Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2013

Cyclisme québécois: ça bouge! (et d’autres nouvelles importantes)

1 – Faisons d’abord le point sur la situation des coureurs québécois qui évoluaient en WorldTour en 2013:

David Veilleux: d’Europcar à… la retraite (et c’est bien dommage pour nous!)

Hugo Houle: reconduit chez AG2R – La Mondiale (une bonne nouvelle)

Guillaume Boivin: reconduit chez Cannondale (une autre bonne nouvelle)

François Parisien: de Argos-Shimano à ?

Dominique Rollin: de FdJ à ?

Pour ces deux derniers, il est probable que plus le temps passe, plus la situation se complique. Espérons des annonces très prochainement! En attendant, entretien ici avec Marc Madiot, directeur sportif à la FdJ.

2 – Antoine Duchesne. Le jeune coureur québécois de 22 ans prend la place de David Veilleux au sein de l’équipe Europcar l’an prochain. Comique, Veilleux et Duchesne partageaient déjà le même entraineur, Pierre Hutsebault. Enfin peu importe, pour Duchesne, le plus dur commence… mais il pourra s’appuyer sur une certaine expérience et un bon palmarès, ayant notamment couru l’an dernier au sein de l’équipe Bontrager dirigée par Axel Merckx et ayant déjà remporté deux championnats canadiens sur route chez les moins de 23 ans. De plus, on peut penser que le passage de David avant lui chez Europcar aura peut-être sensibiliser les dirigeants de l’équipe à la « culture québécoise » et aux façons de gérer un coureur venant de ce côté-ci de l’Atlantique, du moins le comprendre lorsqu’il parle!

3 – Le guerrier Bruno Langlois, 34 ans, revient chez les pros en 2014 avec l’équipe américaine 5-Hour Energy, l’équipe de Francisco « Paco » Mancebo ces deux dernières saisons. Langlois ne devrait toutefois pas côtoyer le coureur espagnol puisque celui-ci a signé chez Sky Dive Dubai pour la saison prochaine, lui permettant de participer à un plus grand nombre de courses européennes.

4 – Après Mike Barry et Rider Hesjedal, un troisième coureur canadien serait passé aux aveux dans le cadre du rapport de l’USADA concernant Lance Armstrong et le dopage au sein de l’équipe US Postal. Le CCES, qui connait l’identité de ce coureur, n’aurait cependant pas de moyens pour rendre publique l’information, des clauses de confidentialité existants afin d’encourager les cyclistes à déballer.

Hey! Pas très grave: d’une part, la liste de candidats potentiels n’est pas très longue, et en réfléchissant bien, il est assez simple de porter nos soupçons sur un coureur en particulier…

5 – Excellente nouvelle pour le CCES: l’organisme vient de recevoir une somme importante, près d’un million de dollars, pour soutenir le Programme canadien anti-dopage.

Parmi les améliorations à prévoir, davantage de contrôles inopinés, notamment par le développement de programmes de localisation et de passeport biologique chez les athlètes.

Premier objectif: surveiller de près les athlètes canadiens qui participeront aux JO de Sotchi.

Le CCES a également profité de l’occasion pour lancer une ligne anonyme de signalement de dopage (1-800-710-CCES). Si vous avez des soupçons sérieux sur un de vos concurrents, quel que soit le niveau de compétition, ou si un coéquipier se confie à vous quant à ses dérives dopantes, je vous invite à ne plus hésiter!

6 – Exit la Coupe des Nations U23 à Saguenay (après 6 éditions), bienvenue au Grand Prix cycliste de Saguenay, une épreuve inscrite à l’America Tour de l’UCI et qui n’est pas limitée aux coureurs U23. L’America Tour comporte déjà les épreuves canadiennes du Tour de Beauce ou du Tour de l’Alberta.

D’autres nouvelles:

7 – Lance Armstrong. C’est très clair, l’homme est prêt à passer à des aveux complets. Extraits de la récente entrevue accordée à CyclingNews:

« Despite everything, cycling has been great to me and I have a lot of appreciation for that. If I can do something to instigate the process I will. If we don’t, I think we’re facing a decade of this mess. Well see how the fans like that, or the sponsors, or the events or the media. They won’t like it. This is the perfect opportunity with Cookson and a new leadership for him to say: ‘I wasn’t there but I want to learn.’ Then we can draw a line in the sand and we’re going to move on. »

En échange, l’homme est très clair également: il veut une remise de peine, prouvant par là que notre analyse du gus est la bonne, c’est à dire que privé de compétition, l’homme est un lion en cage.

Personnellement, je dis « fair enough », à condition de lui interdire d’oeuvrer dans le cyclisme. Je n’ai par ailleurs aucun problème à ce qu’il puisse disputer des triathlons sanctionnés, voire des courses cyclistes à l’occasion, pourvu qu’il soit soumis aux mêmes règles que les autres en matière de dopage. Et puis, l’homme n’est pas tout à fait comme les autres et il est le seul à pouvoir vraiment faire avancer d’un grand pas de géant la lutte contre le dopage, et surtout la ré-organisation de la gouvernance du cyclisme.

8 – La Flamme Rouge entendue? Si on se fie sur cet article, l’AMA pourrait voter, la semaine prochaine lors de la Conférence Mondiale sur le Dopage dans le Sport à Johannesbourg, sur une proposition visant à doubler (de 2 à 4 ans) la suspension en cas d’un premier cas de dopage chez un athlète en activité. Voilà une autre mesure qui irait dans le bon sens, que je réclame depuis longtemps, et susceptible de faire réfléchir ceux qui sont encore tentés par l’usage de produits dopants. Quatre ans, c’est long!

L’AMA pourrait également viser à utiliser davantage les enquêtes comme celle ayant conduit à la suspension de Lance Armstrong, en plus des contrôles anti-dopages urinaires et sanguins. Encore une bonne nouvelle si on considère que les plus grands scandales de dopage à ce jour (Affaire Armstrong, Affaire Festina, Affaire Puerto, etc.) sont survenus à la suite d’enquêtes et de contrôles de police, et non de tests antidopage échoués.

Enfin, l’AMA organisera de nouvelles élections à la présidence, John Fahey se retirant. Un seul candidat est actuellement en lice pour le poste, l’Anglais Craig Reedie, l’actuel vice-président du CIO. Pas sûr que la proximité avec le CIO soit une bonne chose pour l’AMA, mais espérons que deux Anglais, Cookson et Reedie, pourront bien s’entendre quant aux nouvelles règles de gouvernance de la lutte contre le dopage à définir conjointement.

9 – Julie Bresset: j’aime son sens des valeurs, son pragmatisme et son recul.

Un livre passionnant: La route vers les étoiles, de Guillaume Prébois

« Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne, alors qu’il réside dans la façon de la gravir« .

livres-route-vers-les-etoiles_largeC’est par cette citation de Confucius que le livre La route vers les étoiles de Guillaume Prébois commence. Et c’est précisement parce que Guillaume réussit si bien, à travers ce livre, à nous faire vivre cette façon de gravir cinq montagnes que ce livre est un pur bonheur, selon moi le meilleur de cet auteur.

Pour son 9e grand défi, Guillaume Prébois, le journaliste cycliste, s’attaquait à gros: gravir à vélo les plus hautes routes des cinq continents de la planète. Facile, vous pensez? Pas si simple que ça quant on considère que le sommet de deux de ces routes dépassait les 5 000m d’altitude. Qu’il fallait tout organiser seul. Qu’il ne pouvait non plus se permettre de passer chaque fois des semaines sur place pour s’acclimater. Et qu’il fallait composer avec les recommandations des médecins qui, avant son départ, étaient formels: « toujours emporter une bouteille d’oxygène, voire un caisson« . Pas simple sur un vélo!

Huit mois plus tard, le pari était réussi et ce livre en est la trace.

Dès les premières pages, on est happé par le récit qui nous amène tout de suite ailleurs, vers la découverte d’autres routes, loin des montagnes à succès et archi-connues que sont l’Alpe d’Huez, le Galibier, le Tourmalet ou encore La Redoute. Je n’imagine pas autrement les récits des grands aventuriers des autres siècles, lorsque des continents entiers étaient encore à découvrir. Terriblement dépaysant, magnifiquement écrit, mêlant à la fois description de lieux, de rencontres et d’effort cycliste, ce livre se dévore en quelques heures seulement, sans possibilité de s’arrêter! Extraits:

(à propos du final de Black Mountain, au Lesotho): « (…) Je suis une trentaine de mètres devant, arc-bouté sur le guidon, la progression se fait coup de pédale après coup de pédale. La piste semble avoir été bombardée par des météorites, la montagne entière s’effrite et s’effondre sur elle-même. (…). La pente est digne de l’escalier d’un gratte-ciel new-yorkais. La piste rétrécit encore, virages en épingle, elle s’enroule sur les bourrelets verts de la montagne tendue vers le ciel; si mes poumons ne luttaient pas contre l’appauvrissement en oxygène, je siffloterais volontiers Stairway to Heaven des Led Zeppelin. »

(à propos de son arrivée à Hawai): « (…) Brad affiche son sourire commercial au comptoir d’une marque de location de voitures. Mèche de cheveux roux fixée au gel, cou de taureau sur des épaules de footballeur américain, un abondant quintal réparti sur une ossature de deux mètres, il en impose. Brad: ‘Souscrivez notre pack assurances et vous serez protégé contre tout. Même si vous défoncez un poteau électrique, on vous couvre avec 2 millions de dollars!’ J’ai souscrit. »

Outre le récit de sa conquête de ces cinq hautes routes (Khardung-La dans l’Himalaya (5 602m), Pico Veleta en Espagne (3 400m), Chacaltaya en Bolivie (5 300m), Mauna Kea à Hawai (4 205m) et Black Mountain au Lesotho (3 250m)), l’intérêt de ce livre réside également dans trois autres sections: dans la première, Guillaume nous présente comment il a relevé son premier défi, qui était d’identifier la plus haute route sur les cinq continents. Fort intéressant, et forcément des choix, qu’il justifie, ont dû être faits.

Dans la deuxième, Guillaume décrit, sous la forme d’une foire aux questions, les détails plus techniques de son organisation: vélos utilisés, fiabilité du matériel, assistance, préparation physique, etc.

Enfin, la troisième section est vraiment d’un grand intérêt pour nous cyclistes aimant gravir des cols puisqu’il y est question de « Sport et altitude: ce qu’il faut savoir ». Réalisée en collaboration avec le médecin Émilien Fronzarolli, on y présente les aspects plus médicaux de l’adaptation à la haute altitude, et de l’effort physique en ces lieux moins hospitaliers pour le corps humain. À partir de quelle altitude, par exemple, l’effort cycliste est vraiment perturbé? Réponse dans le livre!

Bref, de la Bolivie à l’Himalaya, d’Hawaii au Lesotho, ce livre est un agréable dépaysement et m’a permis une saine évasion du quotidien, l’espace de quelques heures. Un livre parfait pour les vacances, pour qui aime le vélo!

Ce livre m’a également fait rêver de contrées où je n’irai probablement jamais, sauf peut-être Hawai, car Guillaume a su me communiquer, à travers son ouvrage, la furieuse envie de m’attaquer un jour – que j’espère proche – au Mauna Kea, selon lui et selon de nombreux autres l’ascension la plus difficile du monde (50 km d’ascension, 4 000m de dénivelé, le dernier kilomètre à 17% sans relâche).

Déclaration d’intérêt

J’ai écrit ce court article sur le plus récent ouvrage de Guillaume de ma seule initiative. Guillaume m’a fait parvenir gratuitement un exemplaire dédicacé de son livre, à titre d’ami puisque nous échangeons à l’occasion depuis un bon moment déjà et que nous nous sommes rencontrés en personne sur la Haute Route 2012. Guillaume ne m’a jamais demandé quoi que ce soit, ni pour ce livre, ni pour les autres, ni à propos de La Flamme Rouge qui demeure, j’y tiens, totalement indépendante de tout (sauf de mon seul jugement, et je suis donc seul responsable des erreurs sur ce site!). Je tiens ici à le remercier pour l’envoi de son livre.

Dénoncer le mensonge

Difficile de garder foi en l’être humain ces jours-ci: partout autour de moi, les scandales éclatent, que ce soit en cyclisme professionnel (Hesjedal), en politique municipale (Commission Charbonneau au Québec, Affaire Applebaum à Montréal, Affaire Ford à Toronto) ou fédérale (crise du Sénat qui touche également le Parlement).

Les scandales sont également nombreux en Europe.

Vous savez ce qui me désespère le plus dans tout ça?

C’est l’absence d’un mot dans les médias et dans l’opinion publique.

Et ce mot est « menteur ».

L’homme commet parfois des actes répréhensibles et cherche évidemment à les cacher.

Soit. Nul n’est parfait.

Mais le moindre jugement, le moindre sens des responsabilités et le moindre respect envers ses concitoyens du monde exigent qu’une fois démasqué, l’individu ayant posé des gestes répréhensibles avoue, s’excuse et assume ses responsabilités.

Or, peu importe le scandale que j’observe actuellement, un trait commun se dégage: ceux qui ont commis des actes répréhensibles ont menti à un moment donné, malgré les questions, les soupçons. Et plusieurs évitent d’assumer leurs responsabilités: le maire de Toronto persiste et signe, pas de démission et il se représentera même probablement aux prochaines élections!

Ce n’est pas parce qu’il a fumé du crack qu’il devrait démissionner, c’est parce qu’il a menti à la population durant des mois, pour finalement avouer hier.

C’est ce qui vient me chercher le plus dans toutes ces histoires: on continue de me prendre pour une valise.

Entre 2003 et 2013, Rider Hesjedal a menti en affirmant ne s’être jamais dopé. Il aura fallu la pression du plus gros scandale de dopage de l’histoire du sport et un témoignage sous serment pour qu’il cesse de mentir…

Comme je vous le disais en début de texte, nul n’est parfait. Nous faisons tous, parfois (certains moins que d’autres…), des erreurs. Et dans ce contexte, tout le monde a droit à une deuxième chance.

Mais là où tout le monde n’est pas égal, c’est dans la façon de gérer l’acte répréhensible: certains mentent, d’autres jouent la transparence en avouant sur le champ. En cyclisme, ils sont très peu à avoir avoué rapidement s’être dopé suite à un contrôle positif ou une enquête judiciaire. Je pense peut-être à David Millar ou Ivan Basso si je me souviens bien (les cas sont rares!). Ces gens méritent bien davantage notre estime que ceux qui, comme Lance Armstrong, diffuse leur demi-vérité au compte-goutte, ou ceux qui ont menti pendant des semaines (rappelons-nous de Richard Virenque…).

J’ajouterais même qu’il est probablement tout recommandé par les spin doctors des comm appelés en temps de crise de toujours viser à focaliser l’attention du public sur l’acte répréhensible lui-même, plutôt que sur les semaines de déni et de mensonge. Le mensonge est beaucoup plus dommageable à la réputation et à la confiance, alors qu’il est plus accepté du public que l’acte répréhensible puisse faire l’objet « d’une deuxième chance ». Opération réussie ce matin pour Rob Ford, tout le monde ne parle que de crack, alors que le vrai enjeu à l’égard de son rôle public, soit maire de Toronto, est la confiance, la confiance qu’il est désormais raisonnable de lui accorder compte tenu du fait qu’il ment depuis un an à la population. Le jugement le plus élémentaire dans ce contexte est que le lien de confiance est rompu, et qu’il doit donc démissionner.

Et c’est la même chose avec Rider Hesjedal… je peux comprendre qu’il se soit dopé, après tout il voulait réussir dans le cyclisme et n’a trouvé que ce moyen pour y arriver (attention, je ne cautionne pas!), mais qu’il m’ait menti durant toute ces années? Comment désormais lui faire confiance?

Je suis d’avis que bien au delà de tous les scandales, qui sont au fond humains, ce sont les mensonges sous-jacents à ces scandales qui rongent la société à petit feu et qui font perdre confiance en notre époque.

Le Tour de l’actualité

1 – Petit précis de schizophrénie avancée, par Hein Verbruggen (c’est en italien, le reportage de CyclingNews est ici).

2 – Davide Rebellin: frauder le sport cycliste en se dopant ne lui suffisait pas, il a aussi fraudé l’impôt. Et à 42 ans, il persiste et signe, visant une nouvelle victoire dans l’une des Ardennaises en 2014. Son plus grand défi est d’être au départ…

3 – Michael Rasmussen. Après avoir coulé Hesjedal, il coule toute l’équipe Rabobank présente sur le Tour 2007. Toute? Non, en fait, pas toute, puisqu’il est revenu sur ses propos concernant Freire et Flecha, les Espagnols de l’équipe. Ca me paraissait bizarre aussi, des Espagnols qui se dopent…

4 – Rasmussen bis. Peter Weening n’apprécie pas, puisque son équipe Orica-Green Edge veut de nouveau l’entendre à propos des allégations de son ancien équipier. La job ou les aveux, le suspense est intenable, que fera Weening?

5 – Pro Tour 2014 Pins-up calendar. J’ai toujours dit qu’être performant sur un vélo et beau en maillot de bain étaient incompatibles, mais à ce point… Remarquez, ce calendrier me décomplexe: Taylor Phinney est aussi pire que moi avec son torse d’adolescent de 12 ans!

6 – Tinkoff sacre son camp de l’équipe en blastant Contador et Riis. SaxoBank annonce qu’ils allongeraient les dollars pour soutenir l’équipe en 2014. Tinkoff est annoncé chez Cannondale. Tinkoff n’est plus annoncé chez Cannondale. Riis est sur le point d’annoncer un nouveau gros sponsor. Riis n’annonce plus de gros sponsor. On annonce que Riis a vendu à Tinkoff. Tinkoff et Riis démentent toute transaction. Contador annonce qu’il ne peut plus juste suivre Froome, mais aussi le dossier Saxo-Tinkoff. Quel foutoir!

7 – On trouve de tout sur Ebay, même des médailles olympiques en cyclisme sur piste. Ben quoi? Les acheter sur Ebay ou les gagner dopé, quelle est la différence?

8 – Le genre de propos complètement débiles à mon avis « Systematic reviews have… demonstrated that legislation increases the use of helmets in children and youth. » Par « legislation », les auteurs entendent évidemment l’introduction de lois rendant obligatoire le port du casque à vélo. Hey! Il apparaît évident que si on rend le port du casque obligatoire, le port du casque va augmenter dans la population!

Anyway, je serai pour le port obligatoire du casque à vélo le jour où on interdira formellement de fumer…

9 – Le sport – en particulier extrême comme le cyclisme je suppose – permettrait de bruler davantage de calories que le sexe, voilà une conclusion auquel des chercheurs québécois sont récemment parvenus.

Soyons en effet modeste: qui prétendrait dépenser plus de calories en ayant une relation sexuelle que sur une Marmotte?

En ce sens, faire l’amour avant une Marmotte ne porterait pas un grave préjudice au capital énergie, nous voilà rassurés. Pour ce qui est d’après la Marmotte, l’amour pourrait cependant porter un grave préjudice à l’estime qu’entretient pour vous votre conjoint… Ne faites pas le fier, respectez vos limites et aller vous coucher! Et si vous avez encore de l’énergie, c’est que vous n’avez pas tout donné sur l’épreuve nom d’une pipe… (je sais, elle était facile celle-là!).

Routley et Parisien: ils ont raison…

… de prendre la parole publiquement afin d’exprimer leur colère et leur frustration envers Rider Hesjedal et Michael Barry qui, en occupant des places notamment sur l’équipe nationale canadienne, leur ont très certainement volé une partie de leur carrière cycliste, sinon leur rêve.

Peu de coureurs ont en effet le courage de tenir ces discours, pourtant justes. La plupart des coureurs la bouclent, respectant ainsi la loi de l’omerta et croyant protéger leur carrière au sein du peloton par la même occasion.

Quelques uns seulement avant Routley et Parisien ont osé dénoncer le préjudice dont ils ont été victimes, mais ils sont très peu nombreux: au Canada, je pense notamment à Lyne Bessette qui a également exprimé, il y a quelques années, sa frustration face à Geneviève Jeanson qui a certainement nui, par moment, à sa propre carrière et son épanouissement dans le cyclisme de haut niveau.

Will Routley ne ménage pas ses mots en écrivant notamment: « They (ndlr: les coureurs qui avouent s’être dopés) even pat themselves on the back and say how they are proud of the steps they’ve taken to improve the sport and clean it up. Maybe they just found a larger love of the sport? Or maybe now is a good time to call bullshit.

What have they done to improve the sport, I ask? Because I could go on for days about the ways in which they have negatively affected it. In most cases they’ve suffered minimal to no negative consequences at all.

I find it very hard to believe that every doper out there suddenly decides to quit on his own accord, and I also object to the idea that even if this were true, the rider is now “clean.” This person has taken his body way farther than what is naturally possible, and has lifelong adaptations to this, so even if he were no longer on drugs, he would in all likelihood still hold an unfair advantage.

(…)

« When I hear the interviews and the dopers say things like: “I crossed the line,” I am disgusted. Several American guys caught this month all said the same thing about crossing a line. As far as I’m concerned, “crossing the line” is when you swear in public. When you defraud a nation, steal from sponsors, and your fellow racing compatriots and then lie to the world about it, you didn’t “cross a line” you are a criminal. »

Je suis parfaitement d’accord avec Routley. Bang on!

De son côté, François Parisien a raison d’exprimer son dégout, sa frustration: « Ça me rend malade, je veux dire… je ressens un profond dégoût. Et il y a beaucoup de frustration. C’est des tricheurs qui ont influencé une bonne partie de ma carrière et je me suis fait piler dessus par ce genre de gars là toute ma carrière depuis que je suis jeune. »

Je demeure convaincu que si davantage de coureurs osaient ainsi dénoncer les coureurs dopés, cela contribuerait significativement à faire progresser la lutte contre le dopage. Que ça contribuerait significativement à revoir les peines des coureurs convaincus de dopage, car je suis d’avis que ces peines demeurent aujourd’hui insuffisantes.

Prenez le cas Hesjedal. Il a avoué, mais il fait face à quelles conséquences?

Le CCES a déjà signifié qu’il ne pouvait agir, les délais de prescription (8 ans) étant dépassé.

L’an prochain, Hesjedal demeurera en World Tour, leader sur les grands tours de l’équipe Garmin.

Il continuera également d’empocher un lucratif salaire, fort de son statut de vainqueur du Giro.

Il pourra également être sélectionné pour représenter le Canada au sein de l’équipe nationale des Mondiaux de cyclisme, voire des prochains Jeux Olympiques.

Après sa carrière, rien ne l’empêchera d’oeuvrer dans le milieu pro.

Juste et équitable?

La réponse est pour moi évidente: non.

Il est grand temps que de courir propre devienne un peu plus payant.

Il est grand temps qu’on valorise davantage le cyclisme propre.

Il est grand temps que l’UCI, l’AMA, le CCES et les autres organismes impliqués dans le sport de haut niveau réfléchissent sur les façons de valoriser le cyclisme – et tout le sport – propre.

Ils le font déjà me direz-vous? Oui, c’est vrai: par exemple, l’AMA et le Comité international paralympique (CIP) organisent, en marge des Mondiaux 2013 de natation, une journée dédiée à la promotion du sport propre. En gros, on distribuera des T-Shirts et des éventails en papier (je n’invente rien), on aura quelques témoignages, on tiendra une conférence de presse et on fera quelques contrôles (probablement inefficaces, puisqu’ils sont annoncés!). Si une telle activité est intéressante si on vise à sensibiliser des enfants, je vois mal en quoi elle sera efficace du côté des nageurs d’élite visant une première sélection sur l’équipe nationale en vue des JO de Rio en 2016…

Et si on arrêtait enfin de perdre du temps et qu’on réglait ça simplement et rapidement?

Ma suggestion? Puisque nous ignorons quels sont les coureurs propres des coureurs dopés, je ne vois qu’un moyen: alourdir considérablement les peines liées au dopage.

Je le réclame sur ce forum depuis des années, depuis 2005 en fait!

Il faut donner 4 ans de suspension ferme au premier contrôle positif, exiger le recouvrement des primes de toutes les victoires acquises entre le moment du contrôle positif et l’épreuve durant laquelle l’échantillon fautif a été prélevé, ainsi qu’adjoindre à ces deux mesures une interdiction, une fois la carrière professionnelle terminée, d’oeuvrer de près ou de loin dans le cyclisme.

Et il faut donner une suspension à vie de la pratique du cyclisme au deuxième contrôle positif.

Point final.

Trop sévère me direz-vous? Je vous répondrai que seuls les dopés craindront de telles mesures!

Bref, je dis personnellement bravo et merci à Will Routley et François Parisien pour leur récente sortie dénonçant Rider Hesjedal et Michael Barry. S’ils étaient plus nombreux à faire de telles sorties lorsqu’un coureur est piqué au contrôle ou par la patrouille, je suis convaincu que cela aiderait la lutte contre le dopage en accélérant certaines réflexions qui, aujourd’hui, m’apparaissent nécessaires.

Et leur déclaration contribue avec aplomb à sensibiliser le grand public de toute l’injustice liée au dopage, tout en rappelant à ce même grand public qu’il existe encore des coureurs cyclistes qui travaillent dans le respect des règles et de l’éthique.

Page 2 of 2