Fabian Cancellara a remporté Paris-Roubaix, une semaine après s’être imposé sur le Tour des Flandres.
Personne n’est donc surpris: le grand favori s’est imposé.
Mais ce n’était pas du grand Cancellara selon moi. Il n’était probablement pas au même niveau que la semaine dernière. Il n’a pas réussi à finir seul, une situation qu’il préfère puisque son sprint n’est pas le meilleur du peloton. Hier, je suis à peu près certain qu’il n’était pas tranquille avec Vanmarcke avec lui dans les derniers hectomètres, un coureur qui, rappelons-le, avait battu au sprint nul autre que Tom Boonen pour s’imposer sur le Het Nieuwsblad l’an dernier. Sur le papier donc, Vanmarcke était une sérieuse menace au sprint.
Un sprint douteux?
D’où le doute: j’ai trouvé le sprint un peu bizarre, avec un Vanmarcke coupant son effort bien avant la ligne. On les a vu se parler dans les 2 derniers kms. Une entente a-t-elle été conclue? On ne le saura peut-être jamais. Cancellara se serait-il trahit dans cette entrevue accordée à Vélo101 où il déclare « Sep à l’avenir devant lui. Il aura d’autres possibilités de se battre pour la victoire. » à la question du journaliste sur le contenu de leur discussion avant d’entrer dans le vélodrome?
Chose certaine, tous les coureurs, Cancellara compris, ont terminé la course très fatigués, voire épuisés. La première heure de course a été couverte à 50km/h, et la moyenne était encore de 47km/h après trois heures de course! Au final, cette édition de Paris-Roubaix a été la 2e plus rapide de l’histoire, à 44,2 km/h de moyenne. Cela explique très certainement pourquoi nous avons assisté à une course d’attrition pour l’essentiel, les coureurs sautant soit faute de jambes, soit sur incident, soit sur chute. On a assisté à une sélection par l’arrière, et non par l’avant.
OmegaPharma – Quick Step malchanceuse
C’est ainsi qu’on aura vu l’équipe QuickStep être décimée par la malchance: Chavanel a eu des ennuis mécaniques alors que la course s’emballait notamment avec l’entrée en scène de Cancellara, puis Vandenbergh et Stybar ont été éliminés dans le final en raison de contacts avec les spectateurs sur le bas-côtés de la route. Dommage, car l’équipe belge semblait pouvoir être en mesure de tirer profit d’une situation très avantageuse, avec deux coureurs sur quatre dans le groupe de tête à 15 kms de l’arrivée… La poisse a accompagné l’équipe belge durant toutes les classiques cette année, avec la chute de Boonen la semaine dernière sur le Ronde.
L’autre équipe malchanceuse du jour est certainement la FDJ, avec la chute spectaculaire d’Offredo puis les problèmes de Ladagnous, aussi victime d’une chute. Madiot était déçu à l’arrivée et on le comprend!
Les bonnes surprises
Elles sont surtout françaises, du côté de l’équipe Europcar: j’ai été très impressionné par Gaudin et Turgot, qui terminent 5 et 10e. Gaudin en particulier, que j’ai vraiment découvert hier. Dans le final, il a pris de nombreuses initiatives, roulant sans hésiter. Il fait partie du peu de coureurs qui ont roulé pour gagner, et non pour faire perdre Spartacus. Bravo.
Les déceptions
Très certainement les Sky et les BMC, absents du final. Van Avermaet sauve la mise chez BMC avec une 4e place, mais compte tenu de l’effectif de cette richissime formation du peloton, c’est insuffisant. J’attendais plus de Hushovd et Phinney.
Les Québécois
Ils étaient trois au départ, Veilleux, Houle et Boivin, mais aucun n’a pu rallier l’arrivée.
Pour Veilleux, c’est normal, ayant eu à respecter des consignes d’équipe et à travailler durant la première partie de la course pour ses leaders Gaudin et Turgot. Le travail a payé, les deux coureurs Europcar sont dans le top-10 et David est ensuite rentré, épuisé. Rien à dire, c’est ainsi que ca fonctionne au niveau pro.
Boivin a quant à lui tenté de s’échapper tôt dans la course, puis a été rattrapé par des ennuis respiratoires. Abandon. Dommage.
Houle a enfin joué de malchance, crevant à au moins 3 reprises. Sur une telle course, on ne revoit jamais la tête et il a rejoint Roubaix grâce à de bons samaritains, en voiture!
12e doublé de l’histoire
En remportant hier la 111e édition de Paris-Roubaix une semaine après avoir gagné le Tour des Flandres, Fabian Cancellara a signé le 12e doublé de l’histoire, et son 2e en carrière après celui de 2010. Il fait donc désormais partie de l’histoire de ces deux courses, et du cyclisme.
Un seul autre coureur a réalisé le doublé à deux reprises, Tom Boonen, en 2005 et 2012. Les deux étant encore en activité, ce n’est pas impossible qu’ils établissent de nouveau record dès l’an prochain!
Les autres doublés ont été réalisés par les coureurs suivants, et 7 des 8 sont belges!
1923: Henri Suter (SUI)
1932: Romain Gijssels (BEL)
1934: Gaston Rebry (BEL)
1954: Raymond Impanis (BEL)
1957: Fred De Bruyne (BEL)
1962: Rik Van Looy (BEL)
1977: Roger De Vlaeminck (BEL)
2003: Peter Van Petegem (BEL)
Les pneumatiques
C’est toujours un point très sensible sur Paris-Roubaix. Découvrez ici ce que les équipes chaussaient, et la pression que les coureurs utilisent. Le marché est encore dominé par du « fait-main »!
L’ambiance
Secteur 26, et c’est un petit film de l’ami Jean-Michel Guidez, très bien fait comme d’hab. Le film nous permet de réaliser la vitesse des coureurs sur les secteurs pavés.
PARIS ROUBAIX SECTEUR 26 par JMGUIDEZ