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Mois : octobre 2015

53 degrés, 180 bidons!

Y’a pas à dire, le Tour d’Abu Dhabi, c’est exotique.

Mais c’est pas forcément facile.

Selon Tom Boonen, la première étape hier, 175 bornes, s’est disputée par 53 degrés au thermomètre, faisant dire à de nombreux coureurs qu’il s’agissait là de la température la plus chaude jamais connue sur le vélo.

Je veux bien croire!

Dans le vidéo « Backstage Pass » d’Orica Green Edge ci-bas, le directeur sportif Matt White mentionne que 180 bidons avaient été prévus pour les 6 coureurs de l’équipe lors de cette première étape.

30 bidons pour 175 bornes, par coureur!

Exotique, vous dites?

Hormis ces conditions extrêmes, l’étape a été ennuyeuse au possible, le peloton décidant de roulotter à 34 de moyenne sur les deux premières heures, question de gérer la chaleur au mieux. Ca s’est conclu au sprint, un sprint remporté par Guardini devant Boonen et Benneti. Sagan, avec son nouveau maillot de champion du monde, a lancé le sprint, faisant croire un instant qu’il pouvait s’imposer. Peine perdue, les autres ont démarré plus sèchement derrière lui, le distançant rapidement.

Demain ne sera guère différent, encore un sprint très certainement.

Les grands transferts 2015-2016

En cette fin de saison, il apparait pertinent de faire le point sur les grands transferts qui redéfiniront le peloton 2016.

Selon moi, quelques équipes ont été jusqu’ici particulièrement actives sur la scène des transferts. Je pense à Sky, à Cannondale, à Etixx, à Dimension Data (ex MTN Qhubeka), à Katusha et à Trek.

Chez Sky, on perd surtout Richie Porte, qui s’en va chez BMC, mais aussi Bernard Eisel qui ira épauler Mark Cavendish chez Dimension Data. Ces pertes sont selon moi très nettement compensées par les arrivées de Michal Kwiatlowski (Etixx), Mikel Landa (Astana), Beñat Intxausti (Movistar), Michal Golas (Etixx) et Danny Van Poppel (Trek).

À 25 ans, Landa présente un beau potentiel lorsqu’on le voit grimper le Mortirolo facile sur le Giro en mai dernier. Il pourra non seulement épauler Froome en haute montagne, mais aussi être un leader de remplacement sur les courses par étapes d’une semaine pour débuter.

Kwiatlowski rejoint une équipe de classique déjà fort bien garnie, avec notamment Thomas, Kennaugh, Kiryienka, Stannard. La Sky a également beaucoup de bons coureurs pouvant jouer les domestiques, de quoi lui donner les moyens de briller, en 2016, à la fois sur les courses d’un jour comme sur les épreuves par étapes.

Dimension Data (ex MTN Qhubeka) a recruté du côté du sprint en prévision de 2016: outre Mark Cavendish, on met la main sur Mark Renshaw et Bernhard Eisel, de quoi former un dernier étage de lancement de Cavendish qui tient la route.

Chez Cannondale, deux grosses pertes avec Rider Hesjedal qui se dirige vers Trek (prépare-t-il sa reconversion?) et Daniel Martin (Etixx). Ils récupèrent toutefois Pierre Rolland (Europcar), Simon Clarke (Orica) et Rigoberto Uran (Etixx), de quoi continuer d’assurer une présence dans le top-1o des grands tours, du moins quand ca grimpe! Le Canadien Mike Woods rejoint également la formation, et pourra assister ces deux leaders dans les cols. À noter également que Cannondale a recruté Matti Breschel (Tinkoff), un coureur capable de briller sur les Classiques.

Chez Etixx, on se doit d’assurer l’après-Boonen. On perd de grands coureurs en Kwiatlowski, Uran, Cavendish et Renshaw, mais on récupère Marcel Kittel (clairement pour remplacer Cav) et Daniel Martin. Ce dernier semble toutefois montrer ses limites et je me demande s’il cadrera bien avec la mentalité de Patrick Lefevere. Pas sûr qu’Etixx s’est renforcé durant cette intersaison!

Chez Dimension Data, on mise assurément sur les sprints l’an prochain pour obtenir davantage de podium. Ainsi, Cav et Renshaw auront la lourde responsabilité de glaner des victoires durant toute la saison.

Katusha perd Yuri Trofimov, un coureur à mon sens sous-évalué (il a fait un excellent Giro cette année), mais récupère Jurgen Van Den Broeck (Lotto-Soudal), Rein Taaramae (Astana) ainsi que Michael Morkov (Tinkoff). Avec l’arrivée de Van Den Broeck, on veut assurément assurer une présence sur les épreuves par étapes. Sauront-ils tirer le meilleur de Taaramae? Si ce dernier a quelque peu relancé sa carrière chez Astana cette année, on reste encore un peu sur notre faim!

Chez Trek, on renforce assurément l’équipe car les départs ne sont pas très significatifs, mais on accueille Hesjedal, Stetina, Bobridge et le Belge Edward Theuns, un Flandrien de la plus pure espèce auteur d’une excellente campagne de Classiques plus tôt cette année.

Les autres transferts importants: Sylvain Chavanel, de IAM à Direct Énergie (anciennement Europcar), Oliver Zaugg (de Tinkoff à IAM) et Jelle Wallays (de TopSport à Lotto-Soudal).

Chez les grands leaders du cyclisme, pas de changements: Contador reste chez Tinkoff, apparemment Nibali honorera son contrat 2016 chez Astana, Froome chez Sky, Quintana chez Movistar et Sagan chez Tinkoff.

Le Tour d’Abu Dhabi?

Vicenzo Nibali. Fabio Aru. Alejandro Valverde. Et Peter Sagan.

Ce sont là quelques unes des stars du peloton pro qui participeront, à partir de jeudi, au premier Tour d’Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.

Le Tour d’Abu Dhabi est la troisième épreuve à s’ajouter à la liste des courses dans la péninsule arabique: on a d’abord le Tour de Dubai (autre ville des Émirats Arabes Unis), en janvier (remporté cette année par Mark Cavendish), suivi du Tour d’Oman (remporté par Raphael Valls), fin février. Le Tour d’Oman est organisé en partie par A.S.O.

Rappelons également que les prochains Mondiaux de cyclisme sur route auront lieu à Doha, au Qatar, en 2016.

On verra également en action du côté d’Abu Dhabi dans les prochains jours les Michael Matthews, Rui Costa, ou Diego Ulissi, parmi d’autres.

Au menu, quatre petites étapes: trois pour les sprinters, et une plus accidentée.

Dans ce contexte, on peut raisonnablement se demander quelles sont les motivations de ces coureurs pour courir là-bas à ce temps-ci de l’année… Car je doute personnellement beaucoup que les coureurs se rendent là-bas, après une longue saison et de très nombreux voyages, de gaité de coeur actuellement. Il n’y a à peu près aucun prestige associé à la victoire, et les parcours présentent peu d’intérêt. Les coureurs pro aspirent très certainement davantage à prendre des vacances dans les Caraibes à ce temps-ci de l’année, afin de refaire des forces avant de reprendre l’entrainement en prévision de la saison prochaine. Si les grandes stars ont pu dire « non », d’autres ont dû se faire imposer le voyage par le sponsor et par les organisateurs.

Pour moi, les motivations sont probablement simples à trouver: un cachet. Un gros cachet.

Rappelons également que plusieurs pays de la péninsule arabique ont également réussi à attirer la Formule Un au cours des dernières années.

Y’a pas à dire, la péninsule arabique, surtout le Qatar, les Émirats Arabes Unis et Oman, sont actuellement à la mode dans le sport professionnel. Mondialisation? Ces pays semblent surtout réussir là ou le Tour de Pékin a échoué cette année, mettant la clef sous la porte: la différence, c’est très certainement l’argent.

Voilà qui prouve hors de tout doute que le cyclisme, comme d’autres sports, c’est d’abord et avant tout une affaire de gros sous. Vous voulez mondialiser le cyclisme? Pas de problème, du moment que vous avez un sponsor ou un État pour vous soutenir financièrement!

Le danger dans tout ca, c’est à mon sens la santé des coureurs: la saison cycliste est longue, très longue, et elle s’allonge davantage avec la création de ces épreuves qui, faute d’une réelle réflexion sur le calendrier annuel de courses, sont placées ainsi en fin de calendrier, réduisant d’autant la période de l’intersaison, nécessaire selon moi pour recharger les batteries des coureurs qui pratiquent un des sports les plus exigeants qui soit.

Il serait temps d’une réflexion plus approfondie de l’UCI sur ce calendrier annuel. Mondialisation certes, mais encore faut-il que ce soit cohérent!

Lombardie: Nibali dans la descente!

C’est en passe de devenir une mode dans le cyclisme d’aujourd’hui: attaquer dans les descentes!

Il y a pas si longtemps de ca, de telles attaques étaient perçues comme l’apanage des cyclistes ne sachant pas courir.

Aujourd’hui, dans un cyclisme moderne très resserré, où beaucoup de coureurs sont en excellente condition, l’attaque dans les descentes redevient une façon de surprendre son monde.

Vicenzo Nibali nous en a donné un exemple concret hier, partant dans la descente du Civiglio pour aller gagner en solitaire le Tour de Lombardie.

Payez-vous les images de sa descente: à couper le souffle. Et à de nombreuses reprises, il est évident que Nibali était limite-limite, à l’extrême limite. Un centimètre de plus et c’était le rail, le fossé, ou le mur!

Chose certaine, et pour avoir descendu de nombreux cols en Italie cet été, il faut une sacré paire de couilles pour descendre de la sorte. Je ne suis pas un manche dans l’exercice, mais à ce niveau, on apprécie la prise de risques.

Avec cette victoire, sa première sur une « Grande Classique », Nibali « sauve » en quelque sorte sa saison: jusqu’ici, il n’avait que le Championnat d’Italie et une étape du Tour à mettre de l’avant, bien peu pour le vainqueur du Tour 2014.

Cette victoire lui permettra peut-être de négocier un contrat dans une nouvelle équipe pour 2016, car avec Aru chez Astana, ca devient compliqué pour le Requin de Messine qui, de surcroit, n’apprécie pas Vinokourov, c’est connu.

L’Espagnol Daniel Moreno chez Katusha termine de façon surprenante à la 2e place juste devant un excellent Thibault Pinot qui décroche là le premier podium depuis 1997 (victoire de Laurent Jalabert) pour la France sur cette épreuve.

Vainqueur de la Flèche Wallonne en 2013, Moreno serait à la recherche d’un nouveau contrat lui permettant de rester en WorldTour l’an prochain. À 34 ans, la performance offerte hier a de quoi surprendre… et je crois que ce coureur est à risque d’une mauvaise nouvelle au cours des prochaines semaines, les ingrédients de la tentation étant tous réunis.

Pour le reste, tout le monde est à peu près à sa place sur ce Tour de Lombardie: Valverde termine très bon 4, peut-être un peu cramé de sa longue saison. Gallopin entre encore une fois dans les 10 premiers, confirmant sa bonne saison, Vuillermoz et Bardet sont dans les 20 premiers, le tout me semble assez cohérent.

La déception vient plutôt du côté de Philippe Gilbert chez BMC, seulement 33e hier à plus de sept minutes, et de Rui Costa, 46e à plus de neuf minutes. On attendait mieux de ces deux leaders d’équipe.

Reste une course d’intérêt le week-end prochain, Paris-Tours. Une course habituellement promise aux sprinters.

Giro di Lombardia: les favoris

Dimanche sera disputée la 109e édition du Tour de Lombardie, aussi appelée la « course aux feuilles mortes » puisqu’elle se déroule à l’automne. C’était en fait traditionnellement la dernière course de la saison (avant, Paris-Tours survenait avant le Tour de Lombardie), mais mondialisation oblige, aujourd’hui on propose aux coureurs des courses fin octobre – début novembre, notamment en Asie (exemple, le Tour Abu Dhabi…).

Peu importe, c’est assurément l’une des plus belles courses de la saison, car sur des parcours enchanteurs autour du magnifique lac de Côme. Sans oublier le passage à la Madonna del Ghisallo, chapelle dédiée au cyclisme sur les hauteurs de Bellagio. Mon passage là-bas cet été a assurément été un moment fort de mon séjour en Italie.

Au menu de Messieurs les coureurs, 245 bornes entre Bergamo et Como. Le parcours se corse dans le final, avec les ascensions de la Madonna del Ghisallo suivie, sans trop de récupération, du fameux Mur di Sormano, puis la plongée sur Como avec la montée de Civiglio puis, enfin, le dernier coup de cul de San Fermo della Battaglia. De quoi décanter la course!

Les favoris

En premier lieu, l’équipe Astana, surpuissante ces temps-ci avec la récente victoire de Vicenzo Nibali au Tre Valli Varesine, ainsi que de Diego Rosa hier sur Milan-Turin. Astana pourra compter dimanche sur Nibali, un homme en forme en ce moment, mais aussi Rosa et Landa. Attention à ce dernier!

Par contre, on annonce Fabio Aru absent, allant plutôt courir une épreuve à Almaty, au Kazakhstan. Sponsor oblige.

Chose certaine, une victoire de Nibali serait la bienvenue dimanche, permettant d’oublier les déboires du manager général de l’équipe, Alexandre Vinokourov, qui risque la prison dans l’affaire de corruption liée à Liège-Bastogne-Liège 2010.

On pense ensuite à Thibault Pinot, vu à son avantage dans le final des deux récentes courses italiennes. Pinot semble très motivé, et présente une équipe actuelle qui tient la route. Je le vois sur le podium dimanche!

Les AG2R La Mondiale: avec Bardet, Vuillermoz et Pozzovivo, l’équipe française a vraiment un bon coup à jouer dimanche.

Rafal Majka. J’en fais personnellement mon favori. Il vient de terminer 2e de Milan Turin, il présente une excellente condition physique.

Joaquim Rodriguez. Déjà double vainqueur de cette course (2012 et 2013), on ne peut l’exclure de la courte liste des favoris.

Philippe Gilbert. Lui aussi en forme, il court après une nouvelle grande victoire et le final de la course lui convient bien, notamment cette montée de Civiglio. Il ne pourra toutefois pas compter sur Greg Van Avermaet au sein de la formation BMC, absent.

Rui Costa. Lui aussi court après une belle, et le final lui convient également.

Davide Rebellin. Il est en forme en ce moment, et cherche à terminer sa carrière sur une nouvelle grande victoire sur une épreuve WorldTour. Il sera sur-motivé dimanche, c’est certain. C’est une chance à ne pas manquer pour lui, il a 44 ans!

Les autres favoris: Tim Wellens, Tony Gallopin (en forme), Franco Pellizotti, Damiano Cunego, ainsi que deux coureurs Trek, soit Felline et Nizzolo, quoi que le final pourrait être un peu trop difficile pour ce dernier, notamment le Mur de Sormano.

La météo

On annonce un temps orageux sur la région dimanche, avec des averses. Cela pourrait contribuer à durcir la course, surtout dans le Mur de Sormano. Par contre, il ne fera pas froid.

Les Canadiens

En attendant la publication de la liste officielle des partants, je ne suis pas sûr qu’il y en ait au départ. On apprend par ailleurs que les contrats de Svein Tuft et Christian Meier chez Orica-GreenEdge ont été renouvelés pour deux ans, une excellente nouvelle.

Quelques photos de mon récent passage à la Madonna del Ghisallo

C’était en juillet dernier, au sortir du Maratona dles Dolomites, juste avant le retour au Québec.

La chapelle, au terme d’une belle ascension depuis Bellagio, avec quelques bons pourcentages.

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L’intérieur de la chapelle dédiée au cyclisme.

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Le monument à l’extérieur de la chapelle, tout près du musée dédié au cyclisme.

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L’intérieur du musée moderne, avec ce mur de maillots roses.

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Harden the fuck up!

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Les 100 à B7

Nous avons aussi, ici au Québec, notre « course aux feuilles mortes« .

Seul le nom est différent: chez nous, elle s’appelle les 100 à B7.

La cyclosportive qui gagne en popularité chaque année aura lieu dimanche prochain 4 octobre du côté de Bromont, au coeur de ma région natale, l’Estrie.

En d’autres mots, ca vaut le détour.

Particularité de la cyclosportive? Elle se déroule essentiellement sur des routes de terre tapée, de bonne qualité. De quoi découvrir certains superbes chemins moins fréquentés, notamment dans le secteur de Bolton, que je connais bien pour m’y rendre régulièrement.

Trois parcours sont proposés, afin de convenir à tout le monde en cette fin de saison: 69, 86 et 113 kms.

On suggère des pneus de 25 ou 28mm, mais j’oserais argumenter que si la météo n’est pas mauvaise (et ca s’annonce plutôt bien), ca passe sur du 23, surtout si vous n’êtes pas très lourd.

Evidemment, Lyne Bessette sera de la partie. Championne cycliste, la grande force de Lyne est d’avoir toujours su garder son authenticité. Une fille vraie, droite, pour laquelle il est aisé de savoir où elle se loge, ce qu’elle pense. Je n’ai jamais caché mon admiration pour elle.

Tous les détails de la cyclo sont disponibles dans ce document pdf. Les départs auront lieu du Centre national de cyclisme à Bromont et ce, dès 9h. Rappelons que Bromont est situé à environ 45 minutes de Montréal et Sherbrooke via l’autoroute 10.

Les inscriptions sont ici, ravitos, BBQ, encadrement sécurité et prix de présence compris.

Assurément l’une des belles fêtes du vélo en cette fin de saison, de surcroît dans des coloris automnaux à couper le souffle. L’occasion donc de pédaler loin de la pression des courses cyclistes, et de partager la passion du vélo. Une belle alternative également aux épreuves de cyclo-cross!

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