen, Niki Terpstra, Zdenek Stybar voire Stijn Vandenberg. L’équipe belge de Patrick Lefevere a une grosse pression sur elle, n’ayant pas livré jusqu’ici les résultats auxquels on peut s’attendre pour une équipe de cette classe. Souvent pris à revers dans le final des Classiques cette saison, obligés de chasser parce que n’ayant personne dans la bonne devant, ils se doivent de mieux prendre des initiatives dimanche pour se retrouver enfin dans la position de force que leur surnombre de leaders doivent leur permettre.

Trek. Avec Fabian Cancellara, en grande forme en ce moment, Jasper Stuyven et Edward Theuns, sans oublier Stijn Devolder, l’équipe a de quoi déjouer les plans. Si on cherchera avant tout à protéger Cancellara, gageons que l’équipe saura sauter sur les autres opportunités si elles se présentent.

BMC. Greg VanAvermaet, lui aussi en grande condition, et l’attaquant Daniel Oss sont leurs pièces maitresse.

Lotto. Ils ont Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts et Jens Debusschere (ce dernier a subi récemment une commotion cérébrale suite à une chute, mais son nom figure sur l’alignement Lotto pour dimanche). S’ils laisseront probablement les autres puissantes formations se dévoiler d’abord, ils ont la puissance pour tirer leur épingle du jeu dans le final en multipliant les initiatives.

Enfin, Sky, possiblement LA formation la plus forte sur le papier pour dimanche. Voyez un peu: Michal Kwiatlowski, Geraint Thomas, Luke Rowe et Ian Stannard, rien que ça! De quoi faire la course, attaquer constamment, lancer des coups et même contrer par après. Il sera difficile de se défaire des coureurs Sky dimanche, ça j’en suis sûr.

Parmi les autres favoris, un nom: Peter Sagan bien sûr. Il aura la Tinkoff à son service et a prouvé sur Gent-Wevelgem qu’il est en grande condition. C’est à mes yeux le seul capable de répondre à la puissance brute de Cancellara dimanche.

Sep VanMarcke. On sent que le coureur belge monte en puissance depuis quelques semaines. Il dispose aussi d’une équipe principalement à son service. Il n’a pas trop de pression non plus, n’étant pas un coureur s’étant dévoilé jusqu’ici. Cette absence de pression pourrait être son meilleur atout pour surprendre dimanche!

Arnaud Demare. L’équipe FDJ est sur une bonne lancée après quelques belles victoires déjà cette saison, de quoi donner confiance en tout cas. De plus, Demare a prouvé qu’il est capable de passer les bosses. Si jamais un bon groupe devait se présenter avec lui à la ligne d’arrivée en raison des bonnes conditions de course annoncées, il est assurément un des sprinters les plus capables de s’imposer.

Les autres coureurs intéressants à surveiller dimanche sont Fillipo Pozzato, imprévisible et en bonne condition. Ce coureur a la classe et il a déjà annoncé vouloir faire un résultat sur le Ronde. Ca sera excitant à suivre.

Edvald Boasson Hagen. Lui aussi passe bien les bosses et devrait avoir l’équipe Dimension Data à son service.

Enfin, Lieuwe Westra chez Astana. Hormis ce coureur, je ne vois pas vraiment qui chez Astana pourrait bien faire dimanche. Lars Boom? Je n’y crois pas… comme je ne crois pas aux chances d’Alexandre Kristoff, le vainqueur sortant. Ce dernier m’a apparu trop juste récemment, et il devrait logiquement sauter dans les derniers monts pavés dimanche. La météo sera cependant son meilleur atout, lui permettant peut-être de compter sur une course moins sélective que d’habitude, procurant également des chances de « rentrer » s’il est légèrement décroché sur certains monts.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, ce qui n’est pas sans intérêt: Hugo Houle, Svein Tuft, Ryan Anderson et Antoine Duchesne. Ce dernier est en grande condition suite à son excellent Paris-Nice, en confiance aussi. Il mérite d’être protégé par son équipe, et une partie de son résultat se jouera sur son placement à l’approche des difficultés dans les 50 derniers kms de la course. Go Antoine go! Une récente et intéressante entrevue avec Antoine est disponible ici. Hugo Houle a de son côté annoncé récemment qu’il sera de l’aventure du Giro en mai prochain, signifiant du même coup qu’une participation au prochain Tour de France est très peu probable pour lui. Antoine Duchesne reste pour sa part un candidat possible pour Direct Énergie, même s’il devra continuer de montrer à son équipe qu’il mérite une des neuf places disponibles pour la Grande Boucle. Si ce n’est pas encore gagné, Antoine peut y croire!

Chez les femmes

Le Ronde, ca se dispute aussi chez les femmes et c’est très bien. Dimanche, les meilleures coureuses s’élanceront sur la 13e édition de la course longue de 141 kms, avec 10 monts à franchir et 4 secteurs pavés. Le final est le même que chez les hommes, avec l’enchainement rapide du Oude-Kwaremont et du Paterberg, puis les 13 derniers kilomètres pour rallier l’arrivée.

L’épouvantail est évidemment la championne du monde Elizabeth Armitstead. La vainqueur de l’an dernier, l’italienne Elisa Longo-Borghini, est du départ, comme la sensation française Pauline Ferrand-Prevost. La québécoise Joelle Numainville, chez Cervelo-Bigla, est également annoncée au départ, et rappelons qu’elle a terminé 3e de cette épreuve en 2012. Lex Albrecht, chez BePink, Leah Kirchmann, chez Liv-Plantur, ainsi que Annie Ewart, chez UnitedHealthCare, sont aussi de la partie pour le Canada.

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