La saison 2014 d’Alberto Contador débutera ce mercredi au Portugal, sur le Tour d’Algarve.
Une saison cruciale pour « Il Pistolero ».
Je suis d’avis que les résultats qu’il obtiendra cette saison, surtout sur le prochain Tour de France, seront ceux qui le feront soit passer à l’Histoire du cyclisme comme le meilleur coureur de sa génération, soit le relègueront à une place plus secondaire, celle des coureurs qu’on finit par oublier comme Gianni Bugno, et lui feront perdre la confiance de ses employeurs et du public.
À ce jour, on peut probablement voir la carrière d’Alberto Contador en deux périodes distinctes de trois ans chacune: 2007-2010, et 2010-2013. La première est celle de la lumière, la deuxième celle de l’ombre.
À quoi ressemblera la période 2013-2016, celle de sa fin de carrière?
Entre 2007 et 2010, Contador a conquit, a épaté, a renversé le pouvoir, et notamment un certain Lance Armstrong sur le Tour 2009. Durant cette période, il remporte deux Tour de France, deux Tours d’Espagne, et un Giro. Avant lui, seuls quatre coureurs s’étaient imposés sur les trois grands tours: Anquetil, Merckx, Gimondi et Hinault! Des doutes quant à son implication dans l’Affaire Puerto qui secoue le monde du cyclisme et en particulier son équipe Liberty Seguros dirigée par Manolo Saiz ne parviendront pas à ternir, à cette époque, sa réputation de coureur d’exception.
Entre 2010 et 2013, Contador a échoué, a pâli, a déçu ou encore a entretenu le doute. La faute d’abord à un steak apparemment contaminé au clenbuterol, et ingéré sur le Tour 2010. Une histoire à laquelle personne n’a cru, et qui a contribué au cynisme des fans de cyclisme qui ont eu, plus que jamais, l’impression qu’on voulait leur faire avaler des couleuvres. Une victoire sur un Giro 2011 très montagneux nous rappelle certes sa classe, mais il échoue sur le Tour 2011 devant plusieurs coureurs, dont le vainqueur Cadel Evans, probablement épuisé physiquement de sa conquête du Giro et moralement de l’Affaire qui traine en longueur. De retour de suspension en 2012, sa classe parle de nouveau en septembre 2012 lorsqu’il renverse le Tour d’Espagne au lendemain d’un jour de repos, un exploit qui, forcément, relance de nouveau le doute. Mais voilà qu’il s’écroule en 2013 avec une saison décevante, incapable de rivaliser avec Chris Froome, son nouveau rival qui le démolit à de nombreuses reprises durant la saison.
Bref, à 31 ans, Contador a selon moi une ultime chance cette saison de se rétablir comme un vrai Grand du cyclisme. Et pour cela, un seul objectif possible: s’imposer de nouveau sur le Tour de France, 5 ans après sa dernière victoire « officielle ». Pour ce faire, Contador mise cette saison sur un programme allégé de courses, avec notamment l’impasse sur toutes les Classiques d’avril. Le risque est important.
S’il réussit à gagner le Tour devant Chris Froome et les autres, il aura vaincu plusieurs générations de coureurs, de Michael Rasmussen à Andy Schleck, en passant par Lance Armstrong, Chris Froome voire Nairo Quintana. On ne pourra alors contester qu’Alberto Contador était vraiment LE meilleur coureur de sa génération.
S’il échoue, Contador entretiendra le doute: ses victoires entre 2007 et 2010 étaient-elles bien celle d’un coureur d’exception, ou étaient-elles obtenues grâce à un dopage particulièrement pointu?
Je sais pas vous, mais je suis d’avis que si Contador a eu le bénéfice d’une saison trop chargée en 2013 pour expliquer ses résultats en demi-teinte, il n’a plus de marge d’erreur en 2014. Ca passe ou ça casse, avec à la clef une place dans l’Histoire du cyclisme. Certains, dont je suis presque, diront que sa carrière s’est construite à l’aide du dopage, Contador ayant été l’objet de nombreux soupçons, dont l’Affaire Puerto et l’Affaire Clenbuterol du Tour 2010. Désormais surveillé de près, Contador prendrait-il aujourd’hui moins de risques à cet égard, avec les conséquences qui s’en suit?